Books by Ghaliya N . Djelloul (PhD)

Field Research in Africa, 2021
Researchers working in Africa are engaged in ethical, methodological, logistical, emotional and p... more Researchers working in Africa are engaged in ethical, methodological, logistical, emotional and professional compromises. Juggling the demands of being a researcher and being human, scholars must balance the recording of data withthe emotional demands of listening, of analyzing and reporting personal, and often contradictory, narratives. This book recognizes these challenges and lays bare the underlying and important process by which the researcher grapples with emotions, and how 'feelings' inform and shape data collection, interpretation, write-up and dissemination. Based on widely researched on-the-ground work, the contributors reveal the ambiguities and inconsistences that emerge at all stages of fieldwork and how to tackle them. They examine the ethical quagmires that arise when doing research on sensitive topics in a researcher's own living environment, and suggest how to manage the complex interaction between the researcher's own identity and social relationships in the field, and navigate the role of researcher when activism risks access to the field.

Achille Mbembe. Le devenir-nègre du monde, 2021
Dans le cadre d’une recherche doctorale en sociologie portant sur l’évolution des rapports de gen... more Dans le cadre d’une recherche doctorale en sociologie portant sur l’évolution des rapports de genre en Algérie, j’ai mené une enquête de terrain pendant quatorze mois (entre 2014 et 2016) à Alger, à partir des quartiers « familiers » de mon enfance. L’effort constant de réflexivité exigé par l’adoption d’une approche ethnographique fut renforcé par mon ancrage dans une épistémologie féministe du « savoir situer » (Dorlin, 2009), elle-même complexifiée par une posture de « midsider », me tenant à la frontière du groupe social étudié (Djelloul, 2018). C’est donc la spécificité de ma « situation ethnographique » (Rachik, 2016), en tant que native, acculturée par son long séjour en Europe et revenant sous le statut d’immigrée, qui a trouvé un écho particulier dans la question posée par A. Mbembe dans « Critique de la raison nègre » (2013) : « qu’est-ce qui est en jeu lorsqu’on pense et qu’on écrit l’Afrique depuis sa diaspora, son ailleurs ? »
Ce court texte constitue donc un hommage à celui qui a éclairé, de sa lanterne, cette « situation » postcoloniale, qui module mon positionnement en tant que chercheuse, grâce à sa mise en lumière du rapport au temps dans la structuration de la subjectivité et l’infinie possibilité de combinaisons qu’offre sa « concaténation » pour les acteurs sociaux. Sa lecture a donc aménagé un espace propice à la reconnaissance de l’expérience sensible et la forme subjective qu’a pris cet « enroulement » des expériences personnelle et professionnelle, mettant fin à l’illusion de l’unité du Moi et contribuant à retrouver une voix non pas figée d’un côté ou de l’autre d’une frontière, mais mouvante qui « pense à partir de concepts dichotomiques plutôt que d’agencer le monde en dichotomies » (Mestiri, 2016 : 72). C’est plus spécifiquement le chapitre sur le « temps nègre » (pp.177-ss) qui m’a offert un cadre pour conceptualiser ce mouvement de ma subjectivité au gré de celui de mon corps à travers l’espace, et comprendre le processus qui a permis, par-delà une recherche (illusoire) du temps perdu , l’éclosion d’une « identité passante » par l’ouverture des canaux de communication entre le Moi et ses doubles.
L’ouvrage très ramassé de Jean Remy, L’espace : un objet central de la sociologie, propose une sy... more L’ouvrage très ramassé de Jean Remy, L’espace : un objet central de la sociologie, propose une synthèse des contributions théoriques à l’étude de l’« espace » produites tout au long de son parcours de sociologue. Sa lecture m’a offert une gamme de filtres transposables à mon objet d’étude, qui croise les études genre et la sociologie de la religion, pour complexifier les questionnements, enrichir les hypothèses et faire fructifier l’analyse. Loin de se résumer à une simple compilation de concepts, Remy fournit un effort d’articulation de diverses définitions et propositions qu’il formule sur l’« espace ». De ce panorama se dégagent quelques lignes de force mobilisables dans mes analyses qui ne portaient qu’indirectement, à l’origine, sur la production de l’« espace ».

