Risques biologiques en milieu pro
Risques biologiques en milieu pro
en milieu professionnel
L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
© INRS, 2019. Conception graphique : Sophie Boulet. Mise en pages : Cécile Chassériau. Illustrations : Muriel Kerba.
© Photos de couverture : Gaël Kerbaol/INRS, Albert Pereira pour l’INRS.
Les risques biologiques
en milieu professionnel
ED 6034
avril 2019
Cette brochure est issue de la réflexion d’un groupe de travail INRS sur les risques biologiques constitué de :
Dominique Abiteboul, Isabelle Balty, Marie-Cécile Bayeux-Dunglas, Véronique Caron, Christine David, Anne Delépine et Philippe Duquenne.
Sommaire
Introduction................................................................................................................... 5
Annexes....................................................................................................................... 38
I. Risques biologiques et maladies professionnelles............................................... 39
II. Échantillonnage et analyse des bioaérosols........................................................ 40
III. Suivi en santé au travail – Place et limites de la vaccination........................... 41
Introduction
5
1
6
L es agents biologiques sont présents chez
les êtres vivants (êtres humains, animaux,
plantes) et dans l’environnement (eaux, sols).
En santé au travail, les « agents biologiques » sont
définis réglementairement 1 et recouvrent « les
micro-organismes y compris les micro-organismes
génétiquement modifiés, les cultures cellulaires et
La plupart des agents biologiques sont inof- les endoparasites humains susceptibles de provo-
fensifs pour l’homme. Certains micro-organismes quer une infection, une allergie ou une intoxication ».
assurent même des fonctions indispensables ;
par exemple, la flore intestinale, composée de
nombreuses bactéries, a un rôle essentiel dans la 1.1. Les micro-organismes
digestion.
Les micro-organismes sont des organismes
D’autres sont utilisés par l’homme pour la vivants capables de se reproduire ou de trans-
production de denrées alimentaires (pain, fro- férer du matériel génétique. Ils se répartissent
mages…), la recherche scientifique, ou encore en différentes catégories : bactéries, champi-
pour la production par voie biotechnologique gnons microscopiques, virus, parasites (voir
dans les secteurs pharmaceutique, agroalimen- figure 1 page suivante et ED 1172).
taire, de la chimie fine, de l’énergie… Ils peuvent être modifiés en insérant des
gènes d’autres organismes dans leur génome
Certains agents biologiques peuvent en re- afin de leur faire produire de nouvelles molécules
vanche être à l’origine de maladies, notamment (insuline, protéines…). On parle alors d’orga-
dans le cadre du travail. nismes génétiquement modifiés (OGM).
Méningocoque
Coques (forme ronde) Staphylocoque
Streptocoque
Certaines bactéries Gram positif4, en particulier vivant dans le sol, peuvent former des spores
de résistance lorsque les conditions environnementales sont défavorables. Ces spores peuvent persister
longtemps dans l’environnement (par exemple Bacillus anthracis transmettant pendant de longues années
la maladie du charbon aux troupeaux pâturant dans des « champs maudits »).
La paroi des bactéries Gram négatif4 est composée notamment d’endotoxines qui sont libérées lors de la division
ou de la mort de ces bactéries et peuvent être responsables de divers symptômes lorsqu’elles sont inhalées.
Certaines bactéries Gram négatif4 (salmonelle, Escherichia coli…) ou Gram positif (Clostridium botulinum,
Bacillus cereus…) secrètent des exotoxines, qui peuvent également être à l’origine de pathologies.
Les moisissures se reproduisent notamment en émettant des spores fongiques caractéristiques de chaque
espèce. Ces spores se dispersent facilement dans l’environnement.
Les moisissures décomposent les matières organiques et produisent des molécules volatiles responsables
de l’odeur caractéristique de moisi. Par ailleurs, dans certaines conditions environnementales,
certaines d’entre elles secrètent des toxines appelées mycotoxines.
Les virus ne sont pas des cellules au sens strict. Ils se composent uniquement d’un génome entouré
d’une coque. Cette coque peut être parfois doublée d’une enveloppe facilement détruite, ce qui fragilise
le virus. Les virus ne peuvent se multiplier qu’à l’intérieur de cellules spécifiques de l’homme, d’animaux,
d’insectes, de végétaux ou de micro-organismes.
Parasites
10 microns Protozoaires Toxoplasma gondii (agent de la toxoplasmose)
à 2 cm Plasmodium falciparum (agent du paludisme)
3. On désigne généralement les agents biologiques par leurs noms de genre et d’espèce : ici Mycobacterium est le nom de genre et tuberculosis le nom d’espèce.
4. Une bactérie est dite Gram positif ou Gram négatif selon la réaction à une coloration effectuée en laboratoire inventée par M. Gram en 1884.
8 INRS
Il existe une multitude d’agents biologiques. développent mieux en absence d’oxygène. La plu-
Chacun a des caractéristiques propres lui per- part des bactéries, champignons et protozoaires
mettant de se développer chez certains hôtes se multiplient en présence d’humidité et si la
ou dans certains milieux. Ainsi, selon les cas, les température est plutôt chaude. Cependant, on
agents biologiques peuvent être présents chez peut trouver des agents biologiques dans tous
des êtres vivants (homme, animaux, plantes) ou types d’environnements, même extrêmes. Leur
dans l’environnement (eaux, sols). concentration peut varier selon les conditions
rencontrées : zones géographiques tropicales/
Les micro-organismes sont des êtres vivants. tempérées, été/hiver, etc.
