Papers by Thomas Vennes
Éditions de l'Université de Sherbrooke eBooks, Apr 12, 2022
Patrick Dramé et Boris Lukic, Commandement colonial, résistances et décolonisation - Une histoire de l’Afrique contemporaine, Sherbrooke, ÉDUS, 242 p., 2022

Benjamin Deruelle, Nicolas Handfield, Philipp Portelance (dir.), De la violence à l'extrême Discours, représentations et pratiques de la violence chez les combattants (XVe-XXIe siècle), Paris, Hermann, 2021
De la violence à l'extrême solidement fortifié, composé de plusieurs soukhalas 4 , abritait une f... more De la violence à l'extrême solidement fortifié, composé de plusieurs soukhalas 4 , abritait une force considérable de « rebelles », qui harcelaient depuis cinq mois les villages alentour restés fidèles à la France. Boho, comme des centaines d'autres villages de la région située entre la rivière Bani et la rivière Volta (aujourd'hui la boucle du Mouhoun au Burkina Faso 5), s'était joint au mouvement de révolte anticoloniale qui embrasait le territoire depuis novembre 1915. Ce mouvement prit principalement racine dans la colonie du Haut-Sénégal et Niger (HSN), dans les cercles administratifs de San, Dédougou, Ouagadougou et dans le nord du cercle de Bobo-Dioulasso. Maubert avait reçu l'ordre de rester sur la défensive 6 , mais lança des opérations de maintien de l'ordre dans son cercle sans attendre l'autorisation de ses supérieurs 7. Avec une force d'environ 800 hommes-55 gardes-cercles, 14 anciens tirailleurs, 339 cavaliers et 351 sofas-, Maubert quitta Bobo-Dioulasso le 4 mai en direction de Boho. Le 6 mai, il arriva au village et, une fois le canon de montagne de 80 mm mis en place, ouvrit le feu sur la soukhala. Il décrivit ensuite la scène dans son carnet de route : Le travail de destruction devient formidable, sans toutefois causer la moindre émotion parmi les rebelles dont le courage est véritablement superbe, ils occupent toutes les ouvertures pratiquées dans les murs, et notre feu fait des trouées terribles dans leurs masses profondes 8. Après deux assauts, soldés par des échecs, et l'arrivée de renforts ennemis, les assaillants furent obligés de se retirer au poste français de 4. Une soukhala était un quartier de village. La disposition des habitations créait des quartiers fermés. Ces habitations, des cases faites d'argile au toit plat de terre écrasée et supporté par des poutres de bois, peuvent compter plusieurs étages. L'entrée se faisait seulement de l'intérieur de la soukhala ou depuis les toits. De petits corridors étroits, à peine perceptibles, permettaient de pénétrer dans la soukhala. Mahir Saul et Patrick-Yves Royer, West African challenge to empire: Cculture and history in the Volta-Bani anticolonial war, Athens ; Oxford, Ohio University Press ; James Currey, 2001, p. 355. 5. Les anthropologues et historiens Patrick Royer et Mahir Saul utilisent la délimitation géographique de la boucle du Mouhoun au Burkina Faso pour nommer le conflit la guerre du Bani-Volta.

Avec l’avènement de la Troisième République, la France se dota d’un nouveau motif et justificatif... more Avec l’avènement de la Troisième République, la France se dota d’un nouveau motif et justificatif pour l’expansion impériale : la mission civilisatrice. Basée sur des principes républicain et universaliste, cette mission fut au cœur des conquêtes en Afrique subsaharienne à partir de la fin du XIXe siècle. En tant que fer de lance de ce nouvel expansionnisme en Afrique, l’armée coloniale française consolida une culture militaire qui la distingua de l’armée métropolitaine. L’aspect le plus distinctif fut la forte influence de l’idéologie de la mission civilisatrice sur ses pratiques et dynamiques de la violence. Grâce aux rapports militaires, rapports politiques civils, à la correspondance télégraphique ainsi qu’un corpus d’ouvrages sur les conflits coloniaux, ce mémoire démontre comment la mission civilisatrice, par l’entremise de la culture militaire coloniale dont les deux postulats de bases étaient la recherche de l’ordre absolue et l’adaptabilité, s’imprégna dans la mentalité des officiers coloniaux qui s’octroyèrent un rôle politique en colonie. À travers l’étude de la guerre du Bani-Volta (1915-1916), ce mémoire argumente que la mission civilisatrice agit comme un vecteur et un frein à la violence extrême des autorités militaires coloniales. Deux phénomènes issus de cette idéologie agirent en particulier sur la violence des autorités militaires : l’espace imaginé de la colonie et le racisme. Ainsi, la colonie était une terra nullius qui devait être remis à l’ordre. Ces habitants étaient catégorisés comme des « races » inférieures qui devait être pris sous tutelle par une civilisation éclairée, dans ce cas-ci la France. En conséquence, cette mission encouragea l’usage de la violence extrême dans un but disciplinaire et réformateur, écrasant les résistances africaines pour s’imposer en tant que seule autorité légitime. Mais elle y imposa aussi des limites puisqu’il s’agissait d’agir en fonction d’une « élévation » des peuples et de mener à terme la « mise en valeur » de la colonie. Opposant l’empire français à une révolte anticoloniale dans l’actuel Burkina Faso pendant la Première Guerre mondiale, la guerre du Bani-Volta fut l’un des conflits les plus importants en Afrique subsaharienne et illustre comment la mission civilisatrice agit comme cadre à la violence extrême des autorités militaires coloniales.

