Conference Presentations by Gérald Sinclair

Suite à l’impulsion décisive des analyses ethnologiques, anthropologiques et philosophiques de Br... more Suite à l’impulsion décisive des analyses ethnologiques, anthropologiques et philosophiques de Bruno Latour (1991, 2015) et de Philippe Descola (2005, 2017) sur « la modernité », le terme de ‘naturalisme’ est bien souvent repris pour désigner un type de représentation « dualiste » du monde, une « ontographie » caractérisée par la coupure entre l’humanité d’une part, et « la nature » d’autre part (Catherine & Raphaël Larrère, 2015). Cette ontographie ‘naturaliste’ est bien souvent interprétée comme celle du « regard » des « sciences de la nature » sur le monde (physique, chimie, biologie, géosciences…), qui porterait en elle les germes de l’oppression, de la destruction et de l’autodestruction écologique (colonialisme, extractivisme, refus de considérer la vie et la valeur des êtres rangés dans la catégorie de « nature » : femmes, populations humaines indigènes entières, animaux non-humains, milieux écologiques…).
Pourtant, d’un point de vue philosophique, comme le remarquait précisément Latour (1991), la modernité n’est pas univoque, et la situation du ‘naturalisme’ dans les sciences de la nature est définie par une tension et une contradiction internes plutôt que par un découpage stable (c’est « la prolifération des objets hybrides » et sa « gestion philosophique »). Encore plus frontalement, il est possible de se demander comment le découpage ‘naturaliste’ et anthropocentré du monde s’accorde avec le fait que les « sciences de la nature » n’ont cessé de produire des remises en cause puissamment corrosives des « privilèges ontologiques » de l’humanité, du moins sur un versant empirique : symbioses, coévolutions, cyborgs, vie exotique. Dans quelle mesure un ‘naturalisme’ des « sciences de la nature » peut-il participer à la remise en cause de l’exception humaine ? Pour quelle raison peut-on préférer les terme « d’exception », de « séparation » et même « d’humanisme » à ceux de « naturalisme » et de « modernité » ?
Y a-t-il contradiction, convergence ou compatibilité entre ces deux versants ou versions du ‘naturalisme’ ? Pour suivre ces pistes, nous prenons appui sur le concept épistémologique de ‘naturalisme’ chez Latour, Descola, sur les analyses de Jean-Marie Schaeffer (2007), en direction d'une notion épistémologique et culturelle du 'décentrement', appliquée ici à la remise en cause de l'exceptionnalisme humain.
Notes de présentation la présentation donnée lors du Colloque FDi, Centre des Compétences en Durabilité, Départements des Lettres (UNIL) le 11 mai 2023.
En français, la notion de « décentrement » intervient au croisement de nombreuses disciplines, qu... more En français, la notion de « décentrement » intervient au croisement de nombreuses disciplines, questions philosophiques et épistémologiques, qu'il s'agisse d'une expérience vécue et temporaire, d'une opération de conversion affective ou d'objectivation rationnelle, ou encore d'un basculement culturel progressif des représentations, des valeurs et des comportements. Est-il possible de préciser les contours d'un concept général du décentrement — ou celui-ci n'a-t-il aucune pertinence ? Quels sont les enjeux que peuvent, notamment dans l'hypothèse d'une forme ou d'une autre de transition culturelle, épistémique et morale d'un paradigme de la modernité à un autre ?
Notes de la présentation brève donnée à l'occasion du Colloque "Sentir, vivre et penser les continuités entre nature et culture" (UNIL, Philosophie & Géosciences, 02/2022).

