Papers by Annélie DELESCLUSE

Routes africaines de la migration. Dynamiques sociales et politiques de la construction de l’espace africain, Editions du croquant, 2023
La mort constitue l’extrémité et la limite de l’expérience sociale, celle qui met un point d’arrê... more La mort constitue l’extrémité et la limite de l’expérience sociale, celle qui met un point d’arrêt à la quête des personnes migrantes rencontrées, mais pas à celle du chercheur qui doit l’intégrer à son analyse. Car la mort n’est pas un point d’arrêt à l’existence du corps – qui doit être identifié et inhumé ou bien rapatrié – et parce qu’elle « forme autant d'événements différents que le défunt comptait de relations ». Dans les années 1990, si la littérature francophone s’est majoritairement penchée sur la mort «en» migration, depuis 2010, les recherches portent davantage sur les morts «de » ou «par » la migration, en lien avec les dispositifs de sécurisation des frontières européennes ou américaines qui se sont renforcés. Ces nécropolitiques touchent également le Nord de l’Afrique. Depuis 2018, 11 000 migrants auraient perdu la vie en tentant de rejoindre l’Espagne depuis les côtes africaines. Certains chercheurs se sont penchés sur la gestion politique des morts et le traitement des cadavres et des disparus autour des enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta, d’autres sur les récits ou les représentations de la mort au cours des traversées de la mer Méditerranée. Cependant, peu de chercheurs se sont penchés sur les morts qui surviennent dans les villes marocaines pour les personnes migrantes qui résident à moyen ou à long terme dans le royaume chérifien. Dans quels contextes ces morts surviennent-t-elles et que deviennent les corps des migrants ? Que signifie une mort «naturelle », « suspecte », « accidentelle » ou « violente » et qui a le pouvoir de trancher sur les formes de mort qui surviennent ? Le chapitre porte également sur le deuil des familles et des amis éprouvés par les décès en prenant en compte les conceptions liées aux croyances religieuses et à la sorcellerie.

30, 2023
La société marocaine est divisée sur le sort réservé aux migrants originaires d’Afrique centrale ... more La société marocaine est divisée sur le sort réservé aux migrants originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest (dit subsahariens) pour qui le royaume chérifien est un pays de résidence à moyen ou à long terme. D’un côté, des mobilisations de la société civile en leur faveur et le lancement d’une nouvelle politique migratoire qui a propulsé le Maroc comme leader sur la question de la migration sur le continent africain et à l’international. De l’autre côté, des violences socio-raciales rencontrées dans la rue et au sein des équipements publics en raison de leur précarité administrative, sociale et économique, et des attitudes de rejet de la part d’une partie de la population marocaine. Comment est-ce que les migrants dits subsahariens se découvrent Noirs au Maroc et comment régissent t’ils face à cette réalité ? Sous quelle forme la xénophobie s’exprime-t-elle dans les relations sociales et quels sont ses effets dans la vie quotidienne et dans les parcours migratoires ? Quelles sont les réactions des migrants face à ces réalités et comment contournent-ils les gestes dépréciatifs ? Cet article traite d’abord des aléas du quotidien et des processus d’altérisation raciale rencontrés dans la rue et dans les transports en commun. L’article aborde ensuite l’épineuse question des interactions médicales entre le personnel de santé marocain et les patients subsahariens qui disent être victimes de racisme dans les soins. Nous verrons que la domination ressentie par ces derniers face au personnel médical, et face à la population marocaine de façon plus générale, déclenche et entretient également un ensemble de comportements crispés et de refus qui conduisent à des situations périlleuses, notamment lorsqu’ils abandonnent les soins prescrits au Maroc et rentrent dans leurs pays d’origine. L’article propose enfin d’examiner trois types de réactions possibles face à ces processus d’altérisation, la victimisation, le retournement du stigmate ou la racialisation en retour. À travers ces réactions, nous verrons que les immigrés africains au Maroc font preuve d’agentivité pour faire face aux différents aléas de leur quotidien même s’ils incorporent l’idée de race auxquels ils sont renvoyés. Les tactiques déployées permettent de réaliser des transactions ou des négociations afin de lutter face à leur identité qui est d’abord porteuse de différents stigmates. L’article se base sur une enquête ethnographique principalement réalisée à Rabat entre 2016 et 2020 durant laquelle j’ai suivi la vie quotidienne et ordinaire d’une cinquantaine d’hommes et de femmes originaires d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire n= 28, Sénégal n= 17) et d’Afrique centrale (Cameroun n=7 République Démocratique du Congo et Congo, n=4), âgés de 25 à 35 ans. Arrivés au Maroc entre 2012 et 2014 (les trois quarts, par les aéroports), leurs profils (sportifs, pèlerins, commerçants, aventuriers…), motivations et statuts administratifs sont hétérogènes. Au moment de l’enquête, ils travaillent aux marges du salariat (BTP, lavage-auto, travail domestique, salariat agricole, commerce, cordonnerie) ou dans des centres d’appels de Rabat ou de Casablanca.

