Books by Fanny Cardin

Cinématérialismes, Nouvelles approches matérialistes de l'audiovisuel, Mimésis, coll. Images, Méd... more Cinématérialismes, Nouvelles approches matérialistes de l'audiovisuel, Mimésis, coll. Images, Médiums, 2024.
« Les approches matérialistes du cinéma dessinées par cet ensemble de textes tiennent alors dans le souhait de réévaluer des histoires pratiques (revenir sur des films, des méthodologies critiques, des expériences cinématographiques collectives, ou des cinéastes) comme théoriques (la cybernétique, l’école de Francfort) de la large tradition du matérialisme ; de renouveler la théorie du cinéma à partir de nouvelles approches critiques de la matérialité (celles des critique de la technique, celles provenant des théories postdualistes, ou celles de l’écocritique de l’extractivisme) ; d’interroger de nouveaux objets filmiques (numériques, mais pas seulement, comme en témoigne l’intérêt de certains textes pour l’argentique contemporain) à l’aune des approches classiques et nouvelles du matérialisme. »
Cet ouvrage collectif explore les points de contact existant entre le cinéma et les traditions historiques et philosophiques du matérialisme. Les articles réunis proposent de réinscrire la description de la matière visuelle et sonore des images dans un travail critique qui prendrait en compte la dimension socio-politique des formes de production – techniques, économiques, écologiques – des œuvres. S’affirmant contre la dépolitisation tendancielle de l’usage de la notion de matérialisme, cet ouvrage est animé par la conviction que la réévaluation des pensées matérialistes historiques et le développement des approches contemporaines peuvent constituer une issue salutaire aux impasses de l’ère post-théorique. Il voudrait ainsi plaider pour une conception politique de la matérialité, et réciproquement, pour une compréhension matérielle de la politique.
Articles by Fanny Cardin
Cinématérialismes : Nouvelles approches matérialistes de l’audiovisuel, 2024
Valentine Auvinet & Fanny Cardin, « Politiques du féminisme et du judaïsme dans l’œuvre de Chanta... more Valentine Auvinet & Fanny Cardin, « Politiques du féminisme et du judaïsme dans l’œuvre de Chantal Akerman : une réévaluation matérialiste », dans Fanny Cardin, Garance Fromont, Charlie Hewison, E. C. Harris, Anastasia Rostan et Barnabé Sauvage (dir.), Cinématérialismes : Nouvelles approches matérialistes de l’audiovisuel, Sesto San Giovanni, Mimésis, coll. « Images, Médiums », 2024, p. 159-176.
Intérieurs sensibles de Chantal Akerman : films & installations – Passages esthétiques, 2024
« Une intimité exposée : la femme d’intérieur dans les installations In the Mirror et Woman Sitt... more « Une intimité exposée : la femme d’intérieur dans les installations In the Mirror et Woman Sitting After Killing de Chantal Akerman », dans Olga Kobryn, Macha Ovtchinnikova et Eugénie Zvonkine (dir.), Intérieurs sensibles de Chantal Akerman : films & installations – Passages esthétiques, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2024, p. 123-136.
Cet article analyse la représentation de la figure de la « femme d’intérieur » dans deux installations de C. Akerman (In the Mirror, 2007 et Woman Sitting After Killing, 2001) à partir des films dont elles sont issues (L’Enfant aimé, 1971 et Jeanne Dielman, 1975). Il s’agit de comprendre l’installation comme un processus d’extimisation, qui déplace la représentation de l’intimité domestique dans sa rencontre avec le public du musée.

Crossways Journal, 2024
Fanny Cardin, “Chantal Akerman as auteur: contradictions of the discourse and posture of a filmma... more Fanny Cardin, “Chantal Akerman as auteur: contradictions of the discourse and posture of a filmmaker”, Crossways Journal, vol. 5, n°1, 2024.
