Books by Anne-Sophie Vivier-Muresan
Afzâd. Ethnologie d’un village d’Iran. Téhéran, IFRI / Éd. Mo’in, 2006, 446 p., ill., bibl. («Bibliothèque iranienne», 63)
(avec Thierry-Marie Courau), dir., Dialogue et conversion, mission impossible ?, préface de François Bousquet, Paris : Desclée de Brouwer, 2012, 248 p.
(avec Henri de La Hougue), dir., À l’écoute de l’autre. Penser l’altérité au cœur du dialogue inter-religieux, Paris, Groupe Artège, Desclée de Brouwer (coll. « Théologie à l’Université »), 2015, 231 p.
(avec Thierry-Marie Courau et Emmanuel Pisani), dir. Le dialogue des rationalités culturelles et religieuses, Paris: Editions du Cerf, 2019, 848 p.
Papers by Anne-Sophie Vivier-Muresan

Sergius Bulgakov and Yves Congar have developed convergent insights
into the role of the Spirit ... more Sergius Bulgakov and Yves Congar have developed convergent insights
into the role of the Spirit in the human life of Christ. Both emphasize
the mediating role of the Spirit in the relationship between Christ and
his Father and give to him a maternal understanding: closely associated
with the figure of Mary, the Spirit is not absent from the begetting of the
Son in his human life, a continuous begetting that reaches its fulfilment in
the resurrection. However, the authors differ in their interpretation of this
economic data: for Bulgakov, it must be transposed into the very heart of
Trinitarian life, implying a form of Spirituque. For Congar, such a “transfer”
is not possible. We explore this debate and evaluate the proposed answers,
in dialogue with other contemporary authors who, with Bulgakov and
Congar, have opened the way to a “rebalancing” of Trinitarian theology,
which allows the still separating question of the Filioque to be posed afresh.
Keywords: Sergius Bulgakov, Yves Congar, Pneumatology, Trinity, Filioque, Spirituque, Motherhood

Chronos, 2019
Les sanctuaires « mixtes », ou lieux de culte fréquentés par plusieurs confessions religieuses, n... more Les sanctuaires « mixtes », ou lieux de culte fréquentés par plusieurs confessions religieuses, ne sont pas une question neuve en anthropologie. Assez bien étudiés, surtout dans le monde musulman, ils ont fait l'objet d'analyses divergentes. Pour les uns, ils représentent le signe d'une coexistence « amiable » entre différentes religions, lieux d'une convivialité plus ou moins informelle et pierre de touche d'un sentiment communautaire supra-confessionner. Pour d'autres, ils ne témoignent que d'une « antagonistic tolerance », permise seulement par la situation de domination de l'une des deux confessions en présence ; dès que le contexte défait les anciens liens de dépendance, le conflit surgirait immanquablement autour de ces sanctuaires (Hayden 2002). Si ce dernier point de vue mérite des nuances, il a le mérite de mettre en lumière l'intérêt d'une étude diachronique qui prenne en compte les évolutions du contexte socio-politique. Les relatio...
Manquer d’adab ou de taʿāruf dans l’Iran contemporain : deux enjeux différents ?
Adab and Modernity

Rites d’Achoura et affirmations communautaires
Archives de sciences sociales des religions
Les celebrations d’Achoura, qui commemorent la mort de l’imam Hossein a Karbala (680), sont les p... more Les celebrations d’Achoura, qui commemorent la mort de l’imam Hossein a Karbala (680), sont les principaux rites collectifs des societes chiites. A ce titre, ils representent un lieu incontournable de construction et d’affirmation des differentes communautes qui structurent la societe (communautes villageoises, urbaines, professionnelles, ethniques, etc.). Le fait est explore a la lumiere des transformations qui ont affecte la societe iranienne depuis quatre decennies. Partant des monographies decrivant ce processus dans les annees 1960-1970, nous montrons que les rites d’Achoura ont epouse la reconfiguration de communautes dont le contour a ete modifie par l’exode rural et la modernisation. Cet article s’interesse tant au monde rural, a partir d’une enquete de terrain dans la region de Kuhbanân (Kermân), qu’au monde urbain accueillant les nouveaux arrivants, notamment a Teheran.
