LA DENDROECOLOGIE, Principes, méthodes et applications, 2010
L’analyse anthracologique ou anthracologie concerne aussi bien des microparticules charbonneuses ... more L’analyse anthracologique ou anthracologie concerne aussi bien des microparticules charbonneuses ou de plus grosses, susceptibles d’être identifiées à l’aide de critères botaniques et d’être comptées et mesurées dans le dessein de reconstituer la végétation incendiée, de formuler un diagnostic sur les paléoenvironnements ou d’interpréter l’usage passé de la matière ligneuse par l’homme. La pédoanthracologie est l’analyse des charbons contenus dans les sols naturels, tandis que celle de macrorestes entrant dans la composition de couches archéologiques peut être désignée sous le vocable de l’archéoanthracologie.
Dès 1941, Iversen analysait les charbons de bois contenus dans les sols naturels du Danemark à des fins de reconstitution de paléoenvironnements. Depuis cette époque, les particules microscopiques carbonisées aéroportées (de moins de 2 μm de diamètre) ont été largement utilisées pour interpréter l’histoire des feux et pour aider à reconstituer la végétation durant le Quaternaire. Parmi les travaux les plus importants au regard de leur ancienneté et de leur portée, mentionnons ceux de Tolonen (1978), Clark (1988), Whitlock et Bartlein (2004) et Power et al. (2008). La fréquence élevée de microcharbons décelés sur les lames palynologiques représente des incendies survenus sur une aire qui reste cependant difficile à définir autour du point de sondage (Blackford, 2000; Lynch, Clark et Stocks, 2004; Higuera et al., 2007; Peters et Higuera, 2007).
Les charbons de bois représentent un matériel organique extrêmement résistant à la minéralisation biologique et pouvant se conserver fort longtemps dans les sols (Marguerie, 1992; Hopkins et al., 1993; Zackrisson, Nilsson et Wardle, 1996; Carcaillet, 2001; Talon et al., 2005). L’étude de leurs assemblages permet de dater les perturbations qui en sont à l’origine et de préciser la composition de la végétation originale. Les échantillons sont habituellement prélevés dans des coupes ou des carottes. La répartition de la végétation au moment du feu est inconnue. Cette étude de la production de pièces suivant immédiatement un incendie vise à déterminer dans quelle mesure elles peuvent fournir une représentation de la structure du peuplement forestier qui les a mises en place.
Les premières déterminations des charbons de bois archéologiques remontent au 19e siècle. C’est dans les Alpes italiennes à partir de 1864, puis en Suisse, en Allemagne en 1896 et en Hongrie qu’ont été effectuées les analyses les plus anciennes. En France, Dangeard (1899) détermine des charbons de bois conservés dans un tumulus breton. En 1903, Fliche (in Breuil, 1903) détermine les charbons de bois du gisement préhistorique du Mas-d’Azil (Ariège, France). L’observation des charbons de bois se fait alors en microscopie à transmission sur des coupes minces dont la réalisation est fastidieuse. Fietz (1933), puis Stieber (1957) et Western (1963) développent l’utilisation du microscope à réflexion ou épiscopique autorisant une observation directe des charbons sur cassures fraîches. Cette technique rapide, simple et efficace a considérablement amélioré le rendement de la méthode. Aucun traitement préalable n’est requis et l’analyse de grandes quantités de charbons est ainsi rendue possible. En 1967, Dimbleby expose parallèlement les techniques d’observation par lumière transmise et réfléchie.
Dans les années 1940, les questions fondamentales de l’anthracologie, comme la signification paléoécologique des assemblages identifiés, sont déjà posées par des chercheurs britanniques (Salisbury et Jane, 1940; Godwin et Tansley, 1941). L’analyse de grandes quantités de charbons, devenue ainsi possible, fait de l’anthracologie une approche efficace pour l’étude des relations entre les sociétés humaines et leur milieu, pour celle des connaissances sur l’économie du bois de feu, des usages, des techniques et des modes de gestion de la végétation ligneuse et ceci dès la préhistoire. Les charbons de bois constituent d’excellents marqueurs des milieux exploités et des formations végétales qui s’y développent.
