
Nina Cabanau
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Drafts by Nina Cabanau
Comment définir l’éco-fiction ? Comment étudier le motif de la nature dans la littérature ? Il s’agit de réfléchir à la notion de genre littéraire, à l’évolution historique, spatiale de ce genre. Des pays comme le Japon, l’Amérique ou plus récemment l’Allemagne en ont été des précurseurs. On peut se demander dans quelle mesure un texte appartient à l’éco-fiction, sur quels critères un ouvrage appartient à ce genre. L’auteur doit-il placer la dimension environnementale au cœur de son projet littéraire ?
Pour Philippe Descola, anthropologue et philosophe de la nature, celle-ci n’existe pas en tant que telle, mais participe d’un regard occidentalo-centré. Dans un article du media Reporterre, l’anthropologue admet en réalité que la nature est une création, un concept « qui permet de donner une saillance à tout ce à quoi le concept est opposé ».
Dans les années 1970, avec l’essor des mouvements environnementalistes, un renouveau de la littérature naturaliste, avec des préoccupations liées à un contexte socio-politique, a vu le jour. Ce mouvement a connu un vaste écho aux Etats-Unis, et a fait suite aux écrits d’auteurs comme John Muir, ou Henry David Thoreau. Ces derniers auteurs ont connu un regain de popularité récemment. En effet, pour comprendre l’éco-fiction contemporaine, il est intéressant d’étudier leurs précurseurs directs, les plus lus étant des auteurs anglophones.
Mais qu’en est-il du reste du monde ?
Dans l’aire qui nous intéresse, de langue bengalie (Bangladesh et Bengale Indien, le bengali étant parlé à cheval sur deux pays, l’Inde et le Bangladesh) il sera intéressant, bien que la « littérature de la nature » ait pu être bien plus ancienne, d’étudier les œuvres des décennies précédant immédiatement les mouvements environnementalistes (années 1930 à 1960) et traitant de la nature. Ces œuvres ont-elles pu dire autre chose sur la nature que les œuvres d’auteurs anglophones sur la même période ? Comment ont-elles pu influencer les œuvres d’auteurs post-début des mouvements environnementalistes ? Nous avons choisi des romans pour leur virtuosité littéraire, la variété des techniques narratives proposées, mais surtout parce que ces trois romans sont considérés comme des « classiques » en Inde et au Bangladesh, soit des romans que toute personne souhaitant valoriser sa culture littéraire et nationale se doit d’avoir lu, aujourd’hui encore.
L’objectif de cette recherche a donc été de choisir ces auteurs phares de la littérature bengalie (du Bengale Indien et du Bangladesh) qui ont, les premiers dans ces années cruciales entre 1930 et 1970, mis au cœur de leur récit la thématique environnementale.
A quelles fins, et de quelle manière ? Par quels outils narratologiques ? Il s’est agi, après discussion avec le directeur de la section de bengalie, Philippe Benoît, qui a accepté de diriger cette recherche de trois romans d’auteurs du Bengale Indien, l’un d’entre eux situant son action au Bangladesh, auteurs lus et commentés au Bangladesh également.
Ces trois romans sont Aranyak (la forêt) de Bibhutibhushan Bandopadhyay (1894 – 1950) publié en 1939, la même année que les Les Raisins de la colère de Joseph Steinbeck ; Le batelier de la Padma de Manik Banerjee (né en 1908 - 1956), publié en 1934 dans des revues littéraires, et en 1936 sous forme de roman, et Hansuli Banker upokotha (La légende du méandre Hansuli) de Tarashankar Banerjee (1898 - 1971) publié à partir de 1946 dans des journaux dont le largement diffusé Anandobajar Patrika dans différentes versions puis en 1951 sous forme de roman.
Dans Aranyak, un jeune homme bengali, Satyacharan, part au Bihar travailler pour un propriétaire terrien. D’abord réticent, il tombe progressivement amoureux des habitants et de la nature qui l’entourent, mais prend progressivement conscience que son travail va bientôt l’amener à détruire l’environnement magique naturel et riche qui l’entoure dans un dilemme moral poignant.
