Articles by Mischa S . Piraud
Lusotopie, 2023
Recherches politiques internationales sur les espaces issus de l'histoire et de la colonisation p... more Recherches politiques internationales sur les espaces issus de l'histoire et de la colonisation portugaises XXII(1) | 2023 Circulações e ressignificações internacionais dos trabalhos, métodos e práticas de Paulo Freire Réinventer la pédagogie des opprimé•e•x•s pour développer une approche dialogique de l'art contemporain Reinventar a pedagogia do oprimido para desenvolver uma perspectiva dialógica na arte contemporânea Reimagining the education of the oppressed to develop a dialogical approach to contemporary art

Anthropologica, 2023
Les discours de QAnon et les spiritualités New Age font l'objet d'articulations renouvelées. Une ... more Les discours de QAnon et les spiritualités New Age font l'objet d'articulations renouvelées. Une recherche qualitative débutée en 2020 par le Centre intercantonal d'information sur les croyances (CIC) à Genève (Suisse) propose, à travers une « cyber-ethnographie », une analyse systématique de plus de 60 vidéos en ligne et d'espaces interactifs relayant des discours QAnon, entre 2020 et 2023. L'étude soulève les spécificités de la réception suisse des thèses de QAnon en contexte pandémique (COVID-19), ainsi que les formes d'hybridation qui en émanent. S'appuyant sur la notion de conspiritualité, l'article montre que dans le contexte de la crise de COVID-19, les théories de QAnon, initialement cantonnées à la sphère politique américaine, ont amplifié leur audience bien au-delà du public initial. On observe ainsi une politisation de certains acteurs et actrices proches du milieu holistique, et inversement, à une édulcoration des thèses QAnon au sein d'une narration millénariste de type New Age. Cette rencontre a priori inattendue entre QAnon et le milieu holistico-spirituel suisse « QAnon pastel » ou la surprenante convergence 1 Anthropologica 65.1 (2023) est finalement discutée à travers trois axes : 1) le lien historique entre les religiosités parallèles et la droite radicale ; 2) le tournant individualiste radical au sein des réseaux New Age actuels ; et 3) l'idéologie naturaliste propre au milieu holistique.

Cultural Policy Yearbook 2020-2021, 2023
In the transformations of the capitalist city, the
whereabouts of the spatial and political insti... more In the transformations of the capitalist city, the
whereabouts of the spatial and political institutionalization
of former squats and other sites of what has
been coined “alternative culture” (Pattaroni and Piraud,
2020) appears as a heuristic analytical entry
(Pruijt, 2003; Martinez, 2014). It reveals, among
other, the contradictions pervading the encounter
between critical practices, cultural and urban policies
and more broadly, the commodification of urban environments.
Despite their critical heritage (Allavena,
2020), institutionalized alternative cultural centers
are now part of the ordinary landscapes of European
cities, praised by the ideologues of the “Creative
City” (Keil et Boudreau, 2010) as an expression of
the creative vivacity of cities and their “street level
culture” (Florida, 2004, p. 122). Nested mostly in
former industrial wastelands (Andres and Gresillon,
2011), they have become obligatory stops on tourist
routes as an original and legitimized change of scenery
alongside heritage castles, picturesque alleys and
contemporary art museums. The insertion of such
spaces, heirs of the counter-cultures of the 1960s and
1970s, into the landscape and economic order of the
contemporary city was made possible by a slow “domestication”
process of their subversive potential regarding
the political and spatial established order
(Pattaroni, 2020). In this article, we propose to revisit
this process of domestication, which not only
contributed to neutralize the critical character of
their aesthetics and socio-spatial organization but also
to fully integrate them into the public and private
financialization of urban production.
Swiss Journal of Sociology, 2022
À partir d’une enquête de terrain sur les conflits ayant entouré l’extension de l’École Hôtelière... more À partir d’une enquête de terrain sur les conflits ayant entouré l’extension de l’École Hôtelière de Lausanne, ce texte revient sur la production de l’espace public. Ces controverses permettent de comprendre le processus de production de l’espace périurbain à l’aune des aspirations résidentielles et des dispositifs de négociation. Cette enquête permet de penser
l’articulation des deux formes de l’espace public – comme publicité et ensemble de lieux accessibles librement – et les questions de démocraties locales qui y sont associées.
