
Karine Salomé
Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, Histoire, Chercheure associée au Centre de recherches en histoire du XIXe siècle
Historienne
less
Related Authors
Giulia Sissa
Ucla
Frédérique Langue G.
Centre National de la Recherche Scientifique / French National Centre for Scientific Research
Veena Das
Johns Hopkins University
Pascal Bastien
Université du Québec à Montréal
Arnault Skornicki
Université Paris Nanterre
Asli Zengin
Rutgers, The State University of New Jersey
Alejandro E Gómez
Université de Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Tomislav Popić
University of Rijeka
Jocelyn Létourneau
Université Laval
Isa Blumi
Stockholm University
InterestsView All (18)
Uploads
Papers by Karine Salomé
Pour autant, la finalité de ces actes interroge. S’agit-il uniquement de frapper des individus clairement désignés? Le but est-il de déstabiliser, d’impressionner, d’intimider? Peut-on parler de terrorisme pour cette violence politique qui revêt parfois des formes spectaculaires et suscite, chez les contemporains, des émotions intenses? Si les attentats commis par les anarchistes sont souvent présentés comme les premiers actes relevant du terrorisme, frappant de manière aveugle, suscitant l’angoisse et la peur, ils s’inscrivent néanmoins dans la continuité de bien des attentats précédents, à l’exemple de ceux de Fieschi et d’Orsini, qui visent moins à mettre à mort une personne donnée qu’à bouleverser, troubler, voire effrayer.
C’est cette violence, qualifiée par le chef de la police de sûreté sous le Second Empire d’«ouragan homicide», que la presse périodique, les rapports des autorités administratives, les correspondances et les mémoires des contemporains, les archives judiciares ainsi que les documents iconographiques permettent ici d’approcher.
La dénonciation des « bourgeois » qui « affament le peuple » s’exprime en effet avec une virulence particulière dans ces milieux enflammés par l’exemple russe : les rues de Paris puis l’enceinte même de la Chambre des députés ont déjà été le théâtre de cette « propagande par le fait ».
En retour, la xénophobie la plus féroce se donne alors libre cours : des milliers d’ouvriers ou d’artisans italiens, conspués comme complices du meurtrier, sont contraints de quitter le territoire.
Quant à l’énigmatique Caserio, qui refuse de révéler s’il a agi seul ou bénéficié des complicités d’une « conspiration » à l’échelle européenne, criminologues et experts en tous genres s’interrogent sans relâche sur ses motivations : la figure du « monstre » laisse ainsi peu à peu la place à celle du « terroriste », invention de l’époque promise à un bel avenir.