
Sophie Oudry
INRAP, Institut National de Recherches Archéologiques Préventives, Hauts-de-france, Department Member
Phone: 0685541312
Address: 11, rue des Champs
59650 Villeneuve-d'Ascq
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Papers by Sophie Oudry
La collecte et le dépôt secondaire d’ossements constituaient des gestes funéraires communs dans le cadre de la gestion des espaces cimétériaux médiévaux. Les accumulations d’ossements qui en résultent ne bénéficient que rarement de fouilles archéologiques minutieuses et d’études approfondies. La fouille récente d’une fosse ossuaire dans le cimetière paroissial de l’église Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer montre pourtant que ce type de structure ne peut être réduit à la simple expression d’une gestion pragmatique des restes humains. Dans l’exemple boulonnais, bien daté du xive siècle par des analyses 14C, quatre sépultures primaires ont été opérées dans l’ossuaire – trois jeunes enfants dont deux sont déposés en cercueil et un adulte déposé sur le ventre –, témoignant de la coexistence de deux fonctions, de deux « intentions » et de divers « temps funéraires » dans le fonctionnement de la structure. Les résultats obtenus conduisent à discuter le sens qu’il convient de donner à ces gestes funéraires atypiques que l’on rencontre quelquefois sur d’autres sites.
La collecte et le dépôt secondaire d’ossements constituaient des gestes funéraires communs dans le cadre de la gestion des espaces cimétériaux médiévaux. Les accumulations d’ossements qui en résultent ne bénéficient que rarement de fouilles archéologiques minutieuses et d’études approfondies. La fouille récente d’une fosse ossuaire dans le cimetière paroissial de l’église Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer montre pourtant que ce type de structure ne peut être réduit à la simple expression d’une gestion pragmatique des restes humains. Dans l’exemple boulonnais, bien daté du xive siècle par des analyses 14C, quatre sépultures primaires ont été opérées dans l’ossuaire – trois jeunes enfants dont deux sont déposés en cercueil et un adulte déposé sur le ventre –, témoignant de la coexistence de deux fonctions, de deux « intentions » et de divers « temps funéraires » dans le fonctionnement de la structure. Les résultats obtenus conduisent à discuter le sens qu’il convient de donner à ces gestes funéraires atypiques que l’on rencontre quelquefois sur d’autres sites.
Un total de 309 tombes a été étudié, parmi lesquelles 243 ont pu être caractérisées d’un point de vue architectural. Le mode d’ensevelissement majoritaire au sein des trois nécropoles est l’inhumation des corps dans des contenants de bois composés de plusieurs planches. Ces contenants étaient quadrangulaires et reposaient sur des traverses de bois. Leur identification repose essentiellement sur la présence de traces ligneuses, indiquant dans certains cas l’existence d’éléments de couverture. Aucun clou ou élément de fixation n’ayant été mis au jour dans les tombes, il est délicat de savoir s’il s’agissait de coffrages de bois ou de cercueils dont l’assemblable était assuré au moyen d’éléments non pérennes. Le site de Marquette-lez-Lille a par ailleurs livré huit possibles inhumations en contenants monoxyles, pratique bien attestée à l’échelle régionale.
Plusieurs cas d’inhumations en chambres funéraires ont été identifiés sur les sites de Lesquin et de Marquette-lez-Lille. Les dimensions des chambres étaient importantes et elles permettaient d’accueillir le défunt dans son contenant en bois, accompagné de plusieurs éléments de mobilier. Les chambres funéraires, bien que relativement rares, sont connues dans la région dès la fin de l’époque gallo-romaine ; toutefois, l’inhumation d’individus immatures en chambre funéraire, attestée à Lesquin, n’était jusqu’à ce jour connue que pour des sites de l’est de la Gaule.
Les dépôts en « pleine terre », correspondant à des inhumations sans élément protégeant le corps du sédiment environnant, ont souvent été présentés comme étant majoritaires à la période mérovingienne. Or, l’identification de telles sépultures reposant sur une très bonne conservation des restes osseux, seules deux tombes d’Houplin-Ancoisne ont pu être rattachées formellement à ce type, avec une décomposition des corps en espace colmaté.
La morphologie des fosses est très homogène au sein des trois nécropoles étudiées : elles sont rectangulaires, avec des angles plus ou moins arrondis. Les parois sont verticales et le fond de la fosse est plat. Les dimensions sont en revanche très variables et jamais corrélées à la richesse ou l’abondance du mobilier. Les aménagements de fosses sont peu courants ; il s’agit principalement d’un surcreusement dans la partie centrale de la fosse, qui était destiné à accueillir le contenant. A Marquette-lez-Lille, la fouille a permis de révéler que les parois et le fond de la fosse étaient coffrés avant la mise en place du contenant dans la tombe. Dans les trois nécropoles, les aménagements extérieurs sont succincts. Quelques trous de poteaux ou de piquets à proximité d’une tombe sont les seuls témoins éventuels d’une signalisation de surface.
