Papers, articles by Jonas Sibony
Romano-Arabica, 2022
Like all Jewish languages, Judeo-Arabic dialects borrowed numerous terms from Hebrew and Aramaic... more Like all Jewish languages, Judeo-Arabic dialects borrowed numerous terms from Hebrew and Aramaic. Many studies have already been conducted on modern North-African Judeo-Arabic, some concerning specifically Judeo-Moroccan dialects, in their written or oral forms. This study intends to offer a systematic analysis of how the Hebrew component of Judeo-Arabic in Fez behaves in terms of phonological and phonetical adaptation and to look in particular for regularities in that adaptation.

YOD 24, 2022
Ehad Mi Yodea (celui qui sait – en hébreu) est un chants de conclusion du Seder de Pessah,
incorp... more Ehad Mi Yodea (celui qui sait – en hébreu) est un chants de conclusion du Seder de Pessah,
incorporé tardivement à la Haggada. Selon l’Encyclopedia Judaica, sa plus ancienne version se
trouve dans une Haggada ashkénaze du 16e siècle. Le chant fut probablement lui-même dans
un premier temps une adaptation yiddish du chant populaire allemand “Guter Freund Ich Frage
Dich”, qui aurait par la suite été traduit vers l’hébreu.
Le texte semble avoir pour vocation de dégager un caractère humoristique ou ludique, peut-être
dans le but de maintenir éveillés les enfants jusqu’à la fin du Seder.
1 Ce serait aussi là la raison
pour laquelle il a été traduit de la version hébraïque vers les langues vernaculaires des
communautés juives autour du globe, c’est-à-dire afin d’être compris par tous, femmes et
enfants, qui souvent n’avaient pas accès à l’apprentissage de l’hébreu et de l’araméen, les
langues des textes sacrés du judaïsme.
Il existe des versions d’Ehad Mi Yodea en yiddish, hébreu, judéo-espagnol, anglais, italien,
tadjik, alsacien et bien sûr en arabe. En fait, il existe des dizaines de versions arabes. Chaque
communauté juive arabophone ayant développé sa propre version dans son parler judéo-arabe
spécifique.
L’histoire d’Ehad Mi Yodea, à commencer par sa traversée de la méditerannée illustre avec brio
la circulation des textes à travers le monde juif.
![Research paper thumbnail of "Hebrew Lexical Elements in the Fassi Jewish Dialect in the late 40's", AIDA 12. [in French]](https://attachments.academia-assets.com/58772179/thumbnails/1.jpg)
AIDA 12, 2019
Le parler judéo-arabe de Fès (Maroc) est une déclinaison de l’arabe fassi dont la culture spécifi... more Le parler judéo-arabe de Fès (Maroc) est une déclinaison de l’arabe fassi dont la culture spécifique et le mode de vie des locuteurs engage un renvoi vers la culture juive et se réfère constamment aux corpus de références de celle-ci (Bible hébraïque, Talmud etc.). En cela, nombre de mots hébreux et araméens s’immiscent dans la langue. Ces apports apparaissent majoritairement à l’écrit ou dans la langue des lettrés. Pourtant, une quantité plus modeste d’entre eux, mots hébreux ou pseudo-hébreux, s’intègre dans la langue parlée courante des hommes comme des femmes du quartier juif. Coupés de leur étymologie, ces mots sont utilisés par les locuteurs juifs arabophones qui ne savent souvent plus qu’ils ne sont pas d’origine arabe ou berbère. Puisqu’ils évoluent indépendamment de leur corpus d’origine, à l’intérieur d’un système linguistique d’adoption, leur emploi se contextualise et leur sens se modifie. Les mots sont prononcés selon les dynamiques phonologiques du vieil arabe de Fès et certains véritables néologismes se forment sur des racines hébraïques. Ces mots n’ont le plus souvent jamais été utilisés dans ces sens ou sous ces formes en hébreu et puisqu’ils sont ici totalement intégrés à l’arabe dialectal, quelle que soit leur étymologie, ce sont objectivement des mots arabes. En voici un exemple :
- ḥāmēṣ : nom hébreu du pain levé, proscrit lors de la fête de Pessah. Etymologiquement, ḥāmēṣ signifie « aigre, amer ». Il est en lien à l’arabe classique ḥāmiḍ, « aigre », darija ḥāmǝḍ. Dans le parler arabe des Juifs de Fès, il peut s’utiliser dans son sens hébreu comme dans l’énoncé : f-pisāḥ, ḥrām naklō l-ḫǝbz u kǝll ma howa ḥāmēṣ, « lors de la fête de Pessah, il nous est interdit de manger du pain ou tout ce qui est (contient) du ḥāmēṣ ». Mais une fois son intégration faite dans la langue parlée, il devient au Mellah un adjectif courant dont le sens s’est élargi puisqu’il est utilisé comme synonyme de ḥārām / ḥrām et signifie alors « illicite d’après la loi mosaïque », comme illustré dans l’exemple suivant ḥāmēṣ ‘lēya nǝšrǝb ǝš-šrāb. Il va même se re-substantiver : ‘ămlọ ‘lēh ḥāmēṣ, « ils l’ont mis en quarantaine ».

