Books by Arnaud Baubérot
Dans la dynamique identitaire des formations politiques, la place accordée à l'apprentissage et a... more Dans la dynamique identitaire des formations politiques, la place accordée à l'apprentissage et au passage de flambeau d'une génération à l'autre revêt une importance décisive. Il y a là un véritable enjeu qui touche à la survie de ces organisations, du moins dans leurs références, leurs valeurs et leurs signes de reconnaissance. Une telle transmission pose la question cruciale de la succession : qu'est-ce qu'hériter en politique et de quoi hérite-t-on ? Ce livre collectif, fruit d'un travail d'historiens puisant aussi à la science politique, à la sociologie et à la psychanalyse, dans un souci de savoir partagé, étudie la manière dont se forgent et se perpétuent des cultures politiques, d'une génération à l'autre, grâce à des passeurs d'héritage. Il analyse les modifications que ces transmissions opèrent sur le contenu des valeurs, des normes et des rites politiques.

L'âge industriel marque le triomphe de la ville.
En deux siècles, les dynamiques démographiques,... more L'âge industriel marque le triomphe de la ville.
En deux siècles, les dynamiques démographiques, économiques, sociales et culturelles font aboutir un processus de domination urbaine qui remodèle en profondeur le visage des sociétés occidentales.
Mais à l'ombre des cités triomphantes se déploie une autre histoire moins connue : celle du rejet de la ville.
Gouffre de l'espèce humaine, où se perdent des contingents toujours plus nombreux de paysans déracinés, pieuvre ardente qui étend ses tentacules sur les campagnes, les images abondent pour exprimer la détestation de la ville.
Territoire des miasmes pour les uns, temple du vice et de la corruption pour d'autres, la cité moderne apparaît comme un lieu mortifère - au propre comme au figuré - un vaste mouroir où agonisent tout à la fois l'homme et la civilisation.
Cette urbaphobie inspire toute une gamme d'attitudes et de réalisations : stratégies d'adaptation ou programmes de réforme urbaine, fuite temporaire ou définitive loin des agglomérations.
Rares sont pourtant ceux qui prônent leur destruction pure et simple. Ainsi, les remèdes aux maux de la ville confortent indirectement le fait urbain comme donnée majeure de la modernité occidentale. Plus encore, ils participent au renouvellement des pratiques sociales et de la pensée urbaine et, à ce titre, jouent un rôle actif dans la dynamique de transformation de la ville contemporaine.
Finalement l'urbaphobie, à l'instar de toute réaction anti-moderne, participe pleinement de la modernité qu'elle dénonce.
Il n'est pas possible de parler de l'histoire du scoutisme sans parler de guerre. Né avec un sièc... more Il n'est pas possible de parler de l'histoire du scoutisme sans parler de guerre. Né avec un siècle qui fut celui de deux conflits mondiaux le mouvement a largement emprunté à l'armée ses formes d'organisation. Cependant il faut aussi souligner l'intensité des liens que le scoutisme a entretenu avec l'idéal pacifiste. Comment comprendre ce paradoxe? Comment prétendre travailler à la promotion de la paix tout en distribuant insignes et uniformes aux jeunes gens et en leur apprenant à ramper dans les bois pour attaquer une équipe adverse ?

L'industrialisation et de l'urbanisation des sociétés occidentales, un rôle que l'on ne peut négl... more L'industrialisation et de l'urbanisation des sociétés occidentales, un rôle que l'on ne peut négliger. Parmi les expériences et les réalisations qu'elle a pu susciter, les programmes naturistes de réforme des modes de vie, qui apparaissent en France dans la dernière décennie du XIXe siècle, occupent une place particulière en raison de la variété des milieux sociaux qu'ils concernent et de la diversité des formes par lesquelles se manifeste leur ambition régénératrice. C'est à la genèse de ces programmes, aux enjeux culturels et sociaux de leur formulation, aux types d'organisations et aux normes de comportement auxquels ils donnent naissance qu'est consacré cet ouvrage. Il s'agit moins ici de suivre les péripéties de la vie des associations naturistes que de chercher les raisons pour lesquelles, entre la Belle Époque et les années trente, la modernité urbaine et industrielle a pu être considérée comme responsable d'un déclin qui rendait nécessaire la régénération de l'homme et de la société par le retour à la nature. L'histoire du naturisme nous offre ainsi un point d'observation pour tenter de comprendre comment une croyance, partagée par des individus venus d'horizons différents, peut produire un imaginaire collectif et susciter la formation de groupements au sein desquels s'inaugurent de nouvelles normes et de nouvelles pratiques sociales.
