Papers by yves KLOPFENSTEIN

« Au commencement était le Protocole. Au commencement, le Protocole créa les cieux et la terre. L... more « Au commencement était le Protocole. Au commencement, le Protocole créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et le Protocole se mouvait au-dessus des eaux… » Voilà comment j'écrirais les premiers versets d'une Genèse occidentale contemporaine si j'avais pour tâche de transmettre et de léguer les fondements de notre connaissance actuelle. Voilà probablement comment j'appréhenderais spontanément notre « cosmogonie » scientifique. Et si les cosmogonies sont des témoins de la représentation de la création du monde pour une société et une époque donnée ; si, me semble-t-il, les cosmogonies visent à créer des images synthétiques, plus ou moins simples mais assimilables par le plus grand nombre afin qu'elles fassent sens, corps et lien en se fixant le plus aisément possible dans les esprits, alors elles participent au projet, à l'organisation et à la cohérence sociale. Dans les cosmogonies archaïques, le maître-mot c'est l'idée de la mise en ordre. Le narrateur attribue à quelqu'un, un Dieu en l'occurrence, l'acte de mettre en forme l'informe et de stabiliser l'instable où le mouvant. Dans ce système, le mythe à portée métaphysique vise à découvrir la vérité sur le monde, à confronter le monde avec l'idée que l'on s'en fait. Or il me semble que la distance entre la pensée pré-scientifique et la pensée contemporaine « objectivante » est moins importante qu'il n'y paraît de prime abord. Si l'on se situe au niveau de la démarche donc au niveau formel, on observe une similarité procédurale : Séparer et informer ce qui se présente pour le rendre réel et saisissable, objectif et pourquoi pas reproductible. Voilà le commencement du monde d'un point de vue de la connaissance pré-scientifique et scientifique méthodologique. Séparer et informer par l'outil langage, comme si dans les deux cas on voulait montrer comment la manière de penser entre en contact avec la réalité qui devient objective du fait même de son énonciation. Et je me demande si l'outil langage n'a pas pour fonction, dans ce cas précis, d'être performatif ? L'énonciation du signe, du mot, fait advenir une réalité. L'informe et le vide sont informés et remplis à travers et par le langage. L'énonciation performative fait passer d'un état, l'informe, à un autre, le formé et par suite le comblé ou l'occupé. Elle change sinon l'identité de la réalité avec laquelle on est en contact, du moins sa représentation. Mais pour que le discours sur cette réalité puisse faire l'objet d'un consensus, il semble nécessaire de faire appel à un métalangage qui servirait à contrôler que l'on parle et que l'on entende la même chose, que l'on utilise bien le même code pour rendre compte explicitement de cette réalité du monde. Dans un cas dieu fait partie du métalangage tandis que dans l'autre c'est le protocole. Et langage, métalangage et protocole se rejoignent et s'entremêlent ou s'imbriquent continuellement.

Contrairement à ce que les savants disent et que l'on croit bien volontiers, par habitude ou par ... more Contrairement à ce que les savants disent et que l'on croit bien volontiers, par habitude ou par nonchalance, il reste des terres inexplorées, ou si peu, qu'on n'en connaît à peine quelques contours et encore ! Bien sûr cela ne veut pas dire que rien n'a été entrepris pour sillonner ces territoires. Des campagnes d'exploration ont été menées par tous les pays. Scientifiques, cartographes, aventuriers et poètes sont partis à l'assaut de ces régions confuses mais, à leurs retours, comme ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur ce qu'ils avaient vu, on a finalement et d'un commun accord, décidé de laisser ces mondes en friche, au nom d'un patrimoine mondial qu'il serait bon de préserver à l'état sauvage. Et