Papers by Olivier Ferrando
L'attentat du Crocus Hall dans les faubourgs de Moscou marque l'échec du renseignement russe (FSB... more L'attentat du Crocus Hall dans les faubourgs de Moscou marque l'échec du renseignement russe (FSB) à lutter contre la menace terroriste en Russie depuis qu'il est occupé à contenir toute opposition à la guerre en Ukraine. N'ayant pu prévenir cette attaque, le FSB s'est empressé de trouver des coupables : une dizaine de migrants tadjiks, parmi lesquels les quatre assaillants présumés, dont les aveux ont visiblement été obtenus sous la torture.
Russie.Eurasie.Reports n°45, 2024
L'Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d'information et de débat su... more L'Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d'information et de débat sur les grandes questions internationales. Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, l'Ifri est une fondation reconnue d'utilité publique par décret du 16 novembre 2022. Elle n'est soumise à aucune tutelle administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses travaux. L'Ifri associe, au travers de ses études et de ses débats, dans une démarche interdisciplinaire, décideurs politiques et experts à l'échelle internationale. Les opinions exprimées dans ce texte n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

L’invasion de l’Ukraine en 2022 a représenté un véritable électrochoc pour l’ensemble de l’espace... more L’invasion de l’Ukraine en 2022 a représenté un véritable électrochoc pour l’ensemble de l’espace postsoviétique, et notamment l’Asie centrale qui avait maintenu des liens étroits avec son ancienne métropole. À l’exception du Turkménistan qui a fait très tôt le choix d’une politique de neutralité, les pays d’Asie centrale ont pris part activement aux diverses organisations régionales dominées par la Russie, leurs économies sont restées très intégrées à la Russie et les régimes politiques ont continué de s’inspirer du modèle vertical russe incarné par Vladimir Poutine.
Face à la rupture d’intelligibilité provoquée par la guerre en Ukraine, les prises de position des dirigeants centrasiatiques ont été scrutées et souvent surinterprétées, tantôt comme une forme de dissidence voire d’émancipation à l’égard de la Russie, tantôt comme un alignement voire une soumission au bon vouloir de Moscou.
L’objet de cette analyse est de comprendre comment le discours du Kremlin sur la guerre en Ukraine affecte la manière dont les États centrasiatiques perçoivent leur voisin russe et, par là même, conditionne le rôle de la Russie comme garant de la stabilité régionale.
Études du CERI, n°266-267, 2023

Dans l'ombre de la guerre russo-ukrainienne, les affrontements armés qui viennent d'opposer le Ki... more Dans l'ombre de la guerre russo-ukrainienne, les affrontements armés qui viennent d'opposer le Kirghizstan et le Tadjikistan du 14 au 18 septembre ont reçu une faible couverture politique et médiatique. Pourtant, ce conflit est le plus grave que les deux voisins centrasiatiques aient connu à ce jour. Déclenché par un échange de tirs entre gardes-frontières, il s'est rapidement propagé le long de la frontière et parfois même bien au-delà, à l'intérieur du Kirghizstan. Le bilan, encore provisoire, fait état d'une centaine de morts (63 côté kirghiz et 41 côté tadjik), de centaines de blessés et de nombreuses maisons et infrastructures détruites (écoles, marchés, commerces, etc.). Un militaire kirghiz patrouille près de la frontière entre le Kirghizstan et le Tadjikistan dans le village de Min-Boulak, le 20 septembre 2022. Le récent déchaînement de violence a fait au moins cent morts. Vyacheslav Oseledko/AFP Kirghizstan et Tadjikistan : les effets funestes de la militarisation des f...
in David Montgomery (dir.), Central Asia: Contexts for Understanding, University of Pittsburgh Press, 2022, pp. 514-518, 2022

Journal on Ethnopolitics and Minority Issues in Europe 19/1, pp.32-57, 2020
In Soviet times, nationality policy used language, among other cultural criteria, to differentiat... more In Soviet times, nationality policy used language, among other cultural criteria, to differentiate ethnic groups and reinforce their collective consciousness. Most citizens were consequently granted schooling in their own native language. Since 1989, Central Asian governments have endeavoured to promote their state language in all areas of the public sphere. In the education sector, new policies have encouraged the use of the state language as the sole language of instruction. As a result, the share of schools providing education in Russian or any other minority language appreciably declined during the first decade of independence. This article examines the issue of language of instruction-the primary language in which education is provided-in post-Soviet Central Asia from a double comparative perspective. First, it looks at three neighbouring countries, Uzbekistan, Kyrgyzstan and Tajikistan, focusing particularly on the Ferghana valley, a small but densely populated region that spans all three countries and is often considered a microcosm of Central Asian complexity. Second, the article looks at indigenous minorities who were present prior to Russian colonization, namely those known today as Uzbeks, Kyrgyz and Tajiks, and who were suddenly cut off from their kin states in the early 1990s, after the establishment of international borders within Central Asia.
Etudes du CERI n°241-242, 2019

