Papers by Romain Badouard

L’accélération du mouvement de concentration des médias, qui voit tomber dans l’escarcelle de gra... more L’accélération du mouvement de concentration des médias, qui voit tomber dans l’escarcelle de grands groupes industriels un nombre toujours plus important de rédactions, suscite de nombreuses interrogations en termes de pluralisme de l’information et d’indépendance des médias en France. Cet enjeu est également une question de recherche en sciences sociales, qui a récemment suscité la publication de deux ouvrages. En 2015, Julia Cagé a publié "Sauver les médias. Capitalisme, financement participatif et démocratie", aux éditions du Seuil, dans lequel l’économiste se penche sur les rapports entre propriété des entreprises de presse et garantie de l’indépendance des rédactions. La même année, le chercheur en communication Éric George dirige aux Presses de l’Université Laval un ouvrage collectif intitulé "Concentration des médias, changements technologiques et pluralisme de l’information", qui propose une série de contributions interrogeant les rapports entre multiplication des sources d’information sur Internet et pluralisme effectif des contenus produits. À ces deux ouvrages axés sur la question de la concentration des médias s’ajoute celui de Vincent Goulet, publié en 2014 aux éditions Textuel, intitulé "Médias : le peuple n’est pas condamné à TF1", dans lequel le chercheur revient sur la déconnexion entre classes populaires et médias « progressistes » à travers une critique, notamment, de la très forte homogénéité sociale de la profession journalistique. De ces trois ouvrages aux statuts différents (essais et ouvrage collectif), abordant des sujets différents, nous proposons ici une lecture croisée centrée sur la question de la participation comme remède aux maux des médias.

Les attentats des 7, 10 et 11 janvier 2015 ont suscité une vive émotion au sein de la population ... more Les attentats des 7, 10 et 11 janvier 2015 ont suscité une vive émotion au sein de la population française et dans les médias. Cette émotion s’est notamment exprimée à travers le slogan « Je suis Charlie », que l’on a retrouvé sur les réseaux sociaux, sur les pancartes des manifestants, en Une des quotidiens ou sur les bandeaux des chaînes de télévision. Sous cette unanimité de façade, des voix discordantes ont cherché à se faire entendre pour dire que, si elles condamnaient sans réserve les attentats, elles n'étaient pas Charlie. Dans les grands médias, il faudra plusieurs jours aux journalistes pour interroger et rendre compte de cette polyphonie. Sur le web à l’inverse, les « anti-Charlie », les « non Charlie » et les « Charlie mais » se font entendre quasi instantanément après l’annonce des attaques, à travers des hashtags, des groupes Facebook, des posts de blogs. Au début du mois de février 2015, nous avons analysé des centaines de prises de position sur le web et les réseaux sociaux, s’exprimant à travers une grande diversité de contenus, en cherchant à comprendre qui étaient les « Je ne suis pas Charlie », et quelles étaient leurs motivations pour affirmer des positions à rebours d’une supposée « unité nationale ». Ce sont les résultats de cette étude qui sont livrés dans ce chapitre.

Alors que les usages des technologies numériques ne cessent de progresser dans les sociétés occid... more Alors que les usages des technologies numériques ne cessent de progresser dans les sociétés occidentales, la connaissance de ce qu’est le numérique, du code et des programmes informatiques, semble régresser. En découle le paradoxe d’une « société numérique » sans « culture numérique » : plus ces technologies nous sont utiles, et moins nous nous interrogeons sur leur mode de fonctionnement. Ce fossé grandissant entre usage et connaissance peut d’abord s’expliquer par le fait que cette connaissance préalable n’est pas nécessaire à la manipulation des technologies numériques. Cet état de fait est souvent illustré par la métaphore de la voiture et du chauffeur : nul besoin d’être mécanicien et de comprendre le fonctionnement d’un moteur pour pouvoir conduire une voiture.
Pourtant, comme le fait remarquer Douglas Rushkoff dans son ouvrage Program or be programmed (2010), auquel nous empruntons le titre de cet article, la différence entre un usager qui connaît le code et un usager qui ne fait qu’utiliser un programme a moins trait à la différence entre un chauffeur et un mécanicien, qu’entre un chauffeur et son passager. Les technologies numériques constituent aujourd’hui de véritables environnements au sein desquels nous évoluons, agissons, échangeons. Nous les mobilisons dans le cadre de notre travail, de nos loisirs, de notre vie sociale et culturelle. Utiliser des programmes informatiques pour réaliser toutes ces actions, c’est dépendre de leur concepteur pour nous dire comment les réaliser, c’est faire confiance au chauffeur pour nous mener à destination. Dans ce contexte, l'enseignement des pratiques du numérique peut, et doit être, synonyme d’empowerment des usagers, c’est-à-dire de renforcement de leurs capacités d’agir, en montrant comment ce format technique et les programmes qui en découlent peuvent limiter ou augmenter nos possibilité d’action sur le monde.
Depuis le milieu des années 1990, les institutions européennes ont investi Internet comme un terr... more Depuis le milieu des années 1990, les institutions européennes ont investi Internet comme un terrain politique où mener des campagnes de communication. L’analyse de leurs stratégies de communication en ligne, celles de la Commission européenne en particulier, permet de repérer le passage d’une simple mise à disposition d’informations à un impératif d’interactivité entre citoyens et décideurs, ce dernier se muant progressivement en une injonction à la participation qui associe les citoyens aux prises de décision par l’usage des technologies numériques.
Ainsi, les dispositifs de communication en ligne servent non seulement à tester de nouveaux formats de médiation entre citoyens et décideurs, mais aussi à mettre en scène et à valider une démocratisation en marche du fonctionnement institutionnel de l’UE.
Conclusion du n°73 de la revue Hermès, "Controverses et communication".

