Papers by Danchin Emmanuelle

in Albrecht Burkardt et Jérôme Grévy (dir.), Ruines politiques, Rennes, PUR, 2024, p. 259-270, 2024
Dès 1915, la question de la préservation ou non des ruines de la guerre commença à être débattue ... more Dès 1915, la question de la préservation ou non des ruines de la guerre commença à être débattue en France. Elle souleva des débats contradictoires, certains proposant de conserver en l’état les édifices ayant souffert de la guerre, d’autres, au contraire, de les réparer ou de les reconstruire dans leur état ante bellum. Les premières propositions de conservation englobèrent aussi bien des communes entières dévastées ou des quartiers ruinés, que des blockhaus, des tranchées ou des ouvrages fortifiés.
À l’Armistice, avec le retour des réfugiés qui rentrèrent dans des secteurs bien souvent dangereux et marqués par la guerre et à cause des impératifs liés à la reprise de la vie économique, ces projets cédèrent peu à peu la place à des impératifs purement pratiques, humains et financiers.
As early as 1915, the question of the preservation and the conservation of war ruins were discussed in France. This involved vigorous debates. Some suggested to preserve damaged buildings, others proposed to rebuild them in their previous aspect. The first conservation projects included cities totally destroyed, districts in ruins, blockhouses, trenches and fortifications works.
It’s only after Armistice Day, when refugees returned home in dangerous and war affected areas and in a context of recovery of the country's economic and social life that projects gave way to more pragmatic, human and financial priorities

La vie d'après. Les retours de la Grande Guerre, 2022
L’église d’Ablain Saint-Nazaire, au pied du plateau de Lorette, dans le Pas-de-Calais, est l’un... more L’église d’Ablain Saint-Nazaire, au pied du plateau de Lorette, dans le Pas-de-Calais, est l’un des rares bâtiments détruits et volontairement préservés en France en mémoire de la Première Guerre mondiale. Elle figure dès 1917 dans la liste des vestiges de guerre à préserver dressée par la Commission des vestiges.
Cet article entend éclairer la décision de maintien en ruines de cet édifice religieux et le choix de reconstruire le nouveau village, avec notamment un ensemble mairie-écoles, une nouvelle église, tout en laissant au cœur de celui-ci et sous les yeux de ses habitants cette cicatrice. Il entend aussi comprendre la place occupée par ce vestige dans le paysage d’après-guerre. Dès 1919, l’église figure en effet dans les parcours de visite des champs de bataille et constitue un point de départ vers la colline de Lorette dont le pèlerinage renait alors.
The church of Ablain Saint-Nazaire, on the top of Lorette’hill, in the north of France, is one of the rare buildings destroyed and voluntarily preserved in France in memory of the First World War. In 1917, it was included in the list of war relics to be preserved drawn up by the Commission des vestiges.
This article aims to clarif the decision to keep this religious building in ruins and the choice to rebuild the new village, with a town hall-school complex and a new church, while leaving this scar in the heart of the village and before the eyes of its inhabitants. He also intends to understand the place occupied by this vestige in the post-war landscape. As early as 1919, the church was included in the battlefield visit itineraries and was a starting point towards the hill of Lorette, where pilgrimage was reborn.

Cathédrales en guerre XVIe-XXIe siècle, 2020
Quand en septembre 1914, l’échafaudage de la tour nord de la cathédrale de Reims s’embrase, metta... more Quand en septembre 1914, l’échafaudage de la tour nord de la cathédrale de Reims s’embrase, mettant ainsi le feu à la charpente, il ne faut que quelques heures pour que l’annonce de la destruction de la cathédrale, joyau de l’art gothique français, se diffuse. Dans les jours qui suivent, la nouvelle fait rapidement la une des journaux français et européens. L’incendie de la cathédrale de Reims marque un tournant dans le discours mobilisateur de début de guerre. Désormais, l’idée d’une destruction volontaire des monuments par l’ennemi est progressivement mise en avant. Mois après mois, la liste des édifices détruits s’allonge dans la presse et notamment des édifices religieux. Après Reims, Arras, Soissons, d’autres monuments dévastés sont présentés et en 1918, la cathédrale de Verdun fait partie des monuments « victimes de la barbarie allemande ». Dans les sources iconographiques de l’époque, la silhouette de la cathédrale de Verdun finit par s’imposer comme un des emblèmes du patrimoine français dévasté. Les allusions à la cathédrale sont nombreuses durant l’année 1916 et peu à peu son image se transforme. Après la guerre, l’État se doit à une restauration exemplaire. Il s’agira ici d’étudier l’évolution de la représentation de la cathédrale de Verdun du début de la bataille de Verdun en 1916, à son inauguration suite aux travaux de restauration en 1935.

Amnis, 2011
Les cartes postales illustrees de la Grande Guerre, et plus particulierement les vues topographiq... more Les cartes postales illustrees de la Grande Guerre, et plus particulierement les vues topographiques de ruines, sont une source negligee qui temoigne aujourd’hui encore, alors que les reconstructions ont efface depuis longtemps toutes traces de la guerre, des atteintes portees par l’artillerie et les explosifs au patrimoine civil, artistique, religieux et a l’habitat. De part et d’autre du front occidental, les Francais comme les Allemands ont utilise ces vues de destruction comme preuve de la barbarie de l’autre et elles contribuerent ainsi a la mobilisation des populations en guerre. Une guerre des images et par l’image prenant notamment appui sur la carte postale, sorte de guerre dans la guerre et a laquelle les belligerants eux-memes ont participe, s’est ainsi mise en place des 1914. Ces vues de ruines ont contribue a presenter la guerre comme une guerre de la Civilisation contre la Kultur, et les Allemands comme de « nouveaux barbares » commettant des atrocites culturelles, dont temoignait la destruction des monuments. A l’accusation de « barbare », appuyee par ces images de ruines, les Allemands ont retorque par une production de cartes postales valorisant cette terminologie tournee en positif : le mot devenant alors un signe distinctif positif de la representation de soi. Ils ont egalement favorise la diffusion de vues de ruines du front de l'Est qui montraient du doigt cette fois-ci les Russes, accuses a leur tour d’etre des « barbares ». L’etude de ces representations de la destruction permet d’approcher autrement un aspect de la violence de la mobilisation culturelle.
In Situ, 2014
Ministère de la culture Référence électronique Emmanuelle Danchin, « De la protection à la valori... more Ministère de la culture Référence électronique Emmanuelle Danchin, « De la protection à la valorisation du patrimoine dévasté : penser la valorisation des ruines pendant la guerre »,

« The Archives of the Planet and The Great War 1914-1918 », Cosmopolitics of the Camera, Albert Kahn’s Archives of the Planet, Paperback, Trond Erik Bjorli and Kjetil Ansgar editors, 2020, p. 74-83.
