Articles in books by Anne Leturque

La portalada de Ripoll Creació, conservació i recuperació, 2018
Des exemples de tympans peints localisés dans le sud de la France sont facilement trouvables sans... more Des exemples de tympans peints localisés dans le sud de la France sont facilement trouvables sans pour autant être connus ou étudiés pour la polychromie que les habille. Certains arcs de décharges extérieurs sont peints comme à Sainte-Marie de Riquer (Catllar, Pyrénées-Orientales, France) ou dans le cloître de l’ancien prieuré de Cassan (Roujan, Hérault, France). Cette pratique a perduré bien au-delà du XII e siècle. C’est le cas pour le tympan peint situé à Santa Maria dels Turers (Pla de l’Estany, Catalogne, XIIIe siècle) ou à Notre-Dame-des-Doms à Avignon (Vaucluse, France, XIVe siècle). La sculpture monumentale des grands portails du XIIe siècle n’a pas échappé à cette logique polychrome. Cette mise en couleur n’est pourtant pas uniforme, nous ne sommes donc pas en train d’affirmer que tous les édifices sans exception étaient habillés
de mille couleurs. La polychromie d’une façade ornée de sculptures peut être totale comme à Poitiers, ou partielle comme à Moissac, voire inexistante comme sur les monuments pisans (R ossi 2002). Néanmoins, si l’étude de la polychromie constitue un support technique pour la conservation et la restauration de l’œuvre, elle doit également être un support archéologique pour l’approfondissement de nos connaissances sur l’histoire des techniques – la mise en œuvre de la peinture
médiévale – et l’histoire de l’art, en nous permettant de redécouvrir la sculpture médiévale avec sa polychromie.

PLAFONDS PEINTS MÉDIÉVAUX EN EUROPE Connaissance, conservation et restauration : méthodes et approches scientifiques, 2019
La contextualisation et l'inscription dans le temps d'un travail d'investigation fait partie int... more La contextualisation et l'inscription dans le temps d'un travail d'investigation fait partie intégrante des réflexions produites par les chercheurs. L'analyse historiographique est un des ressorts qui permet cette approche. Cet article se consacre ainsi tout d'abord à l'histoire de l'étude des textes de technologies artistiques, en lien avec le éveloppement de l'expérimentation et des analyses physicochimiques, pour aboutir au dialogue actuel entre l’art et la science. Il se
concentre ensuite entièrement à l'étude d'une technique spécifique : la deauratio facilis, feuille d'étain sur laquelle on applique un vernis doré. Ce procédé, destiné à « imiter » l'or, fut très employé aux XII e et XIII e siècles en Catalogne sur de nombreux panneaux de bois peints destinés à mettre en valeur les autels. Cependant, la composition exacte de ces vernis n'a encore jamais été mise en évidence. L'expérimentation et les questionnements qui en découlent peuvent nous aider à mieux comprendre cet usage, notamment sur les charpentes peintes.

Once a monumental work had been commissioned and its iconographic content defined, the work then ... more Once a monumental work had been commissioned and its iconographic content defined, the work then had to be carried out by the painters. This is the starting point of our discussion. In order to perform this work, the craftsmen needed prior knowledge. The latter, acquired during training and in the exercise of their trade, was multiple. Their knowledge covered the field of materials and techniques, drawing and the use of pictorial representation. The mastery and skill of the painter were assessed on the basis of his formal stock of knowledge and empirical culture.
When they arrived on site, each painter was expected to be familiar with the tasks involved. The tools needed to carry out the work, preliminary tasks such as setting up a scaffold, plastering the wall in preparation for painting (unless these chores had already been done by masons), laying out the pictorial composition using tracings or preparatory drawings, preparing pigments and binders, choosing the appropriate application technique, are all steps necessary to executing the decoration itself. Supported by texts and observations of Catalan murals, the procedures used by medieval painters are thus seen to cover a broad spectrum of knowledge and know-how, providing a different assessment of the impact of their work in the process of creating Medieval painted ensembles.

