Conferences by Thibaud P Danel

Colloque Institut des Amériques: "De l'Amérique aux Amériques: dynamiques d'un continent patchwor... more Colloque Institut des Amériques: "De l'Amérique aux Amériques: dynamiques d'un continent patchwork", Nov 2014, Nice, France. Communication publiée sur HAL SHS. 2015.
Mots-clefs : études américaines, histoire, géographie, études culturelles.
Résumé: Depuis l’intégration de l’Alaska et d’Hawaii en 1959, il y a 65 ans, la question d’un cinquante-et-unième Etat semble devenir de plus en plus prégnante aux Etats-Unis d’Amérique du Nord. Plus d’un demi-siècle plus tard, c’est à nouveau un territoire insulaire— Porto Rico—qui est désigné comme « cinquième-et-unième état » potentiel par la presse. On constate ainsi que la possibilité d’un cinquante-et-unième état concourt presque exclusivement (si ce n’est à l’exception de Washington D.C.–autre candidat potentiel—qui est un cas particulier) à une perspective expansionniste de la même façon que l’intégration successive du vaste territoire alaskien au Nord-Ouest des Etats-Unis—surnommé « La Dernière Frontière » (“The Last Frontier”) et séparé du reste de l’Union par les provinces canadiennes du Yukon et de la Colombie Britannique—le 3 janvier et des îles hawaïennes—l’ « Etat de l’Aloha » (“The Aloha State”) devenant ainsi le premier état insulaire des EtatsUnis—le 21 août, remettaient en cause le caractère contigu de l’Union fédérale.
Bien que l’intégration future d’un nouvel Etat semble manifester un aspect presque unilatéralement extracontinental, voire extracontinental, il demeure pourtant des « Etats fictionnels », sortes d’enclaves hétérotopiques, qui prennent leur forme dans les textes et documents historiques ou contemporains et qui remettent en cause la logique expansionniste a priori inscrite dans le code génétique des Etats-Unis en révélant au grand jour les différentes tensions locales qui existent et persistent au sein même du territoire fédéral. Après tout, la fragmentation du territoire en états participe tout autant à la refonte de l’ « espace américain » que son expansion au-delà du continent et elle en est parfois même la conséquence (Territoire de l’Oregon). On a pourtant là deux tendances qui, au premier abord, peuvent paraître antinomiques : d’une part, l’expansion extracontinentale traduit un sens d’intégration aux valeurs américaines, une sorte de mouvement vers l’ « identité » (le même) au-delà des différences tandis que, d’autre part, la division même du territoire, comme cela fût le cas en 1861 quand la cinquante comptés se séparent de la Virginie pour former la Virginie Occidentale, participe plutôt d’un mouvement individualisant vers la « différence », comme une « désintégration » de l’identité américaine ou même encore, une « reterritorialisation » de l’espace américain.
Pris comme représentation, le « 51ème Etat » peut tour à tour être interprété positivement ou négativement selon si l’influence des Etats-Unis est venue comme bénéfique ou excessive. La représentation même du « 51ème Etat » n’est donc pas figée—elle traduit tant les attitudes des Etats-Unis en tant que nation sur la scène internationale que les attitudes locales. Source de polémiques, elle révèle aussi les inégalités qui persistent dans une logique démocratique qui exclut sa propre capitale fédérale de son système de représentation politique. Elle s’inscrit comme « lieu » au cœur d’un conflit historique entre un pouvoir central fort et les Etats fédérés. Il serait intéressant de s’interroger sur ce que son admission pourrait impliquer pour l’unité de la nation. Faut-il parler d’une expansion de l’espace américain ou, au contraire, de sa « fragmentation »1? L’existence même d’un tel débat permet de mettre au jour les inégalités de pouvoir actuelles aux Etats-Unis et invite à se demander si la prolifération possible de « 51ème états » comme représentations, tant sur le continent américain qu’en dehors, ne dissimule pas une crise du système fédéral, un besoin de se redéfinir et d’adapter ses valeurs aux exigences démocratiques nouvelles.
Reviews by Thibaud P Danel
Review of Agnieszka Soltysik-Monnet's 2014 conference in Nice (« Lincoln et la guerre : L’Adresse... more Review of Agnieszka Soltysik-Monnet's 2014 conference in Nice (« Lincoln et la guerre : L’Adresse de Gettysburg dans la culture Américaine ») published by Transatlantica.
Master's degree papers by Thibaud P Danel
The nature of the ghost of Shakespeare in Hamlet is still debated today, according a paper publis... more The nature of the ghost of Shakespeare in Hamlet is still debated today, according a paper published by Thomas Rist in Shakespearan Sensations: Experiencing Literature in Early Modern England (2013). When adapted, the play is indeed not deprived of any hermeneutic issues when it comes to act it out. Based on the idea that the ghost figure in Hamlet has become universal, this paper studies how three of its recent adaptations, all of which were performed at the Festival d’Avignon between 2005 and 2011, reinvent Shakespeare’s ghost and, as a result of a very personal interpretation, propose a new reading of this classic play to better expose its semantic and structural riches. The reading of Hamlet seems accordingly to fit into the definition of the fantastic, a generic mode whose relations with drama have often been neglected by research in the humanities.