c'est justement sur ces terres quasi inaccessibles que vit le voleur de sourire ! Etrange personnage qui ne s'aperçoit qu'au crépuscule. Le corps incliné, presque voûté, la démarche lente et claudicante, il semble traverser le temps sans plus en subir son emprise. Serait-il un séquestré d'un autre genre ? Un détenu condamné à une éternité cyclique, celle de voir les autres naître et mourir sans que cette ultime étape ne lui soit possible ? Et c'est vrai que l'on ne connait pas grand-chose de sa vie ! Pour certains, il serait cet autre du soi dont parlent les poètes lorsqu'ils disent « mon Je est un Autre », pour d'autres, ce serait un diable ou tout du moins un esprit malfaisant venu des profondeurs des temps ou des mythes. Pour d'autres encore ce ne serait que la manifestation d'un trouble cérébral qui affecterait la pensée et perturberait le traitement cognitif des informations. Mais personne ne peut vraiment le décrire dans sa totalité et ceux qu'il a capturé et qui ont réussi à s'échapper de son emprise n'ont que quelques vagues souvenirs, rien de bien clair, comme si leur mémoire leur interdisait l'accès à ces images trop lourdes. Cela dit tous ceux qui l'ont approché, de près ou de loin, s'accordent à dire que sous sa cape le corps semble décharné, comme s'il était carencé ou tellement déshydraté que les tissus de son organisme s'étaient rétrécis, asséchés, moulés sur ces os. Quant à sa capuche qui dissimule en permanence sa tête, elle ne laisse entrevoir que deux cavités vides en guise de regard. Et si son aspect général inquiète, son regard, dit-on, peut être mortel et c'est bien ça qui effraie le plus les hommes, petits ou grands. Recroquevillé au fond de son antre, comme une bête traquée se tapirait dans les recoins les plus obscurs d'une grotte pour mieux se dissimuler et tenter ainsi d'échapper à ses prédateurs, il n'en sort que pour dénicher une nouvelle victime, bien qu'il soit de notoriété publique qu'il les préfère surtout déjà amoindries. Il est plus aisé de s'en prendre à une personne défaillante qu'à une personne vigoureuse ! Pour ça, il est prêt à attendre le temps qu'il faut. Mais dès qu'il a flairé l'accablement et le découragement, il se met en chasse. La traque commence. Le temps joue en sa faveur et, comme ces chiens sauvages qui pourchassent leur proie des heures durant jusqu'à l'hyperthermie et l'essoufflement fatal, l'endurance dont il fait montre est sa principale fortune, son atout maître ! Et il est passé maître dans l'art de cette chasse à l'homme ! Quand sa victime s'est arrêtée, quand elle a cessé de vouloir lui échapper, quand elle a renoncé et qu'elle a abdiqué d'épuisement ; quand ses yeux se colorent du renoncement et qu'ils n'espèrent qu'une chose, qu'enfin survienne le prompt coup de grâce, alors la curée à chaud commence. Et comme le harpon s'enfonce toujours plus profond dans la chair du gibier, notre voleur de sourire s'immisce et se glisse toujours plus avidement dans sa proie. Du tréfonds de ses entrailles jusqu'au goulet de son âme, il se fraie, affamé et surexcité, un passage cruel. Un désir vicieux est accroché à son sourire…comme s'il se sentait enfin pleinement vivre. Et quand il a pris le contrôle total de sa cible, quand elle n'est plus qu'un pantin sans volonté propre, quand elle ne fait plus qu'un, malgré elle, avec son prédateur, alors il la ramène, sans résistances, dans cette « terra incognita » que certains assimilent ordinairement à la dépression. Il faut bien dire qu'à l'observer presque médicalement, le souffre-douleur du voleur de sourire en présente bien des signes. Un masque d'impassibilité a figé ses traits, comme s'ils se retrouvaient paralysés. L'absence de désirs couplé à une incapacité d'action et de mouvement sont palpables dans ses yeux, presqu'aussi sûrement que le tressaillement de la peau sous l'effet d'une caresse offerte en gourmandise.

