Sociologie-Anthropologie

La légalisation du mariage religieux, notamment islamique, demeure un sujet de polémique au Mali. Dans ce pays majoritairement musulman, le débat sur cette question sensible s'est fortement polarisé ces dernières années, notamment entre ses défenseurs (principalement les organisations islamiques) et ses opposants (les organisations féminines en tête). Face à la persistance de la polémique, nous avons initié cette recherche pour mieux comprendre le sujet. Concrètement, il s'agissait de répondre à la question suivante : La légalisation du mariage religieux estelle pour ou contre les droits des femmes? Pour y répondre, nous nous sommes appuyé sur un corpus de données empiriques collectées à Bamako entre octobre et novembre 2020. Ce corpus inclut des entretiens semi-directifs avec une trentaine d'acteurs sociaux maliens, des députés et des acteurs gouvernementaux. Ces données ont été complétées par la littérature grise et scientifique sur le sujet. Les résultats indiquent que la population malienne demeure divisée sur la question. Pour ses défenseurs, elle « protège » les droits des femmes (et de leurs enfants), notamment en matière d'héritage. Pour ses opposants, au contraire, elle constitue « une menace » à ces droits, elle « ne garantit » ni le consentement de la fille ni l'âge légal au mariage (16 ans). Aussi, elle encouragerait la polygamie. Au-delà des arguments avancés par les deux camps opposés, des juristes affirment qu'il est trop tôt d'apprécier cette légalisation, car selon eux, la mise en application d'une loi prend du temps avant qu'on puisse véritablement mesurer son impact.

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Résumé : Malgré les critiques qui lui sont adressées, l'excision perdure dans certains pays africains,
notamment au Mali et au Burkina, deux pays frontaliers, qui affichent respectivement 89% et
67,6 % de femmes excisées selon les données officielles. Aujourd'hui, dans ces pays, l'abandon de
la pratique fait face à un grand défi : la circulation spatiale des exciseuses et de leurs clientes de
part et d'autre de leur frontière, d'où la transfrontalité de la pratique.
Malgré son acuité, cette pratique transfrontalière a fait l'objet de peu de travaux. Ainsi, s'inscrivant
dans une perspective socio-anthropologique, notre étude vise à expliquer la dimension spatiale de
cette circulation. Toute chose qui permet de comprendre les transformations socio-spatiales
favorisant (ou non) l'abandon de l'excision.
L'étude s'appuie essentiellement sur un corpus de données empiriques collectées entre février et
avril 2019 à la frontière des deux pays, précisément dans les villes de Sikasso, Finkolo et
Hérémakono au Mali, puis dans la commune de Koloko au Burkina.
L'analyse montre que cette pratique transfrontalière est accompagnée et renforcée par la circulation
de certaines idéologies ou représentations socioculturelles liées à l'excision, comme le fait de penser
qu'une non excisée « ne peut pas contrôler ses pulsions sexuelles ». Elle montre aussi que la
circulation spatiale des exciseuses et de leurs clientes entre les deux pays est surtout
multidirectionnelle. Concernant les exciseuses, cette circulation se fait du Burkina vers le Mali, et
vice versa. Elle a lieu parfois entre différentes localités du Mali. Quant aux clientes, leur circulation
se fait essentiellement du Burkina vers le Mali.
Cette mobilité géographique des exciseuses et de leurs clientes a permis, aujourd'hui, l'émergence
d'un espace frontalier comme lieu de passage. Enfin, l'analyse montre que la pratique
transfrontalière de l'excision participe, au-delà des frontières géographiques des deux pays, à la
domination de la femme par l'homme.

Les critiques contre l'État en Afrique se sont accentuées à la fin des années 70, notamment par
rapport à sa gestion de l'aide au développement. C'est pourquoi, à partir des années 80, les
partenaires financiers vont recourir à d'autres acteurs (ONG, associations, coopératives, etc.)
pour, disent-ils, acheminer « directement » l'aide aux populations bénéficiaires. Ce sont des
courtiers en développement. Il s'agissait donc de contourner l'État à travers ces « nouveaux »
acteurs, considérés comme « plus proches » des populations.
Si en anthropologie comme en sociologie du développement, des travaux ont permis de
connaître ces acteurs, leur pratique (le courtage), leurs stratégies et logiques d'actions, il faut
reconnaître que ceux-ci connaissent de nombreuses insuffisances, notamment en ce qui
concerne l'Afrique. L'objectif de cet article est donc, en plus d'analyser les principales
contributions sur le courtage en développement en Afrique, d'identifier et d'expliquer leurs
limites ou insuffisances. Pour ce faire, nous nous sommes basé sur les données scientifiques
sur le sujet en plus de celles issues de la littérature grise (rapports d'activités, rapports d’études ou
de missions… produits par des ONG, des associations, etc.). Ces données ont été complétées par
une quinzaine d'entretiens semi-structurés que nous avons réalisés au Mali auprès de quelques
responsables d'ONG et d'associations de développement ayant déjà pratiqué le courtage.
Les résultats indiquent que la non prise en compte systématique du contexte national et
international, la faible couverture des pays d'Afrique anglophone, l'absence de prise en compte
du genre, le peu de travaux sur les courtiers intervenant essentiellement en milieu urbain ainsi
que les courtiers fonctionnaires de l'État, sont les principales limites et insuffisances à prendre
en compte dans les futures recherches sur le sujet.

