Doctoral Dissertation by Claire Garnier

Comment les établissements hospitaliers d’Ancien Régime marquent-ils les corps des personnes qui ... more Comment les établissements hospitaliers d’Ancien Régime marquent-ils les corps des personnes qui y séjournent et y officient ? À partir du milieu du XVIIe siècle, l’espace français fait l’objet d’une réforme hospitalière menée de concert par l’Église de la Réforme catholique et l’État en voie d’absolutisme. La création des Hôpitaux Généraux dans l’ensemble du royaume, jusqu’en terre coloniale, a pour effet de progressivement préciser le rôle des Hôtels-Dieu, et de contribuer à la mise en place d’un réseau d’institutions hospitalières au sein desquelles se côtoient laïcs et religieux, soignants et malades, hommes et femmes. Afin d’appréhender les principales situations où ce processus se met en place, nous avons analysé les établissements parisiens sur lesquels les volontés étatique et religieuse s’expriment pleinement, un territoire provincial – l’Auvergne – qui, éloigné du centre du pouvoir royal, adapte le fonctionnement hospitalier à son territoire, et un espace colonial – la vallée du Saint-Laurent au Canada – où l’implantation des institutions hospitalières répond à la fois à la volonté de l’Église missionnaire et des autorités coloniales, tout en devant répondre aux besoins d’une population particulière.
Notre thèse propose de montrer comment ces différents pouvoirs que sont l’Église, la volonté soignante et le genre s’entremêlent au sein des hôpitaux, et s’exercent sur l’ensemble des personnes qui participent à la vie des établissements depuis le début de cette réforme hospitalière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle
Pour ce faire, cette thèse convoque des documents divers issus des fonds d’archives des hôpitaux et des communautés hospitalières. En croisant les textes prescriptifs et les sources témoignant des pratiques hospitalières, ce travail montre que les corps des agents de l’institution comme ceux des usagers subissent un processus de disciplinement relativement similaire, tout particulièrement dans le domaine religieux. Elle souligne de plus la répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes qui évolue, au cours de la période étudiée, au bénéfice de ces derniers sous l’effet d’un phénomène de professionnalisation des métiers soignants encadrés par les autorités laïques.
En comparant trois territoires, cette thèse montre de plus comment les institutions s’adaptent à des contextes différents. Elle permet ainsi de faire ressortir, notamment à travers une analyse de l’espace hospitalier, les similitudes entre la situation auvergnate et la situation canadienne, du moins au cours des décennies de paix pour la colonie. En revanche, la colonie se distingue nettement de la métropole par le primat accordé au religieux tout au long de la période, qui s’achève avec la Conquête, tandis que les établissements métropolitains, d’abord ceux de Paris puis d’Auvergne, témoignent d’une orientation qui accorde de plus en plus de place et de pouvoir aux questions médicales laïques.
disponible en ligne : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/12331
Papers by Claire Garnier
Cahiers d'Histoire, 2011
Durant les XVIIe et XVIIIe siècles se met en place en France un vaste maillage de structures hosp... more Durant les XVIIe et XVIIIe siècles se met en place en France un vaste maillage de structures hospitalières destinées au contrôle de la population, et prises en charge par des communautés religieuses qui leur ajoutent une dimension charitable. L'une de ces institutions, les Refuges, se ocncentre sur les « filles de mauvaise vie ». Les archives du refuge du Bon Pasteur de Clermont-Ferrand (Auvergne), bien que succintes, offrent une introduction au fonctionnement d'un refuge et soulignent sa dimension genrée.
Conference Presentations by Claire Garnier

En 1635, Jérôme le Royer de La Dauversière forme un double projet de fondation : les religieuses ... more En 1635, Jérôme le Royer de La Dauversière forme un double projet de fondation : les religieuses Hospitalières de Saint-Joseph de la Flèche et la colonie de Ville-Marie. Or, les Hospitalières ne rejoignent l'institution montréalaise a laquelle elles étaient destinées qu'en 1659, soit dix-sept ans après la prise en charge par Jeanne Mance, seule, du premier hôpital. Alors que ces deux entités spirituelles et soignantes, développées de part et d'autre de l'Atlantique, se voient enfin réunies, il convient de se demander quels sont les effets de cette rencontre. Comment s'articulent et dialoguent dés lors les spiritualités des représentantes de la communauté française et de la laïque ? En examinant l'inventaire de Jeanne Mance, détaillant le contenu de son habitation et son «hôpital», et l'espace hospitalier du premier Hôtel-Dieu (1654-1685), cette communication propose d’analyser les évolutions dans la pratique spirituelle hospitalière, d’un modèle individuel à la pratique collective.