Studia Philosophica - Revue suisse de philosophie, 2020

ISSR Working paper, 2021
Cet article problématise la proximité ou le lien récent entre QAnon et le New Age dans le context... more Cet article problématise la proximité ou le lien récent entre QAnon et le New Age dans le contexte de sa réception en Suisse. Apparu en 2017 aux États-Unis, QAnon désigne une constellation de thèses défendues par un mouvement non structuré aux contours flous, voyant le monde comme une vaste accumulation de conspirations à dévoiler. Si ces thèses étaient initialement cantonnées à la sphère politique des États-Unis, la crise sanitaire Covid-19 aura amplifié leur horizon de diffusion bien au-delà de son public originel. Dans cet article, nous présentonsles thèses de QAnon et leur structure générale. Nous discutons ensuite, plus en détails de la spécificité helvétique des relais des thèses QAnon en explorant deux champs théoriques: celui des «théories du complot» et celui des «Nouveaux Mouvements Religieux» (NMRs). Nous exposons enfin, notre recherche en ligne sur les discours des principaux acteurs suisses qui diffusent les thèses QAnon.

ACME - An International Journal for Critical Geographies, 2019
In 2014, the City of Geneva unveiled Frankie a.k.a. The Creature of Doctor Frankenstein in a larg... more In 2014, the City of Geneva unveiled Frankie a.k.a. The Creature of Doctor Frankenstein in a large square in the city center. This bronze sculpture — inaugurated in time for the 200th anniversary of Shelley's novel, written in Geneva — is the work of KLAT, a group of artists originally involved in the squat scene. Conceived as a contemporary metaphor for marginality, the sculpture is intended to be a critique of an urban order that excludes, relegates, and invisibilizes.
In this paper, we examine the production process of this contemporary version of Frankenstein's creature. The ambiguity of the punk rereading, in bronze, without a pedestal, of a romantic figure, reveals more broadly the complexity of the contemporary spatial condition of art. By examining the process of commissioning, and the administrative discussion about the location between different city departments, and with the artists, we address several spatial issues in contemporary art. Analyze of the discussions reveals different interpretations of the work, its literary background and its urban environment. This reciprocal construction of a sense of the statue and its place allows us to think about what constitutes the relationship between art and its context. More broadly, this case questions the conditions for a critique of urban order through public art.
Interventions économiques / , 2017
L’ordre urbain s’est fabriqué une nouvelle grammaire. Au sens littéral, les théories de la classe... more L’ordre urbain s’est fabriqué une nouvelle grammaire. Au sens littéral, les théories de la classe créative, de l’économie créative et de la ville créative fonctionnent comme appareil à la fois descriptif et prescriptif. Ces théories ont le mérite de porter attention à l’utilité de la culture dans la production urbaine. Elles n’en véhiculent pas moins une version de la créativité confinée à une dimension économiquement productive, évacuant d’autres définitions possibles de la créativité. Cet article propose une analyse croisée des thèses de Richard Florida (analyse de contenu) et de leur réception à Genève (observation directe et participante). En examinant les politiques inspirées par ce corpus théorique, nous verrons que ce travail de réduction de la créativité à une productivité va avoir des effets de mobilisation inédits des forces productives.