Malgré une standardisation apparente, l’orientation des sépultures montre des différences notables. A Marquette-lez-Lille et Houplin-Ancoisne, deux groupes principaux ont été observés. A Lesquin, malgré une orientation majoritaire, les orientations s’échelonnent entre 170° et 330°. Sur ce site, une différence d’orientation selon la typologie architecturale des tombes est notable. A Marquette-lez-Lille, en revanche, les différences observées semblent révéler une évolution chronologique de l’organisation de l’aire sépulcrale.
Cette première synthèse est essentiellement élaborée à partir des résultats d’opérations d’archéologie préventive, soit des données pour la plupart inédites. Le corpus est constitué de sites datés de la fin du Second âge du Fer aux premiers siècles de notre ère. Nous avons choisi de nous concentrer dans un premier temps sur les ensembles de l’ouest du territoire ménapien, qui couvre la Flandre jusqu’au fleuve Aa à l’ouest et qui est délimité par la Lys et la Deûle au sud.
Les ensembles funéraires y montrent des spécificités, tant au niveau de la structuration de l’espace funéraire que de ses relations avec l’habitat. En effet, les découvertes récentes montrent des structures peu ostentatoires, dispersées et rarement organisées en véritables nécropoles, comme cela a pu être observé à Bierne (ELLEBOODE et al. 2010). De ce fait elles passent souvent inaperçu et il est ainsi aisé de négliger tout un pan du domaine funéraire à cette époque.
Un autre intérêt de ces sites réside dans la présence d'une grande diversité de structures, traduisant la totalité du processus crématoire : bûchers, sépultures secondaires et fosses annexes. Les sépultures secondaires à incinération présentent le plus souvent les mêmes caractéristiques (fig. 1) : la quasi-totalité du remplissage de la sépulture est composée des restes du bûcher : charbons, nodules de terre rubéfiée, ossements. L’interprétation couramment retenue est que les officiants ont récolté les restes du bûcher après la crémation de l’individu et ont ensuite versé ces restes dans la petite fosse découverte. Plusieurs exemples ont été vus à Drincham (FAUPIN, OUDRY et DEBIAK 2009) et Bollezelle (FAUPIN et LAPERLE 2005).
Les fosses annexes accueillent les restes du bûcher après son curage et livrent une quantité d’ossements moindre que les sépultures, parfois pas d’os du tout. Les ossements qui y sont mis au jour sont souvent des éléments de petite taille, comme les phalanges et les dents indiquant qu’il s’agit des os naturellement laissés en place après la collecte pour la création du dépôt définitif.
Les structures de crémation elles-mêmes (fig. 2) sont bien présentes sur l’ensemble du territoire, même si les opérations archéologiques de ces dernières années ont livré des résultats plus importants sur la zone côtière comme à Pitgam (BOUCHE 1998 ; ELLEBOODE, WILLEMS et OUDRY 2013 ; ELLEBOODE, CLAVEL et OUDRY 2011) ou Cassel (SOUPART et al. 2005).
Des dépôts d’offrande sont parfois observés en position secondaire sur le bûcher ou sur les ossements dans les sépultures mais cela ne semble pas être la norme. Le lien avec une éventuelle tradition laténienne sera difficile à mettre en évidence en raison du très petit nombre de structures funéraires de la fin du second âge du Fer à l’ouest du territoire des Ménapiens.
Bibliographie
BOUCHE 1998
Bouche K. - Pitgam (59), Schulleveldt. Rapport de diagnostic archéologique, Afan Nord-Picardie, Amiens.
ELLEBOODE, CLAVEL et OUDRY 2011
Elleboode E., Clavel V., Oudry S. - Pitgam (59), Poste de Pitgam, Projet de canalisation de gaz entre Loon-Plage (Nord) et Cuvilly (Oise) « Artère des Hauts de France II ». Rapport de diagnostic archéologique, Inrap Nord-Picardie, Amiens, 99 p.
ELLEBOODE et al. 2010
Elleboode E., Willems S., Oudry S., Routier J.-C. - Bierne-Socx (Nord), « ZAC du Bierendyck et de la Croix Rouge », Extension de la ZAC. Rapport intermédiaire de diagnostic archéologique, Inrap Nord-Picardie, Amiens, 143 p.
ELLEBOODE, WILLEMS et OUDRY 2013
Elleboode E., Willems S., Oudry S. - Pitgam (59), Projet d’interconnexion. Rapport de diagnostic archéologique, Inrap Nord-Picardie, Amiens, 83 p.
FAUPIN et LAPERLE 2005
Faupin G., Laperle G. - Bollezeele (59), Rue Joseph Dezitter, domaine des Etourneaux. Rapport de diagnostic archéologique., Inrap Nord-Picardie, Amiens, 62 p.
FAUPIN, OUDRY et DEBIAK 2009
Faupin G., Oudry S., Debiak R. - Drincham (59), Looweg Straete. Rapport de diagnostic archéologique., Inrap Nord-Picardie, Amiens, 41 p.
SOUPART et al. 2005
Soupart N., Ducrocq P., Clotuche R., Laperle G., Le Goff I., Routier J.-C. - Cassel (59), Angle de la route d’Hazebrouck et de Ste-Marie-Cappel. Rapport de fouilles archéologiques (3 vol.), Inrap Nord-Picardie, Amiens, 355 p.