Books by Thomas Tanase
En 1307, le moine et prince arménien Hayton, ou Hétoum, faisait don de La Fleur des histoires au ... more En 1307, le moine et prince arménien Hayton, ou Hétoum, faisait don de La Fleur des histoires au pape Clément V. L’ouvrage appelait la chrétienté occidentale à s’allier avec les Mongols contre les Mamelouks maîtres de la Terre sainte. L’affaire, fantasmatique, ne fut guère suivie d’effets.
Mais le livre offrait un complément au célèbre Devisement du Monde de Marco Polo et, surtout, constituait la première histoire de l’Asie en Occident. Moment fondateur, il mettait en scène un univers à la fois mystérieux et secoué de convulsions, d’où il émergera une durable fascination pour les contrées étranges et le goût de l’exotisme.

Edition et traduction par Joël Blanchard, Michel Quereuil, Thomas Tanase, Genève, Droz (collection Texte courant, n° 8), 882 pages, 2019
Si le nom de Marco Polo est universellement connu, on sait moins que Le devisement du monde – tel... more Si le nom de Marco Polo est universellement connu, on sait moins que Le devisement du monde – tel est le titre original de l’œuvre présentant ses voyages –, autrement dit « la description du monde » est le fruit d’une collaboration entre le célèbre voyageur vénitien et un écrivain de métier, Rustichello da Pisa, qui avait choisi le français comme langue d’écriture, à l’instar de nombre d’écrivains italiens de son temps. L’œuvre a connu rapidement le succès, elle a été adaptée ou traduite en plusieurs langues, de sorte qu’elle nous a été transmise dans diverses « versions » ou « rédactions », française, toscanes, vénitiennes, latines, catalane, franco-italienne. C’est cette dernière, souvent considérée comme la rédaction de référence et la plus proche de l’original, que propose le présent ouvrage, pour la première fois sous la forme d’une édition bilingue, édition critique du seul manuscrit sous lequel elle nous est parvenue (BN fr. 1116), traduction en français contemporain. On découvre une langue déroutante et chatoyante, un français coloré de nombreux italianismes. Cet ouvrage bénéficie d’une traduction fidèle et élégante, d’une introduction et de notes substantielles.
Sommaire
INTRODUCTION
Marco Polo et l’empire mongol
Les précurseurs, Plan Carpin et Rubrouck
Le Devisement du monde, une enigme littéraire
Le prologue, récit de deux voyages
Le « livre »
Le monde de Marco : « choses vues » et « entendues » .
Khoubilaï
Un « livre des merveilles » ?
Micro-récits enchâssés : miracles, combats et anecdotes
Pourquoi une édition bilingue de la rédaction franco-italienne ? .
Importance du manuscrit BN fr. 1116 (F)
Une langue composite
Principes de l’édition
Principes de la traduction
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
TEXTE ET TRADUCTION
NOTES de la traduction
INDEX des noms propres représentés dans la traduction
POIDS ET MESURES
CARTES

Le propre d’une grande figure historique est de rassembler en un destin individuel l’essentiel d... more Le propre d’une grande figure historique est de rassembler en un destin individuel l’essentiel d’un temps, d’un lieu. Marco Polo rassemble tout cela, et plus encore. Il incarne un lieu très particulier, Venise, entre Orient et Occident. Il incarne aussi une soif de découverte qui l’amena jusqu’en Chine au service « du plus grand souverain qui ait existé depuis Adam, notre premier père », le grand-khan mongol Qubilai. Pourtant, le voyage de Marco Polo ne peut plus être décrit comme une aventure isolée. Il n’est en effet que la pointe la plus avancée de tout un cycle millénaire d’échanges le long des routes de l’Eurasie, permettant enfin à l’extrême-Occident, l’Europe, d’entrer directement en contact avec l’Asie lointaine. Il fallut encore l’hasard malheureux d’une captivité à Gênes pour que les souvenirs de Marco Polo prennent la forme d’un livre écrit avec Rusticello de Pise dans un français chevaleresque teinté d’italianismes, que le frère dominicain Pipino ne tarda pas à faire connaître en latin à l’Europe toute entière.