This essay was drafted in the context of a seminar entitled “Imagining a City: Glasgow Urban Writ... more This essay was drafted in the context of a seminar entitled “Imagining a City: Glasgow Urban Writers” in 2011. This paper was corrected and augmented in 2014. It deals with the issue of holism in Alasdair Gray’s first novel Lanark, A Life in Four Books (1981). The distinction between the parts and the whole is therefore very significant. This essay asks the question of whether the book(s) should be understood either as a whole comprising worlds whose meaning is determined by the whole itself or as a construction of worlds, of different parts, giving its meaning to the whole. My contention is that holism is part of a strategy akin to post-colonialism used by the author in order to create a new vision of Scottish national literature and, accordingly, point at the problems encountered by Scotland in the transition from the modern age to the post-modern age.
Papers by Thibaud P Danel

Transatlantica : Revue d'Études Américaines, Apr 8, 2015
In his history of religion in American foreign policy, Andrew Preston noted that US President Abr... more In his history of religion in American foreign policy, Andrew Preston noted that US President Abraham Lincoln, although he did not claim to know God's will, believed that "he was an instrument of providence" (Preston, 2012, 173-4). The very idea that the Civil War was but a "divine test" is indeed reflected in his famous Gettysburg Address. Ever since it was delivered at the dedication of the Soldiers' National Cemetery in Pennsylvania on the afternoon of November 19th, 1863, not only has Lincoln's Gettysburg Address been commonly acknowledged as one of the greatest speeches in the history of the United States, it has also had a strong emotional resonance in the cultural psyche of the American people because it gave meaning to the Civil War and expounded it as a "glorious regeneration" both for the nation and for the world as a whole. 1 In light of contemporary historians' ever-increasing interest in the Address, Agnieszka Soltysik-Monnet proposed to study the speech not as a myth-"Ideology disguised as nature" as she put it-but rather as a historic document showing how similar American and European nationalisms were. Moving away from traditional historical scholarship depicting Lincoln as the hero of the American nation, she emphatically contended that, due to the dated character of this document, the President should not be used as a fig leaf to conceal contemporary American militarism.
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Conferences by Thibaud P Danel
Mots-clefs : études américaines, histoire, géographie, études culturelles.
Résumé: Depuis l’intégration de l’Alaska et d’Hawaii en 1959, il y a 65 ans, la question d’un cinquante-et-unième Etat semble devenir de plus en plus prégnante aux Etats-Unis d’Amérique du Nord. Plus d’un demi-siècle plus tard, c’est à nouveau un territoire insulaire— Porto Rico—qui est désigné comme « cinquième-et-unième état » potentiel par la presse. On constate ainsi que la possibilité d’un cinquante-et-unième état concourt presque exclusivement (si ce n’est à l’exception de Washington D.C.–autre candidat potentiel—qui est un cas particulier) à une perspective expansionniste de la même façon que l’intégration successive du vaste territoire alaskien au Nord-Ouest des Etats-Unis—surnommé « La Dernière Frontière » (“The Last Frontier”) et séparé du reste de l’Union par les provinces canadiennes du Yukon et de la Colombie Britannique—le 3 janvier et des îles hawaïennes—l’ « Etat de l’Aloha » (“The Aloha State”) devenant ainsi le premier état insulaire des EtatsUnis—le 21 août, remettaient en cause le caractère contigu de l’Union fédérale.
Bien que l’intégration future d’un nouvel Etat semble manifester un aspect presque unilatéralement extracontinental, voire extracontinental, il demeure pourtant des « Etats fictionnels », sortes d’enclaves hétérotopiques, qui prennent leur forme dans les textes et documents historiques ou contemporains et qui remettent en cause la logique expansionniste a priori inscrite dans le code génétique des Etats-Unis en révélant au grand jour les différentes tensions locales qui existent et persistent au sein même du territoire fédéral. Après tout, la fragmentation du territoire en états participe tout autant à la refonte de l’ « espace américain » que son expansion au-delà du continent et elle en est parfois même la conséquence (Territoire de l’Oregon). On a pourtant là deux tendances qui, au premier abord, peuvent paraître antinomiques : d’une part, l’expansion extracontinentale traduit un sens d’intégration aux valeurs américaines, une sorte de mouvement vers l’ « identité » (le même) au-delà des différences tandis que, d’autre part, la division même du territoire, comme cela fût le cas en 1861 quand la cinquante comptés se séparent de la Virginie pour former la Virginie Occidentale, participe plutôt d’un mouvement individualisant vers la « différence », comme une « désintégration » de l’identité américaine ou même encore, une « reterritorialisation » de l’espace américain.
