Books by Jean-Michel Wittmann
La question de l’identité traverse l’oeuvre d’André Gide. Pour ce lecteur et ce voyageur infatiga... more La question de l’identité traverse l’oeuvre d’André Gide. Pour ce lecteur et ce voyageur infatigables, l’écriture ne constitue pas seulement le moyen de redéfinir sa propre identité : elle est aussi le lieu d’une incessante réflexion sur l’interaction entre la singularité individuelle et l’identité collective.

Gide symboliste ? Chacun connaît son ambition, révélée à Paul Valéry en 1891, de devenir le champ... more Gide symboliste ? Chacun connaît son ambition, révélée à Paul Valéry en 1891, de devenir le champion du roman symboliste, l'égal de Mallarmé pour la poésie et de Maeterlinck pour le théâtre. Mais la « désertion » de cet « éternel pseudo quelque chose » est plus féconde que l'adhésion enthousiaste : l'écriture gidienne, dans ce qu'elle a de plus original, est façonnée par la confrontation aux idéaux littéraires de son temps. Étroitement déterminées par la situation complexuelle de leur créateur et cependant très représentatives de la littérature « fin de siècle », ses premières oeuvres posent la question de savoir comment un jeune écrivain peut recevoir et modifier les représentations de la littérature propre à une époque. Mais cette question générale conduit à cerner les choix qui définissent la singularité d'une écriture. Comparer les idéaux d'une génération aux options particulières de Gide met en évidence les processus divers par lesquels la réflexion éthique confère à son écriture une forme de légitimité. À travers les « postures » que le jeune écrivain est amené à « manifester » se lit l'invention de la sotie et l'affirmation de cette « plaisanterie particulière » que tout artiste véritable doit découvrir en lui, selon Gide.
(avec P. Masson) Paris, Presses Universitaires de France, coll. « CNED », 2012.
Sous la direction de Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann De Verlaine à Sartre en passant par Va... more Sous la direction de Pierre Masson et Jean-Michel Wittmann De Verlaine à Sartre en passant par Valéry, Mallarmé, Claudel, Proust, Martin du Gard, Giono, Malraux…, André Gide (1869-1951) a fréquenté tout ce que son siècle a compté d'important dans la littérature française et même européenne. Il a construit une oeuvre littéraire majeure sans négliger aucune des grandes questions de son temps, éthiques ou esthétiques. Thèmes, oeuvres, lectures, amis et adversaires : à travers l'exploration d'une pensée et d'une oeuvre, c'est à une traversée du e siècle que convie un Dictionnaire Gide.

Vouée à intégrer des éléments annexes et hétérogènes, la biographie emprunte ses modalités narrat... more Vouée à intégrer des éléments annexes et hétérogènes, la biographie emprunte ses modalités narratives à différents types de récit. Comme telle, elle apparaît définie paradoxalement par sa plasticité et par son hybridité, ces deux caractéristiques pouvant expliquer aussi bien la difficulté à la définir rigoureusement que sa faible légitimité. Et cependant, cette plasticité même participe de la vitalité de la biographie, qui se réinvente constamment, en se subordonnant à d’autres genres ou, à l’inverse, en annexant d’autres genres. Parmi ceux-ci, le roman occupe une place particulière, comme en témoigne exemplairement la vogue actuelle de la fiction biographique. Consacré aux rapports entre la biographie et le roman depuis la fin du XIXe siècle, ce volume collectif propose un panorama qui conduit de la volonté de régénérer le roman en se tournant vers la biographie, incarnée par les Goncourt ou par Huysmans, jusqu’aux fictions biographiques de Michon ou d’Echenoz.

(quatrième de couverture)
L’amoralité de la littérature est souvent dénoncée par les institutio... more (quatrième de couverture)
L’amoralité de la littérature est souvent dénoncée par les institutions qui sont les dépositaires, sinon les garants des valeurs morales usage dans une société donnée. Mais dans le même temps, à la fois parce que l’écriture comporte presque nécessairement une interrogation sur sa finalité et parce que l’écrivain énonce souvent et respecte toujours des règles qui en définissent la seule forme légitime à ses yeux, la création littéraire apparaît comme une activité proprement éthique. Plus ou moins visible suivant les époques et suivant les écrivains, la quête d’un point d’équilibre entre ces deux principes, le refus de la morale et l’exigence éthique, parfois difficile à atteindre, apparaît comme une donnée importante de la littérature des XIXe et XXe siècles. Installés sur une sorte de fil du rasoir entre l’amoralité et l’exigence éthique, les écrivains modernes et contemporains semblent condamnés à rechercher un pôle d’équilibre, à l’intérieur même de l’œuvre : ils sont par là même voués à définir et à justifier une pratique singulière de l’écriture, sinon une conception originale de la littérature. (J.-M. Wittmann)

" Le Roman de l'énergie nationale, dont Les Déracinés forment la première partie, sera sans doute... more " Le Roman de l'énergie nationale, dont Les Déracinés forment la première partie, sera sans doute l'ouvrage le plus important de la littérature française depuis vingt-cinq ans, non seulement par le talent, mais par la volonté, la portée, l'étendue. " : né du besoin de dépasser Balzac qui, " enfin, a vieilli " (Barrès) et du souci de mettre en scène " ces mêmes idées qui circulent dans notre société, dans nos coteries, dans la rue, et qui font des héros, des fous, des criminels, parmi nos contemporains ", caisse de résonance des débats du temps et miroir tendu à la littérature d'une époque portée à imaginer la décadence dans le roman, roman à idées voué ouvertement à l'analyse et à la célébration de " l'énergie nationale " et cependant conçu comme l'aboutissement d'un projet égotiste de construction de soi, tel est ce livre peut-être inabouti, parce que terriblement ambitieux, ainsi salué par Léon Blum à sa parution. (quatrième de couverture)
Papers by Jean-Michel Wittmann
Le roman somme d'André Gide