Routledge Handbook of Islam in the West, 2014
European Islam has provided the source of ever more varied research since the early 1980’s, follo... more European Islam has provided the source of ever more varied research since the early 1980’s, following a wave of immigration and the emergence of Muslim communities at the heart of multiple socio-economic, political and cultural transformations of European societies. The available literature sheds light on the structural trajectories of various communities, in light of their national and European political and juridical contexts, allowing us to retrace the evolution of the role and forms of religiosity revindicated by these male and female European citizens. All spheres of activities taken together, we furnish a panorama of the major lines of influence of the militant investments of European Muslims which we present in parallel with the symbolic construction of the system of Islam in both imaginaries and European social spaces. The identification of certain logics of action and specificities of Muslim mobilizations and revindications in Europe allow us to grasp the particularities of these militant engagements, variable in time and dependent on contexts.

Judith Butler, du genre à la non-violence, 2016
« Qu’est-ce qu’une vie jugée digne d’être vécue et une mort digne d’être pleurée ? »: c’est par c... more « Qu’est-ce qu’une vie jugée digne d’être vécue et une mort digne d’être pleurée ? »: c’est par cette interrogation, directement empruntée à Judith Butler, que je démarre ma réflexion sur les rapports entre violence et non-violence dans les espaces extra-domestiques algériens.
Si le thème de la violence est situé au cœur de la reproduction du régime patriarcal en Algérie, où l’enjeu politique du deuil se rapporte à la question des normes sociales, je propose de m’intéresser aux pratiques corporelles spécifiques d’auto-défense d'actrices sociales face à la violence rencontrée dans les espaces extra-domestiques. À travers des exemples tirés de plusieurs mois de terrain mené principalement à Alger, je montre comment, tout en développant des pratiques et des conventions de non-violence, les actrices sociales se constituent comme sujets dans le champ de la violence patriarcale. C’est toute la réflexion butlerienne sur le corps, le sujet et les normes qui est convoquée ici, pour saisir les potentialités dans le retournement des normes de la violence et prendre la mesure des transformations en cours sur le terrain.
The presence of Muslims in Belgium since the First World War has led to the official recognition ... more The presence of Muslims in Belgium since the First World War has led to the official recognition of Islam. But the internal diversity of the Muslim community leads to a competition between various religious trends (such as Salafis, Muslim Brotherhood ans various Sufi groups) and an influential interference of the principal countries of origin. Therefore, despite its establishment and institutionnalisation (through the Exécutif des Musulmans de Belgique), Islam in Belgium is today influenced by religious groups that advocate for social distinction and its political recognition. These identity politics tensions raise some living-together issues, while radicalizing mutual fears that lead to self-defense reactions of both Muslim minority and non-Muslim majority.
Papers by Ghaliya N . Djelloul (PhD)
Métropolitiques, 2018
Dans son enquête sur les rapports de genre à Alger, Ghaliya Djelloul part des espaces du dedans p... more Dans son enquête sur les rapports de genre à Alger, Ghaliya Djelloul part des espaces du dedans pour identifier les contraintes qui, en amont, pèsent sur la mobilité spatiale des femmes vers le dehors. Elle décrit la double dynamique d’enserrement et de desserrement qui gouverne la mobilité des femmes : face à la stratégie d’expansion de l’ordre domestique dans les espaces publics urbains au nom de la normativité religieuse, les actrices sociales déploient des ruses pour se couvrir lorsqu’elles se déplacent dans la ville. Auteure : Ghaliya Djelloul.

Genre, sexualité et société, 2024
Introduction du numéro "Occuper l'espace en Méditerranée"
Ce dossier propose de croiser les pers... more Introduction du numéro "Occuper l'espace en Méditerranée"
Ce dossier propose de croiser les perspectives sur les rapports de pouvoir et les espaces urbains pour produire des savoirs « en commun » sur le « droit à la ville » et la place accordée ou négociée par chacun·e dans la société, en particulier pour celleux qui en sont exclu.es ou qui en occupent les marges. En partant des contraintes, des menaces et des formes de violence ciblant certaines catégories de personnes dans les espaces publics urbains (en fonction de leur genre, sexualité, classe, race, religion ou âge), les treize articles réunis ici offrent une exploration passionnante des négociations et des contournements des normes dominantes que ces espaces peuvent favoriser. S’appuyant sur des terrains variés, ils proposent une analyse infrapolitique des enjeux d’une citoyenneté quotidienne, envisagée depuis les marges.

