Books by Emmanuel Bermon
Written between 386 and 390 during the excitement of his discovery of Neoplatonism, Augustine’s c... more Written between 386 and 390 during the excitement of his discovery of Neoplatonism, Augustine’s correspondence with his friend Nebridius is a distillation of Platonic questions concerning the infinite, the distinction between sensible and intelligible phenomena, the imagination and recollection, inspired dreams, assimilation to God, the “vehicle” of the soul, interiority, and individuality. In addition, the exchange contains major theological insights concerning the Incarnation and the Trinity. Thanks to these letters, which, as Nebridius himself says, make “Christ, Plato, and Plotinus heard,” we can better understand this incandescent moment in Augustine’s life when he converted to both philosophy and Christianity, as the Confessions will later testify.

L’excellence politique est au centre des Politiques d’Aristote. Les contributions rassemblées dan... more L’excellence politique est au centre des Politiques d’Aristote. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage visent toutes à l’éclairer. Si elle concerne bien sûr les citoyens, cette excellence vaut aussi pour la communauté qu’ils forment. Il faut donc d’abord s’interroger sur la nature de la cité. Est-elle ou non réductible aux citoyens qui la composent (Donald Morrisson) ? Comment comparer ou au contraire distinguer, comme nous y invite Aristote en usant de la même image du navire et de la navigation, les formes d’excellences qui valent pour la cité et celles du père, du mari ou du maître qui valent dans la famille (Emmanuel Bermon) ? On peut enfin, pour mieux comprendre que la cité est une réalité naturelle et que l’homme est par nature un animal politique, examiner le cas monstrueux de l’homme apolitique, comparé à un pion retiré du terrain d’un jeu de stratégie (Jean-louis Labarrière). On ne peut traiter de l’excellence dans les Politiques sans prendre en compte le célèbre chapitre 4 du livre III, où Aristote examine si l’excellence de l’homme de bien et celle du citoyen sont identiques ou différentes. Pierre Pellegrin et Jean Terrel en proposent deux lectures différentes, en partie complémentaires et en partie divergentes. Avec les lectures de ce chapitre, s’ouvre le débat sur ce qu’est l’excellence d’un régime ou d’une cité et le rôle que peuvent y jouer les hommes de bien. Valéry Laurand examine l’excellence dans le régime problématique qu’est selon lui la royauté telle qu’elle est décrite par Aristote. Richard Bodéüs montre que les hommes de bien, quand ils ne disposent pas de la suprématie qu’ils ont dans une royauté ou une aristocratie, sont absolument nécessaires pour maintenir ou réformer les régimes déviés dans le sens de cette même juste mesure. Deux contributions très différentes sont consacrées à la cité selon nos vœux. Annick Jaulin analyse à partir du début du livre VII les conditions quantitatives de l’excellence politique. Pour Peter Simpson, l’objet de la prière d’Aristote, la cité que souhaite le législateur si aucun obstacle extérieur ne s’oppose à ses vœux (livres VII et VIII) est tout simplement la cité de Dieu. Enfin Suzanne Colins se demande en quel sens la visée aristotélicienne de l’excellence politique peut être actuelle aujourd’hui. Si l’on juge que les libéraux ont fait triompher une conception trop pauvre et trop individualiste de la politique, peut-on, comme de nombreux penseurs depuis 1945, faire retour aux ressources des Politiques ?

The seven essays collected in this volume address the sequence of sections §§ 1-88 of Wittgenstei... more The seven essays collected in this volume address the sequence of sections §§ 1-88 of Wittgenstein’s Philosophical Investigations. They are intended to help the reader find her way through the forest of issues treated in this first sequence. They examine some of the ways in which the book’s characteristic modes of criticism are demonstrated, with special emphasis on “the method of § 2” (as Wittgenstein retrospectively calls it in PI § 48), also called the “method of language-games” (PI § 116). These essays develop, though in very different ways, the contention that language-games are exactly what Wittgenstein claims they are, namely, “objects of comparison” (PI §§ 130-131) or notational constructs, but not subparts of our language whose syntactical patterns dictate how we must talk on pain of lapsing into nonsense. Accordingly, many of the essays collected here, rejecting the suggestion that Wittgenstein was ever in the business of laying down a priori conditions of sense (restrictions on what we can think), attempt to extend to the text of the Philosophical Investigations the so-called “resolute” stance that some commentators have recently taken on the text of the Tractatus Logico-Philosophicus. All of these essays evince the twofold conviction that the book’s form, being internal to its content, cannot be shunted to one side without courting exegetical disaster and, conversely, that the modes of criticism employing this form cannot be identified except through their enactment.