La cinéaste Chantal Akerman est aujourd’hui reconnue comme étant à l’origine de l’une des œuvres cinématographiques majeures du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle. Ses films ont bénéficié d’une reconnaissance qui n’a cessé de se démentir jusqu’à sa mort en 2015, et la consécration récente de Jeanne Dielman (1975) comme « meilleur film de tous les temps » par la revue Sight and Sound (2022) a confirmé son statut d’auteur de cinéma. Mais celui-ci n’est pas sans ambiguïté. À rebours des nombreuses approches esthétiques des films de la cinéaste, cet article propose une analyse de la trajectoire de Chantal Akerman, de son positionnement dans ses propres discours à sa reconnaissance institutionnelle : à partir des notions d’auteur et de posture (Meizoz, 2007), il s’agira de réfléchir aux processus de légitimation et d’institutionnalisation de son œuvre, et, plus largement, de celles des femmes cinéastes.

Mise au point, 2021
« They're your girlfriends and daughters and sisters and employees. They're my friends and I've n... more « They're your girlfriends and daughters and sisters and employees. They're my friends and I've never seen them on TV. » 1 C'est sur ces mots que se conclut le court pitch que Lena Dunham envoie à la chaîne HBO pour présenter la future série Girls (HBO, 2012-2017), amenée à être produite par Judd Apatow. Sans en connaître encore l'intrigue, les personnages ou le titre, la jeune réalisatrice voit ce projet comme une opportunité de mettre enfin en scène des figures féminines qui lui ressemblent et qu'elle estime avoir rarement vues à la télévision. En effet, si, selon elle, des séries ont déjà représenté la vie new-yorkaise d'un groupe d'amies-elle fait ainsi référence dans son pitch à Gossip Girl (The CW, 2007-2012) et Sex and the City (HBO, 1998-2004)-Lena Dunham déplore l'absence de représentation de sa génération, les millenials, à l'écran. Le pitch, les propos de la showrunneuse qui accompagnent la sortie de la série, ainsi que son esthétique et l'écriture en partie autofictionnelle affichent son intention de dépeindre de manière authentique, comique et crue la vie quotidienne new-yorkaise de ces girls, en s'inspirant de son propre vécu. 2 Dans un article qui cherche à cerner l'évolution des séries contemporaines, Hervé Glevarec et Thibaut de Saint-Maurice (2017, p. 186) prêtent attention à cette présence du quotidien dans la série de Lena Dunham, qui incarne selon eux une nouvelle orientation de l'écriture sérielle : De nombreuses séries se développent avec comme seul projet de raconter ce quotidien ordinaire de ses personnages. Une série comme Girls, par exemple, diffusée par la chaîne américaine HBO depuis 2012 tient sur la simple idée de raconter les débuts dans la vie professionnelle de quatre jeunes amies à New York. Et, en un sens, il ne se passe « rien » dans cette série : il n'y est question que de relations affectives, de recherche d'emploi, de trouver un colocataire ou de savoir jusqu'où l'on doit soutenir ses amis. Rien d'extraordinaire, donc. Girls (HBO, 2012-2017) et la possibilité d'une saisie du quotidien dans une s... Mise au point, 14 | 2021 Girls (HBO, 2012-2017) et la possibilité d'une saisie du quotidien dans une s... Mise au point, 14 | 2021 Girls (HBO, 2012-2017) et la possibilité d'une saisie du quotidien dans une s...
Filmer le quotidien, Sarah Leperchey et José Moure (dir.), Bruxelles, Les impressions nouvelles, 2019, 2019
« Figurer la cruauté du quotidien : l’écriture du réel dans le cinéma de Maurice Pialat » dans Sa... more « Figurer la cruauté du quotidien : l’écriture du réel dans le cinéma de Maurice Pialat » dans Sarah Leperchey et José Moure (dir.), Filmer le quotidien, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2019.
