
Dominic Desroches
After completing a BA, MA and Ph. D. (2003) in philosophy at the Université de Montréal (Québec, Canada), I did a postdoctoral fellowship at the Center for Etik og Ret (Copenhagen, Danmark). I published then my thesis on Kierkegaard’s Ethics, Expressions éthiques de l’intériorité - Éthique et distance chez Kierkegaard (Presses de l’Université Laval, 2008).
I was invited in 2009 at the CNRS (Paris, France) and the Université de Lausanne (Switzerland). I was invited, in 2011, to the seminar on Global Risks organized by Orkestra and Globernance in San Sebastian (Spain). I was also invited to participate, in April 2013, at Université Catholique de Louvain (Belgium), to a symposium on the 200th anniversary of the birth of Kierkegaard.
I'm still working on Kierkegaard’s thought, but my research focus mainly on the establishment of a « political climatology », i.e. the study of politics broadly understood as time horizon, atmospheres and cultural climate.
I am a member of the web journal Sens Public (France), the electronic journal PhaenEx (Canada) and the International Ambiances Network.
Phone: 514-389-5921 - 2896
Address: Collège Ahuntsic
Département de philosophie
9155, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec)
Canada
H2M 1Y8
I was invited in 2009 at the CNRS (Paris, France) and the Université de Lausanne (Switzerland). I was invited, in 2011, to the seminar on Global Risks organized by Orkestra and Globernance in San Sebastian (Spain). I was also invited to participate, in April 2013, at Université Catholique de Louvain (Belgium), to a symposium on the 200th anniversary of the birth of Kierkegaard.
I'm still working on Kierkegaard’s thought, but my research focus mainly on the establishment of a « political climatology », i.e. the study of politics broadly understood as time horizon, atmospheres and cultural climate.
I am a member of the web journal Sens Public (France), the electronic journal PhaenEx (Canada) and the International Ambiances Network.
Phone: 514-389-5921 - 2896
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Books by Dominic Desroches
Dans ces entretiens où Dominic Desroches et Daniel Innerarity débattent de philosophie sociale et politique, le penseur espagnol interprète ses livres — certains non traduits en français — afin de préciser sa pensée. Il dit pourquoi la philosophie ressemble à l’espionnage, présente les pièges à éviter pour approcher les sociétés complexes, risquées et invisibles, et discute de la désaffection qui menace la politique. Mais dans ce débat qui s’est déroulé sur deux années, en des lieux et des moments différents — à contretemps donc —, le temps devient un thème et une composante de la discussion car les réponses aux questions dépendent de l’actualité. Et si le débat tourne autour du temps politique, c’est parce que la gouvernance globale exige son interprétation. Or celle-ci ne va plus de soi. La mondialisation, l’accélération du rythme de la vie, les temps de la catastrophe, de l’urgence et de la panique obscurcissent la voie à suivre pour sortir de la crise politique actuelle : inventer un temps global à partager. Voilà pourquoi il faut s’arrêter un instant pour penser, tout un chacun, à contretemps, les défis du monde incertain qui s’ouvre devant nous. Cet entretien, le plus important auquel ait participé Innerarity, aura été pour lui l’occasion de mesurer sa réception et de prendre position sur les enjeux de l’heure. Il pourrait bien être l’occasion pour les lecteurs de réfléchir eux-mêmes aux horizons définis par la pensée contemporaine, les auteurs les y aidant en situant leurs idées par rapport à celles de Beck, Bauman, Habermas, Luhmann et Sloterdijk.
Daniel Innerarity est philosophe. Son travail se concentre sur l'articulation de l'éthique, de la politique et de la société dans le cadre du monde contemporain. Il est l’auteur notamment de Éthique de l’hospitalité, paru aux Presses de l’Université Laval et de La société invisible chez le même éditeur.
Dominic Desroches a publié aux Presses de l’Université Laval un ouvrage sur Kierkegaard intitulé Expressions éthiques de l’intériorité. Il est l'auteur d'un article remarqué sur La Vie des Idées dans lequel il y discute des contributions de Sloterdijk et de Innerarity au problème du temps politique. Il travaille depuis sur le projet d’une climatologie politique qui montrera pourquoi la politique est tributaire du temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.
Préface de André Clair.
