
Syrine Snoussi
Docteure
Supervisors: Ali Benmakhlouf
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Papers by Syrine Snoussi
L’ampleur de la production des miroirs princiers dans le monde médiéval musulman ne doit pas faire oublier la précocité de leur élaboration. Dès le VIIIe siècle, les secrétaires de chancellerie omeyyades et abbassides mettent à disposition des princes et de la classe administrative des manuels de conseil au Prince qui revêtent des formes diverses. Il s’agit des premiers écrits en arabe. La question centrale qui y est abordée est celle de la manière dont le Prince doit se gouverner. Mais elle y est abordée en même temps qu’est abordée celle du gouvernement de soi de l’homme cultivé, tout comme elle s’élabore corrélativement à celle du gouvernement du Prince sur ses sujets. Une certaine relation sémantique se noue ainsi dans les premiers textes du genre entre le gouvernement de soi et le gouvernement des affaires du Prince.
Afin de permettre de mieux appréhender l’évolution sur la longue durée des mots du gouvernement en arabe, nous proposons d’étudier d’abord l’élaboration initiale de ce champ lexical. La notion de tadbīr (gouvernement, opération du jugement pratique) sera examinée en relation avec les notions de khilāfa (succession, califat), de sulṭān (autorité, pouvoir), de siyāsa (direction, politique) et d’imāma (guidance, direction) à partir des premiers textes du genre. Il s’agit de la Correspondance apocryphe entre Alexandre le Grand et Aristote, adaptée par Salīm Abū al-‘Alā’, de l’Épître au prince héritier due à ‛Abd al-Ḥamīd al-Kātib, et des écrits attribués à Ibn al-Muqaffa‛. Le concept de gouvernement s’élabore là au sein d’un discours qui paraît d’abord éthique. Mais il convient de prendre en compte sa dimension politique par son lien avec la mention des impératifs de l’action gouvernementale du prince que sont le bien, la sécurité et la prospérité.
Talks by Syrine Snoussi
L’ampleur de la production des miroirs princiers dans le monde médiéval musulman ne doit pas faire oublier la précocité de leur élaboration. Dès le VIIIe siècle, les secrétaires de chancellerie omeyyades et abbassides mettent à disposition des princes et de la classe administrative des manuels de conseil au Prince qui revêtent des formes diverses. Il s’agit des premiers écrits en arabe. La question centrale qui y est abordée est celle de la manière dont le Prince doit se gouverner. Mais elle y est abordée en même temps qu’est abordée celle du gouvernement de soi de l’homme cultivé, tout comme elle s’élabore corrélativement à celle du gouvernement du Prince sur ses sujets. Une certaine relation sémantique se noue ainsi dans les premiers textes du genre entre le gouvernement de soi et le gouvernement des affaires du Prince.
Afin de permettre de mieux appréhender l’évolution sur la longue durée des mots du gouvernement en arabe, nous proposons d’étudier d’abord l’élaboration initiale de ce champ lexical. La notion de tadbīr (gouvernement, opération du jugement pratique) sera examinée en relation avec les notions de khilāfa (succession, califat), de sulṭān (autorité, pouvoir), de siyāsa (direction, politique) et d’imāma (guidance, direction) à partir des premiers textes du genre. Il s’agit de la Correspondance apocryphe entre Alexandre le Grand et Aristote, adaptée par Salīm Abū al-‘Alā’, de l’Épître au prince héritier due à ‛Abd al-Ḥamīd al-Kātib, et des écrits attribués à Ibn al-Muqaffa‛. Le concept de gouvernement s’élabore là au sein d’un discours qui paraît d’abord éthique. Mais il convient de prendre en compte sa dimension politique par son lien avec la mention des impératifs de l’action gouvernementale du prince que sont le bien, la sécurité et la prospérité.
L'objectif de ce colloque sera donc de réinterroger une littérature aux contours sinueux et pourtant cloisonnée sous une définition arbitraire qui cache une part importante des potentialités d'étude d'un tel corpus. En choisissant de prendre le parti non de la forme mais de la fonction, de l'usage des miroirs aux princes, au travers notamment de l'étude de leur réception manuscrite, de leur combinaison avec d'autres formes de littérature, mais aussi du projet de l'auteur (au moyen notamment de la préface au texte, si celle-ci existe), nous souhaitons souligner la grande plasticité des textes spéculaires qui dépassent largement les cadres typologiques restreints dans lesquels nous les classons habituellement.
C'est pourquoi nous souhaitons faire intervenir lors de ce colloque des spécialistes de tous horizons, des miroirs carolingiens aux miroirs vernaculaires de la fin du Moyen Âge, tout en souhaitant également bénéficier de la participation de jeunes chercheurs, qui pourront ainsi apporter un regard neuf sur cette thématique. Une telle démarche permettra de répondre à une question simple, mais pourtant lourde de conséquences : est-ce la forme d’une œuvre, son contenu intrinsèque qui en détermine la nature, ou est-ce davantage sa visée et, plus important encore, sa réception ?