Papers / Publiés ou en cours de publication by Rafika Hammoudi
Parade Sauvage n°33, 2022
Microlecture du spectre de la Commune dans les Illuminations : "Ouvriers", "Dévotion" et "Barbare"
Lire Le Magazine Littéraire, 2020
La mécanique du sens dans l'oeuvre rimbaldienne

Revue Jules Vallès, 2020
Il est toujours surprenant de constater, comment, ou plutôt dans quelle mesure, une même parole, ... more Il est toujours surprenant de constater, comment, ou plutôt dans quelle mesure, une même parole, selon le temps, le contexte ou le lieu de son énonciation, parvient à se métamorphoser et, dans le cas présent, à gagner en intensité. Qu'il s'agisse d'une histoire dite personnelle (l'exil momentané de mon grand-père à Saint-Étienne à l'aube de la Seconde Guerre mondiale) ou de la récente mise à jour (2018) d'une lettre de Rimbaud adressée à Andrieu (en date du 16 avril 1874) ; il n'en demeure pas moins que la communication de ce jour (qui fut présentée sous une première version à la Maison française d'Oxford le 24 octobre 2015) s'en trouve métamorphosée et logiquement enrichi. I. En liminaire des Illuminations Pour quiconque souhaite s'aventurer dans la forêt poétique que constitue les Illuminations, il lui sera nécessaire de faire preuve d'une extrême méticulosité analytique tant le recueil factice se veut miné par une impossible unité critique et une fragmentation de fond et de forme, complexifié par un Rimbaud épistolaire étrangement silencieux. 1 Ainsi la récente découverte de cette missive rimbaldienne datée du 16 avril 1874 et adressée à Jules Andrieu, ne vient pas seulement combler un vide biographique et critique mais également souligner des préoccupations politiques, sociales et un intérêt communard qui ne s'est pas évanoui à l'issue de sa prime jeunesse et des Premières Poésies. I

Les enjeux de l'écriture mystique [sous la direction de Nejmeddine Khalfallah et Abdelaziz El-Aloui], 2021
Lorsque Théophile Gautier visite l’Algérie en 1845, son voyage est annonciateur de l’engouement a... more Lorsque Théophile Gautier visite l’Algérie en 1845, son voyage est annonciateur de l’engouement artistique qui marquera les débuts de cette nouvelle possession coloniale française. Une fascination picturale, linguistique mais également philosophique et religieuse. Cette dernière se faisant plus implicite notamment en littérature.
Ainsi Théophile Gautier a la chance de visiter une Algérie, possession militaire, encore faiblement marquée par les cicatrices de la colonisation. Mais également de se rendre dans ce pays avec un regard non-encore façonné par une propagande qui s’accélèrera durant la IIIème République. Ce qui est remarquable dans ce voyage c’est cette volonté gautiérienne de découvrir mais également de se laisser submerger par cette Algérie qui l’étonne et le fascine.
De ces quatre textes [Alger intra-muros, Alger extra-muros, Les Aïssaoua et la Danse des Djinns], Les Aïssaoua est sans doute celui qui reste le plus envoutant et vertigineux pour le lecteur et l’auteur. Devant cette danse extatique, dans une langue qu’il ne comprend pas, dans un pays qui n’est pas le sien, il admet être pris d’une répulsive fascination pour ces exécutants. De la froide observation à l’hypnotique envoûtement voire la subjugation qu’il ressent, Théophile Gautier croise le soufisme sans jamais prononcer son nom.
Ce qui se joue en cet instant, en ce texte, est un débat, un combat intérieur, entre un auteur profondément parisien, prosaïque, qui se retrouve spirituellement ébranlé face à un pays encore attaché à son soufisme, ses tariqas et sa mystique.
