Journal articles by Doris Buu-Sao

Politix, 2023
Cet article analyse la place des inerties sociales, économiques et environnementales dans le reno... more Cet article analyse la place des inerties sociales, économiques et environnementales dans le renouveau industriel induit par la « transition énergétique » contemporaine. Pour cela, il s’appuie sur la comparaison de deux terrains : la réouverture d’une mine de cuivre en Andalousie et l’implantation massive d’éoliennes dans le nord de la France. L’analyse localisée des trajectoires industrielles dans ces deux régions montre d’une part comment se construisent sur le temps long des zones de sacrifice propices au renouveau industriel dans lesquelles les nouvelles dégradations environnementales s’intègrent parmi les dégâts du passé. D’autre part, l’article décrit comment l’extraction de nouvelles ressources minières ou renouvelables se spatialise différemment dans ces territoires dédiés à l’industrie. Il montre enfin la centralité du travail dans l’adhésion ou le rejet de ces nouvelles activités industrielles de « transition ».

Anthropological Quarterly, 2024
Drawing on discourses on "sustainable," "green" or "climate-smart" mining, public and private act... more Drawing on discourses on "sustainable," "green" or "climate-smart" mining, public and private actors in the sector are justifying the (re)opening of metal mines in certain rural areas of Europe. Andalusia, a Southern region of Spain, is a pioneer territory in this regard. In this region, mining revival is framed as a paradoxical remedy to the current economic but also ecological crisis, despite the regional history of mining environmental disasters and deep social crisis caused by economic bubbles. How are the new mines made desirable in a context where the local economic, social, and environmental history could jeopardize these projects? The article explores mining revival in Andalusia, from urban centers to mining installations, approaching this process as a combination of promises and material practices. It analyzes the multiple expectations and activities supporting mining redeployment, both from above and from below. Ethnography helps to unpack the plurality of the social conditions that enable the materialization of extractive promises as industrial activities: beyond the top-down imposition of these activities, the article argues that it hinges on the local expectations of the people on the frontline of extraction. At the same time, these expectations are partly shaped by corporate and public policy. People's hopes can thus be thought of as being "mined": aspirations, desires, and anxieties are extracted from societies and processed through media discourses, political speeches, and corporate practices. However, just like ores can oppose physical resistance to extraction due to their biophysical characteristics, so too can local aspirations and hopes come into conflict with the reality of mining.
Ecologie & Politique, 2024
L’introduction de ce dossier expose l’intérêt heuristique de penser conjointement le verdissement... more L’introduction de ce dossier expose l’intérêt heuristique de penser conjointement le verdissement de l’extraction minière et l’implantation d’installations de production d’énergie renouvelable. Cette comparaison permet de discuter le concept d’« extractivisme vert » et d’interroger, au-delà des discours, les changements qu’introduit la « transition énergétique ». Pour cela, nous adoptons une démarche au ras du sol, au plus près des pratiques des acteurs et de la matérialité des processus productifs. Ce faisant, cette introduction présente les trois axes qui structurent le dossier : d’abord, l’analyse localisée des discours de transition, ensuite, l’articulation entre action publique et action privée, et enfin, l’étude des dynamiques d’accumulation du capital et des nuisances industrielles à l’heure de l’impératif de « transition écologique ».

Cultures & conflits, 2024
À l’heure des discours sur les besoins en métaux de la transition énergétique, les entreprises mi... more À l’heure des discours sur les besoins en métaux de la transition énergétique, les entreprises minières prétendent être d’incontournables alliées de la lutte contre le changement climatique. Elles se présentent comme des entreprises soucieuses de la préservation des écosystèmes, de la prévention des risques professionnels et du développement économique des territoires d’implantation. La mine andalouse de Rio Tinto, qui a recommencé à produire du cuivre en 2015, est emblématique de ce tournant. Au-delà des discours de façade sur la « mine durable », l’ethnographie de la mine de Rio Tinto donne à voir les transformations à l’œuvre, notamment concernant la fragmentation et l’individualisation des conditions de travail, parallèlement à l’affaiblissement des structures syndicales. Dans ce contexte, l’article analyse comment l’encadrement des formes d’engagement au travail qui accompagne les promesses de « mine durable » alimente des logiques de (dé)mobilisation oscillant entre l’allégeance et la résistance.

