Gérer le climat d’un magasin d’archives

Letzte Aktualisierung : 17 Januar 2025

Parmi les facteurs qui ont une influence déterminante sur la conservation des documents d’archives, la température et l’humidité relative sont probablement ceux qui sont les plus difficiles à maîtriser. La qualité du climat intérieur dépend en effet de très nombreux facteurs dont la situation géographique, l’environnement climatique extérieur, l’architecture ou la qualité des matériaux du bâtiment, sur lesquels il est généralement difficile d’intervenir et qui, lorsqu’ils sont inadaptés, obligent à recourir à des systèmes mécaniques de conditionnement de l’air. Or la plupart des bureaux d’études et installateurs d’appareils de traitement de l’air n’ont pas connaissance des spécificités propres aux bâtiments d’archives et au fait notamment, que l’humidité relative est un facteur de dégradation prépondérant qu’il faut absolument contrôler.

Pour aider les responsables d’archives, les bureaux d’études et les techniciens en génie climatique à concevoir des bâtiments et des équipements de traitement d’air adaptés à la conservation des documents d’archives tout en tenant compte des questions aujourd’hui prégnantes de développement durable et d’économie d’énergie, le SIAF a publié trois ouvrages sur le climat des Archives et les équipements techniques qui permettent de le contrôler.

Films tutoriels

Épisode 1. La gestion du climat, quelques notions de base - Dans ce premier épisode, quelques principes de base liant notamment la température et l’humidité relative ambiantes sont évoqués. Les consignes climatiques à adopter dans les bâtiments conservant des collections patrimoniales doivent tenir compte de ces principes et s’adapter au contexte dans lequel se situent les bâtiments. 

La gestion du climat. Episode 1/3 - quelques notions de base.

Une bonne gestion du climat, c’est-à-dire de la température et de l’humidité relative du local dans lequel sont conservées les collections patrimoniales, est essentielle si l’on souhaite assurer des conditions de conservation optimales. Mais entre température et humidité, c’est probablement l’humidité relative qui provoque les dégradations les plus rapides et les plus importantes :

  • lorsqu’elle est élevée des développements de moisissures, d’efflorescences ou de produits de corrosion peuvent se produire ;
  • et si elle fluctue, des tensions et des craquelures peuvent apparaître

Plus que sur la température, c’est donc sur l’humidité relative qu’il convient de porter la plus grande attention.

Quelques notions théoriques

On retiendra que température et humidité relative sont liées. Dans un espace clos en effet, lorsque la température varie, l’humidité relative évolue immanquablement dans le sens inverse.
Ainsi, lorsqu’en été ou en climat tropical, on abaisse la température d’un local, en installant un climatiseur par exemple, l’humidité relative peut augmenter et atteindre rapidement des niveaux dangereusement élevés. C’est pourquoi lorsqu’on refroidit une pièce en été, il est essentiel de toujours prévoir une déshumidification de l’air.
Ce lien entre température et humidité relative explique également le phénomène de condensation : au contact d’une paroi froide l’humidité relative de l’air augmente. Si la température est suffisamment basse, des gouttelettes d’eau se forment.
Pour cette raison, on évitera :

  • de placer les étagères ou tout autre mobilier contre un mur mal isolé donnant sur l’extérieur et donc, susceptible de se refroidir l’hiver
  • de placer des objets patrimoniaux à proximité ou sous des canalisations transportant de l’eau froide
  • de placer des objets patrimoniaux dans le flux d’un climatiseur
Quelles consignes climatiques adopter ?

Aujourd’hui, les normes de conservation liées aux conditions climatiques à adopter se sont considérablement assouplies. Elles tiennent compte des questions de développement durable et des moyens limités dont disposent plupart des établissements patrimoniaux.
Les consignes climatiques doivent désormais être définies au cas par cas, en fonction :

  • des moyens humains et financiers,
  • de la situation géographique et de la qualité du bâtiment dans lequel sont conservées les collections,
  • de leur nature de leur sensibilité et de leur usage.

Idéalement, selon la nature des collections, température et humidité relative seront maintenues aussi stables que possible. Mais dans le cas où une régulation mécanique n’est pas possible ou défaillante, priorité devra être portée sur la stabilité de l’humidité relative.

Générique de fin

Production : Le Service interministériel des Archives de France et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France.
/ Direction scientifique : Thi-Phuong Nguyen, Marie Courselaud, Juliette Rémy, Jocelyn Périllat-Mercerot.
Réalisation, image et montage : Momoko Seto
Design graphique et animation : gattigraphie
Voix-off : Anne Steffens
Musique Yann Olivier Leguay
Mixage : Simon Garrette
Etalonnage : Yannig Willmann

Remerciements :
Musée du conservatoire national des arts et métiers : Rémi Catillon, reponsable des ateliers de restauration.
Bibliothèque nationale de France : Stéphane bouvet, responsable du laboratoire scientifique et technique ; Valentin Rottier, technicien de recherche
Centre de recherche et de restauration des musées de France : Vanessa Fournier, chargée de communication ; Julie Rolland, responsable de la régie des œuvres
Ecce films : Emmanuel Chaumet, Julien Graff

Épisode 2. La gestion du climat, les bâtiments neufs - Dans ce deuxième épisode, sont exposées les règles qui doivent prévaloir lors de la construction d’un nouveau bâtiment dédié à la conservation de collections patrimoniales.

