Tite-Live est mort en 17 de notre ère, laissant probablement inachevée une histoire monumentale commencée près d'un demi-siècle plus tôt. Trois ans après le bimillénaire de la mort du Princeps, un colloque sur celui qui fut le grand...
moreTite-Live est mort en 17 de notre ère, laissant probablement inachevée une histoire monumentale commencée près d'un demi-siècle plus tôt. Trois ans après le bimillénaire de la mort du Princeps, un colloque sur celui qui fut le grand historien du « siècle d'Auguste » s'impose. En effet, les découvertes archéologiques du siècle dernier, à Rome et dans le Latium, voire en Étrurie, ont modifié la perception des historiens contemporains envers celui qui était considéré comme une source moins fiable que Polybe ou Plutarque, pour l'histoire romaine. La recherche livienne, forte de cette réhabilitation, s'attache désormais à développer de nouvelles lectures, à la faveur d'approches historiographiques récentes comme celles d'Andrew Feldherr, de Gary B. Miles, de Mary Jaeger, de David S. Levene, ou encore Bernard Mineo, reposant sur le linguistic turn ou sur la mise en avant du rôle de la communication, de la mémoire et du spectacle dans les sociétés antiques. Les études stylistiques, narratologiques, philologiques, ou encore celles qui portent sur la réception de l'oeuvre, se sont multipliées. De récentes éditions ont par ailleurs fait progresser notre connaissance du texte livien, longtemps fondée sur des travaux du XIX e ou des débuts du XX e siècle. L'historien fait toutefois toujours l'objet de controverses encore non résolues, qu'il s'agisse de caractériser sa méthode historique, son attitude religieuse, ses relations avec le nouveau pouvoir augustéen et son regard sur la vie politique romaine, ses choix de composition et de publication, ou encore les conditions de sa réception, dans cette période charnière entre la fin de la République et les débuts du Principat. Si la première décade a été et reste à l'origine d'innombrables études, la troisième et la quatrième décades sont encore peu explorées, et la nature comme le nombre des Periochae ne sont pas complètement élucidés. Notre lecture de l'Ab Vrbe condita porte par ailleurs encore l'empreinte non négligeable des réceptions et des lectures successives qui, de Machiavel à Montesquieu, des manuels de version latine aux florilèges d'exempla, ont contribué à façonner nos représentations passées et présentes de l'histoire et de la société romaines, représentations qu'il convient d'interroger.