En 1953, Marcel Durliat, alors conservateur des Antiquités et Objet d’art des Pyrénées-Orientales... more En 1953, Marcel Durliat, alors conservateur des Antiquités et Objet d’art des Pyrénées-Orientales
découvre dans l’église de Casesnoves ce qui alors semblait être le plus ancien ensemble de peintures murales
connu dans la région. Il est accompagné par un photographe du conseil général, Paul Jauzac, qui réalise les
seules photographies existantes des peintures en place. Elle conservait alors d’importants vestiges dans
l’abside, le transept et du chœur. Entre le 22 mars et le 1 er avril 1954, les fresques sont arrachées des parois
de l’église par Marcel Simon (antiquaire à Villeneuve-lès-Avignon) qui les disperse illégalement. Déchaînant
les passions, les peintures de Casesnoves vont donner lieu à une longue historiographie. L’histoire tapageuse
qui entoure les peintures a souvent été mise en avant au détriment de la qualité des peintures elles-mêmes.
Pourtant, l’étude formelle de celles-ci nous amène à renouveler notre regard et à mesurer l’importance de
ces vestiges pour l’histoire de l’art, traduisant l’évolution des pratiques picturales en Roussillon. Les rappro-
chements effectués avec certaines caractéristiques venues de l’enluminure, de la peinture sur bois et de la
culture monastique — avec une lecture renouvelée des inscriptions — sont des pistes que nous dévelop-
perons ici. Nous soulignerons aussi la cohérence de son programme iconographique centré sur l’Incarnation
et la Passion du Christ. Les décors sont maintenant répartis entre trois lieux. La majeure partie se trouve
à l’Hospice d’Ile-sur-Têt, quelques fragments d’inscription sont encore dans la chapelle elle-même et deux
panneaux sont conservés à la fondation Abegg en Suisse. La reconstitution virtuelle en 3D de la chapelle et
de ses peintures représente aujourd’hui un challenge intéressant permettant de montrer à un large public
l’aspect originel des décors intérieurs de cet édifice relativement peu connu.

L’étude des matériaux et des techniques utilisés dans les arts picturaux médiévaux est le vecteur... more L’étude des matériaux et des techniques utilisés dans les arts picturaux médiévaux est le vecteur d’une meilleure compréhension des œuvres. Pour autant, s’intéresser à la matérialité des peintures elles-mêmes suppose de développer une méthodologie. L’historien de l’art va ainsi effectuer un travail fondamental pour la connaissance des peintures en termes de collecte de données, d’observation macroscopique de celles-ci in situ et d’élaboration de questionnements. Ces derniers vont aider les restaurateurs et les chimistes à effectuer des prélèvements et des analyses. Pour illustrer le travail préalable aux études en laboratoire,
l’exemple des peintures de l’église de Saint-Martin-e-Fenollar (Pyrénées-Orientales) semble tout à fait représentatif. Elles ont été très étudiées, la bibliographie les concernant est importante et des historiens de l’art prestigieux se sont penchés sur leur cas. Afin de situer ce décor et de le dater, des analyses icono-graphiques et stylistiques, des postures et des jalons divers ont été pris. Nous retenons pour notre part la datation des peintures de Saint-Martin-de-Fenollar du second quart du xii e siècle et nous les considérons comme contemporaines de celles des Cluses-Hautes, peut-être de celles de Casesnoves, voire également de Saint-Génis-des-Fontaines. Sur un autre ordre d’idées, les liens qui unissent Arles-sur-Tech à Fenollar nous poussent à les adosser aux quatre autres ensembles peints, même si nous les pensons plus tardives car en lien avec la consécration de 1157 de l’abbaye Sainte-Marie. Outre la question de la datation, celle des sources où le peintre de Fenollar a pu puiser des éléments de son décor est également à prendre en compte. Ces considérations d’ordres iconographique et stylistique auxquelles s’ajoutent des observations d’ordre technique nous amènent à soulever des questionnements quant aux futurs prélèvements et analyses à effectuer
sur ce site comme sur d’autres.