Field Research in Africa
Researchers working in Africa are engaged in ethical, methodological, logistical, emotional and p... more Researchers working in Africa are engaged in ethical, methodological, logistical, emotional and professional compromises. Juggling the demands of being a researcher and being human, scholars must balance the recording of data withthe emotional demands of listening, of analyzing and reporting personal, and often contradictory, narratives. This book recognizes these challenges and lays bare the underlying and important process by which the researcher grapples with emotions, and how 'feelings' inform and shape data collection, interpretation, write-up and dissemination. Based on widely researched on-the-ground work, the contributors reveal the ambiguities and inconsistences that emerge at all stages of fieldwork and how to tackle them. They examine the ethical quagmires that arise when doing research on sensitive topics in a researcher's own living environment, and suggest how to manage the complex interaction between the researcher's own identity and social relationships in the field, and navigate the role of researcher when activism risks access to the field.
Recherches qualitatives
Enquêter sur les rapports de genre en Algérie a conduit l’autrice à séjourner sur les lieux de so... more Enquêter sur les rapports de genre en Algérie a conduit l’autrice à séjourner sur les lieux de son enfance, à la périphérie d’Alger, entre 2014 et 2016. Lors de son passage en ce terrain familier, elle a mené une ethnographie du mouvement des corps féminins au départ des espaces domestiques. Le partage des contraintes de genre avec les enquêtées au sein de l’espace domestique, ainsi que les expériences de harcèlement au sein de l’espace extradomestique, a déterminé les modalités de son implication en tant que chercheuse. Cette pratique du terrain a permis la coproduction d’un savoir situé et encorporé qui rend intelligibles les formes d’agentivité et de résistance spatiale et sociale.
Les politiques sociales, 2021
À partir d’une expérience en première personne des rapports de genre dans les quartiers périphéri... more À partir d’une expérience en première personne des rapports de genre dans les quartiers périphériques d’Alger, l’auteure propose d’éclairer les obstacles rencontrés pour accéder, en tant que femme, à l’espace extra-domestique, et s’y mouvoir. Elle décrit les circonstances particulières dans lesquelles ces présences jamais totalement légitimes peuvent déambuler dans certains lieux, comme des espaces marchands et des cérémonies festives, tout en se gardant de réduire le trouble que la perception de leur corps peut susciter pour certains hommes à l’ordre moral et religieux. Elle décrit la dynamique d’enserrement et de desserrement qui gouverne la mobilité des femmes et qui les fait glisser entre la figure d’intruse, d’invitée ou d’indésirable.

SociologieS, 2020
M’appuyant sur la perspective de Maurice Halbwachs sur la mémoire Sabourin, 1997), je considère d... more M’appuyant sur la perspective de Maurice Halbwachs sur la mémoire Sabourin, 1997), je considère dans ce texte le mouvement incessant de relocalisation de la mémoire qui prit place lors de ma recherche doctorale. Au fil d’allers-retours fréquents entre Alger et Bruxelles, et à partir d’une position multisituée de « midsider » qui mêle des éléments d’ici et d’ailleurs, ce processus m’a conduite à concevoir le terrain comme une forme de socialisation induisant une incorporation du social qui passe par la localisation d’une mémoire collective à travers une mémoire individuelle dans et de l’expérience. En effet, un ensemble de médiations a permis à « mon sens de la personne et de soi » (my sense of personhood and Self) (Joseph, 1988) de se dédoubler, s’objectivant en se subjectivant, et de démarrer un processus de réindigénéisation qui fit advenir en moi une « identité passante » (Mbembe, 2013, p. 215). Cette navigation entre le Moi et ses doubles a mis fin à l’illusion de l’homogénéité identitaire du Moi et m’a permis de comprendre les multiples façons dont ma dimension incarnée et encorporée agissait comme instance de médiation de tout processus social, nécessaire pour me relier et agir (Wacquant, 2000).
