Books by Christian de Mérindol

DEVISES, LETTRES, CHIFFRES ET COULEURS : UN CODE EMBLÉMATIQUE 1350-1550, 2022
Parmi les signes à travers lesquels l’individu exprime son identité à la fin du Moyen Âge, les de... more Parmi les signes à travers lesquels l’individu exprime son identité à la fin du Moyen Âge, les devises intriguent et interrogent par leur caractère souvent insolite, produit par l’emploi d’objets que l’on identifie parfois désormais avec difficulté, dans de nombreux cas associés à des mots ou des chiffres, tant en latin qu’en vernaculaire, qui posent fréquemment des problèmes de lecture et d’interprétation.
Code emblématique créé entre Angleterre et France dans la première moitié du XIVe siècle, puis diffusé rapidement à l’échelle de l’Europe, la devise prolonge les expériences emblématiques du début du XIVe siècle, comme les cimiers et les supports. Si elle entretient des rapports étroits avec l’héraldique, elle génère progressivement un système spécifique qui s’en détache du point de vue formel et fonctionnel : les devises restent plutôt complémentaires que concurrentes des armoiries, dont elles comblent même un certain nombre de lacunes ou de carences. Ces signes d’identité, librement choisis tout d’abord par le prince et ses courtisans, puis par une large partie de la « haute société » européenne, sont en effet autant un emblème qui renvoie à sa personne qu’un symbole qui exprime ses idéaux. Ils lui permettent de marquer ses biens comme d’entrer en représentation. Les devises, attachées à un individu, sont aussi un signe de pouvoir que le prince peut partager avec ses fidèles sous diverses formes (vêtements et bijoux notamment), les plus structurées de ces groupes étant organisées en ordres de chevalerie. Mais ces emblèmes sont surtout des signes politiques et militaires : soutenant un message précis, ils permettent la diffusion de subtils discours de « propagande » et marquent les partisans lors des conflits politiques et civils. Déployés sur les étendards, affichés sur les vêtements ou livrées, ils structurent le champ de bataille et font apparaître les premiers uniformes. D’une mode de cour aux fonctions pratiques, la devise devient à la fin du Moyen Âge, un jeu d’esthètes et d’intellectuels qui épuise le système et résiste assez mal, dans ses formes médiévales, à la pensée moderne.
A cet univers d’emblèmes est consacré ce livre issu de deux rencontres scientifiques organisées en 2014-2015 dans des cadres particulièrement propices, en raison de l’exubérance de leur décor, à alimenter une discussion sur le thème de la devise à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance : l’une a eu lieu au Portugal, dans le monastère de Santa Maria da Vitória à Batalha, sous la direction de Laurent Hablot et Miguel Metelo de Seixas (Empresas-Devises-Badges : un code emblématique européen/um código emblemático europeu 1350-1550), l’autre en France, dans le monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse) sous la direction de Pierre-Gilles Girault et Laurent Hablot (Des chiffres et des lettres. Monogrammes, lettres emblématiques et chiffres énigmatiques dans l'emblématique). Les deux colloques, qui ont vu la participation de chercheurs provenant de différents horizons disciplinaires et géographiques, ont été l’occasion pour explorer en profondeur un domaine de recherche qui connaît depuis une vingtaine d’année, un important renouveau dont sont la preuve les études monographiques de plus en plus nombreuses sur un emblème donné ou sur l’emblématique d’un personnage ou d’une famille ; la prise en compte de la question dans les ouvrages relatifs à la période médiévale et à la Renaissance, à ses grands personnages et à ses productions artistiques variées ; des bases de données comme Devise. Emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge qui depuis 2013 collecte et analyse les devises utilisées à travers toute l’Europe du milieu du XIVe siècle jusqu’au milieu du XVIe.