Préface : Dans ce livre Arnaud Baubérot nous offre une vision, très intéressante parce que non se... more Préface : Dans ce livre Arnaud Baubérot nous offre une vision, très intéressante parce que non seulement précise, puisée aux meilleures sources, scientifique en un mot, mais aussi renouvelée, des origines du scoutisme unioniste. De plus, c'est toute une page de l'histoire des protestants français qu'il retrace ; car, chacun le sait, nombre de cadres des Eglises protestantes du XXe siècle ont reçu au moins une part de leur formation au sein du mouvement des Eclaireurs Unionistes.
C'est dire son intérêt, tant il est vrai qu'on ne saurait faire l'histoire du protestantisme français au XXe siècle en négligeant ses mouvements de jeunesse.
Papers by Arnaud Baubérot
in S. Olivesi et A.-C. Ambroise-Rendu, Patrimoines et patrimonialisation. Les inventions du capital historique (XIXe-XXIe siècle), Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2021, p. 305-321., 2021

in C. Barel-Moisan, A. Déruelle et J.-L. Diaz, Le XIXe siècle face au futur. Penser, représenter, rêver l’avenir au XIXe siècle, Actes du VIIe congrès de la Société des Études romantiques et dix-neuviémistes [en ligne]., 2018
Avec l’expansion de l’édition populaire, les almanachs consacrés partiellement ou exclusivement a... more Avec l’expansion de l’édition populaire, les almanachs consacrés partiellement ou exclusivement aux prédictions astrologiques connaissent, dans la première moitié du XIXe siècle, une diffusion d’une ampleur inédite. La piètre qualité de ces brochures, produites en masse et débitées à vil prix par les colporteurs, le caractère stéréotypé et répétitif de leurs oracles, le statut même de l’astrologie, regardée comme une superstition archaïque, inspirent le mépris des esprits éclairés pour cette littérature. C’est le cas notamment de l’imprimeur et militant républicain Laurent-Antoine Pagnerre (1805-1854). En 1837, celui-ci lance un Double almanach français ou le nouveau Nostradamus qui offre toutes les apparences d’un almanach astrologique mais dont le but avoué est d’éduquer le lectorat populaire en lui exposant la vanité et le mensonge des prédictions. Pourtant dès 1839, constatant la mévente de son recueil, Pagnerre commence à y insérer des rubriques astrologiques qui occuperont une place croissante, jusqu’à représenter près du tiers de chaque livraison. Cet exemple parmi d’autres montre que les prédictions et prophéties, loin de représenter un résidu archaïque maintenu par des pratiques d’édition routinières, constituent un contenu attendu par la clientèle des almanachs. Ceci témoigne de la permanence d’une culture astrologique dont nous tenterons ici d’analyser les ressorts et les contours.
Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l'Europe [En ligne], 2016
Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l'Europe, 2016
Présentation d’une archive filmique publiée par le Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d'éducation populaire (PAJEP) , 2015
Présentation du film par Arnaud Baubérot, maître de conférences en histoire contemporaine, Univer... more Présentation du film par Arnaud Baubérot, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Paris-Est Créteil Du vendredi 1 er au dimanche 3 novembre 1968, environ 1100 chefs et cheftaines du mouvement des Éclaireurs unionistes de France (ÉUF) et de la Fédération française des éclaireuses unionistes (FFEU) se réunirent à Fontainebleau pour tenir un Conseil national commun...