Dès la fin des années quatre-vingt, des organisations ethniques apparaissent en Asie centrale pou... more Dès la fin des années quatre-vingt, des organisations ethniques apparaissent en Asie centrale pour donner une forme institutionnelle – représentative ou non – aux minorités nationales et leur permettre ainsi d’entrer en relation avec les autorités. Dans un environnement politique changeant, ces organisations n’ont eu de cesse de défendre les intérêts de leur groupe, notamment par le biais de mobilisations ethno-politiques, c’est-à-dire des actions collectives fondées sur l’identité ethnique du groupe et formulant des revendications d’ordre culturel, social, économique ou politique.
En étudiant l’évolution des structures et des discours portés par les minorités ethniques d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan de la perestroïka aux premières années d’indépendance, cet article a pour objectif de montrer comment les acteurs de la société civile – organisations ethniques et activistes – interviennent comme force de lobby pour mobiliser leur communauté et porter des revendications auprès de leurs États de tutelle. Ces différents exemples permettent d’établir une typologie des activistes ethniques, où se distinguent les générations ex- et post-soviétique.
This article explores a key event in the recent history of Central Asia: the 1950s Soviet policy ... more This article explores a key event in the recent history of Central Asia: the 1950s Soviet policy of forced transfers of highlanders down to cotton kolkhozes in the Ferghana Valley. From both a historical and sociological perspective, the article analyses how the displaced population was received in the areas of destination. It sheds light on the concept of ethnicity, in the sense that these transfers were most often analysed in ethnic terms. This approach does not allow for the perception of a complex range of identities based on a nation, a region, a lineage, a religion or a language. The concept of ethnicity seems therefore limited to explain the social dynamics of nation-state formation in a region where identity appears to be multiple, changing and constantly renegotiated.

Cet article explore deux périodes-clés de l’histoire contemporaine de l’Asie centrale : dans les ... more Cet article explore deux périodes-clés de l’histoire contemporaine de l’Asie centrale : dans les années 1950, la politique soviétique de transfert des populations de montagne vers les kolkhozes cotonniers de la vallée de Ferghana et, dans les années 1990, l’exil des réfugiés de la guerre civile tadjike vers le nord du Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. S’appuyant sur une démarche à la fois historique et sociologique, l’article analyse les conditions d’accueil des populations déplacées dans leurs lieux de destination et propose de déconstruire le concept d’ethnicité, omniprésent dans les sources écrites de ces deux périodes. En effet, une lecture exclusive par le prisme ethnique ne permet pas de percevoir la complexité des allégeances identitaires – nationales, régionales, lignagères, religieuses ou linguistiques. Le concept même d’ethnicité est donc insuffisant pour rendre compte des dynamiques sociales d’une région, où l’identité puise à des sources plurielles, mouvantes et sans cesse renégociées.
Cet article analyse les causes et les enjeux des violences survenues au sud du Kirghizstan en jui... more Cet article analyse les causes et les enjeux des violences survenues au sud du Kirghizstan en juin 2010. Si le conflit a rapidement pris une tournure ethni-que, son déclenchement fut lié au contexte politique et socioéconomique du pays, au lendemain du renversement du président Bakiev et à la veille d'un référendum constitutionnel visant à parlementariser la vie politique du Kirghizstan. C'est bien le lien complexe qui existe entre l'exercice du pouvoir politique et la lutte pour le contrôle des richesses économiques du pays qui permet d'expliquer la manipulation de l'ethnicité dans le but prémédité de déstabiliser le Kirghizstan.
Les violences au Kirghizstan ces derniers mois ont été majoritairement qualifiées d’« ethniques »... more Les violences au Kirghizstan ces derniers mois ont été majoritairement qualifiées d’« ethniques ». C’est oublier l’agenda politique, qui conduit plutôt
à penser que les massacres sont le résultat d’une manipulation servant
des intérêts aussi bien politiques qu’économiques.
International Research, 2009
Les républiques d'Asie centrale, longtemps restées prisonnières du carcan soviétique, sont apparu... more Les républiques d'Asie centrale, longtemps restées prisonnières du carcan soviétique, sont apparues au grand jour suite à la dissolution de l'URSS, au début des années quatre-vingt-dix : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan ont ajouté leur nom enchanteur au concert des nations indépendantes. Mais que l'on ne s'y trompe pas, si ces pays portent le nom de leur peuple éponyme, ils n'en sont pas moins composés d'une population multiethnique : ainsi, à son indépendance, le Kazakhstan abritait seulement 39,7% de Kazakhs pour 37,8% de Russes,