Leur durée de vie est limitée. Ils ont besoin
de nourriture et de certaines conditions pour Les micro-organismes se développant chez
se reproduire. Chaque agent biologique a des les êtres vivants peuvent avoir des spécificités
spécificités de croissance. Ainsi, certains micro- d’espèce. Certains se développent uniquement
organismes peuvent se nourrir de matière orga- chez l’homme, d’autres chez l’homme et cer-
nique et d’autres de matière inorganique, comme taines espèces animales et d’autres encore uni-
il existe des micro-organismes aérobies qui ont quement chez les animaux (voir figure 2).
besoin d’oxygène et d’autres, anaérobies, qui se
Caractéristiques Exemples
Spécificité d’espèce Coqueluche chez l’homme
Brucellose chez les ruminants et l’homme
Fièvre aphteuse chez les bovins, caprins, ovins
Les cellules provenant d’un animal ou d’un Bien que n’étant pas des organismes vivants,
être humain peuvent être isolées et cultivées les prions ou agents transmissibles non conven-
dans des milieux reconstituant leur environne- tionnels (ATNC) sont classés dans la liste des
ment. Les cultures cellulaires peuvent ainsi être agents biologiques pathogènes6. Il s’agit de
utilisées dans certaines techniques de greffe, protéines de la membrane des cellules du sys-
pour la production de substances, ou encore tème nerveux central. Sous une forme anormale
pour servir d’hôte à des virus que l’on souhaite (prion), elles provoquent des maladies dégéné-
étudier. Dans ce cadre, les cultures cellulaires ratives du système nerveux central. Il existe
sont susceptibles d’être contaminées par des différents prions qui sont notamment respon-
agents biologiques pathogènes. C’est pourquoi sables de « la maladie de la vache folle » chez
elles entrent dans la définition des agents biolo- les bovins, et de la maladie de Creutzfeldt-Jacob
giques prévue par le Code du travail5. chez l’homme.
10 INRS
2
11
O n distingue quatre types de risques
pouvant résulter d’une exposition à
des agents biologiques : les risques infectieux,
Selon l’agent biologique en cause :
le délai d’apparition des symptômes peut se
compter en heures, jours ou mois après la conta-
allergiques, toxiniques et cancérogènes. Les mination ;
risques les plus fréquents et les mieux connus les manifestations sont variées (lésion cuta-
sont les risques infectieux. Les risques aller- née, pneumonie, hépatite…) ;
giques et toxiniques sont beaucoup plus rares. la gravité de la maladie est variable (simple
Quant au risque de cancer, il est exceptionnel. fièvre, complications cardiaques, pulmonaires,
décès) ;
certaines infections, peuvent perturber le bon
2.1. Les risques infectieux déroulement ou l’issue d’une grossesse (avortement,
prématurité, malformation…) comme la fièvre Q,
Les infections sont dues à la pénétration la rubéole, la toxoplasmose ou le virus Zika.
puis à la multiplication d’un micro-organisme
(bactéries, virus, champignons, parasites7) dans La quantité d’agents biologiques qui pénètre
le corps. dans l’organisme et l’état immunitaire de l’hôte
Exemples de maladies infectieuses : tubercu- jouent également un rôle dans le développe-
lose (voir ED 44138), hépatite B, leptospirose, ment éventuel de la maladie.
grippe
Des facteurs individuels de l’hôte inter-
Le pouvoir pathogène9 d’un agent biolo- viennent dans le risque de développer une infec-
gique varie selon l’espèce. Ainsi, un agent tion après une contamination. Ainsi, certains
infectieux peut entraîner une maladie unique- salariés peuvent avoir acquis une immunité
ment pour certaines espèces animales (par vis-à-vis d’un agent pathogène après un contact
exemple la fièvre aphteuse chez les bovins, avec celui-ci, qu’ils aient été malades ou non.
caprins, ovins) ou uniquement pour l’homme Cependant, toutes les maladies infectieuses ne
(par exemple la coqueluche, la varicelle…). procurent pas une immunité durable.
D’autres agents infectieux sont pathogènes à Une immunité peut également être acquise
la fois pour l’homme et l’animal, provoquant par la vaccination mais le nombre d’agents infec-
des infections appelées zoonoses (par exemple tieux pour lesquels on dispose d’un vaccin est
la brucellose chez les ruminants et l’homme). très limité. À noter que la plupart des vaccins,
pour être efficaces, nécessitent des rappels
Les voies de pénétration d’un agent biolo- réguliers (voir annexe III).
gique dans l’organisme peuvent être : la peau, Certaines situations peuvent, à l’inverse, en-
les muqueuses (yeux, nez, bouche), la voie res- traîner une baisse de l’immunité, par exemple la
piratoire ou la voie digestive. La transmission prise de traitements immunosuppresseurs après
des maladies infectieuses, selon l’agent biolo- une greffe d’organe ou pour des maladies auto-
gique, est possible par contact avec la peau ou immunes, une chimiothérapie anticancéreuse,
les muqueuses, par inoculation, par inhalation certains stades de l’infection par le virus de l’im-
de gouttelettes ou d’aérosols, ou par inges- munodéficience humaine (VIH)… L’immunodé-
tion. La contamination n’est possible que si pression peut entraîner une plus grande sensibi-
la voie de pénétration correspond au mode lité aux infections (infections récidivantes) et un
de transmission de l’agent biologique. Ainsi, risque accru d’infections sévères (par exemple
seules les légionelles pénétrant dans l’orga- infection invasive à pneumocoque chez les sujets
nisme par inhalation de micro-gouttelettes sous chimiothérapie).
d’eau contaminée peuvent être à l’origine de
maladie. En revanche, boire de l’eau conta- Par ailleurs, certains agents biologiques
minée par des légionelles n’entraîne pas de habituellement peu ou pas pathogènes peuvent
maladie. entraîner des infections dites « opportunistes »
12 INRS
parfois sévères sur des personnes fragiles (par 2.3. Les risques toxiniques
exemple aspergillose invasive en cas d’immu-
nodépression sévère ou de pathologie pulmo- Certains agents biologiques peuvent pro-
naire sous-jacente, ou toxoplasmose cérébrale au duire des molécules (toxines) pouvant entraîner
stade sida). des répercussions variables sur la santé.
