Papers by Stathis Kouvelakis
The objective of this paper is to set a framework for the analysis of the transformations of the ... more The objective of this paper is to set a framework for the analysis of the transformations of the state in the period starting with the 2008 crisis and to analyse more specifically the mode of that transformation in Europe’s internal periphery, using for that purpose the case of Greece. I will clarify the term “internal periphery” shortly. What I want to emphasize now is that I will introduce the notion of “peripheral authoritarian neoliberalism” as an attempt to go beyond the standard discourse denouncing austerity and the effects of neoliberal policies and grasp the deeper transformations that these policies have triggered in the social fabric and more specifically in the state form.

Présentation de l'ouvrage
Qu'en est-il, aujourd'hui, de la Théorie critique ? L'ouvrage de Stathi... more Présentation de l'ouvrage
Qu'en est-il, aujourd'hui, de la Théorie critique ? L'ouvrage de Stathis Kouvélakis propose une plongée dans les séquences cruciales de sa formation, en retraçant la trajectoire intellectuelle de trois de ses représentants majeurs : Max Horkheimer, Jürgen Habermas et Axel Honneth. Née en tant que réponse à une défaite de portée historique, celle de la gauche face au nazisme, la Théorie critique s'est disloquée de l'intérieur. Horkheimer, confronté à l'isolement de l'exil et au délitement des fronts antifascistes, rompt avec le matérialisme historique et se réoriente vers une philosophie négative de l'histoire. Si le passage aux générations suivantes de l'« École de Francfort » permet un renouvellement, il correspond aussi à une adaptation de la critique à l'ordre existant. Chez Habermas, la critique vise à élargir un espace public régi par les règles de la raison, en faisant fi des contradictions des rapports sociaux ; avec Honneth, la critique devient une thérapeutique du social ayant pour objectif de réparer un monde que l'on a renoncé à transformer. Ainsi, d'une génération à l'autre, la Théorie critique a tourné le dos à l'analyse du potentiel régressif inhérent à la modernité capitaliste. C'est avec ce projet initial que le présent nous oblige à renouer.

Cet entretien avec Sebastian Budgen a été publié en tant que postface à la 2e édition de Philosop... more Cet entretien avec Sebastian Budgen a été publié en tant que postface à la 2e édition de Philosophie et révolution. De Kant à Marx (La fabrique, Paris, 2017). Il a été également publié dans la revue en ligne Période : revueperiode.net/philosophie-et-revolution-entretien-avec-stathis-kouvelakis/
Suffit-il de s’identifier au prolétariat et à la « question sociale » pour penser le renversement de l’ordre social ? C’était la question posée par l’ouvrage majeur de Stathis Kouvélakis, Philosophie et révolution de Kant à Marx, réédité en 2017 aux éditions La fabrique. Kouvélakis démontre, de façon magistrale, que la pensée de Marx est le fruit d’une lente maturation de la Révolution française et de ses effets dans la philosophie. Dans cet entretien inédit, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis reviennent sur la conjoncture de publication du livre, la crise du marxisme français et, singulièrement l’intervention de Georges Labica dans les années 1990. On comprend ainsi que, repenser le sens et la démarche de Marx, c’est élaborer les conditions pour qu’une politique prolétarienne se réinvente, tant à distance du sociologisme poussif que des illusions libérales-démocrates.
In this interview with Sebastian Budgen, 1st published as an Afterword to the second edition of P... more In this interview with Sebastian Budgen, 1st published as an Afterword to the second edition of Philosophy and Revolution. From Kant to Marx (Verso, 2018) I provide an overview of my own political and intellectual trajectory and of the broader context leading to the writing of this book in the late 1990s. I also discuss its reception and reflect on its positioning in contemporary debates.