Sans vouloir prétendre à une synthèse exhaustive sur une question aussi complexe, que les introductions de Laurent Hablot et Werner Paravicini explorent dans ses multiples aspects, les articles réunis dans ce volume offrent un large aperçu des devises portées par les princes et l’aristocratie espagnole, française, italiennes et portugaise entre le milieu du XIVe et le milieu du XVIe siècle à la fin du Moyen-âge [pour ne pas répéter l’expression finale du paragraphe antérieur]. Nous y retrouvons à la fois des analyses consacrées à certains emblèmes parmi les plus célèbres – tels la chantepleure de Valentine Visconti et Marie de Clèves, la Salamandre de François Ier, l’aubépine de Valeran de Saluces, la « couronne double » de la maison d’Aragon – et des études centrées sur les systèmes d’emblèmes adoptés par certains personnages (Charles VIII et Anne de Bretagne, Marguerite d’Autriche), familles (les Visconti, la maison d’Avis, les Bourbons) ou milieux sociaux (la noblesse florentine au XVe siècle, les familles de l’Italie du nord) et institutionnels (les villes portugaises). Le cadre est complété par une réflexion sur la fortune que les devises ont rencontré dans le milieu intellectuel à l’époque moderne, comme l’atteste le cas de l’ouvrage De l’art des devises publié par le Père Le Moyne en 1606.
Edité par Laurent Hablot (Paris, EPHE), Miguel Metelo de Seixas (Lisbonne, Universidade Nova FCSH) et Matteo Ferrari (Paris, EPHE), grâce au soutien de IEM – Instituto de Estudos Medievais, en 2022.
Papers by Christian de Mérindol
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2004
Mérindol Christian de. Iconologie, topographie et espace religieux : le chœur des chanoines de la... more Mérindol Christian de. Iconologie, topographie et espace religieux : le chœur des chanoines de la cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2000, 2004. pp. 63-64
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1986
Mérindol Christian de. Observations sur trois armoriaux de l'ordre de la Toison d'Or. In:... more Mérindol Christian de. Observations sur trois armoriaux de l'ordre de la Toison d'Or. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1984, 1986. pp. 112-130
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1987
Mérindol Christian de. Essai sur l'emblématique et la thématique de la monarchie française à ... more Mérindol Christian de. Essai sur l'emblématique et la thématique de la monarchie française à la fin du Moyen Age d'après le témoignage du château de Vincennes. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1986, 1987. pp. 187-227
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2009
Mérindol Christian de. Décors peints de trois résidences patriciennes du sud de la France au XIII... more Mérindol Christian de. Décors peints de trois résidences patriciennes du sud de la France au XIIIe siècle : une nouvelle lecture. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2007, 2009. pp. 73-86
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1991
Mérindol Christian de. Nouvelles observations sur l'hôtel de Jacques Cœur à Bourges : l'h... more Mérindol Christian de. Nouvelles observations sur l'hôtel de Jacques Cœur à Bourges : l'hommage au roi. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1989, 1991. pp. 189-210
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1993
Mérindol Christian de. Couleurs des couvertures et contenus des livres à la fin du Moyen Age. In:... more Mérindol Christian de. Couleurs des couvertures et contenus des livres à la fin du Moyen Age. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1991, 1993. pp. 212-226
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1982
Mérindol Christian de. Recherches sur les armoiries de René d'Anjou et de Jeanne de Laval. In... more Mérindol Christian de. Recherches sur les armoiries de René d'Anjou et de Jeanne de Laval. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1980-1981, 1982. pp. 235-251
Mérindol Christian de. La «chambre du cerf» au Palais des Papes à Avignon. Observations sur la th... more Mérindol Christian de. La «chambre du cerf» au Palais des Papes à Avignon. Observations sur la thématique et l'emblématique de Clément VI. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1985, 1987. pp. 210-213
Mérindol Christian de, Ehrmann Jean. Un projet de statuts de la Société Royale des Antiquaires de... more Mérindol Christian de, Ehrmann Jean. Un projet de statuts de la Société Royale des Antiquaires de France (1829). In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1984, 1986. pp. 150-155
Mérindol Christian de. Les demeures du roi René en Anjou et leur décoration peinte. In: Bulletin ... more Mérindol Christian de. Les demeures du roi René en Anjou et leur décoration peinte. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1978-1979, 1982. pp. 180-193
