Papers by Gaspard Turin
D'ordinaire, la filiation Manchette-Echenoz est traitée par les liens intertextuels que l'on trou... more D'ordinaire, la filiation Manchette-Echenoz est traitée par les liens intertextuels que l'on trouve dans les romans du second. C'est également la perspective de départ choisie dans cet article, puis la question se réoriente de façon à montrer que l'intertexte manchettien chez Echenoz obéit à une esthétique du détail. Celle-ci étant liée historiquement au genre du polar dans lequel, à des degrés divers, les deux auteurs se sont illustrés, la filiation se développe dans le cadre de cette généricité commune. On en tirera le constat suivant : l'écriture du détail est liée à la structure historique du roman policier, et sa pertinence est concomitante au défaut de cette structure. De la même manière, l'expression d'un nécessaire engagement politique ne peut apparaître que dans le défaut de structure idéologique des années post-89.

"Je continue de penser que j'aurais dû prendre quelqu'un qui sache chanter. On aurait pu faire un... more "Je continue de penser que j'aurais dû prendre quelqu'un qui sache chanter. On aurait pu faire un truc. Mes limitations vocales m'empêchent d'arriver au niveau que mes textes mériteraient (rires). Il y a plein de trucs utilisables dans mes textes, mais il faut chanter, vraiment. Pas parler." Ces propos de Michel Houellebecq ont été prononcés en 2013, au coeur d'une entrevue avec Sylvain Bourmeau à propos de la publication de Configuration du dernier rivage. Curieusement, ils ne parlent pas de ce recueil. Ils n'ont même rien à voir avec la conversation dans laquelle ils se trouvent retranscrits. Ils ne sont d'ailleurs pas commentés par le journaliste. Mais la réflexion de l'écrivain est aisée à reconstruire : parlant d'Aragon, il évoque la mise en musique de ses poèmes par Jean Ferrat. Il se souvient alors qu'un tel travail a eu lieu sur la base de ses propres poèmes, treize ans auparavant. C'est en fait de Présence Humaine que parle ici Houellebecq, album rock, réalisé avec Bertrand Burgalat sur son propre label Tricatel, en 2000 : un travail où la musique du second sert de base au premier pour une performance 2 vocale particulière, tenant essentiellement du parlando. On assiste, dans cette réminiscence mal à propos, au retour d'un étrange refoulé. Un embarras affleure, et à cet embarras le statut de Présence humaine correspond, aussi bien dans la bibliographie au sens large de Houellebecq que dans la critique, où pendant longtemps il n'en a pas été question (il faudra d'ailleurs attendre 2016 pour que le disque soit réédité). Treize ans après sa parution en tout cas, on le voit : Houellebecq reste, face à cet objet, non réconcilié. D'abord au sens strict, parce que cette aventure musicale n'a pas eu de lendemain et qu'il serait pour le moins hasardeux d'attribuer au tandem Houellebecq-Burgalat la même qualité d'amitié que, par exemple, celle qui se dégage visiblement de la collaboration Houellebecq-Aubert. Au sens figuré également, parce que même après de nombreuses écoutes, ce disque faussement apathique, en réalité d'une très grande richesse de registres et d'émotions, n'offre aucune prise à la synthèse, ne présente aucune résolution, ne s'insère pas non plus avec clarté dans la série des projets de Houellebecq au fil du temps. C'est pourtant un travail qui en dit long sur l'esthétique houellebecquienne – en tout cas permet de l'envisager sous un angle élargi, que la lecture seule (des romans en particulier) ne permet pas.
This paper focuses on the works of Eric Chevillard, arguably one of the most prominent contempora... more This paper focuses on the works of Eric Chevillard, arguably one of the most prominent contemporary french writers alive; the chosen perspective places his work between the two poles, thus creating a spectrum, of hybris and nemesis. The former represents the excess, outrageousness and verbal violence of a novel very often described as monstrous. The latter evokes the necessity, for these novels, to meet yet their readers in a commonplace, to moderate the hybris...
Peu à peu, je commençais à sympathiser avec le barman.