Mouvements, 2020
« Ma place est dans le Hirak et pas dans la cuisine », adressent les femmes algériennes au pouvoi... more « Ma place est dans le Hirak et pas dans la cuisine », adressent les femmes algériennes au pouvoir politique et plus largement à un ordre socio-culturel et patriarcal diffus, qui les enserre d’injonctions multiples : spatiales, familiales, éducatives, professionnelles, etc. En occupant les rues insurgées et en investissant le Hirak comme espace de lutte, les Algériennes ont desserré les logiques de domination masculine et accédé à une forme de visibilité politique nouvelle. Elles ont fait de la question de l’égalité homme-femme, acquise en droit mais déniée en pratique, un enjeu de la mobilisation citoyenne pour une nouvelle Algérie, libre et démocratique.
Recherches qualitatives, 2020
Enquêter sur les rapports de genre en Algérie a conduit l’autrice à séjourner sur les lieux de so... more Enquêter sur les rapports de genre en Algérie a conduit l’autrice à séjourner sur les lieux de son enfance, à la périphérie d’Alger, entre 2014 et 2016. Lors de son passage en ce terrain familier, elle a mené une ethnographie du mouvement des corps féminins au départ des espaces domestiques. Le partage des contraintes de genre avec les enquêtées au sein de l’espace domestique, ainsi que les expériences de harcèlement au sein de l’espace extradomestique, a déterminé les modalités de son implication en tant que chercheuse. Cette pratique du terrain a permis la coproduction d’un savoir situé et encorporé qui rend intelligibles les formes d’agentivité et de résistance spatiale et sociale.
Forum vies mobiles, 2019
Depuis que les Algérien.ne.s se sont mis en mouvement dans l'espace public, le 22 février 2019, l... more Depuis que les Algérien.ne.s se sont mis en mouvement dans l'espace public, le 22 février 2019, la scène politique est rythmée par la déferlante de marches hebdomadaires, décrites par la presse comme autant de « tsunamis », dans les centres urbains des villes principales et secondaires du pays. L'attention, portée sur les revendications et les acquis progressifs du mouvement populaire, a jusqu'ici négligé les formes spatiales de sa mobilisation, pourtant au coeur de la renaissance de la société civile. Or, la lutte quotidienne pour (re)conquérir l'espace public est la raison d'être de ce soulèvement.

Recherches Sociologiques et Anthropologiques, 2018
Cet article s'intéresse à l'émission de TV-prédication algérienne Insahouni, ainsi qu'à l'ascensi... more Cet article s'intéresse à l'émission de TV-prédication algérienne Insahouni, ainsi qu'à l'ascension médiatique de son animateur, le cheikh Chemsedine Bouroubi-dit el Djazaïri, notamment grâce au buzz qu'il suscite en ligne. Outre le rappel du contexte politique de l'apparition de cette émission, l'analyse portera, dans un premier temps, sur la forme de pédagogie que celle-ci propose, sur son esthétique ainsi que sur sa mise en scène suscitant le rire. Dans un second temps, l'analyse de deux vidéos produites à partir d'extraits d'Insahouni révèlera à la fois l'apparition d'un nouveau «régime de visibilité médiatique» (Mateus, 2014) en Algérie, mais également la variété des formes de redoublement du «rire médiatique» (Vaillant, 2018 : §46) du cheikh, produisant parfois une mise à distance de son autorité religieuse et constituant ainsi un levier de desserrement de l' "ordre médiatique néo-autoritaire" (Dris, 2012).
Mots-clés : TV-prédication, Algérie, ordre médiatique, rire médiatique.
Métropolitiques
Dans son enquête sur les rapports de genre à Alger, Ghaliya Djelloul part des espaces du dedans p... more Dans son enquête sur les rapports de genre à Alger, Ghaliya Djelloul part des espaces du dedans pour identifier les contraintes qui, en amont, pèsent sur la mobilité spatiale des femmes vers le dehors. Elle décrit la double dynamique d’enserrement et de desserrement qui gouverne la mobilité des femmes : face à la stratégie d’expansion de l’ordre domestique dans les espaces publics urbains au nom de la normativité religieuse, les actrices sociales déploient des ruses pour se couvrir lorsqu’elles se déplacent dans la ville.