10. Moisissures en milieu de travail, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4416.
11. Notamment les actinomycètes thermophiles qui sont des bactéries vivant normalement dans l’environnement.
12. Risques biologiques en milieu de travail et maladies respiratoires d’origine allergique et/ou toxinique, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4414.
13. Endotoxines en milieu de travail, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4412.
14. Mycotoxines en milieu de travail, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4411.
15. Les risques biologiques sur les lieux de travail, coll. « Aide-mémoire juridique », INRS, TJ 24.
16. Baobab : base de données de l’INRS donnant des informations synthétiques sur tous les agents biologiques classés.
17. Classement des agents biologiques, INRS, TO 28 (tiré de la revue Références en santé au travail et accessible sur www.inrs.fr/publications/rst).
14 INRS
La lettre V signifie qu’un vaccin efficace risques peut conduire à un assouplissement
était disponible en France à la date de parution de certaines règles de prévention, en particulier
de l’arrêté. Toutefois ces vaccins peuvent avoir concernant les mesures de confinement en
été abandonnés depuis lors (comme le vaccin laboratoire.
contre la variole), ou être accessibles sous cer- Le groupe 4 ne comprend que des virus,
taines conditions ou dans des centres de vacci- tels que les virus responsables de la variole
nation spécialisés (par exemple le vaccin contre (maladie officiellement éradiquée) ou de fièvres
la fièvre jaune). hémorragiques. Ces virus ne se trouvent pas
Enfin, certains agents biologiques du groupe 3 naturellement en France, mais l’introduction
sont marqués d’un astérisque lorsqu’ils ne d’un tel agent biologique est possible, par
sont normalement pas transmissibles par voie exemple en cas d’arrivée d’un malade en prove-
aérienne. Pour ces agents, l’évaluation des nance d’une zone à risque (exemple : Ebola…).
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 3* Groupe 4
Bactéries Escherichia coli Clostridium Bacillus Escherichia
K12, souche tetani, anthracis, coli souches
utilisée en génie (tétanos) (charbon), cytotoxiques (ex. :
génétique Mycobacterium O157 : H7 ou O103…)
tuberculosis, (gastro-entérites
(tuberculose) sévères)
Virus Virus de la Virus de Virus Hantaan VIH virus de Virus
mosaïque du la rougeole (fièvre l’immunodéficience de la variole
tabac, attaquant hémorragique humaine (sida), Virus Ebola
les feuilles de la avec syndrome Virus de la rage
plante rénal)
16
L a démarche d’évaluation des risques bio-
logiques est le plus souvent qualitative.
Elle est facilitée par l’utilisation de la notion
repérer les activités pouvant exposer le travail-
leur aux agents biologiques contenus dans ce
réservoir.
de chaîne de transmission, constituée de trois
maillons (voir figure 5) : Le risque que cette exposition entraîne une
le réservoir contenant les agents biologiques ; maladie dépend ensuite des modes de trans-
les modes de transmission des agents biolo- mission (inhalation, contact…) des agents bio-
giques ; logiques présents dans le réservoir et de l’état
l’hôte potentiel qu’est le travailleur. immunitaire du travailleur exposé.
Réservoir
•H omme
• A nimal
• E nvironnement : sol, eau,
déchets...
Transmission
• P ar inhalation
• P ar ingestion
• P ar contact avec la peau
ou les muqueuses
• P ar inoculation
Hôte
• I mmunité
• T errain particulier :
grossesse,
immunodépression...
être repérés comme contenant un agent biolo- vité donné : troubles respiratoires en élevage de
gique particulier : par exemple un malade avec volailles, infection à cytomegalovirus en crèche… ;
© Guillaume J. Plisson pour l’INRS
© Christine David/INRS
18 INRS
Utilisation de fontaines de biodégradation
© Fabrice Dimier pour l’INRS
© Gaël Kerbaol/INRS
Crèche
Abattoir de bovins
20 INRS
3.2. Repérer les expositions et les soignants. Mais s’il s’agit d’un patient
atteint d’une tuberculose dont la localisation est
Une fois le réservoir repéré, il est nécessaire exclusivement osseuse, il n’y a pas de risque d’ex-
d’analyser les procédés de travail afin d’identifier position pour l’entourage au contact du patient.
les modes d’exposition possibles.
En milieu professionnel, les personnels peuvent Exposition à un réservoir susceptible
être exposés aux agents biologiques de diffé- de contenir de multiples agents
rentes façons (voir figure 7 page suivante) : biologiques
par inhalation de particules solides ou liquides ;
par contact de la peau ou des muqueuses (yeux, Dans de nombreuses situations le réservoir
nez, bouche) avec des matières ou surfaces conta- est susceptible de contenir plusieurs agents bio-
minées ; logiques sans que l’on puisse les identifier pré-
par inoculation : piqûre ou coupure avec des cisément. Cependant, selon le réservoir, la pré-
objets contaminés, morsure d’animal ou piqûre sence de certains agents biologiques pathogènes
d’insecte ; est vraisemblable (agent de la leptospirose dans
par ingestion en portant les mains ou un objet les eaux des égouts…). À partir des modes de
souillés à la bouche voire à la suite d’une projec- transmission habituels de ces agents biologiques
tion sur la bouche. il convient de déterminer quelles expositions ob-
servées lors de l’activité peuvent entraîner une
contamination (voir figure 7 page suivante).