Les littératures académiques française et anglophone se sont intéressées à la question de l... more Les littératures académiques française et anglophone se sont intéressées à la question de l'action collective en ligne en accordant une attention particulière à l’évolution des formes de l'engagement, aux mutations des organisations militantes, ou encore à la production et la diffusion de contenus médiatiques alternatifs. La question de la structuration de publics en ligne, à travers l’étude des mécanismes facilitant la traduction d’un intérêt partagé pour une thématique, en une activité collective ayant pour but d’atteindre des objectifs spécifiques, semble avoir fait l'objet d'une attention plus disparate.
C'est de ce sujet que se propose de traiter cet article, en se focalisant sur une dimension bien précise des actions collectives sur internet : les usages stratégiques de liens hypertextes au sein des pratiques de mobilisation.
S'inspirant à la fois des apports de la littérature sur les pratiques politiques en ligne et des « link studies », cette étude repose sur un travail d'enquête s'appuyant sur un dispositif méthodologique qui articule étude statistique, analyse de contenu et « cartographie » du web. Elle démontre que les usages stratégiques du lien ont un effet structurant sur l'action et interviennent à la fois lors de la mobilisation d’un collectif (l'hypertexte comme « grappin » permettant de « drainer » des internautes vers une scène publique), de la conduite de l’action elle-même (l'hypertexte comme mécanisme agrégateur qui intègre des activités individuelles à un projet collectif), et de la constitution d’un espace public autour d’une scène (l'hypertexte comme canal de communication entre différents territoires thématiques).

Cet article se propose de revenir sur une approche spécifique de la participation politique en l... more Cet article se propose de revenir sur une approche spécifique de la participation politique en ligne, qui s’intéresse non pas aux usages, mais au design des technologies de participation. Emergeant à la croisée des sciences de la communication et des science and technology studies, cette approche a cherché à appréhender le processus de « mise en technologie » de projets participatifs, en observant comment des principes et des stratégies sont traduits en ressources techniques. Parce qu’elles configurent nos possibilités d’action sur internet en leur appliquant des formats, et contribuent à nous « faire agir », parce qu’elles organisent nos relations en ligne en nous attribuant des rôles et des ressources, et contribuent à nous « faire interagir », ces technologies de participation soulèvent des questions en termes d’orientation des comportements politiques. C’est donc à une réflexion sur l’instrumentation numérique d’une « gouvernementalité participative » que nous invite l’étude du design des technologies de participation sur internet.