Contretemps, 2018
Dans cet entretien, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis proposent une vue d’ensemble des dével... more Dans cet entretien, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis proposent une vue d’ensemble des développements de la théorie marxiste et du radicalisme intellectuel au cours des deux dernières décennies saisis à travers le prisme des transferts culturels entre la France et l’aire anglophone. La focale de la discussion ne porte pas tant sur le contenu conceptuel des théories que sur les conditions matérielles, économiques et institutionnelles de leur production et de leur diffusion.
Cette « fabrique de la théorie » est abordée à travers le triangle que forment l’édition, l’université et la politique organisée, la dynamique des transferts culturels ne cessant d’infléchir la relation entre ces trois pôles. Une telle approche vise à mettre en lumière les avancées, mais aussi, et surtout, les difficultés auxquelles n’ont cessé de se heurter les tentatives de relance d’un programme historico-matérialiste qui s’efforce de tenir ensemble travail théorique et intervention politique anticapitaliste. A cette fin, comme le recommandait déjà Karl Korsch, il est nécessaire d’appliquer au matérialisme historique lui-même une méthode d’analyse historico-matérialiste.

Revue Période, 2016
Comment expliquer que face au désastre de 14-18, Lénine se soit retiré pour étudier la Logique de... more Comment expliquer que face au désastre de 14-18, Lénine se soit retiré pour étudier la Logique de Hegel ? Cette question n’a cessé de travailler le marxisme après-guerre. Pour Stathis Kouvélakis, percer l’énigme des Cahiers philosophiques de Lénine, manuscrit fragmentaire et hétérogène, consiste à penser ce texte comme une rectification de la pensée du mouvement ouvrier européen. Véritable préalable à sa réflexion stratégique qui allait amener à Octobre 1917, le travail de Lénine marque un rejet du positivisme, du mécanisme et du matérialisme vulgaire de la IIe Internationale. Ce retour à Hegel implique une insistance renouvelée sur la dimension pratique de la connaissance, sur la dialectique des bonds et des renversements, ou encore sur l’activité en tant que processus social. Face à l’effondrement de la social-démocratie, à la nécessité d’une relève, le détour par la théorie s’avère parfois primordial pour recommencer.
Sebastian Budgen, Stathis Kouvelakis, Slajoj Žižek, (eds.), Lenin Reloaded: Towards a Politics of Truth, Durham, Duke University Press, p. 164 – 204., 2007
Stathis Kouvélakis, Vincent Charbonnier, Lukacs, Althusser: des marxistes en philosophie, Paris, PUF, p. 47-61. , 2004
Marx is nowadays widely recognized as a lucid and useful thinker of capitalism but, at the same, ... more Marx is nowadays widely recognized as a lucid and useful thinker of capitalism but, at the same, his political project is declared definitively failed. Such a diagnosis is rooted in the context of retreat of socialism and the worker’s movement that goes back to the late 1970s. The “crisis of Marxism”, declared by some of the main Marxist thinkers of that time, is the theoretical reflection of that conjuncture and “Post-Marxism” its immanent development. However, a turning point is reached when it appears that the Post-Marxist constellation is unable to stand to the challenges of the new era of globalized capitalism, strengthened by decades of neoliberalism. Despite the persistent weakness of the political movements claiming its legacy, Marxism still hosts a string a ambitious research projects aiming at understanding the world in order to change it.

Contretemps, 2019
Ce texte entreprend de déconstruire la rationalité de la politique théorisée par Laclau sous le t... more Ce texte entreprend de déconstruire la rationalité de la politique théorisée par Laclau sous le terme de « populisme ».
À cette fin, trois thèses sont proposées à la discussion :
1. La « démocratie radicale » prônée par Laclau se construit sur le principe d’une autolimitation qui exclut toute idée de rupture avec l’ordre socio-économique capitaliste, et avec les principes de la démocratie libérale, qu’elle assimile à une entreprise de type totalitaire.
2. Contrairement à ce qu’affirme Laclau, c’est la lutte de classe qui agit comme un opérateur de déréification du sujet de la politique et non la « raison populiste ».