Cahiers d'études africaines 2023/3 (n° 251-252), 2023
Ce texte traite de la restitution en RDC d’une dent du leader de l’indépendance congolaise, Patri... more Ce texte traite de la restitution en RDC d’une dent du leader de l’indépendance congolaise, Patrice Lumumba. Seul « reste humain » de la dépouille de l’ex-Premier ministre de la RDC, elle a une valeur de relique qui a permis son inhumation dans un lieu dédié à sa mémoire à Kinshasa. Après avoir résumé les principales étapes qui, entre médiatisation et procédures judiciaires, ont conduit au retour de la dent en RDC, le texte réinscrit cette restitution dans une séries d’attentes — de la famille de Lumumba, des sociétés civiles belges et congolaises — et dans un contexte de réflexion accrue sur le retour des restes humains et des objets culturels dans les anciennes colonies. Enfin, à la lumière des enjeux révélés par le récit médiatique de la cérémonie de remise de la « relique » de Lumumba, il examine son exploitation à des fins politiques par les gouvernements belge et congolais.
Politique africaine n° 170, 2023
À partir d’une enquête de terrain menée entre 2016 et 2020, cet article
porte sur des pratiques e... more À partir d’une enquête de terrain menée entre 2016 et 2020, cet article
porte sur des pratiques et des imaginaires d’autodéfense observés chez
des migrants d’Afrique de l’Ouest et centrale (dits subsahariens) résidant
au Maroc. Ces actions individuelles ou collectives (manifestations
politiques, saccage de matériels, grèves de la faim, etc.) leur permettent
de survivre et de résister face à une déshumanisation qu’ils dénoncent de
façon constante. L’article propose aussi d’analyser dans quels contextes
l’usage de la force prend des formes ambiguës, en s’apparentant à des
règlements de compte, voire à des pratiques de vigilantisme, dans un
contexte marqué par une désillusion vis-à-vis du sort des migrants noirs
dans les pays du Maghreb.
Être une femme ou un homme étranger et noir et souffrir du froid, de la faim et de l’absence de s... more Être une femme ou un homme étranger et noir et souffrir du froid, de la faim et de l’absence de sécurité, ne pas avoir d'existence sociale reconnue : telle est l’expérience des personnes migrantes suivies durant cette enquête au Maroc. Leur point commun est de n’avoir, à certains
moments de leur séjour, plus qu'une seule et ultime ressource : leur propre corps. À partir d’une enquête ethnographique menée entre 2016 et 2020 et de l’analyse de corpus biographiques, cet article propose de revenir sur l’expérience vécue de la vulnérabilité extrême et sur les tactiques envisagées pour y faire face. Il présente une analyse centrée sur les corps des migrants conçus comme des surfaces sur lesquelles des « régimes de vérité » s’inscrivent, en tant que lieu de domination et de résistance créative.