Prévoyant les effets de l'arrêt Powley de 2003 sur les revendications du statut des Métis, le min... more Prévoyant les effets de l'arrêt Powley de 2003 sur les revendications du statut des Métis, le ministère de la Justice a débloqué 24 000 000$ en 2004 pour réaliser vingt rapports de recherche sur les ocmmunautés métisses historiques. À l'appui d'un travail d'équipe, nous proposons d'abord une réflexion critique au sujet des objectifs de ces enquêtes (enthogenèse et mainmise européenne) et des approches méthodologiques et épistémiologiques employées. Dans uen perspective comparative, nous présentons ensuite les dimensions historique, politique et politico-culturell de ces communautés, chacune les déterminant et les qualifiant de manière différente. En conclusion, nous tenterons d'inscrire les constats issus des rapports historiques dans une perspective plus contemporaine et internationale, à savoir celle du Réseau d'Études Métisses Internationales.

Comment une religieuse soigne-t-elle le corps d’un homme ? Comment, dans les institutions hospita... more Comment une religieuse soigne-t-elle le corps d’un homme ? Comment, dans les institutions hospitalières d’Ancien Régime où la clôture s’applique aux Hospitalières, est-il possible qu’elles côtoient et soignent des hommes ?
« Les religieuses ne peuvent pas sortir de leurs couvents : c’est la clôture féminine ; les femmes ne peuvent pas entrer dans les couvents de religieux : c’est la clôture masculine ». La formule synthétique de l’historienne Micheline d’Allaire met en évidence la distinction faite entre les sexes par la clôture religieuse. En effet, la clôture féminine peut structurellement supporter l’incursion d’hommes dans le couvent féminin. Traduisant les limitations des femmes dans l’Église catholique, la clôture féminine se doit donc de laisser entrer des hommes, supérieur masculin de l’ordre de tutelle, confesseur, ou tout autre homme apte à dispenser les sacrements ou célébrer la messe, ce que l’Église catholique interdit aux femmes . Toutefois, il s’agit là de religieux qui sont tolérés par l’Église, et il en va autrement des laïcs.
Les institutions hospitalières sont à cet égard intéressantes. Bien que certaines communautés d’hospitalières se voient interdire de recevoir des hommes par leurs Constitutions , de nombreux hôpitaux des XVIIe et XVIIIe siècles, pris en charge par des communautés féminines, reçoivent un public mixte. C’est notamment le cas en Auvergne et au Canada, deux provinces éloignées du centre parisien, dans lesquelles l’impératif d’efficacité des institutions hospitalières amène les autorités diocésaines à autoriser la mixité. Comment ces hommes peuvent-ils entrer dans l’hôpital sans rompre la clôture des Hospitalières ? Plus précisément, parce que le soin du corps est au centre des préoccupations et des pratiques du monde hospitalier, comment peuvent-elles prendre soin du corps des hommes malades dans ce contexte ?
Nous tenterons de répondre à ces questions avec un double développement. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux stratégies mises en place par l’institution pour maintenir le plus formellement possible la clôture, notamment avec la présence d’« infirmiers » dédiés au soin des hommes. Quelles sont les conditions de leur présence ? Quelles tâches remplissent-ils auprès des hommes malades ? Peut-on établir un équivalent strict avec les tâches effectuées par les Hospitalières auprès des femmes malades ?
Dans un second temps, bien que ces « infirmiers » prennent en charge la majorité des tâches concernant le corps des hommes malades, certaines incombent aux Hospitalières. En quoi ces tâches consistent-elles ? À quel point permettent-elles d’approcher le corps des hommes ? Sous quelle forme le corps masculin doit-il se présenter pour leur être accessible ?
La notion de clôture intérieure sera ici l’outil privilégié de notre démarche, puisqu’elle nous permettra, en interrogeant le rapport des Hospitalières à leur propre corps, de saisir la manière dont elles appréhendent le corps des hommes.