Il convient dès lors, tout en racontant le destin exceptionnel d’un homme, de permettre à Marco Polo de redevenir ce qu’il est vraiment, une figure incarnant une histoire presque totale, passant par Jérusalem, Byzance, Pékin, le monde des steppes, les îles luxuriantes de l’océan Indien, le Japon mystérieux. Une histoire qui permet de suivre sur la longue durée le brassage des peuples jusqu’à ce qu’elle ne déborde encore plus à l’Ouest, vers un nouveau monde, l’Amérique, découvert par un des admirateurs du Vénitien, Christophe Colomb, ouvrant la voie à une mondialisation rêvée par les lecteurs de Marco Polo.
Introduction et traduction en français de l’Histoire des Mongols de Jean de Plancarpin, accompagn... more Introduction et traduction en français de l’Histoire des Mongols de Jean de Plancarpin, accompagnée d’une traduction de documents ayant trait au voyage dans l’empire mongol de Jean de Plancarpin (lettres et privilèges missionnaires rédigés par Innocent IV, Histoire des Tartares du frère C. de Bridia, compte-rendu de Benoît de Pologne, extraits de la chronique de Salimbene de Adam avec la réponse au pape du grand-khan Güyük).

Lorsqu'ils découvrirent les immensités asiatiques après avoir subi l'assaut des armées mongoles e... more Lorsqu'ils découvrirent les immensités asiatiques après avoir subi l'assaut des armées mongoles en 1241, les Occidentaux furent pris d'un immense vertige, dont une des formes les plus spectaculaires fut le départ de missionnaires, pour la plus grande part franciscains, jusqu'à l'autre bout du monde. Toutefois, cet élan ne fut pas une simple réaction évangélique. Il est aussi le signe d'une société en pleine transformation, marquée par l'apparition de nouvelles manières de vivre le christianisme, dont un des marqueurs fut justement cette mobilisation autour du thème de l'évangélisation, qui prolongeait plus qu'elle ne contredisait une croisade entendue d'abord comme rêve d'unité du monde tout entier au-tour d'un ordre chrétien. Ce rêve fut recueilli par une Église-monde, et organisé par l'administration centralisée d'une papauté impériale. C'est de ce vaste mou-vement que naquit la mission telle que nous la connaissons, c'est-à-dire une évangélisation portée par un corps spécialisé et par une administration en mesure de penser des stratégies globales. Mais plus profondément, c'est ce mouvement qui permit de mobiliser l'Occident latin autour d'une culture de l'expansion nourrie par un discours prophétique sur les succès futurs de la chré-tienté – et ce jusqu'en Amérique. Après tout, Marco Polo, comme Christophe Colomb, furent peut-être davantage des missionnaires que des marchands.
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« La figure du grand-khan à travers la littérature occidentale de Marco Polo à Christophe Colomb », dans Les récits historiques entre Orient et Occident (XIe-XVe siècle), éd. I. Bueno, Irene et C. Rouxpetel, Rome, Éditions de l’École française de Rome, p. 73-98, 2019
Que Christophe Colomb soit parti chercher le grand-khan en Amérique est un thème bien connu, pres... more Que Christophe Colomb soit parti chercher le grand-khan en Amérique est un thème bien connu, presque une évidence. Le sujet semble facile: le marin génois avait trouvé l’idée dans la lecture du Devisement du monde de Marco Polo, qui raconte comment le petit-fils de Gengis Khan, Qubilai, devenu le grand khan mongol régnant sur la Chine, montrait ses faveurs au christianisme porté par le voyageur vénitien. Idée erronée, mais transmise à presque deux siècles de distance d’un voyageur à un autre, et qui eut pour effet inattendu la découverte du continent américain. Certes, en 1492, cela faisait tout de même plus d’un siècle que les Mongols avaient été chassés de Chine, laissant la place en 1368 à une dynastie, les Ming, bien moins ouverte aux contacts avec l’étranger. De plus, si l’on n’y regarde de plus près, il n’est même pas vraiment sûr que Christophe Colomb ait bien lu le Devisement du monde avant de s’embarquer. La question de la transmission de la figure historique et littéraire d’un grand-khan du Cathay favorable au christianisme reste donc plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Elle relève d’une représentation générale du monde, diffusée à travers l’ensemble des élites occidentales de l’époque, capable de mobiliser au service de la découverte et de l’expansion. Et c’est en ce sens que l’histoire de la transmission de cette figure de Marco Polo à Christophe Colomb mérite que l’on s’y arrête: la réécriture permanente à travers la littérature latine de ce thème, deux siècles encore après la mort de Qubilai qui l’avait inspiré, est un révélateur des ressorts profonds de la conception du monde de l’Occident médiéval finissant.