The Albert Kahn Museum's collections contain little-known autochrome plates made during the First... more The Albert Kahn Museum's collections contain little-known autochrome plates made during the First World War. They constitute the most important collection of color views of this period. However, this collection is questionable because it was not only little valued during the war, but also appears to be in contradiction with the primary mission of the Archives de la Planète, which is supposed to exclude political events and news reports.
The purpose of this article is to understand this initiative, at a time when photography on the front line was strongly controlled and limited and when the vast majority of pictures were black and white views - a monochrome war to put it another way - and to see what place should be given to this 1914-1918 collection within the Archives de la Planète.

La Première reconstruction : architecture et urbanisme en Lorraine et dans l’Est 1919-1939, actes du colloque de Nancy des 4-7 octobre 2017, Nancy, AMAL / Serge Domini éditeur, septembre 2019, pp. 64-73., 2019
Les questions du relèvement des territoires dévastés et de la préservation ou non des ruines de... more Les questions du relèvement des territoires dévastés et de la préservation ou non des ruines de guerre se posèrent très tôt, dès 1915, au fur et à mesure de la découverte de l’ampleur des premiers dégâts, rendue possible par la stabilisation de la ligne de front. Elles conduisirent le gouvernement à anticiper la reconstruction de l’après-guerre et l’amena aussi à une réflexion sur la conservation de traces des combats et du souvenir des batailles. Mais la question de la reconstruction ne se posa de la même manière pour l’habitat que pour les monuments.
La ferme de Léomont près de Vitrimont, non loin de Lunéville et Bois-le-Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson connurent dès le début de la Première Guerre mondiale des combats parmi les plus acharnés en raison de leur position stratégique et, assez rapidement, furent valorisé dans la presse. Ils symbolisaient alors, comme d’autres lieux sélectionnés sur la ligne de front, la dureté des combats et les traces d’une guerre dont on souhaitait pour des raisons pédagogiques et mémorielles conserver les traces.
L’étude de ces deux sites permet de suivre le questionnement qui se posa sur l’ensemble du front de la préservation ou non des traces de guerre. Il permet également de mieux cerner les réorientations et les logiques administratives qui s’appliquèrent jusqu’au classement définitif de la ferme en 1922.

Le champ de bataille est le haut lieu dramatique qui témoigne par ses cicatrices - les paysages l... more Le champ de bataille est le haut lieu dramatique qui témoigne par ses cicatrices - les paysages lunaires, les ruines, les arbres coupés - des ravages de la guerre. Il symbolise aussi le sacrifice du combattant qui a versé son sang et qui parfois y a laissé la vie. Cet espace sacralisé est perçu dès la guerre, par les acteurs du développement touristique comme par certains membres du gouvernement, comme un espace sacré vers lequel, la paix revenue, devront s’organiser des pèlerinages en provenance de tous les coins de France, d’Europe, mais aussi d’Amérique et d’Océanie.
Dès 1919, les soldats récemment démobilisés, les familles, les scolaires et de simples curieux se rendent dans les régions dévastées jusque-là inaccessibles afin de « voir la guerre de près ». Ces premiers déplacements, limités dans l’espace et dans le temps, soulèvent de vifs débats qui révèlent à la fois, des tensions entre ces visiteurs et à la fois, des enjeux liés à la reconstruction et à la commercialisation des lieux de guerre.
in Pascal Plas (dir.), Conflits, dévastations et ruines : réparer, reconstruire, conserver, actes du colloque de Limoges des 6-7 avril 2016, Lavauzelle Graphic, 2018, pp. 15-26
Que faire des ruines ? De ces milliers de mètres cube de gravats, de ces maisons rasées, de ce... more Que faire des ruines ? De ces milliers de mètres cube de gravats, de ces maisons rasées, de ces monuments incendiés ou bombardés, de ces infrastructures industrielles minées, brisées, de ces hectares de terre bouleversés par les obus, de ces forêts mises à ras ?
En France, la question de la valorisation et du devenir des ruines de guerre, mais aussi de la reconstruction et de la modernisation de l’habitat se posa dès 1915. Dès l’armistice cependant, déblayer les gravats, assainir les zones de combats devinrent prioritaires pour permettre le relèvement des régions dévastées et l’accueil des réfugiés. Les projets de conservation furent alors relégués au second plan.

Krieg Fuer Die Kultur? Une Guerre Pour La Civilisation?: Intellektuelle Legitimationsversuche Des Ersten Weltkriegs in Deutschland Und Frankreich 1914-1918, ss.-dir. Olivier Agard et Barbara Belich, Berlin, Peter Lang, 2018, 320 p.
« La cathédrale de Reims en flammes, une icône au service du débat de la lutte de la civilisation... more « La cathédrale de Reims en flammes, une icône au service du débat de la lutte de la civilisation contre la barbarie »
L’émotion suscitée par l’annonce du bombardement de la cathédrale de Reims en septembre 1914 a sans doute servi la mobilisation culturelle, même s’il est difficile de voir dans cet événement la marque d’un plan prémédité allemand. La cathédrale fut le premier exemple français de bombardement dénoncé de façon virulente sur plusieurs semaines. Elle constitua une sorte de modèle, qui ouvrit la voie à d’autres accusations
« de crimes contre le patrimoine », qui ne cesseront par la suite d’être exposées.
Le dessin de Gustave Fraipont, de la cathédrale de Reims en flammes, va rapidement devenir un archétype des bombardements. Cet article entend montrer comment s’est forgée cette représentation entre 1914-1915 et comment elle circula, alimentant ainsi une guerre des images appuyant un discours mobilisateur visant à déshumaniser l’ennemi pour mieux légitimer la participation à ce conflit.
‘The Burning of Rheims Cathedral, an iconic image combatting barbarity’
In September 1914 the emotion following the announcement of the bombardment of Rheims Cathedral certainly served propaganda. Nonetheless, it is impossible to analyse this event as a result of a premeditated destruction plan from the German Army. The bombardment of Rheims Cathedral was the first French example decried for several long weeks in the press. It became a model which made possible to condemn later other shelling and to accuse the German army of crime against the cultural heritage.
Gustav Fraipont’s drawing showing the Rheims Cathedral in flames, published in October 1914, quickly became a bombardment archetype.
This paper is intending to show how this pictorial representation of the Cathedral raised from 1914 to 1915, how it spread everywhere, how it fed the war of pictures and how it contributed to the mobilization of spirits in the aim to disqualify the enemy and to justify the involvement in the Great War.