Dans certains cas, le travailleur ne sera pas
exposé directement au réservoir, mais il peut être
Par exemple, dans une station d’épuration,
exposé par contact avec une surface, un objet,
le nettoyage au jet d’eau à haute pression des
etc. contaminé par le réservoir, comme lors du
surfaces souillées par des boues activées crée
nettoyage d’une paillasse de laboratoire souillée
des aérosols, ce qui expose le salarié à l’inhala-
par des produits biologiques, de l’entretien des
tion d’endotoxines présentes dans les boues et
tables à langer des crèches…
nocives par voie respiratoire. En outre, la mani-
pulation de pièces souillées par des eaux usées
Il n’y a risque de transmission d’un agent peut exposer ce salarié à des agents biologiques
biologique que si l’exposition identifiée est transmissibles par voie digestive s’il porte ses
compatible avec le mode de transmission mains contaminées à la bouche ou à des agents
habituel de cet agent biologique. transmissibles par voie cutanéo-muqueuse s’il se
blesse ou se frotte les yeux avec des mains sales.
Contact avec la peau • Projection d’eau sale dans les yeux lors d’un prélèvement d’eau de bassin
ou les muqueuses de station d’épuration
• Réalisation de la toilette d’une personne atteinte de gale
• Port des mains contaminées au visage ou aux yeux lors du ramassage
des poubelles
Ingestion • Port des mains ou d’un objet contaminé à la bouche dans un laboratoire
d’analyses médicales
• Prise d’aliments ou d’une cigarette avec des mains contaminées
après avoir nettoyé des cages en animalerie
• Projection d’eau sale sur la bouche lors de l’entretien de berges
Cabinet vétérinaire
© Gaël Kerbaol/INRS
Milieu de soins
22 INRS
3.3. Évaluer les risques Pour les autres risques biologiques, une éva-
luation quantitative peut présenter un intérêt
Pour évaluer les risques biologiques, il faut pour préciser les expositions dans certains
donc : milieux professionnels. Ainsi, la métrologie
tout d’abord repérer les réservoirs contenant : des bioaérosols peut être utilisée pour évaluer
l un agent biologique pathogène identifié, les expositions par inhalation aux endotoxines,
l ou un ensemble d’agents biologiques patho- aux moisissures..., par exemple en centre de tri
gènes non précisément identifiés mais poten- de déchets ménagers, en usine de compostage,
tiellement présents ; en élevage de volailles ou lors de l’affinage de
puis repérer les tâches ou les procédés de fromages, de la fabrication de saucissons secs…
travail exposant les personnes au réservoir, en (voir annexe II).
tenant compte des modes de transmission (inha-
lation, contact avec la peau ou les muqueuses, L’état de santé de l’opérateur exposé, notam-
inoculation, ingestion) : ment son état immunitaire, d’éventuels antécé-
l d
e l’agent biologique pathogène identifié, dents d’allergie ou une grossesse en cours jouent
l ou des agents biologiques pathogènes les plus un rôle dans le risque de développer une patholo-
probables. gie (voir chapitre 2.1). Le médecin du travail prend
en compte ce point particulier dans l’évaluation
Cette évaluation qualitative est suffisante des risques (voir annexe III).
pour engager la mise en œuvre de mesures de
prévention. Elle doit aussi prendre en compte la La démarche d’évaluation des risques bio-
gravité des dommages potentiels pour la santé logiques, qui consiste à identifier les risques
des travailleurs et la fréquence des expositions. auxquels sont soumis les salariés d’un établis-
sement, a pour objectif de mettre en place des
Concernant l’évaluation quantitative par actions de prévention pertinentes.
recours à la métrologie des bioaérosols, elle est Cela impose de hiérarchiser les risques à pré-
complexe et n’est pas indiquée pour les risques venir, en tenant compte :
infectieux. Il peut suffire d’une exposition de l’organisation du poste et des procédures
ponctuelle à une quantité très limitée d’agents de travail ;
biologiques (quelques unités) pour être conta- des mesures de prévention déjà mises en place ;
Démarche
de prévention
des risques
24
L a prévention des risques biologiques
consiste à rompre la chaîne de transmis-
sion en agissant prioritairement sur le réservoir
4.1. Agir sur le réservoir
Les principes de prévention des risques bio- Le nettoyage régulier des surfaces élimine
logiques prévoient de combattre en premier lieu la matière organique servant d’« aliment » aux
les risques à la source, de remplacer ce qui est agents biologiques et en réduit le nombre. Les
dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou produits de nettoyage peuvent de plus tuer cer-
moins dangereux et de prendre des mesures de tains micro-organismes. Pour faciliter ces opé-
protection collective avant d’envisager la mise à rations, les surfaces doivent être étanches et
disposition d’équipements de protection indivi- facilement accessibles.
duelle (EPI). L’ensemble de ces mesures est inté- Une ventilation générale en bon état de fonction-
gré le plus en amont possible, dès la conception nement limite l’humidité qui favorise le développe-
d’un procédé, d’une organisation du travail ou ment des micro-organismes (voir ED 69519).
d’un local (voir encadré ci-dessous). L’entretien et la maintenance des locaux per-
mettent de lutter contre le développement de moi-
sissures (voir ED 629920).