Conference Presentations by Fanny Cardin

AAC Cinématérialismes : Nouvelles approches matérialistes de l'audiovisuel (cinéma, médias, arts numériques), 2022
L’idée d’un cinéma matérialiste a souvent été comprise de deux manières différentes voire opposée... more L’idée d’un cinéma matérialiste a souvent été comprise de deux manières différentes voire opposées. D’une part, elle renvoie aux matérialismes historiques hérités du marxisme (cinémas soviétiques des années 1920-30, films militants des années 1970, etc.). D’autre part, la notion renvoie aux pratiques se concentrant sur l’exploration de la spécificité du médium, attachées aux caractéristiques techniques, concrètes des images et du son. Ce colloque international veut interroger les reconfigurations contemporaines de la notion de matérialisme dans le cadre des études des arts et cultures audiovisuelles. Est-il possible de désigner un socle commun de pratiques, de méthodes ou d’objets matérialistes dans cette discipline, ou bien faut-il accepter la pluralité des significations attachées à cette direction théorique ? Quel intérêt méthodologique et théorique peut-il y avoir à distinguer les termes de matériel, matérialité, matériologique, etc. ? Au-delà de ces questionnements terminologiques, nous entendons questionner les points d’articulation entre une réflexion portée sur la matérialité des œuvres audiovisuelles et l’analyse matérialiste de leur processus de production et de réception : dans quelle mesure les nouvelles images et les nouvelles orientations théoriques évoquées reconfigurent-elles l’approche matérialiste du cinéma ? Est-il pertinent de parler d’un renouvellement politique de la matérialité audiovisuelle ?

Cinématérialismes : Nouvelles approches approches matérialistes de l'audiovisuel (Cinéma, médias, arts numériques), 2022
L’idée d’un cinéma matérialiste a souvent été comprise de deux manières différentes voire opposée... more L’idée d’un cinéma matérialiste a souvent été comprise de deux manières différentes voire opposées. D’une part, elle renvoie aux matérialismes historiques hérités du marxisme (cinémas soviétiques des années 1920-30, films militants des années 1970, etc.). D’autre part, la notion renvoie aux pratiques se concentrant sur l’exploration de la spécificité du médium, attachées aux caractéristiques techniques, concrètes des images et du son. Ce colloque international veut interroger les reconfigurations contemporaines de la notion de matérialisme dans le cadre des études des arts et cultures audiovisuelles. Est-il possible de désigner un socle commun de pratiques, de méthodes ou d’objets matérialistes dans cette discipline, ou bien faut-il accepter la pluralité des significations attachées à cette direction théorique ? Quel intérêt méthodologique et théorique peut-il y avoir à distinguer les termes de matériel, matérialité, matériologique, etc. ? Au-delà de ces questionnements terminologiques, nous entendons questionner les points d’articulation entre une réflexion portée sur la matérialité des œuvres audiovisuelles et l’analyse matérialiste de leur processus de production et de réception : dans quelle mesure les nouvelles images et les nouvelles orientations théoriques évoquées reconfigurent-elles l’approche matérialiste du cinéma ? Est-il pertinent de parler d’un renouvellement politique de la matérialité audiovisuelle ?
Recensions by Fanny Cardin
Débordements, 2024
Compte rendu de : Chantal Akerman, Œuvre écrite et parlée (1968-2015), édition présentée et établ... more Compte rendu de : Chantal Akerman, Œuvre écrite et parlée (1968-2015), édition présentée et établie par Cyril Béghin, Paris, L’Arachnéen, 2024, coffret de 3 volumes, 1584 pages, 250 images, 69€.
Publié dans le dossier "Clap de fin" de la revue en ligne Acta Fabula (mars 2019)
Communications by Fanny Cardin

Premier roman d'Annie Ernaux, Les Armoires vides (1974) s'ouvre sur le récit d'un avortement clan... more Premier roman d'Annie Ernaux, Les Armoires vides (1974) s'ouvre sur le récit d'un avortement clandestin et devient l'un des premiers romans français à dire cette expérience (Montémont, 2015). La jeune Denise, qui a reçu tardivement une éducation religieuse à l'école privée, évoque dès l'incipit sa situation comme une déchéance morale. Le roman se déploie alors comme une quête étiologique, le récit de l'enfance servant la recherche des causes de cet avilissement.