Institutions religieuses, les hôpitaux sont des vecteurs de diffusion de la spiritualité de la ré... more Institutions religieuses, les hôpitaux sont des vecteurs de diffusion de la spiritualité de la réforme catholique et tiennent, notamment en Nouvelle-France, un rôle central dans l'implantation des pratiques spirituelles. Leur rôle pédagogique envers les individus qui y sont reçus paraît évident, mais ces établissements exercent également une influence sur le personnel qui y officie, au premier rang desquels on trouve les Hospitalières. En mettant en perspective les hôtels-Dieu de Québec et de Montréal avec des établissements équivalents en France, nous souhaitons ici montrer comment l'étude de l'architecture hospitalière permet à l'historien-ne d'accéder à une pratique spirituelle. Comment l’architecture hospitalière figure-t-elle la clôture religieuse ? Si la clôture féminine régulière interdit aux religieuses tout contact avec le monde extérieur, les Hospitalières, qui sont au contact du monde par l'entremise des individus dont elles prennent soin, se trouvent au cœur d’un paradoxe : quelle(s) réponse(s) l’architecture hospitalière apporte-elle ? L’architecture hospitalière est-elle une traduction, ou bien un élément de conditionnement de la pratique spirituelle ?

Lorsque Marguerite d'Youville obtient en 1747 la direction de l'Hôpital Général de Montréal, on s... more Lorsque Marguerite d'Youville obtient en 1747 la direction de l'Hôpital Général de Montréal, on souligne les bienfaits d'une administration féminine « parce qu'on y recevrait et secourerait les deux sexes ». Les institutions hospitalières de la période moderne sont majoritairement prises en charge par des congrégations féminines. C'est exclusivement le cas pour hôpitaux de Nouvelle-France. La mixité de la population reçue est une réalité des hôpitaux canadiens du XVIIIe siècle : comment se traduit-elle ?
Cette communication a pour objectif de définir la place qu'occupe cette question des rapports entre les sexes, dans un environnement religieux, ou le corps est central, en s'appuyant sur les coutumiers des congrégations, les règlements et les registres de délibérations des institutions. Comment cette préoccupation figure-t-elle dans les textes normatifs ? Est-elle présente du côté des pratiques ? Occupe-t-elle la même place selon que le document émane d'une autorité religieuse ou d'une autorité laïque ?
Il s'agit également de mettre en évidence les modalités de ces rapports entre hommes et femmes. Cette question se pose pour les relations entre usagers des institutions charitables et hospitalières : comment organise-t-on les salles de soins ? Comment est pensé l'accès aux salles communes ? Elle se pose également entre les usagers et les soignants : les religieuses hospitalières prennent-elles systématiquement en charge le soin du corps des hommes ? Approche-t-on différemment le corps selon qu'il soit féminin ou masculin ? Comment la présence d'hommes extérieurs à l'institution, chirurgiens, médecins, est-elle organisée ?

"Constituant un maillage du territoire français d'Ancien Régime, les Hôtel-Dieu et Hôpitaux Génér... more "Constituant un maillage du territoire français d'Ancien Régime, les Hôtel-Dieu et Hôpitaux Généraux sont des institutions où se côtoient pratiques de santé et vocation religieuse. Si ils sont des lieux d'application et de développement des connaissances médicales, ces structures sont fondées dans un but religieux : leurs administrateurs sont membres du clergé ou laïcs dévots, ils sont pris en charge par des congrégations de religieuses.
À travers l'analyse des règlements d'établissements parisiens et auvergnats, cette communication se propose de mettre en lumière la double vocation des institutions via le prisme de la contagion. Les notions de contagion et de souillure, développées en anthropologie [Douglas-1966], s'appliquent avec intérêt dans ce contexte historique.
Ainsi, si les sources choisies permettent de mettre en lumières diverses techniques prophylactiques, ces mêmes documents mettent en lumière un souci de contagion morale. Il s'agit ici de définir les modalités des cohabitation de ces deux définitions de la contagion, leur application aux malades, ainsi qu'au soignant(e)s. Enfin, en nous penchant sur la dimension religieuse de ces instituts, de déterminer si l'on peut parler d'un martyr de la contagion, et si celui-ci est compatible avec la pratique de soin.
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Talks by Claire Garnier
Comment la mort est-elle représentée dans la Bretagne des XVIIe et XVIIIe siècles ? Comment ces r... more Comment la mort est-elle représentée dans la Bretagne des XVIIe et XVIIIe siècles ? Comment ces représentations persistent-elles dans la culture populaire contemporaine ?