1 OBJET PLÉTHORIQUE, SUJET MÉLANCOLIQUE. DE PEREC, LE CLÉZIO ET MODIANO À QUIGNARD.

Résumé : Le romancier Yves Pagès, dans deux de ses livres, Portraits crachés et Petites natures... more Résumé : Le romancier Yves Pagès, dans deux de ses livres, Portraits crachés et Petites natures mortes au travail, procède par " microfictions ". Les courts chapitres qui les composent, dans lesquels des personnages aux statuts sociaux précarisés, esquissés en quelques traits, se succèdent, tendent à se raccourcir encore dans la propension de l'écrivain à résumer son propos sous formes de syntagmes -lesquels font euxmêmes fréquemment l'objet d'énumérations. Cette écriture à tendance fragmentaire est marquée par la satire du discours médiatique ; Pagès pourtant, retournant à son avantage ce discours, à l'aspect paratactique mais sous-tendu par une forte hiérarchisation et un ordre dont les précaires sont exclus, inverse la tendance. Il traduit, par le fugace de la forme, la vulnérabilité de ses personnages, mis à mal par la vie quotidienne et banale d'un monde contemporain dans lequel faillites et frustrations, déclassements, misère, burn-outs et flip-outs ne sont plus le fait de marginaux ou de désaxés mais bien du citoyen lambda. La notion, développée par J. Rancière, de " partage du sensible ", et traduite par Y. Citton en " syntaxe sociale ", servira de viatique pour observer en quoi Pagès fonde, à travers le microcosme du syntagme et les énumération dont ceux-ci font l'objet, un discours social à la fois inédit, aporétique, et pourtant profondément attentif aux particularités sociales du monde contemporain.
Littérature, Jan 1, 2009
Les textes de Pascal Quignard doivent une partie de leur aspect inhabituel au rôle qu&#x2... more Les textes de Pascal Quignard doivent une partie de leur aspect inhabituel au rôle qu'y tiennent la référence, la citation. L'observation de ces références, à laquelle la première partie de cette présente étude se consacre, conduira à en dégager la nature ...
EspacesTemps. net
Le roman comme laboratoire. De la connaissance littéraire à l'imagination sociologique, Québec, S... more Le roman comme laboratoire. De la connaissance littéraire à l'imagination sociologique, Québec, Septentrion, 2009. Gaspard Turin travaille comme assistant à l'Université de Lausanne, où il prépare une thèse de doctorat sur le phénomène de la liste littéraire au sein du roman français contemporain, sous la direction du professeur Jean Kaempfer. Il travaille sur un corpus extensif d'auteurs vivants, en particulier Quignard, Modiano, Chevillard, Volodine ou Pagès.
French Forum, Jan 1, 2008
Colloques et journées d'étude / Colloquium by Gaspard Turin

Lectures-performances, entretiens publics, séances de dédicaces, salons, résidences : le contempo... more Lectures-performances, entretiens publics, séances de dédicaces, salons, résidences : le contemporain semble de plus en plus friand de rencontres avec ses écrivains, et multiplie les modalités pour les mettre en scène. L’écrivain devient (ou redevient) un personnage public, ou, pour le dire autrement, un personnage d’auteur se constitue. Comment la posture (Meizoz, 2007 et 2011) qui en découle dialogue-t-elle avec l’œuvre, à rebours des conceptions qui opposent visibilité populaire et reconnaissance par les pairs ? Quel discours cela porte-t-il sur le métier d’écrivain, sa place dans le monde et la société, et, in fine, la littérature comme dispositif relationnel (Bourriaud, 1998) ?
Notre démarche s’attachera à décrire la constitution de postures d’écrivain comme « sculptures de soi » (Jérôme Meizoz emploie ce concept emprunté par Nietzsche aux Stoïciens dans son dernier ouvrage, La littérature « en personne ». Scène médiatique et formes d’incarnation. Genève, Slatkine Érudition, 2016). La présence de l’écrivain contemporain apparaît comme une nouvelle donnée du champ dont l’importance ne cesse de croître depuis les années 1990. Cette étude nous permettra de relier ce paradigme – social, extra-littéraire – au texte, pour étudier les mises en scènes de l’auteur sous des formes diverses, personnage-écrivain de fiction ou autoportrait médiatisé, métalepse, figuration de soi en narrateur ou narratrice. La scène énonciative devient ainsi le lieu d’une circulation du discours littéraire entre l’auteur et le lecteur. La réflexion portera sur plusieurs axes, dans le faisceau desquels se dessine une silhouette d’auteur à la fois accueillante et inquiète, parfois rigide, demandeuse d’un échange qui dépasse les limites du texte en redéfinissant les contours d’une présence d’autorité. Notre parcours avancera en deux temps, et s’articulera autour de l’exemple de Jean-Philippe Toussaint.