Kierkegaard est un penseur du langage. Dans ses Papiers, il note que derrière toute parole se tient un silence, une idéalité «que l'homme a reçue gratuitement», et dont l'usage exprime un agir. Or ce rappel d'une vieille vérité, au moins aussi vieille que Pythagore, a plongé Kierkegaard dans un problème nouveau. Car, si la philosophie veut tout dire, elle oublie que l'essentiel ne se dit pas, ce qui ne veut pas dire qu'il ne s'exprime pas. Ainsi est-il amené à penser une dialectique de la distance cherchant à illustrer les expressions de cette intériorité qui ne peut se dire directement sans se perdre. Abandonnant Hegel, il interprète Hamann. Ce choix permet à Kierkegaard de montrer que, si le langage, par la distance qu'il pose, falsifie l'éthique, il peut aussi la réhabiliter dans une «seconde éthique». Le Danois forge le problème qui animera toute l'éthique du XXe siècle. Car c'est cet enjeu, au centre des Oeuvres de Wittgenstein, de Gadamer et de Lévinas, qui consiste à cerner les limites du langage, qu'il analyse. Or, père du problème, Kierkegaard peut nous réapprendre quelque chose que notre modernité a tendance à refuser. C'est qu'en niant l'intériorité, en l'obligeant à vouloir dire ou en la séparant de l'autre, la pensée contemporaine a perdu la clef de l'éthique. Cette clef réside en ceci: il faut d'abord accepter de se taire pour réentendre la parole qui s'exprime au fond de nous, en secret, et qui seule assure la genèse de la subjectivité dans sa quête de vérité.
Papers by Dominic Desroches
Dans ces entretiens où Dominic Desroches et Daniel Innerarity débattent de philosophie sociale et politique, le penseur espagnol interprète ses livres — certains non traduits en français — afin de préciser sa pensée. Il dit pourquoi la philosophie ressemble à l’espionnage, présente les pièges à éviter pour approcher les sociétés complexes, risquées et invisibles, et discute de la désaffection qui menace la politique. Mais dans ce débat qui s’est déroulé sur deux années, en des lieux et des moments différents — à contretemps donc —, le temps devient un thème et une composante de la discussion car les réponses aux questions dépendent de l’actualité. Et si le débat tourne autour du temps politique, c’est parce que la gouvernance globale exige son interprétation. Or celle-ci ne va plus de soi. La mondialisation, l’accélération du rythme de la vie, les temps de la catastrophe, de l’urgence et de la panique obscurcissent la voie à suivre pour sortir de la crise politique actuelle : inventer un temps global à partager. Voilà pourquoi il faut s’arrêter un instant pour penser, tout un chacun, à contretemps, les défis du monde incertain qui s’ouvre devant nous. Cet entretien, le plus important auquel ait participé Innerarity, aura été pour lui l’occasion de mesurer sa réception et de prendre position sur les enjeux de l’heure. Il pourrait bien être l’occasion pour les lecteurs de réfléchir eux-mêmes aux horizons définis par la pensée contemporaine, les auteurs les y aidant en situant leurs idées par rapport à celles de Beck, Bauman, Habermas, Luhmann et Sloterdijk.
Daniel Innerarity est philosophe. Son travail se concentre sur l'articulation de l'éthique, de la politique et de la société dans le cadre du monde contemporain. Il est l’auteur notamment de Éthique de l’hospitalité, paru aux Presses de l’Université Laval et de La société invisible chez le même éditeur.
Dominic Desroches a publié aux Presses de l’Université Laval un ouvrage sur Kierkegaard intitulé Expressions éthiques de l’intériorité. Il est l'auteur d'un article remarqué sur La Vie des Idées dans lequel il y discute des contributions de Sloterdijk et de Innerarity au problème du temps politique. Il travaille depuis sur le projet d’une climatologie politique qui montrera pourquoi la politique est tributaire du temps compris globalement comme horizon temporel, ambiance et climat.
Préface de André Clair.
Kierkegaard est un penseur du langage. Dans ses Papiers, il note que derrière toute parole se tient un silence, une idéalité «que l'homme a reçue gratuitement», et dont l'usage exprime un agir. Or ce rappel d'une vieille vérité, au moins aussi vieille que Pythagore, a plongé Kierkegaard dans un problème nouveau. Car, si la philosophie veut tout dire, elle oublie que l'essentiel ne se dit pas, ce qui ne veut pas dire qu'il ne s'exprime pas. Ainsi est-il amené à penser une dialectique de la distance cherchant à illustrer les expressions de cette intériorité qui ne peut se dire directement sans se perdre. Abandonnant Hegel, il interprète Hamann. Ce choix permet à Kierkegaard de montrer que, si le langage, par la distance qu'il pose, falsifie l'éthique, il peut aussi la réhabiliter dans une «seconde éthique». Le Danois forge le problème qui animera toute l'éthique du XXe siècle. Car c'est cet enjeu, au centre des Oeuvres de Wittgenstein, de Gadamer et de Lévinas, qui consiste à cerner les limites du langage, qu'il analyse. Or, père du problème, Kierkegaard peut nous réapprendre quelque chose que notre modernité a tendance à refuser. C'est qu'en niant l'intériorité, en l'obligeant à vouloir dire ou en la séparant de l'autre, la pensée contemporaine a perdu la clef de l'éthique. Cette clef réside en ceci: il faut d'abord accepter de se taire pour réentendre la parole qui s'exprime au fond de nous, en secret, et qui seule assure la genèse de la subjectivité dans sa quête de vérité.