De plus, les personnels, y compris intérimaires Le ramassage et le traitement rapide des dé-
et intervenants extérieurs, doivent être informés et chets évitent la prolifération des bactéries et
formés sur les risques et les mesures de prévention. moisissures. Dans l’attente, il convient de pro-
téger ces déchets des intempéries et des ani-
maux (rongeurs, oiseaux, insectes).
Réglementation applicable
La lutte contre la prolifération des insectes et
en matière de prévention
des rongeurs limite la dispersion des agents biolo-
des risques biologiques
giques pathogènes qu’ils pourraient véhiculer (ne
Les dispositions réglementaires relatives à la pas laisser de nourriture pouvant attirer les rats,
prévention des risques biologiques relèvent détruire les gîtes larvaires des moustiques…).
des articles R. 4421-1 à R. 4427-5 du Code Le foin doit être ramassé avant qu’il ne moi-
du travail. Elles s’appliquent aux établisse sisse et les balles doivent être protégées de la
ments dans lesquels la nature de l’activité pluie (voir ED 441521).
peut conduire à exposer les travailleurs à des Le changement régulier des litières de chat
agents biologiques. Plusieurs arrêtés d’appli évite le développement de l’agent de la toxo-
cation les complètent. plasmose pouvant se trouver dans les fèces
L’aide-mémoire juridique de l’INRS sur les (voir ED 630222).
risques biologiques sur les lieux de travail La tonte des hautes herbes limite la possibilité
fait le point sur ces différents textes18. de contact avec les tiques (voir ED 630423).
De bonnes conditions d’élevage (lutte contre le
stress des animaux, hygiène générale…) réduisent
Ce chapitre aborde des exemples de mesures le risque que les animaux soient infectés.
de prévention possibles dans des secteurs pro- Dans le cas des fluides de coupe, le nettoyage
fessionnels variés. et la désinfection du circuit lors du change-
ment de fluide, l’utilisation de la concentration
recommandée par le fabricant, la filtration des
débris métalliques et des huiles permettent de
limiter la prolifération des agents biologiques
(voir ND 229024).
18. Les risques biologiques sur les lieux de travail, coll. « Aide-mémoire juridique », INRS, TJ 24.
19. Principes généraux de ventilation, coll. « Guide pratique de ventilation », INRS, ED 695.
20. Surfaces contaminées par des moisissures : que faire ?, INRS, ED 6299.
21. Risques biologiques et maladies respiratoires d’origine allergique ou toxinique en milieu agricole, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4415.
22. Travail en animalerie. Comment se protéger des zoonoses ?, INRS, ED 6302.
23. Maladie de Lyme et travail. Comment se protéger ?, INRS, ED 6304.
24. Contamination des fluides de coupe aqueux et prévention des risques biologiques, INRS, ND 2290.
Partie 4 – Démarche de prévention des risques 25
Éliminer les agents biologiques pathogènes
La vaccination limite l’apparition de maladies
contagieuses chez l’homme ou chez l’animal.
Le diagnostic précoce et le traitement au plus
tôt des « individus réservoirs » limitent l’exposi-
tion des professionnels du secteur social ou de
26 INRS
Figure 8. Pictogramme risques biologiques
(arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la signalisation
de sécurité et de santé au travail)
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS
© Gaël Kerbaol/INRS
Des procédures de port des EPI et de déshabillage
doivent être élaborées afin d’assurer une protec-
tion efficace et d’éviter toute contamination lors
du retrait d’EPI souillés (voir ED 616545, ED 616646,
ED 6167 47, ED 616848, ED 616949, ED 630644). EPI en milieu de soins pour la prise en charge des patients
atteints d’infection à risque épidémique
37. Gants contre les micro-organismes, coll. « Fiche pratique de sécurité », INRS, ED 145.
38. Les équipements de protection individuelle des yeux et du visage. Choix et utilisation, INRS, ED 798.
39. Appareils de protection respiratoire et risques biologiques, coll. « Fiche pratique de sécurité », INRS, ED 146.
40. Les appareils de protection respiratoire. Choix et utilisation, INRS, ED 6106.
41. Protection respiratoire. Réaliser des essais d’ajustement, INRS, ED 6273.
42. Infections à transmission respiratoire : quel masque porter ?, INRS, affichette A 763.
43. Vêtements de protection contre les risques infectieux. Aide au choix sur la base des caractéristiques normalisées, coll. « Fiche pratique de sécurité », INRS, ED 143.
44. Prise en charge des patients atteints d’infection liée à un risque épidémique. Tenues de protection des soignants et procédures de déshabillage, INRS, ED 6306.
45. Risques chimiques ou biologiques. Retirer sa tenue de protection en toute sécurité. Cas n° 1 : Décontamination sous la douche, INRS, ED 6165.
46. Risques chimiques ou biologiques. Retirer sa tenue de protection en toute sécurité. Cas n° 2 : Décontamination avec aspirateur, INRS, ED 6166.
47. Risques chimiques ou biologiques. Retirer sa tenue de protection en toute sécurité. Cas n° 3 : Sans décontamination de la tenue, INRS, ED 6167.
48. Risques chimiques ou biologiques. Retirer ses gants en toute sécurité. Gants à usage unique, INRS, ED 6168.
49. Risques chimiques ou biologiques. Retirer ses gants en toute sécurité. Gants réutilisables, INRS, ED 6169.
28 INRS
4.3. Agir sur l’hôte
Principales mesures d’hygiène face
aux risques biologiques En complément des mesures techniques déve-
loppées ci-dessus, certaines mesures de préven-
Porter une tenue de travail spécifique tion médicale peuvent être nécessaires en fonc-
avant d’entrer dans une « zone contaminée ». tion des recommandations du médecin du travail :
Réaliser une hygiène des mains (lavage à vaccination des travailleurs en fonction des
l’eau et au savon ou friction hydroalcoolique risques au poste de travail ;
selon les situations) en quittant son poste de traitement prophylactique avant un déplace-
travail, avant de manger, boire ou fumer, après ment en zone d’endémie (paludisme…) ;
avoir ôté ses gants et après tout contact avec, traitement ou vaccination après exposition
par exemple, un objet ou un animal potentiel- accidentelle à un agent biologique pathogène
lement contaminé (voir ED 617050, ED 5851, (rougeole, VIH, rage…) (voir Eficatt56, A 77557) ;
A 77452, ED 6257 53, Anim 02354). précautions spécifiques (aménagement de poste,
En cas de blessure, laver immédiatement vaccinations…) pour certains travailleurs tels que
la plaie avec de l’eau potable et du savon les femmes enceintes, les personnels immunodé-
puis désinfecter (voir A 77655). primés, allergiques…
Protéger toute plaie avec un pansement
imperméable. 4.4. Informer et former
Ne pas porter les mains ni un objet (stylo
par exemple) à la bouche. L’information et la formation des travailleurs
Dans tous les cas, ôter ses vêtements de concernent tous les personnels, y compris les in-
travail en quittant son poste. térimaires et les intervenants d’entreprises exté-
Dans certains secteurs, prendre une rieures. L’information porte entre autres sur les
douche après le travail. risques biologiques, les précautions à prendre
pour éviter l’exposition, le port et l’utilisation des
Pour respecter ces mesures, les moyens EPI, la procédure à suivre en cas d’accident, etc.
suivants doivent être mis à disposition : Elle doit être donnée avant que les travailleurs
des vestiaires séparant les vêtements de exercent une activité impliquant un contact avec
ville et les vêtements de travail ; des agents biologiques (voir DM 033358). Elle doit
des sanitaires ; en outre être répétée régulièrement, en prenant
de l’eau, du savon liquide, des essuie- notamment en considération l’évolution des risques,
mains jetables et une poubelle permettant ainsi que les éventuelles modifications des pro-
le lavage des mains, y compris sur les chan cédés de travail.
tiers mobiles et dans les véhicules ; La formation permet d’une part de s’assurer
des solutions hydroalcooliques ; que les procédures sont bien comprises et
des douches, recommandées dans certains d’autre part favorise la mise en œuvre de bonnes
secteurs. pratiques, telles que l’ajustement des EPI (voir
Anim 02459) et le respect des mesures d’hygiène.
50. Lavez-vous les mains pour vous protéger et protéger les autres, INRS, ED 6170.
51. Produits d’hygiène cutanée à usage professionnel, coll. « Fiche pratique de sécurité », INRS, ED 58.
52. Hygiène des mains par friction hydroalcoolique, INRS, affichette A 774.
53. Hygiène des mains autour des soins, INRS, ED 6257.
54. Se laver les mains pour limiter les risques d’infection, INRS, animation sur inrs.fr Anim 023.
55. Conduite à tenir en cas de blessure au travail, INRS, affichette A 776.
56. Eficatt (exposition fortuite à un agent infectieux et conduite à tenir en milieu de travail), base de données INRS www.inrs.fr/eficatt.
57. Conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang (AES), INRS, affichette A 775.
58. Une enquête de l’agent Bio 07. Un multimédia sur les risques biologiques au travail, INRS, DM 0333.
59. Masque jetable : comment bien l’ajuster ?, INRS, animation sur inrs.fr Anim 024.
Exemples d ’évaluation
et de prévention des risques
30
© Gaël Kerbaol/INRS
Abattoir de volailles
Réservoir : • Si importation : effectuer Pas d’action possible Quand cela est
oiseaux un contrôle sanitaire (chez les volailles, possible, empêcher
à l’entrée. l’ornithose est souvent l’accès des oiseaux
• Optimiser les conditions inapparente (par exemple pose
d’élevage (densité et n’est pas dépistée de grillage, de filet…).
des animaux, conditions car elle ne rend pas
de température et la viande impropre
d’humidité, hygiène à la consommation).
des cages et volières
(voir ED 630262).
• Protéger contre
les contacts avec
les oiseaux sauvages.
• Surveiller et détecter
la maladie.
• Traiter les oiseaux
malades.
32 INRS
5.2. Interventions sur une tour élevée, présence de chlore). Lorsque les condi-
aéroréfrigérante tions s’améliorent, elles sortent des amibes et
sont alors capables de recoloniser le milieu.
Une tour aéroréfrigérante (TAR) sert à refroi-
dir l’eau provenant d’un système de climatisation Certains de ces agents biologiques qui colo-
ou d’un procédé industriel. L’eau réchauffée est nisent l’eau des TAR peuvent avoir des effets sur
pulvérisée dans un flux d’air provenant de l’exté- la santé. Par exemple, l’inhalation de microgoutte-
rieur : d’un côté, l’eau refroidie retourne vers le lettes d’eau contenant des légionelles peut provo-
procédé, de l’autre côté l’air se charge de vapeur quer une légionellose, infection pulmonaire poten-
d’eau et entraîne des microgouttelettes (< 5 mi- tiellement grave, la projection dans les yeux d’eau
cromètres) qui peuvent être rejetées dans l’envi- contenant des agents biologiques est susceptible
ronnement (voir figure 10). de provoquer des atteintes oculaires…
Séparateur
de gouttelettes
Entrée d'eau à refroidir
Rampes
de distribution
de l'eau
Surface d'échange
thermique ou packing
Procédé
Échangeur
à refroidir
Ventilateur
De façon générale :
Limitation du nombre des intervenants
Information et formation des opérateurs
Respect des mesures d’hygiène.