Ce faisant, la narration se construit notamment autour d'une opposition structurante entre le pur et l'impur, deux termes hérités de l'éducation religieuse du personnage qui, avec leur dérivés, reviennent fréquemment dans le texte. La pureté touche d'abord à la question du corps souillé et de la sexualité, rejoignant ainsi le champ sémantique de la tache (Bacholle-Bošković, 2011). Mais cette opposition est également liée à l'antagonisme qui oppose le monde populaire dans lequel grandit Denise et le monde bourgeois qu'elle découvre par les études. La tache sexuelle devient une tache sociale : « Quelque chose de poisseux et d'impur m'entoure définitivement, lié à mes différences, à mon milieu. » (Folio, p. 67).
Nous étudierons, dans cette communication, comment Annie Ernaux fait de cette opposition entre le pur et l'impur un motif structurant du roman. Il s'agira également de comprendre comment ce motif tend vers une approche politique et cathartique de l'écriture, qu'Ernaux développe en choisissant de se nourrir de la langue impure – car populaire – de son enfance, faisant ainsi de sa tache sociale le terreau d'un travail littéraire qui rappelle la vigueur du « bas matérialisme » bataillien.
(Communication dans le cadre du colloque jeunes chercheurs « Le Pur et l'Impur, Figurations de la souillure et aspiration à la pureté dans la littérature du Moyen Âge à nos jours », organisé par Annabelle Bolot (CERCLL), Louise Dehondt (CERCLL), Kévin Hémery (TrAme) et Loïc Le Sayec (CERCLL) - Université de Picardie Jules Vernes, Amiens, 24 et 25 septembre 2019)

Si, d'après Maurice Blanchot, le quotidien résiste à la représentation, plusieurs démarches litté... more Si, d'après Maurice Blanchot, le quotidien résiste à la représentation, plusieurs démarches littéraires, artistiques ou scientifiques tentent, au XXe siècle, de rendre sensible l'ordinaire de la vie quotidienne. Certaines œuvres de Chantal Akerman, réalisatrice belge, et de Annie Ernaux, auteure française, participent de cette démarche.
Dans cette communication, nous explorerons plus précisément le quotidien au prisme de la figure de la femme au foyer, qui apparaît notamment dans Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman et dans La femme gelée (1981) de Annie Ernaux. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les notions de figure et de figural, afin d'étudier la façon dont les œuvres (dé)construisent cette figure topique, et ce non sans effet sur la figuration du quotidien. En effet, nous faisons l'hypothèse que le surgissement ponctuel du figural dans ces œuvres constitue l'une des manière de rendre sensible, tout en la dépassant, la résistance du quotidien à la représentation.
Communication proposée dans le cadre de l'atelier doctoral ETUDES INTERDISCIPLINAIRES DU POLITIQU... more Communication proposée dans le cadre de l'atelier doctoral ETUDES INTERDISCIPLINAIRES DU POLITIQUE organisé par l'action structurante " La fabrique du politique : utopies, émancipations, radicalisations. Une approche interdisciplinaire du politique" (Paris Diderot)
Communication présentée dans le cadre du colloque international FILMER LE QUOTIDIEN (Paris 1 - 08... more Communication présentée dans le cadre du colloque international FILMER LE QUOTIDIEN (Paris 1 - 08-09/12/2017)
Dans L’Enfance nue (1967) et Passe ton bac d’abord (1974), Maurice Pialat filme la vie quotidienne sans relief d’enfants et d’adolescents, dans leur milieu ouvrier du Nord de la France. Ces deux films jouent avec les limites du récit de fiction, en proposant une approche du réel qui rappelle l’ethnographie et le documentaire. Quels choix esthétiques opère Maurice Pialat pour figurer ce matériau ? Et comment le réalisateur parvient-il à rendre compte de la spécificité d’une quotidienneté propre à un milieu précis ? Nous interrogerons la cruauté de l’écriture du quotidien – à la fois esthétique, sociologique et ontologique –, pour envisager une possible éthique de l’écriture du quotidien au cinéma, de par son engagement en faveur du réel.