Eurozine
Islamic feminism critiques Islamic patriarchy by historicizing and reinterpreting sources of scri... more Islamic feminism critiques Islamic patriarchy by historicizing and reinterpreting sources of scriptural authority. Secular feminists, however, rule out any possible compatibility between feminism and Islam. Belgian social scientist Ghaliya Djelloul reviews the arguments and suggests a way past restrictive dichotomies.
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Books by Ghaliya N . Djelloul (PhD)
Ce court texte constitue donc un hommage à celui qui a éclairé, de sa lanterne, cette « situation » postcoloniale, qui module mon positionnement en tant que chercheuse, grâce à sa mise en lumière du rapport au temps dans la structuration de la subjectivité et l’infinie possibilité de combinaisons qu’offre sa « concaténation » pour les acteurs sociaux. Sa lecture a donc aménagé un espace propice à la reconnaissance de l’expérience sensible et la forme subjective qu’a pris cet « enroulement » des expériences personnelle et professionnelle, mettant fin à l’illusion de l’unité du Moi et contribuant à retrouver une voix non pas figée d’un côté ou de l’autre d’une frontière, mais mouvante qui « pense à partir de concepts dichotomiques plutôt que d’agencer le monde en dichotomies » (Mestiri, 2016 : 72). C’est plus spécifiquement le chapitre sur le « temps nègre » (pp.177-ss) qui m’a offert un cadre pour conceptualiser ce mouvement de ma subjectivité au gré de celui de mon corps à travers l’espace, et comprendre le processus qui a permis, par-delà une recherche (illusoire) du temps perdu , l’éclosion d’une « identité passante » par l’ouverture des canaux de communication entre le Moi et ses doubles.
Si le thème de la violence est situé au cœur de la reproduction du régime patriarcal en Algérie, où l’enjeu politique du deuil se rapporte à la question des normes sociales, je propose de m’intéresser aux pratiques corporelles spécifiques d’auto-défense d'actrices sociales face à la violence rencontrée dans les espaces extra-domestiques. À travers des exemples tirés de plusieurs mois de terrain mené principalement à Alger, je montre comment, tout en développant des pratiques et des conventions de non-violence, les actrices sociales se constituent comme sujets dans le champ de la violence patriarcale. C’est toute la réflexion butlerienne sur le corps, le sujet et les normes qui est convoquée ici, pour saisir les potentialités dans le retournement des normes de la violence et prendre la mesure des transformations en cours sur le terrain.
Papers by Ghaliya N . Djelloul (PhD)
Ce dossier propose de croiser les perspectives sur les rapports de pouvoir et les espaces urbains pour produire des savoirs « en commun » sur le « droit à la ville » et la place accordée ou négociée par chacun·e dans la société, en particulier pour celleux qui en sont exclu.es ou qui en occupent les marges. En partant des contraintes, des menaces et des formes de violence ciblant certaines catégories de personnes dans les espaces publics urbains (en fonction de leur genre, sexualité, classe, race, religion ou âge), les treize articles réunis ici offrent une exploration passionnante des négociations et des contournements des normes dominantes que ces espaces peuvent favoriser. S’appuyant sur des terrains variés, ils proposent une analyse infrapolitique des enjeux d’une citoyenneté quotidienne, envisagée depuis les marges.
Mots-clés : TV-prédication, Algérie, ordre médiatique, rire médiatique.
Ce court texte constitue donc un hommage à celui qui a éclairé, de sa lanterne, cette « situation » postcoloniale, qui module mon positionnement en tant que chercheuse, grâce à sa mise en lumière du rapport au temps dans la structuration de la subjectivité et l’infinie possibilité de combinaisons qu’offre sa « concaténation » pour les acteurs sociaux. Sa lecture a donc aménagé un espace propice à la reconnaissance de l’expérience sensible et la forme subjective qu’a pris cet « enroulement » des expériences personnelle et professionnelle, mettant fin à l’illusion de l’unité du Moi et contribuant à retrouver une voix non pas figée d’un côté ou de l’autre d’une frontière, mais mouvante qui « pense à partir de concepts dichotomiques plutôt que d’agencer le monde en dichotomies » (Mestiri, 2016 : 72). C’est plus spécifiquement le chapitre sur le « temps nègre » (pp.177-ss) qui m’a offert un cadre pour conceptualiser ce mouvement de ma subjectivité au gré de celui de mon corps à travers l’espace, et comprendre le processus qui a permis, par-delà une recherche (illusoire) du temps perdu , l’éclosion d’une « identité passante » par l’ouverture des canaux de communication entre le Moi et ses doubles.