Gouvernance, 2021
Since the end of the 2000s, about thirty new metallic mining projects were born, in contradiction... more Since the end of the 2000s, about thirty new metallic mining projects were born, in contradiction with the shift of mining investments towards the Global South. Andalusia is at the forefront of this mining reactivation process with seven new metallic mines and other projects about to start. Such projects benefit from the support of public authorities at the regional, national and European scales ever since the European Commission presented the Raw Material Initiative, in 2008. How can mining extraction appear as a solution in a context of economic, social and environmental crisis ? As a first step, this article develops an answer based on the study of institutional discourses of mining renewal. From the European Union to Andalusia, it shows how the labour of conviction, which can be observed in the public discourse, produces a consensual statement, through which the ‘solution’ of mining renewal incorporates heterogeneous motives and relies on wording that aim to neutralize contradictions. The stabilisation of the mining renewal statement then generates alliances between public and private actors around two policy objectives. First, the statement promotes a policy of knowledge that supports the undergrounds exploitation. Second, holding the states responsible for the under-exploitation of European raw materials leads to a second objective, which is to incorporate the mining imperative to undergrounds policy.

Critique internationale, 2021
Alors que les conflits environnementaux d’Amérique latine semblent éprouver frontalement les pouv... more Alors que les conflits environnementaux d’Amérique latine semblent éprouver frontalement les pouvoirs publics, l’observation des terrains extractifs laisse entrevoir des processus plus ambivalents. À partir d’une ethnographie menée aux abords du plus ancien site pétrolier d’Amazonie péruvienne, j’explore les liens entre l’exploitation des sous-sols d’une nation, les contestations qu’elle suscite et la formation de l’État. Je développe ainsi une analyse par le bas des modes de gouvernement et des contestations qui se déploient autour de l’exploitation de la nature, en tant que processus qui influent sur la production d’un ordre politique national. Je montre tout d’abord comment, sur le temps long de l’histoire amazonienne, l’exploitation des ressources naturelles a été un instrument au service du contrôle exercé sur le territoire. Je reviens ensuite sur la contribution du développement de l’industrie pétrolière au gouvernement des populations amazoniennes depuis les années 1970. Enfin, je m’intéresse aux habitant·es confronté·es à l’industrie pétrolière qui, en se mobilisant face à l’État, contribuent à consolider sa légitimité et son assise territoriale aux frontières du pays.

Politix, 2020
La rencontre des peuples autochtones avec des entreprises minières ou pétrolières est souvent app... more La rencontre des peuples autochtones avec des entreprises minières ou pétrolières est souvent appréhendée au prisme de la confrontation. Si la fréquence des contestations est indéniable, notamment en Amérique latine, les interactions nées de l’implantation d’industries extractives en milieu rural ne se réduisent pas à l’opposition frontale : parce qu’elles s’ancrent nécessairement dans des espaces où elles doivent composer avec leur entourage social, ces industries donnent souvent lieu à des interactions plus routinières et pacifiées, porteuses de profonds changements. C’est ce qu’étudie cet article, qui s’appuie sur une enquête ethnographique menée au Pérou, dans des villages autochtones de l’Amazonie confrontés au développement d’un site pétrolier emblématique de la région. Il analyse comment cette industrie extractive ancrée localement contribue à la normalisation d’une société frontalière. Tenant compte du caractère relationnel des interactions qui se jouent aux abords des sites extractifs, il appréhende cette topographie politique comme un « espace pétrolier » où se jouent des transformations profondes mais ambivalentes, qu’il s’agisse de l’importation de la discipline salariale dans les pratiques productives, de la restructuration hiérarchisée du collectif villageois, ou de l’inscription dans l’ordre territorial national propice à une certaine marchandisation du foncier amazonien.