1) La « sculpture de l’auteur ». Sur un plan social et extra-poétique, les entretiens, les articles, le paratexte offrent autant de toiles où se projette l’image de l’écrivain. Ils offrent un lieu de dialogue (silencieux) et de complicité (tacite) qui fait signe vers un effort de redéfinition de l’auctorialité et du texte littéraire. Le concept de présence permet d’éclairer ces mouvements dans le champ contemporain.
2) Miroir sans tain. Nombreux sont les écrivains contemporains qui prennent plaisir à rejouer la scène de l’écriture au sein de la fiction, selon une dimension métatextuelle qui ne surprend plus le lecteur. Sur ce plan poétique, la figuration de soi témoigne d’un désir de défigement de la part d’auteurs qui s’emploient à crever la page pour s’établir sur la scène de la réception. Dans ce mouvement d’adresse, fût-elle implicite, le texte convoque le lecteur pour rejouer avec lui les hantises traditionnelles de l’écriture (pour qui, pour quoi écrit-on ? Comment écrire, dans quel atelier, en s’aidant de quels supports ? Quelles ambitions pour l’écrivain, quelle place conquise ou à conquérir, et quel rapport aux autres ?) dans un rapport mêlé de fascination et d’ironie. Mais cette dimension assez conventionnelle sous-tend surtout une conception renouvelée de l’œuvre littéraire comme dispositif relationnel dynamique.
Journée d’étude « Auteurs en scène. Lieux et régimes de visibilité des écrivains contemporains. », organisée par Chloé Brendlé et Estelle Mouton-Rovira à l’Université Paris-Diderot, 3 juin 2016.
Articles by Gaspard Turin

Comment le disque de Michel Houellebecq et Bertrand Burgalat, Présence humaine (2000), est-il su... more Comment le disque de Michel Houellebecq et Bertrand Burgalat, Présence humaine (2000), est-il susceptible d’affecter la manière dont est perçue l’œuvre littéraire de cet écrivain? Nous partirons, pour répondre à cette question, d’une observation moins simple qu’il n’y paraît : nous entendons la « voix » de Michel Houellebecq quand nous le lisons. Il ne s’agira pas uniquement d’affirmer que cette «voix» rend l’auteur responsable de ses écrits, mais aussi qu’elle lui permet d’habiter son texte, de manière quasi char- nelle, les dimensions sensibles et éthique nous apparaissant intimement liées. Nous ver- rons que cette perception imprime à la lecture de Houellebecq une « présence humaine » particulière, alors même que la réception médiatique des romans aura pu nous faire douter de cette présence. En somme, si Houellebecq a pu se montrer pris au piège de sa surmédiatisation, il est aussi capable d’en faire un usage maîtrisé afin de présenter un autre visage, plus subtil, à ses lecteurs.
Books by Gaspard Turin

Etudes de lettres, 2016
A l’heure où la littérature s’expose à la faveur de nombreux festivals et où la plupart des auteu... more A l’heure où la littérature s’expose à la faveur de nombreux festivals et où la plupart des auteurs se prêtent volontiers au jeu de la mise en voix, voire de la performance, alors que le slam fête ses 30 ans d’existence dans le monde et connaît désormais un franc succès dans toute la Francophonie, cet ouvrage se propose d’explorer les chemins de l’oralité contemporaine, d’envisager comment l’on passe du livre au live, d’analyser les formes et media empruntés par cette oralité qui s’enrichit au fil d’hybridations et de croisements. Poésie, slam, rap, chanson, théâtre, création radiophonique, conte, nouvelle, BD: autant de voies à découvrir au travers de neuf contributions croisant les points de vue d’universitaires et d’artistes, autant de fils qui se tissent et que nous invitons lectrices et lecteurs à suivre pour mieux appréhender les déclinaisons multiples des littératures orales actuelles.
Numéro de revue (direction) by Gaspard Turin

fabula.org, 2018
https://www.fabula.org/colloques/sommaire5665.php
// Actes de la journée d'étude du 26 novem... more https://www.fabula.org/colloques/sommaire5665.php
// Actes de la journée d'étude du 26 novembre 2016 à l'Université de Lausanne.
// « Oui, je suis du XIXe siècle », écrivait Barthes en 1977 sur l’une de ses fiches de travail, avant d’évoquer son sentiment d’être partagé entre une actualité théorique, à l’avancée de laquelle il participa au plus près, et parallèlement, toujours davantage avec les années, son désir de retrait, de neutre, de pas de côté. Car Barthes ne fut pas seulement une « figure centrale » mais aussi un « être à la marge ». Et c’est bien souvent depuis cet écart qu’il inscrit ceux dont il fait ses partenaires de dialogue, par-delà les siècles et les frontières : ses véritables compagnons d’esprit.