Les rites d'<I>âshurâ</I> dans un village de l'Iran contemporain: Révélateur privilégié d'un monde rural en mutation
Anthropology of the Middle East, 2006
Communitarian Neighborhoods and Religious Minorities in Iran: A Comparative Analysis
Iranian Studies, 2007
This paper analyzes the urban insertion of some Iranian religious minorities, focusing on three c... more This paper analyzes the urban insertion of some Iranian religious minorities, focusing on three communities, all of which lived in separated neighborhoods: Armenians of Isfahan, Jews of Shiraz, and Zoroastrians of Yazd. After a discussion on the link between non-Muslims&amp;amp;#39; spatial and social isolation and Iranian culture and Shiism, the paper goes on to describe the organization of these neighborhoods
Archives de sciences sociales des religions, 2007
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.

Chrétiens d'Orient entre intégration urbaine et ghetto : Coptes du Caire et Arméniens d'Isfahan
This study makes a comparative analysis of two distinct communities of Oriental Christians living... more This study makes a comparative analysis of two distinct communities of Oriental Christians living in urban Muslim settings, namely the Orthodox Copts of Cairo (Egypt) on the one hand and the Apostolic Armenians of Isfahan (Iran) on the other. It compares, in particular, their different ways of living out their urban existence, their respective social practices, and the distinctive manner in which each tends to describe its particular identity, and seeks to maintain it. With the Copts, who are comparatively well integrated into Egyptian society and play a fairly prominent part in public life, it is the religious aspect of their identity that they tend to emphasise. The Armenians who, on the other hand, are rather marginalised from the rest of society in Isfahan and more inclined to keep themselves to themselves, lay much more stress on their cultural and linguistic distinctiveness. It would be tempting to ascribe this contrast only or mainly to long-standing cultural, ethnic, linguis...
This paper analyses the urban insertion of some Iranian religious minorities, focusing on three c... more This paper analyses the urban insertion of some Iranian religious minorities, focusing on three communities, all of which lived in separated neighborhoods: Armenians of Isfahan, Jews of Shiraz, and Zoroastrians of Yazd. After a discussion on the link between non-Muslims' spatial and social isolation and Iranian culture and Shiism, the paper goes on to describe the organisation of these neighborhoods during the recent centuries and the recent -- and contrastive -- evolutions of two of them: while Zoroastrians view their quarter like a humiliating ghetto, of which they wish to go out, Armenians are proud of it, and try up till now to jealously preserve their isolation.

The Armenian church of Saint George in Esfahan attracts a great popular devotion among both Chris... more The Armenian church of Saint George in Esfahan attracts a great popular devotion among both Christians and Muslims. The great popularity of Saint George among believers of both religions is a common feature of Middle-East societies. However, this case looks quite particular. For Armenians, the saint looks like a very abstract figure and seems much more to be a witness of the votive relation, formulated “in his name”, than the direct partner of the believer ; in fact, it is to the Christ that Christian and Muslim devotees address themselves. Moreover, the charisma of the place is also linked to the presence of sacred stones from Etchmiadzine (Armenia’s spiritual centre), which play a great part in the devotional practices. Through this case study, we aim also to present some reflections on the nature and the modalities of “mixed” devotional practices and on the particularities of the cult of saints among Armenians in Esfahan.
L’église arménienne Saint-Georges d’Esfahan attire une forte dévotion populaire non seulement chrétienne mais aussi musulmane. Le grand charisme de saint Georges auprès des fidèles des deux confessions est un trait commun aux sociétés du Moyen-Orient. Toutefois, ce cas précis obéit à une logique particulière. Le saint apparaît comme une figure très abstraite et semble plutôt témoin du lien votif, prononcé « en son nom » que son réel destinataire ; c’est plutôt au Christ que s’adressent les fidèles chrétiens et musulmans. Par ailleurs, le charisme du lieu découle aussi de la présence de pierres sacrées en provenance d’Etchmiadzine (le centre spirituel de l’Arménie), qui se trouvent placées au cœur des pratiques votives. À travers cette étude de cas se dégagent également quelques pistes de réflexion sur la nature et les modalités des pratiques dévotionnelles « mixtes » et sur les particularités que le culte des saints adopte parmi les Arméniens d’Esfahan.