Le Mouvement Social, 2014
Malgré son apparente évidence, l’engagement de l’anarchisme français en faveur de l’écologie poli... more Malgré son apparente évidence, l’engagement de l’anarchisme français en faveur de l’écologie politique est un phénomène très récent. On sait toutefois que, dès le début du XXe siècle, une partie des militants libertaires se sont montrés sensibles aux thèses élaborées par les médecins naturistes et qu’ils ont présenté le retour à la nature comme une étape nécessaire à la régénération des individus et de la société. On peut alors se demander si les positions de ces anarchistes naturistes ne constituent pas l’une des sources de l’écologisme libertaire contemporain, et si leurs réalisations ont permis ou non de jeter les bases d’un projet d’organisation sociale fondé sur le respect du milieu naturel et le refus de sa domination. L’article tente d’éclairer cette question en étudiant le cas particulier de Louis Rimbault et de ses diverses expériences de vie dans des communautés libertaires, jusqu’à son décès en 1949. La Cité végétalienne Terre libérée, qu’il fonda près de Tours en 1923, et les positions qu’il a défendues dans ses écrits permettent de voir en lui, sinon un précurseur, du moins un homme à l’avant-garde de l’écologisme anarchiste.
Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle : Dernière nouvelles de l'âge d'or, Jun 2013
Entre 1894 et 1898, le dessinateur Émile Gravelle fait paraître 4 numéros d’un curieux périodique... more Entre 1894 et 1898, le dessinateur Émile Gravelle fait paraître 4 numéros d’un curieux périodique intitulé l’État naturel et la part du prolétaire dans la civilisation. Il y proclame sa haine de la civilisation et décrit la vie préhistorique comme un temps de bonheur et d’abondance. Ses appels au retour à la nature suscitent bientôt la création d’un groupe de « Naturiens libertaires » qui rassemble quelques poignées d’anarchistes de la Butte Montmartre. La manière dont ceux-ci relaient la critique antimoderne de Gravelle et sa promesse d’un retour au paradis perdu conduit à s’interroger sur la force mobilisatrice que recèlent, en certaines circonstances, les avatars contemporains du mythe de l’âge d’or.
Robert Jütte (Hrsg.), Medical Pluralism, Past – Present – Future, 2013

Études théologiques et religieuses, 2012
From the late 1880s to World War I, protestant youth movements were deeply committed to the promo... more From the late 1880s to World War I, protestant youth movements were deeply committed to the promotion of sports and social hygiene. Arnaud BAUBÉROT shows how this new interest for the body was explicitly related to the religious agenda of these movements, the maintenance of a healthy body so partaking of one's personal devotion. What motivated this commitment, however, was less a renewed attention to the body than a redefinition of the place it was to hold in religious life and in the economy of salvation.
De la fin des années 1880 à la Grande Guerre, les mouvements de jeunesse protestants se sont activement engagés en faveur de la promotion du sport et de l'hygiène sociale. Arnaud BAUBÉROT montre comment cet intérêt nouveau pour les questions touchant au corps fut alors explicitement relié aux objectifs religieux que poursuivaient ces organisations, la préservation d'un corps sain devenant un aspect de la piété personnelle. Toutefois, pour l'auteur, cet engagement procède finalement moins d'une attention nouvelle au corps que d'un réaménagement de la place qui lui est faite dans la vie religieuse et dans l'économie du salut. "
Revue du Nord : Éducation populaire : initiatives laïques et religieuses au XXe siècle, 2012
« De l'éducation populaire à l'éducation nouvelle : les protestants français et la naissance du s... more « De l'éducation populaire à l'éducation nouvelle : les protestants français et la naissance du scoutisme (1910-1914) », Revue du Nord, hors-série n°28 : Éducation populaire : initiatives laïques et religieuses au XX e siècle, 2012, p. 197-209.