34 INRS
5.3. Manipulation de virus pathogène Le virus VIH pathogène étant contagieux
en laboratoire de recherche par voie sanguine, une blessure avec un objet
contaminé pourrait entraîner une contamina-
tion du technicien. Parmi le matériel employé
pour réaliser cette manipulation, les pipettes,
les boîtes de culture, les flacons… pourraient
Réservoir : milieux de culture de cellules Pas d’action possible car il est impossible
et solutions contenant des concentrations de supprimer ici le virus VIH qui est l’objet du travail.
importantes de VIH
Exposition :
Piqûre ou coupure à l’occasion du bris • Travailler exclusivement avec du matériel
de matériels en verre contaminés par le VIH en plastique à usage unique non piquant/coupant.
Contact avec une peau lésée ou les muqueuses • Protéger les plaies préexistantes à l’aide d’un pansement.
Le virus se transmet par voie sanguine lors • Porter des gants et des vêtements de protection
de blessure ou de contact cutanéo-muqueux. couvrants.
De façon générale :
• Appliquer les mesures techniques de prévention qui doivent être mises en œuvre dans les laboratoires
(voir TJ 2468, ED 613169).
• Établir une conduite à tenir en cas d’AES67.
65. G
ène d’intérêt : Gène codant pour une nouvelle protéine servant par exemple dans la recherche contre le cancer, le traitement de certaines maladies,
la production d’enzymes…
66. A
DN : Acide désoxyribonucléique qui porte les gènes d’une cellule.
67. Conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang (AES), INRS, affichette A 775.
68. Les risques biologiques sur les lieux de travail, coll. « Aide-mémoire juridique » INRS, TJ 24.
69. Les risques biologiques liés aux techniques de génie génétique en laboratoire, INRS, ED 6131.
70. Document unique et risques biologiques, coll. « Fiche agents biologiques », INRS, ED 4410.
36 INRS
Pour en savoir plus
Toutes les références INRS citées dans cette À partir de l’onglet « Métiers et secteurs
brochure sont accessibles en pdf sur www. d’activité », les risques biologiques sont
inrs.fr en entrant la référence dans le moteur abordés dans les secteurs suivants : santé
de recherche du site en haut à droite de la page. et aide à la personne (hôpitaux et cliniques,
soins à domicile, aide à domicile, métiers
Le site de l’INRS offre de nombreux outils de la petite enfance, Ehpad), cabinets den-
d’aide à l’évaluation des risques biologiques. taires, laboratoires d’analyses biologiques,
agroalimentaire, biotechnologie et métiers
À partir de l’onglet « Risques », une page de l’environnement.
est spécifiquement dédiée aux risques biolo- Ces pages web donnent accès aux docu-
giques : www.inrs.fr/risques/biologiques. ments traitant des risques biologiques (bro-
Y sont repris, outre des généralités, la défi- chures, articles, affiches, animations).
nition des agents biologiques, leur mode de
transmission, leurs effets sur la santé et les L’onglet « Publications et outils » donne
moyens de prévention à mettre en place. accès à deux bases de données qui concernent
Sont également détaillées la réglementation les risques biologiques :
liée aux agents biologiques et celle concer- • Baobab : www.inrs.fr/baobab ;
nant les accidents de travail et les maladies • Eficatt (Exposition fortuite à un agent
professionnelles imputables à des agents infectieux et conduite à tenir en milieu de
biologiques. Sur les mêmes thématiques, un travail) : www.inrs.fr/eficatt.
focus est fait sur les zoonoses.
Annexes 37
Annexes
38 INRS
ANNEXE I
RISQUES BIOLOGIQUES ET MALADIES PROFESSIONNELLES
Annexes 39
ANNEXE II
ÉCHANTILLONNAGE ET ANALYSE DES BIOAÉROSOLS
sont des organismes vivants microscopiques omni- Des expositions aux bioaérosols ont été mises
présents dans l’environnement. Les entités micro- en évidence dans plusieurs secteurs d’activité,
biennes (telles que les cellules, les spores, leurs com- mais les connaissances actuelles ne permettent
posants et leurs métabolites) peuvent être émises pas d’établir une relation claire entre les niveaux
dans l’air des lieux de travail à partir des procédés de concentration mesurés et les symptômes obser-
dans lesquels elles sont impliquées ou lors de la vés. Par conséquent, il n’y a pas de valeurs limites
manipulation de matières contaminées. d’exposition professionnelle (VLEP) pour les agents
biologiques en suspension dans l’air et l’interpré-
Des méthodes de mesures sont disponibles pour tation des données d’exposition aux bioaérosols en
évaluer les expositions professionnelles aux bioaéro- termes de risques biologiques encourus est encore
sols. La mesure des concentrations en polluants biolo- incertaine. Le recours à la mesure peut cependant
giques dans l’air se déroule en deux étapes principales : être utile par exemple pour guider la mise en place
le prélèvement qui consiste à faire passer un vo- de mesures de prévention. Pour cela, il est indispen-
lume d’air connu sur un support de collecte pour y sable que la stratégie de mesurage soit bien définie.