Le défi de la climatologie politique
Résumé -
Les sociétés produisent des rythmes. Le temps social apparaît éclaté car nous sommes aux prises avec des diachronies qui mènent à une compétition des temps. Or les gouvernements doivent coordonner ces temps afin de retrouver le temps commun présupposé par toute démocratie. Cette tâche s’appelle « chronopolitique ». Mais si les gouvernements organisent les agendas, ils peuvent aussi chercher à organiser le climat social et l’ambiance générale. Admettre cela, c’est admettre aussi la climatologie politique. Cette climatologie spéciale est l'étude de la politique comprise comme horizon temporel, atmosphère et climat culturel. Cette présentation, qui s’appuiera surtout sur les travaux de Sloterdijk et Innerarity, jettera les bases de la climatologie politique en tant que fabrication des ambiances à partager. Une étude du discours global sur le temps, les grandes tendances et les variations d’ambiances collectives, s’impose car la paix n’est pas autre chose qu’un climat favorable à la liberté, une ambiance ouverte qu’il faut protéger dans les limites de la démocratie, mais qui ne peut être exempt de crises, comme nous le vivons depuis 2008. Gouverner, ce sera à l’avenir protéger un espace public fragile et partager un temps commun en sachant qu’il nous précède et qu’il peut mener à des conflits. Car dans une communauté mondiale des émotions produite par l’Internet, à l’heure où la menace des changements climatiques pèse sur nos politiques, la gouvernance entre dans l’âge nouveau de l'ambiance globale. Elle doit alors chercher à limiter la propension à la panique. Si l'on peut envisager qu’il y aura encore des artisans de la peur, des temps de crises locales et internationales, nous ne devons pas céder à la tentation de renforcer et de resserrer, par des moyens rigides, disproportionnés, le contrôle de ce qui nous échappe. Telle est une première leçon de toute climatologie politique.
Bibliographie
Desroches, D., « L’homme comme designer d’atmosphère », Transverse, France, 2011.
Desroches, D., « La fabrication du climat politique. Analyse de l’espace émotionnel et de la communauté d’émotion », Implications philosophiques, France, 2011.
Desroches, D., & Innerarity, D., Penser le temps politique, PUL, Québec 2011.
Innerarity, D., Le futur et ses ennemis, Flammarion, Paris, 2008.
Sloterdijk, P., Écumes, Hachette, Paris, 2006.
Sloterdjk, P., « Atmospheric politics », in Latour, B & Wiebel, P. (Eds), Making Things public. Atmospheres of democracy, MIT Press, 2005.
La tragédie se comprend traditionnellement comme la mise en scène du pouvoir politique. En Grèce, la tragédie classique illustre la construction du pouvoir ainsi que les variations de sa chute. Dans cette communication, nous rattacherons la naissance de la tragédie et la fabrication actuelle des climats politiques. Nous montrerons que les comportements humains présupposent toujours une ambiance, qu’ils s’interprètent dans une atmosphère préalable et que les humains, des anthropotechniques, sont des « designers » d’atmosphères sociale, éthique et politique. Cette thèse audacieuse, qui développe les intuitions de Peter Sloterdijk, a des répercussions majeures : d’un côté, notre agir est une réponse à un climat qui nous englobe déjà, tandis que de l’autre, nous fabriquons et participons en partie à ce climat, que l’on pense par exemple à la vie partagée dans la ville ou à la mise en place de régime politique, notamment la démocratie. Nous agissons nous-mêmes sur l’ambiance, mais toujours moins qu’elle agit déjà sur nous. L’homme est donc un animal « pathétique », un être tributaire du temps qui passe et du temps qu’il fait et il arrive toujours deuxième dans un monde qui le devance. Mais il n’en demeure pas moins capable, par l’invention du langage et du développement technique, de mettre en scène ses actions. S’il est un designer, il n’est pas capable, toutefois, de prévoir et de juguler les effets de son action à long terme, voilà pourquoi, du point de vue de la mise en scène, la problématique des changements climatiques nous renvoie directement à la tragédie grecque classique. Cette position nous conduit dès lors à mettre en lumière le contexte d’enjeux très actuels, comme la justice climatique, qui se situe en aval de toute climatologie politique.