Le devant d’autel d’Oreilla fait partie de la liste du mobilier liturgique de l’église de Saint-M... more Le devant d’autel d’Oreilla fait partie de la liste du mobilier liturgique de l’église de Saint-Martin-du-Canigou dispersé lors de l’abandon du monastère par les moines en 1784 et hérité par l’église paroissiale de Sainte-Marie d’Oreilla. Beaucoup d’historiens de l’art ont cherché à créer des liens entre ce panneau et d’autres de Catalogne ou à l’inscrire dans un courant byzantin dont l’expression artistique aurait atteint son apogée avec le devant d’autel étudié ici. Cette œuvre a subi une restauration en 1954, elle fut de nouveau observée de manière détaillée en macroscopie, sous loupe binoculaire et radiographiée à l’occasion de cet article. Un relevé des méthodes d’exécution et des caractéristiques stylistiques a été établi ; le résultat de ces observations est détaillé ici. Néanmoins, des analyses scientifiques sont indispensables afin d’identifier les matériaux employés avec précision. À ce titre, si l’emploi de parchemin comme possible support principal est vérifié, le panneau d’Oreilla sera un cas tout à fait unique parmi les devants d’autel catalans. On ne connaît pas de réalisation à une telle échelle sur ce support privilégié des enlumineurs. Cette œuvre est le fruit d’un grand affinement esthétique, mais aussi d’une spectaculaire variété de décors en reliefs dorés. Les matériaux utilisés sont d’une richesse exceptionnelle, puisque près de 60 % de la surface de l’œuvre est couverte de feuille d’or et d’argent. Les très nombreuses incrustations présentes pourraient à l’origine
avoir été comblées par des pierres précieuses et/ou du verre coloré, si l’on se réfère aux imitations de rubis, d’émeraude et de saphirs sur les frises en relief. Des motifs floraux, proches de ceux présents sur le cadre, ont été observés sur une croix processionnelle en argent provenant de l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, également conservée dans l’église d’Oreilla. Des influences communes sont vraisemblablement à l’origine de ces créations bien que les supports soient différents. Tout ceci tend à renforcer l’idée d’un devant
d’autel exceptionnel et destiné à un édifice prestigieux.
Papers by Anne Leturque
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, 2015
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université Paris Descartes, 2014
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, 2015

Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université de Nantes, 2015
Le devant d’autel d’Oreilla fait partie de la liste du mobilier liturgique de l’église de Saint-M... more Le devant d’autel d’Oreilla fait partie de la liste du mobilier liturgique de l’église de Saint-Martin-du- Canigou dispersé lors de l’abandon du monastère par les moines en 1784 et hérité par l’église paroissiale de Sainte-Marie d’Oreilla. Beaucoup d’historiens de l’art ont cherché à créer des liens entre ce panneau et d’autres de Catalogne ou à l’inscrire dans un courant byzantin dont l’expression artistique aurait atteint son apogée avec le devant d’autel étudié ici. Cette œuvre a subi une restauration en 1954, elle fut de nouveau observée de manière détaillée en macroscopie, sous loupe binoculaire et radiographiée à l’occasion de cet article. Un relevé des méthodes d’exécution et des caractéristiques stylistiques a été établi ; le résultat de ces observations est détaillé ici. Néanmoins, des analyses scientifiques sont indispensables afin d’identifier les matériaux employés avec précision. À ce titre, si l’emploi de parchemin comme possible support principal est vérifié, le panneau d’Oreilla sera un cas tout à fait unique parmi les devants d’autel catalans. On ne connaît pas de réalisation à une telle échelle sur ce support privilégié des enlumineurs. Cette œuvre est le fruit d’un grand raffinement esthétique, mais aussi d’une spectaculaire variété de décors en reliefs dorés. Les matériaux utilisés sont d’une richesse exceptionnelle, puisque près de 60 % de la surface de l’œuvre est couverte de feuille d’or et d’argent. Les très nombreuses incrustations présentes pourraient à l’origine avoir été comblées par des pierres précieuses et/ou du verre coloré, si l’on se réfère aux imitations de rubis, d’émeraude et de saphirs sur les frises en relief. Des motifs floraux, proches de ceux présents sur le cadre, ont été observés sur une croix processionnelle en argent provenant de l’abbaye de Saint-Martin-du- Canigou, également conservée dans l’église d’Oreilla. Des influences communes sont vraisemblablement à l’origine de ces créations bien que les supports soient différents. Tout ceci tend à renforcer l’idée d’un devant d’autel exceptionnel et destiné à un édifice prestigieux.
