
Michel Nicolas
Related Authors
RMBLF (Réseau des Médiévistes)
Fonds National de la Recherche Scientifique
Sylvène EDOUARD
Lyon III University - Jean Moulin
Martin Dumont
Université Paris-Sorbonne (Paris IV)
Sébastien-Abel Laurent
Université de Poitiers
Francois Wallerich
UCLouvain (University of Louvain)
Pauline Bouchaud
Ecole Pratique des Hautes Etudes
Laure Leroux
Université de Caen Normandie
InterestsView All (28)
Uploads
Talks by Michel Nicolas
(viiie-xve siècle), Paris, 2022, p. 7-66.
l’œuvre au travers des exemplaires manuscrits. Notre recherche vise un double objectif : d’une part, proposer une synthèse de la première diffusion du Policraticus en France, facilitée par le séjour concomitant de Jean de Salisbury et Thomas Becket en Champagne dans les années 1164-1170 ; d’autre part, comprendre le rôle et la place qu’occupe dans cette diffusion le manuscrit Charleville-Mézières BM 151, provenant de l’abbaye cistercienne de Signy et considéré comme l’un des premiers témoins du Policraticus en France, en insistant sur le réseau de relations existant entre Jean de Salisbury, Thomas Becket et l’ordre de Cîteaux.
Few medieval works have generated as much interest as the Policraticus of John of Salisbury. Written in late autumn 1159 for Thomas Becket, chancellor of King Henri II Plantagenet and future archbishop of Canterbury, the work has been abundantly studied for its political content, as a mirror for princes. If research has since nuanced this characterization, by stressing in particular the humanistic culture of the text, praising John’s knowledge of the classics, few studies have been devoted to the precise diffusion of the text through the manuscript tradition. Our research has two objectives: on the one hand, to propose an overview of the first diffusion of the Policraticus in France, which was facilitated by the simultaneous stay of John of Salisbury and Thomas Becket in Champagne during the years 1164-1170; on the other hand, to understand the function and the place occupied in this diffusion by the manuscript Charleville-Mézières BM 151, which comes from the Cistercian abbey of Signy. It is presented as one of the earliest French witnesses of the Policraticus to survive and stresses the relations observed between John of Salisbury, Thomas Becket and the Cistercian Order.
Among all the mirrors for princes currently listed, there is one atypical, almost entirely unknown by the research world, whose attribution raises many questions. The Speculum regiminis, work composed during the last decades of the Fourteenth-century, attributed to Philippe of Bergame, deserves more attention. We will see by a short analyse of his content, that is a commentary of the well-known Disticha catonis, but also by the study of the manuscript tradition, rich of eighty-five manuscripts, that the general attribution of this text, which is controversial, is a complex issue.
Au Moyen Âge, le bonum commune, compris comme fin ultime de tout individu inscrit au sein d’une communauté, fonde toute la grammaire politique, et plus particulièrement à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, sous l’impulsion de la redécouverte du corpus politique aristotélicien. Quoiqu’omniprésente, la notion est comprise et utilisée de manière extrêmement diverse, selon des finalités qui semblent souvent incompatibles avec l’universalité même qui sous-tend l’idée de « commun ».
Plusieurs travaux récents ont mis en lumière le caractère extrêmement vague et ambigu de la définition même du bonum commune ; dans l’œuvre de Thomas d’Aquin, pour ne citer que lui, le concept est mobilisé à maintes et maintes reprises, dans un sens qui est loin d’être univoque, équivocité renforcée par l’absence de toute tentative définitoire par le docteur angélique. Cette polysémie, qui ne va pas sans une certaine plasticité, explique les usages extrêmement variés voire parfois opposés de la notion de bien commun au Moyen Âge, tantôt utilisée comme fer de lance de l’absolutisme pontifical, tantôt pour justifier l’existence d’institutions contraignantes censées empêcher l’avènement d’un gouvernement tyrannique. Cette journée d’étude cherche à réinterroger la notion même de bonum commune en s’intéressant aux conditions dans lesquelles celle-ci se voit mobilisée, en s’intéressant aux éventuels conflits qui surgissent dans sa confrontation avec le réel historique, tout en guettant les solutions proposées par les auteurs pour concilier théorie et pratique du bien commun, dans une approche comparable à l’analogie théologico-politique proposée par l’Aquinate.
Le « long XIIe siècle » est une période d'importantes mutations sur le plan culturel et intellectuel, mais aussi politique et institutionnel. Les penseurs médiévaux, majoritairement des ecclésiastiques, perçoivent également ces transformations fondamentales et les réflexions autour des questions du pouvoir et du gouvernement laïc (vanité de la cour, tyrannicide, thème du roi lettré, métaphore organiciste, etc.) fleurissent au sein de textes aux caractères extrêmement variés. L'objectif de ce colloque est de mener une analyse croisée de l'action et de la pensée politique entre le XIe siècle et le début du XIIIe siècle, et surtout de parvenir à faire résonner ces deux aspects du pouvoir sur une fréquence commune. Une réflexion d'ensemble, évitant l'écueil de l'opposition entre théorie et pratique politique, est nécessaire pour apporter une perspective novatrice à l'appréhension de la pensée et de l'action politique au cours de ce long XIIe siècle. Cette rencontre convie les participants à réfléchir sur une mise en relation entre des modèles ou des actes gouvernementaux concrets et des considérations plus théoriques et sur l'influence que ces deux éléments structurants pourraient avoir l'un sur l'autre. Une seconde question primordiale sous-tend ce raisonnement : celle de la finalité et de la réception des oeuvres qui les contiennent. En effet, il convient de déterminer par quel(s) moyen(s) et quel(s) intermédiaire(s) les gouvernants pouvaient y avoir accès et quel impact ces textes pouvaient avoir sur leurs pratiques gouvernementales et sur les mutations évoquées ci-dessus.
La séance aura lieu le jeudi 16 mars, de 14 h à 16h, au 54 boulevard Raspail (Paris), au niveau – 1, en salle 9.
L'objectif de ce colloque sera donc de réinterroger une littérature aux contours sinueux et pourtant cloisonnée sous une définition arbitraire qui cache une part importante des potentialités d'étude d'un tel corpus. En choisissant de prendre le parti non de la forme mais de la fonction, de l'usage des miroirs aux princes, au travers notamment de l'étude de leur réception manuscrite, de leur combinaison avec d'autres formes de littérature, mais aussi du projet de l'auteur (au moyen notamment de la préface au texte, si celle-ci existe), nous souhaitons souligner la grande plasticité des textes spéculaires qui dépassent largement les cadres typologiques restreints dans lesquels nous les classons habituellement.
C'est pourquoi nous souhaitons faire intervenir lors de ce colloque des spécialistes de tous horizons, des miroirs carolingiens aux miroirs vernaculaires de la fin du Moyen Âge, tout en souhaitant également bénéficier de la participation de jeunes chercheurs, qui pourront ainsi apporter un regard neuf sur cette thématique. Une telle démarche permettra de répondre à une question simple, mais pourtant lourde de conséquences : est-ce la forme d’une œuvre, son contenu intrinsèque qui en détermine la nature, ou est-ce davantage sa visée et, plus important encore, sa réception ?