Les premiers travaux synthétiques sur les charbons de bois d’origine anthropique ont été menés dans le sud de la France, en Italie puis dans la Péninsule Ibérique, à la suite de la thèse de Vernet (1972) et de ses étudiants (Chabal et al., 1999). Marguerie (1992) aborde l’étude des paléoenvironnements atlantiques et plus particulièrement les relations homme- milieu dans le nord-ouest de la France par la palynologie à laquelle il adjoint l’étude des charbons de bois archéologiques.
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Dès 1941, Iversen analysait les charbons de bois contenus dans les sols naturels du Danemark à des fins de reconstitution de paléoenvironnements. Depuis cette époque, les particules microscopiques carbonisées aéroportées (de moins de 2 μm de diamètre) ont été largement utilisées pour interpréter l’histoire des feux et pour aider à reconstituer la végétation durant le Quaternaire. Parmi les travaux les plus importants au regard de leur ancienneté et de leur portée, mentionnons ceux de Tolonen (1978), Clark (1988), Whitlock et Bartlein (2004) et Power et al. (2008). La fréquence élevée de microcharbons décelés sur les lames palynologiques représente des incendies survenus sur une aire qui reste cependant difficile à définir autour du point de sondage (Blackford, 2000; Lynch, Clark et Stocks, 2004; Higuera et al., 2007; Peters et Higuera, 2007).
Les charbons de bois représentent un matériel organique extrêmement résistant à la minéralisation biologique et pouvant se conserver fort longtemps dans les sols (Marguerie, 1992; Hopkins et al., 1993; Zackrisson, Nilsson et Wardle, 1996; Carcaillet, 2001; Talon et al., 2005). L’étude de leurs assemblages permet de dater les perturbations qui en sont à l’origine et de préciser la composition de la végétation originale. Les échantillons sont habituellement prélevés dans des coupes ou des carottes. La répartition de la végétation au moment du feu est inconnue. Cette étude de la production de pièces suivant immédiatement un incendie vise à déterminer dans quelle mesure elles peuvent fournir une représentation de la structure du peuplement forestier qui les a mises en place.
Les premières déterminations des charbons de bois archéologiques remontent au 19e siècle. C’est dans les Alpes italiennes à partir de 1864, puis en Suisse, en Allemagne en 1896 et en Hongrie qu’ont été effectuées les analyses les plus anciennes. En France, Dangeard (1899) détermine des charbons de bois conservés dans un tumulus breton. En 1903, Fliche (in Breuil, 1903) détermine les charbons de bois du gisement préhistorique du Mas-d’Azil (Ariège, France). L’observation des charbons de bois se fait alors en microscopie à transmission sur des coupes minces dont la réalisation est fastidieuse. Fietz (1933), puis Stieber (1957) et Western (1963) développent l’utilisation du microscope à réflexion ou épiscopique autorisant une observation directe des charbons sur cassures fraîches. Cette technique rapide, simple et efficace a considérablement amélioré le rendement de la méthode. Aucun traitement préalable n’est requis et l’analyse de grandes quantités de charbons est ainsi rendue possible. En 1967, Dimbleby expose parallèlement les techniques d’observation par lumière transmise et réfléchie.
Dans les années 1940, les questions fondamentales de l’anthracologie, comme la signification paléoécologique des assemblages identifiés, sont déjà posées par des chercheurs britanniques (Salisbury et Jane, 1940; Godwin et Tansley, 1941). L’analyse de grandes quantités de charbons, devenue ainsi possible, fait de l’anthracologie une approche efficace pour l’étude des relations entre les sociétés humaines et leur milieu, pour celle des connaissances sur l’économie du bois de feu, des usages, des techniques et des modes de gestion de la végétation ligneuse et ceci dès la préhistoire. Les charbons de bois constituent d’excellents marqueurs des milieux exploités et des formations végétales qui s’y développent.
Les premiers travaux synthétiques sur les charbons de bois d’origine anthropique ont été menés dans le sud de la France, en Italie puis dans la Péninsule Ibérique, à la suite de la thèse de Vernet (1972) et de ses étudiants (Chabal et al., 1999). Marguerie (1992) aborde l’étude des paléoenvironnements atlantiques et plus particulièrement les relations homme- milieu dans le nord-ouest de la France par la palynologie à laquelle il adjoint l’étude des charbons de bois archéologiques.
Dès 1941, Iversen analysait les charbons de bois contenus dans les sols naturels du Danemark à des fins de reconstitution de paléoenvironnements. Depuis cette époque, les particules microscopiques carbonisées aéroportées (de moins de 2 μm de diamètre) ont été largement utilisées pour interpréter l’histoire des feux et pour aider à reconstituer la végétation durant le Quaternaire. Parmi les travaux les plus importants au regard de leur ancienneté et de leur portée, mentionnons ceux de Tolonen (1978), Clark (1988), Whitlock et Bartlein (2004) et Power et al. (2008). La fréquence élevée de microcharbons décelés sur les lames palynologiques représente des incendies survenus sur une aire qui reste cependant difficile à définir autour du point de sondage (Blackford, 2000; Lynch, Clark et Stocks, 2004; Higuera et al., 2007; Peters et Higuera, 2007).
Les charbons de bois représentent un matériel organique extrêmement résistant à la minéralisation biologique et pouvant se conserver fort longtemps dans les sols (Marguerie, 1992; Hopkins et al., 1993; Zackrisson, Nilsson et Wardle, 1996; Carcaillet, 2001; Talon et al., 2005). L’étude de leurs assemblages permet de dater les perturbations qui en sont à l’origine et de préciser la composition de la végétation originale. Les échantillons sont habituellement prélevés dans des coupes ou des carottes. La répartition de la végétation au moment du feu est inconnue. Cette étude de la production de pièces suivant immédiatement un incendie vise à déterminer dans quelle mesure elles peuvent fournir une représentation de la structure du peuplement forestier qui les a mises en place.
Les premières déterminations des charbons de bois archéologiques remontent au 19e siècle. C’est dans les Alpes italiennes à partir de 1864, puis en Suisse, en Allemagne en 1896 et en Hongrie qu’ont été effectuées les analyses les plus anciennes. En France, Dangeard (1899) détermine des charbons de bois conservés dans un tumulus breton. En 1903, Fliche (in Breuil, 1903) détermine les charbons de bois du gisement préhistorique du Mas-d’Azil (Ariège, France). L’observation des charbons de bois se fait alors en microscopie à transmission sur des coupes minces dont la réalisation est fastidieuse. Fietz (1933), puis Stieber (1957) et Western (1963) développent l’utilisation du microscope à réflexion ou épiscopique autorisant une observation directe des charbons sur cassures fraîches. Cette technique rapide, simple et efficace a considérablement amélioré le rendement de la méthode. Aucun traitement préalable n’est requis et l’analyse de grandes quantités de charbons est ainsi rendue possible. En 1967, Dimbleby expose parallèlement les techniques d’observation par lumière transmise et réfléchie.
Dans les années 1940, les questions fondamentales de l’anthracologie, comme la signification paléoécologique des assemblages identifiés, sont déjà posées par des chercheurs britanniques (Salisbury et Jane, 1940; Godwin et Tansley, 1941). L’analyse de grandes quantités de charbons, devenue ainsi possible, fait de l’anthracologie une approche efficace pour l’étude des relations entre les sociétés humaines et leur milieu, pour celle des connaissances sur l’économie du bois de feu, des usages, des techniques et des modes de gestion de la végétation ligneuse et ceci dès la préhistoire. Les charbons de bois constituent d’excellents marqueurs des milieux exploités et des formations végétales qui s’y développent.
Les premiers travaux synthétiques sur les charbons de bois d’origine anthropique ont été menés dans le sud de la France, en Italie puis dans la Péninsule Ibérique, à la suite de la thèse de Vernet (1972) et de ses étudiants (Chabal et al., 1999). Marguerie (1992) aborde l’étude des paléoenvironnements atlantiques et plus particulièrement les relations homme- milieu dans le nord-ouest de la France par la palynologie à laquelle il adjoint l’étude des charbons de bois archéologiques.