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université de Nantes, 2017
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - memSIC, 2015
En 1953, Marcel Durliat, alors conservateur des Antiquités et Objets d’art des Pyrénées-Orientale... more En 1953, Marcel Durliat, alors conservateur des Antiquités et Objets d’art des Pyrénées-Orientales, découvre dans l’église Saint-Sauveur de Cases- noves, à Ille-sur-Tet, un décor peint exceptionnel. Entre le 22 mars et le 1 er avril 1954, les fresques furent arrachées des parois de l’église par Marcel Simon, antiquaire à Villeneuve-lès-Avignon, qui les dispersa illégalement. Plus de soixante-dix ans après, une restitution virtuelle en 3D du décor de cet édifice vient d’être réalisée par l’Institut Image, Arts et Métiers Paris- Tech, dans le cadre du programme de recherche factura initié par l’université Paul Valéry de Mont- pellier et la direction régionale des affaires cultu- relles du Languedoc-Roussillon.

Le Liber diversarum artium, seconde copie d'un traité de technologie artistique vraisemblable... more Le Liber diversarum artium, seconde copie d'un traité de technologie artistique vraisemblablement écrit dans les années 1350, est conservé à la Bibliothèque inter-universitaire de Médecine de Montpellier, dans un manuscrit du XVe siècle, le Ms H277 (vers 1470). Ce texte, par sa structure novatrice, les sources connues antérieures aux années 1300 qui l'alimentent, et leur diffusion, nous a autorisé à le mettre en regard d'œuvres peintes sur bois et sur mur des XIIe et XIIIe siècles conservées en Catalogne, comme nous aurions pu le faire avec n'importe quel autre corpus cohérent. Par le territoire « historique » qu'elle recouvre au Moyen Âge, par le nombre d'œuvres conservées et par leur grande variété esthétique et technique, la Catalogne répondait à cette cohérence. Les peintures retenues ont été envisagées du point de vue leur matérialité. La méthodologie développée pour l'aborder s'est articulée dans une dialectique constante entre le savoir écrit, ...
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université Paris Descartes, 2015
Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, 2016
Sensim per partes discuntur quaelibet artes… Chaque art s'apprend lentement, pas à pas… Mise en r... more Sensim per partes discuntur quaelibet artes… Chaque art s'apprend lentement, pas à pas… Mise en regard d'un savoir écrit sur l'art de peindre au Moyen Âge (le Liber diversarum artium-Ms H277-Bibliothèque inter-universitaire de Médecine-Montpellier) et d'un savoir-faire pratique (les oeuvres peintes sur murs et sur panneaux de bois en Catalogne aux XII e et XIII e siècles).
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, 2015

L'intérêt pour la matérialité des peintures médiévales peut s'éprouver à travers ... more L'intérêt pour la matérialité des peintures médiévales peut s'éprouver à travers l'étude des œuvres, l'expérimentation des techniques ou l'appui de sources écrites comme les traités de technologie artistique. Le Liber diversarum artium (Ms H277, Bibliothèque inter-universitaire de médecine de Montpellier), par exemple, permet d'éclairer tout un processus de formation du peintre médiéval entre le XIIe et le début du XIVe siècle, tant par la connaissance des matériaux et des techniques qu'il acquiert (mise en place de la composition picturale grâce à des outils, tracés ou dessins préparatoires, préparation des pigments et des liants, application de l'or et de l'argent, choix de la technique d'exécution, etc.), que dans son habileté à les mettre en oeuvre. Les modes opératoires développés couvrent un large spectre de savoirs et de savoirs-faire, démontrant que la réalisation d'un décor peint ne s'improvise pas. Les peintures murales catalanes du XIIe siècle, et plus spécifiquement le décor de Saint-Martin-de-Fenollar, illustre ce propos.
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de mille couleurs. La polychromie d’une façade ornée de sculptures peut être totale comme à Poitiers, ou partielle comme à Moissac, voire inexistante comme sur les monuments pisans (R ossi 2002). Néanmoins, si l’étude de la polychromie constitue un support technique pour la conservation et la restauration de l’œuvre, elle doit également être un support archéologique pour l’approfondissement de nos connaissances sur l’histoire des techniques – la mise en œuvre de la peinture
médiévale – et l’histoire de l’art, en nous permettant de redécouvrir la sculpture médiévale avec sa polychromie.
concentre ensuite entièrement à l'étude d'une technique spécifique : la deauratio facilis, feuille d'étain sur laquelle on applique un vernis doré. Ce procédé, destiné à « imiter » l'or, fut très employé aux XII e et XIII e siècles en Catalogne sur de nombreux panneaux de bois peints destinés à mettre en valeur les autels. Cependant, la composition exacte de ces vernis n'a encore jamais été mise en évidence. L'expérimentation et les questionnements qui en découlent peuvent nous aider à mieux comprendre cet usage, notamment sur les charpentes peintes.
