
Luc Surjous
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Papers by Luc Surjous
Méthode. – Reprenant les étapes successives de la carrière médicale de Pinel : à Paris avant Bicêtre comme traducteur et vulgarisateur médical ayant peu d’expérience clinique, à Bicêtre où il rencontre Pussin et enfin à la Salpêtrière où il jouit d’une grande notoriété,nous étudions l’évolution de son projet scientifique médical et ses tentatives d’y adjoindre le domaine de l’aliénation mentale et en particulier le traitement moral. Évolution dont rendent compte les deux éditions du Traité.
Résultat. – Informé par des textes anglais de l’efficacité du traite-ment moral de l’aliénation, Pinel le découvre pratiqué à Bicêtre par Pussin et son épouse. Il illustre ses succès et en présente les principes dans la première édition du Traité. Ceux-ci demeurent équivoques et consistent à allier douceur et fermeté et à favoriser,prudemment, les distractions des aliénés. Dans la deuxième édition, issue de leur mise en œuvre rationnalisée à la Salpêtrière et fidèle aux ambitions scientifiques initiales, ces principes sont devenus univoques et visent à agir sur la maladie malgré le malade :importance du « centre unique d’autorité », distraction imposée par des ateliers de couture, des bains et un environnement « calculé ». Nous émettons l’hypothèse que cette systématisation dénature le traitement moral qui consiste en : 1/ le repérage par le thérapeute moral d’un « reste de raison » chez l’individu aliéné ; 2/ guidant la mise en œuvre habile, pragmatique, de pratiques sociales bien identifiées à l’époque : le consentement raisonnable à une loi juste et la distraction dans un refuge émotionnel, qui réinstituent l’aliéné comme agent.
Discussion. – Nous inscrivons notre travail dans le prolongement et l’actualisation des travaux de G. Swain et M. Gauchet, resitués parmi les interprétations majeures du geste pinélien.
Conclusion. – L’évolution du traitement moral dans l’œuvre de Pinel illustre les tentations et les risques qu’implique la substitution par un traitement rationnel d’un soin raisonnable.
Méthode. – Nous avons étudié de manière approfondie les textes portant sur la psychologie et le soin psychique dans les archives de G.Canguilhem, ses œuvres complètes, récemment publiées, et les travaux universitaires menés actuellement.
Résultat. – Nous proposons de revenir aux deux problèmes qui initient l’Essai : « celui des rapports entre sciences et techniques, celui des normes et du normal ». À ce dernier, Canguilhem répond en proposant le concept de normativité vitale qui s’inscrit dans la continuité de travaux précédents consacrés à la psychologie, présentés lors de cours donnés au lycée dans les années trente et dans un Traité de psychologie, demeuré inédit, qui déjà promouvaient un sujet capable de valoriser, de s’engager, et par-là de se soustraire au déterminisme de son environnement et de son organisme. Concernant les rapports entre science et technique, qu’il commence à conceptualiser à la toute fin des années trente, il propose dans l’Essai un trajet inverse à celui du positivisme, partant de la clinique vers la science qui en retour l’éclaire ; or, la psychologie scientifique ne saurait jouer un rôle équivalent à la physiologie dans le soin psychique. Canguilhem considère en effet la revendication d’objectivité de la psychologie incompatible avec le respect de la subjectivité, que défend au contraire sa psychologie réflexive. Nous étudions pour finir les textes de Canguilhem évoquant la psychothérapie ainsi que ceux mentionnant la psychopharmacologie.
Discussion. – Nous discutons les conséquences cliniques de l’impossibilité pour la psychologie scientifique de jouer pour la psychothérapie un rôle analogue à celui de physiologie en médecine.
Conclusion. – La conception du soin psychique qu’ébauche Canguilhem consiste essentiellement en une défense de la dignité humaine, fondée sur une théorie philosophique et non scientifique de l’individu.
Books by Luc Surjous
Méthode. – Reprenant les étapes successives de la carrière médicale de Pinel : à Paris avant Bicêtre comme traducteur et vulgarisateur médical ayant peu d’expérience clinique, à Bicêtre où il rencontre Pussin et enfin à la Salpêtrière où il jouit d’une grande notoriété,nous étudions l’évolution de son projet scientifique médical et ses tentatives d’y adjoindre le domaine de l’aliénation mentale et en particulier le traitement moral. Évolution dont rendent compte les deux éditions du Traité.
Résultat. – Informé par des textes anglais de l’efficacité du traite-ment moral de l’aliénation, Pinel le découvre pratiqué à Bicêtre par Pussin et son épouse. Il illustre ses succès et en présente les principes dans la première édition du Traité. Ceux-ci demeurent équivoques et consistent à allier douceur et fermeté et à favoriser,prudemment, les distractions des aliénés. Dans la deuxième édition, issue de leur mise en œuvre rationnalisée à la Salpêtrière et fidèle aux ambitions scientifiques initiales, ces principes sont devenus univoques et visent à agir sur la maladie malgré le malade :importance du « centre unique d’autorité », distraction imposée par des ateliers de couture, des bains et un environnement « calculé ». Nous émettons l’hypothèse que cette systématisation dénature le traitement moral qui consiste en : 1/ le repérage par le thérapeute moral d’un « reste de raison » chez l’individu aliéné ; 2/ guidant la mise en œuvre habile, pragmatique, de pratiques sociales bien identifiées à l’époque : le consentement raisonnable à une loi juste et la distraction dans un refuge émotionnel, qui réinstituent l’aliéné comme agent.
Discussion. – Nous inscrivons notre travail dans le prolongement et l’actualisation des travaux de G. Swain et M. Gauchet, resitués parmi les interprétations majeures du geste pinélien.
Conclusion. – L’évolution du traitement moral dans l’œuvre de Pinel illustre les tentations et les risques qu’implique la substitution par un traitement rationnel d’un soin raisonnable.
Méthode. – Nous avons étudié de manière approfondie les textes portant sur la psychologie et le soin psychique dans les archives de G.Canguilhem, ses œuvres complètes, récemment publiées, et les travaux universitaires menés actuellement.
Résultat. – Nous proposons de revenir aux deux problèmes qui initient l’Essai : « celui des rapports entre sciences et techniques, celui des normes et du normal ». À ce dernier, Canguilhem répond en proposant le concept de normativité vitale qui s’inscrit dans la continuité de travaux précédents consacrés à la psychologie, présentés lors de cours donnés au lycée dans les années trente et dans un Traité de psychologie, demeuré inédit, qui déjà promouvaient un sujet capable de valoriser, de s’engager, et par-là de se soustraire au déterminisme de son environnement et de son organisme. Concernant les rapports entre science et technique, qu’il commence à conceptualiser à la toute fin des années trente, il propose dans l’Essai un trajet inverse à celui du positivisme, partant de la clinique vers la science qui en retour l’éclaire ; or, la psychologie scientifique ne saurait jouer un rôle équivalent à la physiologie dans le soin psychique. Canguilhem considère en effet la revendication d’objectivité de la psychologie incompatible avec le respect de la subjectivité, que défend au contraire sa psychologie réflexive. Nous étudions pour finir les textes de Canguilhem évoquant la psychothérapie ainsi que ceux mentionnant la psychopharmacologie.
Discussion. – Nous discutons les conséquences cliniques de l’impossibilité pour la psychologie scientifique de jouer pour la psychothérapie un rôle analogue à celui de physiologie en médecine.
Conclusion. – La conception du soin psychique qu’ébauche Canguilhem consiste essentiellement en une défense de la dignité humaine, fondée sur une théorie philosophique et non scientifique de l’individu.