Études de lettres
Au moment de concevoir son Roman de l' énergie nationale, Barrès affirme l'ambition de « créer de... more Au moment de concevoir son Roman de l' énergie nationale, Barrès affirme l'ambition de « créer des types », après Balzac mais aussi contre Balzac. Il se révèle pratiquement obsédé par cette notion de type qui, en tant qu'alliance entre l'individuel et le typique, renvoie au sujet du roman : le déracinement, c'est-à-dire la tension entre l'individu et la collectivité. Il fait cependant un usage singulier du type, opérant de fait une dissolution de l'individualité dans la généralité. Le traitement barrésien du type, qui reflète son rejet du narratif et son goût pour le roman d'idées, en s'éloignant radicalement du roman balzacien, contribue ainsi à figer l'univers romanesque de Barrès, tout en traduisant paradoxalement l'inquiétude du romancier, hanté par la peur du délitement et de la dissolution, individuelle ou collective. 1. M. Barrès, Examen des trois romans idéologiques, in Romans et voyages, p. 15.
Revue Italienne d'Etudes Françaises, 2017
En s’appuyant notamment sur les propositions de Klaus Theweleit (Männerphantasien / Fantasmâlgori... more En s’appuyant notamment sur les propositions de Klaus Theweleit (Männerphantasien / Fantasmâlgories) et d’Uri Eisenzweig, cet article propose une réflexion sur l’expression littéraire du fascisme (ou du proto-fascisme) à partir de la première trilogie romanesque de Maurice Barrès, Le Culte du Moi, antérieure à son engagement nationaliste. Dans ces romans dont le contenu est psychologique et moral se construit un ensemble cohérent d’images et de représentations qui expriment toutes une hantise du corps fragmenté, qui apparaît caractéristique du rapport au monde et aux autres typiques de l’imaginaire fasciste défini par Theweleit.
Pour une (petite) part, il est permis de considérer Gide comme un héritier de Tocqueville ou, du ... more Pour une (petite) part, il est permis de considérer Gide comme un héritier de Tocqueville ou, du moins, comme un écrivain intégrant les réflexions de ce dernier à sa propre réflexion sur le rapport entre l’état social et les mœurs. En faisant référence à Tocqueville, Gide renvoie pourtant moins à un modèle qu’il ne fournit à son lecteur un instrument propre à éclairer ses propres idées par le prisme indirect d’une œuvre extérieure : le caractère opératoire de cette référence n’est sans doute pas tant à chercher du côté de la production du texte que du côté de sa réception, de l’interprétation qu’en peut faire le lecteur.
Uploads
Books by Jean-Michel Wittmann
L’amoralité de la littérature est souvent dénoncée par les institutions qui sont les dépositaires, sinon les garants des valeurs morales usage dans une société donnée. Mais dans le même temps, à la fois parce que l’écriture comporte presque nécessairement une interrogation sur sa finalité et parce que l’écrivain énonce souvent et respecte toujours des règles qui en définissent la seule forme légitime à ses yeux, la création littéraire apparaît comme une activité proprement éthique. Plus ou moins visible suivant les époques et suivant les écrivains, la quête d’un point d’équilibre entre ces deux principes, le refus de la morale et l’exigence éthique, parfois difficile à atteindre, apparaît comme une donnée importante de la littérature des XIXe et XXe siècles. Installés sur une sorte de fil du rasoir entre l’amoralité et l’exigence éthique, les écrivains modernes et contemporains semblent condamnés à rechercher un pôle d’équilibre, à l’intérieur même de l’œuvre : ils sont par là même voués à définir et à justifier une pratique singulière de l’écriture, sinon une conception originale de la littérature. (J.-M. Wittmann)
Papers by Jean-Michel Wittmann
L’amoralité de la littérature est souvent dénoncée par les institutions qui sont les dépositaires, sinon les garants des valeurs morales usage dans une société donnée. Mais dans le même temps, à la fois parce que l’écriture comporte presque nécessairement une interrogation sur sa finalité et parce que l’écrivain énonce souvent et respecte toujours des règles qui en définissent la seule forme légitime à ses yeux, la création littéraire apparaît comme une activité proprement éthique. Plus ou moins visible suivant les époques et suivant les écrivains, la quête d’un point d’équilibre entre ces deux principes, le refus de la morale et l’exigence éthique, parfois difficile à atteindre, apparaît comme une donnée importante de la littérature des XIXe et XXe siècles. Installés sur une sorte de fil du rasoir entre l’amoralité et l’exigence éthique, les écrivains modernes et contemporains semblent condamnés à rechercher un pôle d’équilibre, à l’intérieur même de l’œuvre : ils sont par là même voués à définir et à justifier une pratique singulière de l’écriture, sinon une conception originale de la littérature. (J.-M. Wittmann)
Par-delà le caractère stéréotypé des situations et des personnages mis en scène dans Isabelle (1911), ce récit d’André Gide est en réalité « ironique » et « critique ». S’il propose une réflexion sur la nature du roman, Gide s’interroge surtout sur la possibilité de devenir romancier sans déroger à un idéal littéraire qui ne saurait s’accommoder d’un plat réalisme. Il récuse la figure de l’historien pour valoriser celle du poète, qui réinvente la réalité pour mieux la révéler et trouve en lui-même la clef du monde, dans une perspective idéaliste : le poète est le véritable modèle proposé à l’apprenti romancier mis en scène dans le récit, sommé de rester un artiste.