When they arrived on site, each painter was expected to be familiar with the tasks involved. The tools needed to carry out the work, preliminary tasks such as setting up a scaffold, plastering the wall in preparation for painting (unless these chores had already been done by masons), laying out the pictorial composition using tracings or preparatory drawings, preparing pigments and binders, choosing the appropriate application technique, are all steps necessary to executing the decoration itself. Supported by texts and observations of Catalan murals, the procedures used by medieval painters are thus seen to cover a broad spectrum of knowledge and know-how, providing a different assessment of the impact of their work in the process of creating Medieval painted ensembles.
découvre dans l’église de Casesnoves ce qui alors semblait être le plus ancien ensemble de peintures murales
connu dans la région. Il est accompagné par un photographe du conseil général, Paul Jauzac, qui réalise les
seules photographies existantes des peintures en place. Elle conservait alors d’importants vestiges dans
l’abside, le transept et du chœur. Entre le 22 mars et le 1 er avril 1954, les fresques sont arrachées des parois
de l’église par Marcel Simon (antiquaire à Villeneuve-lès-Avignon) qui les disperse illégalement. Déchaînant
les passions, les peintures de Casesnoves vont donner lieu à une longue historiographie. L’histoire tapageuse
qui entoure les peintures a souvent été mise en avant au détriment de la qualité des peintures elles-mêmes.
Pourtant, l’étude formelle de celles-ci nous amène à renouveler notre regard et à mesurer l’importance de
ces vestiges pour l’histoire de l’art, traduisant l’évolution des pratiques picturales en Roussillon. Les rappro-
chements effectués avec certaines caractéristiques venues de l’enluminure, de la peinture sur bois et de la
culture monastique — avec une lecture renouvelée des inscriptions — sont des pistes que nous dévelop-
perons ici. Nous soulignerons aussi la cohérence de son programme iconographique centré sur l’Incarnation
et la Passion du Christ. Les décors sont maintenant répartis entre trois lieux. La majeure partie se trouve
à l’Hospice d’Ile-sur-Têt, quelques fragments d’inscription sont encore dans la chapelle elle-même et deux
panneaux sont conservés à la fondation Abegg en Suisse. La reconstitution virtuelle en 3D de la chapelle et
de ses peintures représente aujourd’hui un challenge intéressant permettant de montrer à un large public
l’aspect originel des décors intérieurs de cet édifice relativement peu connu.
l’exemple des peintures de l’église de Saint-Martin-e-Fenollar (Pyrénées-Orientales) semble tout à fait représentatif. Elles ont été très étudiées, la bibliographie les concernant est importante et des historiens de l’art prestigieux se sont penchés sur leur cas. Afin de situer ce décor et de le dater, des analyses icono-graphiques et stylistiques, des postures et des jalons divers ont été pris. Nous retenons pour notre part la datation des peintures de Saint-Martin-de-Fenollar du second quart du xii e siècle et nous les considérons comme contemporaines de celles des Cluses-Hautes, peut-être de celles de Casesnoves, voire également de Saint-Génis-des-Fontaines. Sur un autre ordre d’idées, les liens qui unissent Arles-sur-Tech à Fenollar nous poussent à les adosser aux quatre autres ensembles peints, même si nous les pensons plus tardives car en lien avec la consécration de 1157 de l’abbaye Sainte-Marie. Outre la question de la datation, celle des sources où le peintre de Fenollar a pu puiser des éléments de son décor est également à prendre en compte. Ces considérations d’ordres iconographique et stylistique auxquelles s’ajoutent des observations d’ordre technique nous amènent à soulever des questionnements quant aux futurs prélèvements et analyses à effectuer
sur ce site comme sur d’autres.
avoir été comblées par des pierres précieuses et/ou du verre coloré, si l’on se réfère aux imitations de rubis, d’émeraude et de saphirs sur les frises en relief. Des motifs floraux, proches de ceux présents sur le cadre, ont été observés sur une croix processionnelle en argent provenant de l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, également conservée dans l’église d’Oreilla. Des influences communes sont vraisemblablement à l’origine de ces créations bien que les supports soient différents. Tout ceci tend à renforcer l’idée d’un devant
d’autel exceptionnel et destiné à un édifice prestigieux.