Book chapters by Claire Garnier
International conference by Claire Garnier
In collaboration with Simon Fraser University and several religious orders who played a founding ... more In collaboration with Simon Fraser University and several religious orders who played a founding role in the history of Montreal, the Collectif d’Anthropologie et d’Histoire du Spirituel sous l’Ancien Régime (CAHSA) organizes an interdisciplinary conference on the interaction between individual and collective spiritualities in New France. / En collaboration avec Simon Fraser University et plusieurs ordres religieux qui ont joué un rôle fondateur dans l’histoire de Montréal, le Collectif d’Anthropologie et d’Histoire du Spirituel sous l’Ancien Régime (CAHSA) organise des journées d’études, qui se tiendront les 13-15 octobre 2016 à Montréal, sur le thème de l’interaction entre le spirituel et la spiritualité en Nouvelle-France et propose par conséquent d’explorer les rapports dialectiques entre la mystique individuelle et la religion collective.
Montreal, 13-15 October 2016
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Doctoral Dissertation by Claire Garnier
Notre thèse propose de montrer comment ces différents pouvoirs que sont l’Église, la volonté soignante et le genre s’entremêlent au sein des hôpitaux, et s’exercent sur l’ensemble des personnes qui participent à la vie des établissements depuis le début de cette réforme hospitalière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle
Pour ce faire, cette thèse convoque des documents divers issus des fonds d’archives des hôpitaux et des communautés hospitalières. En croisant les textes prescriptifs et les sources témoignant des pratiques hospitalières, ce travail montre que les corps des agents de l’institution comme ceux des usagers subissent un processus de disciplinement relativement similaire, tout particulièrement dans le domaine religieux. Elle souligne de plus la répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes qui évolue, au cours de la période étudiée, au bénéfice de ces derniers sous l’effet d’un phénomène de professionnalisation des métiers soignants encadrés par les autorités laïques.
En comparant trois territoires, cette thèse montre de plus comment les institutions s’adaptent à des contextes différents. Elle permet ainsi de faire ressortir, notamment à travers une analyse de l’espace hospitalier, les similitudes entre la situation auvergnate et la situation canadienne, du moins au cours des décennies de paix pour la colonie. En revanche, la colonie se distingue nettement de la métropole par le primat accordé au religieux tout au long de la période, qui s’achève avec la Conquête, tandis que les établissements métropolitains, d’abord ceux de Paris puis d’Auvergne, témoignent d’une orientation qui accorde de plus en plus de place et de pouvoir aux questions médicales laïques.
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Conference Presentations by Claire Garnier
« Les religieuses ne peuvent pas sortir de leurs couvents : c’est la clôture féminine ; les femmes ne peuvent pas entrer dans les couvents de religieux : c’est la clôture masculine ». La formule synthétique de l’historienne Micheline d’Allaire met en évidence la distinction faite entre les sexes par la clôture religieuse. En effet, la clôture féminine peut structurellement supporter l’incursion d’hommes dans le couvent féminin. Traduisant les limitations des femmes dans l’Église catholique, la clôture féminine se doit donc de laisser entrer des hommes, supérieur masculin de l’ordre de tutelle, confesseur, ou tout autre homme apte à dispenser les sacrements ou célébrer la messe, ce que l’Église catholique interdit aux femmes . Toutefois, il s’agit là de religieux qui sont tolérés par l’Église, et il en va autrement des laïcs.
Les institutions hospitalières sont à cet égard intéressantes. Bien que certaines communautés d’hospitalières se voient interdire de recevoir des hommes par leurs Constitutions , de nombreux hôpitaux des XVIIe et XVIIIe siècles, pris en charge par des communautés féminines, reçoivent un public mixte. C’est notamment le cas en Auvergne et au Canada, deux provinces éloignées du centre parisien, dans lesquelles l’impératif d’efficacité des institutions hospitalières amène les autorités diocésaines à autoriser la mixité. Comment ces hommes peuvent-ils entrer dans l’hôpital sans rompre la clôture des Hospitalières ? Plus précisément, parce que le soin du corps est au centre des préoccupations et des pratiques du monde hospitalier, comment peuvent-elles prendre soin du corps des hommes malades dans ce contexte ?
