Papers by Gilles Marmasse
Conférence donnée au Fonds Ricoeur le 13 juin 2022

Raison et sentiments, un débat allemand (1781-1841), 2021
Peut-on philosopher avec Jacobi ? Jacobi est d'une certaine manière un auteur non seulement mineu... more Peut-on philosopher avec Jacobi ? Jacobi est d'une certaine manière un auteur non seulement mineur mais aussi maudit. Car, en tant que figure des anti-Lumières, et comme opposant explicite à Kant, Fichte et Schelling, il fait partie des vaincus de l'histoire de la philosophie. Si l'on considère que celle-ci ne peut être qu'une histoire de vainqueurs, Jacobi n'y a assurément guère sa place. Mais, à cette conception, on objectera non seulement que les hiérarchies en philosophie sont toujours à discuter, mais en outre qu'une oeuvre peut être importante lors même qu'elle ne parvient pas à convaincre. Le présent article portera sur le dialogue David Hume et la croyance. Idéalisme et réalisme (1787), et plus précisément sur la manière qu'a ce texte de rendre compte de notre croyance ordinaire dans la réalité extérieure. Le problème est celui-ci : nous soutenons avec assurance que des choses et des sujets finis existent hors de nous et indépendamment de notre conscience ; mais d'où vient cette conviction et quelle est sa légitimité ? La thèse défendue par Jacobi est alors que la certitude de l'existence extérieure des objets (que Jacobi nomme le plus souvent leur réalité effective, Wirklichkeit) est une « croyance » (Glauben), liée à une « révélation » (Offenbarung). Comment comprendre cette thèse et quelle est sa justification ? Nous défendrons l'interprétation selon laquelle, pour Jacobi, l'effectivité des choses est saisie dans une perception entièrement irréfléchie et de ce fait immunisée contre l'illusion. La perception dont parle Jacobi désigne un contact avec la réalité de l'objet, celle-ci générant un sentiment de complète certitude parce que l'effectivité s'impose au sujet. Le Dialogue se singularise dans le parcours de Jacobi par l'absence du thème du supra

Droit et philosophie, 2021
Pourquoi obéissons-nous aux normes ? Jürgen Habermas et la tension entre efficience et légitimité... more Pourquoi obéissons-nous aux normes ? Jürgen Habermas et la tension entre efficience et légitimité* omment rendre compte du respect des prescriptions en vigueur dans une société ? Si cette question est assez longuement débattue par Jürgen Habermas dans Raison et légitimité (1973), elle connaît une sorte de retournement dans Droit et démocratie (1992). C'est cette mutation que le présent article voudrait analyser. De manière générale, il s'agit de réfléchir à ce qui articule l'obéissance effective aux normes (leur respect en tant qu'il est susceptible d'être observé empiriquement) et leur légitimité (leur justification de principe). Ces deux thèmes apparaissent dans Raison et légitimité, qui parle, en référence au premier, de « normes factuellement valides 1 » et, en référence au second, de la « validité normative 2 » des décisions publiques. De manière similaire, Droit et démocratie distingue la « valeur sociale » de la « légitimité » des normes. Habermas définit leur valeur sociale comme la « possibilité de s'attendre à [leur] obéissance factuelle moyenne », au-* Cet article a bénéficié de la relecture d'Isabelle Aubert, Alexis Cukier, Thibault Desmoulins et Jean-Marc Durand-Gasselin. Je les en remercie vivement. Selon la formule consacrée, les erreurs ne sont imputables qu'à moi-même.
Archives de Philosophie, 2019
L’article examine le concept de crise tel qu’il est développé dans raison et légitimité de Jürgen... more L’article examine le concept de crise tel qu’il est développé dans raison et légitimité de Jürgen Habermas et cherche à mettre en évidence la théorie de la société qui la sous-tend. Habermas définit la crise par l’association d’un trouble de la régulation et d’un trouble de socialisation et propose deux approches, l’une plutôt fonctionnaliste et l’autre plutôt normative, de la société. L’article cherche alors à mettre en évidence ce qui associe ces deux approches : une certaine perplexité théorique et néanmoins un choix militant en faveur de la raison.
Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2017
Hegel regularly uses the expression "testimony of the spirit", but it does not have a specificall... more Hegel regularly uses the expression "testimony of the spirit", but it does not have a specifically theological meaning for him. It refers to the characteristic activity of every spirit, namely the spontaneous and integral manifestation of itself. The article examines the forms and challenges, but also the limits, of such self-manifestation in Hegel's philosophy.