Texte rédigé pour la Biennale des espaces d'arts indépendants de Genève (BIG)

Ces dernières décennies ont été marquées par une métamorphose des processus de production de la v... more Ces dernières décennies ont été marquées par une métamorphose des processus de production de la ville, induite à la fois par les transformations du capitalisme et des formes de gouvernement. En particulier, la financiarisation du capitalisme (Halpern et Pollard 2013) associée à un "gouvernement par l'objectif" (Thévenot 2012) ont contribué à l'avènement d'une « ville garantie » caractérisée par la multiplication des expertises et des indicateurs censés assurer les qualités qui la rendront internationalement attractive et compétitive (Breviglieri 2013). Un des domaines où se joue cette métamorphose est celui de la culture et plus largement des activités dites créatives. Comme en atteste la pugnacité de l'idéologie de la ville créative (Keil and Boudreau 2010), ces activités sont passées en quelques décennies des marges (externalités) du système économique -où elles figuraient comme « exception culturelle » -au coeur des modèles de développement urbain. En nous appuyant sur une enquête en cours à Genève et Lisbonne, nous défendons ici l'idée que ce renversement s'accompagne d'une transformation en profondeur des rapports entre l'art, la ville et le capitalisme qui demande pour être décrit et analysé une confrontation et une fertilisation mutuelle entre les outils de la théorie de l'art et de la sociolgie urbaine. En effet, l'enquête montre que les mondes de l'art dépendent de manière beaucoup plus systématique qu'envisagé jusqu'à présent des conditions plus larges de production contemporaine de l'espace. Ainsi, les concepts forgés jusqu'à présent pour décrire l'intrication de l'art et de la société ne semblent pas en mesure de rendre compte des métamorphoses des modes de production de la ville et de l'impact réciproque sur l'évolution de la place et du sens des activités artistiques dans l'ordre urbain et, plus largement, du caractère fondamentalement politique de l'art. Pour avancer dans la compréhension de ces phénomènes, nous proposons ici une discussion des outils d'analyse de la relation politique et spatiale de l'art à l'ordre urbain, s'élevant sur une nécessaire description empirique des conditions contemporaines de production de l'artentendue ici comme création et diffusion. Il ne s'agit toutefois pas de faire table rase du travail analytique antérieur. En particulier, nous prolongeons théoriquement l'idée de monde, dont le

in Soares P., Simoes D. (ed.), Lisbon Street Art and Urban Creativity., 2014
The category of “creative city” is far from neutral. Indeed, it can be linked to very contrasted ... more The category of “creative city” is far from neutral. Indeed, it can be linked to very contrasted – and even opposed – practices and urban worlds. In order to grasp those differences, we need to take a closer look at what is entailed in the concepts of “creativity” and “art”, analysing in particular their political dimension. In this paper we defend the idea that it is the ambiguous polysemy of the notion of creativity – especially under the influence of the work of Florida (2002, 2012) – that is the cause of many problems in the contemporary analysis of urban dynamics. Among other, contemporary conceptions of creativity tend to underestimate its potentially subversive dimension in order to accentuate its compatibility with economic imperatives. A striking illustration
of this "creativity without critique" is given by the aesthetic register of the « alternative culture » – characterized by recycling practices, urban wastelands – which nowadays tends to become devoid of its political implication and be used as a commercial niche (a process we call « aesthetization »). To illustrate this question, we analyse various examples found in cultural places in Lisbon, Geneva and Ljubljana.

The category of “creative city” is far from neutral. Indeed, it can be linked to very contrasted ... more The category of “creative city” is far from neutral. Indeed, it can be linked to very contrasted – and even opposed – practices and urban worlds. In order to grasp those differences, we need to take a closer look at what is entailed in the concepts of “creativity” and “art”, analysing in particular their political dimension. In this paper we defend the idea that it is the ambiguous polysemy of the notion of creativity – especially under the influence of the work of Florida (2002, 2012) – that is the cause of many problems in the contemporary analysis of urban dynamics. Among other, contemporary conceptions of creativity tend to underestimate its potentially subversive imension in order to accentuate its compatibility with economic imperatives. A striking illustration of this "creativity without critique" is given by the aesthetic register of the «alternative culture» – characterized by recycling practices, urban wastelands – which nowadays tends to become devoid of its political implication and be used as a commercial niche (a process we call « aesthetization »). To illustrate this question, we analyse various examples found in cultural places in Lisbon, Geneva and Ljubljana.