Descartes considérait la pensée augustinienne du cogito comme une inférence qui « aurait pu tombe... more Descartes considérait la pensée augustinienne du cogito comme une inférence qui « aurait pu tomber sous la plume de qui que ce soit » (Lettre à Colvius, AT III, pp. 247-248). Pour Husserl, si Augustin a découvert le premier « l’indubitabilité de l’ego cogito » (Philosophie première I, p. 86-87 [62]), il a limité la portée de sa découverte en en faisant un simple argument dirigé contre les Sceptiques. Ces jugements s’appuient sur le texte de la Cité de Dieu où apparaît le célèbre « Si enim fallor, sum » (De civ. Dei, XI, 26). Résistent-ils à l’analyse beaucoup plus approfondie qu’Augustin développe dans le livre X de la Trinité et dans d’autres ouvrages ? L’objectif de l’ouvrage est de dégager l’enjeu philosophique de la pensée augustinienne du cogito dans ses différentes formulations. Sa méthode obéit au double souci de situer la réflexion d’Augustin dans le champ de la philosophie antique et de procéder, à chaque étape, à des rapprochements précis avec les perspectives ouvertes par Descartes et par Husserl.
Ce volume paru sous ma responsabilité constitue la publication des actes d’une journée d’études o... more Ce volume paru sous ma responsabilité constitue la publication des actes d’une journée d’études organisée dans le cadre des activités du Centre de Recherche de l’Université Bordeaux 3, le 27 avril 2001. Cette rencontre a été suscitée par la parution de la nouvelle traduction par P.-M. Morel des Petits Traités d’histoire naturelle dans la collection Garnier-Flammarion (2000) et plus largement par l’importance croissante des traités zoologiques d’Aristote dans la recherche contemporaine depuis les années 1960-1970, sous l’impulsion des travaux de David Balme puis d’Allen Gotthelf et de James Lennox. Cette réévaluation théorique dont bénéficie la biologie aristotélicienne a été saluée comme « l’un des événements herméneutiques principaux advenus récemment dans le champ des études aristotéliciennes » (P. Pellegrin et D. Devereux).
Augustin soutient dans le traité Sur le Maître que rien ne s’enseigne par les mots. Cette thèse p... more Augustin soutient dans le traité Sur le Maître que rien ne s’enseigne par les mots. Cette thèse paradoxale est établie au terme d’une critique du langage qui procède en trois temps : elle enquête sur la signification des différentes « parties du discours » en vue de montrer, de façon étonnante, que « tous les mots sont des noms » ; elle met en évidence les conditions de possibilité de la réflexivité du langage ; elle délimite enfin le domaine de compétence des mots et de la définition ostensive. Mon commentaire renouvelle l’approche de ce dialogue en privilégiant deux centres d’intérêt : les emprunts que fait Augustin aux principales doctrines antiques de la signification (grammaire ancienne, sémantique stoïcienne, réfutation sceptique de la théorie stoïcienne des signes) et les critiques qui lui ont été adressées par la philosophie contemporaine à partir de Wittgenstein.