Bibliographie
Monographies
Aristophane, Théâtre complet, Vol. 1, Flammarion, 2001.
Desroches, D. & D. Innerarity, Penser le temps politique, PUL, 2010.
Gravel, P., Politiques, femmes, pouvoir : essai sur le théâtre de Jean Racine, VLB, 1991.
Innerarity, D., Éthique de l’hospitalité, PUL, 2010.
Jonas, H., Le principe responsabilité, Cerf, 1990.
Sloterdijk, P., Écumes, Hachette, 2006.
Slotersijk, P., «Atmospheric Politics », in Latour, B., & P. Weibel (Ed), Making things public, MIT, 2005.
Nietzsche, F., La naissance de la tragédie, Gallimard, 1986.
Dossier
Desroches, D. & Zuppinger, T., (Ed.) « La justice climatique », sur le site d’Implications philosophiques, France, Janvier 2011.
La puissance révolutionnaire est intacte au Québec. L'esprit de liberté qui l'innerve et s'en nourrit s'est manifesté tout au long de notre histoire. Ce serait même ce qui nous caractérise essentiellement. Enclavés dans un milieu qui diffère du nôtre sur les plans historique, culturel, politique et social, nous sommes animés d'un mouvement propre qui résiste à l'enfermement et révèle, « au-delà d'une uniformité institutionnelle et d'un lien juridique artificiel entre nous et les autres, le phénomène bien plus profond de notre indépendance »*. Ce phénomène, reconnu occasionnellement, demeure invisible le reste du temps et la puissance révolutionnaire reclose.
Certes, le Québec participe d'un portrait plus large, celui d'un monde ébranlé par un capitalisme féroce, soutenu par les gouvernements et travaillant sans relâche à la déchéance des États. L'emballement et les excès du marché mondial instaurent une concurrence généralisée qui échappe à toute forme de régulation, menaçant les acquis humanistes des révolutions française et américaine. Cette érosion de la démocratie, si elle affecte des États constitués, minant leurs assises et leur pouvoir, elle menace d'anéantissement une société comme la nôtre, sans constitution et qui cultive pourtant l'illusion de sa cohésion et de sa cohérence.
Dans cet état des choses, alors que les mouvements de révolte et d'indignation traversent actuellement le monde, ouvrant des perspectives qui semblaient hier impensables, ici, la tentation est vive de dénoncer cette fausse présence au monde qui désarme l'esprit révolutionnaire. Car sans cet esprit il ne saurait exister de démocratie.
On dit souvent que Sloterdijk est un penseur de l'espace. Cela est vrai. La trilogie Sphären (Sphères) cherche en effet à présenter l'homme comme un être d'anthropotechnique. Sloterdijk comprend cet être - et son rapport au monde - à partir de la métaphore de la sphère, plus précisément celles de la bulle, du globe et des écumes. La sphère est une figure de l'espace et de son occupation par l'Homme. Cependant, Sloterdijk est aussi, l'espace ne se détachant pas du temps, un penseur du temps, précisément du temps politique. En mettant l'accent sur l'espace exclusivement, on se coupe dès lors d'une bonne partie de la pensée originale de Sloterdijk. Dans cette communication, nous présenterons sa réflexion sur le temps en examinant sa politique du temps, notamment dans Zorn und Zeit (Colère et temps, Maren Sell, 2008), mais aussi dans d'autres passages de l'oeuvre moins connus. Nous chercherons plus précisément à montrer que le temps peut être l'objet d'un design et qu'il est soumis, comme tout ce qui concerne l'homme, à la technique, notamment à la technique de la fabrication du climat. La politique, d'une certaine façon, est une affaire atmosphérique, comme il l'annonce dans Schäume (Écumes). On verra ainsi comment les intuitions fortes de Sloterdijk dans Colère et temps conduisent inévitablement à une climatologie politique qu'il reste à construire.
Informations complémentaires
Sloterdijk, Peter, Zorn und Zeit, Suhrkamp Verlag KG, 2006 ; trad fr. Colère et Temps, Maren Sell, 2008.
Sloterdijk, Peter, « Atmospheric politics », in Latour, B. & Weibel, P., Making things politics : Atmosphere of democracy, The MIT Press, 2005.