D'où vient-il ? Il ne le sait pas ou il ne le sait plus. Il y a si longtemps qu'il a fini par l'o... more D'où vient-il ? Il ne le sait pas ou il ne le sait plus. Il y a si longtemps qu'il a fini par l'oublier. Peut-être qu'au commencement il l'avait appris mais maintenant il n'y avait plus accès. Sa mémoire faisait barrage... De vagues pressentiments continuaient pourtant à le titiller mais de loin et par intervalles irréguliers, comme si une mémoire archaïque et transgénérationnelle, bien qu'inaccessible, était encore active dans ses gènes et dans ses circuits de neurones ; comme si le flux et le reflux de ces rêveries échappées de son inconscient continuait à venir s'échouer aux portes de sa vie, à se jouer en cadence et silencieusement de son destin, en maître absolu mais non saisissable. Comme si cette mémoire fragmentée le forçait à répéter inlassablement une petite fugue, une brève composition primaire soigneusement exposée mais jamais développée et sur laquelle tout son lignage s'était fourvoyé en s'efforçant de la minimiser ces derniers cent cinquante mille ans… et peut-être davantage. D'où venait-il ? Avait-il vu le jour près des bords d'un lac de la vallée du grand Rift qu'il avait eu pour jardin, où n'y était-il qu'en transit ? Etait-il issu d'une lignée buissonnante et rampante qui se perdait comme une ombre dans l'aube des temps et qui avait pour racine un hominidé 1 ? Un être suffisamment ressemblant et qui vivait au nord de l'actuel Tchad qui était déjà un désert il y a sept millions d'années ? N'avait-il rien à voir avec l'évolution possible de quelques grands primates différends des pongidés ? Avait-il tout simplement inventé une origine qui le posait, comme on pose un point sur une droite, comme un être créé de toutes pièces et unique en son genre par un dieu qui le destinait à être maître et gardien de tous les autres existants2 ? Venait-il d'ici ou d'ailleurs ? Etait-il singulier ou déjà pluriel ? Avait-il toujours occupé la terre entière ou avait-il été disséminé à sa surface ? S'il s'était répandu sur la terre, pourquoi avait-il quitté son berceau ? Etait-ce suite à quelques bouleversements climatiques comme on le supposerait plus tard ? Etait-ce parce qu'il y était, comme toujours et comme partout, trop à l'étroit ? Ou tout simplement parce qu'il avait déjà épuisé les ressources naturelles de son jardin ? Mais peut-être avait-il fui parce qu'il avait aussi commis l'irréparable en anéantissant sinon un semblable du moins un ressemblant3 ? Que suite à ce crime de sang, cette transgression d'un verrou initial ou originel, celui de l'accession à la part incontrôlable, barbare et perverse de son individualité plurielle, il s'était fait exclure de son groupe d'appartenance parce qu'il était devenu une menace réelle et sérieuse pour les siens ? Peut-être t avait-il aussi dû fuir toujours plus ailleurs pour échapper à la vindicte de la parentèle de sa victime et au contrat qui désormais planait sur sa tête comme une épée de Damoclès ? 1 Sahelanthropus tchadensis, in : http://www.hominides.com/html/ancetres/ancetres-tumai-sahelanthropus-tchadensis.php 2 C'est ainsi que l'on peut comprendre la disposition de l'homme à « dominer » le vivant en se référant au récit de Genèse 1, versets 25 et 26 3 Dans sa conquête du monde, Sapiens at -il purement et simplement anéanti les autres races qu'il a croisé sur sa route, notamment l'homme de Florès ou celui de Neandertal, que ce soit volontairement ou non et dont le récit de la Genèses conserverait la mémoire en les assimilant à la figure d'Abel, ce « frère » assassiné ? Cf. Gen. 4.