Sommes-nous les fourmis de quelque chose ? La structure analogique que l'on mobilise ici permet d... more Sommes-nous les fourmis de quelque chose ? La structure analogique que l'on mobilise ici permet de comprendre qu'il n'est pas du tout étrange que des choses très étranges existent véritablement. Cette analogie surgit dans de nombreuses situations discursives, et beaucoup plus souvent qu’on pourrait s’y attendre. Elle nous permet d’explorer les relations entre tropes fictionnels, imagination philosophique et savoirs scientifiques, à la recherche du possible, contre les fausses évidences. Je propose ici une analyse de sa structure, puis un parcours sur quelques-uns de ses usages contemporains. Avec un peu de chance, ce parcours pourra servir à interroger ce qui constitue un objet de réflexion sérieux ou une invention futile, ce qui sépare les contrefactuels dignes et indignes de participer aux mises en scène philosophiques. Car notre analogie suggère que dans la ménagerie du monde, il y a des choses à la fois finies et incommensurables, susceptibles de ne pas nous affecter, et cela peut nous affecter. Des choses déterminables mais profondément irréductibles à la réflexion, plausibles mais (encore) radicalement inimaginables : ni absurdes, ni dignes de croyance, "d'autres choses", tout bêtement. Le fait que nous sommes peut-être totalement dépassés dans l'ordre du fini n'est pas nécessairement sans valeur, ne serait-ce qu'à nous rappeler notre condition effective : chauvinismes transversaux, amnésie permanente, nullité provinciale.
Notes de la présentation intitulée "Le décentrement (décentrer la perspective)", donnée lors du C... more Notes de la présentation intitulée "Le décentrement (décentrer la perspective)", donnée lors du Colloque Doctoral FDi & Fabula du 4 au 5 juin 2018. Chaque intervenant·e était invité·e à développer son propos à partir d'un concept lui servant d'outil intellectuel important, novateur ou problématique dans ses recherches. Notes suivies de l'abstract et d'une proposition bibliographique.
Notes of my original contribution at the CUSO Workshop on « Attention, Compassion and Empathy in ... more Notes of my original contribution at the CUSO Workshop on « Attention, Compassion and Empathy in Ethics », University of Fribourg (CH) – 13-14 September 2018. Preceded by the Handout, followed by remarks drawn in response to the discussion, and short bibliography for reference.
Posters & Announcements by Gérald Sinclair

Flyer & Programme, colloque UNIL co-organisé par la Section de Philosophie (Lettres) & l'Institut... more Flyer & Programme, colloque UNIL co-organisé par la Section de Philosophie (Lettres) & l'Institut de Géographie et Durabilité (Géosciences), 03-04 février 2022.
"Le paradigme d'un partage strict entre Humanité et Nature est plus que jamais ébranlé sous les assauts provenant des sciences de la nature, des sciences humaines, de leurs croisements écologiques ou cybernétiques – ou encore des réflexions phénoménologiques, éthiques, esthétiques (etc.) sur le décentrement. Que l’on se tienne d’un côté ou de l’autre de la frontière abstraite des sciences et de la philosophie, les définitions, entités et phénomènes dits "naturels" ou "culturels" ne sauraient plus être appréhendés en vase clos.
À mesure que cette séparation particulière se dissout, elle laisse place à une compréhension enrichie des phénomènes et des relations. Quelles voies s’ouvrent alors à nous pour comprendre les co-constitutions & les co-dépendances, et lesquelles restent encore à frayer ?
L’évidence de continuités et interdépendances entre le naturel et le culturel s’impose aussi dans nos réalités quotidiennes. Que ce soit au travers de nouvelles possibilités techniques (telle que la biologie de synthèse), ou encore au travers des crises écologiques (comme la défaunation et les extinctions), cette remise en cause s'accompagne parfois d'un sentiment d'urgence dans la reprise critique des anthropocentrismes. Si cette situation se greffe à des controverses qui ne datent pas d'hier, elle engage aussi des défis et débats nouveaux.
L’absence de barrière essentielle ne signifie évidemment pas qu’il y ait identité, compréhension ou réconciliation immédiate. Inversement, à trop marquer les différences ou le risque d’anthropomorphisme, ne risque-t-on pas de s’interdire des possibilités de compréhension, de partage ou d’exploration plastique ? Sentir, vivre et modéliser les continuités entre des réalités complexes et dynamiques impliquera nécessairement de négocier certaines tensions – à commencer par celle de la distance et de la proximité, entre altérité radicale et commensurabilité.
Ce colloque a donc aussi pour but de mettre en lumière la pluralité des approches, voire leurs oppositions, ainsi que leurs défis internes. On espère ainsi avancer dans cette (re)constitution du monde en commun, en sachant mieux ce que l’on peut légitimement attendre du processus – ou non."