Malgré la place qu'elle occupe, et l'existence de nombreux travaux sur la question, tant en sociologie du développement que dans d'autres sciences sociales, la société civile demeure un concept complexe dont les contours sont mal définis. Ainsi, cet article tente de mieux l'élucider afin de connaître comment elle a émergé, comment la définir, quels acteurs la composent, mais également, en quoi elle se définit à travers des concepts comme la « participation » ou la « bonne gouvernance ». Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes basés sur un corpus de données issues de la littérature scientifique et de la littérature grise sur le sujet. Ces données sont complétées par des informations issues des discussions réalisées avec certains participants de la conférence organisée à Bamako (Mali) en octobre 2020 sur la société civile. L'analyse indique que bien qu'elle soit une notion ancienne, son émergence dans l'arène du développement est assez récente. À défaut de s'entendre sur une définition précise et unanime, certains auteurs indiquent que le concept désigne des acteurs qui ne sont ni liés à l'État, ni liés au marché. Il s'agit des acteurs qui, au nom des populations, participent à la définition et à la mise en oeuvre des stratégies de développement. Ils sont considérés comme les « meilleurs gestionnaires de l'aide ». Malgré ces rôles vertueux, ces acteurs font l'objet de plusieurs critiques : « acteurs corrompus », « manque de collaboration avec les populations », « collision avec l'État », « avec les partis et les hommes politiques », etc.

L'excision est une pratique culturelle ancrée au Mali. Objet de polémique, elle concerne 89 % de femmes selon les statistiques officielles. Pour certains, c'est une pratique qu'il faut abandonner parce que les rituels et la socialisation qui l'accompagnaient autrefois ont quasiment disparu. Pour mieux comprendre ces changements entre l'excision autrefois et l'excision aujourd'hui, nous avons initié la présente recherche, notamment à travers l'étude de cas des sénoufos de Lobougoula au sud du Mali. S'inscrivant dans une perspective socio-anthropologique, cette étude, en plus de la littérature grise et scientifique, se base sur l'approche qualitative, avec des entretiens semi-structurés auprès des personnes ressources. Les résultats montrent que la pratique de l'excision a beaucoup évolué chez les sénoufos de Lobougoula. Plusieurs cérémonies rituelles ou initiatiques avant, pendant et après les opérations ont quasiment disparu. Aussi, contrairement à autrefois où l'excision se faisait en groupe, permettant ainsi aux filles de constituer des classes d'âge, aujourd'hui, ce sont des fillettes de 0 à 5 ans qui sont excisées, et individuellement. Malgré l'absence de cette forte théâtralisation qui l'accompagnait, l'excision perdure chez les sénoufos de Lobougoula.

Au Mali, comme ailleurs en Afrique, les organisations de la société civile jouent un rôle important dans
les débats publics, comme dans la définition et la mise en oeuvre des politiques ou actions de développement.
Si des études ont permis de savoir qui elles sont, et ce qu'elles font en général, précisément en termes
d'actions de développement, très peu de recherches se sont penchées sur leur émergence. C'est pourquoi, cet
article, en plus de définir la société civile dans le contexte malien, tente de comprendre les conditions, c'està-
dire le contexte (politique, social, économique, institutionnel, etc.) dans lequel ses organisations ont
émergé et évolué. Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes focalisés sur un corpus de données issues
de la littérature scientifique et de la littérature grise sur le sujet. Ces données sont complétées par des
informations issues des discussions réalisées avec certains participants de la conférence organisée à Bamako
en octobre 2020 sur la société civile.
Les résultats indiquent que bien qu'il n'y ait pas de définition unanime, les acteurs sociaux maliens
perçoivent la société civile comme des organisations librement constituées et à but non lucratif, dont l'objectif
n'est ni la conquête encore moins l'exercice du pouvoir. L'acheminement de l'aide aux populations à
travers des acteurs autres que l'État dans les années 80, et l'avènement de la « démocratie » en mars
1991, sont les principaux facteurs ayant facilité l'émergence des organisations de la société civile au Mali.

