Books by Suzanne Levin

Que signifie être républicain à l’époque de la Révolution française ? Ce livre nous plonge direct... more Que signifie être républicain à l’époque de la Révolution française ? Ce livre nous plonge directement dans cette question, à travers le cas d’une figure peu connue mais centrale de la période : Prieur de la Marne (1756-1827). Député à la Convention nationale, membre du « grand » Comité de Salut public, représentant en mission, Prieur de la Marne nous sert d’entrée dans le républicanisme révolutionnaire des Montagnards. À travers son mandat à la Convention, on découvre une politique démocratique et sociale informée par une riche tradition républicaine et par la philosophie du droit naturel qui donne naissance aux Déclarations de droit de l’homme et du citoyen. Comme tous les autres révolutionnaires, Prieur est confronté aux difficultés et aux limites de la mise en application d’une politique vraiment républicaine et conforme aux Droits de l’homme dans un contexte de guerre étrangère et civile. Une invitation à nous interroger sur ce que défendre les principes républicains veut dire, au XVIIIe siècle comme de nos jours…
Journal articles by Suzanne Levin

Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies, 2020
RÉSUMÉ – Malgré le caractère évidemment volontaire de la fuite de Louis XVI et de sa famille dans... more RÉSUMÉ – Malgré le caractère évidemment volontaire de la fuite de Louis XVI et de sa famille dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, l’Assemblée constituante tâcha de la faire passer pour un enlèvement. Cet article retrace l’évolution de cette fiction, depuis ses origines jusqu’à sa disparition discrète, afin de mieux comprendre pourquoi l’Assemblée voulait la promouvoir et les raisons de son échec, qui obligera l’Assemblée de recourir à l’inviolabilité royale pour garder Louis sur le trône constitutionnel.
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ABSTRACT – Despite the obviously voluntary character of the flight of Louis XVI and his family on the night of 20-21 June 1791, the Constituent Assembly sought to pass it off as a kidnapping. This article retraces the evolution of that fiction, from its origins to its discreet disappearance, in order to better understand why the Assembly wanted to promote it and the reasons for its failure, which would oblige the Assembly to have recourse to royal inviolability to keep Louis on the constitutional throne.

Annales historiques de la Révolution française, 2019
Lorsque l’on évoque les dangers courus par les journalistes pendant la Révolution française, ce n... more Lorsque l’on évoque les dangers courus par les journalistes pendant la Révolution française, ce ne sont pas en général ses débuts qui viennent à l’esprit. Dans le cas de Camille Desmoulins en particulier, le choix de se focaliser plutôt sur l’époque du Vieux Cordelier paraît comme une évidence. Le problème n’attendit pourtant pas l’an II pour être posé, y compris par lui. Cet article examine donc la conception qu’un « écrivain patriote » tel que Camille Desmoulins pouvait avoir des risques de son métier et du devoir du journaliste qui devait y faire face, dès la parution de son premier journal, Les Révolutions de France et de Brabant (1789-1791). Le journaliste révolutionnaire devait-il être prêt à tout risquer pour défendre ses principes ? Fallait-il qu’il aille jusqu’au sacrifice de soi ? La réponse qu’apporta Desmoulins à ces questions éclaire autant sa démarche et sa légitimation que le statut du journaliste sous l’Assemblée constituante.
Viaggiatori, 2018
Le représentant en mission est le plus original des voyageurs politiques de la Révolution françai... more Le représentant en mission est le plus original des voyageurs politiques de la Révolution française. L’exemple des missions de Prieur de la Marne, étudié ici, permet de cerner la conception qu’un représentant pouvait avoir de son rôle face aux réalités du terrain. Il s’agit de mieux comprendre les enjeux d’une tentative de réconcilier le principe de la « centralité législative » avec les besoins du « salut public » dans un contexte de guerre étrangère et civile.