DROCOURT, Nicolas (dir.). La figure de l'ambassadeur entre mondes éloignés : Ambassadeurs, envoyés officiels et représentations diplomatiques entre Orient islamique, Occident latin et Orient chrétien (XIe-XVIe siècle). Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2015, 2015
https://books.openedition.org/pur/62159
La papauté, habituée de longue date aux négociations ave... more https://books.openedition.org/pur/62159
La papauté, habituée de longue date aux négociations avec l’Empire byzantin ou à l’organisation de la croisade, prit cependant l’habitude au XIIIe siècle de s’adresser aux souverains musulmans, du Maghreb à Bagdad ; elle fut même en mesure d’envoyer des ambassadeurs aux pouvoirs mongols jusqu’en Chine. Tous ces émissaires tenaient en principe le langage de la mission, portant avec eux des appels à la conversion, accompagnés parfois de considérations que l’on qualifierait aujourd’hui d’humanitaires. Et en même temps, il faut aussi dépasser quelque peu ce niveau dans l’analyse : le discours évangélisateur cachait aussi bien souvent une véritable diplomatie, dont un des objectifs était notamment de mettre la papauté en position centrale face aux différents pouvoirs laïcs européens, en imposant ses ambassadeurs comme les représentants officiels d’un Occident qui se voulait défini comme chrétienté unie autour du siège romain. La papauté put ainsi commencer à se proposer d’intégrer le monde tout entier à cet unique système, universel, globalisé : la christianisation devenait ainsi une romanisation, c’est-à-dire aussi une occidentalisation. Et au-delà des intérêts plus politiques, l’invitation à se convertir à l’universalisme occidental, seul choix véritablement rationnel, pouvait ainsi devenir la norme du langage diplomatique des puissances occidentales.The papacy had a long tradition of negotiations with the Byzantine Empire, besides organizing the Crusades. But in the 13th century, the papacy also started to send on a regularly basis letters to Muslim rulers, from the Maghreb to Bagdad; it even succeeded in dispatching ambassadors to the Mongol powers as far as China. All those emissaries were theoretically nothing else but missionaries, calling to religious conversion, sometimes along with pleas for what would be called today humanitarian preoccupations. It is nevertheless quite necessary to go further on when analyzing this phenomenon: the calls to conversion were also often accompanied with more political objectives, and particularly with the aim of placing the papacy in a central position compared to the various European secular powers, while the pope’s ambassadors were invested as the official representatives of the West, conceived as a Christianity united by the Pontifical See. The papacy was thus able to promote the integration of the whole world to a single globalized system, while converting to Christianity meant from now on conversion to Rome, and that is conversion to the West. This way, the issue of political interests aside, the invitation to convert to western universalism, presented indeed as the only rational choice, was gradually able to become the usual norm of the diplomatic language of the West

« Frère Jérôme de Catalogne, premier évêque de Caffa, et l'Orient franciscain », dans Espaces et réseaux en Méditerranée : VIe-XVIe siècle, II, éd. D. Coulon, Ch. Picard et D. Valérian, Paris, éditions Bouchène, 2010, p. 127-165. Pourquoi parler du frère Jérôme de Catalogne, premier évêque franciscain de Caffa ? Le personnage... more Pourquoi parler du frère Jérôme de Catalogne, premier évêque franciscain de Caffa ? Le personnage n'est pas un inconnu, puisque le père franciscain Girolamo Golubovich lui a consacré une longue notice biographique qui établit à peu près tout ce que nous savons 1 , à laquelle s'ajoutent encore une vingtaine de pages écrites par le père franciscain José Maria Pou y Marti 2 . Pour établir des données définitives, Golubovich avait fait en son temps un vaste passage en revue des différentes sources disponibles, afin de dresser la figure idéale d'un des grands missionnaires de l'ordre. L'action de notre personnage a touché à suffisamment de domaines pour qu'en parlent à travers leurs travaux aussi bien Jean Richard, que Giorgio Fedalto, Michel Balard ou Angeliki Laiou 3 . Il me semble néanmoins qu'il peut être intéressant de revenir sur le cas du premier évêque de Caffa afin d'inscrire son action dans une étude de la construction des réseaux en Méditerranée, et en l'occurrence de réseaux qui ne sont pas seulement religieux et missionnaires, mais aussi politiques. En outre, les rapports de notre franciscain avec la papauté et ses initiatives missionnaires me semblent également être une bonne clé de lecture pour montrer que ni les franciscains, ni même la politique pontificale ne forment un bloc