Mérindol Christian de. Nouvelles observations sur la tenture de 1' «Apocalypse» d'Angers.... more Mérindol Christian de. Nouvelles observations sur la tenture de 1' «Apocalypse» d'Angers. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1987, 1989. pp. 52-61
Mérindol Christian de. De l'emblématique de Charles VI et de Jean de Berry : à propos d'u... more Mérindol Christian de. De l'emblématique de Charles VI et de Jean de Berry : à propos d'un plafond peint et armorié récemment publié. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2006, 2012. pp. 120-135
Mérindol Christian de. A propos d'une monnaie, d'un sceau et d'un décor monumental : ... more Mérindol Christian de. A propos d'une monnaie, d'un sceau et d'un décor monumental : Louis le Grand de Hongrie et Louis d'Anjou face au «secret du roi » Charles V. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2004-2005, 2011. pp. 272-281
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2001
Mérindol Christian de. Les portraits du roi Charles VII, mise au point et nouveaux documents. In:... more Mérindol Christian de. Les portraits du roi Charles VII, mise au point et nouveaux documents. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1997, 2001. pp. 176-178
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2002
Mérindol Christian de. Décor monumental et pouvoir politique, la Diana de Montbrison. In: Bulleti... more Mérindol Christian de. Décor monumental et pouvoir politique, la Diana de Montbrison. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1999, 2002. pp. 108-109
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1987
Mérindol Christian de. Deux scènes de la vie de saint Martin, à propos de peintures murales récem... more Mérindol Christian de. Deux scènes de la vie de saint Martin, à propos de peintures murales récemment découvertes en l'église Saint-Hilaire de Poitiers. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1985, 1987. pp. 215-223
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1992
Mérindol Christian de. La provenance et la datation du vase Gaignières-Fonthill et de la tenture ... more Mérindol Christian de. La provenance et la datation du vase Gaignières-Fonthill et de la tenture des Preux de New York. L'emblématique et la thématique peuvent fixer sur une œuvre d'art un moment d'histoire. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1990, 1992. pp. 112-126
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2008
Mérindol Christian de. De l'abbaye Saint-Etienne de Caen à l'église du couvent Saint-Nico... more Mérindol Christian de. De l'abbaye Saint-Etienne de Caen à l'église du couvent Saint-Nicolas-de-Tolentin à Brou. Réflexions sur les carreaux de pavement. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 2002, 2008. pp. 79-92
Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1999
Mérindol Christian de. Taxinomie et symbolique dans le classement d'une bibliothèque à la fin... more Mérindol Christian de. Taxinomie et symbolique dans le classement d'une bibliothèque à la fin de l'époque médiévale, la bibliothèque de Moulins. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1996, 1999. pp. 152-170
Uploads
Books by Christian de Mérindol
Code emblématique créé entre Angleterre et France dans la première moitié du XIVe siècle, puis diffusé rapidement à l’échelle de l’Europe, la devise prolonge les expériences emblématiques du début du XIVe siècle, comme les cimiers et les supports. Si elle entretient des rapports étroits avec l’héraldique, elle génère progressivement un système spécifique qui s’en détache du point de vue formel et fonctionnel : les devises restent plutôt complémentaires que concurrentes des armoiries, dont elles comblent même un certain nombre de lacunes ou de carences. Ces signes d’identité, librement choisis tout d’abord par le prince et ses courtisans, puis par une large partie de la « haute société » européenne, sont en effet autant un emblème qui renvoie à sa personne qu’un symbole qui exprime ses idéaux. Ils lui permettent de marquer ses biens comme d’entrer en représentation. Les devises, attachées à un individu, sont aussi un signe de pouvoir que le prince peut partager avec ses fidèles sous diverses formes (vêtements et bijoux notamment), les plus structurées de ces groupes étant organisées en ordres de chevalerie. Mais ces emblèmes sont surtout des signes politiques et militaires : soutenant un message précis, ils permettent la diffusion de subtils discours de « propagande » et marquent les partisans lors des conflits politiques et civils. Déployés sur les étendards, affichés sur les vêtements ou livrées, ils structurent le champ de bataille et font apparaître les premiers uniformes. D’une mode de cour aux fonctions pratiques, la devise devient à la fin du Moyen Âge, un jeu d’esthètes et d’intellectuels qui épuise le système et résiste assez mal, dans ses formes médiévales, à la pensée moderne.