Politix, 2020
Cet article porte sur l’ethnicisation des luttes environnementales face aux politiques extractive... more Cet article porte sur l’ethnicisation des luttes environnementales face aux politiques extractives au Pérou. Si la revendication d’une identité « indigène » dans ces mobilisations est bien connue, elle est rarement vue comme étant contrainte par les pouvoirs publics et les catégories dominantes de l’ethnicité qui en résultent. Par ailleurs, les processus d’ethnicisation ne doivent pas occulter les clivages internes aux groupes mobilisés. L’ethnographie des abords du plus ancien lot pétrolier de l’Amazonie péruvienne permet de saisir l’ambivalente influence de la racialisation de l’action publique sur les processus de mobilisation. L’article replace d’abord le développement de l’industrie pétrolière dans l’histoire régionale, simultanément marquée par des politiques extractives et par la racialisation d’une partie de sa population – dès lors confrontée au « racisme environnemental » dans la mesure où, en tant que minorisée, elle est particulièrement exposée à la toxicité de l’industrie pétrolière. L’article revient ensuite sur la construction, dans les mobilisations, d’une image sociale ethnique unifiée et sur la trajectoire de leaders disposé·es à s’approprier la catégorie d’« indigène » dans une perspective contestataire. Il étudie finalement, depuis l’espace villageois, la pluralité d’appartenances sociales et le processus d’ethnicisation des divergences ; celui-ci est propice à l’émergence de porte-parole en concurrence avec les leaders contestataires pour la représentation des populations locales face aux politiques extractives.

Politix, 2020
Comment visibiliser le rôle des institutions étatiques, y compris quand elles sont républicaines ... more Comment visibiliser le rôle des institutions étatiques, y compris quand elles sont républicaines et color-blind, dans la production des catégorisations raciales ? Comment rendre compte des capacités créatrices voire contestatrices des personnes et groupes minorisé·es dans ces processus ? Dans cette introduction de dossier, nous déplions les liens entre action publique et racialisation : nous nous appuyons sur des définitions constructivistes des concepts de racialisation et de racisme institutionnel, qui allient l’analyse des structures discursives du racisme avec celle de leurs reformulations constantes, en situation, lors des interactions entre personnes minorisées et issu.es des majorités. Puis nous proposons une revue de littérature de travaux francophones qui ont abordé la question raciale en sociologie de l’action publique. Beaucoup de ces auteur·rices mobilisent la notion de discrimination et proposent une démonstration statistique. Nous nous référons ici plutôt à la racialisation comme un processus de catégorisation façonné par des rapports de pouvoir entre majorité et minorités, qu’il contribue à transformer en retour. Notre approche est étayée par l’ethnographie. Nous avons choisi un positionnement particulier pour ce dossier, auprès d’intermédiaires entre l’État et les publics minorisés racialement. Ce choix permet d’ouvrir le regard sur les capacités des personnes minorisées à co-produire, reformuler ou contester l’ordre social raciste.

International Political Sociology, 2020
This paper analyzes the transformations induced by Corporate Social Responsibility (CSR) in the e... more This paper analyzes the transformations induced by Corporate Social Responsibility (CSR) in the extractive sector, through an ethnographic study of villages neighboring an oil-drilling site in the Peruvian Amazon. It examines the materialization of a specific CSR device—the communal enterprise—which involves the majority of village members in the extractive industry as workers, owners, and managers of a subcontractor that provides services to the oil company. The paper highlights the importance of work and socialization to assess the transformative power of this original CSR device. After an opening section on how to study extractive governmentality “at work,” the paper presents a genealogy of the communal enterprise. It then examines how communal enterprises tend to transform indigenous inhabitants into workers and entrepreneurs and thereby impact the everyday organization of the entire community. By examining the ways residents adopt these social technologies, the paper shows how the partial normalization of individual bodies and collective organization induced by CSR technologies is an ambivalent mix resulting from a process of mutual appropriation between the industrial milieu and the villages. In doing so, it contributes to governmentality studies related to extractive capitalism, corporate strategies for disciplining dissent, and the social transformations they generate locally.