Le batelier de la Padma est un roman qui narre quant à lui la vie d’un batelier et de sa famille. Dans le livre, une intrigue amoureuse se tisse, en relation avec la lutte des personnages pour leur survie, dans un contexte rural. L’histoire se déroule sur la rivière Padma, l’une des plus importantes du Bangladesh. Kuber, le personnage principal, cherche à échapper à sa condition et s’allie avec d’autres travailleurs de la rivière. Le roman explore de nombreux thèmes comme l’oppression sociale et met en valeur la beauté de la région décrite par l’auteur. Dans ce roman poignant, l’eau est un personnage à part entière, et fait écho à l’importance qu’elle revêt au Bangladesh, pays aux 700 rivières.
Hansuli banker upokotha (La légende du méandre Hansuli) évoque, pendant la deuxième guerre mondiale, une communauté, les Kāhār, du Bengale dans la localité de Birbhum. L’auteur présente dans son roman une dialectique entre deux personnages hauts en couleur. Alors que certains Kāhār partent travailler à la ville, le chef du village s’efforce de lutter contre les velléités d’émancipation de son antagoniste, qui souhaite s’affranchir des règles de la communauté, et ne tolère pas d’être soumis à la communauté. Il s’agit pour lui de garantir, dans un monde en tension entre la nature environnante et la ville, la cohérence de la communauté. Dans un style néo-réaliste, utilisant le dialecte local et sa connaissance du monde rural, l’auteur abonde en descriptions humanisées de la nature et en métaphores. Alors qu’un personnage de vieille femme protège la mémoire du village, la nature se voit peu à peu détruite.
Le critère de choix de ces trois romans considérés comme appartenant au genre «আঞ্চলিক », romans portant sur des régions littéralement, qu’on pourrait peut-être assimiler à la littérature « de terroir » en France ancrée dans un cadre régional, a été leur année de publication, mais aussi leur popularité dans le monde bengali, voire au dehors des frontières de l’Inde et du Bangladesh, et donc leur possible influence sur les œuvres d’éco-fiction ultérieures.
Il s’agira de définir une problématique qui permette de dresser un état des lieux historique de la littérature naturaliste dans ces années-là dans le contexte du Bengale. Les spécificités du Bengale (Bengale Indien et Bangladesh), géographiques et environnementales seront à prendre en compte, de même que la langue des textes étudiés, le bengali. La spécificité du vocabulaire, de la langue bengalie pourra donc être traitée, comparativement avec le français.
Nous avons choisi de qualifier ces œuvres d’éco-fiction, au sens large. Si l’éco-fiction, semble se rapporter à une thématique, elle est en réalité un genre littéraire très vaste, riche en possibilités narratives. Des outils narratologiques sont fréquents, tel que le personnage jeune, arrivé dans une localité et qui prend soudain conscience des enjeux environnementaux. Les antagonismes, la place de choix des littératures de l’imaginaire (science-fiction notamment, réalisme magique, fantastique, et littérature d’anticipation) sont souvent étudiées dans les ouvrages contemporains de référence sur le sujet, de même que le lien entre tensions sociales et enjeux environnementaux dans la littérature s’inscrivant dans la veine du réalisme social.
En nous basant sur la définition donnée par le livre Where the wild books are, a field guide to ecofiction, l’auteur John Dwyer propose quatre critères permettant de qualifier une œuvre d’éco-fiction :
1) L’environnement non-humain n’est pas présent que comme cadre mais existe en suggérant implicitement que l’histoire humaine est imbriquée dans l’histoire naturelle.
2) L’intérêt humain n’est pas le seul intérêt légitime.
3) La responsabilité (accountability en anglais est un terme plus vaste, renvoyant à l’idée de devoir rendre des comptes à autrui) des hommes envers leur environnement participe de l’orientation éthique du texte.
4) Une certaine conscience de l’environnement comme un processus plutôt qu’une donnée constante se trouve présente de manière au moins implicite dans le texte.
