Papers by Anny Morissette
Michigan State University Press eBooks, May 1, 2024

Résumé
Ce mémoire de maîtrise s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’i... more Résumé
Ce mémoire de maîtrise s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition (Loi sur les Indiens de 1876) sur une bande autochtone de la structure politique qu’est le conseil de bande. L’analyse des mesures politiques imposées est effectuée à partir du cadre législatif, du contexte historique et ethnographique, de l’avancée des Eurocanadiens en territoire atikamekv à la sédentarisation définitive de ceux-ci. C’est à l’aide de l’exemple de la communauté atikamek” de Manawan (Québec), de son organisation
sociopolitique traditionnelle à l’expression contemporaine de ses formes politiques, qu’il est établi qu’il existe au niveau local une mosaïque politique touchant deux espaces, la forêt et la réserve. Il est démontré que les nouveaux champs d’action et domaines de compétences de la structure politique imposée ont nécessité l’émergence d’un nouveau type de leader. Cela a eu pour conséquence l’établissement de clivages sociaux et générationnels, la montée d’une élite ainsi qu’une réappropriation graduelle et «atikamekwisé » du conseil de bande. Malgré l’imposition d’une nouvelle structure politique, des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamek’ dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.

Au Québec, les études systémiques sur les écoles de jour indiennes de la fin du XIXe siècle jusqu... more Au Québec, les études systémiques sur les écoles de jour indiennes de la fin du XIXe siècle jusqu'à la première moitié du XXe siècle sont inexistantes. Pourtant, 31 écoles de jour indiennes ont été en opération dans la province afin d’enseigner aux enfants amérindiens comment être des petits Canadiens. À partir d'une réflexion sur les modus operandi de ces institutions et en s’appuyant sur une recherche archivistique et historique concernant la bande de la Rivière Désert et la vie scolaire dans la région de l’Outaouais, cet article retrace l’origine des premières écoles indiennes à Kitigan Zibi et les jeux de pouvoir entre l’administration des Affaires indiennes et le conseil de bande en matière d’éducation.
In Quebec, systemic studies of Indian day schools from the end of the XIXth century to the first half of the XXth century are non-existent. Yet, 31 Indian day schools were in operation in the province to teach Indigenous children how to become little Canadians. Based on an analysis of the modus operandi of these institutions grounded in archival and historical research concerning the River Desert band and school life in the Outaouais region, this article trace the origin of the first Indian schools in Kitigan Zibi and explore the power play between the Indian Affairs administration and the band council on educational matters.
Numéro spécial Recherches amérindiennes au Québec "Tableau noir et réconciliation: écoles et pens... more Numéro spécial Recherches amérindiennes au Québec "Tableau noir et réconciliation: écoles et pensionnats au Québec"
Bousquet Marie-Pierre and Anny Morissette 2015, “Les cadeaux offerts aux missionnaires Oblats par... more Bousquet Marie-Pierre and Anny Morissette 2015, “Les cadeaux offerts aux missionnaires Oblats par les Amérindiens (19e-20e s.) : comment les interpréter?”, in Pierre Hurtubise o.m.i. (éd.), Un passé à découvrir ou redécouvrir, Actes du Premier Symposium consacré à l'histoire des missions oblates auprès des Premières Nations, Chaire de recherche en histoire religieuse du Canada, Université Saint-Paul, pp.95-121.
Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette examinent les nombreux concours de miss, de princesses, ... more Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette examinent les nombreux concours de miss, de princesses, de duchesses et de reines qui ont lieu dans les communautés amérindiennes du Québec depuis le début des années 1950. Les Amérindiens, s’interrogent-elles, auraient-ils incorporé à ce point les éléments d’un mythe à multiples facettes, où la princesse tient à la fois de la sainte, de l’aristocrate, de la chef et de l’objet de désir ?
Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette examinent les nombreux concours de miss, de princesses, ... more Marie-Pierre Bousquet et Anny Morissette examinent les nombreux concours de miss, de princesses, de duchesses et de reines qui ont lieu dans les communautés amérindiennes du Québec depuis le début des années 1950. Les Amérindiens, s’interrogent-elles, auraient-ils incorporé à ce point les éléments d’un mythe à multiples facettes, où la princesse tient à la fois de la sainte, de l’aristocrate, de la chef et de l’objet de désir ?

Archives de sciences sociales des …, Jan 1, 2008
Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de s... more Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de sécularisation. Face à la désertion des lieux de culte, s’est engagé un débat sur la place des biens d’Église dans le domaine public. Qu’en est-il dans les communautés amérindiennes du Québec, qui comptent aussi chacune une église ? Cet article retrace l’histoire de deux églises de missions, interrogeant leurs places dans la mémoire des oblats de Marie Immaculée et des Amérindiens algonquins et atikamekw. En étudiant les investissements symboliques des différents acteurs sociaux, les auteurs montrent que ces églises, lieux de mémoire polysémiques où l’ornementation évoque le semi-nomadisme, ont inscrit dans l’espace un modèle de type post-colonial, catholique et sédentaire. Mais, dans la réorganisation contemporaine des cadres identitaires, elles représentent aussi un début de décolonisation.

Résumé
Par la Loi sur les Indiens, les sociétés amérindiennes se sont fait imposer un nouvel uni... more Résumé
Par la Loi sur les Indiens, les sociétés amérindiennes se sont fait imposer un nouvel univers politique par les autorités canadiennes. Elles ont donc dû composer avec le système des conseils de bande en s’adaptant et en réaménageant leurs façons de faire politiques. La tradition diplomatique algonquienne bien active au XVIIe siècle et encore durant une partie du XVIIIe s’est-elle aussi transformée? Depuis la vague de mouvement d’affirmation autochtone des années 1970, les relations des conseils de bande ne se limitent plus au gouvernement canadien, aux autres nations autochtones ou aux relations avec des instances non autochtones locales, régionales, provinciales ou pancanadiennes. Elles s’étendent désormais au niveau international. Peut-on utiliser le mot diplomatie dans le contexte des conseils de bande maintenant? À l’aide de l'exemple de la communauté algonquine de Kitigan Zibi, l'auteure explore la participation active de cette bande à des rencontres avec les ambassadeurs de divers pays représentés à Ottawa. L’affirmation d’une identité nationale et une reconnaissance politique de la bande sont au cœur de cette démarche entreprise par les Anishnabeg.