E. BERMON, V. LAURAND AND J. TERREL (éd.), Politique d’Aristote : famille, régimes, éducation, Préface de Pierre Pellegrin, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Histoire des pensées », 2011, 188 p. Ce livre a pour objet d’éclairer la politique d’Aristote par un ensemble d’études sur la famille,... more Ce livre a pour objet d’éclairer la politique d’Aristote par un ensemble d’études sur la famille, les régimes ou l’éducation. On y examine les « modèles » familiaux des différentes constitutions, la distinction entre l’amitié familiale et l’amitié politique, le pouvoir du roi, le principe de conformité des lois à la constitution, la détermination du meilleur régime, l’importance politique du « cœur » et de l’amour, la valeur de l’autarcie et du loisir … L’analyse de ces thèmes fondamentaux des Politiques ravive des interrogations majeures concernant la signification de la référence à la nature, la relation entre Aristote et Platon, les liens qui unissent la politique, l’éthique et la psychologie aristotéliciennes et la conciliation de l’idéalisme et du réalisme.

E. BERMON & G. O’DALY (ed.), Le De Trinitate de saint Augustin : exégèse, logique et noétique, Actes du colloque international de Bordeaux, 16-19 juin 2010, Préface de Rowan Williams, Paris, IEA, coll. « Les Études Augustiniennes », Série Antiquité - 192, 2012, 372 p. Dans le De Trinitate, Augustin s’attache à « rendre raison » de la foi dans la Trinité telle qu’e... more Dans le De Trinitate, Augustin s’attache à « rendre raison » de la foi dans la Trinité telle qu’elle a été définie à Nicée : les trois personnes divines sont d’une même essence et égales entre elles tout en étant distinctes, et leur action indivise dans le monde, en tant qu’elles sont un seul être, ne remet pas en cause la distinction de leurs manifestations lors des théophanies et des « missions » divines. L’œuvre présente d’abord les fondements scripturaires de la doctrine trinitaire et montre comment le langage des Écritures peut être interprété sans donner prise à la thèse arienne de la subordination du Fils et du Saint Esprit par rapport au Père. Augustin recourt ensuite aux catégories d’Aristote en vue d’expliquer la formule canonique « une essence, trois personnes ». Enfin, une approche analogique, fondée sur l’affirmation selon laquelle l’homme a été créé à l’image de Dieu, cherche des images de la Trinité dans l’esprit humain et ses facultés. Les articles rassemblés dans ce livre explorent le De Trinitate dans ses trois « volets » exégétique, logique et noétique.

Avant son baptême, à Milan, Augustin mit en chantier une encyclopédie des arts libéraux, qu’il co... more Avant son baptême, à Milan, Augustin mit en chantier une encyclopédie des arts libéraux, qu’il concevait comme un moyen de progresser « per corporalia ad incorporalia ». Son traité de grammaire, qu’il eut le temps d’achever, disparut rapidement de sa bibliothèque. Il faut attendre la fin du VIe siècle pour en entendre à nouveau parler : Cassiodore recommande aux débutants la lecture d’un traité d’Augustin (Inst. II 1, 1), qui semble être une version abrégée de son liber de grammatica et qui correspond certainement à l’abrégé de grammaire que la tradition manuscrite nous a transmise sous le nom d’Augustin. Un examen attentif de ce court texte révèle qu’il constitue bien la version réduite d’une grammaire plus détaillée. L’édition de ce traité, reposant sur un examen à nouveaux frais des manuscrits, introduit un cinquantaine de corrections textuelles par rapport aux deux versions imprimées existantes et remplace l’édition en usage, établie par Weber en 1861. Elle est désormais indispensable à l’étude de ce texte et des problèmes posés par l’encyclopédie augustinienne.
Papers by Emmanuel Bermon