Cet article analyse les transformations induites par la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans le secteur de l'extraction par le biais d'une étude ethnographique des villages voisins d'un site de forage pétrolier d'Amazonie péruvienne. Il examine la matérialisation d'un dispositif de RSE spécifique : une entreprise communautaire qui implique la majorité des villageois dans l'industrie de l'extraction en tant que travailleurs, propriétaires et gérants d'un sous-traitant fournissant des services à la compagnie pétrolière. Cet article souligne l'importance du travail et de la socialisation pour évaluer le pouvoir de transformation de ce dispositif de RSE original. Après une section introductive portant sur la façon d’étudier la gouvernementalité de l'extraction « au travail », cet article présente une généalogie de l'entreprise communautaire. Il examine ensuite la manière dont les entreprises communautaires tendent à transformer les habitants indigènes en travailleurs et en entrepreneurs et ainsi à impacter l'organisation quotidienne de l'ensemble de la communauté. Cet article montre en quoi la normalisation partielle des corps individuels et de l'organisation collective induite par les techniques de RSE est un mélange ambivalent résultant d'un processus d'appropriation mutuelle entre le milieu industriel et les villages en examinant la façon dont les habitants adoptent ces techniques sociales. Ce faisant, il contribue aux études de gouvernementalité liées au capitalisme de l'extraction, aux stratégies mises en œuvre par les entreprises pour discipliner la dissidence et aux transformations sociales qu'elles génèrent localement.
En este artículo se analizan las transformaciones impulsadas por la responsabilidad social corporativa (RSC) en el sector de la extracción mediante un estudio etnográfico de las aldeas que se encuentran cerca de un sitio de extracción de petróleo en la Amazonía peruana. También se examina la materialización de un método específico de RSC, la empresa comunal, en la que la mayoría de los miembros de la aldea participan en la industria como trabajadores, propietarios y administradores de un subcontratista que presta servicios a la compañía petrolera. Además, se destaca la importancia del trabajo y la socialización para evaluar el poder de transformación de este método original de RSC. Después de la primera sección, donde se explica cómo estudiar la gobernabilidad extractiva ``en el trabajo'', en el artículo se presenta una genealogía de la empresa comunal. En esta se explora la forma en la que las empresas comunales suelen transformar a los habitantes autóctonos en trabajadores y emprendedores y, por lo tanto, modifican la organización establecida de toda la comunidad. Al analizar las formas en las que los residentes adoptan estas tecnologías sociales, en el artículo se muestra cómo la normalización parcial de los cuerpos individuales y de la organización colectiva producida por las tecnologías de RSC es una mezcla ambivalente que se produce como consecuencia de un proceso de apropiación mutua entre el entorno industrial y las aldeas. Este análisis contribuye a los estudios de gobernabilidad relacionados con el capitalismo extractivo, las estrategias corporativas para disciplinar la disidencia y las transformaciones sociales que generan a nivel local.
Participations, 2019
Through an ethnography of “prior consultation” in Peru, this article looks at the ambivalent ethn... more Through an ethnography of “prior consultation” in Peru, this article looks at the ambivalent ethnicization of participatory devices targeting “indigenous” groups. First, it studies the place of prior consultation within the Peruvian system of social conflict management, which focuses especially on indigenous groups. It analyzes in particular how prior consultation involves the production of neutralized ethno-racial categories. The article then moves on to highlight the participants’ ability to repoliticize these categories, depending on their socialization in protest action. This level of socialization varies between individuals, which helps us to better understand the pacifying power of prior consultation, which eventually marginalized those most opposed to the categories prescribed by the consultative format.

Terrains & Travaux, 2019
Cet article porte sur l’ouvriérisation de populations rurales confrontées à l’industrie pétrolièr... more Cet article porte sur l’ouvriérisation de populations rurales confrontées à l’industrie pétrolière au Pérou, dans des villages amazoniens situés à proximité d’un site industriel actif depuis plus de quarante ans. Partant d’un dispositif d’accès à l’emploi dans les installations pétrolières – l’entreprise communale – qui consiste en la gestion, par les habitants, de leur propre main-d’œuvre, l’article interroge la portée des transformations causées par cette expérience particulière de l’emploi ouvrier, au moyen d’observations et d’entretiens ethnographiques. Soulignant les rapports inédits à l’environnement, au temps et à la discipline qui se tissent au sein de l’entreprise communale, il insiste dans le même temps sur la centralité des modes d’action villageois dans l’expérience du travail et de ses normes. L’analyse de l’appropriation de dispositifs, d’organisations et d’artefacts industriels permet alors de comprendre l’étendue du processus de socialisation, qui produit des effets transformateurs sur les travailleurs, mais aussi dans l’espace domestique et villageois.