Abstract
The Assertion of a Nation: The Kitigan Zibi Anishnabeg Diplomatic Means
The enactment of the Indian Act by the Canadian authorities imposed a new political world to Indian societies. Therefore the later had to deal with the system of band councils by adapting and reorganizing their political ways. Did the Algonquian diplomatic tradition, which was very active in the XVIIe century and even during part of the XVIIIe century, also transform? Since the 1970's assertion wave of Indigenous Peoples, the band councils relationship are no longer limited to the Canadian government, to other indigenous nations or relationships with non-Aboriginal local, regional, provincial or pan-Canadian authorities. They now extend to the international arena. Can the word diplomacy be use in the context of contemporary band councils? Focusing on the Algonquin community of Kitigan Zibi, the author explores the active participation of the band in meetings with the ambassadors of different countries represented in Ottawa. The assertion of a national identity and the political recognition of the band are at the heart of the action taken by the Anishnabeg.

Quel est le champ d’action des Amérindiens dans le contexte politique canadien? Malgré les tentat... more Quel est le champ d’action des Amérindiens dans le contexte politique canadien? Malgré les tentatives de l’État canadien de briser la structure politique traditionnelle des Autochtones en introduisant le système électif et politique du conseil de bande, ceux-ci sont loin d'avoir été des victimes passives. L'étude du leadership interstitiel est la ligne directrice de cette thèse car il est la clé d’une pratique politique « in the cracks » qui confère un pouvoir marginal aux Amérindiens. En s'intéressant aux conditions historiques et sociales de déploiement de l’arène politique en milieu de réserve, il est possible de comprendre la quotidienneté et la contemporanéité de l’exercice du pouvoir au sein d’une population minoritaire fortement politisée.
La recherche ethnographique porte sur la politique locale de la communauté algonquine de Kitigan Zibi (Québec). L’analyse des acteurs anishnabeg a montré une variabilité du leadership politique chez les Algonquins et l’existence de différents types de leader malgré l’imposition d’une fonction de chef par la Loi sur les Indiens. Le contrôle des affaires politiques officielles d’une bande par les agents coloniaux, c'est-à-dire les missionnaires et les agents indiens, n’a pas donné lieu à un contrôle total de sa dynamique politique interne et de ses membres. L'enquête de terrain a dévoilé que les diverses manifestations et actions politiques menées par les Anishnabeg s’avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance face aux nouvelles façons de faire la politique établies par les autorités canadiennes, des ruses et des tactiques employées pour tenter de changer le système formel en remettant en question le pouvoir des Affaires indiennes. La contestation et la résistance ne sont toutefois pas l’unique moteur du leadership et de la politique amérindienne. En fait, le leadership politique chez les Kitigan Zibi Anishnabeg est aussi basé sur diverses représentations (traditionnelles, spirituelles, symboliques) qui ont permis aux Algonquins de préserver une identité politique malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs. Les ambiguïtés, les contradictions et les paradoxes de la quotidienneté politique d’une bande autochtone ne sont pas que le résultat de la rencontre d’un univers politique Autre, mais aussi l’aboutissement de l’évolution et de la reconstruction d’un système sociopolitique traditionnel et de ses dynamiques internes reliées au pouvoir, d’une redéfinition de l’autorité et de la légitimité du politique, de l'essor de leaders nouveau genre pour répondre adéquatement aux exigences politiques de la vie en réserve. La politique de réserve n’est pas une chose concrète mais plutôt une dynamique dans un temps et dans un lieu donné, au chevauchement culturel de diverses traditions politiques et formes d’autorité, au truchement de divers espaces (imposé ou symbolique) et institutions (formelle et informelle). Les Algonquins se renouvellent continuellement politiquement au sein de leur système. Ceci n’est pas un effet de l’acculturation, d’une hybridité ou de la modernité mais relève bien de la tradition. Le rattachement de fonctions et dynamiques traditionnelles à la structure formelle constitue un début de gouvernance « par le bas ». Cette dernière renouvelle de l’intérieur, par l’établissement d’un dialogue, la relation entre les leaders autochtones et les représentants de l’État, ce qui donne aux acteurs locaux une marge de manœuvre. Les Algonquins ont saisi les incompatibilités des deux systèmes – blanc et autochtone – pour définir un nouveau territoire, « in the cracks », qui devient leur domaine d’action. L'analyse de la flexibilité du leadership algonquin, de la vision eurocanadienne du leadership amérindien, de l’usage instrumental des exigences de l’État, des élections et des éligibles contemporains, de l'empowerment des femmes algonquines et du leadership féminin en milieu de réserve, a révélé que le leadership interstitiel est une force politique pour les Kitigan Zibi Anishnabeg.
En portant un regard critique sur la politique locale dans le quotidien d'une bande et en incluant les voix autochtones, il est possible d’observer le processus de décolonisation et des formes embryonnaires de pratiques postcoloniales au sein des réserves. Cette recherche a démontré que le chef et les autres leaders sont au cœur de cette dynamique politique dans les marges, de l’essor et de l’émancipation politique de leur bande.
Abstract:
What is the scope of Indian participation in Canadian politics? Despite the Canadian governments’ attempts to break traditional Indigenous' political structures by introducing the Band Council system, First Peoples are far from passive victims. The study of interstitial leadership is the theoretical framework of this thesis because it is the key to political practices that take place "in the cracks", thereby conferring marginal power to Indigenous Peoples. By examining the historical and social conditions for the development of the political arena in reserves, it is possible to understand the everyday and contemporaneity of the exercise of power within a highly politicized minority population.
The present ethnographic research focuses on the local politics of the Algonquin community of Kitigan Zibi (Quebec). Anishnabeg stakeholder analysis showed a variability of Algonquin political leadership and the existence of different types of leaders in spite of the imposition of a single chief through the Indian Act. The control of the band’s official political affairs by colonial agents, that is to say the missionaries and the Indian agents, has not resulted in the complete control of internal political dynamics and members. The fieldwork revealed that the various political actions undertaken by the Anishnabeg prove to be power strategies from the margin, a form of everyday resistance to the new ways of doing politics established by the Canadian authorities. These actions were also tricks and tactics used to challenge the formal system and the Indian Affairs power. Opposition and resistance however are not the only instruments of Native leadership and politics. In fact, the Kitigan Zibi Anishnabeg political leadership is also based on various representations (i.e. traditional, spiritual, and symbolic) that helped preserve Algonquin political identity despite some disruptions and changes introduced into their society by the colonizers. Ambiguities, contradictions and paradoxes found in everyday band politics are not only the result of the meeting of an Other political universe. They are also the culmination of the development and reconstruction of a traditional sociopolitical system and its internal dynamics related to power, a redefinition of the authority and political legitimacy, the rise of a new leaders genre to adequately respond to the demands of the reserve’s political life. Reserve politics are not a concrete ‘thing’ but rather a dynamic that exists within a particular time and in a given place. Additionally, overlapping different cultural and political traditions as well as various forms of authority, occur in various spaces (imposed or symbolic) and institutions (formal and informal). The Algonquin are continually renewing themselves politically within their system. This is not an effect of acculturation, hybridity, and modernity but of tradition. The joining of traditional functions and dynamics to the formal structure represents the beginning of a governance "from below". The latter renews from within, through the establishment of a dialogue, the relationship between Aboriginal leaders and representatives of the State, which provides room for manoeuvre to local protagonists. The Algonquins seized upon the incompatibilities between the two systems - Settler and Aboriginal - to define a new territory "in the cracks" which became their field of action. The analysis of the flexibility of Algonquin leadership, the Euro-Canadien vision of the Native leadership, the instrumental use of State requirements, the contemporary elections and candidates, Algonquin women's empowerment and female leadership within reserve have showed that the interstitial leadership is a political force for the Kitigan Zibi Anishnabeg.
