La fonction engagée
Toute création littéraire doit-être conçue dans le souci de mettre sa plume
au service d'une cause noble. En effet, la vocation de l'écrivain est de relater
intégralement les faits sociaux. L’écriture est une arme éfficace dans la lutte
contre les injustices sociales, dans la dénonciation des maux de la société.
L'écrivain, dans ce cadre, est un avocat ou un soldat pour defendre les
intérêts du peuple: «j’aurais été soldat si je n’étais poète » confirme Hugo
dans Odes et Ballades. Le chef de file du romantisme invite tous ses
semblables à s’immiscer dans les affaires de la cite:”Maudit au poète qui se
mutile et s’en va,chanteur inutile pour la porté de la cité”dans” Fonction du
poète”.
En outre l'engagement de l'écrivain peut prendre plusieurs dimensions:
religieuse,politique ou sociale.
D'abord l'engagement religieux. En effet,au XVI siècle la France était
déchirée par la guerre des religions entre les catholiques et les protestants.
Les humanistes utilisent la plume comme une arme de propagande de la
société. Ronsard défend les catholiques dans Discours sur les misères de ce
temps Agrippa d’Aubigné dans les Tragiques prend position pour défendre
les Protestants.
Quand l'engagement est politique, l'écrivain dénonce les abus ou les
injustices d'une monarchie.Il s'insurge et fustige un regime.Dans Les
Châtiments par exemple Victor Hugo se moque de Napoléon III.Il le nomme
"Napoléon le petit" petit , petit , petit" comme le singe et le montre comme
un orge sanguinaire.
La fonction évasive
L’œuvre littéraire permet au lecteur de voyager dans l’imagination.Au lieu de
nous ramener à la réalité , le livre nous permet d’en échapper .En effet, le
but d'oeuvre d'art n’est pas d’être engagé mais plutôt de divertir .Il s’agit
dans la création de procurer à l'homme un espace d’épanouissement où il
peut s’apaiser et oublier les turpitudes de la vie.C’est cette force du livre qui
fait voyager les lecteurs dans des endroits irréels.Cet aspect de l’écriture est
exactement traduit par Julien Green qui décline : « le livre (le roman) est
une fenêtre par laquelle on s'évade".
En outre, la raison est que l'écrivain a le don de fournir à l'homme les plus
belles sensations qui cachent dans le secret de la lecture.Il ne s’agit pas de
cette lecture instructive mais celle dont la finalité est de nous plonger dans
le rêve .Emma Bovary dans Madame Bovary de Gustave Flaubert a traduit le
rêve pour la réalisé en réalité des romans qu’elle lisait.
De surcroît, l'écrivain est donc considéré comme un démiurge François
Mauriac le confirme: « le romancier est de tous les hommes celui qui
ressemble le plus à Dieu » dans son ouvrage intitulé le roman. Ainsi l'oeuvre
littéraire est comparée à un lieu d’échappatoire permettant aux lecteurs de
s’évader dans le temps et dans l’espace pour oublier les soucis de la vie .A
titre d’exemple nous pouvons prendre le cas de la littérature science fiction
de fiction, les romans de rose,les romans fantastiques....
La fonction expressive
La littérature vise le culte de l’idividualisme. En effet, selon de nombreux
d'écrivains , le cœur est le siège de la créativité. Le génie de l'écrivain puise,
dans sa création, de l’ensemble de ses sentiments rencontrés et vécus dans
sa vie. Cela évidemment, dans la mise en texte des perceptions des désirs
ou bien des sensations les plus naturelles. Une telle conviction se lit à
travers les propos de Victor Hugo qui souligne, dès le début des
Contemplations: « Ma poésie est la mémoire d’une âme » Autrement dit, le
vers est l’illustration parfaite de la vie intérieure transcrite. Cette façon
d’appréhender l'oeuvre littéraire renouvelle le principe premier du
Romantisme : l’expression du lyrisme personnel. Une vérité érigée en
idéologie qu’Alfred de Musset exprime dans une formule inépuisable du
point de vue du sens: « Ah! Frappe-toi le cœur, c’est là que se trouve le
génie ». Cela veut dire que la magie de la création trouve son siège dans le
cœur humain.