Genèses, 2019
L’ethnographie des mobilisations se heurte souvent au problème de l’encliquage militant des cherc... more L’ethnographie des mobilisations se heurte souvent au problème de l’encliquage militant des chercheurs et chercheuses, limitant l’accès aux moins militant·es et, dès lors, la compréhension des rapports ordinaires à la contestation. Après être revenu sur cet écueil, l’article montre l’intérêt d’affirmer une position d’enquêtrice en recourant à des procédés de recension directifs (questionnaires et enquêtes généalogiques), dans le cadre d’une démarche ethnographique. Ces procédés permettent de tenir un rôle propice à l’étude des rapports à la politique contestataire, dans toute leur ambivalence, à travers leur inscription dans des sociabilités ordinaires qui échappent aux logiques d’action militantes.
The ethnography of mobilizations often runs headlong into the problem of researchers’ identification as engaged actors, thereby hampering access to less mobilized individuals and thus limiting the ability to understand the role of ordinary relationships in conflicts. After a discussion of this obstacle, the article shows the value of affirming an investigative posture by using directive survey procedures (questionnaires and genealogical investigations) within the framework of an ethnographic approach. These procedures allow researchers neutralize their position, which is conducive to the study of relationships to political dissent, in all their ambivalence, by placing them within ordinary sociabilities which escape the logic of militant action.

América Latina Hoy, 2018
RESUMEN: Los miembros de pueblos indígenas vecinos de instalaciones petroleras no siem-pre partic... more RESUMEN: Los miembros de pueblos indígenas vecinos de instalaciones petroleras no siem-pre participan en las movilizaciones contra la contaminación industrial: para protestar, no son suficientes ni el daño ambiental ni su visibilidad. Es lo que indica el análisis de un caso «microscó-pico», pero emblemático, ubicado en una zona fronteriza de la selva peruana. En los alrededores sociales de la industria petrolera, las protestas parecen improbables, debido a la multiplicidad de los lazos que se tejen diariamente entre la empresa y las comunidades. Basándose en la etnografía realizada en los alrededores del sitio extractivo, este artículo indaga las transformaciones sociales ocasionadas por la industria y sus efectos sobre las movilizaciones de las poblaciones locales. De esta manera, el artículo destaca los complejos motivos y modalidades de protesta, más allá de la aparente obviedad de las movilizaciones contra los daños generados por las empresas petroleras operando en territorios indígenas.
ABSTRACT: Indigenous groups living in the vicinity of oil installations do not always participate in mobilizations against industrial pollution: the experience of environmental damage is not enough for one to protest. This simple statement arises from the analysis of an emblematic though «microscopic» case, located in a border zone of Peruvian Amazonia. In social surroundings of oil industry, protest seems unlikely, due to the multiple ties that develop between the company and indigenous communities. Based on the ethnography of neighbouring villages of an extractive area, the article studies social transformations are caused by the industry, and their effects on local populations' mobilizations. That way, it highlights the complex motives and modalities of protest,

Sociologie du travail, 2018
Là où sont extraits les minerais et les hydrocarbures, l’industrie extractive suscite bien des tr... more Là où sont extraits les minerais et les hydrocarbures, l’industrie extractive suscite bien des transformations sociales. Cet article s’intéresse à l’une d’elles : l’avènement du modèle entrepreneurial parmi des villages voisins d’un gisement pétrolier en Amazonie. Ceux que l’on dit « indigènes », au sens où ils sont catégorisés comme appartenant à des minorités ethniques issues des populations précolombiennes, sont incités par les porte-parole de la compagnie pétrolière à créer des entreprises pour favoriser l’accès des villageois à l’emploi sur le site industriel. Ces « entreprises communales » sont devenues un outil central de prévention des conflits pour les compagnies du secteur extractif. Elles favorisent l’émergence d’un rôle inédit dans les villages, celui d’entrepreneur. À rebours des approches mécanistes, l’article ancre l’analyse dans l’ethnographie menée aux abords du complexe pétrolier, de manière à comprendre comment les habitants s’approprient le dispositif de l’entreprise communale et font advenir une certaine rationalité entrepreneuriale. Explorant les processus de socialisation hybrides par lesquels les indigènes deviennent entrepreneurs, à l’interface entre l’Amazonie et les villes, entre l’arène villageoise et l’univers corporatif, l’article souligne ainsi le caractère profondément ambivalent du capitalisme tel qu’il prend forme aux marges de l’économie mondialisée.