A cet univers d’emblèmes est consacré ce livre issu de deux rencontres scientifiques organisées en 2014-2015 dans des cadres particulièrement propices, en raison de l’exubérance de leur décor, à alimenter une discussion sur le thème de la devise à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance : l’une a eu lieu au Portugal, dans le monastère de Santa Maria da Vitória à Batalha, sous la direction de Laurent Hablot et Miguel Metelo de Seixas (Empresas-Devises-Badges : un code emblématique européen/um código emblemático europeu 1350-1550), l’autre en France, dans le monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse) sous la direction de Pierre-Gilles Girault et Laurent Hablot (Des chiffres et des lettres. Monogrammes, lettres emblématiques et chiffres énigmatiques dans l'emblématique). Les deux colloques, qui ont vu la participation de chercheurs provenant de différents horizons disciplinaires et géographiques, ont été l’occasion pour explorer en profondeur un domaine de recherche qui connaît depuis une vingtaine d’année, un important renouveau dont sont la preuve les études monographiques de plus en plus nombreuses sur un emblème donné ou sur l’emblématique d’un personnage ou d’une famille ; la prise en compte de la question dans les ouvrages relatifs à la période médiévale et à la Renaissance, à ses grands personnages et à ses productions artistiques variées ; des bases de données comme Devise. Emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge qui depuis 2013 collecte et analyse les devises utilisées à travers toute l’Europe du milieu du XIVe siècle jusqu’au milieu du XVIe.
Sans vouloir prétendre à une synthèse exhaustive sur une question aussi complexe, que les introductions de Laurent Hablot et Werner Paravicini explorent dans ses multiples aspects, les articles réunis dans ce volume offrent un large aperçu des devises portées par les princes et l’aristocratie espagnole, française, italiennes et portugaise entre le milieu du XIVe et le milieu du XVIe siècle à la fin du Moyen-âge [pour ne pas répéter l’expression finale du paragraphe antérieur]. Nous y retrouvons à la fois des analyses consacrées à certains emblèmes parmi les plus célèbres – tels la chantepleure de Valentine Visconti et Marie de Clèves, la Salamandre de François Ier, l’aubépine de Valeran de Saluces, la « couronne double » de la maison d’Aragon – et des études centrées sur les systèmes d’emblèmes adoptés par certains personnages (Charles VIII et Anne de Bretagne, Marguerite d’Autriche), familles (les Visconti, la maison d’Avis, les Bourbons) ou milieux sociaux (la noblesse florentine au XVe siècle, les familles de l’Italie du nord) et institutionnels (les villes portugaises). Le cadre est complété par une réflexion sur la fortune que les devises ont rencontré dans le milieu intellectuel à l’époque moderne, comme l’atteste le cas de l’ouvrage De l’art des devises publié par le Père Le Moyne en 1606.
Edité par Laurent Hablot (Paris, EPHE), Miguel Metelo de Seixas (Lisbonne, Universidade Nova FCSH) et Matteo Ferrari (Paris, EPHE), grâce au soutien de IEM – Instituto de Estudos Medievais, en 2022.