La gestion du climat. Episode 2/3 - La gestion du climat, les bâtiments neufs

Pour assurer une conservation pérenne des collections d’archives, de bibliothèques ou de musées, il convient d’adopter une température et une humidité relative aussi stables que possible. Cette règle doit prévaloir lors de la construction de tout bâtiment conçu pour les abriter.
La régulation du climat intérieur peut être assurée par des systèmes mécanisés qui, aujourd’hui, ne doivent être utilisés qu’en complément d’un bâtiment construit dans une démarche de développement durable.
Si on retient que l’humidité relative est intimement liée à la température un bâtiment passif capable de maintenir une température intérieure stable, permet donc également de maintenir une humidité relative stable.

Bâtiment durable

Ainsi, un bâtiment de conservation durable doit-il être :

  • étanche, de sorte que de l’air extérieur non traité ne pénètre pas de manière incontrôlée à l’intérieur des locaux de conservation,
  • thermiquement isolé ; il pourra ainsi limiter les transferts de chaleur et de froid à travers les parois,
  • doté d’une bonne inertie thermique ; ce qui permettra d’atténuer les variations de température extérieures.
Les locaux de conservation

Outre ces propriétés, les locaux conservant des collections patrimoniales doivent posséder les spécificités suivantes :

  • le soufflage de l’air traité doit être homogène et suffisant dans l’ensemble du volume. Aucun obstacle ne doit entraver sa bonne circulation,
  • une faible surpression doit être appliquée afin de contrer toute entrée d’air parasite, poussiéreuse et n’ayant pas les conditions climatiques requises,
  • dans les réserves, on évitera dans la mesure du possible, la présence de fenêtres vitrées qui sont sources de lumière et de fuites.
Des consignes climatiques variables

Des consignes de température et d’humidité trop strictes sont énergivores et difficiles à maintenir, elles ne sont plus de rigueur aujourd’hui. Il est désormais possible d’assouplir les consignes climatiques sans que cela nuise forcément à la bonne conservation des collections. On peut ainsi adopter des fourchettes de température et d’humidité relative plutôt que des valeurs strictes et admettre des variations à l’intérieur de ces fourchettes à condition qu’elles ne soient pas trop rapides dans le temps. Il est possible ainsi, de fixer des consignes climatiques différentes l’été et l’hiver afin de suivre les tendances climatiques extérieures :

  • Température plus chaude et humidité relative plus élevée l’été
  • Température plus fraiche et humidité relative plus basse l’hiver

En conclusion, tout projet de construction d’un bâtiment dédié à la conservation des collections patrimoniales, doit donc se faire de manière concertée avec tous les acteurs de la conservation. Ceux-ci doivent s’entendre sur les consignes climatiques à adopter et les moyens qui seront mis en œuvre pour les atteindre.

Générique de fin

Production : Le Service interministériel des Archives de France et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France.
Direction scientifique : Thi-Phuong Nguyen, Marie Courselaud, Juliette Rémy, Jocelyn Périllat-Mercerot.
Réalisation, image et montage : Momoko Seto
Design graphique et animation : gattigraphie
Voix-off : Anne Steffens
Musique Yann Olivier Leguay
Mixage : Simon Garrette
Etalonnage : Yannig Willmann

Remerciements :
Musée du conservatoire national des arts et métiers : Rémi Catillon, reponsable des ateliers de restauration.
Bibliothèque nationale de France : Stéphane bouvet, responsable du laboratoire scientifique et technique ; Valentin Rottier, technicien de recherche
Centre de recherche et de restauration des musées de France : Vanessa Fournier, chargée de communication ; Julie Rolland, responsable de la régie des oeuvres
Ecce films : Emmanuel Chaumet, Julien Graff

Épisode 3. La gestion du climat, les bâtiments anciens- Dans ce troisième épisode, sont exposées les règles qui doivent prévaloir lorsque l'on souhaite améliorer les conditions climatiques de conservation dans un bâtiment existant.

La gestion du climat - épisode 3/3 - Les bâtiments anciens

Pour assurer une conservation pérenne des collections patrimoniales, il convient de faire en sorte que température et humidité relative soient aussi stables que possible.
Mais cette règle est parfois difficile à appliquer dans le cas de bâtiments anciens, ou d’espaces qui n’ont pas été conçus initialement pour accueillir ces collections.
Comment s’y prendre alors pour que les conditions climatiques soient les plus favorables possible, lorsque les moyens financiers et techniques sont limités et qu’il faut tenir également compte des questions d’éco-responsabilité ?