By wearing a critical eye on local politics in daily band life and by including Indigenous voices, it is possible to observe the process of decolonization as well as the embryonic forms of postcolonial practices within reserves. This research has shown that the chief and other leaders are at the heart of this political dynamic in the margins and the political development and empowerment of their band.
Papers of the Algonquian …, 2012

"Résumé
Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mou... more "Résumé
Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de sécularisation. Face à la désertion des lieux de culte, s'est engagé un débat sur la place des biens d'Église dans le domaine public. Qu'en est-il dans les communautés amérindiennes du Québec, qui comptent aussi chacune une église ? Cet article retrace l'histoire de deux églises de missions, interrogeant leurs places dans la mémoire des Oblats de Marie Immaculée et des Amérindiens algonquins et atikamekw. En étudiant les investissements symboliques des différents acteurs sociaux, les auteurs montrent que ces églises, lieux de mémoire polysémiques où l'ornementation évoque le semi-nomadisme, ont inscrit dans l'espace un modèle de type post-colonial, catholique et sédentaire. Mais, dans la réorganisation contemporaine des cadres identitaires, elles représentent aussi un début de décolonisation.
Abstract
The province of Quebec in Canada is now highly secularised after a long history of Catholic domination and influence. With Churches now often deserted and unused, a discussion has emerged about the role of Church properties in the public domain. This extends to Amerindian communities in the Province, which each have their own church. This article traces the history of two mission churches and focuses on their place in the memories
of the Oblate order and of the Algonquin and Atikamekw First Nations. By evaluating the symbolic investment of the major social actors, the authors show that these churches, decorated with mementoes of the semi-nomadic past, embody a post-colonial, sedentary and Catholic model. In the context of the current reorganisation and re-evaluation of identities, these churches also represent the beginnings of decolonisation.
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Résumé
A priori, il n'y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d'autres peup... more Résumé
A priori, il n'y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d'autres peuples du monde, ne puissent pas boire de l'alcool simplement pour le plaisir, avec modération. Mais la littérature n'aborde pratiquement jamais la question, dans un contexte où il est notoire que l'abus d'alcool est un fléau social et médical chez les autochtones. Or, des faits et des récits recueillis par les auteures auprès de membres de communautés algonquiennes du Québec démontrent que la réalité est plus nuancée. Tout d'abord, la culture algonquienne de l'alcool est plus complexe qu'il n'y paraît, tant au niveau des connaissances au sujet des diverses boissons que dans les manières de boire. Ensuite, sont particulièrement étudiés les modèles de consommation attachés aux trois grandes catégories d'alcools : la bière (brassée ou artisanale), le "fort" (boissons à hauts pourcentages d'alcool) et le vin (vin de table ou vin fortifié). On y relève que les Amérindiens peuvent avoir une hiérarchie de goûts et que leurs choix sont liés à des impératifs économiques et à une accessibilité des produits. Enfin, alors que le discours public de l'élite amérindienne est fortement empreint de l'idéologie dominante des Alcooliques Anonymes, l'analyse des données est replacée dans le cadre d'une culture politique, face à laquelle les individus, buveurs ou non buveurs, peuvent décider de se positionner pour se définir socialement. L'adoption ou le rejet de la culture du vin et de son décorum font ici l'objet d'une attention spécifique. La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l'évolution des codes régissant les rapports sociaux chez les Amérindiens, entre eux et face aux autres.
Abstract
In principle, there is no reason why Native Canadians, like other peoples of the world, cannot drink alcohol in moderation, simply for pleasure. In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and public health problem among native people, the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol. However, the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show that the reality is much more intricate. The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems, both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking. We studied consumption patterns attached to three major categories of alcohol: beer (commercial or home brewed), “strong drink” (drinks with high percentages of alcohol) and wine (table wine or fortified wine). We found that native peoples can have a range of tastes, and that their choices are related to economic issues and accessibility of products. Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous. An analysis of the data must therefore be framed by this political culture, in face of which individuals – drinkers or non-drinkers – position and define themselves socially. We give special attention to the emerging wine culture, its decorum, adoption or rejection. Our research opens avenues for understanding the evolution of codes governing social relations among native peoples, between themselves and others.

Résumé
Cet article s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implicati... more Résumé
Cet article s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition du conseil de bande sur la bande traditionnelle. À l’aide de l’exemple de la communauté atikamekw de Manawan (Québec), l’auteur propose qu’il existe un « art de faire politique » qui permet une réappropriation autochtone de la politique officielle au niveau local. Malgré la nouvelle façon de faire la politique atikamekw et l’appareil politique formel, existe-t-il une continuité de la bande traditionnelle et du rôle de chef? Nul doute que la bureaucratisation de chaque aspect de la vie autochtone (politique, santé, éducation, etc.) fait désormais appel à des compétences nouvelles dans des nouveaux champs d’action. Mais des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamekw dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
Abstract
The topic of this article is Native local politics. It aims to establish the long term social implications of the Band council on the traditional band. It focuses on the Atikamekw community of Manawan in Quebec. The author argues the existence of a political “art de faire” which gives the Natives an opportunity to re-appropriate the local level formal political system. Despite the new Atikamekw political ways and the formal apparatus, is there any traditional band and chief’s function continuity? The bureaucratization of every aspect of native lives has call for new abilities within new fields. Even thought traditional authority figures still exist in Manawan. They attempt to mobilise and politicise tradition to help the Atikamekw within the complex political Reserve context and to deal with their territorial claims vis-a-vis the two levels of government that dominate daily life.