Papers by Christian de Mérindol
Code emblématique créé entre Angleterre et France dans la première moitié du XIVe siècle, puis diffusé rapidement à l’échelle de l’Europe, la devise prolonge les expériences emblématiques du début du XIVe siècle, comme les cimiers et les supports. Si elle entretient des rapports étroits avec l’héraldique, elle génère progressivement un système spécifique qui s’en détache du point de vue formel et fonctionnel : les devises restent plutôt complémentaires que concurrentes des armoiries, dont elles comblent même un certain nombre de lacunes ou de carences. Ces signes d’identité, librement choisis tout d’abord par le prince et ses courtisans, puis par une large partie de la « haute société » européenne, sont en effet autant un emblème qui renvoie à sa personne qu’un symbole qui exprime ses idéaux. Ils lui permettent de marquer ses biens comme d’entrer en représentation. Les devises, attachées à un individu, sont aussi un signe de pouvoir que le prince peut partager avec ses fidèles sous diverses formes (vêtements et bijoux notamment), les plus structurées de ces groupes étant organisées en ordres de chevalerie. Mais ces emblèmes sont surtout des signes politiques et militaires : soutenant un message précis, ils permettent la diffusion de subtils discours de « propagande » et marquent les partisans lors des conflits politiques et civils. Déployés sur les étendards, affichés sur les vêtements ou livrées, ils structurent le champ de bataille et font apparaître les premiers uniformes. D’une mode de cour aux fonctions pratiques, la devise devient à la fin du Moyen Âge, un jeu d’esthètes et d’intellectuels qui épuise le système et résiste assez mal, dans ses formes médiévales, à la pensée moderne.
A cet univers d’emblèmes est consacré ce livre issu de deux rencontres scientifiques organisées en 2014-2015 dans des cadres particulièrement propices, en raison de l’exubérance de leur décor, à alimenter une discussion sur le thème de la devise à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance : l’une a eu lieu au Portugal, dans le monastère de Santa Maria da Vitória à Batalha, sous la direction de Laurent Hablot et Miguel Metelo de Seixas (Empresas-Devises-Badges : un code emblématique européen/um código emblemático europeu 1350-1550), l’autre en France, dans le monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse) sous la direction de Pierre-Gilles Girault et Laurent Hablot (Des chiffres et des lettres. Monogrammes, lettres emblématiques et chiffres énigmatiques dans l'emblématique). Les deux colloques, qui ont vu la participation de chercheurs provenant de différents horizons disciplinaires et géographiques, ont été l’occasion pour explorer en profondeur un domaine de recherche qui connaît depuis une vingtaine d’année, un important renouveau dont sont la preuve les études monographiques de plus en plus nombreuses sur un emblème donné ou sur l’emblématique d’un personnage ou d’une famille ; la prise en compte de la question dans les ouvrages relatifs à la période médiévale et à la Renaissance, à ses grands personnages et à ses productions artistiques variées ; des bases de données comme Devise. Emblématique et héraldique à la fin du Moyen Âge qui depuis 2013 collecte et analyse les devises utilisées à travers toute l’Europe du milieu du XIVe siècle jusqu’au milieu du XVIe.
Sans vouloir prétendre à une synthèse exhaustive sur une question aussi complexe, que les introductions de Laurent Hablot et Werner Paravicini explorent dans ses multiples aspects, les articles réunis dans ce volume offrent un large aperçu des devises portées par les princes et l’aristocratie espagnole, française, italiennes et portugaise entre le milieu du XIVe et le milieu du XVIe siècle à la fin du Moyen-âge [pour ne pas répéter l’expression finale du paragraphe antérieur]. Nous y retrouvons à la fois des analyses consacrées à certains emblèmes parmi les plus célèbres – tels la chantepleure de Valentine Visconti et Marie de Clèves, la Salamandre de François Ier, l’aubépine de Valeran de Saluces, la « couronne double » de la maison d’Aragon – et des études centrées sur les systèmes d’emblèmes adoptés par certains personnages (Charles VIII et Anne de Bretagne, Marguerite d’Autriche), familles (les Visconti, la maison d’Avis, les Bourbons) ou milieux sociaux (la noblesse florentine au XVe siècle, les familles de l’Italie du nord) et institutionnels (les villes portugaises). Le cadre est complété par une réflexion sur la fortune que les devises ont rencontré dans le milieu intellectuel à l’époque moderne, comme l’atteste le cas de l’ouvrage De l’art des devises publié par le Père Le Moyne en 1606.
Edité par Laurent Hablot (Paris, EPHE), Miguel Metelo de Seixas (Lisbonne, Universidade Nova FCSH) et Matteo Ferrari (Paris, EPHE), grâce au soutien de IEM – Instituto de Estudos Medievais, en 2022.