Cette communication veut éclaircir le problème du temps dans les éthiques qui se réclament de l’hospitalité. Dans celles-ci, qui ont pour programme de baliser la rencontre avec l’autre, la différence ou l’étrange, on trouve une interrogation sur notre rapport au temps. Une éthique de l’accueil doit penser le temps, car le temps est un facteur de déstabilisation du Même, de l’identique, voire de la métaphysique. Les travaux de Derrida et de Levinas, et ceux plus récents de Innerarity, pensent l’autre sous l’angle du temps en établissant l’impossibilité d’une contemporanéité ou d’une synchronie parfaite avec celui-ci. Tel est un sérieux problème pour l’éthique et qui justifie une petite recherche.
Bibliographie
Levinas, E., Autrement qu’être ou au-delà de l’essence.
Derrida, J., De la grammatologie.
Derrida, J., Spectres de Marx.
Derrida, J., Adieu.
Innerarity, D., Éthique de l’hospitalité.
La gestion du risque confrontée à l’accélération du temps - De l’inattendu au climat d’urgence et au temps panique
L’accélération du temps est une source de risque technologique majeur pour les sociétés avancées. La notion de risque est liée à la complexité des organisations qui rend difficiles les prévisions, le sens des priorités et le rattrapage des erreurs, surtout si celles-ci impliquent des acteurs en réseau. L’accélération, la dématérialisation de la technique et du risque conduisent à l’incertitude. Si l’homme compose mal avec l’imprévisible, l’inattendu et l’étrange, il doit pourtant prévoir la catastrophe, dont les effets peuvent être irréversibles et transgénérationels. Celle-ci pointe une tension illustrant le décalage entre le temps humain de la décision et celui de la technique - entre un passé (trop tard) et un futur (trop tôt) sans synchronie possible - qui crée l’attente, l’angoisse et le stress. Le stress se vit dans le temps humain compressé, qui est le seul temps en vertu duquel on trouvera la solution. L’urgence forme ainsi le piège du temps, mais aussi son discours. Car plus le risque technologique est élevé et la catastrophe annoncée, plus il est médiatisé, ce qui accroît le sentiment de peur et le climat d’insécurité. Ce climat d’urgence, cette ambiance intoxicante peut même, par les institutions et les médias, être l’objet d’un design et être entretenu ensuite. La formation du temps panique, carburant à sa propre rhétorique, nuit alors à la prise de décision collective.
L'ENS et le Grand Lyon invitent intellectuels et acteurs politiques ou économiques à confronter leurs points de vue. Une série de rencontres à plusieurs voix pour débattre des nouvelles régulations sociales.
Dominic Desroches - Daniel Innerarity
La dernière crise économique questionne le fonctionnement de l'économie, mais aussi la tâche de la politique. On se demandera s'il faut réformer le capitalisme ou bien s'il ne faut pas que la politique, en pleine transformation, redevenue pour ainsi dire actuelle et désirable, assure une meilleure supervision des échanges qui se sont démultipliés et dématérialisés depuis une quinzaine d'années.
La recherche du profit immédiat, en pleine atmosphère de panique, a-t-elle des limites ?
Cette communication veut comprendre l’utilisation de la rhétorique chez Kierkegaard. Elle montre qu’une part de l’originalité de l’œuvre consiste à transformer les figures de style de la rhétorique classique en concepts à portée existentielle. Pour y parvenir, nous étudions la thèse en montrant que l’ironie doit se comprendre désormais comme un rapport à l’existence. Le rôle du silence et de l’atmosphère illustre que l’auteur a aussi recours à des dispositifs rhétoriques et des mises en scène pour convaincre son lecteur de la profondeur du religieux. Après avoir distingué la rhétorique et la poétique et étudié son usage des figures, nous montrons pourquoi la pseudonymie appartenant à la stratégie de communication indirecte s’impose comme la clef de voute de ce qu’il faudrait appeler une « rhétorique de l’existence ».
On s’intéresse peu à l’influence de J.G. Fichte sur Kierkegaard. On relève volontiers sa critique du pur je-je, mais sans aller plus loin. Le Danois, pourtant, a été marqué au fer rouge par le courant romantique émergeant de l’interprétation de Fichte et la lecture attentive de la Bestimmung peut, à certains égards, réserver quelques surprises. Car non seulement la plupart des concepts chers à Kierkegaard s’y trouvent, mais leur étude critique permet de mieux saisir les limites de la sphère éthique présentée dans les textes pseudonymes. C’est à cette démonstration que cette communication est consacrée.