3. La logique hégémonique qui anime la « raison populiste » est doublement inadéquate à son objet :
a) par son strict formalisme, elle souffre d’une indétermination de principe à l’égard de tout mouvement politique réel.
b) elle ne peut rendre compte de ses propres effets, i.e. de sa transformation en position hégémonique de pouvoir.
New Left Review 116-117, 2019
This essay provides an analysis of the Gilets Jaunes movement that shook French society in the la... more This essay provides an analysis of the Gilets Jaunes movement that shook French society in the last months of 2018 and the first half of 2019. It situates it in the broader context of the political crisis France is witnessing in the last decades, here analyzed as an "organic crisis". It also draws a comparison between the Gilets Jaunes and the Chartist movement in order to capture the way the movement articulates political and economic demands. Finally, the essay also provides an empirical analysis of the attempts of some sectors of Gilets jaunes to build forms of structured organization from below and brings material from interviews and field work done in Commercy and Troyes.

In Jean-Numa Ducange and Razmig Keucheyan (Editors) The End of the Democratic State. Nicos Poulantzas, a Marxism for the 21st Century, Palgrave, 2019
Recent publications and conferences speak to an ongoing rediscovery of Nicos Poulantzas’s thinkin... more Recent publications and conferences speak to an ongoing rediscovery of Nicos Poulantzas’s thinking. Yet this rediscovery seems to have left aside his works on fascism. In this piece, however, I am going to argue against such an understanding. In my view, the theory Poulantzas elaborated of fascism and the state of exception constitute the pivot around which his intellectual and political itinerary was organized. Indeed, as the best-informed commenta-tors have highlighted, Poulantzas’s work on fascism produced a turning point in his theoretical orientation, leading him to distance himself from the structuralism to which he had previously been attached. But there is more: Poulantzas only became a Marxist theorist, properly speaking, from the moment that he began to work on the question of fascism and thus to mount a militant intervention on the strategic questions central to a properly Marxist theory of politics.
Chapitre paru dans Étienne Balibar, Gérard Raulet (dir), Marx démocrate : le manuscrit de 1843, PUF, 2001 , 2001
En s'appuyant sur les travaux de Solange Mercier-Josa, ce texte propose de lire le manuscrit de K... more En s'appuyant sur les travaux de Solange Mercier-Josa, ce texte propose de lire le manuscrit de Kreuznach sous la condition de l'énoncé auquel Marx aboutit en cette fin d'année 1843 : l’imminence d’une révolution allemande . Il s'agir donc de ressaisir le rapport de Marx / Hegel tel qu'il se présente dans le commentaire que celui-là fait des Principes de la philosophie du droit à travers une compréhension de la dialectique comme « algèbre de la révolution », selon le mot de Herzen que Lénine appréciait tout particulièrement
Première publication in Étienne Balibar, Gérard Raulet (dir), Marx démocrate : le manuscrit de 1843, PUF, 2001
Πρόλογος στο Εφη Αχτσιόγλου, Στέργιος Μήτας, Ιορδάνης Κουμασίδης, Ξαναπιάνοντας το νήμα. Για τη σχέση σοσιαλισμού και δημοκρατίας, εκδόσεις Θυραθεν, Θεσσαλονίκη, 2012
Μια κριτική αποτίμηση της κριτικής στον Λένιν από τον Πουλαντζά και μια επισκόπηση της συζήτησης ... more Μια κριτική αποτίμηση της κριτικής στον Λένιν από τον Πουλαντζά και μια επισκόπηση της συζήτησης για την επαναστατική στρατηγική στη Δύση μετά τον Οκτώβρη του 1917 με αναφορά στην συμβολή του Γκράμσι.