Au Mali, la commune du Mandé est caractérisée, ces dernières années, par la multiplicité des
violences faites aux femmes. Malgré sa récurrence et l'intérêt que les autorités maliennes y accordent,
très peu d’études sociologiques ou anthropologiques ont porté sur le sujet. C'est pourquoi, la présente
étude s'est fixée comme objectif, de comprendre la complexité de ce phénomène social, de plus en plus
préoccupant. Concrètement, il s'est agi d'analyser et de comprendre, principalement, les causes et les
conséquences de ces violences au Mandé. Pour y parvenir, nous avons utilisé l'approche genre, qui part
du postulat selon lequel les rapports entre hommes et femmes sont des rapports construits socialement
et culturellement. Du point de vue de la méthodologie, et pour mieux comprendre la complexité du
phénomène, nous avons opté pour la méthode qualitative, avec l'entretien semi-dirigé comme technique
de collecte des données. Les données ont été collectées dans trois villages de la commune, à savoir
Ouezzindougou, Kanadjiguila et Mamaribougou.
Les résultats montrent que le manque de communication entre les conjoints, l’infidélité,
l'irresponsabilité de certains hommes, la pauvreté, l'alcoolisme, le mariage forcé, le manque d'amour
entre conjoints, le statut inférieur de la femme dans la société malienne, certaines pesanteurs sociales et
culturelles, sont entre autres les diverses causes de violences faites aux femmes au Mandé. Comme
conséquences, les résultats indiquent : les traumatismes, aussi bien chez la femme que chez les enfants,
les souffrances psychologiques et morales chez la femme, les suicides ou tentatives de suicide, la
dépression, le manque de concentration chez les enfants (risques d'échecs scolaires), le divorce, la
délinquance chez les enfants, la prostitution chez les filles, et l'anxiété.
Pour les futures recherches, il sera important de se pencher sur les violences faites aux hommes, dont
certains souffrent autant que les femmes.

Ce travail a été nourrit par des données qualitatives recueillies au cours d’observations participantes en milieu rural et urbain du Mali. Des discussions formelles filmées ainsi que des observations et discussions non-filmées ont alimenté nos sources. D’un point de vue théorique, ces réflexions s’inspirent des travaux d’Albert Antonioli et de Graham Hancock qui incriminent la responsabilité de la communauté internationale qui à travers les mesures d’ajustements structurels qui ont détruit le secteur de l’éducation en Afrique avec la complicité des leaders politiques. En plus, nous nous sommes inspirés de Johannes Fabian pour voir comment les jeunes sont considérés comme des couches différentes donc des « autres » condamnés à l’attente interminable de leur temps.

Cet article traite de la question de l’ethnographie visuelle comme relation entre le chercheur et les protagonistes de la recherche devant la camera à travers des exemples tirés de l’expérience de terrain avec la camera comme outil principal de recherche en plus de la personne du chercheur. Ce document est le résultat de deux manières d’approcher l’ethnographie avec la camera suivant Grasseni qui se réfère à Bateson et Mead en disant que : « la compréhension ethnographique peut être le résultat d’une observation méticuleuse d’une activité sous différents angles et la reconnaissance des données pertinentes de la vie quotidienne » (Grasseni, 2004:27).
L’un des objectifs de cet article est aussi de soulever la question à savoir si la camera est utilisée comme un moyen d’exploration au cours de l’observation participante ou comme un moyen de médiation pour juste enregistrer les interactions sociales afin de les analyser en différé.

This paper examines the issue of the social and environmental consequences of the installation and exploitation of gold mine on the environment of Sanso. It is assuming that demographic change created by the establishment of the gold mine Morila S.A. has contributed to moving deeply the existence of the natives of Sanso. The aim of this study is to observe current remarkable and accelerating change occurring Sanso and social-environmental dynamics, their manifestation and their causes. In order to report the changes occurring as finely as possible since the establishment of the gold mine; we were inspired by social anthropology of development and social change in addition to analysis of documents, observation on the site and interviews constituted the three pillars of our methodology. At the end of an ethnographic study, we concluded that the social environment of Sanso like all kinds of human construction is dynamic. So, for the inhabitants of Sanso, to get a job in the gold mine remain a dream. Youth is abandoning farming to become workers at the gold mine company, whereas agriculture was a kind of specific feature of the area. The pressure on agricultural lands because of the lack of sufficient space for cultivating, makes that women are obliged to go far to harvest. Massive deforestation to supply inhabitants in firewood promotes erosion and flow while it is crucial to recuperate cultivable lands.
Keywords: Territory, gold mine, change, spaces, demography

Cet article explique comment l’exploitation de l’or pourrait contribuer à l’amélioration de la situation socio-économique des communautés abritant les mines d’or et attenuer les dépenses de l’État dans les besoins de développement local (éducation, santé, infrastructures, etc.). Dans cet article, nous avons choisi le site de la mine d’or de Sanso, car il est considéré comme exemplaire tant par sa forte production aurifère que pour ses projets de développement mis en place. Cependant, la complexité sociale, les frustrations et les questionnements quotidiens des habitants de Sanso apparaissent : près d’un tiers de la population riveraine de la mine enquêtée se plaint en effet de la cherté de la vie, des problèmes d’accès aux soins de santé, à l’eau potable, des sureffectifs dans les classes d’école, des bouleversements des logiques du terroir, liés a des interactions entre les acteurs appartenant à des mondes sociaux différents. L’analyse documentaire, l’observation in situ et les entretiens ont constitué les trois piliers d’une méthodologie de travail qui nous a permis, d’une part, de questionner l’action publique dans son rattachement à un territoire. Et d’autre part, d’analyser l’articulation entre le capital économique (enfants des cadres bénéficiant des cours privés) et le capital culturel dans la sphère scolaire.