... (pp.198-199) Voyons ce que permet l'écrit, et que l'oral ne permet pas. Avec l'... more ... (pp.198-199) Voyons ce que permet l'écrit, et que l'oral ne permet pas. Avec l'écrit,je ne suis pas res-treint à la situation d'échange en face à face. Je peux analyser l'uvre de Lévi-Strauss, par exemple, à distance; je peux ...
Siri Hustvedt is an American novelist and essay writer whose work has been translated into many l... more Siri Hustvedt is an American novelist and essay writer whose work has been translated into many languages. Her first novel, The Blindfold, was published in 1992, and her latest to date, The Blazing World, in 2014. She has published collections of essays on art (Mysteries of the Rectangle and the recent A Woman Looking at Men Looking at Women: Essays on Art, Sex, and the Mind) and broader subjects, as her collection’s title Living, Thinking, Looking (2012) suggests. Apart from writing fiction,...
Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprime des reserves sur les exercices metafictionnels de l... more Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprime des reserves sur les exercices metafictionnels de la generation d’ecrivains americains qui a precede la sienne, n’a cependant pas gomme de sa propre pratique d’ecriture toute dimension auto-reflexive. A partir de l’etude d’un element perturbateur dans la ponctuation de quelques nouvelles, l’omission des guillemets dans la transcription des dialogues, cet article s’attache a montrer comment cette absence attire l’attention du lecteur sur la structure enonciative des textes consideres, notamment sur l’identite de leur « scripteur », et permet de les lire comme des metaphores de l’ecriture, mettant en evidence tantot sa fonction heuristique (« Fat »), tantot son caractere predateur (« Collectors », « Intimacy »), tantot encore la difficile et dangereuse relation qui peut exister entre auteur et lecteur (« Why, Honey? »).
Cinquante ans apres son « maitre » Cyrille Arnavon, a qui l’ouvrage est dedie, Marie-Claude Per... more Cinquante ans apres son « maitre » Cyrille Arnavon, a qui l’ouvrage est dedie, Marie-Claude Perrin-Chenour poursuit le travail de rehabilitation entrepris par ce dernier, faisant comme lui la part belle au roman phare de Kate Chopin, The Awakening, auquel elle consacre les trois quarts de son texte. Comme l’indique son sous-titre, elle a choisi d’organiser ses quatre chapitres autour de la notion de rupture. Le premier chapitre, « Les ruptures de l’histoire », etablit un parallele entre l...
In Oracle Night (2003), Paul Auster returns to the structure of the detective novel, which enable... more In Oracle Night (2003), Paul Auster returns to the structure of the detective novel, which enables him to achieve several purposes : first, by involving the reader in the resolution of the main enigma, he shows the fictional character of any reconstruction of past events ; the first embedded story, which plays with the codes of the thriller, emphasizes the psychic function of narrative, since it enables the narrator to come to a partial understanding of his predicament ; conversely, the numerous metalepses face the reader with the task of restoring narrative continuity by interpreting the unreliable narrator's actions in the light of the embedded narrative, which suggests the danger of solipsism.
Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprimé des réserves sur les exercices métafictionnels de l... more Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprimé des réserves sur les exercices métafictionnels de la génération d’écrivains américains qui a précédé la sienne, n’a cependant pas gommé de sa propre pratique d’écriture toute dimension auto-réflexive. À partir de l’étude d’un élément perturbateur dans la ponctuation de quelques nouvelles, l’omission des guillemets dans la transcription des dialogues, cet article s’attache à montrer comment cette absence attire Quote-unquote: Raymond Carver and metafiction Journal of the Short Story in English, 33 | Autumn 1999 14
Le développement de la traductologie au cours des dernières années a mis sur le devant de la scèn... more Le développement de la traductologie au cours des dernières années a mis sur le devant de la scène le texte traduit comme lieu d'investigation privilégié des échanges complexes entre langues et cultures, le traducteur étant considéré comme « un médiateur entre deux langues, deux cultures , deux publics, parfois deux époques »t. Pour l'américaniste, la (re)découverte des traductions françaises du roman qu'Hemingway considérait comme fondateur de toute la littérature américaine, The Adventures of Huckleberry Finn, ouvre des perspectives sur l'abîme culturel qui sépare les deux civilisations. Il nous suffira pour nous en rendre compte de nous pencher sur les traductions des deux premiers pa-ragraphes de l 'oeuvre, paragraphes clés dans lesquels s'établit le contrat narratif, pour mesurer l'ampleur du « malentendu » : c'est bien en effet d'un refus d'entendre et de laisser s'affirmer une voix, celle de Huck, qu'il s'agit dans la plupart des traductions de l'oeuvre. Et cette transformation de la voix narrative n'est évidemment pas sans conséquence sur la signification de l'oeuvre tout entière. Comme le dit Michel Morel, l'essentiel, pour le lecteur du texte traduit, c'est que le complexe ensemble de jugements propres à l'acte énonciatif source et déclenchés par lui soit transféré vers le texte cible avec un minimum de déformation. En ce sens, l'axiologie déployée dans l'acte de lecture est le lieu même où peut se transmettre et se reconnaître l'équilibre générique propre au texte source: l'axiologie, c'est-à-dire l'effet syncrétique, chez le lecteur, de la totalité des jugements et contre-jugements évaluatifs déclenchés par le texte.