Books by Anny Morissette
The Secret Struggles of Kitigan Zibi Anishinabeg Leaders: Political Resistance from the Margins, 2021
In The Secret Struggles of Kitigan Zibi Anishinabeg Leaders, Anny Morissette examines Kitigan Zib... more In The Secret Struggles of Kitigan Zibi Anishinabeg Leaders, Anny Morissette examines Kitigan Zibi Anishinabeg actors’ political resistance to the Canadian government amidst threats to the tribe’s traditional political structures. Morissette traces the Anishinabeg political identity through the preservation of traditional, spiritual, and symbolic influences, which have endured despite colonial disruptions. Morissette highlights daily forms of resistance, Indigenous narratives, and tactics of political power from the margins, demonstrating how Anishinabeg actors continue to defy political oppression.
Malgré les tentatives de l'État canadien de briser la structure politique traditionnelle des auto... more Malgré les tentatives de l'État canadien de briser la structure politique traditionnelle des autochtones, ceux-ci sont loin d'avoir été des victimes passives. L'analyse des acteurs de la communauté algonquine de Kitigan Zibi montre une variété de leadership, malgré l'imposition d'une fonction de chef par la Loi sur les Indiens.
L'enquête de terrain dévoile que les manifestations et les actions politiques menées par les Anishinabeg s'avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance, de ruses et de tactiques employées pour tenter de changer le système formel. Les Algonquins ont su préserver une identité politique, basée sur diverses représentations traditionnelles, spirituelles ou symboliques, malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs.
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Papers by Anny Morissette
Ce mémoire de maîtrise s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition (Loi sur les Indiens de 1876) sur une bande autochtone de la structure politique qu’est le conseil de bande. L’analyse des mesures politiques imposées est effectuée à partir du cadre législatif, du contexte historique et ethnographique, de l’avancée des Eurocanadiens en territoire atikamekv à la sédentarisation définitive de ceux-ci. C’est à l’aide de l’exemple de la communauté atikamek” de Manawan (Québec), de son organisation
sociopolitique traditionnelle à l’expression contemporaine de ses formes politiques, qu’il est établi qu’il existe au niveau local une mosaïque politique touchant deux espaces, la forêt et la réserve. Il est démontré que les nouveaux champs d’action et domaines de compétences de la structure politique imposée ont nécessité l’émergence d’un nouveau type de leader. Cela a eu pour conséquence l’établissement de clivages sociaux et générationnels, la montée d’une élite ainsi qu’une réappropriation graduelle et «atikamekwisé » du conseil de bande. Malgré l’imposition d’une nouvelle structure politique, des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamek’ dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
In Quebec, systemic studies of Indian day schools from the end of the XIXth century to the first half of the XXth century are non-existent. Yet, 31 Indian day schools were in operation in the province to teach Indigenous children how to become little Canadians. Based on an analysis of the modus operandi of these institutions grounded in archival and historical research concerning the River Desert band and school life in the Outaouais region, this article trace the origin of the first Indian schools in Kitigan Zibi and explore the power play between the Indian Affairs administration and the band council on educational matters.
Par la Loi sur les Indiens, les sociétés amérindiennes se sont fait imposer un nouvel univers politique par les autorités canadiennes. Elles ont donc dû composer avec le système des conseils de bande en s’adaptant et en réaménageant leurs façons de faire politiques. La tradition diplomatique algonquienne bien active au XVIIe siècle et encore durant une partie du XVIIIe s’est-elle aussi transformée? Depuis la vague de mouvement d’affirmation autochtone des années 1970, les relations des conseils de bande ne se limitent plus au gouvernement canadien, aux autres nations autochtones ou aux relations avec des instances non autochtones locales, régionales, provinciales ou pancanadiennes. Elles s’étendent désormais au niveau international. Peut-on utiliser le mot diplomatie dans le contexte des conseils de bande maintenant? À l’aide de l'exemple de la communauté algonquine de Kitigan Zibi, l'auteure explore la participation active de cette bande à des rencontres avec les ambassadeurs de divers pays représentés à Ottawa. L’affirmation d’une identité nationale et une reconnaissance politique de la bande sont au cœur de cette démarche entreprise par les Anishnabeg.
Abstract
The Assertion of a Nation: The Kitigan Zibi Anishnabeg Diplomatic Means
The enactment of the Indian Act by the Canadian authorities imposed a new political world to Indian societies. Therefore the later had to deal with the system of band councils by adapting and reorganizing their political ways. Did the Algonquian diplomatic tradition, which was very active in the XVIIe century and even during part of the XVIIIe century, also transform? Since the 1970's assertion wave of Indigenous Peoples, the band councils relationship are no longer limited to the Canadian government, to other indigenous nations or relationships with non-Aboriginal local, regional, provincial or pan-Canadian authorities. They now extend to the international arena. Can the word diplomacy be use in the context of contemporary band councils? Focusing on the Algonquin community of Kitigan Zibi, the author explores the active participation of the band in meetings with the ambassadors of different countries represented in Ottawa. The assertion of a national identity and the political recognition of the band are at the heart of the action taken by the Anishnabeg.