En outre , l’écriture est souvent la mise en formule des sentiments
comme l’amour, la solitude, le chagrin, le deuil, l’amertume, la joie ,de
l'auteur. La tonalité des auteurs, le sens dans les textes sont à rechercher
dans leurs vies personnelles. Alphonse de Lamartine, pense : « Je suis le
premier qui ai fait descendre la poésie au Parnasse et qui ai donné à ce qu’on
nommait la muse, au lieu d’une lyre à sept cordes de convention, mais les
fibres du cœur de l’homme. »
En plus, avec le Romantisme, l’exaltation atteint son paroxysme
notamment avec le culte du lyrisme personnel. La poésie est un moyen
d’expression du moi individuel qui puise dans les ressources des âmes la
matière à la création. L'écrivain se révolte ainsi tel un confident qui témoigne
aux lecteurs les troubles de son cœur. La magie de la poésie devient donc la
poétisation des sentiments. Victor Hugo, Lamartine attestent bien de cette
vérité du texte poétique. En effet, dans Les Contemplations, précisément
dans la seconde partie intitulée « Aujourd’hui ». Le poète romantique pleure
la perte de sa fille Léopoldine en affirmant: « Je regarde ma destinée et je
vois bien que j’ai fini… » A sa suite Alphonse de Lamartine dans Les
Méditations poétiques traduit son désarroi individuel suite à la maladie
d’Elvire sa bien-aimée. Le poète pleure le caractère éphémère du bonheur, la
fugacité du temps, etc. lui-même avouait en des termes explicites: « Je
m’exprimais par moi-même et pour moi-même. » En d’autres termes, la
poésie véritable c’est celle qui investit les labyrinthes du cœur. Cette façon
de concevoir la poésie n’élude pas pour autant le rapport inaliénable entre le
poète et son lecteur.
La fonction didactique
La littérature est assignée à une fonction éducative relatif à l'enseignement,
ou la transmission de leçons de morale destinées à instruire les lecteurs
avides de connaissances.En effet, Les siècles les plus représentatifs de
cette orientation à la fois artistique et moraliste sont le XVI ème avec les
écrivains de la Renaissance, de l'humanisme, mais aussi et surtout le XVII
ème, période pendant laquelle les classiques considèrent comme inutile tout
poème qui n'attache aucun prix aux leçons à en tirer. L'assimilation de
celles-ci permet ainsi de se prémunir des surprises désagréables dont les
trompeurs sont auteurs, parce qu'on a été ignorant, crédule, négligeant. À
titre illustratif, Jean de La Fontaine emploie un sous-genre de la poésie
appelé la fable, tantôt pour démasquer les hypocrites qui usent de ruse pour
parvenir à leurs mesquineries,tantôt pour soigner nos comportements pas
très catholiques vis-à-vis de nos semblables. Le fabuliste a écrit lui-même
dans la préface de son célèbre recueil apparemment enfantin: « Je me sers
d'animaux pour instruire les hommes ».
En plus,L'œuvre littéraire facilite l'apprentissage et la formation, elle
conscientise son lecteur. En effet, la plupart des écrivains ont assigné à leur
art un message instructif. Ils estiment que l'œuvre d'art est une continuité
de l'éducation sous une forme écrite qui véhicule les règles et les valeurs de
la communauté qu'elle représente. Ainsi,au XVII siècle ,la devise de théâtre
était "instruire et plaire", il s'agissait de corriger les mœurs en dénonçant les
travers de la société. Molière "Castigat ridendo mores"je châtie les mœurs
par le rire". Autrement dit, à travers ces pièces comiques, il rectifie les
défauts ou les vices de la société.
La fonction esthétique
La littérature recherche de la beauté formelle dans les ecritures car,
l'écrivain , en écrivant ses textes veut tendre à ton prix l’esthétique de son
ouvrage. En effet, il y a des écrivains qui refusent catégoriquement de vouer
à leur art un culte autre que celui de l’art en question. Pour eux, même si le
message qui circule dans le texte est important, il restera médiocre si la
conception de l’esthétique est absente. Prenons le cas des poètes
classiques: ils cherchent à atteindre le style très élégant, une langue pure,
harmonieuse et belle dans leur poème. C’est ce qui pousse Nicolas Boileau à
affirmer dans son « Art poétique »: « Sans la langue en un mot, l’écrivain le
plus divin, est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain »
En outre, l'écrivain doit chercher à émouvoir, à plaire par le biais de
l’esthétique de son œuvre. Autrement dit, l’œuvre d’art doit sublimer,
impressionner, charmer nos oreilles et capter notre attention. De la, l'auteur
adhère le culte de la beauté qui tend à faire son texte chant et musique.
C’est dans ce sens que nous rangeons la citation de Voltaire: « la poésie est
la musique de l’âme et surtout des âmes sensibles ».Quant à Paul Verlaine il
murmura: «De la musique avant toute chose, le devoir de la poésie est de
rivaliser avec la musique, tout ce qu’elle fait d’autre est de la littérature ».
Autrement dit le poète doit insister sur le travail de la forme. Ainsi, Senghor
dans « Femme Noire » forge avec les mots une statue à la femme pour
l’immortaliser « je chante ta beauté qui passe forme que je fixe dans
l’éternel, pour nourrir les racines de la vie. Leconte de Lisle ne semble pas
s’écarter de cette voie, lorsqu’il compare l’art à un jeu, un passe-temps dans
Albertus en ces termes: «l’art, c’est la liberté, le luxe, l’efflorescence
l’épanouissement de l’ame dans l’oisivité.” ».