
Mario Meliadò
Professor of History of Philosophy at the University of Siegen and Principal Investigator of the manicula DFG project (https://manicula.uni-siegen.de)
Address: Universität Siegen, Philosophische Fakultät, Adolf-Reichwein-Str. 2, 57068, Siegen
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The conference is part of the manicula project (https://manicula.uni-siegen.de), based at the University of Siegen and funded by the German Research Foundation (DFG). The project examines the corpus of Platonic and Aristotelian manuscripts possessed and read by Nicholas of Cusa. The aim of the project is to produce a critical edition of Cusa’s glosses and marginal notes to the Latin translations of Plato and Aristotle, and to investigate Cusa’s reading practices in the broader context of the 15th-century reception of Plato and Aristotle.
Gilson fut au sommet de l’institution philosophique française entre 1921 et 1950, comme professeur d’histoire de la philosophie médiévale (à l'Université de Strasbourg, à la Sorbonne et à l’EPHE, puis au Collège de France) et membre de l’Académie française. Mais il fut aussi un intellectuel chrétien engagé dans la politique nationale, internationale et ecclésiastique de l’entre-deux guerres et de l’après-guerre, comme l’a récemment montré Florian Michel (Étienne Gilson : une biographie intellectuelle et politique, Paris, Vrin, 2018). Sa qualité d’« intellectuel transatlantique » (F. Michel), enseignant à Harvard et surtout fondateur du Pontifical Institute of Mediaeval Studies de Toronto, est aussi constitutive de sa manière de faire époque et d’influencer, par son activité intellectuelle, un vaste réseau de recherches philosophiques et historiographiques.
Initiateur d’un renouveau du médiévalisme philosophique en France comme en Amérique du Nord et spécialiste des sources scolastiques du cartésianisme, Gilson a défendu l’idée d’une étroite continuité entre Médiévaux et Modernes, faisant de la Renaissance une « frontière contestée » dans l’histoire de la pensée. « La différence entre la Renaissance et le moyen âge », écrit-il en 1930, « n’est pas une différence par excès, mais par défaut. La Renaissance n’est pas le moyen âge plus l’homme, mais le moyen âge moins Dieu » (Gilson, « Humanisme médiéval et Renaissance »).
On s’interrogera, en premier lieu, sur la place ambiguë de la Renaissance chez Gilson et ceux avec qui il partagea alors la scène philosophique française (Alexandre Koyré, Paul Vignaux, Martial Guéroult, Henri Gouhier, Lucien Febvre, Maurice de Gandillac, Pierre Mesnard, Henri de Lubac notamment) en tenant compte aussi des relations entre la tradition d’études française et l’historiographie européenne et transatlantique (Eugenio Garin, Paul Oskar Kristeller notamment). Deuxièmement, on centrera l’attention sur la redécouverte, l’interprétation et l’usage de certaines figures paradigmatiques de la Renaissance dans les débats savants français au cours du XXe siècle (par exemple Pétrarque, Érasme, Nicolas de Cues, Campanella, Montaigne, Bodin, Jakob Böhme) ; on examinera enfin la position et l’influence de Gilson et de son école dans la querelle historiographique et idéologique autour de la catégorie d’Humanisme. Ici encore, l’enjeu n’est pas seulement le cadre conceptuel et polémique des reconstructions ou des « refoulements » historiographiques de la culture philosophique de la Renaissance sur la longue durée, mais aussi celui des normes de construction de la modernité en matière de philosophie.
The political substrate in historiographical writing is sometimes regarded as mere distortion or deceit. Instead, we aim to reveal the driving force of ‘dissidence’ in historiographical practices in a dual sense: as a means to (re)construct the past beyond accepted traditions, and as a way to act on the present. Thus the workshop will investigate the recourse to certain philosophical strands as a convergence between the philosophical approach of the sources studied, and the ethical, political and religious world of the historiographer.
L’apparition de l’enseignement de l’histoire de la philosophie de la Renaissance dans un cadre institutionnel est un épisode à première vue périphérique dans le contexte universitaire français du XIXe siècle. Elle se produit loin du centre parisien du savoir, à Strasbourg (1841-1842), à l’initiative d’un émigré italien, Giuseppe Ferrari, qui exprimait là une position tout à fait marginale dans le scénario intellectuel alors dominé par le cousinisme. En effet, les cours de Victor Cousin à la Sorbonne ne reconnaissaient à la Renaissance ni consistance philosophique, ni spécificité de contenu, et présentaient la pensée des XVe et XVIe siècles comme une phase de transition confuse entre la scolastique et Descartes, caractérisée par la répétition aveugle de l’antiquité et une absence chronique de méthode. Toutefois, les leçons de Ferrari sur la philosophie de la Renaissance – qui furent d’ailleurs suspendues sous le chef d’accusation d’athéisme – s’inscrivaient dans un mouvement de redécouverte savante pour lequel l’enseignement de Jules Michelet au Collège de France pouvait représenter un ancrage académique. La Renaissance pourrait alors devenir un objet historiographique dissident, à l’égard du pouvoir intellectuel et politique du libéralisme de l’école cousinienne, ainsi que des courants catholiques. On se demandera dans quelle mesure cette genèse a contribué à définir le cadre conceptuel et polémique des reconstructions ou des « refoulements » historiographiques de la culture philosophique de la Renaissance sur la longue durée.
La journée d’études centrera l’attention sur une relecture politique de la pratique de l’histoire de la philosophie au sein de l’institution philosophique française, selon trois perspectives complémentaires de travail : (1) un questionnement des implications idéologiques de la discussion sur le statut de la Renaissance comme « époque philosophique », dans la quête d’autonomie disciplinaire de l’historiographie de la Renaissance face à la concurrence du médiévisme philosophique et du « modernisme cartésien » ; (2) un examen des usages et des appropriations symboliques de certains philosophes ou de certaines doctrines de la Renaissance dans les débats culturels et politiques du XIXe siècle ; (3) une analyse des différents positionnements face à la Renaissance chez les représentants de l’école cousinienne, en tenant compte aussi de leur réception critique en France ou à l’étranger.
La journée d’études s’accompagnera d’une exposition issue du fonds Victor-Cousin, constitué par la bibliothèque et les papiers légués à l’université de Paris en 1863 par Victor Cousin, conservé à la Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne.