
Loïc Céry
Loïc Céry dirige le Centre international d’études Édouard Glissant (CIEEG) au sein de l’Institut du Tout-Monde fondé par Édouard Glissant en 2006. Il y dirige par ailleurs le pôle numérique et y coordonne les cycles pluridisciplinaires « Traduction », « Penser la Caraïbe, penser le monde » et « Mémoires et littératures de l'esclavage : écrire la trace, tramer l'histoire », en partenariat avec la FMSH et la FME. Il a fondé en 2011 l’IFUPE (Institut de formation universitaire pour étudiants étrangers, établissement privé d’enseignement supérieur, Paris) et en 2006 La nouvelle anabase, revue d'études persiennes aux Éditions L'Harmattan. Spécialiste de Saint-John Perse et d’Édouard Glissant, il a également consacré plusieurs études critiques à Léopold Sédar Senghor, Patrick Chamoiseau, les expressions littéraires de la mémoire de l’esclavage, l'intertextualité, la traduction littéraire, la diffusion numérique des savoirs. Il a publié en 2020, « Édouard Glissant, une traversée de l'esclavage », étude herméneutique éditée aux Éditions de l'Institut du Tout-Monde, coll. « Idées » ; il a dirigé et co-dirigé l'édition des actes de deux colloques internationaux organisés par l'Institut du Tout-Monde : en 2012, « Saint-John Perse, Aimé Césaire, Édouard Glissant : Regards croisés » (UNESCO / BnF / Maison de l'Amérique latine) ; en 2019, « Édouard Glissant et Le Discours antillais : la source et le delta » (FMSH / Maison de l'Amérique latine).
SITE OFFICIEL : www.loiccery.com
SITE OFFICIEL : www.loiccery.com
less
Related Authors
Pierre-Yves Beaurepaire
University of Nice Sophia Antipolis, Nice, France
Yves Balmer
Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris
Armando Marques-Guedes
UNL - New University of Lisbon
Didier COSTE
Université Bordeaux-Montaigne
Vanessa Agard Jones
Columbia University
Valérie Loichot
Emory University
Felipe Schwember Augier
Universidad del Desarrollo (UDD)
John E. Drabinski
University of Maryland, College Park
Humberto Garcia-Muniz
Universidad de Puerto Rico Rio
Arnault Skornicki
Université Paris Nanterre
InterestsView All (9)
Uploads
Papers by Loïc Céry
En matière de postérité littéraire, y aurait-il un « problème René Maran » ? À considérer la relative confidentialité dans laquelle est tombé au fil des ans le Prix Goncourt 1921 – et qu’on ne cesse de déplorer –, à considérer encore la rareté de la réédition de ses œuvres, à considérer enfin le survol dont relèvent souvent les rares mentions de ses apports pourtant réels, on est en droit de poser la question, en ayant soin autant que possible, d’évacuer les faux-fuyants comme les diagnostics de courte vue.
on peut déplorer néanmoins que de réels malentendus se sont développés dans l’appréciation de la nature même de cette forme.
Combien de malentendus pourraient être évités si l'on comprenait, au regard du cas de Perse, la différence de nature qui distingue la recherche effrénée des sources, avec la mise au jour des instruments de déchiffrement d'une oeuvre. La critique des sources nous apparaît aujourd'hui comme le paradigme philologique avec lequel on a depuis bien des années pris les distances d'usage, après le constat des rigidités analytiques auxquelles, certes, avait pu conduire un hyper-lansonisme latent et néanmoins agissant dans les études textuelles. Le textualisme, le structuralisme-sa source-sont depuis intervenu dans le paysage, bouleversant les habitudes, mais drainant les excès que l'on sait : la fragmentation des vieilles notions du sens, de l'intention, laissées aux oubliettes ou vouées aux gémonies, ne pouvaient qu'être dorénavant les balises d'un ordre ancien du discours esthétique, mais cédant bientôt la place aux repères d'un nouvel académisme, au gré duquel on a appris à considérer comme des évidences le flottement, la suspension, la dissémination du texte et limitant son interprétation aux frontières d'un relativisme forcené. Nous sommes les contemporains de mutations qui génèrent depuis quelques années le retour d'une attention fine au discours de l'auteur, ce revenant d'entre les morts, après que Barthes a dressé son acte de décès dans les méandres que l'on connaît… Les bilans ne cessent de retentir, l'heure est aux réévaluations, sans d'ailleurs que les habits neufs des anciens radicalismes ne soient régulièrement revêtus, les positionnements se font dans la recherche d'une plus grande humilité que
Étude republiée dans l’appareil critique de l’édition de l’œuvre poétique de Senghor : Léopold Sédar Senghor, Poésie complète, Édition critique de Pierre Brunel, CNRS Éditions, coll. « Planète libre », ITEM, 2007, p. 1208-1261.
Books by Loïc Céry
Présentation de Loïc Céry, avec la collaboration de Roger Little. Éditions L'Harmattan, coll. « Autrement Mêmes », 2021.
Dans ce deuxième volume (second temps de l’étude critique), sont envisagées les modalités selon lesquelles Édouard Glissant formule une pensée inédite de l’histoire et une éthique de la mémoire qui visent à renverser les gouffres issus de la traite et de l’esclavage.
Cette édition répond au besoin qui se fait sentir depuis plusieurs années, tout à la fois d’une mise en perspective raisonnée à propos du regard porté par Édouard Glissant sur l’esclavage tout au long de son œuvre (relevant d’une véritable « matrice » de ses écrits), et d’une sélection représentative des lieux clés de cette œuvre portant trace d’une réflexion et d’une représentation amples autour de ces questions, sur plus de cinquante ans de création. Une pensée qui nous est plus que jamais indispensable aujourd’hui, partout dans le monde.
Dans ce premier volume (premier temps de l’étude critique), il s’agit autant de rendre compte d’une pensée déterminante de l’histoire où Glissant prône un « rassemblement des mémoires » et une « impétuosité de la connaissance », que de rassembler les mémoires de l’œuvre elle-même, dans son foisonnement et son éminente précision.
Cette édition répond au besoin qui se fait sentir depuis plusieurs années, tout à la fois d’une mise en perspective raisonnée à propos du regard porté par Édouard Glissant sur l’esclavage tout au long de son œuvre (relevant d’une véritable « matrice » de ses écrits), et d’une sélection représentative des lieux clés de cette œuvre portant trace d’une réflexion et d’une représentation amples autour de ces questions, sur plus de cinquante ans de création. Une pensée qui nous est plus que jamais indispensable aujourd’hui, partout dans le monde.
En matière de postérité littéraire, y aurait-il un « problème René Maran » ? À considérer la relative confidentialité dans laquelle est tombé au fil des ans le Prix Goncourt 1921 – et qu’on ne cesse de déplorer –, à considérer encore la rareté de la réédition de ses œuvres, à considérer enfin le survol dont relèvent souvent les rares mentions de ses apports pourtant réels, on est en droit de poser la question, en ayant soin autant que possible, d’évacuer les faux-fuyants comme les diagnostics de courte vue.
on peut déplorer néanmoins que de réels malentendus se sont développés dans l’appréciation de la nature même de cette forme.
Combien de malentendus pourraient être évités si l'on comprenait, au regard du cas de Perse, la différence de nature qui distingue la recherche effrénée des sources, avec la mise au jour des instruments de déchiffrement d'une oeuvre. La critique des sources nous apparaît aujourd'hui comme le paradigme philologique avec lequel on a depuis bien des années pris les distances d'usage, après le constat des rigidités analytiques auxquelles, certes, avait pu conduire un hyper-lansonisme latent et néanmoins agissant dans les études textuelles. Le textualisme, le structuralisme-sa source-sont depuis intervenu dans le paysage, bouleversant les habitudes, mais drainant les excès que l'on sait : la fragmentation des vieilles notions du sens, de l'intention, laissées aux oubliettes ou vouées aux gémonies, ne pouvaient qu'être dorénavant les balises d'un ordre ancien du discours esthétique, mais cédant bientôt la place aux repères d'un nouvel académisme, au gré duquel on a appris à considérer comme des évidences le flottement, la suspension, la dissémination du texte et limitant son interprétation aux frontières d'un relativisme forcené. Nous sommes les contemporains de mutations qui génèrent depuis quelques années le retour d'une attention fine au discours de l'auteur, ce revenant d'entre les morts, après que Barthes a dressé son acte de décès dans les méandres que l'on connaît… Les bilans ne cessent de retentir, l'heure est aux réévaluations, sans d'ailleurs que les habits neufs des anciens radicalismes ne soient régulièrement revêtus, les positionnements se font dans la recherche d'une plus grande humilité que
Étude republiée dans l’appareil critique de l’édition de l’œuvre poétique de Senghor : Léopold Sédar Senghor, Poésie complète, Édition critique de Pierre Brunel, CNRS Éditions, coll. « Planète libre », ITEM, 2007, p. 1208-1261.
Présentation de Loïc Céry, avec la collaboration de Roger Little. Éditions L'Harmattan, coll. « Autrement Mêmes », 2021.
Dans ce deuxième volume (second temps de l’étude critique), sont envisagées les modalités selon lesquelles Édouard Glissant formule une pensée inédite de l’histoire et une éthique de la mémoire qui visent à renverser les gouffres issus de la traite et de l’esclavage.
Cette édition répond au besoin qui se fait sentir depuis plusieurs années, tout à la fois d’une mise en perspective raisonnée à propos du regard porté par Édouard Glissant sur l’esclavage tout au long de son œuvre (relevant d’une véritable « matrice » de ses écrits), et d’une sélection représentative des lieux clés de cette œuvre portant trace d’une réflexion et d’une représentation amples autour de ces questions, sur plus de cinquante ans de création. Une pensée qui nous est plus que jamais indispensable aujourd’hui, partout dans le monde.
Dans ce premier volume (premier temps de l’étude critique), il s’agit autant de rendre compte d’une pensée déterminante de l’histoire où Glissant prône un « rassemblement des mémoires » et une « impétuosité de la connaissance », que de rassembler les mémoires de l’œuvre elle-même, dans son foisonnement et son éminente précision.
Cette édition répond au besoin qui se fait sentir depuis plusieurs années, tout à la fois d’une mise en perspective raisonnée à propos du regard porté par Édouard Glissant sur l’esclavage tout au long de son œuvre (relevant d’une véritable « matrice » de ses écrits), et d’une sélection représentative des lieux clés de cette œuvre portant trace d’une réflexion et d’une représentation amples autour de ces questions, sur plus de cinquante ans de création. Une pensée qui nous est plus que jamais indispensable aujourd’hui, partout dans le monde.
Deux autres traducteurs éminents de l’œuvre poétique, le Brésilien Bruno Palma et l’Irlandais Roger Little, sont également mis à l’honneur dans ce nouveau panorama de la traduction « persienne », panorama bien sûr sélectif, et qui induit forcément choix et affinités : domaines espagnol, portugais, anglais, arabe et luxembourgeois rythment cet écho des langues du poète de « l’antique phrase humaine ».
Conçu dans le sillage de cette désignation mais aussi bien au-delà, ce deuxième numéro de La nouvelle anabase propose, sous le signe fédérateur de la « mantique du poème » (art de la divination) :
- Un essai didactique consacré à une présentation des poèmes : Poétique de l’écart, poésie de la braise, par Loïc Céry et Esa Hartmann.
- Un dossier philologique à propos de toutes récentes découvertes primordiales sur la genèse de Vents : dossier spécial réalisé par Christian Rivoire et Loïc Céry.
- Une suite d’études critiques établies autour des œuvres.
Ce numéro spécial demeurera lié à ces récentes découvertes qui font l’objet de la seconde partie du sommaire (voir plus bas). L’année même où Vents fait partie des œuvres de Saint-John Perse désignées à l’agrégation, toute une série d’emprunts effectués par le poète à l’ouvrage d’un historien réputé, Georges Contenau, spécialiste de la civilisation assyro-babylonienne, nous permet de jeter un regard nouveau sur la genèse et le mode de composition du poème. Et même si les faits d’emprunts avaient déjà été mis en lumière depuis quelques années par la critique persienne, la découverte d’aujourd’hui, que l’on doit à la sagacité de Christian Rivoire, bouleverse ce que l’on savait déjà des modalités de reformulations de ce type de « prélèvements » liés au processus de création persienne : par le caractère massif de ceux qui ont été effectués sur un seul et même ouvrage pour l’écriture d’un poème unique, et par l’imprégnation de toute une part de la thématique de Vents, à partir du vivier documentaire qu’aura constitué pour le poète le livre de Contenau.
Le geste de la mise à disposition de cette découverte, en direction des agrégatifs et des autres, en ce lieu de la recherche persienne que représente La nouvelle anabase implique, il est indispensable de le préciser, l’exercice d’une responsabilité consciemment assumée. Le moment de la critique n’est pas forcément celui des rendez-vous académiques tels qu’un concours d’enseignement, et ne serait-ce que ce décalage imposait que la présentation de cette découverte soit accompagnée de toute une mise en perspective, qu’offre ce dossier à la fois philologique et critique. Dorénavant, toutes les pièces du dossier sont entre les mains des uns et des autres qui seront amenés à s’en saisir, et l’exercice de la responsabilité s’en trouve élargi : plus que jamais, l’esprit critique sera utile pour apprécier les enjeux d’un processus de création et ne pas verser dans des malentendus dommageables. C’est un honneur en tout cas pour La nouvelle anabase de proposer cette nouvelle appréciation de la genèse de Vents, en cette année si décisive et si foisonnante pour le commentaire de l’œuvre du « poète indivis ».
Au sommaire de ce premier numéro, des contributions prestigieuses de la part d’écrivains de renom, le bilan de débats critiques récents particulièrement prégnants, des textes focalisés sur certains points d’analyse, avec particulièrement un dossier thématique consacré aux rapports de Saint-John Perse à la musique. A la faveur de ce lancement de la revue, vous découvrirez donc la composition des numéros « ordinaires » de la série (qui accueillera aussi à l’avenir des numéros plus thématiques, destinés à la publication de thèses récentes ou d’actes de colloques, à l’image du second numéro, à paraître très prochainement) : une structure tripartite qui emprunte aux titres des recueils de Perse comme un rythme interne.
Première partie : « Anabases littéraires », consacrée à la parole des écrivains qui, sans être sacralisée, est néanmoins le substrat même de la revue. Parole de créateurs, regard irremplaçable des écrivains sur celui qui rêva à un « grand poème délébile ».
Seconde partie : « Amers de la critique », au sens figuré du terme « amers » que choisit le poète pour son recueil de 1957, à savoir celui des repères, des balises. Repères de la critique et des débats que motive l’étude de l’œuvre de Perse, de ses enjeux esthétiques et intellectuels.
Troisième partie : « Chroniques herméneutiques », ouverte aux études spécialisées, analyses de détail, éclairantes sans se cantonner à un discours sclérosé par excès de technicité. Toujours plus d’intelligence du texte, tel est le souci premier de l’herméneutique, science de l’interprétation éclairée et éclairante.
Un numéro de lancement qui donne le « la » de cette nouvelle revue, dont le maître mot restera la transmission. La mission d’une nouvelle diffusion est inséparable de cet idéal de partage et du passage de relais : l’appropriation et la réappropriation d’une œuvre par des générations de lecteurs est bien une aventure collective autant qu’individuelle et ce double versant du foisonnement qui se manifeste autour de l’œuvre de Perse trouvera ici le lieu d’une expression vraie, soucieuse de mémoire et d’ardeur, traversée des immortelles carènes d’une parole de vivant.