La localité de Wimereux, située à 5 km de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, fut comme le... more La localité de Wimereux, située à 5 km de Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, fut comme les autres communes françaises concernée dès 1914 par la guerre mondiale. Située dans la zone des armées, mais non dans la zone occupée, elle ne fut cependant jamais directement confrontée à l’expérience du feu. Elle constitua pourtant une des pièces maîtresse du réseau d’hôpitaux sanitaires de l’arrière-front de la Côte d’Opale.
Que reste-t-il 100 après de la présence de la Première Guerre mondiale à Wimereux ?
Wimereux is a small town in the North of France situated 5 kilometres from Boulogne-sur-Mer on the Opal Coast. Like other French cities, it was affected by the First World War. The town was located in the Army zone but not in the occupied zone and so it didn’t endure being under fire. However, it was one of the masterpieces of the British medical infrastructure based on the Opal Coast.
What does remain of the First World War 100 years later? This paper will highlight the memory traces of the war that persist today in Wimereux and study those generated by the war: a war cemetery of the Commonwealth armies, a War memorial, street names, a Remembrance Day ceremony on November 11th
L a Première Guerre mondiale, ne fut pas la première guerre photographiée, mais elle fut certaine... more L a Première Guerre mondiale, ne fut pas la première guerre photographiée, mais elle fut certainement celle qui le fut le plus massivement des guerres du xix e siècle. Parmi toutes les photographies prises durant cette période les ruines -et notamment celles du patrimoine architectural dévasté -occupent une place de choix.

John MacCrae (1872-1918), engagé volontaire dans le corps d’armée canadien dès 1914, est à l’... more John MacCrae (1872-1918), engagé volontaire dans le corps d’armée canadien dès 1914, est à l’origine du choix du symbole du coquelicot adopté dès 1921 par les pays du Commonwealth en souvenir des combattants tombés sur le champ de bataille.
En partant de l’exemple de la localité de Wimereux dans le Pas-de-Calais, où il est enterré, il s’agira de voir ce qui perdure du souvenir de cet homme. Peut-on considérer Wimereux comme un lieu de mémoire ou de commémoration ? Quelles traces subsistent aujourd’hui de son passage ? Depuis quand et où est-il honoré ? Qui honore-t-on exactement : le médecin militaire canadien mort dans l’exercice de ses fonctions, l’homme qui à ses heures perdues écrivait des poèmes, dont l’un - In Flanders’ Fieds - inspira indirectement le symbole du coquelicot encore communément porté lors du Remembrance Day ? En quoi ce lieu qui porte les traces d’hommage à MacCrae diffère-t-il des autres lieux qui lui sont consacrés ?
L’exemple de MacCrae sera aussi l’occasion de réfléchir à la constitution de traces matérielles et immatérielles (internet), ainsi qu’à la circulation d’icônes, qui construisent dans le temps des traces mémorielles dans l’espace public. Ce qui importe, en effet, n’est pas tant le personnage que ses traces et ce qu’elles nous disent aujourd’hui d’un conflit maintenant centenaire.
John MacCrae (1872-1918) enlisted in the Canadian Army Medical Corps as a physician in 1914. He was indirectly responsible for Commonwealth countries’ choice of the poppy symbol to remember the fallen soldiers (1921).
He was buried in Wimereux, a small town in Northern France. By examining the example of Wimereux, we shall consider what remains of his life and memory. Can Wimereux be considered as a place of remembrance or a place of commemoration? Today what remains of his coming over here? How long has MacCrae been commemorated and where is this tribute paid? Who is really honored: the Canadian medical officer died on duty, the amateur poet but nonetheless author of In Flanders Fields- the source of inspiration for Poppy Day? To what extent is Wimereux different from the others meaning to honor him?
The example of MacCrae shall also raise the following issues: the constitution of both material and immaterial memory traces, and the circulation of iconic images gradually building up little within public places.
Indeed what matters most is not so much John MacCrae himself, but what he left which may tell us something of this this centenarian conflict.

Nadège Mariotti et Marie-France Paquin (dir.), Les images de la Grande Guerre à l’épreuve du temps, actes du colloque de Saint-Remy-la-Calonne des 15-16 mai 2013, Suresnes, Les éditions du net, 2015, pp. 57-65, 2015
« La carte postale de ruine support mémoriel des destructions de la Grande Guerre »
La car... more « La carte postale de ruine support mémoriel des destructions de la Grande Guerre »
La carte postale est durant la Première Guerre mondiale un des supports de la correspondance qui permet, comme l’indiquait Marie-Monique Huss dans son ouvrage Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, « de réunir le toi et le moi, ici et là-bas ».
Cet article porte un éclairage sur les cartes postales illustrées produites pendant la guerre et plus particulièrement sur la carte postale de ruines, thème bien souvent délaissé dans les ouvrages généraux qui lui sont consacrés. Il interroge le support afin de déterminer s’il celui-ci ne constitue pas le miroir et la mémoire des destructions de la Grande Guerre.
‘The postcard of ruins: memory medium of the destructions triggered off by the Great War’
During the First World War, the postcard was one of the media of correspondence enabling, as pointed out by Marie-Monique Huss in her work Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, ‘the you and the I to be gathered, here and there.’
This talk will highlight the illustrated postcards produced during the war, and more specifically the postcards of ruins, a topic much often neglected in the general works dedicated to it. One may wonder whether these postcards of ruins embody the mirror and the memory of the Great War destructions.
Archives de la Grande Guerre. Des sources pour l’histoire, Rennes, Presses universitaires de Renn... more Archives de la Grande Guerre. Des sources pour l’histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes / archives de France, 2014, est un manuel de recherche sur la Première Guerre mondiale. L'ouvrage présente les acquis de l'historiographie, les perspectives actuelles de la recherche sous la forme de contributions thématiques qui ont associé un universitaire et un archiviste.
L'article "Préservation du patrimoine", pp. 279-288, en collaboration avec Isabelle Chave, s'intéresse plus particulièrement aux mesures de protection prises pendant la guerre, à la question des ruines et aux vestiges de guerre.

In Situ. Revue des patrimoines, n° 23, 2014
"Dès 1914, le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts envisage les premières mesure... more "Dès 1914, le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts envisage les premières mesures de protection pour les édifices situés dans la zone des combats. Peu à peu émerge l’idée d’une préservation et d’une valorisation du patrimoine ruiné pour l’après-guerre. À partir de 1917, alors qu’est instituée la Commission des vestiges et souvenirs de guerre chargée d’étudier les conditions de classement et de conservation de ces vestiges, un revirement progressif s’opère néanmoins dans les projets. En 1921, il ne reste guère qu’une trentaine de projets de classement. Le souhait claironné pendant le conflit de préserver pour les générations à venir des monuments mutilés rappelant les traces de la guerre, et donc la « barbarie allemande », a cédé la place à des impératifs purement pratiques, humains et financiers.