RESUMO: O tema deste artigo é evidenciar algumas aporias encontradas por Agostinho ele deseja lou... more RESUMO: O tema deste artigo é evidenciar algumas aporias encontradas por Agostinho ele deseja louvar Deus no início das Confissões. A confissão de louvor interfere imediatamente na confissão de fé e na confissão de pecado, e todas as três são indissociáveis, de tal maneira que é difícil saber por qual delas começar. Se a fé torna possível a invocação que precede o conhecimento e o louvor de Deus, não é absurdo invocar Deus, na medida em que ele está presente naquele o chama? E que se diz quanto se fala de Deus? A linguagem humana não atinge sua finalidade senão no fracasso em parlar adequadamente de Deus. Essas aporias do proêmio das Confissões culminam numa contradição soberana formulada no De doctrina christiana: a qual consiste em dizer Deus inefável. Ainda que a contradição seja logicamente insuperável, Agostinho interdiz que se cale a respeito de Deus e encontra uma solução pratica ao problema da inefável inefabilidade de Deus num ato de fala de jubilação. 1 Palavras-chave: Agostinho, Confissões, Inefável, Linguagem, louvor. RÉSUMÉ : L'objet de cet article est de mettre en évidence certaines apories rencontrées par Augustin lorsqu'il veut louer Dieu au début des Confessions. La confession de louange interfère immédiatement avec la confession de la foi et celle du péché, qui sont toutes trois indissociables, de sorte qu'il est difficile de savoir par laquelle commencer. Si la foi rend possible l'invocation, qui précède la connaissance et la louange de Dieu, n'y at -il pas quelque chose d'absurde à invoquer Dieu, dans la mesure où il est toujours déjà présent dans celui qui l'appelle ? Et que dit-on lorsqu'on parle de Dieu ? Le langage humain n'atteint-il pas son but en échouant à parler adéquatement de Dieu. Ces apories du début des Confessions culminent dans une contradiction souveraine formulée dans le De doctrina christiana : celle qui consiste à dire Dieu ineffable alors que rien ne peut être dire de lui s'il est vrai qu'il est ineffable. Bien que la contradiction soit logiquement indépassable, Augustin interdit que l'on taise au sujet de Dieu et trouve une solution pratique au problème de l'ineffable ineffabilité de Dieu dans l'acte de parole de la jubilation.

No doubt influenced by some post-Plotinian doctrines, Nebridius wonders what means the “demons” p... more No doubt influenced by some post-Plotinian doctrines, Nebridius wonders what means the “demons” precisely use when they want to produce images in someone who is sleeping. He considers three possibilities, which are distributed as a main alternative, depending on whether the dream image is created by the soul of the dreamer (while being driven by the demons), or created by the demons, before being sent to the sleeper. But finally, Nebridius explains carefully why none of these hypotheses seems to him satisfactory. Augustine puts forward a fourth explanation, based on the interdependence of body and soul: in a nutshell, the demons may indirectly affect the dreamer’s soul by acting upon his body. Augustine’s reply is, as he says, intended only as the start of an investigation whose complexity disturb him. In fact, it is only the first step of the working-out of a problem that he will never solve satisfactorily. The study of the texts leads to a comparison with Porphyry, who seems to have faced the same problem with similar philosophical assumptions and similar puzzlements.

In order to show that the inaugural quotation of the Investigations indicates a completion point ... more In order to show that the inaugural quotation of the Investigations indicates a completion point in Wittgenstein’s thought, or at least in the presentation of his later philosophy, I first draw a comparison between the beginning of the Philosophical Remarks and the one of the Philosophical Investigations, both of which display different uses of Book I of the Confessions in the respective contexts of Wittgenstein’s thoughts on progress and on the essence of language. Then I examine the “importance” (in Wittgenstein’s own words) of Augustine’s conception of language, with which the Investigations opens. I claim that Wittgenstein first saw Augustine as a theorist of time—in fact, I argue that he believed Augustine’s philosophical perplexity about the nature of time, as presented in Book XI of the Confessions, stemmed from his inadequate conception of language. Finally, I defend the idea that the philosophical use to which Wittgenstein puts the “Augustinian picture” in his own philosophy is fundamentally of a therapeutic nature.