Romano-Arabica XIX, 2019
As the other Moroccan Arabic speakers, Jews from Morocco use different kind of curses and profani... more As the other Moroccan Arabic speakers, Jews from Morocco use different kind of curses and profanities, some very common and others more specific. Alongside the ones they share with their Muslim neighbors, they’re used to borrowing words and concepts to the Jewish texts, mostly from the Bible and the Talmud. From those words, both in Hebrew and Aramaic, are
formulated innovative and peripheral sentences such as
imsī kəppāṛa ˁlīna: “may he give his life for our sake”
where imsī and ˁlīna is Arabic but kəppāṛa is Hebrew.
or
’a l-ḥrāmi l-mamzīr,
where the two words have the same
meaning (“bastard”) but ḥrāmi is Arabic and mamzīr is Hebrew.
Hebrew words are integrated in an Arabic syntax.
Today most of this community has left Morocco and lives in the state of Israel. Those curses and profanities are still used in this very new context, sometimes just the way they were and sometimes in the middle of Hebrew sentences and therefore now integrated into Hebrew syntax. That situation leads to the production of new bilingual curses and even to darija
swearing hinged with Hebrew morphology.
![Research paper thumbnail of “Is there any specifically adjectival morphological structures in Hebrew?” [In French] - De Gruyter : 234-253](https://attachments.academia-assets.com/81135614/thumbnails/1.jpg)
L’adjectivité, approches descriptives de la linguistique adjectivale, 2019
Pour la grammaire hébraïque, l’adjectif est un nom : šem to’ar « nom de description », distinct d... more Pour la grammaire hébraïque, l’adjectif est un nom : šem to’ar « nom de description », distinct du substantif šem ‘etṣem : « nom de substance ». Pourtant, alors qu’au niveau morphologique, les mots hébreux sont construits sur des schèmes dont le nombre est limité et surtout, dont certains sont strictement verbaux (binyanim) et d’autres nominaux (mišqalim) ; les adjectifs de la langue classique ne sont pas toujours construits sur des schèmes nominaux. En fait, les formes des adjectifs hébreux sont variées depuis l’hébreu biblique et mishnique (période classique - premier millénaire avant notre ère). Elles ont de surcroît évolué à travers les époques, au gré de développement internes ou suite à des contacts avec d’autres systèmes linguistiques. La diversité des formes ne semble pas influer sur la fonction d’adjectif tant c’est le jeu syntaxique qui se charge de préciser cette dernière. Si cette langue a pour habitude de marquer morphologiquement la nature des mots mais que le cas de l’adjectif y est une affaire de syntaxe, y a-t-il ou non des structures morphologiques spécifiquement adjectivales en hébreu ?
Semitica 63, 2021
Mishnaic Hebrew, dating from the early centuries of the current era, is the form of Hebrew used i... more Mishnaic Hebrew, dating from the early centuries of the current era, is the form of Hebrew used in the Six Orders of the Mishnah. This Hebrew had close relations with a popular spoken Aramaic but also with a very literary one. That environment did facilitate the integration of Aramaic structures into Hebrew as well as it encouraged changes in internal structures. In this context, a new kind of verbs start to appear, reminding an old Akkadian verbal stem. But upon closer inspection, it becomes clear that such an origin may sometimes be hard to assert.
Le présent article entend faire le bilan de l’état de la recherche quant à la validité de la noti... more Le présent article entend faire le bilan de l’état de la recherche quant à la validité de la notion de racine trilitère comme élément lexical irréductible. La réflexion sur cette même construction grammaticale entraîne irrémédiablement une refonte notionnelle de la formation et l’organisation du lexique des langues sémitiques. Cet article s’organise en trois temps; je ferai d’abord un bref rappel de la notion de racine trilitère ou triconsonantique, accompagné d’une démonstration des limites de cette conception. Suivra une réflexion sur le trajet des formes et des sens donc sur la constitution du lexique et des notions. Finalement, j’aborderai la Théorie des Matrices et des Étymons de Georges Bohas et discuterai de certains de ses aspects dans le cadre de la substitution de ce modèle à celui de la racine.
Book Reviews by Jonas Sibony
Arabica 63, 2016
Toutefois, malgré ces ressemblances, à bien des égards, la langue de ces inscriptions est à rappr... more Toutefois, malgré ces ressemblances, à bien des égards, la langue de ces inscriptions est à rapprocher de l'arabe et, plus précisément, à placer dans le groupe nord-arabe préislamique. Les ressemblances avec le cananéen peuvent aussi s'expliquer sur le plan chronologique : la langue de ces inscriptions est bien plus ancienne que l'arabe classique et a pu conserver certains archaïsmes attestés aussi en cananéen, ce à quoi s'ajoute la proximité géographique de ces deux groupes linguistiques.
Arabica, Volume 62, Issue 4, pages 577 – 580, 2015
Drafts by Jonas Sibony
Jonas SIBONY I. Judéité, arabité et judaïsme du monde arabe L'identité des parlers arabes des c... more Jonas SIBONY I. Judéité, arabité et judaïsme du monde arabe L'identité des parlers arabes des communautés juives renvoie directement aux questions « qu'est-ce qu'être Juif » et « qu'est-ce qu'être Arabe ». Questions qui ne connaissent pas réellement de réponses scientifiques. Par exemple, un Juif peut-être quelqu'un qui se considère héritier de l'histoire et de la culture juive, sous différentes formes. Un Arabe se doit-il de parler arabe pour conserver son identité ? Comment se fait-il que sur des situations similaires, il est très rare que les Juifs du Maroc se définissent comme Juifs arabes alors que les Juifs d'Irak le font volontiers. En fait, ce ne sont là que différentes expressions de représentations identitaires. Il n'existe pas de vérité en ce domaine.
Ce texte reprend en partie la communication intitulée « Mariage, alliance, décision et circoncisi... more Ce texte reprend en partie la communication intitulée « Mariage, alliance, décision et circoncision, un réseau sémantique sémitique » faite à séance de la SELEFA du jeudi 7 avril 2016.
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Papers, articles by Jonas Sibony
incorporé tardivement à la Haggada. Selon l’Encyclopedia Judaica, sa plus ancienne version se
trouve dans une Haggada ashkénaze du 16e siècle. Le chant fut probablement lui-même dans
un premier temps une adaptation yiddish du chant populaire allemand “Guter Freund Ich Frage
Dich”, qui aurait par la suite été traduit vers l’hébreu.
Le texte semble avoir pour vocation de dégager un caractère humoristique ou ludique, peut-être
dans le but de maintenir éveillés les enfants jusqu’à la fin du Seder.
1 Ce serait aussi là la raison
pour laquelle il a été traduit de la version hébraïque vers les langues vernaculaires des
communautés juives autour du globe, c’est-à-dire afin d’être compris par tous, femmes et
enfants, qui souvent n’avaient pas accès à l’apprentissage de l’hébreu et de l’araméen, les
langues des textes sacrés du judaïsme.
Il existe des versions d’Ehad Mi Yodea en yiddish, hébreu, judéo-espagnol, anglais, italien,
tadjik, alsacien et bien sûr en arabe. En fait, il existe des dizaines de versions arabes. Chaque
communauté juive arabophone ayant développé sa propre version dans son parler judéo-arabe
spécifique.
L’histoire d’Ehad Mi Yodea, à commencer par sa traversée de la méditerannée illustre avec brio
la circulation des textes à travers le monde juif.
- ḥāmēṣ : nom hébreu du pain levé, proscrit lors de la fête de Pessah. Etymologiquement, ḥāmēṣ signifie « aigre, amer ». Il est en lien à l’arabe classique ḥāmiḍ, « aigre », darija ḥāmǝḍ. Dans le parler arabe des Juifs de Fès, il peut s’utiliser dans son sens hébreu comme dans l’énoncé : f-pisāḥ, ḥrām naklō l-ḫǝbz u kǝll ma howa ḥāmēṣ, « lors de la fête de Pessah, il nous est interdit de manger du pain ou tout ce qui est (contient) du ḥāmēṣ ». Mais une fois son intégration faite dans la langue parlée, il devient au Mellah un adjectif courant dont le sens s’est élargi puisqu’il est utilisé comme synonyme de ḥārām / ḥrām et signifie alors « illicite d’après la loi mosaïque », comme illustré dans l’exemple suivant ḥāmēṣ ‘lēya nǝšrǝb ǝš-šrāb. Il va même se re-substantiver : ‘ămlọ ‘lēh ḥāmēṣ, « ils l’ont mis en quarantaine ».
formulated innovative and peripheral sentences such as
imsī kəppāṛa ˁlīna: “may he give his life for our sake”
where imsī and ˁlīna is Arabic but kəppāṛa is Hebrew.
or
’a l-ḥrāmi l-mamzīr,
where the two words have the same
meaning (“bastard”) but ḥrāmi is Arabic and mamzīr is Hebrew.
Hebrew words are integrated in an Arabic syntax.
Today most of this community has left Morocco and lives in the state of Israel. Those curses and profanities are still used in this very new context, sometimes just the way they were and sometimes in the middle of Hebrew sentences and therefore now integrated into Hebrew syntax. That situation leads to the production of new bilingual curses and even to darija
swearing hinged with Hebrew morphology.
Book Reviews by Jonas Sibony
Drafts by Jonas Sibony
incorporé tardivement à la Haggada. Selon l’Encyclopedia Judaica, sa plus ancienne version se
trouve dans une Haggada ashkénaze du 16e siècle. Le chant fut probablement lui-même dans
un premier temps une adaptation yiddish du chant populaire allemand “Guter Freund Ich Frage
Dich”, qui aurait par la suite été traduit vers l’hébreu.
Le texte semble avoir pour vocation de dégager un caractère humoristique ou ludique, peut-être
dans le but de maintenir éveillés les enfants jusqu’à la fin du Seder.
1 Ce serait aussi là la raison
pour laquelle il a été traduit de la version hébraïque vers les langues vernaculaires des
communautés juives autour du globe, c’est-à-dire afin d’être compris par tous, femmes et
enfants, qui souvent n’avaient pas accès à l’apprentissage de l’hébreu et de l’araméen, les
langues des textes sacrés du judaïsme.
Il existe des versions d’Ehad Mi Yodea en yiddish, hébreu, judéo-espagnol, anglais, italien,
tadjik, alsacien et bien sûr en arabe. En fait, il existe des dizaines de versions arabes. Chaque
communauté juive arabophone ayant développé sa propre version dans son parler judéo-arabe
spécifique.
L’histoire d’Ehad Mi Yodea, à commencer par sa traversée de la méditerannée illustre avec brio
la circulation des textes à travers le monde juif.
- ḥāmēṣ : nom hébreu du pain levé, proscrit lors de la fête de Pessah. Etymologiquement, ḥāmēṣ signifie « aigre, amer ». Il est en lien à l’arabe classique ḥāmiḍ, « aigre », darija ḥāmǝḍ. Dans le parler arabe des Juifs de Fès, il peut s’utiliser dans son sens hébreu comme dans l’énoncé : f-pisāḥ, ḥrām naklō l-ḫǝbz u kǝll ma howa ḥāmēṣ, « lors de la fête de Pessah, il nous est interdit de manger du pain ou tout ce qui est (contient) du ḥāmēṣ ». Mais une fois son intégration faite dans la langue parlée, il devient au Mellah un adjectif courant dont le sens s’est élargi puisqu’il est utilisé comme synonyme de ḥārām / ḥrām et signifie alors « illicite d’après la loi mosaïque », comme illustré dans l’exemple suivant ḥāmēṣ ‘lēya nǝšrǝb ǝš-šrāb. Il va même se re-substantiver : ‘ămlọ ‘lēh ḥāmēṣ, « ils l’ont mis en quarantaine ».
formulated innovative and peripheral sentences such as
imsī kəppāṛa ˁlīna: “may he give his life for our sake”
where imsī and ˁlīna is Arabic but kəppāṛa is Hebrew.
or
’a l-ḥrāmi l-mamzīr,
where the two words have the same
meaning (“bastard”) but ḥrāmi is Arabic and mamzīr is Hebrew.
Hebrew words are integrated in an Arabic syntax.
Today most of this community has left Morocco and lives in the state of Israel. Those curses and profanities are still used in this very new context, sometimes just the way they were and sometimes in the middle of Hebrew sentences and therefore now integrated into Hebrew syntax. That situation leads to the production of new bilingual curses and even to darija
swearing hinged with Hebrew morphology.