Πρόλογος στο Εφη Αχτσιόγλου, Στέργιος Μήτας, Ιορδάνης Κουμασίδης, Ξαναπιάνοντας το νήμα. Για τη σχέση σοσιαλισμού και δημοκρατίας, εκδόσεις Θυραθεν, Θεσσαλονίκη, 2012
Contretemps en ligne, 2019
Cet article poursuit l'analyse du mouvement des Gilets Jaunes sous un double angle:
- un bilan d... more Cet article poursuit l'analyse du mouvement des Gilets Jaunes sous un double angle:
- un bilan des tentatives de structuration du mouvement qui ont abouti à l' "assemblée des assemblées" qui s'est tenue à Commercy à la fin janvier 2019.
- une analogie historique avec le mouvement chartiste anglais des années 1830 et 1840 qui permet de saisir la façon dont les revendications socioéconomiques sont posées de façon politique, en se focalisant sur le rôle de l'Etat et se formulant dans un vocabulaire essentiellement moral, qui laisse intacte la question du pouvoir patronal et des mécanismes de l'accumulation du capital.
Texte mis en ligne le 18 février 2019
Contretemps - revue en ligne , 2019
Une analyse du mouvement des Gilets Jaunes inspirée de Gramsci qui replace le mouvement dans le c... more Une analyse du mouvement des Gilets Jaunes inspirée de Gramsci qui replace le mouvement dans le contexte de la "crise organique" qui affecte la société française et son système politique. L'article propose une analyse du mouvement qui met l'accent sur ses contradictions internes, entre demande de justice sociale et affirmation identitaire de "francité", protestation contre l'exclusion politique et intériorisation d'une vision individualisée et gestionnaire de la politique, demande d'horizontalité et fascination pour l'autorité charismatique.
Mis en ligne le 21 janvier 2019
Actuel Marx, n° 34, p. 17-42., 2003
Contrairement aux lectures qui tendent à rabattre la compréhension du capitalisme sur la seule "f... more Contrairement aux lectures qui tendent à rabattre la compréhension du capitalisme sur la seule "forme valeur" et ses métamorphoses, ce texte propose de revenir à l'analyse de cette marchandise très spéciale qu'est la force de travail telle que Marx s'y emploie dans le Capital. Il devient alors possible de saisir le néolibéralisme comme remarchandisation de la force de travail, stratégie indissociablement économique et politique visant à étendre l'emprise du capital sur l'ensemble des activités sociales. L'article procède également à une analyse de la critique de la marchandisation à laquelle se sont employés les mouvements "altermondialistes" des années 2000, pour en souligner le potentiel mais aussi les limites.

Chapitre paru dans Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan (dir), La fin de l'État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIe siècle, PUF, Paris, 2016, 2016
La redécouverte en cours de Nicos Poulantzas, dont témoignent publications et colloques récents 1... more La redécouverte en cours de Nicos Poulantzas, dont témoignent publications et colloques récents 1 , semble avoir laissé de côté ses travaux sur le fascisme, sans doute relégués au rang de documents à caractère historique et historiographique. La thèse que nous défendrons ici prend le contrepied de cette perception. La théorie de fascisme et de l'Etat d'exception élaborée par Poulantzas constitue à notre sens le pivot autour duquel s'organise sa trajectoire intellectuelle et politique. Pour en parler, je risque la formulation suivante : Poulantzas ne devient à proprement parler un théoricien marxiste qu'à partir du moment où il commence à travailler sur la question du fascisme et à intervenir ainsi de façon militante sur les questions stratégiques qui sont au coeur d'une pensée proprement marxiste de la politique. Les remarques qui suivent proposent un parcours, inévitablement partiel, des élaborations du fascisme et de l'Etat d'exception dans les quatre ouvrages de Poulantzas qui abordent la question.