Annales historiques de la Révolution française, 2016
La fin de la censure en 1789 permet l'éclosion de la presse périodique, mais laisse entière la qu... more La fin de la censure en 1789 permet l'éclosion de la presse périodique, mais laisse entière la question du rôle que doivent tenir les journalistes dans la société en train de naître. Camille Desmoulins y répond, dans son premier journal, les Révolutions de France et de Brabant, en défendant l'importance de la liberté entière de la presse dans un « État libre » et la légitimité du combat révolutionnaire de « l'écrivain patriote ». Desmoulins puise dans l'Antiquité gréco-romaine afin de définir pour les journalistes une véritable magistrature adaptée aux besoins d'une « république » moderne. Censeur, historien ou « orateur » d'une place publique désormais extensible à l'infini, le journaliste rend possible l'accès du peuple à la politique et à la défense de ses droits. La symbiose entre le journaliste-magistrat et le peuple, qui s'élève à la dignité « républicaine » en écoutant ses leçons, est pour Desmoulins la condition de la liberté.
Book chapters by Suzanne Levin

L'amitié en révolution, 1789-1799. De l'histoire à la mémoire, 2024
« Tous mes collègues sont mes amis ». C’est par cette phrase que Prieur de la Marne se défendit à... more « Tous mes collègues sont mes amis ». C’est par cette phrase que Prieur de la Marne se défendit à la séance de la Convention nationale du 15 germinal an III des accusations sur ses intentions en appuyant, lors de l’insurrection qui venait d’avoir lieu, une partie des demandes des insurgés. Une telle affirmation invite à une réflexion sur le sens qu’un député montagnard comme Prieur put donner à l’amitié politique, non seulement au moment thermidorien, mais au cours de tout son mandat à la Convention. L’amitié a souvent été vue comme un obstacle à la vertu républicaine, cependant Saint-Just la théorisa comme la vertu socle de la République. En admettant qu’il s’agit d’une vertu exclusive, où ses bornes se situent-elles ? Cet article cherche à répondre à cette question à travers le cas de Prieur, membre comme Saint-Just du « grand » Comité de Salut public, et ses rapports avec ses « amis » à la Convention, en se focalisant en particulier sur les autres représentants en mission, le Comité de Salut public et la députation de la Marne.

Quelle république pour la nation ? (1770-1820), 2023
Il est désormais bien établi que les modèles les plus importants pour le républicanisme de Jacque... more Il est désormais bien établi que les modèles les plus importants pour le républicanisme de Jacques-Pierre Brissot étaient les pays contemporains : l’Angleterre, Genève et avant tout les États-Unis d’Amérique. Cependant, au cœur de la « crise de Varennes » de l’été 1791, Brissot ne s’abstient pas de citer l’Antiquité gréco-romaine. Cet article examine la fonction de ce type de référence à ce moment charnière, où pour la première fois, Brissot aperçoit la possibilité d’établir la république en France ? L’Antiquité a-t-elle malgré tout un rôle à jouer dans le républicanisme de Brissot et si oui, n’est-elle évoquée qu’en tant que repoussoir ? Brissot est-il uniquement un « Moderne » ? Est-il possible de l’être dans un contexte où les républiques modernes elles-mêmes n’ont de cesse de puiser dans l’histoire antique ? Quel(s) rapport(s) entre les références, antiques ou modernes, et la nature du « projet républicain » porté par Brissot ?

Il mondo in subbuglio. Ricerche sull'età delle rivoluzioni (1789-1849), 2022
La « mission » du révolutionnaire français, député à la Convention nationale, Prieur de la Marne,... more La « mission » du révolutionnaire français, député à la Convention nationale, Prieur de la Marne, dans les ports bretons en l’an II (1793-1794) fournit un bon poste d’observation pour comprendre comment des acteurs dans un lieu et à une époque donnés purent eux-mêmes concevoir leur place dans l’ère des révolutions de la fin XVIIIe-début XIXe siècles. En effet, si ce concept n’a pas toujours été à la mode dans l’historiographie, les acteurs eux-mêmes avaient conscience de vivre des expériences qui traversaient les frontières. Les ports bretons étaient en l’an II au cœur du conflit qui opposait la France révolutionnaire à la Coalition menée par la Grande-Bretagne, mais aussi dans un système atlantique voire mondial qui reliait les belligérants et leurs colonies et des puissances neutres. Cette situation ne manquait pas de soulever des questions politiques, diplomatiques, commerciales et autres, dont le représentant en mission, en tant que relais du pouvoir révolutionnaire français, était le premier responsable sur place. Cet article étudie ainsi, à travers la correspondance, les discours et les décisions de Prieur de la Marne, l’idée qu’un acteur de la Révolution française pouvait se faire de la place de cette révolution parmi les révolutions faites (États-Unis), en cours (Saint-Domingue), potentielles ou refusées (Angleterre).