Héraclite1 Tôt ce matin du mois d'Âbân2 de la 21 ème année du règne de Darius I er , sur les bord... more Héraclite1 Tôt ce matin du mois d'Âbân2 de la 21 ème année du règne de Darius I er , sur les bords du Caystre3 qui ensable peu à peu l'embouchure du port d'Ephèse, Shadrak, mage et Mégabyze4 de l'Artémison, oint d'huile et habillé d'un vêtement immaculé, est tout entier affairé à lire l'avenir dans les entrailles fumantes d'un cheval blanc. Un cheval blanc car il s'agit de plaire au dieu de la lumière, Ahura Mazdâ 5 , afin qu'il continue à illuminer la satrapie d'Ionie et à favoriser la domination perse dans cette riche cité grecque d'Asie mineure que tout le monde convoite, tant du point de vue de ses produits de luxe tels que l'huile d'olive et l'orfèvrerie, que du point de vue de sa culture et de ses élégantes courtisanes. Les mains ensanglantées qui tiennent le foie tremblent un peu, l'avenir va être dévoilé dans un instant. Mais avant de découper le foie, Shadrak invoque encore une fois Ahura Mazdâ : « Seigneur de la lumière, Seigneur de la divination, je vous dédie ce cheval blanc. Il est pur comme vous l'êtes, il est digne de vous. Voyez, j'ai mis dans sa bouche des copeaux de cèdre pur et de la bonne résine. Ahura Mazdâ venez en ce cheval et à ce que je dis, à ma main levée, à tout ce que je fais, à la demande d'oracle que je vous adresse, qu'il y ait une réponse sans ambiguïté ». Sa prière terminée, Shadrak découpe minutieusement le foie et étale quelques quarante morceaux devant lui. Aidé d'un parchemin représentant le foie divinatoire dans toutes ses subtilités, Shadrak commence son interprétation et note chacune de ses découvertes en la rapportant au catalogue d'interprétation divinatoire. Sur la tête du foie, une croix bien visible perturbe le mage. Aucun doute n'est permis, cela signifie la défaite d'un prince. S'agit-il du tyran Pythagoras6 mis en place par le grand roi Darius, ou s'agit-il de la défaite du système politique mis en place par le grand roi et reposant sur la tyrannie ? Cependant, si la lecture et l'interprétation du foie sont infaillibles, Shadrak a besoin d'une confirmation. Il faut dire que sa crainte d'Ahura Mazdâ est moins flagrante que celle du tyran d'Ephèse qui n'hésite jamais à faire disparaître un opposant à son régime, un courtisan oubliant de vanter ses mérites, un prêtre porteur de messages divins contraires à ses ambitions… Alors il plonge ses mains dans l'abdomen de l'animal et en ressort les intestins. Posé devant lui, il les observe. Pas de doute, non seulement l'intérieur de l'intestin, à droite, offre des fissures…la discorde est inévitable, 1 1 Le but de cette histoire est de comprendre comment Héraclite en est arrivé à penser et affirmer que « le conflit est père de toutes choses ». Je suis parti de l'idée suivante : c'est dans le contexte de crises croisées qu'il en arrive à penser le changement comme relevant d'une alternance incessante des contraires. Que ce soit face aux tyrans puis aux Démocrates, aux mages ou à l'inconstance du peuple, Héraclite se heurte à l'inconstance de l'homme. Mais son analyse ne s'appuie pas seulement sur une approche psychologique, elle se fonde aussi sur la nature et ses lois. Contrairement aux autres présocratiques, pour Héraclite le changement n'est pas le passage d'une chose à l'autre, où la crise constituerait l'élément de bascule d'un état à l'autre. Pour Héraclite, l'opposition permanente des contraires constitue la réalité d'une chose, l'essence de chaque chose. Sans cette opposition essentielle rien ne pourrait arriver de nouveau. 2 Soit l'équivalent du mois de novembre 501 av. JC selon le calendrier perse. 3 Le Caystre est le grand fleuve anatolien qui prend sa source dans le mont Tmole et se jette dans la mer Egée 114 km plus tard. Dans l'antiquité, le Caystre était vénéré comme le « dieu fleuve ». 4 Titre donné au plus haut personnage de la communauté des mages de l'Artémison d'Ephèse. 5 Le Zoroastrisme ou mazdéisme est la religion officielle de l'empire Perse dont la l'Ionie est une satrapie. Ahura Mazdâ, fondateur du mazdéisme, est appelé le lumineux. 6 Le tyran prend illégalement le pouvoir et le conserve au mépris des lois. Il instaure un règne de terreur. On dirait aujourd'hui que le tyran est un dictateur.