Cette définition de ce livre de référence qui se présente dans sa préface comme « the most complete and best research guide to date » (le manuel [sur l’éco-fiction] le plus complet et le meilleur à ce jour], si elle a le mérite d’être exhaustive et précise, ne peut s’appliquer en tous points aux œuvres des précurseurs que nous allons nous employer à étudier. De fait, il n’existe pas à ce jour de définition consensuelle de l’éco-fiction, et nous nous appuierons sur une définition plus large, qui reprend le point 1), à savoir une œuvre dans laquelle la nature est un personnage à part entière, et non seulement un cadre.
Dans chacune des trois œuvres d’ « ecology-oriented fiction » (littérature avec une dimension écologiste) que nous nous proposons d’étudier, l’imbrication des hommes et de leur environnement constitue non seulement une base à la trame du récit, mais elle est également matière à donner toute sa saveur littéraire et sa densité narrative au texte.
Les objectifs de ce mémoire sont de préparer une recherche historique, thématique sur l’éco-fiction contemporaine, d’aborder la notion du genre littéraire, et surtout,...
compréhension des énoncés, loin de là. Bien qu’il soit d’une facilité enfantine de se
renseigner sur une multitude des sujets, l’information nous échappe et nous piège. Il
nous est devenu impossible de nous faire une idée précise et exhaustive d’un
événement, d’une actualité scientifique ou d’un produit marchand, parce que nous en
maîtrisons mal les enjeux politiques, économiques ou philosophiques. La connaissance
lacunaire d’un sujet nous fait souvent tomber dans l’amalgame ou la simplification pour
redonner du sens à une information parcellaire. Comme le souligne Gérald Bronner
(2003), « L’empire de la croyance est vaste dans la mesure où, comme nous le verrons,
dès que la nécessité du savoir se conjugue avec une carence en information, la
probabilité d’apparition d’un objet sémantique relevant du croire n’est pas négligeable.
Rumeur, superstition, énoncés parascientifiques, idéologies, magie, religion, etc. telles
sont les frontières de cet immense territoire de la pensée ».
Papers by Nina Cabanau
Comment définir l’éco-fiction ? Comment étudier le motif de la nature dans la littérature ? Il s’agit de réfléchir à la notion de genre littéraire, à l’évolution historique, spatiale de ce genre. Des pays comme le Japon, l’Amérique ou plus récemment l’Allemagne en ont été des précurseurs. On peut se demander dans quelle mesure un texte appartient à l’éco-fiction, sur quels critères un ouvrage appartient à ce genre. L’auteur doit-il placer la dimension environnementale au cœur de son projet littéraire ?
Pour Philippe Descola, anthropologue et philosophe de la nature, celle-ci n’existe pas en tant que telle, mais participe d’un regard occidentalo-centré. Dans un article du media Reporterre, l’anthropologue admet en réalité que la nature est une création, un concept « qui permet de donner une saillance à tout ce à quoi le concept est opposé ».
Dans les années 1970, avec l’essor des mouvements environnementalistes, un renouveau de la littérature naturaliste, avec des préoccupations liées à un contexte socio-politique, a vu le jour. Ce mouvement a connu un vaste écho aux Etats-Unis, et a fait suite aux écrits d’auteurs comme John Muir, ou Henry David Thoreau. Ces derniers auteurs ont connu un regain de popularité récemment. En effet, pour comprendre l’éco-fiction contemporaine, il est intéressant d’étudier leurs précurseurs directs, les plus lus étant des auteurs anglophones.
Mais qu’en est-il du reste du monde ?
Dans l’aire qui nous intéresse, de langue bengalie (Bangladesh et Bengale Indien, le bengali étant parlé à cheval sur deux pays, l’Inde et le Bangladesh) il sera intéressant, bien que la « littérature de la nature » ait pu être bien plus ancienne, d’étudier les œuvres des décennies précédant immédiatement les mouvements environnementalistes (années 1930 à 1960) et traitant de la nature. Ces œuvres ont-elles pu dire autre chose sur la nature que les œuvres d’auteurs anglophones sur la même période ? Comment ont-elles pu influencer les œuvres d’auteurs post-début des mouvements environnementalistes ? Nous avons choisi des romans pour leur virtuosité littéraire, la variété des techniques narratives proposées, mais surtout parce que ces trois romans sont considérés comme des « classiques » en Inde et au Bangladesh, soit des romans que toute personne souhaitant valoriser sa culture littéraire et nationale se doit d’avoir lu, aujourd’hui encore.