Pris comme représentation, le « 51ème Etat » peut tour à tour être interprété positivement ou négativement selon si l’influence des Etats-Unis est venue comme bénéfique ou excessive. La représentation même du « 51ème Etat » n’est donc pas figée—elle traduit tant les attitudes des Etats-Unis en tant que nation sur la scène internationale que les attitudes locales. Source de polémiques, elle révèle aussi les inégalités qui persistent dans une logique démocratique qui exclut sa propre capitale fédérale de son système de représentation politique. Elle s’inscrit comme « lieu » au cœur d’un conflit historique entre un pouvoir central fort et les Etats fédérés. Il serait intéressant de s’interroger sur ce que son admission pourrait impliquer pour l’unité de la nation. Faut-il parler d’une expansion de l’espace américain ou, au contraire, de sa « fragmentation »1? L’existence même d’un tel débat permet de mettre au jour les inégalités de pouvoir actuelles aux Etats-Unis et invite à se demander si la prolifération possible de « 51ème états » comme représentations, tant sur le continent américain qu’en dehors, ne dissimule pas une crise du système fédéral, un besoin de se redéfinir et d’adapter ses valeurs aux exigences démocratiques nouvelles.
Reviews by Thibaud P Danel
Master's degree papers by Thibaud P Danel
Papers by Thibaud P Danel
Mots-clefs : études américaines, histoire, géographie, études culturelles.
Résumé: Depuis l’intégration de l’Alaska et d’Hawaii en 1959, il y a 65 ans, la question d’un cinquante-et-unième Etat semble devenir de plus en plus prégnante aux Etats-Unis d’Amérique du Nord. Plus d’un demi-siècle plus tard, c’est à nouveau un territoire insulaire— Porto Rico—qui est désigné comme « cinquième-et-unième état » potentiel par la presse. On constate ainsi que la possibilité d’un cinquante-et-unième état concourt presque exclusivement (si ce n’est à l’exception de Washington D.C.–autre candidat potentiel—qui est un cas particulier) à une perspective expansionniste de la même façon que l’intégration successive du vaste territoire alaskien au Nord-Ouest des Etats-Unis—surnommé « La Dernière Frontière » (“The Last Frontier”) et séparé du reste de l’Union par les provinces canadiennes du Yukon et de la Colombie Britannique—le 3 janvier et des îles hawaïennes—l’ « Etat de l’Aloha » (“The Aloha State”) devenant ainsi le premier état insulaire des EtatsUnis—le 21 août, remettaient en cause le caractère contigu de l’Union fédérale.
Bien que l’intégration future d’un nouvel Etat semble manifester un aspect presque unilatéralement extracontinental, voire extracontinental, il demeure pourtant des « Etats fictionnels », sortes d’enclaves hétérotopiques, qui prennent leur forme dans les textes et documents historiques ou contemporains et qui remettent en cause la logique expansionniste a priori inscrite dans le code génétique des Etats-Unis en révélant au grand jour les différentes tensions locales qui existent et persistent au sein même du territoire fédéral. Après tout, la fragmentation du territoire en états participe tout autant à la refonte de l’ « espace américain » que son expansion au-delà du continent et elle en est parfois même la conséquence (Territoire de l’Oregon). On a pourtant là deux tendances qui, au premier abord, peuvent paraître antinomiques : d’une part, l’expansion extracontinentale traduit un sens d’intégration aux valeurs américaines, une sorte de mouvement vers l’ « identité » (le même) au-delà des différences tandis que, d’autre part, la division même du territoire, comme cela fût le cas en 1861 quand la cinquante comptés se séparent de la Virginie pour former la Virginie Occidentale, participe plutôt d’un mouvement individualisant vers la « différence », comme une « désintégration » de l’identité américaine ou même encore, une « reterritorialisation » de l’espace américain.
Pris comme représentation, le « 51ème Etat » peut tour à tour être interprété positivement ou négativement selon si l’influence des Etats-Unis est venue comme bénéfique ou excessive. La représentation même du « 51ème Etat » n’est donc pas figée—elle traduit tant les attitudes des Etats-Unis en tant que nation sur la scène internationale que les attitudes locales. Source de polémiques, elle révèle aussi les inégalités qui persistent dans une logique démocratique qui exclut sa propre capitale fédérale de son système de représentation politique. Elle s’inscrit comme « lieu » au cœur d’un conflit historique entre un pouvoir central fort et les Etats fédérés. Il serait intéressant de s’interroger sur ce que son admission pourrait impliquer pour l’unité de la nation. Faut-il parler d’une expansion de l’espace américain ou, au contraire, de sa « fragmentation »1? L’existence même d’un tel débat permet de mettre au jour les inégalités de pouvoir actuelles aux Etats-Unis et invite à se demander si la prolifération possible de « 51ème états » comme représentations, tant sur le continent américain qu’en dehors, ne dissimule pas une crise du système fédéral, un besoin de se redéfinir et d’adapter ses valeurs aux exigences démocratiques nouvelles.