As early as 1914, the Ministry for Public Education an d Fine Arts took the first steps to protect the monuments located in the fighting zone. There gradually emerged the idea of protecting and enhancing the cultural heritage and devastated during the war. In 1917 the War Memory and Relics Commission was created, in charge of the classification and the conservation of them. However 1917 also marked the beginning of a watershed regarding the projects. In 1921, there were nothing but thirty odd projects of classification. The former staunch desire to preserve monuments bearing the scars of the war as well as of “German barbarism” for future generations gave way to more pragmatic, human and financial priorities."

Philippe Nivet (dir.), Guerre et patrimoine artistique à l’époque contemporaine, actes du colloque d’Amiens des 16-18 mars 2011, Amiens, Encrage édition, 2013, pp. 151-163, 2013
"" Des guerres du XIXe siècle, la Première Guerre mondiale est certainement celle qui est la pl... more "" Des guerres du XIXe siècle, la Première Guerre mondiale est certainement celle qui est la plus massivement photographiée. Parmi toutes les photographies prises durant ce conflit les ruines - et notamment celles du patrimoine architectural dévasté - occupent une place de choix et sont instrumentalisées par les instances officielles.
Au début de la guerre, la presse comme les éditeurs de cartes postales « rendent visibles » ces vues de dévastations qui contribuent à leur manière à la construction de l’image d’un ennemi « barbare et destructeur ».
À partir de 1915, le ministère de la Guerre choisit à son tour de valoriser le support photographique non seulement en créant au sein de l’armée une section composée d’opérateurs, mais aussi en mettant à la disposition du public une partie des clichés réalisés.
Ces vues du patrimoine dévasté permettent de faire connaître tout au long du conflit la situation de guerre en France et à l’étranger et d’attirer l’attention sur le vandalisme de l’ennemi qui s’en prend au patrimoine public et privé.
Après l’armistice, durant les quelques mois que dure la préparation de la conférence de la Paix, elles sont mises une dernière fois en avant. Les débats ressurgissent alors à propos des dévastations perpétrées par les Allemands pendant la guerre et du prix à payer par ces derniers en dédommagement des destructions commises."
"Among the wars of the 19th Century, World War One has certainly been the most photographe. Among all these photographs taken during the conflict, the ruins – in particular those of the devastated architectural heritage – have had a prominent place and have been exploited by the official authorities.
At the outbreak of the war, the press, like the postcards editors, ‘reveal’ these views of devastations, in their own way contributing to the building of the image of a ‘barbarian and destructive’ enemy.
In 1915, it is the Ministry of War’s turn to enhance the photographic format, non only by creating a section made of operators within the army, but also by making some of the photographs taken available to the public.
These views of the blasted heritage allow to disclose the war situation in France and abroad and draw attention to the vandalism of the enemy lashing out at the public and private heritage.
After the armistice, during the few months during which the Conference of Peace is being prepared, they are highlighted one last time. Then debates re-emerge about the ravages perpetrated by the Germans during the war and the price they should pay in compensation for the committed destructions."
"""

Renée Dickason (dir.), Mémoires croisées autour des deux guerres mondiales, actes du colloque de Caen du 22 au 27 mai 2010, Paris, Politeia, Mare & Martin, 2012
Les albums photographiques amateurs de la Première Guerre mondiale, constitués généralement après... more Les albums photographiques amateurs de la Première Guerre mondiale, constitués généralement après le conflit par des officiers et sous-officiers français, britanniques et allemands, sont une source peu valorisée par les historiens. Interroger ces témoignages permet d’amorcer une réflexion sur l’album photographique comme autre manière de « dire la guerre ». L’album personnel est en effet une sélection d’images mises en récit pour rendre compte d’une expérience. Les ruines y tiennent une place à part, tantôt comme un simple élément de décor, tantôt comme un sujet photographique à part entière. Ces vues de dévastation donnent à voir l’état du champ de bataille, attestent de la violence de la guerre, de la mort, mais aussi de la présence des soldats en ces lieux. Bien que chaque expérience de soldat soit unique, se pencher sur ces regards portés par les différents belligérants sur les ruines permet de dégager à la fois leurs visions communes et leurs spécificités.
Historians undervalue the World War One amateur photo albums made mostly after the conflict by British and German, officers and ncos. Questioning these sources can help rethink the photo album as an alternative way of telling the war. The personal album is indeed a visual narrative recounting an experience. Ruins stand out in these narratives, sometimes simply as a part of the decor and at other times as a distinct photographic subject. These images of destruction show the state of the battlefield, attest the violence of war and death, but they also confirm the presence of soldiers. Eventhough, each soldier's experience is unique, the examination of different perspectives provided by these belligerent parties can help identify their common vision and its specific features.
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Papers by Danchin Emmanuelle
À l’Armistice, avec le retour des réfugiés qui rentrèrent dans des secteurs bien souvent dangereux et marqués par la guerre et à cause des impératifs liés à la reprise de la vie économique, ces projets cédèrent peu à peu la place à des impératifs purement pratiques, humains et financiers.
As early as 1915, the question of the preservation and the conservation of war ruins were discussed in France. This involved vigorous debates. Some suggested to preserve damaged buildings, others proposed to rebuild them in their previous aspect. The first conservation projects included cities totally destroyed, districts in ruins, blockhouses, trenches and fortifications works.
It’s only after Armistice Day, when refugees returned home in dangerous and war affected areas and in a context of recovery of the country's economic and social life that projects gave way to more pragmatic, human and financial priorities
Cet article entend éclairer la décision de maintien en ruines de cet édifice religieux et le choix de reconstruire le nouveau village, avec notamment un ensemble mairie-écoles, une nouvelle église, tout en laissant au cœur de celui-ci et sous les yeux de ses habitants cette cicatrice. Il entend aussi comprendre la place occupée par ce vestige dans le paysage d’après-guerre. Dès 1919, l’église figure en effet dans les parcours de visite des champs de bataille et constitue un point de départ vers la colline de Lorette dont le pèlerinage renait alors.
The church of Ablain Saint-Nazaire, on the top of Lorette’hill, in the north of France, is one of the rare buildings destroyed and voluntarily preserved in France in memory of the First World War. In 1917, it was included in the list of war relics to be preserved drawn up by the Commission des vestiges.
This article aims to clarif the decision to keep this religious building in ruins and the choice to rebuild the new village, with a town hall-school complex and a new church, while leaving this scar in the heart of the village and before the eyes of its inhabitants. He also intends to understand the place occupied by this vestige in the post-war landscape. As early as 1919, the church was included in the battlefield visit itineraries and was a starting point towards the hill of Lorette, where pilgrimage was reborn.
The purpose of this article is to understand this initiative, at a time when photography on the front line was strongly controlled and limited and when the vast majority of pictures were black and white views - a monochrome war to put it another way - and to see what place should be given to this 1914-1918 collection within the Archives de la Planète.