La république avant la République, 1788-1792, 2021
Comment comprendre le refus du mot « république » chez les députés de « l’extrémité du côté gauch... more Comment comprendre le refus du mot « république » chez les députés de « l’extrémité du côté gauche » à l’Assemblée constituante ? Cette communication cherche à répondre à cette question à travers l’exemple de Pierre-Louis Prieur. En remettant en contexte sa mise à distance de ce terme, on voit que plus qu’un concept de républicanisme, c’est un mot désormais stigmatisé que Prieur rejette. Prieur, à la différence de ceux qui se réclamaient de la république, ne préconisait pas l’abolition de la monarchie à l’été 1791. De ses diverses interventions il ressort qu’il n’en puisait pas moins à une tradition républicaine qui ne se réduit pas l’antimonarchisme, objet depuis plusieurs décennies d’un renouveau historiographique. Prieur et ses proches à la Constituante peuvent donc être considérés comme des adeptes d’un républicanisme qui ne dit pas son nom.

Le Prince, le despote, le tyran. Figures du souverain en Europe de la Renaissance aux Lumières/The Prince, the Despot the Tyrant. Figures of the Sovereign in Europe from the Renaissance to the Enlightenment, 2019
Résumé :
Cet article explore, à travers l’étude de la presse révolutionnaire, la manière dont se... more Résumé :
Cet article explore, à travers l’étude de la presse révolutionnaire, la manière dont se transforme de manière décisive, la représentation de la royauté au moment de la crise de Varennes. Tandis que la plupart des révolutionnaires pensaient encore que cette institution avait un rôle à jouer jusqu’à la nuit du 20 au 21 juin 1791 et parfois longtemps après, une partie de la presse patriote parisienne, déjà méfiante envers la royauté, a commencé à remettre en question cette évidence. La royauté n’était-elle peut-être pas incompatible avec un « État libre » ou « république » ? La révélation de la perfidie de Louis XVI ne confirme-t-elle pas l’hypothèse selon laquelle tout roi est un tyran ? Aux yeux des « écrivains patriotes », la fuite du roi transforme un personnage insignifiant ou ridicule (le « roi soliveau » de la fable) en despote. Désormais, cependant, il exercerait sa tyrannie autant que l’Assemblée le permettrait. Il s’agissait donc de mobiliser l’opinion publique pour faire pression sur l’Assemblée afin de saisir l’occasion de clore enfin le chapitre de la « tyrannie des rois ».
Abstract:
This article explores, by studying the revolutionary press, the way the representation of royalty was definitively transformed during the Varennes crisis. While most revolutionaries still thought that this institution had a role to play up until the night of 20-21 June 1791 and sometime long afterward, part of the Parisian patriot press, already distrustful of royalty, started to question this foregone conclusion. Was royalty perhaps not incompatible with a “free state” or “republic”? Did the revelation of Louis XVI’s perfidy not confirm the hypothesis that every king is a tyrant? In the eyes of “patriot writers,” the king’s flight transformed an insignificant or ridiculous personage (the “King Log” of the fable) into a despot. From now on, however, he exercised his tyranny only as long as the Assembly permitted it. They sought therefore to mobilise public opinion to put pressure on the Assembly, in order to seize the opportunity of finally closing the chapter of the “tyranny of kings.”