La recherche ethnographique porte sur la politique locale de la communauté algonquine de Kitigan Zibi (Québec). L’analyse des acteurs anishnabeg a montré une variabilité du leadership politique chez les Algonquins et l’existence de différents types de leader malgré l’imposition d’une fonction de chef par la Loi sur les Indiens. Le contrôle des affaires politiques officielles d’une bande par les agents coloniaux, c'est-à-dire les missionnaires et les agents indiens, n’a pas donné lieu à un contrôle total de sa dynamique politique interne et de ses membres. L'enquête de terrain a dévoilé que les diverses manifestations et actions politiques menées par les Anishnabeg s’avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance face aux nouvelles façons de faire la politique établies par les autorités canadiennes, des ruses et des tactiques employées pour tenter de changer le système formel en remettant en question le pouvoir des Affaires indiennes. La contestation et la résistance ne sont toutefois pas l’unique moteur du leadership et de la politique amérindienne. En fait, le leadership politique chez les Kitigan Zibi Anishnabeg est aussi basé sur diverses représentations (traditionnelles, spirituelles, symboliques) qui ont permis aux Algonquins de préserver une identité politique malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs. Les ambiguïtés, les contradictions et les paradoxes de la quotidienneté politique d’une bande autochtone ne sont pas que le résultat de la rencontre d’un univers politique Autre, mais aussi l’aboutissement de l’évolution et de la reconstruction d’un système sociopolitique traditionnel et de ses dynamiques internes reliées au pouvoir, d’une redéfinition de l’autorité et de la légitimité du politique, de l'essor de leaders nouveau genre pour répondre adéquatement aux exigences politiques de la vie en réserve. La politique de réserve n’est pas une chose concrète mais plutôt une dynamique dans un temps et dans un lieu donné, au chevauchement culturel de diverses traditions politiques et formes d’autorité, au truchement de divers espaces (imposé ou symbolique) et institutions (formelle et informelle). Les Algonquins se renouvellent continuellement politiquement au sein de leur système. Ceci n’est pas un effet de l’acculturation, d’une hybridité ou de la modernité mais relève bien de la tradition. Le rattachement de fonctions et dynamiques traditionnelles à la structure formelle constitue un début de gouvernance « par le bas ». Cette dernière renouvelle de l’intérieur, par l’établissement d’un dialogue, la relation entre les leaders autochtones et les représentants de l’État, ce qui donne aux acteurs locaux une marge de manœuvre. Les Algonquins ont saisi les incompatibilités des deux systèmes – blanc et autochtone – pour définir un nouveau territoire, « in the cracks », qui devient leur domaine d’action. L'analyse de la flexibilité du leadership algonquin, de la vision eurocanadienne du leadership amérindien, de l’usage instrumental des exigences de l’État, des élections et des éligibles contemporains, de l'empowerment des femmes algonquines et du leadership féminin en milieu de réserve, a révélé que le leadership interstitiel est une force politique pour les Kitigan Zibi Anishnabeg.
En portant un regard critique sur la politique locale dans le quotidien d'une bande et en incluant les voix autochtones, il est possible d’observer le processus de décolonisation et des formes embryonnaires de pratiques postcoloniales au sein des réserves. Cette recherche a démontré que le chef et les autres leaders sont au cœur de cette dynamique politique dans les marges, de l’essor et de l’émancipation politique de leur bande.
Abstract:
What is the scope of Indian participation in Canadian politics? Despite the Canadian governments’ attempts to break traditional Indigenous' political structures by introducing the Band Council system, First Peoples are far from passive victims. The study of interstitial leadership is the theoretical framework of this thesis because it is the key to political practices that take place "in the cracks", thereby conferring marginal power to Indigenous Peoples. By examining the historical and social conditions for the development of the political arena in reserves, it is possible to understand the everyday and contemporaneity of the exercise of power within a highly politicized minority population.
The present ethnographic research focuses on the local politics of the Algonquin community of Kitigan Zibi (Quebec). Anishnabeg stakeholder analysis showed a variability of Algonquin political leadership and the existence of different types of leaders in spite of the imposition of a single chief through the Indian Act. The control of the band’s official political affairs by colonial agents, that is to say the missionaries and the Indian agents, has not resulted in the complete control of internal political dynamics and members. The fieldwork revealed that the various political actions undertaken by the Anishnabeg prove to be power strategies from the margin, a form of everyday resistance to the new ways of doing politics established by the Canadian authorities. These actions were also tricks and tactics used to challenge the formal system and the Indian Affairs power. Opposition and resistance however are not the only instruments of Native leadership and politics. In fact, the Kitigan Zibi Anishnabeg political leadership is also based on various representations (i.e. traditional, spiritual, and symbolic) that helped preserve Algonquin political identity despite some disruptions and changes introduced into their society by the colonizers. Ambiguities, contradictions and paradoxes found in everyday band politics are not only the result of the meeting of an Other political universe. They are also the culmination of the development and reconstruction of a traditional sociopolitical system and its internal dynamics related to power, a redefinition of the authority and political legitimacy, the rise of a new leaders genre to adequately respond to the demands of the reserve’s political life. Reserve politics are not a concrete ‘thing’ but rather a dynamic that exists within a particular time and in a given place. Additionally, overlapping different cultural and political traditions as well as various forms of authority, occur in various spaces (imposed or symbolic) and institutions (formal and informal). The Algonquin are continually renewing themselves politically within their system. This is not an effect of acculturation, hybridity, and modernity but of tradition. The joining of traditional functions and dynamics to the formal structure represents the beginning of a governance "from below". The latter renews from within, through the establishment of a dialogue, the relationship between Aboriginal leaders and representatives of the State, which provides room for manoeuvre to local protagonists. The Algonquins seized upon the incompatibilities between the two systems - Settler and Aboriginal - to define a new territory "in the cracks" which became their field of action. The analysis of the flexibility of Algonquin leadership, the Euro-Canadien vision of the Native leadership, the instrumental use of State requirements, the contemporary elections and candidates, Algonquin women's empowerment and female leadership within reserve have showed that the interstitial leadership is a political force for the Kitigan Zibi Anishnabeg.
By wearing a critical eye on local politics in daily band life and by including Indigenous voices, it is possible to observe the process of decolonization as well as the embryonic forms of postcolonial practices within reserves. This research has shown that the chief and other leaders are at the heart of this political dynamic in the margins and the political development and empowerment of their band.
Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de sécularisation. Face à la désertion des lieux de culte, s'est engagé un débat sur la place des biens d'Église dans le domaine public. Qu'en est-il dans les communautés amérindiennes du Québec, qui comptent aussi chacune une église ? Cet article retrace l'histoire de deux églises de missions, interrogeant leurs places dans la mémoire des Oblats de Marie Immaculée et des Amérindiens algonquins et atikamekw. En étudiant les investissements symboliques des différents acteurs sociaux, les auteurs montrent que ces églises, lieux de mémoire polysémiques où l'ornementation évoque le semi-nomadisme, ont inscrit dans l'espace un modèle de type post-colonial, catholique et sédentaire. Mais, dans la réorganisation contemporaine des cadres identitaires, elles représentent aussi un début de décolonisation.
Abstract
The province of Quebec in Canada is now highly secularised after a long history of Catholic domination and influence. With Churches now often deserted and unused, a discussion has emerged about the role of Church properties in the public domain. This extends to Amerindian communities in the Province, which each have their own church. This article traces the history of two mission churches and focuses on their place in the memories
of the Oblate order and of the Algonquin and Atikamekw First Nations. By evaluating the symbolic investment of the major social actors, the authors show that these churches, decorated with mementoes of the semi-nomadic past, embody a post-colonial, sedentary and Catholic model. In the context of the current reorganisation and re-evaluation of identities, these churches also represent the beginnings of decolonisation.
