Papers by philippe VEYSSET

Evolution psychiatrique/L'Evolution psychiatrique, Apr 1, 2024
En prolongeant l'analyse d'un cas recensé par Ludwig Binswanger, le cas Jürg Zünd, à l'aide d'une... more En prolongeant l'analyse d'un cas recensé par Ludwig Binswanger, le cas Jürg Zünd, à l'aide d'une grille philosophique inspirée de la phénoménologie, on s'efforce de montrer que le patient -c'est ce qui donne sens à son trouble -tente d'afficher la pertinence (échec de la raison) autant que les limites (la raison reste opérative) d'une doctrine qui lui a été rendue familière par son psychiatre : l'analyse existentielle, notamment sa représentation de l'espace et du langage. Il s'agit ainsi d'illustrer les dangers que fait peser un dialogue trop insistant entre patient et soignant lorsque ce patient est associé au diagnostic et à la thérapie. Il s'agit enfin de mieux marquer l'écart subsistant entre le champ pratique et le champ expérientiel. La malade a renoncé à la rationalité de son agir mais il continue de souscrire à celle de son expérience, seul moyen de « preuve » qui lui reste. Prolonger l'analyse du psychiatre en établissant une correspondance entre les symptômes de la maladie d'une part, et les validations/réfutations de cette même analyse. Le principal danger de l'analyse ici menée est une hyper-rationalisation du trouble mental, Mais si, dans le trouble mental, ne subsiste aucun élément de raison, aucune psychiatrie ne peut non plus voir le jour. Il est cependant clair que le simple échec de la raison ne peut suffire à relativiser l'exploitation scientifique du trouble mental. On ne peut donc que suivre l'auteur dans ses références fréquentes, parfois implicites, aux textes fondamentaux de la phénoménologie. On pourrait dire que notre analyse revêt un caractère expérimental. Une analyse approfondie du cas montre qu'il existe en effet un lien entre le système d'attitude et de comportement du patient et une volonté de tester la pertinence de l'analyse phénoménologique appliquée par le soignant au malade. Dans la troisième Critique, dite de la Faculté de Juger, Kant s'efforce de restituer à une raison invalidée dans son usage pur une voie, un champ d'expression sensible qui, enjambant entendement et langage, permette à cette raison de se « dire ». Mais cette conduite est à son tour frappée d'impuissance, du fait de sa structure antinomique. Seul le corps, laissé pour compte de l'analyse kantienne, permet à la raison de trouver son équilibre car il est déjà en lui-même pénétré, corseté, pétri de raison. Mais aussi, par là-même, broyé par cette raison, une raison qui, en accablant le seul moyen d'expression qui lui reste, surinvestit ce corps et se rend de nouveau inaudible. Il faudra donc rendre le corps à lui-même, le libérer de l'emprise de la raison, le réifier et laisser, du même coup, reparaître ce qui, peut-être, reste en l'homme de raison : la folie, raison faible habitant un corps affaibli. Contredire la raison, c'est la dire à claire-voie, dans l'expérience de sa perte quasi-définitive, jamais tout à fait définitive pourtant, suspendue qu'elle est à son propre souvenir. D'objet d'une clinique, la folie en devient ainsi le critère. Elle instaure son propre régime de preuve, une preuve qui, bien sûr, ne peut être administrée par le moyen d'un langage désormais disqualifié. La folie a son mot à dire dans l'échec de la raison, un échec déjà contrarié par l'examen invalidant auquel l'a soumise la doctrine critique d'inspiration kantienne, laquelle s'efforce de « raisonner » une raison qui outrepasse ses droits.
Recherches féministes, 1998
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Comme il y a, a cote du corps physique, un corps vecu, une chair dont le caractere de relation tr... more Comme il y a, a cote du corps physique, un corps vecu, une chair dont le caractere de relation transparait jusque dans la reformulation du concept de subjectivite, il y a a cote du langage comme simple outil de signification, une langue qui, habitee pour elle-meme, donne acces au silence. Selon Ludwig Binswanger, bien que comportant chacun en son sein – trace de leur commune origine nostrale-, un fragment de l’autre -, langage et chair ne sauraient etre rabattus l’un sur l’autre. Transformer le langage en un organisme vivant – qui ne serait que vivant, ayant par consequent abdique son etre-pour-la-mort, c’est se condamner a une production de sens interminable, celle du discours du schizophrene par exemple. Chair et langage sont les deux pans d’un meme abime, celui qui s’ouvre dans la beance d’un espace perdu. Cet espace est inhabitable, car tendu par des directions de sens opposees qui doivent etre parcourues simultanement cependant que l’immobilite est non moins insupportable puisq...

Psychoanalysis - A New Overview, 2021
The relationship between Freud and Binswanger can be thought as a productive misunderstanding. In... more The relationship between Freud and Binswanger can be thought as a productive misunderstanding. In search of institutional recognition, Freud sees in Binswanger above all a representative of classical psychiatry, moreover director of a prestigious institution, while the latter aspires to shatter this same psychiatry which seems to him marked by the discrediting of the patient. This misunderstanding will take the form of a doctrinal rather than a practical disagreement, centered on the notion of drive - too biological according to Binswanger - and in particular on the latter’s refusal of the drive origin of the ego and of the censorship. For Binswanger, psychiatry can renew itself from the inside by opening up to a philosophical, phenomenological, approach to the patient and his world, a world in which it is first necessary to enter through a patient-doctor co-journey in order to reconstitute the conditions for living together. For Freud, the therapeutic imperative proscribes such rec...
Schweizer Archiv für Neurologie und Psychiatrie, 2011

L'Évolution Psychiatrique, 2013
Here we must follow the fate of a silence, where, right from Sein und Zeit, Heidegger swings over... more Here we must follow the fate of a silence, where, right from Sein und Zeit, Heidegger swings over the body space. It reappears, only forty years later, in the Zollikoner Seminare. But this body hasn't won its autonomy, probably because it would mean the return of definitive dismissed soul and human nature. First defined as a process, Leiben rather than Leib, body is an appearing, or better a showing. To show is to enter in relation, in order to say the absent. But to say how? Even if Heidegger and Binswanger agree on the principle of an intercorporeity, they disagree reciprocally about the nature of the relation with the other body, a body which nevertheless gives itself to see more than mine. While by Heidegger, the latter is a matter of a founding speech-even by the aphasic-by Binswanger, it is a matter of the intentionality. There intentionality is singular: it is intrinsecal to the body, it leads from the Korper to the Leib. But this leading is accomplished by means of an extrinsecal reflexivity, result of the encounter with the other man, such as she takes effect for instance in the "to take hold of": the relation with the other (external) man is made possible by the relation with the (internal) other man. The body is first intercorporeity, the silent argument of this We-ness, whose nostalgia every madness expresses, whose definitive presence, as well as a new space, all encounter establishes. © 2013.
Philosophie, Mar 17, 2022
Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de Minuit. © Éditions de Minuit. Tous droits r... more Distribution électronique Cairn.info pour Éditions de Minuit. © Éditions de Minuit. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
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