RELIEF - Revue électronique de littérature française, 2018
Venir à "Voyelles" différemment, renouveler l'approche critique pour défricher une nouvelle hypot... more Venir à "Voyelles" différemment, renouveler l'approche critique pour défricher une nouvelle hypothèse, celle d'un poème qui se veut une interraction, jeu de rouage entre le poète et le lecteur. Ouvrir sans conclure, un dialogue qui ne devrait être considéré comme clos : revenir au poème, au texte et s'amuser au glissement. Notre étude n'est pas une conclusion mais une introduction vers un possible nouvel éclairage.
The Thousand and One Nights: Sources and Transformations in Literature, Art, and Science, 2020
Et si certains poèmes des Illuminations étaient marqués par la discrète présence des Mille et une... more Et si certains poèmes des Illuminations étaient marqués par la discrète présence des Mille et une nuits...

Quêtes Littéraires, 2017
Si l’on tendait jusqu’alors à opposer, presque mécaniquement, dans l’œuvre
rimbaldienne la Saison... more Si l’on tendait jusqu’alors à opposer, presque mécaniquement, dans l’œuvre
rimbaldienne la Saison et Les Illuminations, les critiques les plus récentes
ont démontré qu’au-delà d’un questionnement sur la postériorité ou
l’antériorité respectives des recueils, les deux textes se devraient plutôt
d’être considérés simultanément. S’ouvre dès lors cette possibilité de tisser
des liens entre ces deux recueils, non dans leur thématique mais dans une
approche scripturale, presque une tactique d’écriture qui dans les deux
œuvres se font écho avec une surprenante complémentarité.
Si la Saison se voulait l’œuvre en pointillé, celle où le non-dit oralisé est
rendu visible par des points de suspension et une parole continuellement
interrompue par un narrateur tourmenté ; les Illuminations, en revanche, se
veulent de l’esthétique du blanc, elles s’inscrivent comme textes où ce non-
dit prévaut sur l’inscrit et l’écrit, où il est demandé au lecteur de guetter et
de deviner ce silence porteur de sens.
C’est ce rapport de force, cette tension, entre un poète, n’ayant jamais
réellement délaissé son œuvre, et un lecteur ne devenant jamais
véritablement dépositaire de l’œuvre, que nous avons nommé dans notre
thèse « tactique du vide ». Il s’agit de ne plus échapper à cette sensation
d’incompréhension mais de l’embrasser, ainsi que ce malaise, en tant
qu’élément quintessensciel à toute approche critique mais également
humaine de l’œuvre.
Http Www Theses Fr, Dec 16, 2014
Hammoudi,Rafika. La religion de Rimbaud -2014 HAMMOUDI Rafika -La religion de Rimbaud -2014 ~ 2 ~... more Hammoudi,Rafika. La religion de Rimbaud -2014 HAMMOUDI Rafika -La religion de Rimbaud -2014 ~ 2 ~ REMERCIEMENTS Je tiens en premier lieu à remercier mon directeur de thèse le professeur Steve Murphy, dont la patience et l'érudition rimbaldienne m'ont sauvé de bien des faux -pas et m'ont permis de ne pas me noyer dans l'immensité critique de cette mer poétique.
Revue Synergie France / Royaume-Uni, 2012
En 1915 Yeats confie à son ami Ernest Boyd : "Je n'ai jamais eu une connaissance précise ou détai... more En 1915 Yeats confie à son ami Ernest Boyd : "Je n'ai jamais eu une connaissance précise ou détaillée des symbolistes français" ("Of the French Symbolists I have never had any detailed or acurate knowledge"). Et pourtant Yeats fut lecteur et amateur des "pères" du Symbolisme français : Verlaine, Mallarmé ou Villiers de L'Isle-Adam. C'est donc tout naturellement que le lecteur est en droit de s'interroger sur ce lien visible mais apparemment nié qu'entretint Yeats avec le symbolisme français.