Mark Twain's relations with France and the French language have always been strained. The various... more Mark Twain's relations with France and the French language have always been strained. The various translations of his masterpiece The Adventures of Huckleberry Finn illustrate the process through which a misunderstanding was established between the French public and the American writer: as products of specific cultural environments, these translations betray Twain's novel in various ways, and in their turn compound the misunderstanding which first produced them. The first translation, by shifting the generic status of the work, completely destroyed both the manner and the matter of its subversive potential. The second one, published during the Cold War, established the work as a "classic" of popular literature, written by a champion of anti-imperialism, without making obvious the linguistic basis of Twain's radicalism. Subsequent translations have failed to achieve a balance between these two extreme claims, and the misunderstanding thus remains, no French translation conveying adequately the originality of the work which is considered as the very foundation of American literature. Faisant le point en 1886 sur la réputation de Mark Twain en France, et déplorant qu'on ne lui accorde qu'une place d'humoriste un peu fou, Eugène Forgues écrivait : Il y a là un malentendu très regrettable, et qui tient à un de ces préjugés traditionnels dont notre pays n'est pas assez avare. En France, on croit volontiers que la langue française est universelle, que tout peut être traduit en français, et que si une traduction est ennuyeuse, la faute en est toujours à l'original. Ce sont là pourtant des propositions discutables et sur lesquelles il est injuste de fonder une condamnation comm e celle dont on a frappé Mark Twain. 1 Les problèmes de traduction sont en effet au coeur du malentendu per-sistant qui marque la réception de cet auteur en France, et Mark Twain
... (pp.198-199) Voyons ce que permet l'écrit, et que l'oral ne permet pas. Avec l'... more ... (pp.198-199) Voyons ce que permet l'écrit, et que l'oral ne permet pas. Avec l'écrit,je ne suis pas res-treint à la situation d'échange en face à face. Je peux analyser l'uvre de Lévi-Strauss, par exemple, à distance; je peux ...
Siri Hustvedt is an American novelist and essay writer whose work has been translated into many l... more Siri Hustvedt is an American novelist and essay writer whose work has been translated into many languages. Her first novel, The Blindfold, was published in 1992, and her latest to date, The Blazing World, in 2014. She has published collections of essays on art (Mysteries of the Rectangle and the recent A Woman Looking at Men Looking at Women: Essays on Art, Sex, and the Mind) and broader subjects, as her collection’s title Living, Thinking, Looking (2012) suggests. Apart from writing fiction,...
Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprime des reserves sur les exercices metafictionnels de l... more Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprime des reserves sur les exercices metafictionnels de la generation d’ecrivains americains qui a precede la sienne, n’a cependant pas gomme de sa propre pratique d’ecriture toute dimension auto-reflexive. A partir de l’etude d’un element perturbateur dans la ponctuation de quelques nouvelles, l’omission des guillemets dans la transcription des dialogues, cet article s’attache a montrer comment cette absence attire l’attention du lecteur sur la structure enonciative des textes consideres, notamment sur l’identite de leur « scripteur », et permet de les lire comme des metaphores de l’ecriture, mettant en evidence tantot sa fonction heuristique (« Fat »), tantot son caractere predateur (« Collectors », « Intimacy »), tantot encore la difficile et dangereuse relation qui peut exister entre auteur et lecteur (« Why, Honey? »).
Cinquante ans apres son « maitre » Cyrille Arnavon, a qui l’ouvrage est dedie, Marie-Claude Per... more Cinquante ans apres son « maitre » Cyrille Arnavon, a qui l’ouvrage est dedie, Marie-Claude Perrin-Chenour poursuit le travail de rehabilitation entrepris par ce dernier, faisant comme lui la part belle au roman phare de Kate Chopin, The Awakening, auquel elle consacre les trois quarts de son texte. Comme l’indique son sous-titre, elle a choisi d’organiser ses quatre chapitres autour de la notion de rupture. Le premier chapitre, « Les ruptures de l’histoire », etablit un parallele entre l...