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Books by Fanny Cardin
« Les approches matérialistes du cinéma dessinées par cet ensemble de textes tiennent alors dans le souhait de réévaluer des histoires pratiques (revenir sur des films, des méthodologies critiques, des expériences cinématographiques collectives, ou des cinéastes) comme théoriques (la cybernétique, l’école de Francfort) de la large tradition du matérialisme ; de renouveler la théorie du cinéma à partir de nouvelles approches critiques de la matérialité (celles des critique de la technique, celles provenant des théories postdualistes, ou celles de l’écocritique de l’extractivisme) ; d’interroger de nouveaux objets filmiques (numériques, mais pas seulement, comme en témoigne l’intérêt de certains textes pour l’argentique contemporain) à l’aune des approches classiques et nouvelles du matérialisme. »
Cet ouvrage collectif explore les points de contact existant entre le cinéma et les traditions historiques et philosophiques du matérialisme. Les articles réunis proposent de réinscrire la description de la matière visuelle et sonore des images dans un travail critique qui prendrait en compte la dimension socio-politique des formes de production – techniques, économiques, écologiques – des œuvres. S’affirmant contre la dépolitisation tendancielle de l’usage de la notion de matérialisme, cet ouvrage est animé par la conviction que la réévaluation des pensées matérialistes historiques et le développement des approches contemporaines peuvent constituer une issue salutaire aux impasses de l’ère post-théorique. Il voudrait ainsi plaider pour une conception politique de la matérialité, et réciproquement, pour une compréhension matérielle de la politique.
Articles by Fanny Cardin
Cet article analyse la représentation de la figure de la « femme d’intérieur » dans deux installations de C. Akerman (In the Mirror, 2007 et Woman Sitting After Killing, 2001) à partir des films dont elles sont issues (L’Enfant aimé, 1971 et Jeanne Dielman, 1975). Il s’agit de comprendre l’installation comme un processus d’extimisation, qui déplace la représentation de l’intimité domestique dans sa rencontre avec le public du musée.
La cinéaste Chantal Akerman est aujourd’hui reconnue comme étant à l’origine de l’une des œuvres cinématographiques majeures du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle. Ses films ont bénéficié d’une reconnaissance qui n’a cessé de se démentir jusqu’à sa mort en 2015, et la consécration récente de Jeanne Dielman (1975) comme « meilleur film de tous les temps » par la revue Sight and Sound (2022) a confirmé son statut d’auteur de cinéma. Mais celui-ci n’est pas sans ambiguïté. À rebours des nombreuses approches esthétiques des films de la cinéaste, cet article propose une analyse de la trajectoire de Chantal Akerman, de son positionnement dans ses propres discours à sa reconnaissance institutionnelle : à partir des notions d’auteur et de posture (Meizoz, 2007), il s’agira de réfléchir aux processus de légitimation et d’institutionnalisation de son œuvre, et, plus largement, de celles des femmes cinéastes.
Conference Presentations by Fanny Cardin
Recensions by Fanny Cardin
Communications by Fanny Cardin
Ce faisant, la narration se construit notamment autour d'une opposition structurante entre le pur et l'impur, deux termes hérités de l'éducation religieuse du personnage qui, avec leur dérivés, reviennent fréquemment dans le texte. La pureté touche d'abord à la question du corps souillé et de la sexualité, rejoignant ainsi le champ sémantique de la tache (Bacholle-Bošković, 2011). Mais cette opposition est également liée à l'antagonisme qui oppose le monde populaire dans lequel grandit Denise et le monde bourgeois qu'elle découvre par les études. La tache sexuelle devient une tache sociale : « Quelque chose de poisseux et d'impur m'entoure définitivement, lié à mes différences, à mon milieu. » (Folio, p. 67).