L’objectif de cette recherche a donc été de choisir ces auteurs phares de la littérature bengalie (du Bengale Indien et du Bangladesh) qui ont, les premiers dans ces années cruciales entre 1930 et 1970, mis au cœur de leur récit la thématique environnementale.
A quelles fins, et de quelle manière ? Par quels outils narratologiques ? Il s’est agi, après discussion avec le directeur de la section de bengalie, Philippe Benoît, qui a accepté de diriger cette recherche de trois romans d’auteurs du Bengale Indien, l’un d’entre eux situant son action au Bangladesh, auteurs lus et commentés au Bangladesh également.
Ces trois romans sont Aranyak (la forêt) de Bibhutibhushan Bandopadhyay (1894 – 1950) publié en 1939, la même année que les Les Raisins de la colère de Joseph Steinbeck ; Le batelier de la Padma de Manik Banerjee (né en 1908 - 1956), publié en 1934 dans des revues littéraires, et en 1936 sous forme de roman, et Hansuli Banker upokotha (La légende du méandre Hansuli) de Tarashankar Banerjee (1898 - 1971) publié à partir de 1946 dans des journaux dont le largement diffusé Anandobajar Patrika dans différentes versions puis en 1951 sous forme de roman.
Dans Aranyak, un jeune homme bengali, Satyacharan, part au Bihar travailler pour un propriétaire terrien. D’abord réticent, il tombe progressivement amoureux des habitants et de la nature qui l’entourent, mais prend progressivement conscience que son travail va bientôt l’amener à détruire l’environnement magique naturel et riche qui l’entoure dans un dilemme moral poignant.
Le batelier de la Padma est un roman qui narre quant à lui la vie d’un batelier et de sa famille. Dans le livre, une intrigue amoureuse se tisse, en relation avec la lutte des personnages pour leur survie, dans un contexte rural. L’histoire se déroule sur la rivière Padma, l’une des plus importantes du Bangladesh. Kuber, le personnage principal, cherche à échapper à sa condition et s’allie avec d’autres travailleurs de la rivière. Le roman explore de nombreux thèmes comme l’oppression sociale et met en valeur la beauté de la région décrite par l’auteur. Dans ce roman poignant, l’eau est un personnage à part entière, et fait écho à l’importance qu’elle revêt au Bangladesh, pays aux 700 rivières.
Hansuli banker upokotha (La légende du méandre Hansuli) évoque, pendant la deuxième guerre mondiale, une communauté, les Kāhār, du Bengale dans la localité de Birbhum. L’auteur présente dans son roman une dialectique entre deux personnages hauts en couleur. Alors que certains Kāhār partent travailler à la ville, le chef du village s’efforce de lutter contre les velléités d’émancipation de son antagoniste, qui souhaite s’affranchir des règles de la communauté, et ne tolère pas d’être soumis à la communauté. Il s’agit pour lui de garantir, dans un monde en tension entre la nature environnante et la ville, la cohérence de la communauté. Dans un style néo-réaliste, utilisant le dialecte local et sa connaissance du monde rural, l’auteur abonde en descriptions humanisées de la nature et en métaphores. Alors qu’un personnage de vieille femme protège la mémoire du village, la nature se voit peu à peu détruite.
Le critère de choix de ces trois romans considérés comme appartenant au genre «আঞ্চলিক », romans portant sur des régions littéralement, qu’on pourrait peut-être assimiler à la littérature « de terroir » en France ancrée dans un cadre régional, a été leur année de publication, mais aussi leur popularité dans le monde bengali, voire au dehors des frontières de l’Inde et du Bangladesh, et donc leur possible influence sur les œuvres d’éco-fiction ultérieures.