Hegel penseur du droit, 2000
Action et imputation dans le moment de la moralité des Principes de la philosophie du droit L'exa... more Action et imputation dans le moment de la moralité des Principes de la philosophie du droit L'examen de la moralité, chez Hegel, est hanté par cette forme d'injustice qui consiste à innocenter le coupable ou à condamner l'innocent. La deuxième partie des Principes de la Philosophie du droit affirme ainsi son originalité dans un ouvrage qui tend essentiellement, selon la formule de sa préface, à mettre en évidence la rationalité de l'effectif. Plus généralement, l'inadéquation du fait et du droit apparaît ici comme une menace multiforme. Nous n'avons pas affaire à une doctrine des devoirs, à un texte prescriptif, mais à une analyse de l'agir humain, considéré en sa grandeur comme en ses contradictions. Comment entendre cependant la notion d'action ? Sans doute est-ce la question de l'imputation qui en constitue la clé, puisque l'action véritable requiert, aux yeux de Hegel, que son sujet puisse la reconnaître comme sienne. Précisément, dans la série des effets liés plus ou moins lâchement à un acte quelconque, la difficulté est de savoir lesquels en résultent à strictement parler. À quelles conditions peut-on vraiment considérer l'agent comme auteur de ce qu'on lui impute ? À l'encontre de toute interprétation qui verrait dans la deuxième partie des Principes de la Philosophie du droit une simple dénonciation des apories de la moralité, une lecture attentive doit permettre de dégager la positivité de ce moment comme intériorisation de la décision et prise en charge, par l'agent, de sa responsabilité.
Revue de Métaphysique et de Morale, Mar 5, 2015
L’article examine en quel sens Hegel présente sa philosophie de l’histoire comme une «théodicée».... more L’article examine en quel sens Hegel présente sa philosophie de l’histoire comme une «théodicée». Les hypothèses défendues sont les suivantes : pour Hegel, le mal n’est pas la cause positive mais ce contre quoi le bien s’établit ; s’il serait absurde de soutenir que le mal n’existe pas, en revanche il est vrai que le bien est vainqueur ; cependant le mal présent dans un moment quelconque n’est vaincu qu’«idéellement», dans la mesure où cette victoire signifie seulement que le moment ultime, dans un cycle systématique, se réconcilie en lui-même en se subordonnant le mal des moments précédents.

Revue Philosophique De Louvain, Feb 28, 2010
The article first examines two notions in the Phenomenology: «the real individuality» (in «reason... more The article first examines two notions in the Phenomenology: «the real individuality» (in «reason») and «morality» (in «spirit»). According to the hypothesis defended, the first figure refers to the evaluation by the individual of his works and of his subjective ideals setting out from a simple criterion of coherence with oneself. In the second figure, on the other hand, the will of the individual conforms to duty, and the question is how such an individual evaluates the morality of the given world, to what extent he can make the world conform to his requirement, and on what condition his action can in itself conform to ethics. Thirdly, the article attempts to show that, in spite of important differences in content, an analogous evolution separates the moral questions as they are treated in the subjective spirit and in the objective spirit in the Encyclopaedia: on the one hand, an action that is referred only to the individual ego, on the other hand, an action that claims to have substantial validity.
Archives De Philosophie, Oct 24, 2014
Les Etudes Philosophiques, Feb 26, 2010
Bulletin of the Hegel Society of Great Britain, 2009
Archives De Philosophie, Jun 1, 2003
This article aims at highlighting the perspective, the issues and some fundamental results of Heg... more This article aims at highlighting the perspective, the issues and some fundamental results of Hegelian philosophy of nature, which appears as an effort to conceive the genetic order of nature as this one presents itself. If the fundamental category of nature is exteriority in the sense of radical dispersal, nature is determined by a tendency to re-unification. From mechanics to organic physics including physics, nature gains in rationality and autonomy, however without ever giving up its exteriority.
Archives de philosophie, 2012
What are, according to Hegel, the original features of logic, and what means its characterisation... more What are, according to Hegel, the original features of logic, and what means its characterisation as “living”? The hypothesis is that logic should not be understood as a “first philosophy” nor as an “organon”, but instead as the strictly autonomous development of a thought which has only itself as a reference point. More precisely, logic can be interpreted as living inasmuch as it is a self-developing logic, which progresses in a negative manner and comes to justify itself by itself.
Le débat sur la morale kantienne dans Grâce et dignité de Schiller
Gilles Marmasse
Les thèses principales de l'ouvrage de G. Marmasse, "Penser le réel. Hegel, la nature et l'esprit... more Les thèses principales de l'ouvrage de G. Marmasse, "Penser le réel. Hegel, la nature et l'esprit" (2008)
Chapitre 14 -Qu'est-ce que l'esprit ?