// Barthes, contemporain « central » est bien connu : ses amitiés avec Kristeva ou Sollers, ses dialogues avec Deleuze, Lacan ou Derrida, son rôle dans l’élaboration et la diffusion du structuralisme. C’est là qu’il était, lui le lecteur attentif des signes de la mode, véritablement à la page. C’est toutefois plus latéralement que les textes rassemblés ici voudraient plonger le regard, et tendre l’oreille au bruissement de voix mineures mais non moins essentielles qui traversent ses textes. Si certains aspects de la théorie barthienne – ceux-ci même qui étaient autrefois les plus actuels – ont peut-être vieilli avec le structuralisme, c’est là où sa pensée se savait celle d’un « sujet démodé » (RB par RB) qu’elle tisse toujours avec nous ses liens les plus forts.
// Textes réunis par Antonin Wiser
// Sommaire:
/ Roland Barthes, contemporanéités intempestives. Présentation (Antonin Wiser)
/ Point de contact : pour une esthétique de la rencontre (Katia Schwerzmann)
/ Palinodie mon amour. À propos du second séminaire sur le discours amoureux (1975-1976) (Noémie Christen)
/ Constellations marginales : Roland Barthes avec Walter Benjamin (Antonin Wiser)
/ “J’aime, je n’aime pas”. Connivence entre Perec et Barthes (Gaspard Turin)
/ Orphée – Loti – Roland B. (Maxime Laurent)
Book Reviews by Gaspard Turin
Avec ce livre, Raphaël Baroni revient sur son désormais célèbre premier ouvrage, La Tension narra... more Avec ce livre, Raphaël Baroni revient sur son désormais célèbre premier ouvrage, La Tension narrative (2007). Comme son titre l'indique, Les Rouages de l'intrigue reprend et précise la question, centrale dans la théorie que R. Baroni exposait dans son précédent livre, de l'intrigue : sa définition, son fonctionnement et surtout son caractère opératoire, dans une perspective résolument orientée vers ses usages, en particulier dans l'enseignement de la littérature. Au fil des pages, R. Baroni se propose également de rassembler et d'harmoniser, au sein d'un discours propre, les nombreux travaux faisant usage de concepts liés à la tension narrative et à la dynamique du récit en général, montrant à la fois l'importance que ces concepts ont pris dans la critique littéraire actuelle et la nécessité d'un dialogue fécond quant à leur construction, toujours susceptible d'évolution.
Colloques by Gaspard Turin
Cinquante ans après « La mort de l’auteur » de Roland Barthes qui proclamait une symétrique « nai... more Cinquante ans après « La mort de l’auteur » de Roland Barthes qui proclamait une symétrique « naissance du lecteur », ce sont aux morts réelles et non métaphoriques des auteurs et autrices (tous arts confondus : bande dessinée, beaux-arts, chanson, cinéma, littérature, performance, télévision, théâtre, etc.), et à leurs conséquences sur la création et la réception des œuvres qu’entend s’intéresser ce numéro de Fabula-LhT.
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Papers by Gaspard Turin
Colloques et journées d'étude / Colloquium by Gaspard Turin
Chaîne Youtube du CSLF, Paris Nanterre.
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Notre démarche s’attachera à décrire la constitution de postures d’écrivain comme « sculptures de soi » (Jérôme Meizoz emploie ce concept emprunté par Nietzsche aux Stoïciens dans son dernier ouvrage, La littérature « en personne ». Scène médiatique et formes d’incarnation. Genève, Slatkine Érudition, 2016). La présence de l’écrivain contemporain apparaît comme une nouvelle donnée du champ dont l’importance ne cesse de croître depuis les années 1990. Cette étude nous permettra de relier ce paradigme – social, extra-littéraire – au texte, pour étudier les mises en scènes de l’auteur sous des formes diverses, personnage-écrivain de fiction ou autoportrait médiatisé, métalepse, figuration de soi en narrateur ou narratrice. La scène énonciative devient ainsi le lieu d’une circulation du discours littéraire entre l’auteur et le lecteur. La réflexion portera sur plusieurs axes, dans le faisceau desquels se dessine une silhouette d’auteur à la fois accueillante et inquiète, parfois rigide, demandeuse d’un échange qui dépasse les limites du texte en redéfinissant les contours d’une présence d’autorité. Notre parcours avancera en deux temps, et s’articulera autour de l’exemple de Jean-Philippe Toussaint.