Nous étudierons, dans cette communication, comment Annie Ernaux fait de cette opposition entre le pur et l'impur un motif structurant du roman. Il s'agira également de comprendre comment ce motif tend vers une approche politique et cathartique de l'écriture, qu'Ernaux développe en choisissant de se nourrir de la langue impure – car populaire – de son enfance, faisant ainsi de sa tache sociale le terreau d'un travail littéraire qui rappelle la vigueur du « bas matérialisme » bataillien.
(Communication dans le cadre du colloque jeunes chercheurs « Le Pur et l'Impur, Figurations de la souillure et aspiration à la pureté dans la littérature du Moyen Âge à nos jours », organisé par Annabelle Bolot (CERCLL), Louise Dehondt (CERCLL), Kévin Hémery (TrAme) et Loïc Le Sayec (CERCLL) - Université de Picardie Jules Vernes, Amiens, 24 et 25 septembre 2019)
Dans cette communication, nous explorerons plus précisément le quotidien au prisme de la figure de la femme au foyer, qui apparaît notamment dans Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman et dans La femme gelée (1981) de Annie Ernaux. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les notions de figure et de figural, afin d'étudier la façon dont les œuvres (dé)construisent cette figure topique, et ce non sans effet sur la figuration du quotidien. En effet, nous faisons l'hypothèse que le surgissement ponctuel du figural dans ces œuvres constitue l'une des manière de rendre sensible, tout en la dépassant, la résistance du quotidien à la représentation.
Dans L’Enfance nue (1967) et Passe ton bac d’abord (1974), Maurice Pialat filme la vie quotidienne sans relief d’enfants et d’adolescents, dans leur milieu ouvrier du Nord de la France. Ces deux films jouent avec les limites du récit de fiction, en proposant une approche du réel qui rappelle l’ethnographie et le documentaire. Quels choix esthétiques opère Maurice Pialat pour figurer ce matériau ? Et comment le réalisateur parvient-il à rendre compte de la spécificité d’une quotidienneté propre à un milieu précis ? Nous interrogerons la cruauté de l’écriture du quotidien – à la fois esthétique, sociologique et ontologique –, pour envisager une possible éthique de l’écriture du quotidien au cinéma, de par son engagement en faveur du réel.
« Les approches matérialistes du cinéma dessinées par cet ensemble de textes tiennent alors dans le souhait de réévaluer des histoires pratiques (revenir sur des films, des méthodologies critiques, des expériences cinématographiques collectives, ou des cinéastes) comme théoriques (la cybernétique, l’école de Francfort) de la large tradition du matérialisme ; de renouveler la théorie du cinéma à partir de nouvelles approches critiques de la matérialité (celles des critique de la technique, celles provenant des théories postdualistes, ou celles de l’écocritique de l’extractivisme) ; d’interroger de nouveaux objets filmiques (numériques, mais pas seulement, comme en témoigne l’intérêt de certains textes pour l’argentique contemporain) à l’aune des approches classiques et nouvelles du matérialisme. »
Cet ouvrage collectif explore les points de contact existant entre le cinéma et les traditions historiques et philosophiques du matérialisme. Les articles réunis proposent de réinscrire la description de la matière visuelle et sonore des images dans un travail critique qui prendrait en compte la dimension socio-politique des formes de production – techniques, économiques, écologiques – des œuvres. S’affirmant contre la dépolitisation tendancielle de l’usage de la notion de matérialisme, cet ouvrage est animé par la conviction que la réévaluation des pensées matérialistes historiques et le développement des approches contemporaines peuvent constituer une issue salutaire aux impasses de l’ère post-théorique. Il voudrait ainsi plaider pour une conception politique de la matérialité, et réciproquement, pour une compréhension matérielle de la politique.
Cet article analyse la représentation de la figure de la « femme d’intérieur » dans deux installations de C. Akerman (In the Mirror, 2007 et Woman Sitting After Killing, 2001) à partir des films dont elles sont issues (L’Enfant aimé, 1971 et Jeanne Dielman, 1975). Il s’agit de comprendre l’installation comme un processus d’extimisation, qui déplace la représentation de l’intimité domestique dans sa rencontre avec le public du musée.