L'an dernier, j'avais brièvement exposé dans les pages de cette même publication une vue générale... more L'an dernier, j'avais brièvement exposé dans les pages de cette même publication une vue générale décrivant la recherche que j'ai entreprise sur l'action des Franciscains dans les régions sous domination mongole, où j'avais tenté de démontrer comment un sujet à présent bien connu pouvait être renouvelé par une approche qui élargisse les perspectives d'une historiographie très marquée par la mémoire franciscaine 1 [1] . Cette fois-ci, toujours dans cette même perspective, je voudrais étudier la fameuse lettre du custode de Gazarie, datée de 1287, qui est un des textes de référence pour l'étude des missions franciscaines. Mais l'étude de ce document nous permettra aussi, je l'espère, de mieux connaître un personnage qui eut une grande renommée jusqu'en Occident: le chef mongol Nogaï. Sa réputation fut si grande que c'est sur le récit de son ascension et de sa chute que se clôt Le livre des merveilles de Marco Polo. Le document qui sert de point de départ à notre article fait toutefois apparaître Nogaï sous un autre jour, celui de soutien des missions franciscaines, ce qui nous permettra de regarder de près la méthode des missionnaires franciscains, en l'insérant dans son contexte, puisque avec cette lettre, nous sommes à un moment clef: c'est la première fois que nous voyons apparaître des installations franciscaines implantées dans les terres de mission mongoles du nord de la mer Noire, alors que le projet d'une mission auprès des Mongols existait depuis le concile de Lyon de 1245 et le voyage inédit du Franciscain Jean de Plancarpin, parti découvrir quel était ce peuple menaçant qui venait de déferler sur l'Occident chrétien. D'une certaine manière, l'étude des missions franciscaines en terre mongole commence in medias res: nous ne savons ni comment, ni quand les premiers couvents sont apparus. Nous savons simplement qu'en 1287 le custode de Gazarie nous décrit une présence franciscaine déjà structurée et bien développée dans ce que les Franciscains appellent la «Tartarie aquilonaire», et qui correspond à l'espace dominé par la Horde d'Or, depuis que vers 1[1] Thomas Tănase, «Le royaume de Hongrie et les missions franciscaines dans les régions sous domination mongole du XIII e siècle au XV e siècle: un exemple de géopolitique religieuse», dans Annuario dell'Istituto Romeno di Cultura e Ricerca Umanistica di Venezia, V, no. 5, 2003, pp. 113-132.
Geopolitics Research Papers by Thomas Tanase
Diploweb.com : la revue géopolitique, 14 mars 2020.
Thomas Tanase a accepté de répondre aux questions de Pierre Verluise pour le
Diploweb.com. Il en ... more Thomas Tanase a accepté de répondre aux questions de Pierre Verluise pour le
Diploweb.com. Il en résulte un entretien qui donne de la profondeur à de nombreuses
problématiques, dont la mondialisation, plus que jamais au coeur des débats liés à la
crise du coronavirus.
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Mais le livre offrait un complément au célèbre Devisement du Monde de Marco Polo et, surtout, constituait la première histoire de l’Asie en Occident. Moment fondateur, il mettait en scène un univers à la fois mystérieux et secoué de convulsions, d’où il émergera une durable fascination pour les contrées étranges et le goût de l’exotisme.
Sommaire
INTRODUCTION
Marco Polo et l’empire mongol
Les précurseurs, Plan Carpin et Rubrouck
Le Devisement du monde, une enigme littéraire
Le prologue, récit de deux voyages
Le « livre »
Le monde de Marco : « choses vues » et « entendues » .
Khoubilaï
Un « livre des merveilles » ?