Talks / Conferences by Rafika Hammoudi

Si déconcertant que cela puisse être, le XIXe siècle apparaît
comme en marge des autres époques, ... more Si déconcertant que cela puisse être, le XIXe siècle apparaît
comme en marge des autres époques, dans son rapport à
la question de l’influence des Mille et Une Nuits dans sa
littérature et son imaginaire. On préfère le plus souvent
lui reconnaître l’empreinte d’une fascination antique
orientalisée au fur et à mesure de l’expansion coloniale et
des contagions culturelles qui en découlent. Une approche
qui mérite d’être revisitée et reconsidérée notamment
dans le cas du Symbolisme et de la Décadence.
En cette seconde moitié du XIXe siècle, les Mille et Une Nuits
sont loin de représenter une quelconque nouveauté. Si sa
connaissance reste de rigueur, ses contes ont eu le temps
d’être inspectés, disséqués, ingérés et même digérés.
Dès lors, devenu espace de connaissance commune, au
même titre que le catéchisme avec la Bible, est-il encore
nécessaire pour ceux qui s’en nourrissent, d’indiquer
l’apport des Mille et Une Nuits dans leurs œuvres ?
Difficile question, notamment dans l’analyse d’écrits qui
se font parfois plus manifeste esthétique de l’existence
artistique, philosophique, sociale ou morale telle que
désirée par l’auteur plutôt que simple œuvre littéraire.
Faut-il également souligner que ces textes sont le fruit
d’auteurs résolument bibliophiles, curieux de toutes les
lectures et de toutes les littératures, ce qui leur permet
de revendiquer une influence systématisée et anonymisée.
Certes le Symbolisme et la Décadence, les deux aspirations
littéraires qui nous importent ici, ne sont pas jumeaux,
mais n’en demeurent pas moins paradoxalement siamois.
Subtilement entremêlés dans leurs figures littéraires,
il se font constamment écho et imposent à la critique,
lorsqu’elle désire dégager une vue d’ensemble de cette
fin du XIXe siècle, de les considérer de façon simultanée.
Ainsi toutes deux partagent une étrange attirance pour un
Orient terriblement opulent, envoûtant et particulièrement
immoral, voire amoral. Singulière coïncidence esthétique
avec ces Mille et Une Nuits qu’ils ne cessent de frôler sans
les nommer et d’imbriquer dans d’autres formes d’Orients
(biblique, mythologique...) afin de récréer une spiritualité
littéraire et artistique qui leur est propre.
Mais la présence des Mille et Une Nuits est-elle réellement
si diffuse qu’elle en devient indécelable ou est-il nécessaire
de la rechercher autrement, par d’autres procédés pour la
faire remonter à la surface ? C’est ce que souhaite être
cette étude, prémices d’un questionnement où la quête de
correspondances esthétiques et [a]morales l’emportera
sur la traditionnelle recherche d’emprunts textuels.
![Research paper thumbnail of ‘Quand le père du Décadentisme visitait ‘L’Afrique française’ : Théophile Gautier, voyages en Algérie coloniale [Christ Church, Oxford, 2018]](https://attachments.academia-assets.com/57629539/thumbnails/1.jpg)
On ne peut logiquement parler de Décadentisme sans évoquer celui qui fera véritablement figure de... more On ne peut logiquement parler de Décadentisme sans évoquer celui qui fera véritablement figure de père, aux côtés de Baudelaire, pour les disciples de ce mouvement, à savoir Théophile Gautier (Paolo Tortese). Ce grand voyageur, découvre l’Algérie en 1845, le pays n’est pas encore pacifié et il s’agit pour lui de répondre à une commande, celle d’un ouvrage qui ne verra jamais le jour, et qui pourtant, déjà, est annoncé sous le titre de "Voyage pittoresque en Algérie" .