Arnaud Baubérot, historien, relativise la notion naturel-artificiel :
F. Bourillon, R. Fabre, M. Rapoport (ed.), Affirmations de foi. Études d’histoire religieuse offertes à André Encrevé, 2012

A. Corbin, G. Vigarello, J.-J. Courtine, Histoire de la virilité, tome 3 : La virilité en crise ? XXe-XXIe siècle, 2011
Cet article s’intéresse tout d’abord aux processus formels et informels par lesquels, durant la m... more Cet article s’intéresse tout d’abord aux processus formels et informels par lesquels, durant la majeure partie du XXe siècle, les caractères traditionnels de la virilité ont pu être inculqués aux enfants et aux adolescents mâles. Dans une société qui considère encore que la virilité est avant tout un attribut de l’homme mûr, époux, père et chef de famille, un ensemble de dispositifs sociaux, d’étapes et de rites se chargent de transmettre les dispositions physiques et psychiques qui lui permettront de tenir son rôle d’homme une fois atteinte la maturité. La socialisation par la famille et les bandes d’enfants, le rôle de l’école et des mouvements de jeunesse, la place du travail et le service militaire sont tour à tour étudiés dans cette perspective. Dans un deuxième temps, cet article montre que la remise en cause du modèle traditionnel de virilité, dans les années 1970, a été précédée d’évolutions longues qui avaient déjà commencé à ébranler les processus de transmission de l’habitus viril. Sourdement tout d’abord, puis de façon plus ouverte dans les dernières décennies du siècle, les piliers de l’éducation virile ont cessé d’être l’apanage des jeunes garçons ou ont vu décliner leur valeur sociale. On peut toutefois se demander si toute référence aux modèles traditionnels de virilité a réellement disparu des processus de socialisation de l’enfance et de l’adolescence ou si certains de ces modèles perdurent sous de nouveaux avatars, notamment sous les traits d’une nouvelle culture de la virilité juvénile.

L. Bantigny et A. Baubérot (ed.), Hériter en politique. Filiations, générations et transmissions politiques (Allemagne, France et Italie (XIXe – XXe siècles), 2011
L'enfance en rouge et noir. Colonies de vacances communiste et catholique à Ivry-sur-Seine dans l... more L'enfance en rouge et noir. Colonies de vacances communiste et catholique à Ivry-sur-Seine dans l'entre-deux-guerres Arnaud Baubérot (CRHEC-UPEC) À première vue la commune industrielle et populeuse d'Ivry-sur-Seine, qui jouxte Paris au Sud, n'a pas grand-chose de commun avec le petit village italien de Brescello, rendu célèbre par la rivalité légendaire de son maire Peppone et de son curé Don Camillo. Pas grand-chose, si ce n'est l'affrontement que s'y sont longtemps livrés communistes et catholiques. Meilleurs ennemis du monde, les uns comme les autres s'appuient, dans cette lutte, sur un solide enracinement dans le terreau communal. Si l'Église catholique peut se prévaloir d'une présence pluriséculaire, voire millénaire 1 , l'extrême gauche, bien que d'implantation nécessairement plus récente, n'en a pas moins fait d'Ivry l'un de ses bastions traditionnels. Ceci tient à la fois à l'ancienneté de l'industrialisation, qui a forgé son profile de commune ouvrière, et à sa forte croissance depuis le dernier tiers du XIX e siècle, qui entraine l'afflux massif et régulier d'une population déracinée vivant dans des conditions de grande misère matérielle. Ainsi, lorsque le tout jeune Parti communiste conquiert la mairie en 1925, chassant l'équipe républicaine « d'Union nationale » élue en 1919, il renoue avec une tradition qui remonte à la fin du Second Empire et qui a vu se succéder des municipalités radicales puis socialistes de diverses tendances. Cette victoire relance également la tradition d'un fort anticléricalisme, voire même d'un antichristianisme, à la fois populaire et municipal. En 1926, par exemple, la nouvelle municipalité réactive, sous l'appellation de « baptêmes rouges », la pratique des baptêmes civils, instituée à Ivry en 1904 et qui connut un certain essor dans les années précédant la Grande Guerre 2. Madeleine Delbrêl, assistante sociale convertie au catholicisme, raconte que

S. Fath et J.-P. Willaim (ed.), La nouvelle France protestante. Essor et recomposition au XXIe siècle, 2011