La ferme de Léomont près de Vitrimont, non loin de Lunéville et Bois-le-Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson connurent dès le début de la Première Guerre mondiale des combats parmi les plus acharnés en raison de leur position stratégique et, assez rapidement, furent valorisé dans la presse. Ils symbolisaient alors, comme d’autres lieux sélectionnés sur la ligne de front, la dureté des combats et les traces d’une guerre dont on souhaitait pour des raisons pédagogiques et mémorielles conserver les traces.
L’étude de ces deux sites permet de suivre le questionnement qui se posa sur l’ensemble du front de la préservation ou non des traces de guerre. Il permet également de mieux cerner les réorientations et les logiques administratives qui s’appliquèrent jusqu’au classement définitif de la ferme en 1922.
Dès 1919, les soldats récemment démobilisés, les familles, les scolaires et de simples curieux se rendent dans les régions dévastées jusque-là inaccessibles afin de « voir la guerre de près ». Ces premiers déplacements, limités dans l’espace et dans le temps, soulèvent de vifs débats qui révèlent à la fois, des tensions entre ces visiteurs et à la fois, des enjeux liés à la reconstruction et à la commercialisation des lieux de guerre.
En France, la question de la valorisation et du devenir des ruines de guerre, mais aussi de la reconstruction et de la modernisation de l’habitat se posa dès 1915. Dès l’armistice cependant, déblayer les gravats, assainir les zones de combats devinrent prioritaires pour permettre le relèvement des régions dévastées et l’accueil des réfugiés. Les projets de conservation furent alors relégués au second plan.
L’émotion suscitée par l’annonce du bombardement de la cathédrale de Reims en septembre 1914 a sans doute servi la mobilisation culturelle, même s’il est difficile de voir dans cet événement la marque d’un plan prémédité allemand. La cathédrale fut le premier exemple français de bombardement dénoncé de façon virulente sur plusieurs semaines. Elle constitua une sorte de modèle, qui ouvrit la voie à d’autres accusations
« de crimes contre le patrimoine », qui ne cesseront par la suite d’être exposées.
Le dessin de Gustave Fraipont, de la cathédrale de Reims en flammes, va rapidement devenir un archétype des bombardements. Cet article entend montrer comment s’est forgée cette représentation entre 1914-1915 et comment elle circula, alimentant ainsi une guerre des images appuyant un discours mobilisateur visant à déshumaniser l’ennemi pour mieux légitimer la participation à ce conflit.
‘The Burning of Rheims Cathedral, an iconic image combatting barbarity’
In September 1914 the emotion following the announcement of the bombardment of Rheims Cathedral certainly served propaganda. Nonetheless, it is impossible to analyse this event as a result of a premeditated destruction plan from the German Army. The bombardment of Rheims Cathedral was the first French example decried for several long weeks in the press. It became a model which made possible to condemn later other shelling and to accuse the German army of crime against the cultural heritage.
Gustav Fraipont’s drawing showing the Rheims Cathedral in flames, published in October 1914, quickly became a bombardment archetype.
This paper is intending to show how this pictorial representation of the Cathedral raised from 1914 to 1915, how it spread everywhere, how it fed the war of pictures and how it contributed to the mobilization of spirits in the aim to disqualify the enemy and to justify the involvement in the Great War.
Que reste-t-il 100 après de la présence de la Première Guerre mondiale à Wimereux ?
Wimereux is a small town in the North of France situated 5 kilometres from Boulogne-sur-Mer on the Opal Coast. Like other French cities, it was affected by the First World War. The town was located in the Army zone but not in the occupied zone and so it didn’t endure being under fire. However, it was one of the masterpieces of the British medical infrastructure based on the Opal Coast.
What does remain of the First World War 100 years later? This paper will highlight the memory traces of the war that persist today in Wimereux and study those generated by the war: a war cemetery of the Commonwealth armies, a War memorial, street names, a Remembrance Day ceremony on November 11th
En partant de l’exemple de la localité de Wimereux dans le Pas-de-Calais, où il est enterré, il s’agira de voir ce qui perdure du souvenir de cet homme. Peut-on considérer Wimereux comme un lieu de mémoire ou de commémoration ? Quelles traces subsistent aujourd’hui de son passage ? Depuis quand et où est-il honoré ? Qui honore-t-on exactement : le médecin militaire canadien mort dans l’exercice de ses fonctions, l’homme qui à ses heures perdues écrivait des poèmes, dont l’un - In Flanders’ Fieds - inspira indirectement le symbole du coquelicot encore communément porté lors du Remembrance Day ? En quoi ce lieu qui porte les traces d’hommage à MacCrae diffère-t-il des autres lieux qui lui sont consacrés ?
L’exemple de MacCrae sera aussi l’occasion de réfléchir à la constitution de traces matérielles et immatérielles (internet), ainsi qu’à la circulation d’icônes, qui construisent dans le temps des traces mémorielles dans l’espace public. Ce qui importe, en effet, n’est pas tant le personnage que ses traces et ce qu’elles nous disent aujourd’hui d’un conflit maintenant centenaire.
John MacCrae (1872-1918) enlisted in the Canadian Army Medical Corps as a physician in 1914. He was indirectly responsible for Commonwealth countries’ choice of the poppy symbol to remember the fallen soldiers (1921).
He was buried in Wimereux, a small town in Northern France. By examining the example of Wimereux, we shall consider what remains of his life and memory. Can Wimereux be considered as a place of remembrance or a place of commemoration? Today what remains of his coming over here? How long has MacCrae been commemorated and where is this tribute paid? Who is really honored: the Canadian medical officer died on duty, the amateur poet but nonetheless author of In Flanders Fields- the source of inspiration for Poppy Day? To what extent is Wimereux different from the others meaning to honor him?
The example of MacCrae shall also raise the following issues: the constitution of both material and immaterial memory traces, and the circulation of iconic images gradually building up little within public places.
Indeed what matters most is not so much John MacCrae himself, but what he left which may tell us something of this this centenarian conflict.
La carte postale est durant la Première Guerre mondiale un des supports de la correspondance qui permet, comme l’indiquait Marie-Monique Huss dans son ouvrage Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, « de réunir le toi et le moi, ici et là-bas ».
Cet article porte un éclairage sur les cartes postales illustrées produites pendant la guerre et plus particulièrement sur la carte postale de ruines, thème bien souvent délaissé dans les ouvrages généraux qui lui sont consacrés. Il interroge le support afin de déterminer s’il celui-ci ne constitue pas le miroir et la mémoire des destructions de la Grande Guerre.
