Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin... more Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin est associé à l'ordre et à la raison, l'accès de la femme à la prise de décision dans certaines unités de base (famille, quartier, douar, etc.) occasionne un contrôle social intense. Cet accès -stigmatisé -passe par le détour de mises en scène qui entretiennent l'impression que le seul détenteur du pouvoir est l'homme, qu'aucun inversement dans les positions et les rôles sociaux des catégories de sexe ne s'est produit. C'est ce que cette contribution tentera de montrer.
Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin... more Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin est associé à l'ordre et à la raison, l'accès de la femme à la prise de décision dans certaines unités de base (famille, quartier, douar, etc.) occasionne un contrôle social intense. Cet accès -stigmatisé -passe par le détour de mises en scène qui entretiennent l'impression que le seul détenteur du pouvoir est l'homme, qu'aucun inversement dans les positions et les rôles sociaux des catégories de sexe ne s'est produit. C'est ce que cette contribution tentera de montrer.
Les restrictions qu'implique cette représentation parentale de la fille comme signe extérieur de ... more Les restrictions qu'implique cette représentation parentale de la fille comme signe extérieur de l'honneur familial soulèvent des critiques virulentes parmi les filles : "Dès que tu commences la puberté ça y est. Tout de suite t'es… Les garçons, ils ont tout. La mère quand elle parle, ses garçons c'est des hommes, elle les grandit même s'ils font des conneries (…) Les mecs, on leur pardonne toutes leurs conneries. Au contraire si on le voit avec des filles, la mère est fière de son fils : "je l'ai vu avec une gawriyya", za'ma (soi disant) l'homme. Quand c'est une fille, oh là là là, la honte" 3 . Nos informatrices disent que les domaines touchés par les restrictions se rapportent aux "sorties la nuit" 4 , à"la façon de s'habiller (…) le fait d'avoir du courrier, coup de téléphone" 5 , à"un minimum de liberté, sortir, s'amuser. Et je parle de sortir et s'amuser pour les filles majeures" 6 , à l'impossibilité d'avoir"des rapports libres entre garçons et filles" 7 . Et l'on estime que ces restrictions sont imposées afin de "[garantir] a-sbâh 8 (la virginité), [se garder contre] al-karch 9 (tomber enceinte) ou si elle part avec un gawrî. Et ça c'est la pire, pour eux, c'est la pire des choses, c'est l'échec total" 10 . Ainsi, "si tu commences à te maquiller et tout ça, c'est que tu cherches quelque chose : "Mâlkî ? Achnû kayn ? Ilâ 'andak chi haja gulîha" (qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Si tu as quelque chose, dis-le). Za'ma (soi disant), si tu es en train de te changer, de te maquiller, de te faire belle et que t'as envie de sortir, c'est parce que tu recherches quelque chose, t'as quelque chose derrière la tête et ça, ça leur fait peur parce qu'ils savent pas exactement ce qu'il y a quoi. Ça tourne toujours autour des histoires de mecs, des histoires de cul quoi" dit une enquêtée 11 . Une autre ajoute : "Quand ils voient que tu fumes, ça veut dire que tu as tout perdu. Tout ce qui est alcool et cigarettes, ils le mettent au même niveau que la virginité. (…) Il y a une famille, le père a trouvé un paquet de Marlboro dans la veste de sa fille. Il a envoyé toute la famille au Maroc" 12 . Nos enquêtées concluent que la fille "arabe""n'a pas le droit de profiter de sa jeunesse", elle est privée de sa "liberté individuelle aussi bien morale que physique" 13 ou de "liberté totale » 14 .
Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin... more Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin est associé à l'ordre et à la raison, l'accès de la femme à la prise de décision dans certaines unités de base (famille, quartier, douar, etc.) occasionne un contrôle social intense. Cet accès -stigmatisé -passe par le détour de mises en scène qui entretiennent l'impression que le seul détenteur du pouvoir est l'homme, qu'aucun inversement dans les positions et les rôles sociaux des catégories de sexe ne s'est produit. C'est ce que cette contribution tentera de montrer.
Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin... more Dans un contexte culturel où le féminin est identifié comme un élément de désordre et le masculin est associé à l'ordre et à la raison, l'accès de la femme à la prise de décision dans certaines unités de base (famille, quartier, douar, etc.) occasionne un contrôle social intense. Cet accès -stigmatisé -passe par le détour de mises en scène qui entretiennent l'impression que le seul détenteur du pouvoir est l'homme, qu'aucun inversement dans les positions et les rôles sociaux des catégories de sexe ne s'est produit. C'est ce que cette contribution tentera de montrer.
Les restrictions qu'implique cette représentation parentale de la fille comme signe extérieur de ... more Les restrictions qu'implique cette représentation parentale de la fille comme signe extérieur de l'honneur familial soulèvent des critiques virulentes parmi les filles : "Dès que tu commences la puberté ça y est. Tout de suite t'es… Les garçons, ils ont tout. La mère quand elle parle, ses garçons c'est des hommes, elle les grandit même s'ils font des conneries (…) Les mecs, on leur pardonne toutes leurs conneries. Au contraire si on le voit avec des filles, la mère est fière de son fils : "je l'ai vu avec une gawriyya", za'ma (soi disant) l'homme. Quand c'est une fille, oh là là là, la honte" 3 . Nos informatrices disent que les domaines touchés par les restrictions se rapportent aux "sorties la nuit" 4 , à"la façon de s'habiller (…) le fait d'avoir du courrier, coup de téléphone" 5 , à"un minimum de liberté, sortir, s'amuser. Et je parle de sortir et s'amuser pour les filles majeures" 6 , à l'impossibilité d'avoir"des rapports libres entre garçons et filles" 7 . Et l'on estime que ces restrictions sont imposées afin de "[garantir] a-sbâh 8 (la virginité), [se garder contre] al-karch 9 (tomber enceinte) ou si elle part avec un gawrî. Et ça c'est la pire, pour eux, c'est la pire des choses, c'est l'échec total" 10 . Ainsi, "si tu commences à te maquiller et tout ça, c'est que tu cherches quelque chose : "Mâlkî ? Achnû kayn ? Ilâ 'andak chi haja gulîha" (qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Si tu as quelque chose, dis-le). Za'ma (soi disant), si tu es en train de te changer, de te maquiller, de te faire belle et que t'as envie de sortir, c'est parce que tu recherches quelque chose, t'as quelque chose derrière la tête et ça, ça leur fait peur parce qu'ils savent pas exactement ce qu'il y a quoi. Ça tourne toujours autour des histoires de mecs, des histoires de cul quoi" dit une enquêtée 11 . Une autre ajoute : "Quand ils voient que tu fumes, ça veut dire que tu as tout perdu. Tout ce qui est alcool et cigarettes, ils le mettent au même niveau que la virginité. (…) Il y a une famille, le père a trouvé un paquet de Marlboro dans la veste de sa fille. Il a envoyé toute la famille au Maroc" 12 . Nos enquêtées concluent que la fille "arabe""n'a pas le droit de profiter de sa jeunesse", elle est privée de sa "liberté individuelle aussi bien morale que physique" 13 ou de "liberté totale » 14 .
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