Nous tenterons de répondre à ces questions avec un double développement. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux stratégies mises en place par l’institution pour maintenir le plus formellement possible la clôture, notamment avec la présence d’« infirmiers » dédiés au soin des hommes. Quelles sont les conditions de leur présence ? Quelles tâches remplissent-ils auprès des hommes malades ? Peut-on établir un équivalent strict avec les tâches effectuées par les Hospitalières auprès des femmes malades ?
Dans un second temps, bien que ces « infirmiers » prennent en charge la majorité des tâches concernant le corps des hommes malades, certaines incombent aux Hospitalières. En quoi ces tâches consistent-elles ? À quel point permettent-elles d’approcher le corps des hommes ? Sous quelle forme le corps masculin doit-il se présenter pour leur être accessible ?
La notion de clôture intérieure sera ici l’outil privilégié de notre démarche, puisqu’elle nous permettra, en interrogeant le rapport des Hospitalières à leur propre corps, de saisir la manière dont elles appréhendent le corps des hommes.
Cette communication a pour objectif de définir la place qu'occupe cette question des rapports entre les sexes, dans un environnement religieux, ou le corps est central, en s'appuyant sur les coutumiers des congrégations, les règlements et les registres de délibérations des institutions. Comment cette préoccupation figure-t-elle dans les textes normatifs ? Est-elle présente du côté des pratiques ? Occupe-t-elle la même place selon que le document émane d'une autorité religieuse ou d'une autorité laïque ?
Il s'agit également de mettre en évidence les modalités de ces rapports entre hommes et femmes. Cette question se pose pour les relations entre usagers des institutions charitables et hospitalières : comment organise-t-on les salles de soins ? Comment est pensé l'accès aux salles communes ? Elle se pose également entre les usagers et les soignants : les religieuses hospitalières prennent-elles systématiquement en charge le soin du corps des hommes ? Approche-t-on différemment le corps selon qu'il soit féminin ou masculin ? Comment la présence d'hommes extérieurs à l'institution, chirurgiens, médecins, est-elle organisée ?
À travers l'analyse des règlements d'établissements parisiens et auvergnats, cette communication se propose de mettre en lumière la double vocation des institutions via le prisme de la contagion. Les notions de contagion et de souillure, développées en anthropologie [Douglas-1966], s'appliquent avec intérêt dans ce contexte historique.
Ainsi, si les sources choisies permettent de mettre en lumières diverses techniques prophylactiques, ces mêmes documents mettent en lumière un souci de contagion morale. Il s'agit ici de définir les modalités des cohabitation de ces deux définitions de la contagion, leur application aux malades, ainsi qu'au soignant(e)s. Enfin, en nous penchant sur la dimension religieuse de ces instituts, de déterminer si l'on peut parler d'un martyr de la contagion, et si celui-ci est compatible avec la pratique de soin.
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Talks by Claire Garnier
Book chapters by Claire Garnier
International conference by Claire Garnier
Notre thèse propose de montrer comment ces différents pouvoirs que sont l’Église, la volonté soignante et le genre s’entremêlent au sein des hôpitaux, et s’exercent sur l’ensemble des personnes qui participent à la vie des établissements depuis le début de cette réforme hospitalière jusqu’à la fin du XVIIIe siècle
Pour ce faire, cette thèse convoque des documents divers issus des fonds d’archives des hôpitaux et des communautés hospitalières. En croisant les textes prescriptifs et les sources témoignant des pratiques hospitalières, ce travail montre que les corps des agents de l’institution comme ceux des usagers subissent un processus de disciplinement relativement similaire, tout particulièrement dans le domaine religieux. Elle souligne de plus la répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes qui évolue, au cours de la période étudiée, au bénéfice de ces derniers sous l’effet d’un phénomène de professionnalisation des métiers soignants encadrés par les autorités laïques.
En comparant trois territoires, cette thèse montre de plus comment les institutions s’adaptent à des contextes différents. Elle permet ainsi de faire ressortir, notamment à travers une analyse de l’espace hospitalier, les similitudes entre la situation auvergnate et la situation canadienne, du moins au cours des décennies de paix pour la colonie. En revanche, la colonie se distingue nettement de la métropole par le primat accordé au religieux tout au long de la période, qui s’achève avec la Conquête, tandis que les établissements métropolitains, d’abord ceux de Paris puis d’Auvergne, témoignent d’une orientation qui accorde de plus en plus de place et de pouvoir aux questions médicales laïques.
