Moyen-Orient

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Le contrôle de l’armée par les civils est-il le signe d’une normalisation ou au contraire de la perpétuation voire de l’accentuation de la politisation ? La reconfiguration des relations civiles et militaires en faveur d’Erdoğan montre un maintien de la politisation mais qui s’appuie désormais sur l’idéologie conservatrice de l’AKP.  Cette transformation des relations civiles et militaires en Turquie est aussi le fruit d’un processus plus long d’affaiblissement du pouvoir militaire par l’AKP. Mais les réformes de l’armée dans la gestion de l’après tentative de coup d’Etat lui donnent sur le plan organisationnelle une toute nouvelle anatomie mais ne la dépolitise pas. C’est  l’idéologie sur laquelle s’appuie cette politisation qui a changé.

Cet article analyse les évolutions du régime de sécurité en Turquie et la transformation de l’appareil militaire dans ce pays, depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016. Notre postulat est que la politique étrangère de la Turquie actuelle et ses alliances militaires versatiles ne peuvent s’expliquer uniquement par des préoccupations exogènes, mais également par des politiques intérieures, comme l’ont montré certains auteurs travaillant sur les alliances au Moyen-Orient. Nous estimons que la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 a conduit à une réforme d’envergure des forces armées turques, opérant un changement dans l’idéologie et les normes de l’institution, et redéfinissant également la perception de leurs intérêts et des menaces intérieures et extérieures. Ces derniers ont des effets structurants sur sa politique étrangère et sur ses alliances et coopérations militaires et inversement. En en effet, les alliances et coopérations militaires de la Turquie sont fonction de leur concordance ou dissonance avec sa gestion de la menace intérieure et extérieure. Nous soutenons que les alliances se font de plus en plus à la carte, et qu’elles sont de plus en plus éphémères et opportunistes, régies par la seule notion d’intérêt national, avec de fortes préoccupations sécuritaires.

Cet article vise à analyser les différents investissements idéologiques dans les champs du pouvoir, du politique et du religieux auxquels la pandémie donne lieu en Turquie. Dans un pays où politique et religieux sont intimement liés, dans une expérience turque originale qui a peu d’équivalent dans le monde musulman, notre interrogation sera double : comment évaluer l’impact, toujours en cours, du COVID-19 sur le champ politique en Turquie et, dans un deuxième temps, quelle a été la réponse du secteur religieux pour épauler le politique dans sa réponse à la crise. Nous chercherons notamment à comprendre les effets de la crise sanitaire sur le pouvoir en place, sur les orientations de la politique nationale et internationale en contexte de crise sanitaire. Enfin, il conviendra de se demander comment le religieux joue un rôle dans la gestion de la crise.

L’objet de ce dossier vise à croiser les regards et les approches disciplinaires pour proposer des analyses plurielles de la crise sanitaire COVID-19 en Turquie. Les différentes approches font émerger des questionnements transversaux. Un premier questionnement tient à la pertinence des différents pouvoirs (locaux, étatiques, internationaux) face à des épidémies qui présentent toutes des spécificités, tant du point de vue de la diffusion et de la prévention, que des savoirs ou de la prise en charge. Une deuxième interrogation transversale porte sur la compénétration des pratiques et rituels sociaux et des dispositifs techniques. Les épidémies transforment le quotidien en validant ou répudiant certaines pratiques, et en induisant des réponses techniques qui sont à leur tour ritualisées. Comment interpréter cette transformation des pratiques ? Un troisième questionnement porte sur la frontière entre experts et profanes et à son évolution dans la temporalité de la pandémie. L’idée qu’un événement de l’ampleur d’une épidémie nécessitait une réponse organisée, et par conséquent un pilotage politico-sanitaire surplombant s’est heurtée à la durée de la pandémie, à l’évolution des connaissances à son sujet et à la compétition des objectifs stratégiques des politiques publiques, même lorsque ceux-ci, la santé et l’économie notamment, ne pouvaient aller l’un sans l’autre.

La France n’a pas encore pleinement pris la mesure de l’ampleur et des incidences du racisme et des discriminations qui la déchirent. Des millions d’individus, notamment issus de l’immigration postcoloniale, subissent au quotidien micro-agressions et stigmatisation. Ils voient leurs opportunités d’ascension sociale entravée, leurs vies écourtées. Ces épreuves suscitent bien souvent colère et sentiments d’injustice. Elles poussent parfois à l’engagement des personnes qui n’y étaient pas disposées.
À partir d’une enquête inédite dans plusieurs quartiers populaires en France et en Amérique du Nord, ce livre démontre les conséquences du déni de reconnaissance qui entoure les discriminations : dépression, exil, repli sur soi… Au regard du drame silencieux qui s’opère sous nos yeux, il invite à une prise de conscience collective.
Mais le racisme suscite aussi des conséquences plus positives : une jeunesse se lève face aux violences policières, se mobilise dans des associations ou investit les partis politiques, en développant des savoirs et savoir-faire nouveaux, et par là son pouvoir d’agir. Peut-être est-ce l’émergence d’une nouvelle génération militante, engagée dans des luttes pour l’égalité ?

The patriotic socialization of conscripts within the army takes two overlapping forms : theoretical and practical. “Training in love for one’s country” takes place smoothly through the repetition of patriotic norms. It defines from above the contours of a collective identity, whether patriotic, national or state. This identity is in keeping with the nationalism of Ataturk and contains a law and order component that is organized around the paradigm of dangers and threats. Yet, while this theoretical training in love for one’s country seeks to federate the population, practical training by way of internal war shatters this consensus by creating group solidarities that divide the population. In Turkey, learning patriotism thus consists of two aspects which, while mutually reinforcing one another, have contradictory effects.

This dissertation studies the foundation of the modern professional group of physicians in the nineteenth century Ottoman Empire between the Tanzimat period, during which the first School of Medicine was introduced, and the Second Constitutional Period, after which new medical institutions and political atmosphere were born. The aim of the research is to find out the process in which the modern state formation overlapped with the appearance of this specific profession by considering new ideas of progressivism and modernism. The research first describes the general atmosphere created by the new medical technologies and understanding of the nineteenth century. Then, the new system regulating medical activities is explained and the ways to deal with irregular practitioners is analyzed. After that, within this new system, the formation of a medical student is described by focusing on an ordinary life within the school with political and medical activities. The final focus is given to their civilian activities and the different reactions to them in the Ottoman provinces through the study of provincial physicians and the quarantine doctors. The appearance of the physician is analyzed through the consideration of the shift in the eyes of the state, the self-perception of the physicians, and the perception of the physicians by the common people by primarily the use of the Prime Ministry Ottoman Archives in addition to the memoirs and biographies of the physicians. The study targets the introduction of everydayness of these professional elite in relation to the people, the state and the profession itself, and to look behind the legislations introduced under the progressivist and centralizing administrative mentality of the modern state. v