Bâtiments adaptés à la conservation

Les bâtiments thermiquement inertes ou isolés qui permettent de maintenir une température et donc, une humidité relative stables, devront être privilégiés.

Bâtiments inadaptés à la conservation

Ceux qui, au contraire, ne possèdent pas ces qualités et voient leur climat intérieur fluctuer avec celui de l’extérieur, sont particulièrement inadaptés à la conservation des collections hygroscopiques.
C’est le cas en particulier des archives et des bibliothèques, dont les collections, essentiellement constituées de papier, sont capables de libérer de très grandes quantités de vapeur d’eau lorsque la température ambiante augmente.

Dans ce cas, deux situations peuvent se présenter :
  • Si le bâtiment est hermétique à l’air, la vapeur d’eau reste piégée, l’hygrométrie augmente et l’on observe rapidement des développements de moisissures. Pour limiter ce risque, il conviendra, au minimum, d’installer des ventilateurs-brasseurs d’air.
    Et si l’on souhaite limiter les fortes hausses d’humidité, il faudra recourir aux climatiseurs et aux déshumidificateurs.
  • Si le bâtiment n’est pas étanche à l’air, la vapeur d’eau libérée par les collections pourra sortir naturellement par les interstices des murs et des huisseries.
    Mais dans ce cas, l’installation de climatiseurs et de déshumidificateurs est fortement déconseillée car elle sera non seulement très énergivore à l’usage, mais pourra surtout s’avérer inefficace. Il faudra donc se résoudre à voir le climat intérieur suivre celui de l’extérieur et sortir régulièrement des fourchettes recommandées.
Dans tous les cas

Quelle que soit la qualité du bâtiment, il conviendra de faire un diagnostic détaillé avant d’envisager des travaux d’amélioration. Pour limiter l’élévation de température liée à la lumière du jour, les fenêtres devront être munies de filtres anti Infra-Rouge, et être équipées de systèmes occultants, installés de préférence à l’extérieur du bâtiment.
En hiver, pour éviter une humidité relative élevée due à des conditions de faible température, un léger chauffage du local pourra être envisagé. Il faudra alors veiller à ce que l’augmentation de la température soit lente et limitée afin d’éviter un assèchement excessif de l’air.
Dans la mesure du possible, les collections particulièrement sensibles aux variations d’humidité seront conservées dans les locaux les plus inertes et les mieux isolés.

En conclusion

Dans le cas de bâtiments anciens ou non conçus pour une conservation pérenne des collections patrimoniales, toute réflexion visant à maîtriser leur environnement climatique doit impérativement tenir compte des questions de performance énergétique et de durabilité des interventions.
Il importe de les examiner au cas par cas afin que les solutions retenues soient adaptées aux spécificités de chacun et à la nature des collections qu’ils renferment.

Générique de fin

Production
  • Le service interministériel des archives de France
  • Le centre de recherche et de restauration des Musées de France

Direction scientifique : Thi-Phuong Nguyen, Marie Courselaud

Réalisation, image et montage : Mathieu Cayrou
Supervision : Momoko Seto
Design, graphique et animation : Adrienne Nowak
Voix off : Anne Steffen
Musique : Yann Olivier Leguay
Mixage : Simon Garrette
Etalonnage: Yannig Willmann

Crédits photo : D3 architecte - Archives départementales de la Guyane

Remerciements :
Le musée Gustave Moreau : Christelle Sanguinetti-Feghali
Les archives nationales de France : Anaïs Ortiz
Le Musée des Arts Décoratifs : Joëlle Crétin, Florence Bertin, Valentine Dubard, Héloise Tessier
Laboratoire scientifique et technique de la Bibliothèque Nationale de France : Staphane Bouvet

Barberousse Films : François Martin Saint Léon

Fiches pratiques

En savoir plus 

  • NF EN 16883:Juin 2017 - Conservation du patrimoine culturel - Principes directeurs pour l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments d'intérêt patrimonial.
  • NF EN 15759-2:Janvier 2018 - Conservation du patrimoine culturel - Climat intérieur – Partie 2 : gestion de la ventilation pour la protection des bâtiments et des collections appartenant au patrimoine culturel.
  • EN 16893:Février 2018 - Conservation du patrimoine culturel - Spécifications pour l'emplacement, la construction et la modification des bâtiments et des salles destinés au stockage ou à l'utilisation de collections.
  • NF ISO 11799:Mai 2016 - Information et documentation — Exigences pour le stockage des documents d’archives et de bibliothèques
  • NF EN 15757:Novembre 2010 - Conservation des biens culturels - Spécifications applicables à la température et à l'humidité relative pour limiter les dommages mécaniques causés par le climat aux matériaux organiques hygroscopiques.
  • ISO/TR 19815:2018 July 2018 Information and documentation - Management of the environmental conditions for archive and library collections – (uniquement disponible en langue anglaise au 09/2019)

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