Book chapters by Mischa S . Piraud

La contre-culture domestiquée : art, espace et politique dans la ville gentrifiée, 2020
Un spectre hante Genève: sa culture alternative et ses espaces de liberté. Sa vie culturelle est ... more Un spectre hante Genève: sa culture alternative et ses espaces de liberté. Sa vie culturelle est traversée de part en part par une mise en récit de sa culture alternative et de la mémoire d’un désormais mythique Mouvement Squat. Et l’association de ces deux éléments, fortement entremêlés, participe de sa production urbaine. Sa culture alternative est vantée dans le Guide du Routard1, les blogs de « life style » et les magazines des compagnies d’aviation, tandis que ses squats (et leur évacuation à la fin des années 2000) servent de repoussoirs ou de modèles lors de débats parlementaires.
La ville en conserve ainsi les traces multiples à la fois dans son cadre bâti,
ses institutions et la mémoire des habitants. Dès lors, l’examen des transformations des politiques culturelles genevoises ne s’éclaire que si l’on prend en compte l’invention de cette culture alternative à travers l’histoire des mobilisations pour l’ouverture de lieux culturels. En effet, dès la fin des années 1960, la politisation des questions culturelles, sous le terme générique et aux contours flous de « contre-culture », s’est. jouée à travers une succession de mobilisations visant l’accès à des espaces de création et de diffusion. La contre-culture a ainsi joué un rôle central dans les luttes urbaines, transformant comme nous allons l’examiner dans ce chapitre et le suivant, les questions culturelles en questions politiques et spatiales.

La contre-culture domestiquée : art, espace et politique dans la ville gentrifiée, 2020
Les années 1980 ont été à Genève, comme dans une bonne partie de l'Europe, le moment de cristalli... more Les années 1980 ont été à Genève, comme dans une bonne partie de l'Europe, le moment de cristallisation et d'institutionnalisation de la « culture alternative », celle-ci devenant à la fois un motif de ralliement des militants et un « label » politique lui conférant une visibilité et une légitimité (en particulier financière). Cette cris-tallisation s'opère sur quatre plans au moins: 1) la reconnaissance parlementaire des besoins spécifiques de la « culture alternative »; 2) la médiatisation d'une scène « culturelle alternative » par la presse; 3) l'institutionnalisation des associations porteuses des expressions artistiques de la contre-culture; 4) la consolidation et la démultiplication des lieux et des évènements qui leur sont dédiés. En arrière-plan de cette reconnaissance, il faut rappeler le durcissement qui s'opère en Suisse au début des années 1980, dans les mobilisations liées aux revendi-cations d'espaces pour la culture alternative et plus largement pour la jeunesse. De fait, comme le fait remarquer un reportage de l'époque A 1 , la réclamation est la même depuis la fin des années 1960: il s'agit pour la jeunesse d'obtenir des espaces autonomes. Ainsi, en 1980, les villes de Lausanne et surtout Zürich A sont la scène, rare à l'époque en Suisse, d'affrontements violents entre jeunes et forces de l'ordre (barricades, feux, gaz lacrymogènes) 2 , portés respectivement par les mouvements Lozan Bouge et Züri Brännt, qui réclament des espaces autogérés et critiquent plus largement le manque de reconnaissance des expressions cultu-relles de la jeunesse (rock, punk, etc.). Les revendications spatiales sont là aussi au coeur des mobilisations.
La contre-culture domestiquée. Art, espace et politique dans la ville gentrifiée (dir. L. Pattaroni), 2020
La contre-culture domestiquée. Art, espace et politique dans la ville gentrifiée (dir. L. Pattaroni), 2020
La contre-culture domestiquée. Art, espace et politique dans la ville gentrifiée (dir. L. Pattaroni), 2020

Does public art (still) have subversive power in the context of Western post-Fordist capitalism? ... more Does public art (still) have subversive power in the context of Western post-Fordist capitalism? As has already been demonstrated, the emergence of a cognitive capitalism is closely linked to the integration within the market system of the claim for autonomy and self-management, the quest for originality and even the aesthetic of the critical movements of the 1960's and 1970's. This process resulted in a partial neutralization of the subversive dimension of art, which used to be at the core of the counterculture. In order to understand the relation between art and critique, our study aims to analyze the historical evolution and differentiation of the regimes of production of public art. Formerly a State prerogative, public art developed its critical potential with the emergence of non-commissioned interventions in the public space. Enacting the shift to cognitive capitalism and creative city policies, public art programs resort now to methods and aesthetics of grassroots movements, this time without any critical discourse. The analysis is based on an ongoing ethnographical and historical research on various examples of public art commands in Switzerland that question the integration of the public in the selection process and entail the recuperation of practices that were primarily bound to anti-establishment movements. Observing the way public art is produced, we interrogate the very possibility for artists to remain critical when the main concerns of the institutions are to avoid public controversies and to secure funding. With its conceptual and empirical approach, this study takes part to a wider academic debate on the role of art, activism, and the urban space.