Exécuter la loi (1789-1804), 2018
Résumé de mon chapitre dans Alexandre GUERMAZI, Jeanne-Laure LE QUANG et Virginie MARTIN, éd., Ex... more Résumé de mon chapitre dans Alexandre GUERMAZI, Jeanne-Laure LE QUANG et Virginie MARTIN, éd., Exécuter la loi : 1789-1804, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018 :
Quel put être l’impact des conceptions des attributions de l’Exécutif et du Législatif sur un département en proie à la tentation « fédéraliste » au printemps 1793 ? Cette communication entend éclaircir la question en étudiant l’échec de la mission de Prieur de la Marne et Lecointre dans la Manche. D’abord bien reçus, ces représentants, envoyés par la loi du 30 avril 1793 près l’armée des côtes de Cherbourg, se virent progressivement dénier leurs pouvoirs avant d’être chassés de la Manche, avec l’approbation des administrateurs.
L’objectif consiste ici à enquêter sur les causes de ce revirement et de l’échec de la mission, en retraçant le développement du différend qui survint entre les représentants en mission et les administrateurs. Il s’agit de remettre cet épisode dans son contexte, de reconstituer les diverses pressions qui jouaient sur les administrateurs d’un département tiraillé entre deux pôles : le Calvados « fédéraliste » et Paris, désormais montagnard. Enfin et surtout, il s’agit d’analyser comment une divergence de vues entre administrateurs et représentants en mission sur la séparation des pouvoirs, la centralité législative et le rôle des institutions d’exception en face des autorités constituées finit par amener les premiers à se croire en droit de représenter leurs administrés pour refuser une loi jugée « oppressive ».
Talks by Suzanne Levin
Révolution-française.net, 2022
Présentation du livre au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution le 2 juin 2022.
Révolution-française.net, 2020
Présentation de la thèse au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution, séance du 28 nov... more Présentation de la thèse au séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution, séance du 28 nov. 2019.
Révolution-française.net, 2016
En s'opposant à l'appel au peuple dans le procès de Louis XVI, Prieur de la Marne développa dans ... more En s'opposant à l'appel au peuple dans le procès de Louis XVI, Prieur de la Marne développa dans son discours imprimé, à côté des arguments pragmatiques, une théorie de la souveraineté populaire et de la séparation des pouvoirs. Cette intervention, faite dans le cadre du séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution, analyse cette théorie comme pouvant contribuer à notre compréhension des conceptions politiques des Conventionnels montagnards. Il s'agit de voir comment ces conceptions purent se développer au cours des débats dans une conjoncture concrète, dans l'hypothèse que théorie et pratique ne peuvent que rester étroitement imbriquées.

Révolution-Française.net, 2015
Quel fut le rapport de la Révolution française au(x) républicanisme(s) ? Ce texte entend contribu... more Quel fut le rapport de la Révolution française au(x) républicanisme(s) ? Ce texte entend contribuer à éclaircir un aspect bien précis de cette vaste question, en étudiant les définitions changeantes de la république parmi les républicains auto-proclamés et leurs défenseurs dans les débats journalistiques du printemps et de l'été 1791, à un moment ou le mot même de « république » est devenu tabou à l'Assemblée constituante. Qu'est-ce que cela veut dire quand des révolutionnaires se réclament explicitement du républicanisme à cette époque ? Ensuite, en quoi la fuite du roi constitue-t-elle un tournant pour l'usage et l'évolution de la signification de ce terme ? En analysant le discours de quatre journaux au cœur de la crise de Varennes, mais aussi, dans la mesure du possible, en amont et en aval de cette crise, on voit émerger deux tendances, un républicanisme « populaire » et un « élitaire », chacune avec des stratégies et des conceptions de la république qui leur sont propres.