1) La « sculpture de l’auteur ». Sur un plan social et extra-poétique, les entretiens, les articles, le paratexte offrent autant de toiles où se projette l’image de l’écrivain. Ils offrent un lieu de dialogue (silencieux) et de complicité (tacite) qui fait signe vers un effort de redéfinition de l’auctorialité et du texte littéraire. Le concept de présence permet d’éclairer ces mouvements dans le champ contemporain.
2) Miroir sans tain. Nombreux sont les écrivains contemporains qui prennent plaisir à rejouer la scène de l’écriture au sein de la fiction, selon une dimension métatextuelle qui ne surprend plus le lecteur. Sur ce plan poétique, la figuration de soi témoigne d’un désir de défigement de la part d’auteurs qui s’emploient à crever la page pour s’établir sur la scène de la réception. Dans ce mouvement d’adresse, fût-elle implicite, le texte convoque le lecteur pour rejouer avec lui les hantises traditionnelles de l’écriture (pour qui, pour quoi écrit-on ? Comment écrire, dans quel atelier, en s’aidant de quels supports ? Quelles ambitions pour l’écrivain, quelle place conquise ou à conquérir, et quel rapport aux autres ?) dans un rapport mêlé de fascination et d’ironie. Mais cette dimension assez conventionnelle sous-tend surtout une conception renouvelée de l’œuvre littéraire comme dispositif relationnel dynamique.
Journée d’étude « Auteurs en scène. Lieux et régimes de visibilité des écrivains contemporains. », organisée par Chloé Brendlé et Estelle Mouton-Rovira à l’Université Paris-Diderot, 3 juin 2016.
Articles by Gaspard Turin
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Numéro de revue (direction) by Gaspard Turin
// Actes de la journée d'étude du 26 novembre 2016 à l'Université de Lausanne.
// « Oui, je suis du XIXe siècle », écrivait Barthes en 1977 sur l’une de ses fiches de travail, avant d’évoquer son sentiment d’être partagé entre une actualité théorique, à l’avancée de laquelle il participa au plus près, et parallèlement, toujours davantage avec les années, son désir de retrait, de neutre, de pas de côté. Car Barthes ne fut pas seulement une « figure centrale » mais aussi un « être à la marge ». Et c’est bien souvent depuis cet écart qu’il inscrit ceux dont il fait ses partenaires de dialogue, par-delà les siècles et les frontières : ses véritables compagnons d’esprit.
// Barthes, contemporain « central » est bien connu : ses amitiés avec Kristeva ou Sollers, ses dialogues avec Deleuze, Lacan ou Derrida, son rôle dans l’élaboration et la diffusion du structuralisme. C’est là qu’il était, lui le lecteur attentif des signes de la mode, véritablement à la page. C’est toutefois plus latéralement que les textes rassemblés ici voudraient plonger le regard, et tendre l’oreille au bruissement de voix mineures mais non moins essentielles qui traversent ses textes. Si certains aspects de la théorie barthienne – ceux-ci même qui étaient autrefois les plus actuels – ont peut-être vieilli avec le structuralisme, c’est là où sa pensée se savait celle d’un « sujet démodé » (RB par RB) qu’elle tisse toujours avec nous ses liens les plus forts.
// Textes réunis par Antonin Wiser
// Sommaire:
/ Roland Barthes, contemporanéités intempestives. Présentation (Antonin Wiser)
/ Point de contact : pour une esthétique de la rencontre (Katia Schwerzmann)
/ Palinodie mon amour. À propos du second séminaire sur le discours amoureux (1975-1976) (Noémie Christen)
/ Constellations marginales : Roland Barthes avec Walter Benjamin (Antonin Wiser)
/ “J’aime, je n’aime pas”. Connivence entre Perec et Barthes (Gaspard Turin)
/ Orphée – Loti – Roland B. (Maxime Laurent)
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Colloques by Gaspard Turin
Chaîne Youtube du CSLF, Paris Nanterre.