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Articles by Mischa S . Piraud
whereabouts of the spatial and political institutionalization
of former squats and other sites of what has
been coined “alternative culture” (Pattaroni and Piraud,
2020) appears as a heuristic analytical entry
(Pruijt, 2003; Martinez, 2014). It reveals, among
other, the contradictions pervading the encounter
between critical practices, cultural and urban policies
and more broadly, the commodification of urban environments.
Despite their critical heritage (Allavena,
2020), institutionalized alternative cultural centers
are now part of the ordinary landscapes of European
cities, praised by the ideologues of the “Creative
City” (Keil et Boudreau, 2010) as an expression of
the creative vivacity of cities and their “street level
culture” (Florida, 2004, p. 122). Nested mostly in
former industrial wastelands (Andres and Gresillon,
2011), they have become obligatory stops on tourist
routes as an original and legitimized change of scenery
alongside heritage castles, picturesque alleys and
contemporary art museums. The insertion of such
spaces, heirs of the counter-cultures of the 1960s and
1970s, into the landscape and economic order of the
contemporary city was made possible by a slow “domestication”
process of their subversive potential regarding
the political and spatial established order
(Pattaroni, 2020). In this article, we propose to revisit
this process of domestication, which not only
contributed to neutralize the critical character of
their aesthetics and socio-spatial organization but also
to fully integrate them into the public and private
financialization of urban production.
l’articulation des deux formes de l’espace public – comme publicité et ensemble de lieux accessibles librement – et les questions de démocraties locales qui y sont associées.
In this paper, we examine the production process of this contemporary version of Frankenstein's creature. The ambiguity of the punk rereading, in bronze, without a pedestal, of a romantic figure, reveals more broadly the complexity of the contemporary spatial condition of art. By examining the process of commissioning, and the administrative discussion about the location between different city departments, and with the artists, we address several spatial issues in contemporary art. Analyze of the discussions reveals different interpretations of the work, its literary background and its urban environment. This reciprocal construction of a sense of the statue and its place allows us to think about what constitutes the relationship between art and its context. More broadly, this case questions the conditions for a critique of urban order through public art.
of this "creativity without critique" is given by the aesthetic register of the « alternative culture » – characterized by recycling practices, urban wastelands – which nowadays tends to become devoid of its political implication and be used as a commercial niche (a process we call « aesthetization »). To illustrate this question, we analyse various examples found in cultural places in Lisbon, Geneva and Ljubljana.
Book chapters by Mischa S . Piraud
La ville en conserve ainsi les traces multiples à la fois dans son cadre bâti,
ses institutions et la mémoire des habitants. Dès lors, l’examen des transformations des politiques culturelles genevoises ne s’éclaire que si l’on prend en compte l’invention de cette culture alternative à travers l’histoire des mobilisations pour l’ouverture de lieux culturels. En effet, dès la fin des années 1960, la politisation des questions culturelles, sous le terme générique et aux contours flous de « contre-culture », s’est. jouée à travers une succession de mobilisations visant l’accès à des espaces de création et de diffusion. La contre-culture a ainsi joué un rôle central dans les luttes urbaines, transformant comme nous allons l’examiner dans ce chapitre et le suivant, les questions culturelles en questions politiques et spatiales.
whereabouts of the spatial and political institutionalization
of former squats and other sites of what has
been coined “alternative culture” (Pattaroni and Piraud,
2020) appears as a heuristic analytical entry
(Pruijt, 2003; Martinez, 2014). It reveals, among
other, the contradictions pervading the encounter
between critical practices, cultural and urban policies
and more broadly, the commodification of urban environments.