Micro-récits enchâssés : miracles, combats et anecdotes
Pourquoi une édition bilingue de la rédaction franco-italienne ? .
Importance du manuscrit BN fr. 1116 (F)
Une langue composite
Principes de l’édition
Principes de la traduction
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
TEXTE ET TRADUCTION
NOTES de la traduction
INDEX des noms propres représentés dans la traduction
POIDS ET MESURES
CARTES
Il convient dès lors, tout en racontant le destin exceptionnel d’un homme, de permettre à Marco Polo de redevenir ce qu’il est vraiment, une figure incarnant une histoire presque totale, passant par Jérusalem, Byzance, Pékin, le monde des steppes, les îles luxuriantes de l’océan Indien, le Japon mystérieux. Une histoire qui permet de suivre sur la longue durée le brassage des peuples jusqu’à ce qu’elle ne déborde encore plus à l’Ouest, vers un nouveau monde, l’Amérique, découvert par un des admirateurs du Vénitien, Christophe Colomb, ouvrant la voie à une mondialisation rêvée par les lecteurs de Marco Polo.
Papers by Thomas Tanase
La papauté, habituée de longue date aux négociations avec l’Empire byzantin ou à l’organisation de la croisade, prit cependant l’habitude au XIIIe siècle de s’adresser aux souverains musulmans, du Maghreb à Bagdad ; elle fut même en mesure d’envoyer des ambassadeurs aux pouvoirs mongols jusqu’en Chine. Tous ces émissaires tenaient en principe le langage de la mission, portant avec eux des appels à la conversion, accompagnés parfois de considérations que l’on qualifierait aujourd’hui d’humanitaires. Et en même temps, il faut aussi dépasser quelque peu ce niveau dans l’analyse : le discours évangélisateur cachait aussi bien souvent une véritable diplomatie, dont un des objectifs était notamment de mettre la papauté en position centrale face aux différents pouvoirs laïcs européens, en imposant ses ambassadeurs comme les représentants officiels d’un Occident qui se voulait défini comme chrétienté unie autour du siège romain. La papauté put ainsi commencer à se proposer d’intégrer le monde tout entier à cet unique système, universel, globalisé : la christianisation devenait ainsi une romanisation, c’est-à-dire aussi une occidentalisation. Et au-delà des intérêts plus politiques, l’invitation à se convertir à l’universalisme occidental, seul choix véritablement rationnel, pouvait ainsi devenir la norme du langage diplomatique des puissances occidentales.The papacy had a long tradition of negotiations with the Byzantine Empire, besides organizing the Crusades. But in the 13th century, the papacy also started to send on a regularly basis letters to Muslim rulers, from the Maghreb to Bagdad; it even succeeded in dispatching ambassadors to the Mongol powers as far as China. All those emissaries were theoretically nothing else but missionaries, calling to religious conversion, sometimes along with pleas for what would be called today humanitarian preoccupations. It is nevertheless quite necessary to go further on when analyzing this phenomenon: the calls to conversion were also often accompanied with more political objectives, and particularly with the aim of placing the papacy in a central position compared to the various European secular powers, while the pope’s ambassadors were invested as the official representatives of the West, conceived as a Christianity united by the Pontifical See. The papacy was thus able to promote the integration of the whole world to a single globalized system, while converting to Christianity meant from now on conversion to Rome, and that is conversion to the West. This way, the issue of political interests aside, the invitation to convert to western universalism, presented indeed as the only rational choice, was gradually able to become the usual norm of the diplomatic language of the West
Geopolitics Research Papers by Thomas Tanase
Diploweb.com. Il en résulte un entretien qui donne de la profondeur à de nombreuses
problématiques, dont la mondialisation, plus que jamais au coeur des débats liés à la
crise du coronavirus.
Mais le livre offrait un complément au célèbre Devisement du Monde de Marco Polo et, surtout, constituait la première histoire de l’Asie en Occident. Moment fondateur, il mettait en scène un univers à la fois mystérieux et secoué de convulsions, d’où il émergera une durable fascination pour les contrées étranges et le goût de l’exotisme.
Sommaire
INTRODUCTION
Marco Polo et l’empire mongol
Les précurseurs, Plan Carpin et Rubrouck
Le Devisement du monde, une enigme littéraire
Le prologue, récit de deux voyages
Le « livre »
Le monde de Marco : « choses vues » et « entendues » .