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Notre démarche s’attachera à décrire la constitution de postures d’écrivain comme « sculptures de soi » (Jérôme Meizoz emploie ce concept emprunté par Nietzsche aux Stoïciens dans son dernier ouvrage, La littérature « en personne ». Scène médiatique et formes d’incarnation. Genève, Slatkine Érudition, 2016). La présence de l’écrivain contemporain apparaît comme une nouvelle donnée du champ dont l’importance ne cesse de croître depuis les années 1990. Cette étude nous permettra de relier ce paradigme – social, extra-littéraire – au texte, pour étudier les mises en scènes de l’auteur sous des formes diverses, personnage-écrivain de fiction ou autoportrait médiatisé, métalepse, figuration de soi en narrateur ou narratrice. La scène énonciative devient ainsi le lieu d’une circulation du discours littéraire entre l’auteur et le lecteur. La réflexion portera sur plusieurs axes, dans le faisceau desquels se dessine une silhouette d’auteur à la fois accueillante et inquiète, parfois rigide, demandeuse d’un échange qui dépasse les limites du texte en redéfinissant les contours d’une présence d’autorité. Notre parcours avancera en deux temps, et s’articulera autour de l’exemple de Jean-Philippe Toussaint.
1) La « sculpture de l’auteur ». Sur un plan social et extra-poétique, les entretiens, les articles, le paratexte offrent autant de toiles où se projette l’image de l’écrivain. Ils offrent un lieu de dialogue (silencieux) et de complicité (tacite) qui fait signe vers un effort de redéfinition de l’auctorialité et du texte littéraire. Le concept de présence permet d’éclairer ces mouvements dans le champ contemporain.
2) Miroir sans tain. Nombreux sont les écrivains contemporains qui prennent plaisir à rejouer la scène de l’écriture au sein de la fiction, selon une dimension métatextuelle qui ne surprend plus le lecteur. Sur ce plan poétique, la figuration de soi témoigne d’un désir de défigement de la part d’auteurs qui s’emploient à crever la page pour s’établir sur la scène de la réception. Dans ce mouvement d’adresse, fût-elle implicite, le texte convoque le lecteur pour rejouer avec lui les hantises traditionnelles de l’écriture (pour qui, pour quoi écrit-on ? Comment écrire, dans quel atelier, en s’aidant de quels supports ? Quelles ambitions pour l’écrivain, quelle place conquise ou à conquérir, et quel rapport aux autres ?) dans un rapport mêlé de fascination et d’ironie. Mais cette dimension assez conventionnelle sous-tend surtout une conception renouvelée de l’œuvre littéraire comme dispositif relationnel dynamique.
Journée d’étude « Auteurs en scène. Lieux et régimes de visibilité des écrivains contemporains. », organisée par Chloé Brendlé et Estelle Mouton-Rovira à l’Université Paris-Diderot, 3 juin 2016.
// Actes de la journée d'étude du 26 novembre 2016 à l'Université de Lausanne.
// « Oui, je suis du XIXe siècle », écrivait Barthes en 1977 sur l’une de ses fiches de travail, avant d’évoquer son sentiment d’être partagé entre une actualité théorique, à l’avancée de laquelle il participa au plus près, et parallèlement, toujours davantage avec les années, son désir de retrait, de neutre, de pas de côté. Car Barthes ne fut pas seulement une « figure centrale » mais aussi un « être à la marge ». Et c’est bien souvent depuis cet écart qu’il inscrit ceux dont il fait ses partenaires de dialogue, par-delà les siècles et les frontières : ses véritables compagnons d’esprit.
// Barthes, contemporain « central » est bien connu : ses amitiés avec Kristeva ou Sollers, ses dialogues avec Deleuze, Lacan ou Derrida, son rôle dans l’élaboration et la diffusion du structuralisme. C’est là qu’il était, lui le lecteur attentif des signes de la mode, véritablement à la page. C’est toutefois plus latéralement que les textes rassemblés ici voudraient plonger le regard, et tendre l’oreille au bruissement de voix mineures mais non moins essentielles qui traversent ses textes. Si certains aspects de la théorie barthienne – ceux-ci même qui étaient autrefois les plus actuels – ont peut-être vieilli avec le structuralisme, c’est là où sa pensée se savait celle d’un « sujet démodé » (RB par RB) qu’elle tisse toujours avec nous ses liens les plus forts.
// Textes réunis par Antonin Wiser
// Sommaire:
/ Roland Barthes, contemporanéités intempestives. Présentation (Antonin Wiser)
/ Point de contact : pour une esthétique de la rencontre (Katia Schwerzmann)
/ Palinodie mon amour. À propos du second séminaire sur le discours amoureux (1975-1976) (Noémie Christen)
/ Constellations marginales : Roland Barthes avec Walter Benjamin (Antonin Wiser)
/ “J’aime, je n’aime pas”. Connivence entre Perec et Barthes (Gaspard Turin)
/ Orphée – Loti – Roland B. (Maxime Laurent)