Hommes & migrations
Au Maroc, les migrants originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest font un usage ambivalent des ... more Au Maroc, les migrants originaires d’Afrique centrale et de l’Ouest font un usage ambivalent des réseaux sociaux. L’obligation de réussite qui pèse sur eux les contraint à réduire la communication sur leurs difficultés pour ne pas inquiéter ou décevoir leurs familles. Exposés à de multiples violences socio-raciales, certains privilégient les sociabilités numériques pour ne pas s’exposer dans l’espace public. Ce faisant, ces migrants laissent entrevoir la face sombre de leur vie connectée et contribuent à une distorsion de la réalité sur leur pays de résidence.

Alors que la migration est devenue un enjeu central dans l’argumentaire politicien et dans les di... more Alors que la migration est devenue un enjeu central dans l’argumentaire politicien et dans les discours médiatiques, le sort réservé aux jeunes migrants africains sur les routes mérite d’être analysé de façon critique. Une fois dépassés le sensationnel et l’émotionnel que produisent certains reportages médiatiques, reste le plus difficile, soit envisager les effets d’une structuration des rapports de forces dans le champ des relations internationales sur des événements conjoncturels ou circonstanciels qui attisent plus la clameur médiatique qu’ils ne stimulent la réflexion critique plus globale ou holistique. Ce lien justifie les deux approches ici choisies: celle d’une enquête microsociologique des pratiques communicationnelles réalisée au Maroc auprès de jeunes « en aventure » et celle d’une analyse critique plus holistique des logiques de pouvoir dans le champ des relations internationales dont les effets affectent directement la situation des jeunes Africains sur les routes migratoires.

Mémoire de M2, 2015
La richesse sociale de l’Équateur résulte de la diversité des cultures et des identités des peupl... more La richesse sociale de l’Équateur résulte de la diversité des cultures et des identités des peuples qui se côtoient depuis des siècles : métis, franco-équatoriens et multiples ethnies indigènes qui forment un véritable patchwork de cultures et de traditions. Le paysage politique national a beaucoup change depuis l'arrivée au pouvoir de Rafael Correa en 2007, considéré par plusieurs comme un chef d’État solidaire, pro-Indigène mais aussi populiste. Il est a l'origine de la nouvelle constitution instaurée en 2009 dont le concept central est le « Buen vivir » ou « Sumak kawsay » en kichwa, considéré par certains, comme le fondateur d'une nouvelle coexistence citoyenne et d'un développement économique en harmonie avec la nature. Ce concept a suscite un certain nombre de débats parmi les intellectuels, les hommes politiques et les chefs indigènes certains remettant notamment en question le lien entre le projet politique du président et le concept ancestral du « Sumak kawsay".
Ce mémoire se penche sur les perspectives des Kichwas, peuple indigène qui
constitue la grande majorité de la paysannerie de la région andine. Pour cela,
nous avons effectué une enquête ethnographique de mai à juillet 2014. Nous
souhaitions connaitre le point de vue des jeunes kichwas de la province du
Chimborazo sur le « Sumak kawsay » et nous imprégner de leurs connaissances.
Dans ce mémoire, nous émettons deux hypothèses, la première est que le
« Sumak kawsay » pourrait être une opportunité pour la décolonisation du savoir
occidental et pour une ouverture de la connaissance à la normativité indigène.
Nous postulons également que les discours articulés autour du « Sumak kawsay »
se révèlent être un accaparement des concepts indigènes et une prolongation
de la colonialité du pouvoir.
Finalement, ce mémoire trace le portrait de quelques jeunes issus des milieux
ruraux les plus éloignés de la province du Chimborazo. Leurs trajectoires sont
emblématiques d’une jeunesse qui a déserté les communautés pour migrer
vers les grandes villes équatoriennes et américaines. Dans leurs récits, ils ne
parlent pas uniquement du « Sumak kawsay », mais mettent l’emphase sur les
motifs de leurs départs. Ils témoignent notamment des conséquences de leurs
migrations dans les communautés kichwas (organisation communautaire,
développement économique, etc.) et de la dilution de l’identité kichwa dans les
grandes villes.