Despite their critical heritage (Allavena,
2020), institutionalized alternative cultural centers
are now part of the ordinary landscapes of European
cities, praised by the ideologues of the “Creative
City” (Keil et Boudreau, 2010) as an expression of
the creative vivacity of cities and their “street level
culture” (Florida, 2004, p. 122). Nested mostly in
former industrial wastelands (Andres and Gresillon,
2011), they have become obligatory stops on tourist
routes as an original and legitimized change of scenery
alongside heritage castles, picturesque alleys and
contemporary art museums. The insertion of such
spaces, heirs of the counter-cultures of the 1960s and
1970s, into the landscape and economic order of the
contemporary city was made possible by a slow “domestication”
process of their subversive potential regarding
the political and spatial established order
(Pattaroni, 2020). In this article, we propose to revisit
this process of domestication, which not only
contributed to neutralize the critical character of
their aesthetics and socio-spatial organization but also
to fully integrate them into the public and private
financialization of urban production.
l’articulation des deux formes de l’espace public – comme publicité et ensemble de lieux accessibles librement – et les questions de démocraties locales qui y sont associées.
In this paper, we examine the production process of this contemporary version of Frankenstein's creature. The ambiguity of the punk rereading, in bronze, without a pedestal, of a romantic figure, reveals more broadly the complexity of the contemporary spatial condition of art. By examining the process of commissioning, and the administrative discussion about the location between different city departments, and with the artists, we address several spatial issues in contemporary art. Analyze of the discussions reveals different interpretations of the work, its literary background and its urban environment. This reciprocal construction of a sense of the statue and its place allows us to think about what constitutes the relationship between art and its context. More broadly, this case questions the conditions for a critique of urban order through public art.
of this "creativity without critique" is given by the aesthetic register of the « alternative culture » – characterized by recycling practices, urban wastelands – which nowadays tends to become devoid of its political implication and be used as a commercial niche (a process we call « aesthetization »). To illustrate this question, we analyse various examples found in cultural places in Lisbon, Geneva and Ljubljana.
La ville en conserve ainsi les traces multiples à la fois dans son cadre bâti,
ses institutions et la mémoire des habitants. Dès lors, l’examen des transformations des politiques culturelles genevoises ne s’éclaire que si l’on prend en compte l’invention de cette culture alternative à travers l’histoire des mobilisations pour l’ouverture de lieux culturels. En effet, dès la fin des années 1960, la politisation des questions culturelles, sous le terme générique et aux contours flous de « contre-culture », s’est. jouée à travers une succession de mobilisations visant l’accès à des espaces de création et de diffusion. La contre-culture a ainsi joué un rôle central dans les luttes urbaines, transformant comme nous allons l’examiner dans ce chapitre et le suivant, les questions culturelles en questions politiques et spatiales.
Avec les contributions de Cristina Bianchetti et Marc Breviglieri."
Longtemps moteurs de la contestation des modèles de développement urbain et foyer d’expérimentations artistiques, les milieux de la culture alternative sont aujourd’hui amplement intégrés aux formes contemporaines de production de la ville. Examiner la genèse et les enjeux contemporains de ce renversement permet de comprendre les ambiguïtés propres aux villes européennes qui voient les derniers espaces de liberté et de créativité disparaître à mesure que progresse la gentrification.
Pour étudier cette institutionnalisation des contre-cultures, l’ouvrage s’appuie sur une série d’études de terrain à Genève, Lisbonne et Ljubljana qui met en lumière un nouveau régime de «post contre-culture», dans lequel questions urbaines et culturelles sont désormais indissociables.
La contre-culture domestiquée propose ainsi un regard inédit sur les métamorphoses spatiales et politiques des villes européennes et interroge en particulier l’aporie de la «ville créative» qui proclame la réconciliation entre la culture et l’économie, alors même qu’elle exclut physiquement les franges les plus marginales et radicales des mondes de l’art et de la société civile.
Textes de Leticia Carmo, Guillaume Drevon, Thierry Maeder, Luca Pattaroni, Yves Pedrazzini, Mischa Piraud et Emmanuel Ravalet.