Chapitre paru dans Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan (dir), La fin de l'État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIe siècle, PUF, Paris, 2016
Πρώτη δημοσίευση στο Ο Πουλαντζάς σήμερα, σε επιμέλεια Ηρακλή Οικονόμου και Χάρη Γολέμη, 2012
Τι σημαίνει «οργανικός διανοούμενος»; Ο Νίκος Πουλαντζάς ήταν ένας μαρξιστής και ένας κομμουνιστή... more Τι σημαίνει «οργανικός διανοούμενος»; Ο Νίκος Πουλαντζάς ήταν ένας μαρξιστής και ένας κομμουνιστής διανοούμενος: η διατύπωση αυτή σίγουρα στερείται οποιασδήποτε πρωτοτυπίας, θέτει όμως το εξής βασικό ερώτημα: τι σημαίνουν όμως αυτοί οι όροι, ή μάλλον: σε τι μπορεί ο Πουλαντζάς να συμβάλει στην εκ νέου κατανόηση και νοηματοδότηση αυτών των όρων;

Chapitre paru, dans une version Gérald Bronner, Razmig Keucheyan (dir.), La théorie sociale contemporaine, PUF, Paris, 2012, 2012
Où en est-on avec le marxisme aujourd'hui, plus de trois décennies désormais après le tournant ca... more Où en est-on avec le marxisme aujourd'hui, plus de trois décennies désormais après le tournant capitaliste de la Chine populaire et la fin de l'URSS? Compte tenu de l'échec des expériences révolutionnaires du siècle précédent, comment penser la résilience d'une « pensée devenue monde », même si ce monde là renvoie à une toute autre réalité que celle de la période historique antérieure à cet échec? Mais la question n'est pas tranchée : s'agit-il d'une véritable résilience, capable de donner de nouveaux résultats théoriquement et pratiquement significatifs, ou d'une survie résiduelle, derniers feux avant extinction ?
Une version abrégée de ce texte a été publié dans le volume
Gérald Bronner, Razmig Keucheyan (dir.), La théorie sociale contemporaine, PUF, Paris, 2012
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Papers by Stathis Kouvelakis
Qu'en est-il, aujourd'hui, de la Théorie critique ? L'ouvrage de Stathis Kouvélakis propose une plongée dans les séquences cruciales de sa formation, en retraçant la trajectoire intellectuelle de trois de ses représentants majeurs : Max Horkheimer, Jürgen Habermas et Axel Honneth. Née en tant que réponse à une défaite de portée historique, celle de la gauche face au nazisme, la Théorie critique s'est disloquée de l'intérieur. Horkheimer, confronté à l'isolement de l'exil et au délitement des fronts antifascistes, rompt avec le matérialisme historique et se réoriente vers une philosophie négative de l'histoire. Si le passage aux générations suivantes de l'« École de Francfort » permet un renouvellement, il correspond aussi à une adaptation de la critique à l'ordre existant. Chez Habermas, la critique vise à élargir un espace public régi par les règles de la raison, en faisant fi des contradictions des rapports sociaux ; avec Honneth, la critique devient une thérapeutique du social ayant pour objectif de réparer un monde que l'on a renoncé à transformer. Ainsi, d'une génération à l'autre, la Théorie critique a tourné le dos à l'analyse du potentiel régressif inhérent à la modernité capitaliste. C'est avec ce projet initial que le présent nous oblige à renouer.
Suffit-il de s’identifier au prolétariat et à la « question sociale » pour penser le renversement de l’ordre social ? C’était la question posée par l’ouvrage majeur de Stathis Kouvélakis, Philosophie et révolution de Kant à Marx, réédité en 2017 aux éditions La fabrique. Kouvélakis démontre, de façon magistrale, que la pensée de Marx est le fruit d’une lente maturation de la Révolution française et de ses effets dans la philosophie. Dans cet entretien inédit, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis reviennent sur la conjoncture de publication du livre, la crise du marxisme français et, singulièrement l’intervention de Georges Labica dans les années 1990. On comprend ainsi que, repenser le sens et la démarche de Marx, c’est élaborer les conditions pour qu’une politique prolétarienne se réinvente, tant à distance du sociologisme poussif que des illusions libérales-démocrates.