Revue d'histoire de l'Université de Sherbrooke, 2021
L’objectif de cet article est d’éclairer certaines pistes de réflexion autour des pratiques et dy... more L’objectif de cet article est d’éclairer certaines pistes de réflexion autour des pratiques et dynamiques de la violence de l’armée coloniale française dans l’empire, avec un regard particulier sur le continent africain entre 1830 et 1914. À partir des trois concepts suivants , soit le « commandement » d’Achille Mbembe, la « culture organisationnelle militaire » de Isabel Hull et le « maintien de l’ordre » tel que compris par Patrick Dramé, cet article propose d’explorer comment l’usage de la violence, ordinaire et extrême, devient l’un des modus operandi de l’armée afin de s’imposer sur le territoire et d’y maintenir la paix. La relation qui s’établit entre le conquérant, dans notre cas l’officier, et les populations colonisés se fonde alors sur des logiques de « commandement » qui s’institutionnalise dans la culture organisationnelle de l’armée coloniale en Afrique.
Vol. 8 (Aout 2018) / Vol. 8 (August 2018) by Thomas Vennes

Abstract - The First World War was not only fought on the European continent, many French officer... more Abstract - The First World War was not only fought on the European continent, many French officers and soldiers were deployed in various parts of the world. In Africa the French not only fought against the Germans in their colonies, but also had to repress African anticolonial movements. The Volta-Bani War, which took place in present Burkina Faso and Mali, is a case in point. 5,000 troops under French authority were deployed to put an end to an anticolonial movement that could muster up to 20,000 to 30,000 men. The repression lasted 9 months and resulted in the death of 30,000 Africans and the destruction of more than a hundred villages. This article seeks to understand the dynamics and practices of violence by the French colonial authority through the analyses of French military and colonial archives, notably military and political report.
Résumé - Les combats de la Première Guerre mondiale ne se sont pas seulement déroulés sur le continent européen, de nombreux officiers et soldats français ont été déployés dans diverses parties du monde. L'une d'entre elles est l'Afrique, où les Français ont non seulement combattu les Allemands dans leurs colonies, mais ont aussi dû réprimer les mouvements anticoloniaux africains. La guerre du Bani-Volta, qui eut lieu sur le territoire actuel du Burkina Faso et du Mali, est un cas de figure de cette répression. 5 000 troupes sous l'autorité française ont été déployées pour mettre fin à un mouvement anticolonial pouvant rassembler entre 20 000 et 30 000 hommes. La répression a duré neuf mois et a entrainé la mort de 30 000 Africains, ainsi que la destruction de plus d'une centaine de villages. Cet article cherche à comprendre la dynamique et les pratiques de la violence par l'autorité coloniale française à travers l'analyse d'archives militaires et coloniales, notamment des rapports militaires et politiques.
Conference Presentations by Thomas Vennes
Ordre et désordre dans l’Empire colonial français. 45e congrès annuel de la Société d'histoire coloniale française, 2018
All sessions will take place in classrooms at the University of Sherbrooke (Campus de Longueuil).... more All sessions will take place in classrooms at the University of Sherbrooke (Campus de Longueuil). All classrooms are equipped with projectors, screens, and computers. If you plan on using Power Point for your presentation, you will need to save it on a USB key which can then be inserted into the computers. Internet is available in the classrooms. Les ateliers se dérouleront dans des salles de classes de l'Université de Sherbrooke (Campus de Longueuil). Toutes les salles sont munies de projecteurs, d'écrans et d'ordinateurs. Si vous comptez effectuer une présentation Power Point, il faudra la sauvegarder sur une clé USB qui pourra alors être branchée aux ordinateurs. Le réseau internet sera également disponible dans les salles de classes.
Communication présenté dans le cadre du Colloque étudiant international d'histoire de la Guerre, 2018
Book Reviews by Thomas Vennes
Histoire, Idée, Société, 2021