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A priori, il n'y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d'autres peuples du monde, ne puissent pas boire de l'alcool simplement pour le plaisir, avec modération. Mais la littérature n'aborde pratiquement jamais la question, dans un contexte où il est notoire que l'abus d'alcool est un fléau social et médical chez les autochtones. Or, des faits et des récits recueillis par les auteures auprès de membres de communautés algonquiennes du Québec démontrent que la réalité est plus nuancée. Tout d'abord, la culture algonquienne de l'alcool est plus complexe qu'il n'y paraît, tant au niveau des connaissances au sujet des diverses boissons que dans les manières de boire. Ensuite, sont particulièrement étudiés les modèles de consommation attachés aux trois grandes catégories d'alcools : la bière (brassée ou artisanale), le "fort" (boissons à hauts pourcentages d'alcool) et le vin (vin de table ou vin fortifié). On y relève que les Amérindiens peuvent avoir une hiérarchie de goûts et que leurs choix sont liés à des impératifs économiques et à une accessibilité des produits. Enfin, alors que le discours public de l'élite amérindienne est fortement empreint de l'idéologie dominante des Alcooliques Anonymes, l'analyse des données est replacée dans le cadre d'une culture politique, face à laquelle les individus, buveurs ou non buveurs, peuvent décider de se positionner pour se définir socialement. L'adoption ou le rejet de la culture du vin et de son décorum font ici l'objet d'une attention spécifique. La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l'évolution des codes régissant les rapports sociaux chez les Amérindiens, entre eux et face aux autres.
Abstract
In principle, there is no reason why Native Canadians, like other peoples of the world, cannot drink alcohol in moderation, simply for pleasure. In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and public health problem among native people, the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol. However, the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show that the reality is much more intricate. The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems, both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking. We studied consumption patterns attached to three major categories of alcohol: beer (commercial or home brewed), “strong drink” (drinks with high percentages of alcohol) and wine (table wine or fortified wine). We found that native peoples can have a range of tastes, and that their choices are related to economic issues and accessibility of products. Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous. An analysis of the data must therefore be framed by this political culture, in face of which individuals – drinkers or non-drinkers – position and define themselves socially. We give special attention to the emerging wine culture, its decorum, adoption or rejection. Our research opens avenues for understanding the evolution of codes governing social relations among native peoples, between themselves and others.
Cet article s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition du conseil de bande sur la bande traditionnelle. À l’aide de l’exemple de la communauté atikamekw de Manawan (Québec), l’auteur propose qu’il existe un « art de faire politique » qui permet une réappropriation autochtone de la politique officielle au niveau local. Malgré la nouvelle façon de faire la politique atikamekw et l’appareil politique formel, existe-t-il une continuité de la bande traditionnelle et du rôle de chef? Nul doute que la bureaucratisation de chaque aspect de la vie autochtone (politique, santé, éducation, etc.) fait désormais appel à des compétences nouvelles dans des nouveaux champs d’action. Mais des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamekw dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
Abstract
The topic of this article is Native local politics. It aims to establish the long term social implications of the Band council on the traditional band. It focuses on the Atikamekw community of Manawan in Quebec. The author argues the existence of a political “art de faire” which gives the Natives an opportunity to re-appropriate the local level formal political system. Despite the new Atikamekw political ways and the formal apparatus, is there any traditional band and chief’s function continuity? The bureaucratization of every aspect of native lives has call for new abilities within new fields. Even thought traditional authority figures still exist in Manawan. They attempt to mobilise and politicise tradition to help the Atikamekw within the complex political Reserve context and to deal with their territorial claims vis-a-vis the two levels of government that dominate daily life.
Books by Anny Morissette
L'enquête de terrain dévoile que les manifestations et les actions politiques menées par les Anishinabeg s'avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance, de ruses et de tactiques employées pour tenter de changer le système formel. Les Algonquins ont su préserver une identité politique, basée sur diverses représentations traditionnelles, spirituelles ou symboliques, malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs.
Ce mémoire de maîtrise s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition (Loi sur les Indiens de 1876) sur une bande autochtone de la structure politique qu’est le conseil de bande. L’analyse des mesures politiques imposées est effectuée à partir du cadre législatif, du contexte historique et ethnographique, de l’avancée des Eurocanadiens en territoire atikamekv à la sédentarisation définitive de ceux-ci. C’est à l’aide de l’exemple de la communauté atikamek” de Manawan (Québec), de son organisation
sociopolitique traditionnelle à l’expression contemporaine de ses formes politiques, qu’il est établi qu’il existe au niveau local une mosaïque politique touchant deux espaces, la forêt et la réserve. Il est démontré que les nouveaux champs d’action et domaines de compétences de la structure politique imposée ont nécessité l’émergence d’un nouveau type de leader. Cela a eu pour conséquence l’établissement de clivages sociaux et générationnels, la montée d’une élite ainsi qu’une réappropriation graduelle et «atikamekwisé » du conseil de bande. Malgré l’imposition d’une nouvelle structure politique, des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamek’ dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
In Quebec, systemic studies of Indian day schools from the end of the XIXth century to the first half of the XXth century are non-existent. Yet, 31 Indian day schools were in operation in the province to teach Indigenous children how to become little Canadians. Based on an analysis of the modus operandi of these institutions grounded in archival and historical research concerning the River Desert band and school life in the Outaouais region, this article trace the origin of the first Indian schools in Kitigan Zibi and explore the power play between the Indian Affairs administration and the band council on educational matters.
Par la Loi sur les Indiens, les sociétés amérindiennes se sont fait imposer un nouvel univers politique par les autorités canadiennes. Elles ont donc dû composer avec le système des conseils de bande en s’adaptant et en réaménageant leurs façons de faire politiques. La tradition diplomatique algonquienne bien active au XVIIe siècle et encore durant une partie du XVIIIe s’est-elle aussi transformée? Depuis la vague de mouvement d’affirmation autochtone des années 1970, les relations des conseils de bande ne se limitent plus au gouvernement canadien, aux autres nations autochtones ou aux relations avec des instances non autochtones locales, régionales, provinciales ou pancanadiennes. Elles s’étendent désormais au niveau international. Peut-on utiliser le mot diplomatie dans le contexte des conseils de bande maintenant? À l’aide de l'exemple de la communauté algonquine de Kitigan Zibi, l'auteure explore la participation active de cette bande à des rencontres avec les ambassadeurs de divers pays représentés à Ottawa. L’affirmation d’une identité nationale et une reconnaissance politique de la bande sont au cœur de cette démarche entreprise par les Anishnabeg.