« Une image de l’excellence politique comparable à un couteau de Delphes : la navigation des marins (Aristote, Pol. III, 4, 1276b16-34) », in E. BERMON, V. LAURAND et J. TERREL (éd.), L’excellence politique chez Aristote, Leuven-Paris, Peeters, « Aristote. Traductions et études », 2017, p. 25-49 Aristote utilise l’image platonicienne de la navigation des marins (cf. Rép. VI, 487e-489c) pour ... more Aristote utilise l’image platonicienne de la navigation des marins (cf. Rép. VI, 487e-489c) pour définir les trois formes de pouvoirs qu’il distingue (despotique, paternel et politique). Il est a priori surprenant qu’une seule et même image, platonicienne de surcroît, s’applique à chacun de ces pouvoirs, puisque la Politique s’ouvre sur la critique, adressée à Platon, d’avoir défendu une conception univoque du pouvoir. Contre la thèse platonicienne selon laquelle on serait roi, maître, et chef de famille en vertu d’une seule et même science, Aristote distingue des « espèces de commandement » : « commander » et « obéir » se disent en plusieurs sens et recouvrent des relations d’ordre différentes. Dans ces conditions, comment un seul et même modèle trouve-t-il à s’appliquer, dans la Politique, aux trois espèces de commandement ? Il ne s’agit pas, bien entendu, de prétendre qu’Aristote ait adopté la conception univoque du commandement qu’il critique chez Platon, mais d’examiner comment la plasticité de l’image nautique lui permet – au prix de certaines difficultés – de rendre compte des traits contraires des trois commandements.
Présentation et traduction de deux extraits du De Trinitate d’Augustin. (1) De Trin. V, 1, 2-5, 6... more Présentation et traduction de deux extraits du De Trinitate d’Augustin. (1) De Trin. V, 1, 2-5, 6 : comment penser la Trinité et parler d’elle ? Étant sans qualité, sans quantité, sans lieu, etc., à la différence des autres essences ou substances qui sont toutes sujettes à des accidents, Dieu est « transcatégorial ». (2) De Trin. XV, 14, 23-16, 26 : analyse du « verbe intérieur », qui vise à faire voir « en miroir et en énigme » (cf. 1 Co 13, 12) une image du Verbe divin.

Augustine complains in Letter 3 to Nebridius, that his ignorance of some problems of physics prev... more Augustine complains in Letter 3 to Nebridius, that his ignorance of some problems of physics prevents him from being happy: “how am I happy or what sort of a happy man am I, who do not know the reason why the world is as large as it precisely is, while the proportions of the shapes through which it extends do not in any way prevent its being larger to the extent anyone might wish.” Indeed, could not the world be larger or even grow ad infinitum, while keeping the same proportions between its components ? If it is true that there is no minimum body because of the infinite divisibility of bodies, why should there be a maximum body, that is to say a body than which no larger one can exist ? Why should the size of the universe be limited ? To solve this problem, Augustine appeals to a doctrine which is based on the opposition between two kinds of numbers : the sensible number and the intelligible one.
Les passions, c’est-à-dire « ces mouvements de l’âme que les Grecs appelaient pathè » (De Civ. De... more Les passions, c’est-à-dire « ces mouvements de l’âme que les Grecs appelaient pathè » (De Civ. Dei, IX, 4, 1), sont-elles mauvaises ? Le traité du Libre arbitre montre qu’Augustin a vu dans la passion la cause du mal. La passion (libido) est définie comme un mouvement irrationnel de l’âme, qui devient hégémonique lorsque la raison ne le maîtrise pas. Comment expliquer cependant que la raison ne commande pas à toute l’âme ? L’analyse augustinienne tend à montrer que les différentes passions (désir, crainte, joie et tristesse) trouvent leur origine dans un désordre de l’esprit, qui n’est pas lui-même une passion, à savoir l’orgueil. Loin de conclure cependant que les passions sont nécessairement mauvaises, Augustin s’en prend vigoureusement, dans la Cité de Dieu, à l’idéal de l’apathie et énonce les conditions d’existence de passions qui soient bonnes.