Si le thème de la violence est situé au cœur de la reproduction du régime patriarcal en Algérie, où l’enjeu politique du deuil se rapporte à la question des normes sociales, je propose de m’intéresser aux pratiques corporelles spécifiques d’auto-défense d'actrices sociales face à la violence rencontrée dans les espaces extra-domestiques. À travers des exemples tirés de plusieurs mois de terrain mené principalement à Alger, je montre comment, tout en développant des pratiques et des conventions de non-violence, les actrices sociales se constituent comme sujets dans le champ de la violence patriarcale. C’est toute la réflexion butlerienne sur le corps, le sujet et les normes qui est convoquée ici, pour saisir les potentialités dans le retournement des normes de la violence et prendre la mesure des transformations en cours sur le terrain.
Ce dossier propose de croiser les perspectives sur les rapports de pouvoir et les espaces urbains pour produire des savoirs « en commun » sur le « droit à la ville » et la place accordée ou négociée par chacun·e dans la société, en particulier pour celleux qui en sont exclu.es ou qui en occupent les marges. En partant des contraintes, des menaces et des formes de violence ciblant certaines catégories de personnes dans les espaces publics urbains (en fonction de leur genre, sexualité, classe, race, religion ou âge), les treize articles réunis ici offrent une exploration passionnante des négociations et des contournements des normes dominantes que ces espaces peuvent favoriser. S’appuyant sur des terrains variés, ils proposent une analyse infrapolitique des enjeux d’une citoyenneté quotidienne, envisagée depuis les marges.
Mots-clés : TV-prédication, Algérie, ordre médiatique, rire médiatique.
Les sujets traités dans ce dossier témoignent des manières dont les musulmans traversent la pandémie, entre (in)certitudes, contraintes et résilience.
En plaçant « l’éthos non-violent » (Silmiya) au cœur de l’appel à un changement politique, le peuple surmonte le « trauma colonial » (Lazali, 2018) redoublé par celui de la guerre « contre les civils » (Tahon, 1998), pour s’imposer non plus comme objet mais sujet de l’histoire2. Se revendiquant souverain (en vertu des articles 7 et 8 de la constitution), il place sa légitimité au-dessus de la légalité, pour participer à la chose publique au moyen de la chute du régime, mais non celle de l’État. Aussi, cette mobilisation des citoyens et des citoyennes n’était pas seulement inattendue, elle marque l’entrée dans une nouvelle ère tant elle constitue un renouvellement de l’horizon du changement social et du langage politique.
However, while many governments and organisations claim “traditional values”, traditions vary around the globe and so does the content of these “values”.
Anthropologists and historians have also long demonstrated that traditions are necessarily invented.
This roundtable gathers scholars from different parts to interrogate the content and the use of “traditional values” in global sexual politics.
We will address the following questions: Who uses this notion and to which purposes? What is meant by “traditional values” in specific as well as transnational settings? Against whom and against what do specific actors use this notion?
En adoptant un point de vue intersectionnel, je suis particulièrement attentive à la co-formation des pouvoirs (genre, classe, ethnicité…) (Bacchetta, 2015) pour identifier les ressources et contraintes spécifiques de leurs usages quotidiens des espaces urbains afin de contextualiser et comprendre les freins et leviers spatiaux à l’agentivité de ces actrices sociales insérées dans des réseaux familiaux et informels de milieux majoritairement défavorisés sur le plan économique et mis à distance des centres de pouvoir.
M’appuyant sur Butler qui montre, dans Vie précaire, à travers l’enjeu politique du deuil , que les normes sociales sont nécessaires à prendre en compte pour rendre intelligibles les significations des vécus corporels des acteurs/trices sociaux/les, j’envisage le mouvement des actrices sociales du dedans vers les dehors comme une négociation à travers des normes qui fondent un champ du pouvoir. Mon hypothèse, formulée dans une acception foucaldienne du pouvoir, est que la « gouvernementalité » - ou « l’art de gérer les choses et les personnes » (Butler, 2005) - du pouvoir patriarcal opère sur les femmes au travers de différents types d’acteurs collectifs qui « enserrent » leurs corps pour les maintenir, coûte que coûte, dans les espaces domestiques. Face à cette situation, les femmes déploient des tactiques pour « desserrer » cette emprise.