disponible en ligne : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/12331
« Les religieuses ne peuvent pas sortir de leurs couvents : c’est la clôture féminine ; les femmes ne peuvent pas entrer dans les couvents de religieux : c’est la clôture masculine ». La formule synthétique de l’historienne Micheline d’Allaire met en évidence la distinction faite entre les sexes par la clôture religieuse. En effet, la clôture féminine peut structurellement supporter l’incursion d’hommes dans le couvent féminin. Traduisant les limitations des femmes dans l’Église catholique, la clôture féminine se doit donc de laisser entrer des hommes, supérieur masculin de l’ordre de tutelle, confesseur, ou tout autre homme apte à dispenser les sacrements ou célébrer la messe, ce que l’Église catholique interdit aux femmes . Toutefois, il s’agit là de religieux qui sont tolérés par l’Église, et il en va autrement des laïcs.
Les institutions hospitalières sont à cet égard intéressantes. Bien que certaines communautés d’hospitalières se voient interdire de recevoir des hommes par leurs Constitutions , de nombreux hôpitaux des XVIIe et XVIIIe siècles, pris en charge par des communautés féminines, reçoivent un public mixte. C’est notamment le cas en Auvergne et au Canada, deux provinces éloignées du centre parisien, dans lesquelles l’impératif d’efficacité des institutions hospitalières amène les autorités diocésaines à autoriser la mixité. Comment ces hommes peuvent-ils entrer dans l’hôpital sans rompre la clôture des Hospitalières ? Plus précisément, parce que le soin du corps est au centre des préoccupations et des pratiques du monde hospitalier, comment peuvent-elles prendre soin du corps des hommes malades dans ce contexte ?
Nous tenterons de répondre à ces questions avec un double développement. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux stratégies mises en place par l’institution pour maintenir le plus formellement possible la clôture, notamment avec la présence d’« infirmiers » dédiés au soin des hommes. Quelles sont les conditions de leur présence ? Quelles tâches remplissent-ils auprès des hommes malades ? Peut-on établir un équivalent strict avec les tâches effectuées par les Hospitalières auprès des femmes malades ?
Dans un second temps, bien que ces « infirmiers » prennent en charge la majorité des tâches concernant le corps des hommes malades, certaines incombent aux Hospitalières. En quoi ces tâches consistent-elles ? À quel point permettent-elles d’approcher le corps des hommes ? Sous quelle forme le corps masculin doit-il se présenter pour leur être accessible ?
La notion de clôture intérieure sera ici l’outil privilégié de notre démarche, puisqu’elle nous permettra, en interrogeant le rapport des Hospitalières à leur propre corps, de saisir la manière dont elles appréhendent le corps des hommes.
Cette communication a pour objectif de définir la place qu'occupe cette question des rapports entre les sexes, dans un environnement religieux, ou le corps est central, en s'appuyant sur les coutumiers des congrégations, les règlements et les registres de délibérations des institutions. Comment cette préoccupation figure-t-elle dans les textes normatifs ? Est-elle présente du côté des pratiques ? Occupe-t-elle la même place selon que le document émane d'une autorité religieuse ou d'une autorité laïque ?
Il s'agit également de mettre en évidence les modalités de ces rapports entre hommes et femmes. Cette question se pose pour les relations entre usagers des institutions charitables et hospitalières : comment organise-t-on les salles de soins ? Comment est pensé l'accès aux salles communes ? Elle se pose également entre les usagers et les soignants : les religieuses hospitalières prennent-elles systématiquement en charge le soin du corps des hommes ? Approche-t-on différemment le corps selon qu'il soit féminin ou masculin ? Comment la présence d'hommes extérieurs à l'institution, chirurgiens, médecins, est-elle organisée ?
À travers l'analyse des règlements d'établissements parisiens et auvergnats, cette communication se propose de mettre en lumière la double vocation des institutions via le prisme de la contagion. Les notions de contagion et de souillure, développées en anthropologie [Douglas-1966], s'appliquent avec intérêt dans ce contexte historique.
Ainsi, si les sources choisies permettent de mettre en lumières diverses techniques prophylactiques, ces mêmes documents mettent en lumière un souci de contagion morale. Il s'agit ici de définir les modalités des cohabitation de ces deux définitions de la contagion, leur application aux malades, ainsi qu'au soignant(e)s. Enfin, en nous penchant sur la dimension religieuse de ces instituts, de déterminer si l'on peut parler d'un martyr de la contagion, et si celui-ci est compatible avec la pratique de soin.
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