Les sanctuaires « mixtes " ou lieux de culte frequentes par plusieurs confessions religieuses, ne... more Les sanctuaires « mixtes " ou lieux de culte frequentes par plusieurs confessions religieuses, ne sont pas une question neuve en anthropologie. Assez bien etudies, surtout dans Ie monde musulman, ils ont fait l'objet d'analyses divergentes. Pour les uns, ils representent Ie signe d'une coexistence « amiable. entre differentes religions, lieux d'une convivialite plus ou moins informelle et pierre de touche d'un sentiment comrnunautaire supra-confessionneF. Pour d'autres, i15 ne temoignent que d'une « an/agonistic tolerance~, permise seulement par 1a situation de domination de I'une des deux confessions en presence; des que Ie contexte defait les anciens liens de dependance, Ie conflit surgirait immanquablement autour de ces sanctuaires (Hayden 2002). Si ce dernier point de vue merite des nuances, il a Ie merite de mettre en lumiere l'interet d'une etude diachronique qui prenne en compte les evolutions du contexte socio-politique. Les relations nouees autour du lieu de culte se font ainsi revelatrices des rapports plus globaux entretenus par les deux communautes, et de leurs variations. Nous voudrions a notre tour illustrer ce deoat par une etude de cas precise, dans une aire geographique par ailleurs peu exploree sur ce sujet jusqu'a present, en nOllS interessant aux armeniens de 1a region d'Ispahan, en Iran. La presence des armeniens dans cette region date du debut du XVIIe sieele. TIs y furent instalJes de force par Shah Abbas I, deportes depuis leur region d'origine, aux frontieres de l'Iran et de l'actuelle republique d'Azerbaijan, ala suite de la politi que de « terre brillee •
Chronos uses the Creative Commons license CC BY-NC-SA that lets you remix, transform, and build u... more Chronos uses the Creative Commons license CC BY-NC-SA that lets you remix, transform, and build upon the material for non-commercial purposes. However, any derivative work must be licensed under the same license as the original. Chronos-Revue d'Histoire de l'Université de Balamand, is a biannual Journal published in three languages (Arabic, English and French). It deals particularly with the History of the ethnic and religious groups of the Arab world.

The theological formulation of the “eternal manifestation of the Spirit through the Son”, develop... more The theological formulation of the “eternal manifestation of the Spirit through the Son”, developed by the patriarch of Constantinople Gregory of Cyprus in the 13th century, has been the subject of numerous studies in the 20th century and played an important role in the renewal of Trinitarian Orthodox theology. The interpretations are however diverging. Most theologians see in this formulation the manifestation of the uncreated energy, which would have been formalized later by Gregory Palamas. Others understand it as a hypostatic reality concerning the third Person of the Trinity. This paper contributes to the discussion by re-analyzing the main texts of Gregory of Cyprus and of Gregory Palamas on this matter. In a first step, we defend the thesis that in the thought of the Byzantine patriarch, this expression truly concerns the hypostasis of the Spirit. In a second step, we question the existence of the theme of an “eternal manifestation” of the uncreated energy in the work of Gregory Palamas.

Ashura celebrations, which commemorate the death of Imam Hossein in Karbala (680), are the main c... more Ashura celebrations, which commemorate the death of Imam Hossein in Karbala (680), are the main collective rites of Shia societies. As such, they represent an essential place for constructing and affirming the different communities that structure society (village, urban, professional, ethnic communities, etc.). This fact is explored in the light of the transformations that have affected Iranian society over the past four decades. Based on the monographs describing this process in the 1960s and 1970s, we show that the Ashura rites have adapted to the reconfiguration of communities whose boundaries have been altered by rural exodus and modernization. This article focuses both on the rural world, based on a field survey in the Kuhbanân region (Kermân), and on the urban world welcoming newcomers, particularly in Tehran.