This slogan resonates in Algeria since the uprising of the 22th of February 2019. It embraces two major ideas about the opening of the public space: (1) is not a delimitated phase, but an ongoing learning process, done by practicing; (2) it should not be seen as a linear movement, but rather as a continuous struggle, the steps of which are entangled between a back-and-forth dynamic.
Beyond this spatial metaphor, this presentation aims to stress that “motility” (Kaufman, Jemelin, 2008) (i.e. potential mobility, and mobility in action) is at the heart of the political mobilization because it constitutes its very condition of possibility (the physical capacity of access, movement and appropriation of space) and its form of embodiment.
Based on an ethnographic fieldwork conducted in Algiers, from the outskirts to the heart of the city center in April 2019, I want to address two major issues: (1) Potential mobility: From digital to urban space, how temporalities frame and channel the collective emotions that are needed before the mobilization in order for it to occur, and after in order to produce a political discourse (through its representation as a political “event” that arouses attention) (Wagner-Pacifici, 2017); (2)Mobility in action: The roles and actions of agents of (im)mobility who try to contain or facilitate the movement of the demonstrators’ bodies. How do actors ranging from police and gendarme officers to “green armbands” and “orange vests” use urban morphology to weaken or empower citizens? How do the demonstrators negotiate and assert their presence in urban spaces, despite the push back of authorities, in order to transform them into public spaces?
Drawing my analysis from these descriptions, I will conclude that the ongoing process of opening of the public space results of both an emotional and physical resistance to the “containment” or “enclosure” (Mbembe, 2016) policies in urban spaces, that constitute authoritarian ways of governing populations. This resistance is characterized by the “loosening” of urban space through “non-violence” as an ethos and a pathos (Butler, 2017), lowering barriers and multiplying the power of citizenship
contemporaine, j’adopte une démarche inductive qui s’ancre
dans un point de vue « situé ». Mon propre statut de femme influence
mon intérêt en tant que sociologue à travailler sur la question
de la mobilité spatiale des femmes à la lumière des enjeux normatifs
qu’elle soulève au sein des familles et de la société en général.
Démarrant mon ethnographie dans les espaces domestiques de
ma famille étendue, je souhaiterais partager certains défis émotionnels
soulevés par un terrain si «proche» qu’il en devient suffocant.
Je m’efforcerai de montrer que ce processus d’instrumentalisation des convictions religieuses à des fins politiques « par le bas » contre le régime a été rendu possible par la clôture de la scène politique et l’encadrement autoritaire du champ religieux « par le haut » dès l’indépendance : le contrôle des institutions religieuses, l’étatisation de l’enseignement religieux et la marginalisation des confréries soufies au profit du mouvement réformiste algérien. Ce dernier participe pourtant à saper le pouvoir du parti-État en faisant de l’école l’instrument de la future puissance de la mouvance islamiste en impulsant une autre « configuration des rapports du religieux et du politique, et des rapports entre personnel religieux et personnel politique » (Carlier, 1992 : 200). C’est ainsi qu’à la fin des années 1970, la première génération d’élèves et de maîtres post-indépendance apparait et sert de tremplin à l’islamisation politique de la société algérienne. La montée en puissance dans les années 1980 d’une culture religieuse primant sur le lien politique, lui-même désormais fondé sur le lien religieux (Salhi, 2000), a donc pris une marche accélérée mais avait déjà été amorcé dans les années 1920-40 par le mouvement réformiste algérien et consacré à l’indépendance par l’Etat postcolonial.