Papers by Anne Leturque
de mille couleurs. La polychromie d’une façade ornée de sculptures peut être totale comme à Poitiers, ou partielle comme à Moissac, voire inexistante comme sur les monuments pisans (R ossi 2002). Néanmoins, si l’étude de la polychromie constitue un support technique pour la conservation et la restauration de l’œuvre, elle doit également être un support archéologique pour l’approfondissement de nos connaissances sur l’histoire des techniques – la mise en œuvre de la peinture
médiévale – et l’histoire de l’art, en nous permettant de redécouvrir la sculpture médiévale avec sa polychromie.
concentre ensuite entièrement à l'étude d'une technique spécifique : la deauratio facilis, feuille d'étain sur laquelle on applique un vernis doré. Ce procédé, destiné à « imiter » l'or, fut très employé aux XII e et XIII e siècles en Catalogne sur de nombreux panneaux de bois peints destinés à mettre en valeur les autels. Cependant, la composition exacte de ces vernis n'a encore jamais été mise en évidence. L'expérimentation et les questionnements qui en découlent peuvent nous aider à mieux comprendre cet usage, notamment sur les charpentes peintes.
When they arrived on site, each painter was expected to be familiar with the tasks involved. The tools needed to carry out the work, preliminary tasks such as setting up a scaffold, plastering the wall in preparation for painting (unless these chores had already been done by masons), laying out the pictorial composition using tracings or preparatory drawings, preparing pigments and binders, choosing the appropriate application technique, are all steps necessary to executing the decoration itself. Supported by texts and observations of Catalan murals, the procedures used by medieval painters are thus seen to cover a broad spectrum of knowledge and know-how, providing a different assessment of the impact of their work in the process of creating Medieval painted ensembles.
découvre dans l’église de Casesnoves ce qui alors semblait être le plus ancien ensemble de peintures murales
connu dans la région. Il est accompagné par un photographe du conseil général, Paul Jauzac, qui réalise les
seules photographies existantes des peintures en place. Elle conservait alors d’importants vestiges dans
l’abside, le transept et du chœur. Entre le 22 mars et le 1 er avril 1954, les fresques sont arrachées des parois
de l’église par Marcel Simon (antiquaire à Villeneuve-lès-Avignon) qui les disperse illégalement. Déchaînant
les passions, les peintures de Casesnoves vont donner lieu à une longue historiographie. L’histoire tapageuse
qui entoure les peintures a souvent été mise en avant au détriment de la qualité des peintures elles-mêmes.
Pourtant, l’étude formelle de celles-ci nous amène à renouveler notre regard et à mesurer l’importance de
ces vestiges pour l’histoire de l’art, traduisant l’évolution des pratiques picturales en Roussillon. Les rappro-
chements effectués avec certaines caractéristiques venues de l’enluminure, de la peinture sur bois et de la
culture monastique — avec une lecture renouvelée des inscriptions — sont des pistes que nous dévelop-
perons ici. Nous soulignerons aussi la cohérence de son programme iconographique centré sur l’Incarnation
et la Passion du Christ. Les décors sont maintenant répartis entre trois lieux. La majeure partie se trouve
à l’Hospice d’Ile-sur-Têt, quelques fragments d’inscription sont encore dans la chapelle elle-même et deux
panneaux sont conservés à la fondation Abegg en Suisse. La reconstitution virtuelle en 3D de la chapelle et
de ses peintures représente aujourd’hui un challenge intéressant permettant de montrer à un large public
l’aspect originel des décors intérieurs de cet édifice relativement peu connu.