piéger les polluants ; D’abord, des mesurages comparatifs (air intérieur /
puis l’analyse de l’échantillon prélevé qui se fait de air extérieur ; air de local à problème / air de local simi-
manière différée au laboratoire. laire sans problème…) devront être effectués le même
jour, dans des conditions similaires et avec le même
Les méthodes et appareils permettant d’échan- type d’appareils, afin de faciliter l’interprétation des
tillonner les bioaérosols incluent l’échantillonnage résultats. Des rapprochements pourront être tentés
par filtration ou en voie liquide (CIP 10-M). L’ana- avec les données publiées dans la littérature pour des
lyse des échantillons est effectuée par le biais des activités similaires, en tenant compte de toutes les
méthodes utilisées classiquement en microbiologie. réserves listées ci-dessus sur les appareils et les mé-
Parmi ces méthodes, on peut citer la culture sur mi- thodes non standardisés, ainsi que sur les variations
lieu gélosé ou encore les méthodes de biologie molé- saisonnières et climatiques. L’interprétation des
culaire. D’autres méthodes permettent de doser des résultats doit aussi prendre en considération le maxi-
constituants cellulaires comme les endotoxines bac- mum d’informations rassemblées lors de l’échantil-
tériennes ou les ergostérols fongiques. lonnage, du transport et de l’analyse des échantil-
lons. Ensuite, les expositions mesurées peuvent être
Plusieurs méthodes ont été développées et ca- comparées aux valeurs guides qui sont proposées
ractérisées par l’INRS pour mesurer certaines par- par certains pays ou dans des articles scientifiques.
ticules d’origine biologique en suspension dans l’air Toutefois, il n’y a pas de consensus international pour
des atmosphères de travail : les micro-organismes ces valeurs et la plupart ne sont pas reliées à des
cultivables, les endotoxines et plusieurs myco- effets sur la santé. En France, le réseau Assurance
toxines (aflatoxines, l’ochratoxine A, la zéaralénone, maladie Prévention des risques professionnels a
la fumonisie B1 et les mycotoxines HT2 et T2). Ces défini deux valeurs guide pour les endotoxines en
méthodes ont été développées dans un objectif de fonction des résultats d’analyses effectuées dans
standardisation afin que les mesures effectuées au différents secteurs (voir NT 2572).
sein du réseau Assurance maladie – Risques profes-
sionnels et leur interprétation soient homogènes
et comparables (voir DO 2271). Les protocoles de me-
sures, détaillés et complets, sont consultables dans
la base de données Métropol (www.inrs.fr/metropol).
Par ailleurs, des normes européennes existent pour
le mesurage des micro-organismes dans l’atmosphère
des lieux de travail. Ainsi, la norme NF EN 13098
donne les recommandations sur le mesurage des
40 INRS
ANNEXE III
SUIVI EN SANTÉ AU TRAVAIL – PLACE ET LIMITES DE LA VACCINATION
Dans le cas où l’évaluation du risque montre que La vaccination est destinée à renforcer la pro-
le salarié peut être exposé à des agents biologiques tection du salarié mais elle ne saurait remplacer les
Annexes 41
mesures de protection collectives et individuelles le Code du travail (article R. 4426-6) qui prévoit
prises en amont visant à réduire l’exposition et à qu’un employeur sur proposition du médecin du tra-
protéger le travailleur. S’agissant d’un acte médical, vail peut recommander une vaccination. Il peut s’agir
il revient au médecin du travail de proposer à l’em- par exemple de la vaccination contre la leptospirose
ployeur de recommander telle ou telle vaccination pour les égoutiers, de la vaccination contre la grippe
(article R. 4426-6 du Code du travail). Il se basera sur : en Ehpad (établissement hospitalier pour personnes
les éléments d’évaluation des risques qui lui sont âgées dépendantes), ou bien encore de la vaccina-
communiqués par l’employeur, ainsi que sur sa propre tion contre la coqueluche ou la rougeole en crèche…
évaluation, figurant dans la fiche d’entreprise ;
les recommandations en milieu professionnel Le salarié doit être informé par le médecin du
du calendrier vaccinal73 (vaccinations obligatoires et travail sur les risques encourus au poste de travail,
recommandées). sur les avantages et les limites de la vaccination et
sur d’éventuels effets secondaires. Aucune vaccina-
Les vaccinations en milieu de travail ont deux tion ne peut être pratiquée sans l’accord explicite
objectifs : du travailleur. Il a le choix du médecin vaccinateur
prémunir les salariés contre un risque profession- (médecin traitant, médecin du travail…).
nel en leur assurant, par cet acte de prévention pri-
maire, une protection individuelle ;
rompre la chaîne de transmission et ainsi éviter, en
les immunisant, qu’ils ne contaminent leur entourage
(collègues, patients en milieu de soins, proches…).
Elles sont régies par :
le Code de la santé publique (articles L. 3111-4,
L. 3112-1, R. 3112-1 et R. 3112-2) rendant obligatoires
certaines vaccinations pour certains professionnels
exposés ou exposant les personnes dont ils ont la
charge à un risque de contamination : vaccination
contre l’hépatite B pour les professionnels de santé,
par exemple ;
73. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales, mis à jour tous les ans, accessible sur le site du ministère de la Santé.
42 INRS
Annexes 43
Pour commander les brochures et les affiches de l’INRS,
adressez-vous au service Prévention de votre Carsat, Cram ou CGSS.
u L’INRS est financé par la Sécurité sociale - Assurance maladie / Risques professionnels t