Since independence, Central Asian republics have been facing the paradox of developing nation-sta... more Since independence, Central Asian republics have been facing the paradox of developing nation-state ideologies on the basis of a multinational population, inherited from their colonial and Soviet past. This ideology claims historical ownership over the territory, the so-called homeland (rodina in Russian or vatan in local languages). Central Asian governments do perceive the need to assert their sovereign rights on
the land. In political terms, it becomes a quest to ensure that the territories claimed contain a majority of titular members of the nation and a minority of other ethnic groups. The census appears here to be the key instrument to measure people and legitimate the power of the titular nation. This article seeks to analyse, from a comparative perspective, the statistical treatment of ethnic minorities in three Central Asian states, namely Uzbekistan, Tajikistan and Kyrgyzstan.

In Soviet times, the policy of nationalities used the language, along with other cultural criteri... more In Soviet times, the policy of nationalities used the language, along with other cultural criteria, to differentiate ethnic groups and reinforce their collective consciousness. Most citizens were consequently guaranteed an education in their own native language 1. The dissolution of the USSR had a strong impact on education in multiethnic and multilingual Central Asia. First, each independent state focused on the legitimization of its newly gained sovereignty by promoting its titular nation – the one for which the state was named – and, consequently, disregarded other ethnic groups, that were reduced to the status of minorities. This paper addresses the issue of ethnic minorities in the sector of education in three neighbouring Central Asian states (Uzbekistan, Kyrgyzstan and Tajikistan), with specific case studies originating from the Ferghana valley, a micro-region, which embodies the complex ethnic composition and inextricable frontiers of Central Asia. The paper focuses on indigenous minorities, those who were present prior to the Russian colonization, namely the Uzbeks, the Kyrgyz and the Tajiks, who were suddenly cut off their kin-state after the establishment of international borders in Central Asia 2. Different levels of analysis can be considered: from a state policy perspective, the paper investigates the treatment of ethnic minorities in terms of education languages, production and provision of textbooks, training and recycling of school teachers; from an ethnic community approach, it examines the discourse that activists and minority leaders use to frame the sector of education as a means to mobilize their community; from a grass-root individual perspective, the paper seeks to understand whether parents adhere either to the state policy or to the community leaders discourse, or whether they develop their own assessment of the education issue and adopt alternative decisions.
Cet article offre une lecture de la crise identitaire de la vallée du Ferghana par le prisme de s... more Cet article offre une lecture de la crise identitaire de la vallée du Ferghana par le prisme de ses minorités. Si les migrations précoloniales ont donné naissance à une riche civilisation ferghanaise, dont le métissage culturel était symbolisé par sa population autochtone turko-persane, l'arrivée des colons puis l'instauration du régime soviétique ont bouleversé la composition ethnique et démographique du Ferghana. En encourageant la création de trois nations soviétiques dans la vallée, Staline a introduit une différence conceptuelle entre ces nations, titulaires d'un territoire et d'une langue propres, et les autres groupes, que les Etats-nations nouvellement souverains réduiront à l'état de minorités. Nous tenterons d'établir une grille de lecture de ces minorités en tenant compte des spécificités historiques, socioculturelles et politiques de la région.
Uploads
Papers by Olivier Ferrando
Face à la rupture d’intelligibilité provoquée par la guerre en Ukraine, les prises de position des dirigeants centrasiatiques ont été scrutées et souvent surinterprétées, tantôt comme une forme de dissidence voire d’émancipation à l’égard de la Russie, tantôt comme un alignement voire une soumission au bon vouloir de Moscou.
L’objet de cette analyse est de comprendre comment le discours du Kremlin sur la guerre en Ukraine affecte la manière dont les États centrasiatiques perçoivent leur voisin russe et, par là même, conditionne le rôle de la Russie comme garant de la stabilité régionale.
