Papers by mireille ruppli
Savoirs en prisme, Sep 1, 2016

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2016
Cette revue est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons attribution / ... more Cette revue est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons attribution / pas d'utilisation commerciale / partage dans les mêmes conditions 4.0 international ÉPURE -Éditions et presses universitaires de Reims Bibliothèque Robert de Sorbon Avenue François-Mauriac, CS40019, 51726 Reims Cedex www.univ-reims.fr/epure Sommaire Les espaces du malentendu 4 9. Cristina Del Biaggio, « À force de mal dire, le public va forcément mal entendre ! Sur l'utilisation rhétorique des termes "afflux" et "invasion" d' exilés pour justifier la gestion en urgence de leur hébergement en Suisse » 10. « Hassiba Chaibi, La médiatisation du malentendu sur la polygamie en Algérie » Le malentendu fondateur 11. Brigitte Donnet-Guez, « Le malentendu. Nouvelle approche psychanalytique du mythe de Caïn et Abel » 12. Laurent Muller, « Les heuristiques paradoxales du malentendu » 13. Emmanuel Martin, « Le malentendu, une indécidabilité nécessaire » Biographies des auteurs Varia 14. Céline Rolland Nabuco, « Esthétique du double et regard prédateur dans La Caza de Carlos Saura (1966) et The Deer Hunter de Michael Cimino (1978) » 15. Françoise Heitz, « Fenêtre sur le festival de Biarritz » Comptes rendus 16. Catherine Chauche, John Wylie, Paysage, manières de voir 17. Françoise Heitz, Loreak (2014) : Un espace inédit de « malentendu » au cinéma 18. Machteld Meulleman, De l'idéologie monolingue à la doxa plurilingue : regards pluridisciplinaires, dirigé par Hervé Adami et Virginie André 19. Frédéric Gugelot, La politisation du religieux en modernité, dirigé par Nathalie Caron et Guillaume Marche 20. Rodrigo Nabuco, À ciel ouvert. Cultures politiques sur les murs de Montevideo, de Ariela Epstein Florence Dumora et Mireille Ruppli Les espaces du malentendu 6 Cette prééminence de la langue dans les actes sociaux, collectifs ou individuels, fonde notre confiance en sa capacité -partant en notre capacitéd' émettre et de transmettre le sens, ou les sens, que nous avons voulu ou cru « encoder ». Ainsi le rapport du locuteur au sens des mots qu'il emploie est d'abord subjectif. Cet effort, subjectif, de construire et transmettre du sens, est en outre orienté et façonné par notre expérience antérieure, ou encore notre crainte, de l'incompréhension, de la faillite du message, d'un possible malentendu : la conscience de l'autre est, de la sorte, partie prenante de notre propre parole. Tout propos, dit ou écrit, fait ainsi surgir l'altérité, un espace perçu comme extérieur par le sujet parlant ou écrivant, en société ou seul, espace de travail du sens, d'interprétation, dont ledit sujet n'a pas toujours l' entier contrôle. Alors, le malentendu a lieu. Or s'il relève souvent d'un constat dans l'après-coup plus ou moins immédiat qui l' entérine en le nommant, et permet une solution ou un éclaircissement instantané, il peut prendre aussi des formes plus complexes, se développer dans le temps et imprégner une culture ; sa source est alors plus difficile à définir et ses composantes, plus ardues à identifier. La communication institue donc un espace d' entente autant que de malentendu : la langue est fondamentalement polysémique, les intentions du locuteur, dans l' échange, plus ou moins claires ; ainsi, la réception ne saurait correspondre à un simple décodage linguistique du message, qui intègre nécessairement d'autres composantes, vocales, gestuelles, et plus largement, physiques. De soi à l'autre, s'immisce un espace, une distance, dans ce flou émotionnel où le signe, subjectivement, signifie, ou manque à signifier. Dès lors, « le bain mutuel du malentendu », selon l' expression de G. Molinié (2003, 184) 2 , tient à ce que « le contenu du message, sa teneur, la portée effective de l'acte vécu du langage et les conditions réciproques de l'interaction » constituent trois niveaux perméables de développement du malentendu. Nos sociétés contemporaines, tout comme leur formes d'appréhension par la pensée universitaire, semblent gouvernées par un « préjugé positif de l' échange, de la circulation » (Haupt, 2011) et de la compréhension. Mais on peut estimer que l' élaboration des savoirs, les constructions culturelles, n' échappent pas au phénomène du malentendu qu'il se produise à leur insu ou plus ou moins sciemment, ce qui ne les empêche pas de se réaliser : preuve que le malentendu est métabolisable, devenant l' objet d'une transformation fonctionnelle par l' organe récepteur. « Ce n' est pas la moindre ironie de la condition humaine qu'il puisse y avoir un bon usage de cette mésintelligence si bien entendue » (V. Jankélévitch, 1980). C' est pourquoi, tenter de saisir, de définir, de préciser, le phénomène du malentendu requiert de prêter attention à l' espace. En effet, non seulement il y a des espaces où le malentendu se déploie, se repère et s' observe, mais le malentendu lui-même aide à percevoir l' espace. Identifier le processus d'altération des idées, des messages, c' est étudier leur parcours d'un destinateur à un destina-2 Georges Molinié, « Malentendu et jugement