https://journals.openedition.org/sdt/2705?lang=fr
Critique internationale, 2012
Participations, 2013
En Amazonie péruvienne, les acteurs de l’extraction pétrolière se saisissent de l’appareil de la ... more En Amazonie péruvienne, les acteurs de l’extraction pétrolière se saisissent de l’appareil de la participation de manière à pacifier les conflits suscités par leur activité. Les mécanismes participatifs se présentent comme des instruments adaptables aux modalités de contestation. Ils vont de pair avec les techniques des compagnies privées pour établir des relations « harmonieuses » avec les populations locales. L’ethnographie d’un de ces interstices institutionnels de la participation, où des acteurs publics et privés du secteur extractif tissent des relations d’« amitié » avec certaines élites locales, donne à voir un « gouvernement des contestataires », producteur d’un leadership indigène technique qui consent et participe à l’extraction pétrolière.
Book chapters by Doris Buu-Sao

Écologies. Le vivant et le social, 2023
L’extraction de pétrole, de gaz et de minerais perfore la planète de toutes parts. Le terme « ext... more L’extraction de pétrole, de gaz et de minerais perfore la planète de toutes parts. Le terme « extractivisme », initialement forgé en Amérique latine, trouve désormais des traductions en Europe et en Amérique du Nord. Les injonctions à la transition énergétique* ouvrent en effet de nouveaux fronts à l’extraction de matières premières, des gaz de schiste aux terres rares nécessaires, entre autres, à la production de voitures électriques, de panneaux solaires ou d’éoliennes. Ainsi, l’Union européenne multiplie les incitations à tirer profit des richesses souterraines du vieux continent, le plus souvent aux marges appauvries de l’Union européenne (Grèce, Espagne, Portugal…). Ce « verdissement » de l’extraction, que le discours politico-économique dominant met au service de la transition énergétique, fait perdurer des activités industrielles dépendantes d’énergies fossiles et productrices de déchets toxiques. Des Suds au Nord global, les activités extractives suscitent des résistances, parfois frontales.
S. Dechézelles et M. Olive (dir.), Politisation du proche. Les lieux familiers comme espaces de mobilisation, PUR, 2019
A. Allal, M. Catusse et M. Emperador Badimon (dir.), Quand l'industrie proteste. Fondements morau... more A. Allal, M. Catusse et M. Emperador Badimon (dir.), Quand l'industrie proteste. Fondements moraux des (in)soumissions ouvrières, Rennes, PUR, 2018, p. 165-181
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Journal articles by Doris Buu-Sao
Cet article analyse les transformations induites par la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans le secteur de l'extraction par le biais d'une étude ethnographique des villages voisins d'un site de forage pétrolier d'Amazonie péruvienne. Il examine la matérialisation d'un dispositif de RSE spécifique : une entreprise communautaire qui implique la majorité des villageois dans l'industrie de l'extraction en tant que travailleurs, propriétaires et gérants d'un sous-traitant fournissant des services à la compagnie pétrolière. Cet article souligne l'importance du travail et de la socialisation pour évaluer le pouvoir de transformation de ce dispositif de RSE original. Après une section introductive portant sur la façon d’étudier la gouvernementalité de l'extraction « au travail », cet article présente une généalogie de l'entreprise communautaire. Il examine ensuite la manière dont les entreprises communautaires tendent à transformer les habitants indigènes en travailleurs et en entrepreneurs et ainsi à impacter l'organisation quotidienne de l'ensemble de la communauté. Cet article montre en quoi la normalisation partielle des corps individuels et de l'organisation collective induite par les techniques de RSE est un mélange ambivalent résultant d'un processus d'appropriation mutuelle entre le milieu industriel et les villages en examinant la façon dont les habitants adoptent ces techniques sociales. Ce faisant, il contribue aux études de gouvernementalité liées au capitalisme de l'extraction, aux stratégies mises en œuvre par les entreprises pour discipliner la dissidence et aux transformations sociales qu'elles génèrent localement.