‘The postcard of ruins: memory medium of the destructions triggered off by the Great War’
During the First World War, the postcard was one of the media of correspondence enabling, as pointed out by Marie-Monique Huss in her work Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, ‘the you and the I to be gathered, here and there.’
This talk will highlight the illustrated postcards produced during the war, and more specifically the postcards of ruins, a topic much often neglected in the general works dedicated to it. One may wonder whether these postcards of ruins embody the mirror and the memory of the Great War destructions.
L'article "Préservation du patrimoine", pp. 279-288, en collaboration avec Isabelle Chave, s'intéresse plus particulièrement aux mesures de protection prises pendant la guerre, à la question des ruines et aux vestiges de guerre.
As early as 1914, the Ministry for Public Education an d Fine Arts took the first steps to protect the monuments located in the fighting zone. There gradually emerged the idea of protecting and enhancing the cultural heritage and devastated during the war. In 1917 the War Memory and Relics Commission was created, in charge of the classification and the conservation of them. However 1917 also marked the beginning of a watershed regarding the projects. In 1921, there were nothing but thirty odd projects of classification. The former staunch desire to preserve monuments bearing the scars of the war as well as of “German barbarism” for future generations gave way to more pragmatic, human and financial priorities."
Au début de la guerre, la presse comme les éditeurs de cartes postales « rendent visibles » ces vues de dévastations qui contribuent à leur manière à la construction de l’image d’un ennemi « barbare et destructeur ».
À partir de 1915, le ministère de la Guerre choisit à son tour de valoriser le support photographique non seulement en créant au sein de l’armée une section composée d’opérateurs, mais aussi en mettant à la disposition du public une partie des clichés réalisés.
Ces vues du patrimoine dévasté permettent de faire connaître tout au long du conflit la situation de guerre en France et à l’étranger et d’attirer l’attention sur le vandalisme de l’ennemi qui s’en prend au patrimoine public et privé.
Après l’armistice, durant les quelques mois que dure la préparation de la conférence de la Paix, elles sont mises une dernière fois en avant. Les débats ressurgissent alors à propos des dévastations perpétrées par les Allemands pendant la guerre et du prix à payer par ces derniers en dédommagement des destructions commises."
"Among the wars of the 19th Century, World War One has certainly been the most photographe. Among all these photographs taken during the conflict, the ruins – in particular those of the devastated architectural heritage – have had a prominent place and have been exploited by the official authorities.
At the outbreak of the war, the press, like the postcards editors, ‘reveal’ these views of devastations, in their own way contributing to the building of the image of a ‘barbarian and destructive’ enemy.
In 1915, it is the Ministry of War’s turn to enhance the photographic format, non only by creating a section made of operators within the army, but also by making some of the photographs taken available to the public.
These views of the blasted heritage allow to disclose the war situation in France and abroad and draw attention to the vandalism of the enemy lashing out at the public and private heritage.
After the armistice, during the few months during which the Conference of Peace is being prepared, they are highlighted one last time. Then debates re-emerge about the ravages perpetrated by the Germans during the war and the price they should pay in compensation for the committed destructions."
"""
Historians undervalue the World War One amateur photo albums made mostly after the conflict by British and German, officers and ncos. Questioning these sources can help rethink the photo album as an alternative way of telling the war. The personal album is indeed a visual narrative recounting an experience. Ruins stand out in these narratives, sometimes simply as a part of the decor and at other times as a distinct photographic subject. These images of destruction show the state of the battlefield, attest the violence of war and death, but they also confirm the presence of soldiers. Eventhough, each soldier's experience is unique, the examination of different perspectives provided by these belligerent parties can help identify their common vision and its specific features.
À l’Armistice, avec le retour des réfugiés qui rentrèrent dans des secteurs bien souvent dangereux et marqués par la guerre et à cause des impératifs liés à la reprise de la vie économique, ces projets cédèrent peu à peu la place à des impératifs purement pratiques, humains et financiers.
As early as 1915, the question of the preservation and the conservation of war ruins were discussed in France. This involved vigorous debates. Some suggested to preserve damaged buildings, others proposed to rebuild them in their previous aspect. The first conservation projects included cities totally destroyed, districts in ruins, blockhouses, trenches and fortifications works.
It’s only after Armistice Day, when refugees returned home in dangerous and war affected areas and in a context of recovery of the country's economic and social life that projects gave way to more pragmatic, human and financial priorities
Cet article entend éclairer la décision de maintien en ruines de cet édifice religieux et le choix de reconstruire le nouveau village, avec notamment un ensemble mairie-écoles, une nouvelle église, tout en laissant au cœur de celui-ci et sous les yeux de ses habitants cette cicatrice. Il entend aussi comprendre la place occupée par ce vestige dans le paysage d’après-guerre. Dès 1919, l’église figure en effet dans les parcours de visite des champs de bataille et constitue un point de départ vers la colline de Lorette dont le pèlerinage renait alors.
The church of Ablain Saint-Nazaire, on the top of Lorette’hill, in the north of France, is one of the rare buildings destroyed and voluntarily preserved in France in memory of the First World War. In 1917, it was included in the list of war relics to be preserved drawn up by the Commission des vestiges.
This article aims to clarif the decision to keep this religious building in ruins and the choice to rebuild the new village, with a town hall-school complex and a new church, while leaving this scar in the heart of the village and before the eyes of its inhabitants. He also intends to understand the place occupied by this vestige in the post-war landscape. As early as 1919, the church was included in the battlefield visit itineraries and was a starting point towards the hill of Lorette, where pilgrimage was reborn.
The purpose of this article is to understand this initiative, at a time when photography on the front line was strongly controlled and limited and when the vast majority of pictures were black and white views - a monochrome war to put it another way - and to see what place should be given to this 1914-1918 collection within the Archives de la Planète.
La ferme de Léomont près de Vitrimont, non loin de Lunéville et Bois-le-Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson connurent dès le début de la Première Guerre mondiale des combats parmi les plus acharnés en raison de leur position stratégique et, assez rapidement, furent valorisé dans la presse. Ils symbolisaient alors, comme d’autres lieux sélectionnés sur la ligne de front, la dureté des combats et les traces d’une guerre dont on souhaitait pour des raisons pédagogiques et mémorielles conserver les traces.
L’étude de ces deux sites permet de suivre le questionnement qui se posa sur l’ensemble du front de la préservation ou non des traces de guerre. Il permet également de mieux cerner les réorientations et les logiques administratives qui s’appliquèrent jusqu’au classement définitif de la ferme en 1922.
Dès 1919, les soldats récemment démobilisés, les familles, les scolaires et de simples curieux se rendent dans les régions dévastées jusque-là inaccessibles afin de « voir la guerre de près ». Ces premiers déplacements, limités dans l’espace et dans le temps, soulèvent de vifs débats qui révèlent à la fois, des tensions entre ces visiteurs et à la fois, des enjeux liés à la reconstruction et à la commercialisation des lieux de guerre.