[Texte de présentation du colloque co-rédigé par Diane Cherix, Gérald Sinclair, Christophe Gilliand, 2020 – remanié 2022 ; design affiche Gérald Sinclair / Léa Fernandes / Ondrej Prosický]
Research & Projects by Gérald Sinclair
L’exploration urbaine – ou « urbex », de l’Anglais "urban exploration" – désigne le fait d’arpent... more L’exploration urbaine – ou « urbex », de l’Anglais "urban exploration" – désigne le fait d’arpenter un espace post-industriel in situ, en particulier ses composantes cachées, temporaires ou délaissées. Que sont ces lieux ou phases, avant d’être vouées à l’usage humain, après avoir survécu à ce qui était prévu, ou simultanément et à côté et de leurs fonctions anthropiques ? Qu’y découvrons-nous, et que nous évoquent-elles ?
À travers les notions de projection, de perspective et d'écologie étendue, ainsi que de nombreuses références artistiques, cet article développe une proposition concernant la pratique et l'interprétation de l'exploration urbaine. Dans le contexte de l'Anthropocène, celle-ci peut être conçue et vécue comme expérience projective et prospective singulière.

This dissertation explores the theological, philosophical and historical connections between pseu... more This dissertation explores the theological, philosophical and historical connections between pseudo-Dionysius (6th century Christian Theologian under pseudonym), and Jacques Derrida (contemporary French Philosopher influenced by phenomenology, structuralism and heideggerianism). They have in common a critical dialogue with Theology itself: “Theo-logy”, the possibility or impossibility to understand God and talk about godhead, but also to talk to a theistic God as such. Therefore, I consider that prayers – with their affective and spiritual functions, their expected or unexpected forms, and their ritualized or shifting borders – represent a revealing crux for both projects. It constitutes a strategic entry into dionysian mysticism and derridean texts, useful to link and to distinguish their ideas.
First of all, both Denys and Derrida have strong logical reasons to consider that the Absolute is beyond thought, infinitely elusive or other. Secondly, both Denys and Derrida have reasons to believe that language and meaning are relative or shifting. These claims are likely to challenge the theological basis of prayers (systematic, dogmatic or simply epistemic), that Denys and Derrida radicalize through precise movements of language that a vague “negative” label doesn't exhaust. In both contexts, combining the conceptual paradox of an ever-escaping object of meaning with particular linguistic operations bears profound consequences on the possibility and forms of embodied theology (prayers, in that case). Following the Dionysian operations of a “crossing of names” and the Derridean “gestures of deconstruction” yields new forms and functions for prayer, towards a dynamic and neverending prayer to nowhere, nobody, or beyond, balancing the risks of mystical reunion, pure hope and adoration with those of silence, perplexity and madness. Is this prayer eventually more destructive than generative, or does it contain unique intentional promises? What are the limits of prayer when its address and contents are destabilized by radical theological and philosophical treatments? What forms of devotion or ethical responsibility does this new notion of prayer lead to? Without confusing the two, there is a common "family resemblance" shared by practical apophatic theology (Denys) and ethical a-theology (Derrida), or between Christian mystical prayers and postmodern agnostic hospitality. A heuristic concept of 'intentionality' can help navigate their prayers, and mediate between beliefs and attitudes, meaning and longing, identity and difference, engagement and silence.
Although such considerations on prayer may seem speculative for both entrenched atheists and believers, they may produce concrete effects on practices. As for now, the central questions of prayer will have to change from “what name should I use to call on 'God', and what are the rules to follow?” to “what would it mean to address a deity as such, and how to perform the impossible?”.
[This Master's Thesis is dedicated to Dr Michael Purcell (1956-2013), UnEd Divinity School, for his practice of hospitality towards foreign students and kind mentoring advice.]
Book & Article Reviews by Gérald Sinclair
Recension du livre de Bernard Baertschi, "De l’humain augmenté au posthumain : une approche bioét... more Recension du livre de Bernard Baertschi, "De l’humain augmenté au posthumain : une approche bioéthique" (2019) par Gérald Sinclair, publiée dans la 'Revue de Théologie et de Philosophie', volume 152, II, 2020 (section Bibliographie).