La cinéaste Chantal Akerman est aujourd’hui reconnue comme étant à l’origine de l’une des œuvres cinématographiques majeures du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle. Ses films ont bénéficié d’une reconnaissance qui n’a cessé de se démentir jusqu’à sa mort en 2015, et la consécration récente de Jeanne Dielman (1975) comme « meilleur film de tous les temps » par la revue Sight and Sound (2022) a confirmé son statut d’auteur de cinéma. Mais celui-ci n’est pas sans ambiguïté. À rebours des nombreuses approches esthétiques des films de la cinéaste, cet article propose une analyse de la trajectoire de Chantal Akerman, de son positionnement dans ses propres discours à sa reconnaissance institutionnelle : à partir des notions d’auteur et de posture (Meizoz, 2007), il s’agira de réfléchir aux processus de légitimation et d’institutionnalisation de son œuvre, et, plus largement, de celles des femmes cinéastes.
Ce faisant, la narration se construit notamment autour d'une opposition structurante entre le pur et l'impur, deux termes hérités de l'éducation religieuse du personnage qui, avec leur dérivés, reviennent fréquemment dans le texte. La pureté touche d'abord à la question du corps souillé et de la sexualité, rejoignant ainsi le champ sémantique de la tache (Bacholle-Bošković, 2011). Mais cette opposition est également liée à l'antagonisme qui oppose le monde populaire dans lequel grandit Denise et le monde bourgeois qu'elle découvre par les études. La tache sexuelle devient une tache sociale : « Quelque chose de poisseux et d'impur m'entoure définitivement, lié à mes différences, à mon milieu. » (Folio, p. 67).
Nous étudierons, dans cette communication, comment Annie Ernaux fait de cette opposition entre le pur et l'impur un motif structurant du roman. Il s'agira également de comprendre comment ce motif tend vers une approche politique et cathartique de l'écriture, qu'Ernaux développe en choisissant de se nourrir de la langue impure – car populaire – de son enfance, faisant ainsi de sa tache sociale le terreau d'un travail littéraire qui rappelle la vigueur du « bas matérialisme » bataillien.
(Communication dans le cadre du colloque jeunes chercheurs « Le Pur et l'Impur, Figurations de la souillure et aspiration à la pureté dans la littérature du Moyen Âge à nos jours », organisé par Annabelle Bolot (CERCLL), Louise Dehondt (CERCLL), Kévin Hémery (TrAme) et Loïc Le Sayec (CERCLL) - Université de Picardie Jules Vernes, Amiens, 24 et 25 septembre 2019)
Dans cette communication, nous explorerons plus précisément le quotidien au prisme de la figure de la femme au foyer, qui apparaît notamment dans Jeanne Dielman, 23 quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman et dans La femme gelée (1981) de Annie Ernaux. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les notions de figure et de figural, afin d'étudier la façon dont les œuvres (dé)construisent cette figure topique, et ce non sans effet sur la figuration du quotidien. En effet, nous faisons l'hypothèse que le surgissement ponctuel du figural dans ces œuvres constitue l'une des manière de rendre sensible, tout en la dépassant, la résistance du quotidien à la représentation.
Dans L’Enfance nue (1967) et Passe ton bac d’abord (1974), Maurice Pialat filme la vie quotidienne sans relief d’enfants et d’adolescents, dans leur milieu ouvrier du Nord de la France. Ces deux films jouent avec les limites du récit de fiction, en proposant une approche du réel qui rappelle l’ethnographie et le documentaire. Quels choix esthétiques opère Maurice Pialat pour figurer ce matériau ? Et comment le réalisateur parvient-il à rendre compte de la spécificité d’une quotidienneté propre à un milieu précis ? Nous interrogerons la cruauté de l’écriture du quotidien – à la fois esthétique, sociologique et ontologique –, pour envisager une possible éthique de l’écriture du quotidien au cinéma, de par son engagement en faveur du réel.