Pourtant Théophile Gautier écrit, décrit, scrute et s’interroge sur ce voyage mais de façon disruptive, comme s’il existait dans ce séjour algérien de 1845 non pas un mais des voyages. Ainsi c’est par fragments que seront publiés ces récits en 1854 dans "La Revue de Paris" avant des éditions plus complètes et généralement posthumes. Car ce voyage en Algérie n’amène pas seulement Théophile Gautier à un simple périple géographique mais à un véritable déplacement culturel, temporel, spirituel et une plongée dans un monde presque fantasmagorique qui fascinera et effrayera simultanément cet amoureux des Mille et une Nuits. En témoigne les deux récits que sont « La Danse des Djinns » ou « Les Aissaoua ».
Or ces visions, par un effet de contamination subtil, délicat, presque imperceptible amène le lecteur à un vertige proche du mal-être, à la frontière « entre enthousiasme et mélancolie » comme l’indique le titre de l’ouvrage d’Alain Montandon dédié à Théophile Gautier.
En choisissant de ne jamais honorer cette commande, y a-t-il chez Gautier un refus muet, face à une colonisation qui s’accélère, une Algérie orientale qui se meurt ? Il semble en effet qu’il existe, dans ces regards de Gautier sur cette colonisation en marche, dans les interstices du texte, une condamnation silencieuse et pourtant lisible. En compagnie de l’Européen qui de temps en temps désapprouve avec mépris les mœurs algériennes, cohabite le Décadent qui condamne l’acmé d’une modernité absurde et parfois même cruelle.
Et si la véritable révélation communarde rimbaldienne ne s'était pas jouée à Paris mais à Londres... more Et si la véritable révélation communarde rimbaldienne ne s'était pas jouée à Paris mais à Londres.
En cours de publication...
Une réflexion autour des "Paroles de Monelle" de Marcel Schwob.
Analyse de l'influence des 1001 nuits dans le Rimbaud des Illuminations.
Actes du colloque en co... more Analyse de l'influence des 1001 nuits dans le Rimbaud des Illuminations.
Actes du colloque en cours de publication.
Quand le poète est femme : réflexions autour de la figure de Marceline Desbordes-Valmore Il me fa... more Quand le poète est femme : réflexions autour de la figure de Marceline Desbordes-Valmore Il me faut admettre, en préambule de cette réflexion, et j'insiste sur ce terme car il ne s'agira absolument pas d'une analyse, que ce travail autour de Marceline Desbordes-Valmore, auteur, poète, dont je ne suis spécialiste m'a demandé une approche fortement différente de celle dont j'avais pris l'habitude jusqu'à présent ...
Et si Une saison en enfer et Les Illuminations obéissaient à une même stratégie rimbaldienne : ce... more Et si Une saison en enfer et Les Illuminations obéissaient à une même stratégie rimbaldienne : celle de la tactique du vide.
Article publié dans la Revue Quêtes Littéraires 2007
QL7, 2017: Le silence en mots, les mots en silence by Rafika Hammoudi
Rafika Hammoudi, Quêtes littéraires nº 7, 2017 : Le silence en mots, les mots en silence
"A Season in Hell" and "Illuminations" both of these collections are considered as masterpieces o... more "A Season in Hell" and "Illuminations" both of these collections are considered as masterpieces of Rimbaud’s poetry. Whereas "A Season in Hell" is presented as his artistic testimony, "Illuminations", on the other hand, isconsidered by critics as an abstruse writing, an enigma. Acknowledging critical inheritance on this topic, as well as inherent differences of both collections, this article will show that a link could be found between these two works. This thread, which creates what we would like to call Rimbaud’s embrodery was created by himself through silence and words. That is this will of Rimbaud for these bothsworks and readers, that we will discuss here, a strategy that we have named : Tactic of Emptiness.