En France, la question de la valorisation et du devenir des ruines de guerre, mais aussi de la reconstruction et de la modernisation de l’habitat se posa dès 1915. Dès l’armistice cependant, déblayer les gravats, assainir les zones de combats devinrent prioritaires pour permettre le relèvement des régions dévastées et l’accueil des réfugiés. Les projets de conservation furent alors relégués au second plan.
L’émotion suscitée par l’annonce du bombardement de la cathédrale de Reims en septembre 1914 a sans doute servi la mobilisation culturelle, même s’il est difficile de voir dans cet événement la marque d’un plan prémédité allemand. La cathédrale fut le premier exemple français de bombardement dénoncé de façon virulente sur plusieurs semaines. Elle constitua une sorte de modèle, qui ouvrit la voie à d’autres accusations
« de crimes contre le patrimoine », qui ne cesseront par la suite d’être exposées.
Le dessin de Gustave Fraipont, de la cathédrale de Reims en flammes, va rapidement devenir un archétype des bombardements. Cet article entend montrer comment s’est forgée cette représentation entre 1914-1915 et comment elle circula, alimentant ainsi une guerre des images appuyant un discours mobilisateur visant à déshumaniser l’ennemi pour mieux légitimer la participation à ce conflit.
‘The Burning of Rheims Cathedral, an iconic image combatting barbarity’
In September 1914 the emotion following the announcement of the bombardment of Rheims Cathedral certainly served propaganda. Nonetheless, it is impossible to analyse this event as a result of a premeditated destruction plan from the German Army. The bombardment of Rheims Cathedral was the first French example decried for several long weeks in the press. It became a model which made possible to condemn later other shelling and to accuse the German army of crime against the cultural heritage.
Gustav Fraipont’s drawing showing the Rheims Cathedral in flames, published in October 1914, quickly became a bombardment archetype.
This paper is intending to show how this pictorial representation of the Cathedral raised from 1914 to 1915, how it spread everywhere, how it fed the war of pictures and how it contributed to the mobilization of spirits in the aim to disqualify the enemy and to justify the involvement in the Great War.
Que reste-t-il 100 après de la présence de la Première Guerre mondiale à Wimereux ?
Wimereux is a small town in the North of France situated 5 kilometres from Boulogne-sur-Mer on the Opal Coast. Like other French cities, it was affected by the First World War. The town was located in the Army zone but not in the occupied zone and so it didn’t endure being under fire. However, it was one of the masterpieces of the British medical infrastructure based on the Opal Coast.
What does remain of the First World War 100 years later? This paper will highlight the memory traces of the war that persist today in Wimereux and study those generated by the war: a war cemetery of the Commonwealth armies, a War memorial, street names, a Remembrance Day ceremony on November 11th
En partant de l’exemple de la localité de Wimereux dans le Pas-de-Calais, où il est enterré, il s’agira de voir ce qui perdure du souvenir de cet homme. Peut-on considérer Wimereux comme un lieu de mémoire ou de commémoration ? Quelles traces subsistent aujourd’hui de son passage ? Depuis quand et où est-il honoré ? Qui honore-t-on exactement : le médecin militaire canadien mort dans l’exercice de ses fonctions, l’homme qui à ses heures perdues écrivait des poèmes, dont l’un - In Flanders’ Fieds - inspira indirectement le symbole du coquelicot encore communément porté lors du Remembrance Day ? En quoi ce lieu qui porte les traces d’hommage à MacCrae diffère-t-il des autres lieux qui lui sont consacrés ?
L’exemple de MacCrae sera aussi l’occasion de réfléchir à la constitution de traces matérielles et immatérielles (internet), ainsi qu’à la circulation d’icônes, qui construisent dans le temps des traces mémorielles dans l’espace public. Ce qui importe, en effet, n’est pas tant le personnage que ses traces et ce qu’elles nous disent aujourd’hui d’un conflit maintenant centenaire.
John MacCrae (1872-1918) enlisted in the Canadian Army Medical Corps as a physician in 1914. He was indirectly responsible for Commonwealth countries’ choice of the poppy symbol to remember the fallen soldiers (1921).
He was buried in Wimereux, a small town in Northern France. By examining the example of Wimereux, we shall consider what remains of his life and memory. Can Wimereux be considered as a place of remembrance or a place of commemoration? Today what remains of his coming over here? How long has MacCrae been commemorated and where is this tribute paid? Who is really honored: the Canadian medical officer died on duty, the amateur poet but nonetheless author of In Flanders Fields- the source of inspiration for Poppy Day? To what extent is Wimereux different from the others meaning to honor him?
The example of MacCrae shall also raise the following issues: the constitution of both material and immaterial memory traces, and the circulation of iconic images gradually building up little within public places.
Indeed what matters most is not so much John MacCrae himself, but what he left which may tell us something of this this centenarian conflict.
La carte postale est durant la Première Guerre mondiale un des supports de la correspondance qui permet, comme l’indiquait Marie-Monique Huss dans son ouvrage Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, « de réunir le toi et le moi, ici et là-bas ».
Cet article porte un éclairage sur les cartes postales illustrées produites pendant la guerre et plus particulièrement sur la carte postale de ruines, thème bien souvent délaissé dans les ouvrages généraux qui lui sont consacrés. Il interroge le support afin de déterminer s’il celui-ci ne constitue pas le miroir et la mémoire des destructions de la Grande Guerre.
‘The postcard of ruins: memory medium of the destructions triggered off by the Great War’
During the First World War, the postcard was one of the media of correspondence enabling, as pointed out by Marie-Monique Huss in her work Histoire de famille, cartes postales et culture de guerre, ‘the you and the I to be gathered, here and there.’
This talk will highlight the illustrated postcards produced during the war, and more specifically the postcards of ruins, a topic much often neglected in the general works dedicated to it. One may wonder whether these postcards of ruins embody the mirror and the memory of the Great War destructions.
L'article "Préservation du patrimoine", pp. 279-288, en collaboration avec Isabelle Chave, s'intéresse plus particulièrement aux mesures de protection prises pendant la guerre, à la question des ruines et aux vestiges de guerre.
As early as 1914, the Ministry for Public Education an d Fine Arts took the first steps to protect the monuments located in the fighting zone. There gradually emerged the idea of protecting and enhancing the cultural heritage and devastated during the war. In 1917 the War Memory and Relics Commission was created, in charge of the classification and the conservation of them. However 1917 also marked the beginning of a watershed regarding the projects. In 1921, there were nothing but thirty odd projects of classification. The former staunch desire to preserve monuments bearing the scars of the war as well as of “German barbarism” for future generations gave way to more pragmatic, human and financial priorities."