Cette « fabrique de la théorie » est abordée à travers le triangle que forment l’édition, l’université et la politique organisée, la dynamique des transferts culturels ne cessant d’infléchir la relation entre ces trois pôles. Une telle approche vise à mettre en lumière les avancées, mais aussi, et surtout, les difficultés auxquelles n’ont cessé de se heurter les tentatives de relance d’un programme historico-matérialiste qui s’efforce de tenir ensemble travail théorique et intervention politique anticapitaliste. A cette fin, comme le recommandait déjà Karl Korsch, il est nécessaire d’appliquer au matérialisme historique lui-même une méthode d’analyse historico-matérialiste.
À cette fin, trois thèses sont proposées à la discussion :
1. La « démocratie radicale » prônée par Laclau se construit sur le principe d’une autolimitation qui exclut toute idée de rupture avec l’ordre socio-économique capitaliste, et avec les principes de la démocratie libérale, qu’elle assimile à une entreprise de type totalitaire.
2. Contrairement à ce qu’affirme Laclau, c’est la lutte de classe qui agit comme un opérateur de déréification du sujet de la politique et non la « raison populiste ».
3. La logique hégémonique qui anime la « raison populiste » est doublement inadéquate à son objet :
a) par son strict formalisme, elle souffre d’une indétermination de principe à l’égard de tout mouvement politique réel.
b) elle ne peut rendre compte de ses propres effets, i.e. de sa transformation en position hégémonique de pouvoir.
Première publication in Étienne Balibar, Gérard Raulet (dir), Marx démocrate : le manuscrit de 1843, PUF, 2001
Πρόλογος στο Εφη Αχτσιόγλου, Στέργιος Μήτας, Ιορδάνης Κουμασίδης, Ξαναπιάνοντας το νήμα. Για τη σχέση σοσιαλισμού και δημοκρατίας, εκδόσεις Θυραθεν, Θεσσαλονίκη, 2012
- un bilan des tentatives de structuration du mouvement qui ont abouti à l' "assemblée des assemblées" qui s'est tenue à Commercy à la fin janvier 2019.
- une analogie historique avec le mouvement chartiste anglais des années 1830 et 1840 qui permet de saisir la façon dont les revendications socioéconomiques sont posées de façon politique, en se focalisant sur le rôle de l'Etat et se formulant dans un vocabulaire essentiellement moral, qui laisse intacte la question du pouvoir patronal et des mécanismes de l'accumulation du capital.
Texte mis en ligne le 18 février 2019
Mis en ligne le 21 janvier 2019
Chapitre paru dans Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan (dir), La fin de l'État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIe siècle, PUF, Paris, 2016
Une version abrégée de ce texte a été publié dans le volume
Gérald Bronner, Razmig Keucheyan (dir.), La théorie sociale contemporaine, PUF, Paris, 2012
Qu'en est-il, aujourd'hui, de la Théorie critique ? L'ouvrage de Stathis Kouvélakis propose une plongée dans les séquences cruciales de sa formation, en retraçant la trajectoire intellectuelle de trois de ses représentants majeurs : Max Horkheimer, Jürgen Habermas et Axel Honneth. Née en tant que réponse à une défaite de portée historique, celle de la gauche face au nazisme, la Théorie critique s'est disloquée de l'intérieur. Horkheimer, confronté à l'isolement de l'exil et au délitement des fronts antifascistes, rompt avec le matérialisme historique et se réoriente vers une philosophie négative de l'histoire. Si le passage aux générations suivantes de l'« École de Francfort » permet un renouvellement, il correspond aussi à une adaptation de la critique à l'ordre existant. Chez Habermas, la critique vise à élargir un espace public régi par les règles de la raison, en faisant fi des contradictions des rapports sociaux ; avec Honneth, la critique devient une thérapeutique du social ayant pour objectif de réparer un monde que l'on a renoncé à transformer. Ainsi, d'une génération à l'autre, la Théorie critique a tourné le dos à l'analyse du potentiel régressif inhérent à la modernité capitaliste. C'est avec ce projet initial que le présent nous oblige à renouer.