Papers by Rafika Hammoudi

Lorsque Théophile Gautier visite l’Algérie en 1845, son voyage est annonciateur de l’engouement a... more Lorsque Théophile Gautier visite l’Algérie en 1845, son voyage est annonciateur de l’engouement artistique qui marquera les débuts de cette nouvelle possession coloniale française. Une fascination picturale, linguistique mais également philosophique et religieuse. Cette dernière se faisant plus implicite notamment en littérature. Ainsi Théophile Gautier a la chance de visiter une Algérie, possession militaire, encore faiblement marquée par les cicatrices de la colonisation. Mais également de se rendre dans ce pays avec un regard non-encore façonné par une propagande qui s’accélèrera durant la IIIème République. Ce qui est remarquable dans ce voyage c’est cette volonté gautiérienne de découvrir mais également de se laisser submerger par cette Algérie qui l’étonne et le fascine. De ces quatre textes [_Alger intra-muros, Alger extra-muros, Les Aïssaoua et la Danse des Djinns], Les Aïssaoua_ est sans doute celui qui reste le plus envoutant et vertigineux pour le lecteur et l’auteur. Devant cette danse extatique, dans une langue qu’il ne comprend pas, dans un pays qui n’est pas le sien, il admet être pris d’une répulsive fascination pour ces exécutants. De la froide observation à l’hypnotique envoûtement voire la subjugation qu’il ressent, Théophile Gautier croise le soufisme sans jamais prononcer son nom. Ce qui se joue en cet instant, en ce texte, est un débat, un combat intérieur, entre un auteur profondément parisien, prosaïque, qui se retrouve spirituellement ébranlé face à un pays encore attaché à son soufisme, ses tariqas et sa mystique.
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Papers / Publiés ou en cours de publication by Rafika Hammoudi
Ainsi Théophile Gautier a la chance de visiter une Algérie, possession militaire, encore faiblement marquée par les cicatrices de la colonisation. Mais également de se rendre dans ce pays avec un regard non-encore façonné par une propagande qui s’accélèrera durant la IIIème République. Ce qui est remarquable dans ce voyage c’est cette volonté gautiérienne de découvrir mais également de se laisser submerger par cette Algérie qui l’étonne et le fascine.
De ces quatre textes [Alger intra-muros, Alger extra-muros, Les Aïssaoua et la Danse des Djinns], Les Aïssaoua est sans doute celui qui reste le plus envoutant et vertigineux pour le lecteur et l’auteur. Devant cette danse extatique, dans une langue qu’il ne comprend pas, dans un pays qui n’est pas le sien, il admet être pris d’une répulsive fascination pour ces exécutants. De la froide observation à l’hypnotique envoûtement voire la subjugation qu’il ressent, Théophile Gautier croise le soufisme sans jamais prononcer son nom.
Ce qui se joue en cet instant, en ce texte, est un débat, un combat intérieur, entre un auteur profondément parisien, prosaïque, qui se retrouve spirituellement ébranlé face à un pays encore attaché à son soufisme, ses tariqas et sa mystique.
rimbaldienne la Saison et Les Illuminations, les critiques les plus récentes
ont démontré qu’au-delà d’un questionnement sur la postériorité ou
l’antériorité respectives des recueils, les deux textes se devraient plutôt
d’être considérés simultanément. S’ouvre dès lors cette possibilité de tisser
des liens entre ces deux recueils, non dans leur thématique mais dans une
approche scripturale, presque une tactique d’écriture qui dans les deux
œuvres se font écho avec une surprenante complémentarité.
Si la Saison se voulait l’œuvre en pointillé, celle où le non-dit oralisé est
rendu visible par des points de suspension et une parole continuellement
interrompue par un narrateur tourmenté ; les Illuminations, en revanche, se
veulent de l’esthétique du blanc, elles s’inscrivent comme textes où ce non-
dit prévaut sur l’inscrit et l’écrit, où il est demandé au lecteur de guetter et
de deviner ce silence porteur de sens.
C’est ce rapport de force, cette tension, entre un poète, n’ayant jamais
réellement délaissé son œuvre, et un lecteur ne devenant jamais
véritablement dépositaire de l’œuvre, que nous avons nommé dans notre
thèse « tactique du vide ». Il s’agit de ne plus échapper à cette sensation
d’incompréhension mais de l’embrasser, ainsi que ce malaise, en tant
qu’élément quintessensciel à toute approche critique mais également
humaine de l’œuvre.