Au début de la guerre, la presse comme les éditeurs de cartes postales « rendent visibles » ces vues de dévastations qui contribuent à leur manière à la construction de l’image d’un ennemi « barbare et destructeur ».
À partir de 1915, le ministère de la Guerre choisit à son tour de valoriser le support photographique non seulement en créant au sein de l’armée une section composée d’opérateurs, mais aussi en mettant à la disposition du public une partie des clichés réalisés.
Ces vues du patrimoine dévasté permettent de faire connaître tout au long du conflit la situation de guerre en France et à l’étranger et d’attirer l’attention sur le vandalisme de l’ennemi qui s’en prend au patrimoine public et privé.
Après l’armistice, durant les quelques mois que dure la préparation de la conférence de la Paix, elles sont mises une dernière fois en avant. Les débats ressurgissent alors à propos des dévastations perpétrées par les Allemands pendant la guerre et du prix à payer par ces derniers en dédommagement des destructions commises."
"Among the wars of the 19th Century, World War One has certainly been the most photographe. Among all these photographs taken during the conflict, the ruins – in particular those of the devastated architectural heritage – have had a prominent place and have been exploited by the official authorities.
At the outbreak of the war, the press, like the postcards editors, ‘reveal’ these views of devastations, in their own way contributing to the building of the image of a ‘barbarian and destructive’ enemy.
In 1915, it is the Ministry of War’s turn to enhance the photographic format, non only by creating a section made of operators within the army, but also by making some of the photographs taken available to the public.
These views of the blasted heritage allow to disclose the war situation in France and abroad and draw attention to the vandalism of the enemy lashing out at the public and private heritage.
After the armistice, during the few months during which the Conference of Peace is being prepared, they are highlighted one last time. Then debates re-emerge about the ravages perpetrated by the Germans during the war and the price they should pay in compensation for the committed destructions."
"""
Historians undervalue the World War One amateur photo albums made mostly after the conflict by British and German, officers and ncos. Questioning these sources can help rethink the photo album as an alternative way of telling the war. The personal album is indeed a visual narrative recounting an experience. Ruins stand out in these narratives, sometimes simply as a part of the decor and at other times as a distinct photographic subject. These images of destruction show the state of the battlefield, attest the violence of war and death, but they also confirm the presence of soldiers. Eventhough, each soldier's experience is unique, the examination of different perspectives provided by these belligerent parties can help identify their common vision and its specific features.
Colloque « « Les ruines de guerre : écrire, figurer, recomposer (XXe et XXIe siècles) », université Paris Ouest Nanterre, 14-16 octobre 2021.
Conférence organisée dans le cadre du Centenaire par les Archives municipales de Boulogne-sur-Mer, vendredi 26 octobre 2018 à 18h30, au théâtre du Rollmops à Boulogne-sur-Mer.
En 1921, 70 vestiges de guerre lorrains étaient en instance de classement comme monuments historiques : 19 vestiges pour la Meurthe-et-Moselle, 44 vestiges pour la Meuse, 7 vestiges pour les Vosges ; parmi eux, 8 édifices avaient été choisi car ils illustraient les dévastations de la guerre.
Cette communication se propose de revenir sur deux d’entre eux : la ferme de Léomont près de Vitrimont, non loin de Lunéville et Bois-le-Prêtre, au nord-ouest de Pont-à-Mousson. Ces deux sites connurent dès le début de la Première Guerre mondiale des combats parmi les plus acharnés en raison de leur position stratégique et, assez rapidement, furent valorisé dans la presse. Ils symbolisaient alors, comme d’autres lieux sélectionnés sur la ligne de front, la dureté des combats et les traces d’une guerre dont on souhaitait pour des raisons pédagogiques et mémorielles conserver les traces.
L’étude de ces deux sites permet de suivre le questionnement qui se posa sur l’ensemble du front de la préservation ou non des traces de guerre. Il permet également de mieux cerner les réorientations et les logiques administratives qui s’appliquèrent jusqu’au classement définitif de la ferme en 1922.
Reims ou Oradour, autant d’images de ruines qui évoquent la violence destructrice de la guerre. Mais au-delà des événements dont elles témoignent, les images de ruines s’inscrivent aussi dans de vives luttes mémorielles. Montrer les ruines, les représenter c’est aussi vouloir parler du passé, pour regretter, rêver ou accuser.
La table ronde sera animée par Nicolas Nicolas Offenstadt, avec les participations de Judith Audin, post-doctorante au CHERPA, IEP Sciences Po Aix-en-Provence, Emmanuelle Danchin, docteur en histoire contemporaine et en histoire, art et archéologie, chercheur partenaire au Sirice, UMR 8138, et Alain Schnapp, professeur émérite d'archéologie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Elle se tiendra le 12 octobre 2018, de 11h30 à 13h00, à l'université François-Rabelais, amphi 3.
On peut s’interroger sur l’émergence d’un « tourisme de mémoire », lié à la création de musées, de monuments aux morts, de cimetières, ou encore à la préservation des lieux des combats, qui sont autant de traces visibles de la guerre.
Comment et dans quels territoires ces musées s’inscrivent-ils ? Quels sont les enjeux politiques, économiques et sociaux du tourisme mémoriel ?
Table-ronde avec Emmanuelle Danchin, docteur en histoire contemporaine et en histoire, art et archéologie, chercheur partenaire à l’IRICE, UMR 8138 et Anne Hertzog, maitre de conférences en Géographie à l’Université de Cergy-Pontoise, chercheur au laboratoire MRTE de l’UCP et associée à l’EIREST de Paris 1 Sorbonne.
La guerre de 1914-1918 fut une guerre d’artillerie qui causa des dommages matériels considérables dans les départements du front du Nord et de l’Est de la France. 1 050 communes, 249 147 habitations,
6 149 édifices publics, 1 547 usines furent totalement anéantis et plus de 120 000 hectares de terre furent considérées impropres à la culture et classées « zone rouge ». Parmi les villages détruits, certains furent reconstruits, d’autres n’existent plus. C’est le cas dans la Marne de Perthes-lès-Hurlus, de Tahure, de Mesnil-lès-Hurlus, de Ripont et de Hurlus, incorporés bien après l’armistice dans le camp militaire de Suippes, aujourd’hui inaccessibles au public. En partant d’archives familiales et de témoignages de descendants des habitants de ces villages jamais reconstruits, ce documentaire se propose d’aborder la question de la perte de l’habitat et de la reprise difficile de la vie après la guerre non loin de ces villages disparus.
Réalisation : Xavier-Marie Bonnot
Producteurs : Callysta productions, Lavita films, ECPAD, France 3 Lorraine Champagne-Ardenne
Diffuseurs : France 3 Lorraine Champagne-Ardenne