Révolution-française.net, 2014
Quel a été l'impact de la crise de Varennes sur le républicanisme ou les discours qui entouraient... more Quel a été l'impact de la crise de Varennes sur le républicanisme ou les discours qui entouraient le terme « république » dans la presse « patriote » et comment cette presse a-t-elle utilisé la référence à l'Antiquité gréco-romaine pour définir et légitimer ses conceptions du républicanisme ? Ce texte prétend contribuer à répondre à cette question en étudiant la référence à l'Antiquité au moment même de la crise de Varennes, depuis la découverte de la fuite du roi le 21 juin 1791 jusqu'au massacre du Champ de Mars le 17 juillet suivant. L'examen des ces quatre semaines qui séparent la fuite du roi de sa réinstallation et de la répression qui s'ensuit permet de cerner les réactions immédiates à la crise et les solutions que la presse « patriote » y proposait. Ses usages du « modèle » antique au cours de cette courte séquence ne relèvent pas d'une volonté d'imitation, mais ce « modèle » était une partie importante de l'outillage mental des « écrivains patriotes ». Les différentes façons de l'invoquer s'avèrent révélatrices de la diversité de leurs conceptions de la république.
Book Reviews by Suzanne Levin
Annales historiques de la Révolution française, 2019
Compte rendu.
Annales historiques de la Révolution française, 2017
Compte rendu.
A propos du livre de Micah ALPAUGH, Non-Violence and the French Revolution. Political Demonstrati... more A propos du livre de Micah ALPAUGH, Non-Violence and the French Revolution. Political Demonstrations in Paris, 1787-1795, New York, Cambridge University Press 2014, VIII-292 p.
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Books by Suzanne Levin
Journal articles by Suzanne Levin
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ABSTRACT – Despite the obviously voluntary character of the flight of Louis XVI and his family on the night of 20-21 June 1791, the Constituent Assembly sought to pass it off as a kidnapping. This article retraces the evolution of that fiction, from its origins to its discreet disappearance, in order to better understand why the Assembly wanted to promote it and the reasons for its failure, which would oblige the Assembly to have recourse to royal inviolability to keep Louis on the constitutional throne.
Book chapters by Suzanne Levin
Cet article explore, à travers l’étude de la presse révolutionnaire, la manière dont se transforme de manière décisive, la représentation de la royauté au moment de la crise de Varennes. Tandis que la plupart des révolutionnaires pensaient encore que cette institution avait un rôle à jouer jusqu’à la nuit du 20 au 21 juin 1791 et parfois longtemps après, une partie de la presse patriote parisienne, déjà méfiante envers la royauté, a commencé à remettre en question cette évidence. La royauté n’était-elle peut-être pas incompatible avec un « État libre » ou « république » ? La révélation de la perfidie de Louis XVI ne confirme-t-elle pas l’hypothèse selon laquelle tout roi est un tyran ? Aux yeux des « écrivains patriotes », la fuite du roi transforme un personnage insignifiant ou ridicule (le « roi soliveau » de la fable) en despote. Désormais, cependant, il exercerait sa tyrannie autant que l’Assemblée le permettrait. Il s’agissait donc de mobiliser l’opinion publique pour faire pression sur l’Assemblée afin de saisir l’occasion de clore enfin le chapitre de la « tyrannie des rois ».
Abstract:
This article explores, by studying the revolutionary press, the way the representation of royalty was definitively transformed during the Varennes crisis. While most revolutionaries still thought that this institution had a role to play up until the night of 20-21 June 1791 and sometime long afterward, part of the Parisian patriot press, already distrustful of royalty, started to question this foregone conclusion. Was royalty perhaps not incompatible with a “free state” or “republic”? Did the revelation of Louis XVI’s perfidy not confirm the hypothesis that every king is a tyrant? In the eyes of “patriot writers,” the king’s flight transformed an insignificant or ridiculous personage (the “King Log” of the fable) into a despot. From now on, however, he exercised his tyranny only as long as the Assembly permitted it. They sought therefore to mobilise public opinion to put pressure on the Assembly, in order to seize the opportunity of finally closing the chapter of the “tyranny of kings.”
Quel put être l’impact des conceptions des attributions de l’Exécutif et du Législatif sur un département en proie à la tentation « fédéraliste » au printemps 1793 ? Cette communication entend éclaircir la question en étudiant l’échec de la mission de Prieur de la Marne et Lecointre dans la Manche. D’abord bien reçus, ces représentants, envoyés par la loi du 30 avril 1793 près l’armée des côtes de Cherbourg, se virent progressivement dénier leurs pouvoirs avant d’être chassés de la Manche, avec l’approbation des administrateurs.