Talks / Conferences by Rafika Hammoudi
comme en marge des autres époques, dans son rapport à
la question de l’influence des Mille et Une Nuits dans sa
littérature et son imaginaire. On préfère le plus souvent
lui reconnaître l’empreinte d’une fascination antique
orientalisée au fur et à mesure de l’expansion coloniale et
des contagions culturelles qui en découlent. Une approche
qui mérite d’être revisitée et reconsidérée notamment
dans le cas du Symbolisme et de la Décadence.
En cette seconde moitié du XIXe siècle, les Mille et Une Nuits
sont loin de représenter une quelconque nouveauté. Si sa
connaissance reste de rigueur, ses contes ont eu le temps
d’être inspectés, disséqués, ingérés et même digérés.
Dès lors, devenu espace de connaissance commune, au
même titre que le catéchisme avec la Bible, est-il encore
nécessaire pour ceux qui s’en nourrissent, d’indiquer
l’apport des Mille et Une Nuits dans leurs œuvres ?
Difficile question, notamment dans l’analyse d’écrits qui
se font parfois plus manifeste esthétique de l’existence
artistique, philosophique, sociale ou morale telle que
désirée par l’auteur plutôt que simple œuvre littéraire.
Faut-il également souligner que ces textes sont le fruit
d’auteurs résolument bibliophiles, curieux de toutes les
lectures et de toutes les littératures, ce qui leur permet
de revendiquer une influence systématisée et anonymisée.
Certes le Symbolisme et la Décadence, les deux aspirations
littéraires qui nous importent ici, ne sont pas jumeaux,
mais n’en demeurent pas moins paradoxalement siamois.
Subtilement entremêlés dans leurs figures littéraires,
il se font constamment écho et imposent à la critique,
lorsqu’elle désire dégager une vue d’ensemble de cette
fin du XIXe siècle, de les considérer de façon simultanée.
Ainsi toutes deux partagent une étrange attirance pour un
Orient terriblement opulent, envoûtant et particulièrement
immoral, voire amoral. Singulière coïncidence esthétique
avec ces Mille et Une Nuits qu’ils ne cessent de frôler sans
les nommer et d’imbriquer dans d’autres formes d’Orients
(biblique, mythologique...) afin de récréer une spiritualité
littéraire et artistique qui leur est propre.
Mais la présence des Mille et Une Nuits est-elle réellement
si diffuse qu’elle en devient indécelable ou est-il nécessaire
de la rechercher autrement, par d’autres procédés pour la
faire remonter à la surface ? C’est ce que souhaite être
cette étude, prémices d’un questionnement où la quête de
correspondances esthétiques et [a]morales l’emportera
sur la traditionnelle recherche d’emprunts textuels.
Pourtant Théophile Gautier écrit, décrit, scrute et s’interroge sur ce voyage mais de façon disruptive, comme s’il existait dans ce séjour algérien de 1845 non pas un mais des voyages. Ainsi c’est par fragments que seront publiés ces récits en 1854 dans "La Revue de Paris" avant des éditions plus complètes et généralement posthumes. Car ce voyage en Algérie n’amène pas seulement Théophile Gautier à un simple périple géographique mais à un véritable déplacement culturel, temporel, spirituel et une plongée dans un monde presque fantasmagorique qui fascinera et effrayera simultanément cet amoureux des Mille et une Nuits. En témoigne les deux récits que sont « La Danse des Djinns » ou « Les Aissaoua ».
Or ces visions, par un effet de contamination subtil, délicat, presque imperceptible amène le lecteur à un vertige proche du mal-être, à la frontière « entre enthousiasme et mélancolie » comme l’indique le titre de l’ouvrage d’Alain Montandon dédié à Théophile Gautier.