Hors des Églises, mais étroitement liés à elles, les mouvements de jeunesse occupent une place pa... more Hors des Églises, mais étroitement liés à elles, les mouvements de jeunesse occupent une place particulière dans l’histoire du protestantisme français contemporain. À leur naissance, entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, leurs fondateurs les ont voulu indépendants des structures ecclésiales, afin de pouvoir rassembler des jeunes gens de différentes dénominations et dépasser ainsi les querelles doctrinales du monde protestant. Cette autonomie leur a permis également de s’ouvrir au-delà de la jeunesse des paroisses et de devenir des lieux d’évangélisation. Toutefois, le dynamisme de ces mouvements ne pouvait laisser indifférentes les Églises et celles-ci ne tardèrent pas à mettre en œuvre des dispositifs de contrôle qui, pour être souples et peu visibles, n’en étaient pas moins réels. À leurs objectifs propres, les organisations de jeunesse ajoutèrent alors, de manière plus ou moins officielle, la formation des futurs cadres ecclésiaux, pasteurs ou laïcs engagés. Au cours des années 1960, les bouleversements de la culture jeune et l’essor des courants contestataires modifient la donne en profondeur. Prenant de nouveau leurs distances avec les institutions ecclésiales, les mouvements de jeunesse s’engagent dans une dynamique de sécularisation qui suscite, en retour, un désintérêt de plus en plus marqué de la part des Églises. Depuis peu, cependant, Églises et mouvements tendent à opérer un nouveau rapprochement dont les modalités méritent d’être interrogées.
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Books by Arnaud Baubérot
En deux siècles, les dynamiques démographiques, économiques, sociales et culturelles font aboutir un processus de domination urbaine qui remodèle en profondeur le visage des sociétés occidentales.
Mais à l'ombre des cités triomphantes se déploie une autre histoire moins connue : celle du rejet de la ville.
Gouffre de l'espèce humaine, où se perdent des contingents toujours plus nombreux de paysans déracinés, pieuvre ardente qui étend ses tentacules sur les campagnes, les images abondent pour exprimer la détestation de la ville.
Territoire des miasmes pour les uns, temple du vice et de la corruption pour d'autres, la cité moderne apparaît comme un lieu mortifère - au propre comme au figuré - un vaste mouroir où agonisent tout à la fois l'homme et la civilisation.
Cette urbaphobie inspire toute une gamme d'attitudes et de réalisations : stratégies d'adaptation ou programmes de réforme urbaine, fuite temporaire ou définitive loin des agglomérations.
Rares sont pourtant ceux qui prônent leur destruction pure et simple. Ainsi, les remèdes aux maux de la ville confortent indirectement le fait urbain comme donnée majeure de la modernité occidentale. Plus encore, ils participent au renouvellement des pratiques sociales et de la pensée urbaine et, à ce titre, jouent un rôle actif dans la dynamique de transformation de la ville contemporaine.
Finalement l'urbaphobie, à l'instar de toute réaction anti-moderne, participe pleinement de la modernité qu'elle dénonce.
C'est dire son intérêt, tant il est vrai qu'on ne saurait faire l'histoire du protestantisme français au XXe siècle en négligeant ses mouvements de jeunesse.
Papers by Arnaud Baubérot
De la fin des années 1880 à la Grande Guerre, les mouvements de jeunesse protestants se sont activement engagés en faveur de la promotion du sport et de l'hygiène sociale. Arnaud BAUBÉROT montre comment cet intérêt nouveau pour les questions touchant au corps fut alors explicitement relié aux objectifs religieux que poursuivaient ces organisations, la préservation d'un corps sain devenant un aspect de la piété personnelle. Toutefois, pour l'auteur, cet engagement procède finalement moins d'une attention nouvelle au corps que d'un réaménagement de la place qui lui est faite dans la vie religieuse et dans l'économie du salut. "
En deux siècles, les dynamiques démographiques, économiques, sociales et culturelles font aboutir un processus de domination urbaine qui remodèle en profondeur le visage des sociétés occidentales.