Suffit-il de s’identifier au prolétariat et à la « question sociale » pour penser le renversement de l’ordre social ? C’était la question posée par l’ouvrage majeur de Stathis Kouvélakis, Philosophie et révolution de Kant à Marx, réédité en 2017 aux éditions La fabrique. Kouvélakis démontre, de façon magistrale, que la pensée de Marx est le fruit d’une lente maturation de la Révolution française et de ses effets dans la philosophie. Dans cet entretien inédit, Sebastian Budgen et Stathis Kouvélakis reviennent sur la conjoncture de publication du livre, la crise du marxisme français et, singulièrement l’intervention de Georges Labica dans les années 1990. On comprend ainsi que, repenser le sens et la démarche de Marx, c’est élaborer les conditions pour qu’une politique prolétarienne se réinvente, tant à distance du sociologisme poussif que des illusions libérales-démocrates.
Cette « fabrique de la théorie » est abordée à travers le triangle que forment l’édition, l’université et la politique organisée, la dynamique des transferts culturels ne cessant d’infléchir la relation entre ces trois pôles. Une telle approche vise à mettre en lumière les avancées, mais aussi, et surtout, les difficultés auxquelles n’ont cessé de se heurter les tentatives de relance d’un programme historico-matérialiste qui s’efforce de tenir ensemble travail théorique et intervention politique anticapitaliste. A cette fin, comme le recommandait déjà Karl Korsch, il est nécessaire d’appliquer au matérialisme historique lui-même une méthode d’analyse historico-matérialiste.
À cette fin, trois thèses sont proposées à la discussion :
1. La « démocratie radicale » prônée par Laclau se construit sur le principe d’une autolimitation qui exclut toute idée de rupture avec l’ordre socio-économique capitaliste, et avec les principes de la démocratie libérale, qu’elle assimile à une entreprise de type totalitaire.
2. Contrairement à ce qu’affirme Laclau, c’est la lutte de classe qui agit comme un opérateur de déréification du sujet de la politique et non la « raison populiste ».
3. La logique hégémonique qui anime la « raison populiste » est doublement inadéquate à son objet :
a) par son strict formalisme, elle souffre d’une indétermination de principe à l’égard de tout mouvement politique réel.
b) elle ne peut rendre compte de ses propres effets, i.e. de sa transformation en position hégémonique de pouvoir.
Première publication in Étienne Balibar, Gérard Raulet (dir), Marx démocrate : le manuscrit de 1843, PUF, 2001
Πρόλογος στο Εφη Αχτσιόγλου, Στέργιος Μήτας, Ιορδάνης Κουμασίδης, Ξαναπιάνοντας το νήμα. Για τη σχέση σοσιαλισμού και δημοκρατίας, εκδόσεις Θυραθεν, Θεσσαλονίκη, 2012
- un bilan des tentatives de structuration du mouvement qui ont abouti à l' "assemblée des assemblées" qui s'est tenue à Commercy à la fin janvier 2019.
- une analogie historique avec le mouvement chartiste anglais des années 1830 et 1840 qui permet de saisir la façon dont les revendications socioéconomiques sont posées de façon politique, en se focalisant sur le rôle de l'Etat et se formulant dans un vocabulaire essentiellement moral, qui laisse intacte la question du pouvoir patronal et des mécanismes de l'accumulation du capital.
Texte mis en ligne le 18 février 2019
Mis en ligne le 21 janvier 2019
Chapitre paru dans Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan (dir), La fin de l'État démocratique. Nicos Poulantzas, un marxisme pour le XXIe siècle, PUF, Paris, 2016
Une version abrégée de ce texte a été publié dans le volume
Gérald Bronner, Razmig Keucheyan (dir.), La théorie sociale contemporaine, PUF, Paris, 2012