En choisissant de ne jamais honorer cette commande, y a-t-il chez Gautier un refus muet, face à une colonisation qui s’accélère, une Algérie orientale qui se meurt ? Il semble en effet qu’il existe, dans ces regards de Gautier sur cette colonisation en marche, dans les interstices du texte, une condamnation silencieuse et pourtant lisible. En compagnie de l’Européen qui de temps en temps désapprouve avec mépris les mœurs algériennes, cohabite le Décadent qui condamne l’acmé d’une modernité absurde et parfois même cruelle.
En cours de publication...
Actes du colloque en cours de publication.
Article publié dans la Revue Quêtes Littéraires 2007
QL7, 2017: Le silence en mots, les mots en silence by Rafika Hammoudi
Papers by Rafika Hammoudi
Ainsi Théophile Gautier a la chance de visiter une Algérie, possession militaire, encore faiblement marquée par les cicatrices de la colonisation. Mais également de se rendre dans ce pays avec un regard non-encore façonné par une propagande qui s’accélèrera durant la IIIème République. Ce qui est remarquable dans ce voyage c’est cette volonté gautiérienne de découvrir mais également de se laisser submerger par cette Algérie qui l’étonne et le fascine.
De ces quatre textes [Alger intra-muros, Alger extra-muros, Les Aïssaoua et la Danse des Djinns], Les Aïssaoua est sans doute celui qui reste le plus envoutant et vertigineux pour le lecteur et l’auteur. Devant cette danse extatique, dans une langue qu’il ne comprend pas, dans un pays qui n’est pas le sien, il admet être pris d’une répulsive fascination pour ces exécutants. De la froide observation à l’hypnotique envoûtement voire la subjugation qu’il ressent, Théophile Gautier croise le soufisme sans jamais prononcer son nom.
Ce qui se joue en cet instant, en ce texte, est un débat, un combat intérieur, entre un auteur profondément parisien, prosaïque, qui se retrouve spirituellement ébranlé face à un pays encore attaché à son soufisme, ses tariqas et sa mystique.
rimbaldienne la Saison et Les Illuminations, les critiques les plus récentes
ont démontré qu’au-delà d’un questionnement sur la postériorité ou
l’antériorité respectives des recueils, les deux textes se devraient plutôt
d’être considérés simultanément. S’ouvre dès lors cette possibilité de tisser
des liens entre ces deux recueils, non dans leur thématique mais dans une
approche scripturale, presque une tactique d’écriture qui dans les deux
œuvres se font écho avec une surprenante complémentarité.
Si la Saison se voulait l’œuvre en pointillé, celle où le non-dit oralisé est
rendu visible par des points de suspension et une parole continuellement
interrompue par un narrateur tourmenté ; les Illuminations, en revanche, se
veulent de l’esthétique du blanc, elles s’inscrivent comme textes où ce non-
dit prévaut sur l’inscrit et l’écrit, où il est demandé au lecteur de guetter et
de deviner ce silence porteur de sens.
C’est ce rapport de force, cette tension, entre un poète, n’ayant jamais
réellement délaissé son œuvre, et un lecteur ne devenant jamais
véritablement dépositaire de l’œuvre, que nous avons nommé dans notre
thèse « tactique du vide ». Il s’agit de ne plus échapper à cette sensation
d’incompréhension mais de l’embrasser, ainsi que ce malaise, en tant
qu’élément quintessensciel à toute approche critique mais également
humaine de l’œuvre.
comme en marge des autres époques, dans son rapport à
la question de l’influence des Mille et Une Nuits dans sa
littérature et son imaginaire. On préfère le plus souvent
lui reconnaître l’empreinte d’une fascination antique
orientalisée au fur et à mesure de l’expansion coloniale et
des contagions culturelles qui en découlent. Une approche
qui mérite d’être revisitée et reconsidérée notamment
dans le cas du Symbolisme et de la Décadence.