Ma contribution à cette anthologie de textes sur le non-être de Parménide à Bergson présente cinq... more Ma contribution à cette anthologie de textes sur le non-être de Parménide à Bergson présente cinq textes d’Augustin appartenant à divers genres littéraires et à diverses époques de sa vie. Elle vise à mettre en évidence les différents enjeux de la réflexion augustinienne sur le rien. L’analyse de la signification du mot « rien » conduit d’abord à s’intéresser au faux et aux privations. J’étudie ensuite de quelle façon Augustin a recours au concept de rien pour rendre compte d’une part de la Création (ex nihilo) et d’autre part du mal, qui est défini comme une tendance vers le non-être. Une telle utilisation du concept de néant valut à Augustin le reproche de s’être représenté le rien comme s’il était une substance. Un texte de l’Ouvrage inachevé contre Julien répond à cette accusation de Julien d’Éclane en insistant sur le fait que le rien n’est « absolument rien ». Un extrait du livre III du Libre arbitre conclut cette présentation. Que répondre à quelqu’un qui dirait : « Je préférerais ne pas être plutôt qu’être malheureux » ? Augustin soutient qu’il est impossible de vouloir ne pas être et s’efforce à partir de là de rendre raison de l’attitude de ceux qui se sont donné la mort en pensant qu’ils ne seraient plus. Son explication se présente comme une réfutation radicale du nihilisme.
Cette analyse présente une vision globale du traité. On distingue sans peine trois grandes partie... more Cette analyse présente une vision globale du traité. On distingue sans peine trois grandes parties dans cette œuvre : un développement exégétique qui réfute l’arianisme, une explication logique de la théologie issue de Nicée et enfin, une approche analogique, qui cherche des images de la Trinité dans l’esprit humain. Au-delà de cette division évidente, la grande difficulté du texte, surtout dans les derniers livres, devient rapidement un obstacle à la compréhension de sa progression. On peut en prendre pour preuve le problème posé par l’enchaînement entre elles des différentes trinités de l’esprit, dont l’article s’attache plus particulièrement à rendre compte.

Dans la Lettre 6 de la correspondance d’Augustin, Nebridius pose à son ami deux questions sur l’i... more Dans la Lettre 6 de la correspondance d’Augustin, Nebridius pose à son ami deux questions sur l’imagination : la mémoire peut-elle exister sans la phantasia ? La phantasia ne tient-elle pas ses images d’elle-même plutôt que des sens ? Ces questions trouvent leur origine dans des textes de Plotin et de Porphyre, qui se référaient eux-mêmes au début du De memoria d’Aristote et à la célèbre thèse aristotélicienne selon laquelle l’âme ne pense pas sans image. Nebridius adopte l’idée qu’une image sert nécessairement de « véhicule » ou de « miroir » à la pensée, que cette image soit celle d’un corps ou celle d’un mot. Augustin refuse quant à lui le principe d’une telle dépendance, chez l’homme, de l’intellect par rapport à l’imagination. Son originalité, au sein du néoplatonisme, tient à la radicalité avec laquelle il dénie tout rôle positif aux images dans la constitution de la connaissance. * Abstract : In Letter 6 of Augustine’s correspondence, Nebridius asks his friend two questions on imagination : Is memory able to exist without phantasia ? Does phantasia not get its images from itself rather than from the senses ? These questions arise from some texts by Plotinus and Porphyry, who referred to the beginning of Aristotle’s De memoria and to the famous Aristotelian claim that mind does not think without an image. Nebridius argues that thought has to use an image, either of a body or of a word, as a « vehicle » or as a « mirror ». Augustine, for his part, goes against the very principle of such a dependence of intellect on imagination in the case of man. The way he radically denies images any constructive role in the process of knowledge makes him original within Neoplatonism.

D’après son ami Hermogenianus, Augustin a « vaincu » les Académiciens dans le Contra Academicos. ... more D’après son ami Hermogenianus, Augustin a « vaincu » les Académiciens dans le Contra Academicos. De son propre avis, l’acquis de l’œuvre est seulement d’avoir montré qu’il est probable que le sage ait part à la vérité et d’avoir fait renaître l’espoir de la trouver. Ce jugement surprenant d’Augustin s’explique par sa croyance selon laquelle le scepticisme des Nouveaux Académiciens n’était que « de façade » et par l’idée qu’il se fait de la philosophie. * Abstract : According to his friend Hermogenianus, Augustine “defeated” the Academians in the Contra Academicos. According to his personal opinion, the real achievement of the treatise is solely to have demonstrated that it is probable that the wise man has a share in truth and to have revived the hope of finding it. Augustine’s belief that the New Academians pretended to be sceptics, together with his concept of philosophy, provides the explanation for such a jugement.
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