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Conference Presentations by Gérald Sinclair
Pourtant, d’un point de vue philosophique, comme le remarquait précisément Latour (1991), la modernité n’est pas univoque, et la situation du ‘naturalisme’ dans les sciences de la nature est définie par une tension et une contradiction internes plutôt que par un découpage stable (c’est « la prolifération des objets hybrides » et sa « gestion philosophique »). Encore plus frontalement, il est possible de se demander comment le découpage ‘naturaliste’ et anthropocentré du monde s’accorde avec le fait que les « sciences de la nature » n’ont cessé de produire des remises en cause puissamment corrosives des « privilèges ontologiques » de l’humanité, du moins sur un versant empirique : symbioses, coévolutions, cyborgs, vie exotique. Dans quelle mesure un ‘naturalisme’ des « sciences de la nature » peut-il participer à la remise en cause de l’exception humaine ? Pour quelle raison peut-on préférer les terme « d’exception », de « séparation » et même « d’humanisme » à ceux de « naturalisme » et de « modernité » ?
Y a-t-il contradiction, convergence ou compatibilité entre ces deux versants ou versions du ‘naturalisme’ ? Pour suivre ces pistes, nous prenons appui sur le concept épistémologique de ‘naturalisme’ chez Latour, Descola, sur les analyses de Jean-Marie Schaeffer (2007), en direction d'une notion épistémologique et culturelle du 'décentrement', appliquée ici à la remise en cause de l'exceptionnalisme humain.
Notes de présentation la présentation donnée lors du Colloque FDi, Centre des Compétences en Durabilité, Départements des Lettres (UNIL) le 11 mai 2023.
Notes de la présentation brève donnée à l'occasion du Colloque "Sentir, vivre et penser les continuités entre nature et culture" (UNIL, Philosophie & Géosciences, 02/2022).
Posters & Announcements by Gérald Sinclair
"Le paradigme d'un partage strict entre Humanité et Nature est plus que jamais ébranlé sous les assauts provenant des sciences de la nature, des sciences humaines, de leurs croisements écologiques ou cybernétiques – ou encore des réflexions phénoménologiques, éthiques, esthétiques (etc.) sur le décentrement. Que l’on se tienne d’un côté ou de l’autre de la frontière abstraite des sciences et de la philosophie, les définitions, entités et phénomènes dits "naturels" ou "culturels" ne sauraient plus être appréhendés en vase clos.
À mesure que cette séparation particulière se dissout, elle laisse place à une compréhension enrichie des phénomènes et des relations. Quelles voies s’ouvrent alors à nous pour comprendre les co-constitutions & les co-dépendances, et lesquelles restent encore à frayer ?
L’évidence de continuités et interdépendances entre le naturel et le culturel s’impose aussi dans nos réalités quotidiennes. Que ce soit au travers de nouvelles possibilités techniques (telle que la biologie de synthèse), ou encore au travers des crises écologiques (comme la défaunation et les extinctions), cette remise en cause s'accompagne parfois d'un sentiment d'urgence dans la reprise critique des anthropocentrismes. Si cette situation se greffe à des controverses qui ne datent pas d'hier, elle engage aussi des défis et débats nouveaux.
L’absence de barrière essentielle ne signifie évidemment pas qu’il y ait identité, compréhension ou réconciliation immédiate. Inversement, à trop marquer les différences ou le risque d’anthropomorphisme, ne risque-t-on pas de s’interdire des possibilités de compréhension, de partage ou d’exploration plastique ? Sentir, vivre et modéliser les continuités entre des réalités complexes et dynamiques impliquera nécessairement de négocier certaines tensions – à commencer par celle de la distance et de la proximité, entre altérité radicale et commensurabilité.
Ce colloque a donc aussi pour but de mettre en lumière la pluralité des approches, voire leurs oppositions, ainsi que leurs défis internes. On espère ainsi avancer dans cette (re)constitution du monde en commun, en sachant mieux ce que l’on peut légitimement attendre du processus – ou non."
[Texte de présentation du colloque co-rédigé par Diane Cherix, Gérald Sinclair, Christophe Gilliand, 2020 – remanié 2022 ; design affiche Gérald Sinclair / Léa Fernandes / Ondrej Prosický]
Research & Projects by Gérald Sinclair
À travers les notions de projection, de perspective et d'écologie étendue, ainsi que de nombreuses références artistiques, cet article développe une proposition concernant la pratique et l'interprétation de l'exploration urbaine. Dans le contexte de l'Anthropocène, celle-ci peut être conçue et vécue comme expérience projective et prospective singulière.