Abstract
The Assertion of a Nation: The Kitigan Zibi Anishnabeg Diplomatic Means
The enactment of the Indian Act by the Canadian authorities imposed a new political world to Indian societies. Therefore the later had to deal with the system of band councils by adapting and reorganizing their political ways. Did the Algonquian diplomatic tradition, which was very active in the XVIIe century and even during part of the XVIIIe century, also transform? Since the 1970's assertion wave of Indigenous Peoples, the band councils relationship are no longer limited to the Canadian government, to other indigenous nations or relationships with non-Aboriginal local, regional, provincial or pan-Canadian authorities. They now extend to the international arena. Can the word diplomacy be use in the context of contemporary band councils? Focusing on the Algonquin community of Kitigan Zibi, the author explores the active participation of the band in meetings with the ambassadors of different countries represented in Ottawa. The assertion of a national identity and the political recognition of the band are at the heart of the action taken by the Anishnabeg.
La recherche ethnographique porte sur la politique locale de la communauté algonquine de Kitigan Zibi (Québec). L’analyse des acteurs anishnabeg a montré une variabilité du leadership politique chez les Algonquins et l’existence de différents types de leader malgré l’imposition d’une fonction de chef par la Loi sur les Indiens. Le contrôle des affaires politiques officielles d’une bande par les agents coloniaux, c'est-à-dire les missionnaires et les agents indiens, n’a pas donné lieu à un contrôle total de sa dynamique politique interne et de ses membres. L'enquête de terrain a dévoilé que les diverses manifestations et actions politiques menées par les Anishnabeg s’avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance face aux nouvelles façons de faire la politique établies par les autorités canadiennes, des ruses et des tactiques employées pour tenter de changer le système formel en remettant en question le pouvoir des Affaires indiennes. La contestation et la résistance ne sont toutefois pas l’unique moteur du leadership et de la politique amérindienne. En fait, le leadership politique chez les Kitigan Zibi Anishnabeg est aussi basé sur diverses représentations (traditionnelles, spirituelles, symboliques) qui ont permis aux Algonquins de préserver une identité politique malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs. Les ambiguïtés, les contradictions et les paradoxes de la quotidienneté politique d’une bande autochtone ne sont pas que le résultat de la rencontre d’un univers politique Autre, mais aussi l’aboutissement de l’évolution et de la reconstruction d’un système sociopolitique traditionnel et de ses dynamiques internes reliées au pouvoir, d’une redéfinition de l’autorité et de la légitimité du politique, de l'essor de leaders nouveau genre pour répondre adéquatement aux exigences politiques de la vie en réserve. La politique de réserve n’est pas une chose concrète mais plutôt une dynamique dans un temps et dans un lieu donné, au chevauchement culturel de diverses traditions politiques et formes d’autorité, au truchement de divers espaces (imposé ou symbolique) et institutions (formelle et informelle). Les Algonquins se renouvellent continuellement politiquement au sein de leur système. Ceci n’est pas un effet de l’acculturation, d’une hybridité ou de la modernité mais relève bien de la tradition. Le rattachement de fonctions et dynamiques traditionnelles à la structure formelle constitue un début de gouvernance « par le bas ». Cette dernière renouvelle de l’intérieur, par l’établissement d’un dialogue, la relation entre les leaders autochtones et les représentants de l’État, ce qui donne aux acteurs locaux une marge de manœuvre. Les Algonquins ont saisi les incompatibilités des deux systèmes – blanc et autochtone – pour définir un nouveau territoire, « in the cracks », qui devient leur domaine d’action. L'analyse de la flexibilité du leadership algonquin, de la vision eurocanadienne du leadership amérindien, de l’usage instrumental des exigences de l’État, des élections et des éligibles contemporains, de l'empowerment des femmes algonquines et du leadership féminin en milieu de réserve, a révélé que le leadership interstitiel est une force politique pour les Kitigan Zibi Anishnabeg.
En portant un regard critique sur la politique locale dans le quotidien d'une bande et en incluant les voix autochtones, il est possible d’observer le processus de décolonisation et des formes embryonnaires de pratiques postcoloniales au sein des réserves. Cette recherche a démontré que le chef et les autres leaders sont au cœur de cette dynamique politique dans les marges, de l’essor et de l’émancipation politique de leur bande.
Abstract:
What is the scope of Indian participation in Canadian politics? Despite the Canadian governments’ attempts to break traditional Indigenous' political structures by introducing the Band Council system, First Peoples are far from passive victims. The study of interstitial leadership is the theoretical framework of this thesis because it is the key to political practices that take place "in the cracks", thereby conferring marginal power to Indigenous Peoples. By examining the historical and social conditions for the development of the political arena in reserves, it is possible to understand the everyday and contemporaneity of the exercise of power within a highly politicized minority population.
The present ethnographic research focuses on the local politics of the Algonquin community of Kitigan Zibi (Quebec). Anishnabeg stakeholder analysis showed a variability of Algonquin political leadership and the existence of different types of leaders in spite of the imposition of a single chief through the Indian Act. The control of the band’s official political affairs by colonial agents, that is to say the missionaries and the Indian agents, has not resulted in the complete control of internal political dynamics and members. The fieldwork revealed that the various political actions undertaken by the Anishnabeg prove to be power strategies from the margin, a form of everyday resistance to the new ways of doing politics established by the Canadian authorities. These actions were also tricks and tactics used to challenge the formal system and the Indian Affairs power. Opposition and resistance however are not the only instruments of Native leadership and politics. In fact, the Kitigan Zibi Anishnabeg political leadership is also based on various representations (i.e. traditional, spiritual, and symbolic) that helped preserve Algonquin political identity despite some disruptions and changes introduced into their society by the colonizers. Ambiguities, contradictions and paradoxes found in everyday band politics are not only the result of the meeting of an Other political universe. They are also the culmination of the development and reconstruction of a traditional sociopolitical system and its internal dynamics related to power, a redefinition of the authority and political legitimacy, the rise of a new leaders genre to adequately respond to the demands of the reserve’s political life. Reserve politics are not a concrete ‘thing’ but rather a dynamic that exists within a particular time and in a given place. Additionally, overlapping different cultural and political traditions as well as various forms of authority, occur in various spaces (imposed or symbolic) and institutions (formal and informal). The Algonquin are continually renewing themselves politically within their system. This is not an effect of acculturation, hybridity, and modernity but of tradition. The joining of traditional functions and dynamics to the formal structure represents the beginning of a governance "from below". The latter renews from within, through the establishment of a dialogue, the relationship between Aboriginal leaders and representatives of the State, which provides room for manoeuvre to local protagonists. The Algonquins seized upon the incompatibilities between the two systems - Settler and Aboriginal - to define a new territory "in the cracks" which became their field of action. The analysis of the flexibility of Algonquin leadership, the Euro-Canadien vision of the Native leadership, the instrumental use of State requirements, the contemporary elections and candidates, Algonquin women's empowerment and female leadership within reserve have showed that the interstitial leadership is a political force for the Kitigan Zibi Anishnabeg.