Mais à l'ombre des cités triomphantes se déploie une autre histoire moins connue : celle du rejet de la ville.
Gouffre de l'espèce humaine, où se perdent des contingents toujours plus nombreux de paysans déracinés, pieuvre ardente qui étend ses tentacules sur les campagnes, les images abondent pour exprimer la détestation de la ville.
Territoire des miasmes pour les uns, temple du vice et de la corruption pour d'autres, la cité moderne apparaît comme un lieu mortifère - au propre comme au figuré - un vaste mouroir où agonisent tout à la fois l'homme et la civilisation.
Cette urbaphobie inspire toute une gamme d'attitudes et de réalisations : stratégies d'adaptation ou programmes de réforme urbaine, fuite temporaire ou définitive loin des agglomérations.
Rares sont pourtant ceux qui prônent leur destruction pure et simple. Ainsi, les remèdes aux maux de la ville confortent indirectement le fait urbain comme donnée majeure de la modernité occidentale. Plus encore, ils participent au renouvellement des pratiques sociales et de la pensée urbaine et, à ce titre, jouent un rôle actif dans la dynamique de transformation de la ville contemporaine.
Finalement l'urbaphobie, à l'instar de toute réaction anti-moderne, participe pleinement de la modernité qu'elle dénonce.
C'est dire son intérêt, tant il est vrai qu'on ne saurait faire l'histoire du protestantisme français au XXe siècle en négligeant ses mouvements de jeunesse.
De la fin des années 1880 à la Grande Guerre, les mouvements de jeunesse protestants se sont activement engagés en faveur de la promotion du sport et de l'hygiène sociale. Arnaud BAUBÉROT montre comment cet intérêt nouveau pour les questions touchant au corps fut alors explicitement relié aux objectifs religieux que poursuivaient ces organisations, la préservation d'un corps sain devenant un aspect de la piété personnelle. Toutefois, pour l'auteur, cet engagement procède finalement moins d'une attention nouvelle au corps que d'un réaménagement de la place qui lui est faite dans la vie religieuse et dans l'économie du salut. "
Réagissant à la poussée industrielle et urbaine de la Belle Époque et à ses conséquences sanitaires, des médecins s’attachent à promouvoir un programme de réforme hygiénique des mœurs et des comportements. Les militants végétariens et les adeptes des médecines naturistes, sensibles à leurs alarmes, traduisent alors ce programme en un ensemble de recommandations concrètes. Présentées comme une alternative aux méfaits de la vie moderne, celles-ci sont censées garantir un mode d’existence conforme aux lois de la nature et, par conséquent, propice à la santé. La diffusion de ce programme de réforme prend appui à la fois sur une nébuleuse d’associations « réformatrices », au sein de laquelle la Société végétarienne de France joue un rôle de premier plan, et sur sa traduction en normes de consommation « hygiéniques » accompagnées par la formation de réseaux commerciaux spécifiques.
Pratiquant le yiddish comme langue vernaculaire, la plupart demeuraient profondément attachés à un mode de vie directement hérité des principes de la yiddishkayt, cette tradition d'entraide et de fraternité présente dans les moindres aspects de la vie quotidienne. En butte à Paris aux difficultés d'un milieu étranger, âpre, et par bien des côtés, hostile, ils aspiraient à recréer un environnement à la fois familier, chaleureux et simple.
L'apprivoisement de la langue fut au nombre des premières stratégies adoptées en vue de la domestication des rapports à la ville. La translittération du yiddish permit l'amorce d'une réappropriation du sens et de l'espace. Les mots investis répondaient à des nécessités de nature pragmatique. Cette porosité du yiddish vers le français s'organisa d'abord dans l'optique d'une meilleure insertion dans le quotidien, tant familiale que professionnelle. La presse yiddish et les tracts syndicaux furent les principaux organes de diffusion de ce corpus néologique.