In Oracle Night (2003), Paul Auster returns to the structure of the detective novel, which enable... more In Oracle Night (2003), Paul Auster returns to the structure of the detective novel, which enables him to achieve several purposes : first, by involving the reader in the resolution of the main enigma, he shows the fictional character of any reconstruction of past events ; the first embedded story, which plays with the codes of the thriller, emphasizes the psychic function of narrative, since it enables the narrator to come to a partial understanding of his predicament ; conversely, the numerous metalepses face the reader with the task of restoring narrative continuity by interpreting the unreliable narrator's actions in the light of the embedded narrative, which suggests the danger of solipsism.
Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprimé des réserves sur les exercices métafictionnels de l... more Raymond Carver, bien qu’ayant souvent exprimé des réserves sur les exercices métafictionnels de la génération d’écrivains américains qui a précédé la sienne, n’a cependant pas gommé de sa propre pratique d’écriture toute dimension auto-réflexive. À partir de l’étude d’un élément perturbateur dans la ponctuation de quelques nouvelles, l’omission des guillemets dans la transcription des dialogues, cet article s’attache à montrer comment cette absence attire Quote-unquote: Raymond Carver and metafiction Journal of the Short Story in English, 33 | Autumn 1999 14
Le développement de la traductologie au cours des dernières années a mis sur le devant de la scèn... more Le développement de la traductologie au cours des dernières années a mis sur le devant de la scène le texte traduit comme lieu d'investigation privilégié des échanges complexes entre langues et cultures, le traducteur étant considéré comme « un médiateur entre deux langues, deux cultures , deux publics, parfois deux époques »t. Pour l'américaniste, la (re)découverte des traductions françaises du roman qu'Hemingway considérait comme fondateur de toute la littérature américaine, The Adventures of Huckleberry Finn, ouvre des perspectives sur l'abîme culturel qui sépare les deux civilisations. Il nous suffira pour nous en rendre compte de nous pencher sur les traductions des deux premiers pa-ragraphes de l 'oeuvre, paragraphes clés dans lesquels s'établit le contrat narratif, pour mesurer l'ampleur du « malentendu » : c'est bien en effet d'un refus d'entendre et de laisser s'affirmer une voix, celle de Huck, qu'il s'agit dans la plupart des traductions de l'oeuvre. Et cette transformation de la voix narrative n'est évidemment pas sans conséquence sur la signification de l'oeuvre tout entière. Comme le dit Michel Morel, l'essentiel, pour le lecteur du texte traduit, c'est que le complexe ensemble de jugements propres à l'acte énonciatif source et déclenchés par lui soit transféré vers le texte cible avec un minimum de déformation. En ce sens, l'axiologie déployée dans l'acte de lecture est le lieu même où peut se transmettre et se reconnaître l'équilibre générique propre au texte source: l'axiologie, c'est-à-dire l'effet syncrétique, chez le lecteur, de la totalité des jugements et contre-jugements évaluatifs déclenchés par le texte.
Mark Twain's relations with France and the French language have always been strained. The various... more Mark Twain's relations with France and the French language have always been strained. The various translations of his masterpiece The Adventures of Huckleberry Finn illustrate the process through which a misunderstanding was established between the French public and the American writer: as products of specific cultural environments, these translations betray Twain's novel in various ways, and in their turn compound the misunderstanding which first produced them. The first translation, by shifting the generic status of the work, completely destroyed both the manner and the matter of its subversive potential. The second one, published during the Cold War, established the work as a "classic" of popular literature, written by a champion of anti-imperialism, without making obvious the linguistic basis of Twain's radicalism. Subsequent translations have failed to achieve a balance between these two extreme claims, and the misunderstanding thus remains, no French translation conveying adequately the originality of the work which is considered as the very foundation of American literature. Faisant le point en 1886 sur la réputation de Mark Twain en France, et déplorant qu'on ne lui accorde qu'une place d'humoriste un peu fou, Eugène Forgues écrivait : Il y a là un malentendu très regrettable, et qui tient à un de ces préjugés traditionnels dont notre pays n'est pas assez avare. En France, on croit volontiers que la langue française est universelle, que tout peut être traduit en français, et que si une traduction est ennuyeuse, la faute en est toujours à l'original. Ce sont là pourtant des propositions discutables et sur lesquelles il est injuste de fonder une condamnation comm e celle dont on a frappé Mark Twain. 1 Les problèmes de traduction sont en effet au coeur du malentendu per-sistant qui marque la réception de cet auteur en France, et Mark Twain
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