Ces dernières années, la multiplication des initiatives visant à ouvrir les données publiques a s... more Ces dernières années, la multiplication des initiatives visant à ouvrir les données publiques a suscité des questionnements autour du potentiel de l’open data en termes d’empowerment citoyen . Les discours qui ont accompagné les politiques publiques dans ce domaine ont en effet accordé une place importante au pouvoir d’agir des individus : l’appropriation des données publiques impliquerait à la fois de nouvelles formes de collaboration entre pouvoirs publics et société civile, en promouvant l’expertise profane au sein des sphères décisionnelles, et permettrait également aux citoyens d’exercer un pouvoir de surveillance sur les décideurs, en favorisant une transparence accrue de l’action publique. Plutôt que d’adopter une posture évaluative qui chercherait à mesurer les écarts entre les promesses des discours et la réalité des pratiques, ce chapitre se propose d’analyser les formes d’empowerment que l’open data entend accompagner, voire produire. Il s’agit d’analyser les modes d’exercice de la citoyenneté associés à l’ouverture des données publiques, les valeurs et les principes qu’elle promeut, les technologies par lesquelles elle s’incarne et les communautés d’intérêt qui se constituent autour d’elle.
Talks by Romain Badouard
Communication au colloque international "L'Europe dans les médias en ligne"
Institut des Sciences... more Communication au colloque international "L'Europe dans les médias en ligne"
Institut des Sciences de la Communication du CNRS
26 et 27 mai 2015
Uploads
Papers by Romain Badouard
Pourtant, comme le fait remarquer Douglas Rushkoff dans son ouvrage Program or be programmed (2010), auquel nous empruntons le titre de cet article, la différence entre un usager qui connaît le code et un usager qui ne fait qu’utiliser un programme a moins trait à la différence entre un chauffeur et un mécanicien, qu’entre un chauffeur et son passager. Les technologies numériques constituent aujourd’hui de véritables environnements au sein desquels nous évoluons, agissons, échangeons. Nous les mobilisons dans le cadre de notre travail, de nos loisirs, de notre vie sociale et culturelle. Utiliser des programmes informatiques pour réaliser toutes ces actions, c’est dépendre de leur concepteur pour nous dire comment les réaliser, c’est faire confiance au chauffeur pour nous mener à destination. Dans ce contexte, l'enseignement des pratiques du numérique peut, et doit être, synonyme d’empowerment des usagers, c’est-à-dire de renforcement de leurs capacités d’agir, en montrant comment ce format technique et les programmes qui en découlent peuvent limiter ou augmenter nos possibilité d’action sur le monde.
Ainsi, les dispositifs de communication en ligne servent non seulement à tester de nouveaux formats de médiation entre citoyens et décideurs, mais aussi à mettre en scène et à valider une démocratisation en marche du fonctionnement institutionnel de l’UE.
Pour plus d'informations sur le cours "Médias & Controverses" :
http://www.medias-et-controverses.fr/
C'est de ce sujet que se propose de traiter cet article, en se focalisant sur une dimension bien précise des actions collectives sur internet : les usages stratégiques de liens hypertextes au sein des pratiques de mobilisation.
S'inspirant à la fois des apports de la littérature sur les pratiques politiques en ligne et des « link studies », cette étude repose sur un travail d'enquête s'appuyant sur un dispositif méthodologique qui articule étude statistique, analyse de contenu et « cartographie » du web. Elle démontre que les usages stratégiques du lien ont un effet structurant sur l'action et interviennent à la fois lors de la mobilisation d’un collectif (l'hypertexte comme « grappin » permettant de « drainer » des internautes vers une scène publique), de la conduite de l’action elle-même (l'hypertexte comme mécanisme agrégateur qui intègre des activités individuelles à un projet collectif), et de la constitution d’un espace public autour d’une scène (l'hypertexte comme canal de communication entre différents territoires thématiques).
Talks by Romain Badouard
Institut des Sciences de la Communication du CNRS
26 et 27 mai 2015
Pourtant, comme le fait remarquer Douglas Rushkoff dans son ouvrage Program or be programmed (2010), auquel nous empruntons le titre de cet article, la différence entre un usager qui connaît le code et un usager qui ne fait qu’utiliser un programme a moins trait à la différence entre un chauffeur et un mécanicien, qu’entre un chauffeur et son passager. Les technologies numériques constituent aujourd’hui de véritables environnements au sein desquels nous évoluons, agissons, échangeons. Nous les mobilisons dans le cadre de notre travail, de nos loisirs, de notre vie sociale et culturelle. Utiliser des programmes informatiques pour réaliser toutes ces actions, c’est dépendre de leur concepteur pour nous dire comment les réaliser, c’est faire confiance au chauffeur pour nous mener à destination. Dans ce contexte, l'enseignement des pratiques du numérique peut, et doit être, synonyme d’empowerment des usagers, c’est-à-dire de renforcement de leurs capacités d’agir, en montrant comment ce format technique et les programmes qui en découlent peuvent limiter ou augmenter nos possibilité d’action sur le monde.
Ainsi, les dispositifs de communication en ligne servent non seulement à tester de nouveaux formats de médiation entre citoyens et décideurs, mais aussi à mettre en scène et à valider une démocratisation en marche du fonctionnement institutionnel de l’UE.
Pour plus d'informations sur le cours "Médias & Controverses" :
http://www.medias-et-controverses.fr/
C'est de ce sujet que se propose de traiter cet article, en se focalisant sur une dimension bien précise des actions collectives sur internet : les usages stratégiques de liens hypertextes au sein des pratiques de mobilisation.
S'inspirant à la fois des apports de la littérature sur les pratiques politiques en ligne et des « link studies », cette étude repose sur un travail d'enquête s'appuyant sur un dispositif méthodologique qui articule étude statistique, analyse de contenu et « cartographie » du web. Elle démontre que les usages stratégiques du lien ont un effet structurant sur l'action et interviennent à la fois lors de la mobilisation d’un collectif (l'hypertexte comme « grappin » permettant de « drainer » des internautes vers une scène publique), de la conduite de l’action elle-même (l'hypertexte comme mécanisme agrégateur qui intègre des activités individuelles à un projet collectif), et de la constitution d’un espace public autour d’une scène (l'hypertexte comme canal de communication entre différents territoires thématiques).
Institut des Sciences de la Communication du CNRS
26 et 27 mai 2015