Le Manuscrit, 2017
En tant que cinéaste, journaliste et écrivain, Norman Ohler, lorsqu'il s'est plongé dans les arch... more En tant que cinéaste, journaliste et écrivain, Norman Ohler, lorsqu'il s'est plongé dans les archives concernant la fabrication, la distribution et la consommation de la drogue en Allemagne nazie, avait avant tout l'intention d'écrire un roman historique. Toutefois, la richesse des documents qu'il consultait l'a poussé à écrire sa première monographie historique, supervisée par feu l'historien Hans Mommsen[1].Der totale Rausch -Drogen im Dritten Reich, traduit en anglais Blitzed : Drugs in Nazi Germany, retrace l'histoire des stupéfiants dans l'Allemagne nazie, en particulier les drogues dures comme la pervitine, comprimé vendu en pharmacie à l'époque et qui a comme substance active la méthamphétamine. La thèse principale d'Ohler est que, malgré l'apparence « teetotaler »(individu qui s'abstient de toute consommation d'alcool) d'Adolf Hitler, ce dernier était en fait un « junkie », surtout vers la fin de la guerre. Tout au long de l'ouvrage, Ohler applique un jeu d'échelle où il présente des situations générales pour ensuite se concentrer sur des individus spécifiques, dont le plus important est Adolf Hitler. D'ailleurs, cet ouvrage a une trame narrative particulière où la montée et la descente fulgurante du Reich suit les états de santé d'Hitler, de la bonne forme physique à la déchéance morbide d'un toxicomane.
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Papers by Thomas Vennes
Vol. 8 (Aout 2018) / Vol. 8 (August 2018) by Thomas Vennes
Résumé - Les combats de la Première Guerre mondiale ne se sont pas seulement déroulés sur le continent européen, de nombreux officiers et soldats français ont été déployés dans diverses parties du monde. L'une d'entre elles est l'Afrique, où les Français ont non seulement combattu les Allemands dans leurs colonies, mais ont aussi dû réprimer les mouvements anticoloniaux africains. La guerre du Bani-Volta, qui eut lieu sur le territoire actuel du Burkina Faso et du Mali, est un cas de figure de cette répression. 5 000 troupes sous l'autorité française ont été déployées pour mettre fin à un mouvement anticolonial pouvant rassembler entre 20 000 et 30 000 hommes. La répression a duré neuf mois et a entrainé la mort de 30 000 Africains, ainsi que la destruction de plus d'une centaine de villages. Cet article cherche à comprendre la dynamique et les pratiques de la violence par l'autorité coloniale française à travers l'analyse d'archives militaires et coloniales, notamment des rapports militaires et politiques.
Conference Presentations by Thomas Vennes
Book Reviews by Thomas Vennes
Résumé - Les combats de la Première Guerre mondiale ne se sont pas seulement déroulés sur le continent européen, de nombreux officiers et soldats français ont été déployés dans diverses parties du monde. L'une d'entre elles est l'Afrique, où les Français ont non seulement combattu les Allemands dans leurs colonies, mais ont aussi dû réprimer les mouvements anticoloniaux africains. La guerre du Bani-Volta, qui eut lieu sur le territoire actuel du Burkina Faso et du Mali, est un cas de figure de cette répression. 5 000 troupes sous l'autorité française ont été déployées pour mettre fin à un mouvement anticolonial pouvant rassembler entre 20 000 et 30 000 hommes. La répression a duré neuf mois et a entrainé la mort de 30 000 Africains, ainsi que la destruction de plus d'une centaine de villages. Cet article cherche à comprendre la dynamique et les pratiques de la violence par l'autorité coloniale française à travers l'analyse d'archives militaires et coloniales, notamment des rapports militaires et politiques.