C'est une légende ancienne qui se perd dans les brumes de l'Europe centrale, au coeur de l'ancien... more C'est une légende ancienne qui se perd dans les brumes de l'Europe centrale, au coeur de l'ancien Royaume de Bohême. C'est une légende ancienne qui connait différents dénouements. En voici un, qui à sa manière reprend quelques personnages centraux, des monuments, des faits et des éléments historiques. Comme toutes les légendes, elle dépasse le cadre stricte de la fiction simple et merveilleuse pour mettre en scène l'un ou l'autre trait de caractère, l'un ou l'autre comportement significatif de l'humain. En racontant une aventure exceptionnelle, la légende poursuit deux directions. Elle revisite le passé pour entretenir une mémoire collective et servir de rappel de situations particulières ou des voies sans issues. Elle explore le champ des possibles selon un ordre transformant qu'elle élabore dans son récit.
Drafts by yves KLOPFENSTEIN

L'identité, une si vaste énigme que l'on s'y noierait. C'est une question que l'on ne se pose peu... more L'identité, une si vaste énigme que l'on s'y noierait. C'est une question que l'on ne se pose peut-être qu'avec le temps. On en prend parfois conscience, des fois on l'observe ou elle se remarque dans la durée. Et plus on la relie au temps et plus elle prend de l'espace. Et puis dans cet espace-temps on s'imagine qu'elle va s'ancrer toujours un peu plus et se révéler au monde en s'affirmant dans une sereine stabilité, comme quelque chose qui coule de source, comme une évidence. Et dans un possible inventaire de l'identité, différentes disciplines y apportent un regard croisé comme s'il s'agissait d'un objet de la phénoménologie appelé à subir une variation eidétique. L'identité, nous dit-on, est reliée à un patrimoine génétique avant d'être le fruit d'une mémoire implicite et explicite, d'un territoire, d'une époque et d'une société, et j'en passe. Et dans ce tableau d'une exposition par accumulation rotative et linéaire, on pourrait vite avoir l'impression que la question de l'identité est un fil d'Ariane qu'il suffit de dévider ou de rembobiner. Tout paraît évident, il suffit de se fier aux discours scientifiques car ils ont une crédibilité et une légitimité qui les placent au-dessus de tout soupçon. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes scientifiques possibles, sauf que ce meilleur des mondes n'est pas celui de notre rêverie puisqu'au coeur de l'exposé rationnel touchant à notre patrimoine génétique se cache un inconnu, celui-là même qui introduit une variable liée au hasard des circonstances qui peuvent être épigénétiques et modifier transitoirement ou durablement la donne, perturber les informations cellulaires et passer à la descendance. Et là l'identité que l'on croyait solide, se liquéfie et se brise en gouttelettes fines et mobiles qui dansent sur les stabilités trop simples ou trop faciles du manège d'un je sais qui je suis, quand bien même mon « je » serait un autre. Est-ce à penser que l'identité est un piège mortel et sans fond pour qui s'y penche ? A trop s'y regarder comme dans un miroir, se condamne-ton à s'y perdre ou à ne s'y trouver qu'en solitude ? Est-ce que l'identité, loin d'être unifiée, ne ressemblerait-elle pas plutôt à un chapelet d'îlots séparés dans une mer de phénomènes épigénétiques ou chaotiques ? Resterait ainsi à savoir s'il existe une carte, un peu comme les cartes maritimes, permettant de relier et d'atteindre ces territoires de l'identité que rien, a priori, ne relie avec certitude. Pour essayer de trouver des éléments de réponses à mes questions, je me suis simplifié la tâche en faisant appel aux mythes et plus particulièrement à celui de Narcisse. L'avantage c'est que tout le monde connaît l'histoire de cet homme qui n'aimait que lui. Peut-être que le relisant des contenus feraient écho à mes préoccupations du moment. Je savais bien que je prenais un risque, celui de tordre le mythe pour le faire correspondre à mes attentes à moins que, sourd au texte, je ne prête attention qu'à ces échos répétés qui, martelant ma raison, ne manqueraient de m'éloigner du poème et de structure narrative. Il fallait donc que j'arrive à me détacher d'une logique trop linéaire sans la perdre de vue tout en me laisser guider par mes sensations, par une réalité augmentée portée par la rêverie et la mémoire. Ai-je réussi ? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre c'est que mes propos se veulent être une invitation au voyage. Il est temps d'embarquer pour cette destination imprécise, là-bas, quelque part dans cet océan de hasard ou d'absurde.
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