La création de sociétés de secours mutuels constitua également une pièce maîtresse dans la stratégie de l'accommodement. Secours en cas de maladie, blessures ou infirmités, pensions de retraites, assurances individuelles ou collectives, frais des funérailles et secours aux ascendants, aux veufs, veuves ou orphelins, des principes conformes à leurs aspirations dans lesquelles l'hospitalité tenait avant tout d'une obligation à caractère sacré. La perpétuation des traditions et habitudes liées aux pays de départ semblait en apparence contribuer à maintenir intactes les marques du « vieux pays ». Pourtant, les politiques pratiquées par ces sociétés dans leurs activités, témoignaient du contraire.
La Fédération des Sociétés juives de France vit le jour en 1926. Elle visait à rassembler les initiatives dispersées des sociétés et à développer des activités culturelles dans lesquelles l'adaptation à la vie française comptait au nombre de ses priorités. L'ambition de la Fédération à s'ériger comme organe représentatif de la population juive immigrée ne l'avait cependant pas empêchée de nouer, dès 1930, avec les instances du judaïsme consistorial des contacts étroits et réguliers.
Le judaïsme français ambitionnait de transformer ces Juifs immigrés en “bons citoyens”. Les tentatives sporadiques pour rallier dès la veille de la Grande Guerre les nouveaux arrivants aux mentalités des Juifs “français de souche” s'étaient soldées par des échecs, tant persistaient des antagonismes d'ordre culturel, social et économique. L'attitude des autorités consistoriales en direction des Juifs immigrés procédait également d'une certaine Real Politik, puisque ces derniers se trouvaient désormais liés en France par un sort commun, c'était là l'intérêt partagé et bien compris de tous les Juifs de France.
La récession et le malaise économiques des années trente furent marqués par une poussée xénophobe ainsi que par la réapparition dans l'arène politique et la société civile, d'un antisémitisme déclaré. Pour les Juifs français, la langue yiddish, sa presse, de même que les affiches recouvrant certains murs de la capitale, constituaient autant de provocations de nature à attiser ce rejet. Les Juifs français accusaient leurs coreligionnaires immigrés d'être trop visibles et trop bruyants et les pressaient d'emprunter la voie rapide de l'assimilation. Pour les inciter dans cette voie, ils adoptèrent à leur égard – et malgré le mépris affiché qu'ils manifestaient envers leurs coutumes et leur mode de vie –, une attitude paternaliste, acceptant de nommer ou d'associer à leurs décisions les plus éclairés d'entre eux, espérant gagner par ce stratagème, leur confiance et ainsi recouvrer une autorité sur l'ensemble de la communauté. Une autre stratégie des instances consistoriales consista à participer à leurs associations, dans la mesure où les principes qui y étaient exposés coïncidaient avec leurs propres valeurs.
Si l'efficacité de l'école publique comme tremplin à une acculturation réussie n'était plus à démontrer, l'insertion des milieux ouvriers juifs auprès de leurs camarades français – par le biais de l'activité syndicale –, y participait aussi pleinement. Cependant, cet effort exigé en vue de « dépouiller le vieil homme », laissa sur le bas-côté nombre de ceux qui se trouvèrent dans l'incapacité de suivre cette marche forcée vers l'assimilation.
La guerre qui s'annonçait, fit sortir les Juifs français de la torpeur politique traditionnelle qui les caractérisait lorsque la vindicte antisémite les désignait. La menace allait paradoxalement réunir une nouvelle fois les deux communautés et leur offrir l'opportunité de réaffirmer – comme durant la Grande Guerre –, leur attachement au pays. Au final, la ville qui fut dans un premier temps témoin de leur divergence de conception, devenait par leurs manifestations patriotiques à la veille du conflit armé, le théâtre de leur réconciliation. L'occupation allemande et le déclenchement des déportations qui s'ensuivit, mirent un coup d'arrêt dramatique yiddishland parisien.