La filosofia hegeliana è colpita a fondo dalle difficoltà tradizionalmente associate alla nozione... more La filosofia hegeliana è colpita a fondo dalle difficoltà tradizionalmente associate alla nozione di materia. Come pensare la materia, se si considera che, in un certo modo, i suoi principali attributi -il carattere sensibile, la molteplicità, il divenire -la oppongono al pensiero? Dove trovare la materia, considerando che, nell'ambito dell'esperienza, la materia non è mai pura, bensì è sempre associata a una forma che le conferisce il senso che ha? Ma, allo stesso tempo, come non ammettere che la materia è la base della realtà, e insieme s'impone all'osservatore ed esige di essere pensata? Il tema della materia mette la filosofia in tensione con se stessa e la obbliga a prendere sul serio ciò che la contraddice, o addirittura ciò che si contraddice da sé. Ora, nella misura in cui la filosofia di Hegel vuol essere un pensiero del negativo, deve, più di ogni altra, assumere e concepire quella figura dell'esteriorità e della resistenza che è la materia.
A. Ferrarin, D. Moran, E. Magri & D. Manca (dir.), Hegel and the Phenomenological Movement, 2019
The paper aims to analyse the use made of Hegel in the work of Paul Ricoeur. Hegel is constantly ... more The paper aims to analyse the use made of Hegel in the work of Paul Ricoeur. Hegel is constantly called upon as an interlocutor in Ricoeur's writings, but he is denounced as often as he is approved of. Hegelianism is a temptation, for Ricoeur, because Hegel proposes a philosophy of mediation, and because mediation is also the horizon of Ricoeur's project. At the same time, Hegelianism is deceiving, in Ricoeur’s view, insofar as it holds that it is possible to get around the hard work of practical, iterative mediation. But there is probably a misunderstanding in Ricoeur’s interpretation of Hegel’s “absolute knowledge”. Hegel actually does not try to transgress the limits of possible experience, but he wants to think of the unification of opposites within experience.

Iconoclasia
Nos proponemos aquí examinar algunos temas fundamentales de la filosofía hegeliana de la historia... more Nos proponemos aquí examinar algunos temas fundamentales de la filosofía hegeliana de la historia: el fin de la historia, el rol director de la razón y lo que se ha podido llamar la "astucia de la razón". El primero de estos temas es tradicionalmente entendido como si el proceso histórico, para Hegel, estuviese condenado a detenerse y a dar lugar a un "domingo de la vida" tan apacible como aburrido. El segundo es con regularidad comprendido como si, a los ojos de Hegel, la historia estuviese gobernada por una instancia supra-histórica personal que procuraría que todo fenómeno histórico, incluso el más humilde y el más contingente en apariencia, estaría previsto y deseado. Por último, a partir del tercer tema, se considera que, para el autor de las Lecciones sobre la filosofía de la historia universal, esta instancia se apoya sobre las ilusiones de los hombres para promover fines que irían en contra de sus propios intereses: a partir de ahí, no solamente los hombres no tendrían ningún margen de maniobra sino que además serían manipulados.
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