C’est dans ce contexte d’ouverture contrôlée d’un « marché » télévisuel qu’est née une vedette du petit écran: le Cheikh Chemssedine el Djazaïri. Son émission de prédication religieuse quotidienne, « Insahouni » (conseillez-moi), se distingue de l’offre de prédication disponible par le style inimitable de son « one-man show » (constitué de sketchs construits autour de la lecture des lettres de ses auditeurs/trices) qui se mue en « stand up » par ses improvisations à caractère « humoristique » (Pasqueron de Fommervault ; 2012), grâce au mélange inattendu d’éléments à la fois sacrés et profanes (Bricker, 1973 ; Augé, 1978 ). Le Cheikh Chemssedine el-Djazaïri gagne rapidement en popularité et est invité, en tant qu’autorité religieuse, à participer à plusieurs autres émissions de la chaine Ennahar TV : des émissions de « société » comme « El Khat el Ahmar » (La ligne rouge), « Ma waraa el djidran » (Ce qu’il y a derrière les murs), des débats sur les plateaux d’émissions d’information ou encore par surprise lors d’une caméra cachée. Ce succès l’amène même à se produire dans des spectacles hors plateaux TV, dont les vidéos disponibles en ligne confirment le caractère humoristique de ses interventions en donnant à voir les réactions du public en direct. Ces divers « produits » télévisuels sont diffusés sur internet à partir de la chaine YouTube d’Ennahar TV, puis réutilisés par des youtubeurs qui créent des clips constitués de montages d’images de celui qui est souvent surnommé « Chemssou » ou « Chmissou », sous formes de « Best of », d’imitations et de parodies. Ces vidéos sont ensuite relayées sur les réseaux sociaux, sur des comptes collectifs de fans du Cheikh, de nombreuses pages à son nom ou celles d’usagers privés de ces réseaux. En quelques années la multiplicité de ces canaux de diffusion ainsi que son style unique dans le paysage télévisuel algérien ont fait de lui une vedette nationale, dont les sketchs sont connus et appréciés dans toutes les parties du vaste territoire algérien, les milieux socioéconomiques et les générations.
Je m’intéresserai dans cet article à la réception de cette figure d’autorité « délocalisée » (Echchaibi, 2011) et des messages de moralisation de la vie publique qu’elle délivre par le biais des pratiques de réappropriation rendues possibles par la scène sociale (Goffman, 1973) virtuelle du web, qui se mue en espace public. . Après avoir interrogé le label « religieux » de ses spectacles, les replaçant dans le contexte sociopolitique algérien contemporain pour en souligner le contenu idéologique « néo-autoritariste » (Driss, 2012), je tenterai de comprendre comment le dispositif de mise en ligne des vidéos sur YouTube, amplifié par les réseaux sociaux, est investi comme espace marchand dans lequel se déploient des pratiques d’affirmation identitaire via la consommation de signes religieux (Haenni, 2005) et analyserai enfin certains messages construits par les Youtubeurs à partir de la mise en scène (Goffman, 1973) de ces vidéos (diffusion et partage de « statuts », de mentions « j’aime » et de commentaires).
A partir de données récoltées dans le cadre d’une enquête sociologique qualitative menée dans le quartier de Dergana (sud-est d’Alger), je m’intéresserai à la manière dont les femmes vivent et légitiment cet ordre social ainsi que des stratégies qu’elles déploient pour se mouvoir en dehors de l’espace familial malgré le pouvoir qu’exercent les hommes sur les espaces extérieurs (dissuasion par leur présence majoritaire, contrôle, hostilité voire répression violente) et les conséquences qu’un tel déploiement engendre au sein du groupe des femmes (rumeurs, surveillance et réprobation sociale). L’intérêt porté sur la mobilité d’un point de vue genré constitue ainsi une fenêtre par laquelle entrevoir les rapports de pouvoir qui traversent la société, comment ils structurent l’accès à et l’appropriation de l’espace et les modes de légitimation sur lesquels ils reposent.
Auteur.e.s : Ghaliya Djelloul, Fadi Iskandar, Felice Dassetto.
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ou qu’elles contribuent intellectuellement aux débats, ces militantes produisent des discours féministes à partir de ou dans leur religion. Pour comprendre les impacts réciproques entre rapports sociaux de sexe et religiosité sur leur engagement, l’enquête rassemble des récits de vie pour dégager les trajectoires biographiques, les parcours sociaux et les formes d’engagement militant. L’analyse permet de comprendre comment l’ancrage dans des situations sociales différentes, les contraintes, les façons d'être et de penser, héritées ou acquises, constituent des outils dans la construction d'une identité en rupture et qui aspire au changement social : celle de « féministe musulmane » comme posture politique et identitaire au croisement du local et du transnational. Auteure : Ghaliya Djelloul.