First of all, both Denys and Derrida have strong logical reasons to consider that the Absolute is beyond thought, infinitely elusive or other. Secondly, both Denys and Derrida have reasons to believe that language and meaning are relative or shifting. These claims are likely to challenge the theological basis of prayers (systematic, dogmatic or simply epistemic), that Denys and Derrida radicalize through precise movements of language that a vague “negative” label doesn't exhaust. In both contexts, combining the conceptual paradox of an ever-escaping object of meaning with particular linguistic operations bears profound consequences on the possibility and forms of embodied theology (prayers, in that case). Following the Dionysian operations of a “crossing of names” and the Derridean “gestures of deconstruction” yields new forms and functions for prayer, towards a dynamic and neverending prayer to nowhere, nobody, or beyond, balancing the risks of mystical reunion, pure hope and adoration with those of silence, perplexity and madness. Is this prayer eventually more destructive than generative, or does it contain unique intentional promises? What are the limits of prayer when its address and contents are destabilized by radical theological and philosophical treatments? What forms of devotion or ethical responsibility does this new notion of prayer lead to? Without confusing the two, there is a common "family resemblance" shared by practical apophatic theology (Denys) and ethical a-theology (Derrida), or between Christian mystical prayers and postmodern agnostic hospitality. A heuristic concept of 'intentionality' can help navigate their prayers, and mediate between beliefs and attitudes, meaning and longing, identity and difference, engagement and silence.
Although such considerations on prayer may seem speculative for both entrenched atheists and believers, they may produce concrete effects on practices. As for now, the central questions of prayer will have to change from “what name should I use to call on 'God', and what are the rules to follow?” to “what would it mean to address a deity as such, and how to perform the impossible?”.
[This Master's Thesis is dedicated to Dr Michael Purcell (1956-2013), UnEd Divinity School, for his practice of hospitality towards foreign students and kind mentoring advice.]
Book & Article Reviews by Gérald Sinclair
Pourtant, d’un point de vue philosophique, comme le remarquait précisément Latour (1991), la modernité n’est pas univoque, et la situation du ‘naturalisme’ dans les sciences de la nature est définie par une tension et une contradiction internes plutôt que par un découpage stable (c’est « la prolifération des objets hybrides » et sa « gestion philosophique »). Encore plus frontalement, il est possible de se demander comment le découpage ‘naturaliste’ et anthropocentré du monde s’accorde avec le fait que les « sciences de la nature » n’ont cessé de produire des remises en cause puissamment corrosives des « privilèges ontologiques » de l’humanité, du moins sur un versant empirique : symbioses, coévolutions, cyborgs, vie exotique. Dans quelle mesure un ‘naturalisme’ des « sciences de la nature » peut-il participer à la remise en cause de l’exception humaine ? Pour quelle raison peut-on préférer les terme « d’exception », de « séparation » et même « d’humanisme » à ceux de « naturalisme » et de « modernité » ?
Y a-t-il contradiction, convergence ou compatibilité entre ces deux versants ou versions du ‘naturalisme’ ? Pour suivre ces pistes, nous prenons appui sur le concept épistémologique de ‘naturalisme’ chez Latour, Descola, sur les analyses de Jean-Marie Schaeffer (2007), en direction d'une notion épistémologique et culturelle du 'décentrement', appliquée ici à la remise en cause de l'exceptionnalisme humain.
Notes de présentation la présentation donnée lors du Colloque FDi, Centre des Compétences en Durabilité, Départements des Lettres (UNIL) le 11 mai 2023.
Notes de la présentation brève donnée à l'occasion du Colloque "Sentir, vivre et penser les continuités entre nature et culture" (UNIL, Philosophie & Géosciences, 02/2022).
"Le paradigme d'un partage strict entre Humanité et Nature est plus que jamais ébranlé sous les assauts provenant des sciences de la nature, des sciences humaines, de leurs croisements écologiques ou cybernétiques – ou encore des réflexions phénoménologiques, éthiques, esthétiques (etc.) sur le décentrement. Que l’on se tienne d’un côté ou de l’autre de la frontière abstraite des sciences et de la philosophie, les définitions, entités et phénomènes dits "naturels" ou "culturels" ne sauraient plus être appréhendés en vase clos.