Il s’agira de définir une problématique qui permette de dresser un état des lieux historique de la littérature naturaliste dans ces années-là dans le contexte du Bengale. Les spécificités du Bengale (Bengale Indien et Bangladesh), géographiques et environnementales seront à prendre en compte, de même que la langue des textes étudiés, le bengali. La spécificité du vocabulaire, de la langue bengalie pourra donc être traitée, comparativement avec le français.
Nous avons choisi de qualifier ces œuvres d’éco-fiction, au sens large. Si l’éco-fiction, semble se rapporter à une thématique, elle est en réalité un genre littéraire très vaste, riche en possibilités narratives. Des outils narratologiques sont fréquents, tel que le personnage jeune, arrivé dans une localité et qui prend soudain conscience des enjeux environnementaux. Les antagonismes, la place de choix des littératures de l’imaginaire (science-fiction notamment, réalisme magique, fantastique, et littérature d’anticipation) sont souvent étudiées dans les ouvrages contemporains de référence sur le sujet, de même que le lien entre tensions sociales et enjeux environnementaux dans la littérature s’inscrivant dans la veine du réalisme social.
En nous basant sur la définition donnée par le livre Where the wild books are, a field guide to ecofiction, l’auteur John Dwyer propose quatre critères permettant de qualifier une œuvre d’éco-fiction :
1) L’environnement non-humain n’est pas présent que comme cadre mais existe en suggérant implicitement que l’histoire humaine est imbriquée dans l’histoire naturelle.
2) L’intérêt humain n’est pas le seul intérêt légitime.
3) La responsabilité (accountability en anglais est un terme plus vaste, renvoyant à l’idée de devoir rendre des comptes à autrui) des hommes envers leur environnement participe de l’orientation éthique du texte.
4) Une certaine conscience de l’environnement comme un processus plutôt qu’une donnée constante se trouve présente de manière au moins implicite dans le texte.
Cette définition de ce livre de référence qui se présente dans sa préface comme « the most complete and best research guide to date » (le manuel [sur l’éco-fiction] le plus complet et le meilleur à ce jour], si elle a le mérite d’être exhaustive et précise, ne peut s’appliquer en tous points aux œuvres des précurseurs que nous allons nous employer à étudier. De fait, il n’existe pas à ce jour de définition consensuelle de l’éco-fiction, et nous nous appuierons sur une définition plus large, qui reprend le point 1), à savoir une œuvre dans laquelle la nature est un personnage à part entière, et non seulement un cadre.
Dans chacune des trois œuvres d’ « ecology-oriented fiction » (littérature avec une dimension écologiste) que nous nous proposons d’étudier, l’imbrication des hommes et de leur environnement constitue non seulement une base à la trame du récit, mais elle est également matière à donner toute sa saveur littéraire et sa densité narrative au texte.
Les objectifs de ce mémoire sont de préparer une recherche historique, thématique sur l’éco-fiction contemporaine, d’aborder la notion du genre littéraire, et surtout,...
compréhension des énoncés, loin de là. Bien qu’il soit d’une facilité enfantine de se
renseigner sur une multitude des sujets, l’information nous échappe et nous piège. Il
nous est devenu impossible de nous faire une idée précise et exhaustive d’un
événement, d’une actualité scientifique ou d’un produit marchand, parce que nous en
maîtrisons mal les enjeux politiques, économiques ou philosophiques. La connaissance
lacunaire d’un sujet nous fait souvent tomber dans l’amalgame ou la simplification pour
redonner du sens à une information parcellaire. Comme le souligne Gérald Bronner
(2003), « L’empire de la croyance est vaste dans la mesure où, comme nous le verrons,
dès que la nécessité du savoir se conjugue avec une carence en information, la
probabilité d’apparition d’un objet sémantique relevant du croire n’est pas négligeable.
Rumeur, superstition, énoncés parascientifiques, idéologies, magie, religion, etc. telles
sont les frontières de cet immense territoire de la pensée ».