Les célébrations d’Achoura, qui commémorent la mort de l’imam Hossein à Karbala (680), sont les principaux rites collectifs des sociétés chiites. À ce titre, ils représentent un lieu incontournable de construction et d’affirmation des différentes communautés qui structurent la société (communautés villageoises, urbaines, professionnelles, ethniques, etc.). Le fait est exploré à la lumière des transformations qui ont affecté la société iranienne depuis quatre décennies. Partant des monographies décrivant ce processus dans les années 1960-1970, nous montrons que les rites d’Achoura ont épousé la reconfiguration de communautés dont le contour a été modifié par l’exode rural et la modernisation. Cet article s’intéresse tant au monde rural, à partir d’une enquête de terrain dans la région de Kuhbanân (Kermân), qu’au monde urbain accueillant les nouveaux arrivants, notamment à Téhéran.
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Papers by Anne-Sophie Vivier-Muresan
into the role of the Spirit in the human life of Christ. Both emphasize
the mediating role of the Spirit in the relationship between Christ and
his Father and give to him a maternal understanding: closely associated
with the figure of Mary, the Spirit is not absent from the begetting of the
Son in his human life, a continuous begetting that reaches its fulfilment in
the resurrection. However, the authors differ in their interpretation of this
economic data: for Bulgakov, it must be transposed into the very heart of
Trinitarian life, implying a form of Spirituque. For Congar, such a “transfer”
is not possible. We explore this debate and evaluate the proposed answers,
in dialogue with other contemporary authors who, with Bulgakov and
Congar, have opened the way to a “rebalancing” of Trinitarian theology,
which allows the still separating question of the Filioque to be posed afresh.
Keywords: Sergius Bulgakov, Yves Congar, Pneumatology, Trinity, Filioque, Spirituque, Motherhood
L’église arménienne Saint-Georges d’Esfahan attire une forte dévotion populaire non seulement chrétienne mais aussi musulmane. Le grand charisme de saint Georges auprès des fidèles des deux confessions est un trait commun aux sociétés du Moyen-Orient. Toutefois, ce cas précis obéit à une logique particulière. Le saint apparaît comme une figure très abstraite et semble plutôt témoin du lien votif, prononcé « en son nom » que son réel destinataire ; c’est plutôt au Christ que s’adressent les fidèles chrétiens et musulmans. Par ailleurs, le charisme du lieu découle aussi de la présence de pierres sacrées en provenance d’Etchmiadzine (le centre spirituel de l’Arménie), qui se trouvent placées au cœur des pratiques votives. À travers cette étude de cas se dégagent également quelques pistes de réflexion sur la nature et les modalités des pratiques dévotionnelles « mixtes » et sur les particularités que le culte des saints adopte parmi les Arméniens d’Esfahan.
Les célébrations d’Achoura, qui commémorent la mort de l’imam Hossein à Karbala (680), sont les principaux rites collectifs des sociétés chiites. À ce titre, ils représentent un lieu incontournable de construction et d’affirmation des différentes communautés qui structurent la société (communautés villageoises, urbaines, professionnelles, ethniques, etc.). Le fait est exploré à la lumière des transformations qui ont affecté la société iranienne depuis quatre décennies. Partant des monographies décrivant ce processus dans les années 1960-1970, nous montrons que les rites d’Achoura ont épousé la reconfiguration de communautés dont le contour a été modifié par l’exode rural et la modernisation. Cet article s’intéresse tant au monde rural, à partir d’une enquête de terrain dans la région de Kuhbanân (Kermân), qu’au monde urbain accueillant les nouveaux arrivants, notamment à Téhéran.
into the role of the Spirit in the human life of Christ. Both emphasize
the mediating role of the Spirit in the relationship between Christ and
his Father and give to him a maternal understanding: closely associated
with the figure of Mary, the Spirit is not absent from the begetting of the
Son in his human life, a continuous begetting that reaches its fulfilment in
the resurrection. However, the authors differ in their interpretation of this
economic data: for Bulgakov, it must be transposed into the very heart of
Trinitarian life, implying a form of Spirituque. For Congar, such a “transfer”
is not possible. We explore this debate and evaluate the proposed answers,
in dialogue with other contemporary authors who, with Bulgakov and
Congar, have opened the way to a “rebalancing” of Trinitarian theology,
which allows the still separating question of the Filioque to be posed afresh.