Nous verrons ensuite que les Kichwas proposent des alternatives originales
aux départs vers les métropoles afin de contrer l’exode des jeunes et avec lui la
dilution de leur identité. Sensibles à la préservation de leur culture, au bien-être
de la collectivité, à la solidarité, épris de liberté et d’indépendance, ces jeunes
sont le fier emblème des peuples indigènes qui ont résisté à 500 ans de
colonisation, d’oppression et de subordination.
Conference Presentations by Annélie DELESCLUSE
Book Reviews by Annélie DELESCLUSE
Du nord vers le sud, les mobilités restent encouragées et accompagnées de droits et de privilèges... more Du nord vers le sud, les mobilités restent encouragées et accompagnées de droits et de privilèges. Mais du « sud » vers le « nord », les déplacements sont criminalisés et réprimés avec la banalisation des disparitions en mer Méditerranée (20 000 morts depuis 2014, selon l’OIM en mars 2020). L’inégalité de traitement des vies humaines (Fassin, 2019) reste donc plus que frappante à l’échelle des migrations
internationales.

N°181 - Migrations Sociétés, 2020
Après la publication d’un dernier ouvrage qui questionnait la vie et à laquelle Didier Fassin fou... more Après la publication d’un dernier ouvrage qui questionnait la vie et à laquelle Didier Fassin fournit « un mode d’emploi critique », le sociologue propose ici une contre-enquête sur la mort d’Angelo, un homme appartenant à la communauté des gens du voyage, abattu par le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (gign). Dans cet ouvrage, Didier Fassin montre une fois de plus sa capacité à pénétrer les espaces les plus éloignés des regards de ses contemporains, ici un lieu où vivent des voyageurs, qui, frappés de discrédit sont relégués aux zones de déchetterie et aux stations d’épuration de nos villes. Il se risque avec courage à analyser une affaire judiciaire délicate, une voie vers laquelle peu de ses collègues auraient accepté de s’engager. À travers cette contre-enquête, il interroge l’institution judiciaire, mais il aborde plus fondamentalement une question qui lui est chère, celle de la valeur des vies.
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porte sur des pratiques et des imaginaires d’autodéfense observés chez
des migrants d’Afrique de l’Ouest et centrale (dits subsahariens) résidant
au Maroc. Ces actions individuelles ou collectives (manifestations
politiques, saccage de matériels, grèves de la faim, etc.) leur permettent
de survivre et de résister face à une déshumanisation qu’ils dénoncent de
façon constante. L’article propose aussi d’analyser dans quels contextes
l’usage de la force prend des formes ambiguës, en s’apparentant à des
règlements de compte, voire à des pratiques de vigilantisme, dans un
contexte marqué par une désillusion vis-à-vis du sort des migrants noirs
dans les pays du Maghreb.
moments de leur séjour, plus qu'une seule et ultime ressource : leur propre corps. À partir d’une enquête ethnographique menée entre 2016 et 2020 et de l’analyse de corpus biographiques, cet article propose de revenir sur l’expérience vécue de la vulnérabilité extrême et sur les tactiques envisagées pour y faire face. Il présente une analyse centrée sur les corps des migrants conçus comme des surfaces sur lesquelles des « régimes de vérité » s’inscrivent, en tant que lieu de domination et de résistance créative.
Ce mémoire se penche sur les perspectives des Kichwas, peuple indigène qui
constitue la grande majorité de la paysannerie de la région andine. Pour cela,
nous avons effectué une enquête ethnographique de mai à juillet 2014. Nous
souhaitions connaitre le point de vue des jeunes kichwas de la province du
Chimborazo sur le « Sumak kawsay » et nous imprégner de leurs connaissances.
Dans ce mémoire, nous émettons deux hypothèses, la première est que le
« Sumak kawsay » pourrait être une opportunité pour la décolonisation du savoir
occidental et pour une ouverture de la connaissance à la normativité indigène.
Nous postulons également que les discours articulés autour du « Sumak kawsay »
se révèlent être un accaparement des concepts indigènes et une prolongation
de la colonialité du pouvoir.