Khoubilaï
Un « livre des merveilles » ?
Micro-récits enchâssés : miracles, combats et anecdotes
Pourquoi une édition bilingue de la rédaction franco-italienne ? .
Importance du manuscrit BN fr. 1116 (F)
Une langue composite
Principes de l’édition
Principes de la traduction
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
TEXTE ET TRADUCTION
NOTES de la traduction
INDEX des noms propres représentés dans la traduction
POIDS ET MESURES
CARTES
Il convient dès lors, tout en racontant le destin exceptionnel d’un homme, de permettre à Marco Polo de redevenir ce qu’il est vraiment, une figure incarnant une histoire presque totale, passant par Jérusalem, Byzance, Pékin, le monde des steppes, les îles luxuriantes de l’océan Indien, le Japon mystérieux. Une histoire qui permet de suivre sur la longue durée le brassage des peuples jusqu’à ce qu’elle ne déborde encore plus à l’Ouest, vers un nouveau monde, l’Amérique, découvert par un des admirateurs du Vénitien, Christophe Colomb, ouvrant la voie à une mondialisation rêvée par les lecteurs de Marco Polo.
La papauté, habituée de longue date aux négociations avec l’Empire byzantin ou à l’organisation de la croisade, prit cependant l’habitude au XIIIe siècle de s’adresser aux souverains musulmans, du Maghreb à Bagdad ; elle fut même en mesure d’envoyer des ambassadeurs aux pouvoirs mongols jusqu’en Chine. Tous ces émissaires tenaient en principe le langage de la mission, portant avec eux des appels à la conversion, accompagnés parfois de considérations que l’on qualifierait aujourd’hui d’humanitaires. Et en même temps, il faut aussi dépasser quelque peu ce niveau dans l’analyse : le discours évangélisateur cachait aussi bien souvent une véritable diplomatie, dont un des objectifs était notamment de mettre la papauté en position centrale face aux différents pouvoirs laïcs européens, en imposant ses ambassadeurs comme les représentants officiels d’un Occident qui se voulait défini comme chrétienté unie autour du siège romain. La papauté put ainsi commencer à se proposer d’intégrer le monde tout entier à cet unique système, universel, globalisé : la christianisation devenait ainsi une romanisation, c’est-à-dire aussi une occidentalisation. Et au-delà des intérêts plus politiques, l’invitation à se convertir à l’universalisme occidental, seul choix véritablement rationnel, pouvait ainsi devenir la norme du langage diplomatique des puissances occidentales.The papacy had a long tradition of negotiations with the Byzantine Empire, besides organizing the Crusades. But in the 13th century, the papacy also started to send on a regularly basis letters to Muslim rulers, from the Maghreb to Bagdad; it even succeeded in dispatching ambassadors to the Mongol powers as far as China. All those emissaries were theoretically nothing else but missionaries, calling to religious conversion, sometimes along with pleas for what would be called today humanitarian preoccupations. It is nevertheless quite necessary to go further on when analyzing this phenomenon: the calls to conversion were also often accompanied with more political objectives, and particularly with the aim of placing the papacy in a central position compared to the various European secular powers, while the pope’s ambassadors were invested as the official representatives of the West, conceived as a Christianity united by the Pontifical See. The papacy was thus able to promote the integration of the whole world to a single globalized system, while converting to Christianity meant from now on conversion to Rome, and that is conversion to the West. This way, the issue of political interests aside, the invitation to convert to western universalism, presented indeed as the only rational choice, was gradually able to become the usual norm of the diplomatic language of the West
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problématiques, dont la mondialisation, plus que jamais au coeur des débats liés à la
crise du coronavirus.
Séance 1 : 27 mars 2017, MMSH Aix-en-Provence, Salle Paul-Albert Février, 14h00-17h00
Michel BALIVET (AMU/IREMAM) "Les ambassades entre Turcs et Byzantins"; Thomas TANASE (Orient & Méditerranée) "Les missionnaires pontificaux auprès des Mongols au XIIIe siècle"; Camille RHONÉ-QUER (AMU/IREMAM) "Les ambassadeurs en Iran et en Asie centrale (IXe-XIe siècle) : représentation publique et diplomatie officieuse".
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