Keywords: Sergius Bulgakov, Yves Congar, Pneumatology, Trinity, Filioque, Spirituque, Motherhood
L’église arménienne Saint-Georges d’Esfahan attire une forte dévotion populaire non seulement chrétienne mais aussi musulmane. Le grand charisme de saint Georges auprès des fidèles des deux confessions est un trait commun aux sociétés du Moyen-Orient. Toutefois, ce cas précis obéit à une logique particulière. Le saint apparaît comme une figure très abstraite et semble plutôt témoin du lien votif, prononcé « en son nom » que son réel destinataire ; c’est plutôt au Christ que s’adressent les fidèles chrétiens et musulmans. Par ailleurs, le charisme du lieu découle aussi de la présence de pierres sacrées en provenance d’Etchmiadzine (le centre spirituel de l’Arménie), qui se trouvent placées au cœur des pratiques votives. À travers cette étude de cas se dégagent également quelques pistes de réflexion sur la nature et les modalités des pratiques dévotionnelles « mixtes » et sur les particularités que le culte des saints adopte parmi les Arméniens d’Esfahan.
Les célébrations d’Achoura, qui commémorent la mort de l’imam Hossein à Karbala (680), sont les principaux rites collectifs des sociétés chiites. À ce titre, ils représentent un lieu incontournable de construction et d’affirmation des différentes communautés qui structurent la société (communautés villageoises, urbaines, professionnelles, ethniques, etc.). Le fait est exploré à la lumière des transformations qui ont affecté la société iranienne depuis quatre décennies. Partant des monographies décrivant ce processus dans les années 1960-1970, nous montrons que les rites d’Achoura ont épousé la reconfiguration de communautés dont le contour a été modifié par l’exode rural et la modernisation. Cet article s’intéresse tant au monde rural, à partir d’une enquête de terrain dans la région de Kuhbanân (Kermân), qu’au monde urbain accueillant les nouveaux arrivants, notamment à Téhéran.
Le zoroastrisme iranien possède la particularité d’être marqué par l’existence de nombreux sanctuaires et lieux saints où les fidèles se rendent en pèlerinage et accomplissent des rituels qui peuvent en apparence sembler bien proches des pratiques chiites liées au culte des saints. Dans cet article, nous discuterons la pertinence d’un tel rapprochement et des notions de « religion populaire » et de « syncrétisme » qui le sous-tend, en montrant combien ces pratiques zoroastriennes s’articulent très étroitement au système théologique du zoroastrisme et reflètent une conception radicalement différente de la sainteté, centrée sur la notion de pureté et bien éloignée de celles de culte des saints et d’intercession.
Le ta’ârof, ou code de politesse iranien, correspond à un ensemble de règles bien précises régissant un grand nombre des interactions quotidiennes. Après avoir analysé les représentations de l’homme et de la société sur lesquelles il repose, et en particulier son lien étroit avec la pensée chiite, nous montrons qu’il cherche à instaurer une apparence d’amour, de générosité généralisée et d’humilité à même de voiler les tensions et les violences inhérentes à tout ordre social. Par là même, il permet également à chacun de protéger l’intimité de son être et d’échapper ainsi à l’emprise d’autrui. Nous insistons cependant sur le fait que les individus ne sont pas « prisonniers » de ce code de comportement, et analysons pour ce faire les « codes secrets » et autres moyens d’action subtils par lesquels les Iraniens arrivent à déjouer ou manipuler les règles à leur profit.
La société rurale iranienne a connu, durant les dernières décennies, de profonds bouleversements liés à l'exode rural et à l'emprise croissante de l'influence urbaine. Ceux-ci ont entraîné une transformation progressive des valeurs et des structures sociales, en particulier dans les rapports de genre. Notre terrain porte sur un village de la région de Kerman, au centre du pays. Dans le nouveau contexte économique, pour les femmes, un niveau d'études élevé et une activité salariée sont de plus en plus valorisés, tandis que le contrôle des naissances contribue à remettre en cause l'association traditionnelle entre statut féminin et sphère domestique. Plus largement émerge une nouvelle conception de la féminité, de la famille et du couple, dans laquelle une plus grande place est accordée au sentiment amoureux.