Papers by Pierre-Louis Pietri

MÉMOIRE DE MASTER "AIRE CULTURELLE DU MONDE ANGLOPHONE" SOUTENU EN 2018 - AIX-MARSEILLE UNIVERSIT... more MÉMOIRE DE MASTER "AIRE CULTURELLE DU MONDE ANGLOPHONE" SOUTENU EN 2018 - AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ
The Lord of the Rings est un livre ancré dans l’imagination de millions de lecteurs. Lecteurs de Tolkien lui-même, mais également de ses épigones qui, depuis la publication de ce livre-monde en 1954, ne cessent d’imiter, de réinventer et de déconstruire l’univers de la Terre du Milieu dont cette épopée des temps modernes, écrite au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, a ouvert les portes. De nombreux artistes se sont emparés de cette oeuvre et l’ont fait vivre à travers les illustrations, notamment celles de John Howe et Alan Lee, la musique, la sculpture (les jeux de rôles issus de la littérature fantasy ont réveillé des vocations de collectionneurs chez les amateurs de figurines), le théâtre et, de façon plus considérable, à travers le cinéma. Ainsi, l’appellation d’« oeuvre-monde »1 suppose un équilibre précaire, puisque The Lord of the Rings est à la fois le générateur d’un monde de représentations, et dans une certaine mesure, subordonné à celui-ci.
C’est pourquoi la parution en 2014 du premier volume d’une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux, titre sous lequel le livre de Tolkien est connu des lecteurs francophones, a suscité une certaine appréhension dans les communautés de lecteurs de longue date, bien acclimatés aux codes et aux motifs qui avaient été instaurés par la première traduction. Si la retraduction est perçue comme une violence, c’est qu’elle bouleverse les compromis linguistiques âprement négociés par le premier traducteur qui, comme tous les membres de sa communauté (ou fraternité ?), a acquis de haute lutte l’acheminement du texte depuis la langue source vers la langue cible, Montagne du Destin où le récit devait être jeté pour être soumis aux flammes de la réception. C’est un long voyage, que pratiquent tous les traducteurs, à travers la « langue du milieu ».
C’est donc en usant d’un rappel thématique au conflit armé qui occupe l’intrigue du Seigneur des Anneaux que j’ai choisi d’intituler mon travail de recherche, qui se propose d’étudier la violence et la conflictualité qui accueillent et circonscrivent le projet de retraduction initié par Vincent Ferré et Daniel Lauzon depuis 2004. Une nouvelle représentation d’un royaume de signifiants aux si nombreux vassaux peut-elle s’imposer sans violence ? Et dans cette entreprise iconoclaste, de quel maître, réel ou abstrait, le nouveau traducteur sert-il les ambitions ?
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Papers by Pierre-Louis Pietri
The Lord of the Rings est un livre ancré dans l’imagination de millions de lecteurs. Lecteurs de Tolkien lui-même, mais également de ses épigones qui, depuis la publication de ce livre-monde en 1954, ne cessent d’imiter, de réinventer et de déconstruire l’univers de la Terre du Milieu dont cette épopée des temps modernes, écrite au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, a ouvert les portes. De nombreux artistes se sont emparés de cette oeuvre et l’ont fait vivre à travers les illustrations, notamment celles de John Howe et Alan Lee, la musique, la sculpture (les jeux de rôles issus de la littérature fantasy ont réveillé des vocations de collectionneurs chez les amateurs de figurines), le théâtre et, de façon plus considérable, à travers le cinéma. Ainsi, l’appellation d’« oeuvre-monde »1 suppose un équilibre précaire, puisque The Lord of the Rings est à la fois le générateur d’un monde de représentations, et dans une certaine mesure, subordonné à celui-ci.
C’est pourquoi la parution en 2014 du premier volume d’une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux, titre sous lequel le livre de Tolkien est connu des lecteurs francophones, a suscité une certaine appréhension dans les communautés de lecteurs de longue date, bien acclimatés aux codes et aux motifs qui avaient été instaurés par la première traduction. Si la retraduction est perçue comme une violence, c’est qu’elle bouleverse les compromis linguistiques âprement négociés par le premier traducteur qui, comme tous les membres de sa communauté (ou fraternité ?), a acquis de haute lutte l’acheminement du texte depuis la langue source vers la langue cible, Montagne du Destin où le récit devait être jeté pour être soumis aux flammes de la réception. C’est un long voyage, que pratiquent tous les traducteurs, à travers la « langue du milieu ».
C’est donc en usant d’un rappel thématique au conflit armé qui occupe l’intrigue du Seigneur des Anneaux que j’ai choisi d’intituler mon travail de recherche, qui se propose d’étudier la violence et la conflictualité qui accueillent et circonscrivent le projet de retraduction initié par Vincent Ferré et Daniel Lauzon depuis 2004. Une nouvelle représentation d’un royaume de signifiants aux si nombreux vassaux peut-elle s’imposer sans violence ? Et dans cette entreprise iconoclaste, de quel maître, réel ou abstrait, le nouveau traducteur sert-il les ambitions ?
The Lord of the Rings est un livre ancré dans l’imagination de millions de lecteurs. Lecteurs de Tolkien lui-même, mais également de ses épigones qui, depuis la publication de ce livre-monde en 1954, ne cessent d’imiter, de réinventer et de déconstruire l’univers de la Terre du Milieu dont cette épopée des temps modernes, écrite au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, a ouvert les portes. De nombreux artistes se sont emparés de cette oeuvre et l’ont fait vivre à travers les illustrations, notamment celles de John Howe et Alan Lee, la musique, la sculpture (les jeux de rôles issus de la littérature fantasy ont réveillé des vocations de collectionneurs chez les amateurs de figurines), le théâtre et, de façon plus considérable, à travers le cinéma. Ainsi, l’appellation d’« oeuvre-monde »1 suppose un équilibre précaire, puisque The Lord of the Rings est à la fois le générateur d’un monde de représentations, et dans une certaine mesure, subordonné à celui-ci.
C’est pourquoi la parution en 2014 du premier volume d’une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux, titre sous lequel le livre de Tolkien est connu des lecteurs francophones, a suscité une certaine appréhension dans les communautés de lecteurs de longue date, bien acclimatés aux codes et aux motifs qui avaient été instaurés par la première traduction. Si la retraduction est perçue comme une violence, c’est qu’elle bouleverse les compromis linguistiques âprement négociés par le premier traducteur qui, comme tous les membres de sa communauté (ou fraternité ?), a acquis de haute lutte l’acheminement du texte depuis la langue source vers la langue cible, Montagne du Destin où le récit devait être jeté pour être soumis aux flammes de la réception. C’est un long voyage, que pratiquent tous les traducteurs, à travers la « langue du milieu ».
C’est donc en usant d’un rappel thématique au conflit armé qui occupe l’intrigue du Seigneur des Anneaux que j’ai choisi d’intituler mon travail de recherche, qui se propose d’étudier la violence et la conflictualité qui accueillent et circonscrivent le projet de retraduction initié par Vincent Ferré et Daniel Lauzon depuis 2004. Une nouvelle représentation d’un royaume de signifiants aux si nombreux vassaux peut-elle s’imposer sans violence ? Et dans cette entreprise iconoclaste, de quel maître, réel ou abstrait, le nouveau traducteur sert-il les ambitions ?