l’exemple des peintures de l’église de Saint-Martin-e-Fenollar (Pyrénées-Orientales) semble tout à fait représentatif. Elles ont été très étudiées, la bibliographie les concernant est importante et des historiens de l’art prestigieux se sont penchés sur leur cas. Afin de situer ce décor et de le dater, des analyses icono-graphiques et stylistiques, des postures et des jalons divers ont été pris. Nous retenons pour notre part la datation des peintures de Saint-Martin-de-Fenollar du second quart du xii e siècle et nous les considérons comme contemporaines de celles des Cluses-Hautes, peut-être de celles de Casesnoves, voire également de Saint-Génis-des-Fontaines. Sur un autre ordre d’idées, les liens qui unissent Arles-sur-Tech à Fenollar nous poussent à les adosser aux quatre autres ensembles peints, même si nous les pensons plus tardives car en lien avec la consécration de 1157 de l’abbaye Sainte-Marie. Outre la question de la datation, celle des sources où le peintre de Fenollar a pu puiser des éléments de son décor est également à prendre en compte. Ces considérations d’ordres iconographique et stylistique auxquelles s’ajoutent des observations d’ordre technique nous amènent à soulever des questionnements quant aux futurs prélèvements et analyses à effectuer
sur ce site comme sur d’autres.
avoir été comblées par des pierres précieuses et/ou du verre coloré, si l’on se réfère aux imitations de rubis, d’émeraude et de saphirs sur les frises en relief. Des motifs floraux, proches de ceux présents sur le cadre, ont été observés sur une croix processionnelle en argent provenant de l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, également conservée dans l’église d’Oreilla. Des influences communes sont vraisemblablement à l’origine de ces créations bien que les supports soient différents. Tout ceci tend à renforcer l’idée d’un devant
d’autel exceptionnel et destiné à un édifice prestigieux.
L'ancienne église abbatiale de Saint-André de Sorède abrite une peinture murale déposée en 1955, et représentant une Crucifixion. Cette dernière est datée de la première moitié du XIIe siècle. Elle s'étendait originellement
entre la porte donnant sur le cloître disparu de l'ancienne abbaye, et le mur septentrional de la nef. Ce vestige se place à la fois dans un contexte de création local – quelques douze ensembles peints sont encore conservés dans le département des Pyrénées-Orientales –, et celui plus large de la production catalane. Cette conférence est l'occasion de dresser un panorama de cet art monumental parvenu jusqu'à nous – en prenant appui sur quelques exemples représentatifs du département –, et d'aborder l'actualité de la recherche dans ce domaine.
Journées romanes, Saint-Michel de Cuxa (France), july 6-11th, 2015. Mural painting in Romanesque period. 15 international top speakers. Visits in Roussillon, Catalonia and Andorra.
Diades romàniques 2015, Sant Miquel de Cuixà. 6-11 juliol. La pintura mural en l'època romànica. 15 ponents internacionals. Visites a Rosselló, Catalunya, Andorra.
L'intérêt pour les techniques picturales médiévales peut s'éprouver à travers l'étude des œuvres et leur observation technique, par l'expérimentation des techniques elles-mêmes mais aussi par l'appui des sources écrites telles que les actes de la pratique et pour ce qui nous intéresse ici, les réceptaires.
Mark Clarke a publié en mai 2011 une nouvelle transcription du texte original du Liber Diversarum Artium que nous avons choisi comme outils central de notre thèse. Cette publication inattendue quelques mois après le commencement de notre recherche nous a finalement autorisé à produire un travail qui s'attache à des aspects différents de ceux proposés dans cette approche philologique plus classique. Ainsi, nous avons fait le choix de baser notre réflexion sur l'analyse des modes opératoires développés dans le traité. Nous n'avons pas laissé de côté la traduction du texte, l'analyse matérielle du manuscrit et sa datation mais nous ne souhaitons pas en faire le propos central de notre démarche.
L'information contenue dans le Liber de Montpellier peut être organisée selon cinq grands principes que suit le peintre pour pouvoir exécuter sa peinture : le dessin, la fabrication des couleurs, leur mélange, l'emploi des couleurs dans la peinture, la décoration avec l'or et l'argent. A ce modus operandi s'ajoute le souci de la qualité du support, de sa préparation, les précautions indispensables à la mise en œuvre de la matière et les outils. Aussi, l'étude du texte développera chacun de ces aspects. L'expérimentation de certaines recettes et la comparaison avec des œuvres médiévales conservées permettront de mesurer la distance qui unit et sépare la théorie de la pratique. Avec ce travail d'analyse de la technique, nous espérons contribuer à une réflexion plus large, s'attardant sur les compétences développées par le peintre médiéval.