En este artículo se analizan las transformaciones impulsadas por la responsabilidad social corporativa (RSC) en el sector de la extracción mediante un estudio etnográfico de las aldeas que se encuentran cerca de un sitio de extracción de petróleo en la Amazonía peruana. También se examina la materialización de un método específico de RSC, la empresa comunal, en la que la mayoría de los miembros de la aldea participan en la industria como trabajadores, propietarios y administradores de un subcontratista que presta servicios a la compañía petrolera. Además, se destaca la importancia del trabajo y la socialización para evaluar el poder de transformación de este método original de RSC. Después de la primera sección, donde se explica cómo estudiar la gobernabilidad extractiva ``en el trabajo'', en el artículo se presenta una genealogía de la empresa comunal. En esta se explora la forma en la que las empresas comunales suelen transformar a los habitantes autóctonos en trabajadores y emprendedores y, por lo tanto, modifican la organización establecida de toda la comunidad. Al analizar las formas en las que los residentes adoptan estas tecnologías sociales, en el artículo se muestra cómo la normalización parcial de los cuerpos individuales y de la organización colectiva producida por las tecnologías de RSC es una mezcla ambivalente que se produce como consecuencia de un proceso de apropiación mutua entre el entorno industrial y las aldeas. Este análisis contribuye a los estudios de gobernabilidad relacionados con el capitalismo extractivo, las estrategias corporativas para disciplinar la disidencia y las transformaciones sociales que generan a nivel local.
The ethnography of mobilizations often runs headlong into the problem of researchers’ identification as engaged actors, thereby hampering access to less mobilized individuals and thus limiting the ability to understand the role of ordinary relationships in conflicts. After a discussion of this obstacle, the article shows the value of affirming an investigative posture by using directive survey procedures (questionnaires and genealogical investigations) within the framework of an ethnographic approach. These procedures allow researchers neutralize their position, which is conducive to the study of relationships to political dissent, in all their ambivalence, by placing them within ordinary sociabilities which escape the logic of militant action.
ABSTRACT: Indigenous groups living in the vicinity of oil installations do not always participate in mobilizations against industrial pollution: the experience of environmental damage is not enough for one to protest. This simple statement arises from the analysis of an emblematic though «microscopic» case, located in a border zone of Peruvian Amazonia. In social surroundings of oil industry, protest seems unlikely, due to the multiple ties that develop between the company and indigenous communities. Based on the ethnography of neighbouring villages of an extractive area, the article studies social transformations are caused by the industry, and their effects on local populations' mobilizations. That way, it highlights the complex motives and modalities of protest,
https://journals.openedition.org/sdt/2705?lang=fr
Book chapters by Doris Buu-Sao
Cet article analyse les transformations induites par la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans le secteur de l'extraction par le biais d'une étude ethnographique des villages voisins d'un site de forage pétrolier d'Amazonie péruvienne. Il examine la matérialisation d'un dispositif de RSE spécifique : une entreprise communautaire qui implique la majorité des villageois dans l'industrie de l'extraction en tant que travailleurs, propriétaires et gérants d'un sous-traitant fournissant des services à la compagnie pétrolière. Cet article souligne l'importance du travail et de la socialisation pour évaluer le pouvoir de transformation de ce dispositif de RSE original. Après une section introductive portant sur la façon d’étudier la gouvernementalité de l'extraction « au travail », cet article présente une généalogie de l'entreprise communautaire. Il examine ensuite la manière dont les entreprises communautaires tendent à transformer les habitants indigènes en travailleurs et en entrepreneurs et ainsi à impacter l'organisation quotidienne de l'ensemble de la communauté. Cet article montre en quoi la normalisation partielle des corps individuels et de l'organisation collective induite par les techniques de RSE est un mélange ambivalent résultant d'un processus d'appropriation mutuelle entre le milieu industriel et les villages en examinant la façon dont les habitants adoptent ces techniques sociales. Ce faisant, il contribue aux études de gouvernementalité liées au capitalisme de l'extraction, aux stratégies mises en œuvre par les entreprises pour discipliner la dissidence et aux transformations sociales qu'elles génèrent localement.