À mesure que cette séparation particulière se dissout, elle laisse place à une compréhension enrichie des phénomènes et des relations. Quelles voies s’ouvrent alors à nous pour comprendre les co-constitutions & les co-dépendances, et lesquelles restent encore à frayer ?
L’évidence de continuités et interdépendances entre le naturel et le culturel s’impose aussi dans nos réalités quotidiennes. Que ce soit au travers de nouvelles possibilités techniques (telle que la biologie de synthèse), ou encore au travers des crises écologiques (comme la défaunation et les extinctions), cette remise en cause s'accompagne parfois d'un sentiment d'urgence dans la reprise critique des anthropocentrismes. Si cette situation se greffe à des controverses qui ne datent pas d'hier, elle engage aussi des défis et débats nouveaux.
L’absence de barrière essentielle ne signifie évidemment pas qu’il y ait identité, compréhension ou réconciliation immédiate. Inversement, à trop marquer les différences ou le risque d’anthropomorphisme, ne risque-t-on pas de s’interdire des possibilités de compréhension, de partage ou d’exploration plastique ? Sentir, vivre et modéliser les continuités entre des réalités complexes et dynamiques impliquera nécessairement de négocier certaines tensions – à commencer par celle de la distance et de la proximité, entre altérité radicale et commensurabilité.
Ce colloque a donc aussi pour but de mettre en lumière la pluralité des approches, voire leurs oppositions, ainsi que leurs défis internes. On espère ainsi avancer dans cette (re)constitution du monde en commun, en sachant mieux ce que l’on peut légitimement attendre du processus – ou non."
[Texte de présentation du colloque co-rédigé par Diane Cherix, Gérald Sinclair, Christophe Gilliand, 2020 – remanié 2022 ; design affiche Gérald Sinclair / Léa Fernandes / Ondrej Prosický]
À travers les notions de projection, de perspective et d'écologie étendue, ainsi que de nombreuses références artistiques, cet article développe une proposition concernant la pratique et l'interprétation de l'exploration urbaine. Dans le contexte de l'Anthropocène, celle-ci peut être conçue et vécue comme expérience projective et prospective singulière.
First of all, both Denys and Derrida have strong logical reasons to consider that the Absolute is beyond thought, infinitely elusive or other. Secondly, both Denys and Derrida have reasons to believe that language and meaning are relative or shifting. These claims are likely to challenge the theological basis of prayers (systematic, dogmatic or simply epistemic), that Denys and Derrida radicalize through precise movements of language that a vague “negative” label doesn't exhaust. In both contexts, combining the conceptual paradox of an ever-escaping object of meaning with particular linguistic operations bears profound consequences on the possibility and forms of embodied theology (prayers, in that case). Following the Dionysian operations of a “crossing of names” and the Derridean “gestures of deconstruction” yields new forms and functions for prayer, towards a dynamic and neverending prayer to nowhere, nobody, or beyond, balancing the risks of mystical reunion, pure hope and adoration with those of silence, perplexity and madness. Is this prayer eventually more destructive than generative, or does it contain unique intentional promises? What are the limits of prayer when its address and contents are destabilized by radical theological and philosophical treatments? What forms of devotion or ethical responsibility does this new notion of prayer lead to? Without confusing the two, there is a common "family resemblance" shared by practical apophatic theology (Denys) and ethical a-theology (Derrida), or between Christian mystical prayers and postmodern agnostic hospitality. A heuristic concept of 'intentionality' can help navigate their prayers, and mediate between beliefs and attitudes, meaning and longing, identity and difference, engagement and silence.
Although such considerations on prayer may seem speculative for both entrenched atheists and believers, they may produce concrete effects on practices. As for now, the central questions of prayer will have to change from “what name should I use to call on 'God', and what are the rules to follow?” to “what would it mean to address a deity as such, and how to perform the impossible?”.
[This Master's Thesis is dedicated to Dr Michael Purcell (1956-2013), UnEd Divinity School, for his practice of hospitality towards foreign students and kind mentoring advice.]