By wearing a critical eye on local politics in daily band life and by including Indigenous voices, it is possible to observe the process of decolonization as well as the embryonic forms of postcolonial practices within reserves. This research has shown that the chief and other leaders are at the heart of this political dynamic in the margins and the political development and empowerment of their band.
Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de sécularisation. Face à la désertion des lieux de culte, s'est engagé un débat sur la place des biens d'Église dans le domaine public. Qu'en est-il dans les communautés amérindiennes du Québec, qui comptent aussi chacune une église ? Cet article retrace l'histoire de deux églises de missions, interrogeant leurs places dans la mémoire des Oblats de Marie Immaculée et des Amérindiens algonquins et atikamekw. En étudiant les investissements symboliques des différents acteurs sociaux, les auteurs montrent que ces églises, lieux de mémoire polysémiques où l'ornementation évoque le semi-nomadisme, ont inscrit dans l'espace un modèle de type post-colonial, catholique et sédentaire. Mais, dans la réorganisation contemporaine des cadres identitaires, elles représentent aussi un début de décolonisation.
Abstract
The province of Quebec in Canada is now highly secularised after a long history of Catholic domination and influence. With Churches now often deserted and unused, a discussion has emerged about the role of Church properties in the public domain. This extends to Amerindian communities in the Province, which each have their own church. This article traces the history of two mission churches and focuses on their place in the memories
of the Oblate order and of the Algonquin and Atikamekw First Nations. By evaluating the symbolic investment of the major social actors, the authors show that these churches, decorated with mementoes of the semi-nomadic past, embody a post-colonial, sedentary and Catholic model. In the context of the current reorganisation and re-evaluation of identities, these churches also represent the beginnings of decolonisation.
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A priori, il n'y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d'autres peuples du monde, ne puissent pas boire de l'alcool simplement pour le plaisir, avec modération. Mais la littérature n'aborde pratiquement jamais la question, dans un contexte où il est notoire que l'abus d'alcool est un fléau social et médical chez les autochtones. Or, des faits et des récits recueillis par les auteures auprès de membres de communautés algonquiennes du Québec démontrent que la réalité est plus nuancée. Tout d'abord, la culture algonquienne de l'alcool est plus complexe qu'il n'y paraît, tant au niveau des connaissances au sujet des diverses boissons que dans les manières de boire. Ensuite, sont particulièrement étudiés les modèles de consommation attachés aux trois grandes catégories d'alcools : la bière (brassée ou artisanale), le "fort" (boissons à hauts pourcentages d'alcool) et le vin (vin de table ou vin fortifié). On y relève que les Amérindiens peuvent avoir une hiérarchie de goûts et que leurs choix sont liés à des impératifs économiques et à une accessibilité des produits. Enfin, alors que le discours public de l'élite amérindienne est fortement empreint de l'idéologie dominante des Alcooliques Anonymes, l'analyse des données est replacée dans le cadre d'une culture politique, face à laquelle les individus, buveurs ou non buveurs, peuvent décider de se positionner pour se définir socialement. L'adoption ou le rejet de la culture du vin et de son décorum font ici l'objet d'une attention spécifique. La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l'évolution des codes régissant les rapports sociaux chez les Amérindiens, entre eux et face aux autres.
Abstract
In principle, there is no reason why Native Canadians, like other peoples of the world, cannot drink alcohol in moderation, simply for pleasure. In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and public health problem among native people, the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol. However, the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show that the reality is much more intricate. The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems, both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking. We studied consumption patterns attached to three major categories of alcohol: beer (commercial or home brewed), “strong drink” (drinks with high percentages of alcohol) and wine (table wine or fortified wine). We found that native peoples can have a range of tastes, and that their choices are related to economic issues and accessibility of products. Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous. An analysis of the data must therefore be framed by this political culture, in face of which individuals – drinkers or non-drinkers – position and define themselves socially. We give special attention to the emerging wine culture, its decorum, adoption or rejection. Our research opens avenues for understanding the evolution of codes governing social relations among native peoples, between themselves and others.
Cet article s’intéresse à la politique locale autochtone. Il vise à établir l’implication sociale à long terme de l’imposition du conseil de bande sur la bande traditionnelle. À l’aide de l’exemple de la communauté atikamekw de Manawan (Québec), l’auteur propose qu’il existe un « art de faire politique » qui permet une réappropriation autochtone de la politique officielle au niveau local. Malgré la nouvelle façon de faire la politique atikamekw et l’appareil politique formel, existe-t-il une continuité de la bande traditionnelle et du rôle de chef? Nul doute que la bureaucratisation de chaque aspect de la vie autochtone (politique, santé, éducation, etc.) fait désormais appel à des compétences nouvelles dans des nouveaux champs d’action. Mais des figures d’autorité issues de l’organisation sociopolitique subsistent toujours à Manawan. Elles tentent, par la tradition, à guider les Atikamekw dans le contexte institutionnalisé des réserves et des revendications territoriales avec les instances gouvernementales.
Abstract
The topic of this article is Native local politics. It aims to establish the long term social implications of the Band council on the traditional band. It focuses on the Atikamekw community of Manawan in Quebec. The author argues the existence of a political “art de faire” which gives the Natives an opportunity to re-appropriate the local level formal political system. Despite the new Atikamekw political ways and the formal apparatus, is there any traditional band and chief’s function continuity? The bureaucratization of every aspect of native lives has call for new abilities within new fields. Even thought traditional authority figures still exist in Manawan. They attempt to mobilise and politicise tradition to help the Atikamekw within the complex political Reserve context and to deal with their territorial claims vis-a-vis the two levels of government that dominate daily life.
L'enquête de terrain dévoile que les manifestations et les actions politiques menées par les Anishinabeg s'avèrent être des stratégies du pouvoir dans la marge, une forme quotidienne de résistance, de ruses et de tactiques employées pour tenter de changer le système formel. Les Algonquins ont su préserver une identité politique, basée sur diverses représentations traditionnelles, spirituelles ou symboliques, malgré certaines ruptures et transformations introduites dans leur société par les colonisateurs.