Finalement, ce mémoire trace le portrait de quelques jeunes issus des milieux
ruraux les plus éloignés de la province du Chimborazo. Leurs trajectoires sont
emblématiques d’une jeunesse qui a déserté les communautés pour migrer
vers les grandes villes équatoriennes et américaines. Dans leurs récits, ils ne
parlent pas uniquement du « Sumak kawsay », mais mettent l’emphase sur les
motifs de leurs départs. Ils témoignent notamment des conséquences de leurs
migrations dans les communautés kichwas (organisation communautaire,
développement économique, etc.) et de la dilution de l’identité kichwa dans les
grandes villes.
Nous verrons ensuite que les Kichwas proposent des alternatives originales
aux départs vers les métropoles afin de contrer l’exode des jeunes et avec lui la
dilution de leur identité. Sensibles à la préservation de leur culture, au bien-être
de la collectivité, à la solidarité, épris de liberté et d’indépendance, ces jeunes
sont le fier emblème des peuples indigènes qui ont résisté à 500 ans de
colonisation, d’oppression et de subordination.
Conference Presentations by Annélie DELESCLUSE
Book Reviews by Annélie DELESCLUSE
internationales.
porte sur des pratiques et des imaginaires d’autodéfense observés chez
des migrants d’Afrique de l’Ouest et centrale (dits subsahariens) résidant
au Maroc. Ces actions individuelles ou collectives (manifestations
politiques, saccage de matériels, grèves de la faim, etc.) leur permettent
de survivre et de résister face à une déshumanisation qu’ils dénoncent de
façon constante. L’article propose aussi d’analyser dans quels contextes
l’usage de la force prend des formes ambiguës, en s’apparentant à des
règlements de compte, voire à des pratiques de vigilantisme, dans un
contexte marqué par une désillusion vis-à-vis du sort des migrants noirs
dans les pays du Maghreb.
moments de leur séjour, plus qu'une seule et ultime ressource : leur propre corps. À partir d’une enquête ethnographique menée entre 2016 et 2020 et de l’analyse de corpus biographiques, cet article propose de revenir sur l’expérience vécue de la vulnérabilité extrême et sur les tactiques envisagées pour y faire face. Il présente une analyse centrée sur les corps des migrants conçus comme des surfaces sur lesquelles des « régimes de vérité » s’inscrivent, en tant que lieu de domination et de résistance créative.
Ce mémoire se penche sur les perspectives des Kichwas, peuple indigène qui
constitue la grande majorité de la paysannerie de la région andine. Pour cela,
nous avons effectué une enquête ethnographique de mai à juillet 2014. Nous
souhaitions connaitre le point de vue des jeunes kichwas de la province du
Chimborazo sur le « Sumak kawsay » et nous imprégner de leurs connaissances.
Dans ce mémoire, nous émettons deux hypothèses, la première est que le
« Sumak kawsay » pourrait être une opportunité pour la décolonisation du savoir
occidental et pour une ouverture de la connaissance à la normativité indigène.
Nous postulons également que les discours articulés autour du « Sumak kawsay »
se révèlent être un accaparement des concepts indigènes et une prolongation
de la colonialité du pouvoir.
Finalement, ce mémoire trace le portrait de quelques jeunes issus des milieux
ruraux les plus éloignés de la province du Chimborazo. Leurs trajectoires sont
emblématiques d’une jeunesse qui a déserté les communautés pour migrer
vers les grandes villes équatoriennes et américaines. Dans leurs récits, ils ne
parlent pas uniquement du « Sumak kawsay », mais mettent l’emphase sur les
motifs de leurs départs. Ils témoignent notamment des conséquences de leurs
migrations dans les communautés kichwas (organisation communautaire,
développement économique, etc.) et de la dilution de l’identité kichwa dans les
grandes villes.
Nous verrons ensuite que les Kichwas proposent des alternatives originales
aux départs vers les métropoles afin de contrer l’exode des jeunes et avec lui la
dilution de leur identité. Sensibles à la préservation de leur culture, au bien-être
de la collectivité, à la solidarité, épris de liberté et d’indépendance, ces jeunes
sont le fier emblème des peuples indigènes qui ont résisté à 500 ans de
colonisation, d’oppression et de subordination.
internationales.