En este artículo se analizan las transformaciones impulsadas por la responsabilidad social corporativa (RSC) en el sector de la extracción mediante un estudio etnográfico de las aldeas que se encuentran cerca de un sitio de extracción de petróleo en la Amazonía peruana. También se examina la materialización de un método específico de RSC, la empresa comunal, en la que la mayoría de los miembros de la aldea participan en la industria como trabajadores, propietarios y administradores de un subcontratista que presta servicios a la compañía petrolera. Además, se destaca la importancia del trabajo y la socialización para evaluar el poder de transformación de este método original de RSC. Después de la primera sección, donde se explica cómo estudiar la gobernabilidad extractiva ``en el trabajo'', en el artículo se presenta una genealogía de la empresa comunal. En esta se explora la forma en la que las empresas comunales suelen transformar a los habitantes autóctonos en trabajadores y emprendedores y, por lo tanto, modifican la organización establecida de toda la comunidad. Al analizar las formas en las que los residentes adoptan estas tecnologías sociales, en el artículo se muestra cómo la normalización parcial de los cuerpos individuales y de la organización colectiva producida por las tecnologías de RSC es una mezcla ambivalente que se produce como consecuencia de un proceso de apropiación mutua entre el entorno industrial y las aldeas. Este análisis contribuye a los estudios de gobernabilidad relacionados con el capitalismo extractivo, las estrategias corporativas para disciplinar la disidencia y las transformaciones sociales que generan a nivel local.
The ethnography of mobilizations often runs headlong into the problem of researchers’ identification as engaged actors, thereby hampering access to less mobilized individuals and thus limiting the ability to understand the role of ordinary relationships in conflicts. After a discussion of this obstacle, the article shows the value of affirming an investigative posture by using directive survey procedures (questionnaires and genealogical investigations) within the framework of an ethnographic approach. These procedures allow researchers neutralize their position, which is conducive to the study of relationships to political dissent, in all their ambivalence, by placing them within ordinary sociabilities which escape the logic of militant action.
ABSTRACT: Indigenous groups living in the vicinity of oil installations do not always participate in mobilizations against industrial pollution: the experience of environmental damage is not enough for one to protest. This simple statement arises from the analysis of an emblematic though «microscopic» case, located in a border zone of Peruvian Amazonia. In social surroundings of oil industry, protest seems unlikely, due to the multiple ties that develop between the company and indigenous communities. Based on the ethnography of neighbouring villages of an extractive area, the article studies social transformations are caused by the industry, and their effects on local populations' mobilizations. That way, it highlights the complex motives and modalities of protest,
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Veuillez trouver ci-joint l'appel à panel pour la 3e édition des Rencontres Ethnographiques de l'EHESS.
Nous invitons les doctorants pratiquant l’ethnographie – sociologues, anthropologues, politistes, géographes, ethnologues… - à proposer des thèmes d’ateliers. La seule condition est d’être inscrit en doctorat, ou d’avoir soutenu sa thèse il y a moins de deux ans sans être en poste permanent. Les équipes doivent comprendre au moins une personne affiliée à l’EHESS. Les candidats sont appelés à questionner la démarche ethnographique. Les textes retenus manifesteront une pratique ethnographique rigoureuse qui ne se fonde pas uniquement sur l’analyse d’entretiens ou de documents.
Les propositions doivent présenter comment les candidats mobilisent l’ethnographie et ce qu’ils souhaitent discuter par leur thème en 2 500 signes maximum. Elles sont à envoyer à l’adresse suivante avant le 15 février 2016 : [email protected]
Calendrier :
- limite de réception des propositions d’ateliers : 15 février 2016
- sélection des propositions d’ateliers et réponse aux candidats : fin février 2016
- première réunion du nouveau comité d’organisation : mars 2016
- dates à fixer des Rencontres Annuelles d’Ethnographie de l’EHESS – troisième édition : octobre ou novembre 2016
Bien cordialement,
Le comité d'organisation 2015