En étudiant l’évolution des structures et des discours portés par les minorités ethniques d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan de la perestroïka aux premières années d’indépendance, cet article a pour objectif de montrer comment les acteurs de la société civile – organisations ethniques et activistes – interviennent comme force de lobby pour mobiliser leur communauté et porter des revendications auprès de leurs États de tutelle. Ces différents exemples permettent d’établir une typologie des activistes ethniques, où se distinguent les générations ex- et post-soviétique.
à penser que les massacres sont le résultat d’une manipulation servant
des intérêts aussi bien politiques qu’économiques.
the land. In political terms, it becomes a quest to ensure that the territories claimed contain a majority of titular members of the nation and a minority of other ethnic groups. The census appears here to be the key instrument to measure people and legitimate the power of the titular nation. This article seeks to analyse, from a comparative perspective, the statistical treatment of ethnic minorities in three Central Asian states, namely Uzbekistan, Tajikistan and Kyrgyzstan.
Face à la rupture d’intelligibilité provoquée par la guerre en Ukraine, les prises de position des dirigeants centrasiatiques ont été scrutées et souvent surinterprétées, tantôt comme une forme de dissidence voire d’émancipation à l’égard de la Russie, tantôt comme un alignement voire une soumission au bon vouloir de Moscou.
L’objet de cette analyse est de comprendre comment le discours du Kremlin sur la guerre en Ukraine affecte la manière dont les États centrasiatiques perçoivent leur voisin russe et, par là même, conditionne le rôle de la Russie comme garant de la stabilité régionale.
En étudiant l’évolution des structures et des discours portés par les minorités ethniques d’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan de la perestroïka aux premières années d’indépendance, cet article a pour objectif de montrer comment les acteurs de la société civile – organisations ethniques et activistes – interviennent comme force de lobby pour mobiliser leur communauté et porter des revendications auprès de leurs États de tutelle. Ces différents exemples permettent d’établir une typologie des activistes ethniques, où se distinguent les générations ex- et post-soviétique.
à penser que les massacres sont le résultat d’une manipulation servant
des intérêts aussi bien politiques qu’économiques.
the land. In political terms, it becomes a quest to ensure that the territories claimed contain a majority of titular members of the nation and a minority of other ethnic groups. The census appears here to be the key instrument to measure people and legitimate the power of the titular nation. This article seeks to analyse, from a comparative perspective, the statistical treatment of ethnic minorities in three Central Asian states, namely Uzbekistan, Tajikistan and Kyrgyzstan.
Ce nouveau numéro des Cahiers d’Asie centrale est donc consacré à l’étude des transformations sociales et politiques survenues au cours de l’année 1989 afin de comprendre à quel point cette année constitue un moment fondateur des mobilisations politiques en Asie centrale. Couvrant un large spectre disciplinaire (histoire, anthropologie, sociologie, science politique), ce numéro est composé de dix articles écrits à parité égale par des auteurs centrasiatiques et occidentaux, apportant ainsi à la fois des analyses objectives et des témoignages de terrain de chercheurs ayant vécu les événement présentés ici. Découpé en trois parties, l’ouvrage traite d’abord des nouvelles formes de culture et de discours politiques qui se sont développées en Asie centrale à la fin des années quatre-vingt à la faveur de la politique de reconstruction (perestroïka) et de transparence (glasnost) voulue par Mikhaïl Gorbatchev. Il explore ensuite les mobilisations politiques à l’œuvre en Asie centrale en 1989, en réponse au mécontentement social, économique et culturel de la population. Enfin, la dernière partie aborde le processus d’ethnicisation de l’action collective, en revenant sur trois exemples tragiques d’escalade violente des mobilisations politiques.
“Empires and Nations” is the fifth European summer conference co-sponsored by ASN since 2001, and the second organized by Sciences Po, which launched the successful series of ASN summer academic events in July 2001 with a conference on “Citizenship and Nationality.” Summer conferences were also held in Forli, Italy (2002), Warsaw (2004) and Belgrade (2006).
My presentation will explore the role that the school fund has played during the transition period running from mid-1990s to mid-2000s in Kyrgyzstan and Tajikistan. I will show how school directors and parents have circumscribed the deterioration of education by extending the scope of their school fund. But I will also question the limits of such a decentralised mechanism, and the way national authorities have eventually recovered control of these schools.