doxique », Le malentendu. Généalogie du geste herméneutique, B. Clément et M. Escola (dir.), Presses Universitaires de Vincennes, 2003, p. 183-189. L' écart résulte à la fois de la démarche du locuteur dans sa quête du mot juste, de sa croyance ou de son espoir qu'il existe, de la difficulté à dire et de sa rencontre avec la langue et les représentations de l'autre. Malgré cet écart ou espace, source possible des malentendus, le dire est dit, et le message prend son sens dans ces limites mêmes. L' évolution même des langues peut engendrer une autre forme d' écart, comme le montre Jonathan Teschner dans son étude de l'Essai sur l' origine des langues. Selon l'auteur, le malentendu est, pour Rousseau, une figure du sens, en tant qu'il interroge les impossibilités de la langue conceptuelle. L' évolution des langues, devenues plus abstraites, plus éloignées des passions humaines, empêcherait ainsi l'individu de s' exprimer dans sa vérité passionnelle (affective). La vérité première des langues serait alors à retrouver dans les tropes, la voix, le geste qui permettent une communication plus directe ou plus juste. Pour Rousseau, en effet, la recherche de l' origine des langues consiste à retrouver cette coïncidence avec soi-même et avec les autres dans l' expression de la passion. Florence Dumora et Mireille Ruppli Les espaces du malentendu 10 des codes traditionnels n' est autre que l' espace de liberté littéraire que l'auteur s' octroie, jouant du malentendu qui s'y produit. Bèze, en pleine Renaissance contre-réformiste, affirme ainsi son propre critère esthétique littéraire, au-delà d'un détournement érotique de genres cultivés à l' époque. La communication entre auteur et lecteur est alors appréhendée comme une « épreuve » qui, finalement, aboutit à une connivence véritable. Enfin, Cécile Mauré montre les fécondités du malentendu tel qu'il est rendu possible par l' écho, phénomène acoustique, à la fois répétition et altération, écart créateur d'un autre sens possible, allégorisé par le mythe éponyme. L'auteure présente tout d'abord le mythe d'Écho qui, partant d'un quiproquo sonore et verbal, est fondé sur un malentendu et pose ainsi la question fondamentale de la communication et de son dévoiement. Elle analyse ensuite la représentation de ce phénomène sonore devenu procédé littéraire à la fois phonique, sémantique et lyrico-tragique dans la littérature anglaise du xvi e siècle (Chaucer, Sidney, Shakespeare). Les exemples tirés d' oeuvres lyriques ou dramaturgiques illustrent les manières dont les sons diffractés font éclater la signification des mots, ouvrant la voie à toutes sortes de distorsions de sens et de ton, propres à engendrer le malentendu comme ressort dramatique. Le troisième volet de ce volume présente deux études, une enquête et un témoignage qui mettent en lumière l'impact social et /ou politique d'une idéologie ou d'une construction conceptuelle et discursive (politique, religieuse) dans diverses aires géographiques. S'appuyant sur une enquête concernant la réception du social-libéralisme britannique par le parti socialiste français, entre 1994 et 2015, Thibaut Rioufreyt mène une réflexion sur le fonctionnement du langage en politique. Il observe que différentes formes de langage sont privilégiées pour le caractère ambigu ou « flottant » de leur signifié. Cette marge sémantique est l' espace de sens propice au malentendu, qui est, selon l'auteur, non seulement une constante dans l'histoire du socialisme français, mais surtout l'une des modalités ordinaires du discours politique et des transferts culturels. Il propose ainsi une vision positive du malentendu, qui, favorisant la circulation des idées plus qu' elle n' est source de conflit, rend possible les relations internationales. C' est à partir du roman Le Météorologue d'Olivier Rolin que Ngadi Maïssa Laude interroge les conditions de réalisation du malentendu, dans le parcours du protagoniste et le fonctionnement des procès du Goulag ; il s'inscrit, ici, dans une société de type totalitaire, où la judiciarisation du malentendu permet d' évincer radicalement les individus « indésirables » au regard du régime. L'auteur de cette étude s'intéresse également aux motivations de l' écrivain -et au rôle qu'il s'assigne -dans cette enquête, car elle lui permet, par l' entremise du roman, de critiquer, voire de déconstruire, les idées reçues que l' on a Première partie Langue(s) : au-delà de l'écart, la communication Jonathan Teschner « Le malentendu dans l'Essai sur l' origine des langues de Rousseau » Laurence Chamlou « La dynamique des malentendus. Une étude comparée de la poésie persane traduite en anglais » Catherine Gravet « Former les interprètes de conférences ou comment éviter le casus belli » Jonathan Teschner Les espaces du malentendu 16 involves finding the early truth using languages that are very far from the passions. That is why the tropes, the voice and the gesture will be the prominent places...
L Information Grammaticale, 1990
Ruppli Mireille. L'opposition Car/Parce que. In: L'Information Grammaticale, N. 46, 1990.... more Ruppli Mireille. L'opposition Car/Parce que. In: L'Information Grammaticale, N. 46, 1990. pp. 22-25.
Uploads
Papers by mireille ruppli