En cette seconde moitié du XIXe siècle, les Mille et Une Nuits
sont loin de représenter une quelconque nouveauté. Si sa
connaissance reste de rigueur, ses contes ont eu le temps
d’être inspectés, disséqués, ingérés et même digérés.
Dès lors, devenu espace de connaissance commune, au
même titre que le catéchisme avec la Bible, est-il encore
nécessaire pour ceux qui s’en nourrissent, d’indiquer
l’apport des Mille et Une Nuits dans leurs œuvres ?
Difficile question, notamment dans l’analyse d’écrits qui
se font parfois plus manifeste esthétique de l’existence
artistique, philosophique, sociale ou morale telle que
désirée par l’auteur plutôt que simple œuvre littéraire.
Faut-il également souligner que ces textes sont le fruit
d’auteurs résolument bibliophiles, curieux de toutes les
lectures et de toutes les littératures, ce qui leur permet
de revendiquer une influence systématisée et anonymisée.
Certes le Symbolisme et la Décadence, les deux aspirations
littéraires qui nous importent ici, ne sont pas jumeaux,
mais n’en demeurent pas moins paradoxalement siamois.
Subtilement entremêlés dans leurs figures littéraires,
il se font constamment écho et imposent à la critique,
lorsqu’elle désire dégager une vue d’ensemble de cette
fin du XIXe siècle, de les considérer de façon simultanée.
Ainsi toutes deux partagent une étrange attirance pour un
Orient terriblement opulent, envoûtant et particulièrement
immoral, voire amoral. Singulière coïncidence esthétique
avec ces Mille et Une Nuits qu’ils ne cessent de frôler sans
les nommer et d’imbriquer dans d’autres formes d’Orients
(biblique, mythologique...) afin de récréer une spiritualité
littéraire et artistique qui leur est propre.
Mais la présence des Mille et Une Nuits est-elle réellement
si diffuse qu’elle en devient indécelable ou est-il nécessaire
de la rechercher autrement, par d’autres procédés pour la
faire remonter à la surface ? C’est ce que souhaite être
cette étude, prémices d’un questionnement où la quête de
correspondances esthétiques et [a]morales l’emportera
sur la traditionnelle recherche d’emprunts textuels.
Pourtant Théophile Gautier écrit, décrit, scrute et s’interroge sur ce voyage mais de façon disruptive, comme s’il existait dans ce séjour algérien de 1845 non pas un mais des voyages. Ainsi c’est par fragments que seront publiés ces récits en 1854 dans "La Revue de Paris" avant des éditions plus complètes et généralement posthumes. Car ce voyage en Algérie n’amène pas seulement Théophile Gautier à un simple périple géographique mais à un véritable déplacement culturel, temporel, spirituel et une plongée dans un monde presque fantasmagorique qui fascinera et effrayera simultanément cet amoureux des Mille et une Nuits. En témoigne les deux récits que sont « La Danse des Djinns » ou « Les Aissaoua ».
Or ces visions, par un effet de contamination subtil, délicat, presque imperceptible amène le lecteur à un vertige proche du mal-être, à la frontière « entre enthousiasme et mélancolie » comme l’indique le titre de l’ouvrage d’Alain Montandon dédié à Théophile Gautier.
En choisissant de ne jamais honorer cette commande, y a-t-il chez Gautier un refus muet, face à une colonisation qui s’accélère, une Algérie orientale qui se meurt ? Il semble en effet qu’il existe, dans ces regards de Gautier sur cette colonisation en marche, dans les interstices du texte, une condamnation silencieuse et pourtant lisible. En compagnie de l’Européen qui de temps en temps désapprouve avec mépris les mœurs algériennes, cohabite le Décadent qui condamne l’acmé d’une modernité absurde et parfois même cruelle.
En cours de publication...
Actes du colloque en cours de publication.
Article publié dans la Revue Quêtes Littéraires 2007