L’objectif consiste ici à enquêter sur les causes de ce revirement et de l’échec de la mission, en retraçant le développement du différend qui survint entre les représentants en mission et les administrateurs. Il s’agit de remettre cet épisode dans son contexte, de reconstituer les diverses pressions qui jouaient sur les administrateurs d’un département tiraillé entre deux pôles : le Calvados « fédéraliste » et Paris, désormais montagnard. Enfin et surtout, il s’agit d’analyser comment une divergence de vues entre administrateurs et représentants en mission sur la séparation des pouvoirs, la centralité législative et le rôle des institutions d’exception en face des autorités constituées finit par amener les premiers à se croire en droit de représenter leurs administrés pour refuser une loi jugée « oppressive ».
Talks by Suzanne Levin
Book Reviews by Suzanne Levin
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ABSTRACT – Despite the obviously voluntary character of the flight of Louis XVI and his family on the night of 20-21 June 1791, the Constituent Assembly sought to pass it off as a kidnapping. This article retraces the evolution of that fiction, from its origins to its discreet disappearance, in order to better understand why the Assembly wanted to promote it and the reasons for its failure, which would oblige the Assembly to have recourse to royal inviolability to keep Louis on the constitutional throne.
Cet article explore, à travers l’étude de la presse révolutionnaire, la manière dont se transforme de manière décisive, la représentation de la royauté au moment de la crise de Varennes. Tandis que la plupart des révolutionnaires pensaient encore que cette institution avait un rôle à jouer jusqu’à la nuit du 20 au 21 juin 1791 et parfois longtemps après, une partie de la presse patriote parisienne, déjà méfiante envers la royauté, a commencé à remettre en question cette évidence. La royauté n’était-elle peut-être pas incompatible avec un « État libre » ou « république » ? La révélation de la perfidie de Louis XVI ne confirme-t-elle pas l’hypothèse selon laquelle tout roi est un tyran ? Aux yeux des « écrivains patriotes », la fuite du roi transforme un personnage insignifiant ou ridicule (le « roi soliveau » de la fable) en despote. Désormais, cependant, il exercerait sa tyrannie autant que l’Assemblée le permettrait. Il s’agissait donc de mobiliser l’opinion publique pour faire pression sur l’Assemblée afin de saisir l’occasion de clore enfin le chapitre de la « tyrannie des rois ».
Abstract:
This article explores, by studying the revolutionary press, the way the representation of royalty was definitively transformed during the Varennes crisis. While most revolutionaries still thought that this institution had a role to play up until the night of 20-21 June 1791 and sometime long afterward, part of the Parisian patriot press, already distrustful of royalty, started to question this foregone conclusion. Was royalty perhaps not incompatible with a “free state” or “republic”? Did the revelation of Louis XVI’s perfidy not confirm the hypothesis that every king is a tyrant? In the eyes of “patriot writers,” the king’s flight transformed an insignificant or ridiculous personage (the “King Log” of the fable) into a despot. From now on, however, he exercised his tyranny only as long as the Assembly permitted it. They sought therefore to mobilise public opinion to put pressure on the Assembly, in order to seize the opportunity of finally closing the chapter of the “tyranny of kings.”
Quel put être l’impact des conceptions des attributions de l’Exécutif et du Législatif sur un département en proie à la tentation « fédéraliste » au printemps 1793 ? Cette communication entend éclaircir la question en étudiant l’échec de la mission de Prieur de la Marne et Lecointre dans la Manche. D’abord bien reçus, ces représentants, envoyés par la loi du 30 avril 1793 près l’armée des côtes de Cherbourg, se virent progressivement dénier leurs pouvoirs avant d’être chassés de la Manche, avec l’approbation des administrateurs.
L’objectif consiste ici à enquêter sur les causes de ce revirement et de l’échec de la mission, en retraçant le développement du différend qui survint entre les représentants en mission et les administrateurs. Il s’agit de remettre cet épisode dans son contexte, de reconstituer les diverses pressions qui jouaient sur les administrateurs d’un département tiraillé entre deux pôles : le Calvados « fédéraliste » et Paris, désormais montagnard. Enfin et surtout, il s’agit d’analyser comment une divergence de vues entre administrateurs et représentants en mission sur la séparation des pouvoirs, la centralité législative et le rôle des institutions d’exception en face des autorités constituées finit par amener les premiers à se croire en droit de représenter leurs administrés pour refuser une loi jugée « oppressive ».