UNIVERSITÉ MOHAMMED PREMIER Filière : Etudes françaises
Faculté des Lettres et Sciences Humaines Cours : Poésie et versification
*** Oujda *** Professeur : M. DZIRI
Semestre : II
COURS II : LES DIVERS TYPES DE VERS
On parle de vers pairs et de vers impairs à propos du vers régulier qui respecte les règles de
la versification classique.
• le nombre de syllabes qui compose le vers régulier est ce qui détermine s’il est pair ou
impair. C’est de ce nombre aussi qu’il tire son nom.
→Le vers pair est un vers qui a un nombre pair de syllabes: 2; 4; 6; 8; 10; 12; (et plus
dans la poésie moderne).
Exemple 1: T. 8, « le dormeur du val »
Un/ sol/dat/ jeu/ne/, bou//che ou/ver/te/, tê/te / nue,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Exemple 2: T. 10, « Le loup et l’agneau »
On/ me/ l’a/ dit/: il/ faut/ que/je/me/ venge.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Exemple 3: T.10, « Le loup et l’agneau »
Le/ loup/ l’em/por/te et/ puis/ le/ mange,
1 2 3 4 5 6 7 8
→Le vers impair est un vers qui a un nombre impair de syllabes: 3; 5; 7; 9; 11 (et
plus dans la poésie moderne).
Exemple 1: T. 15, « Art poétique »
De/ la/ mu/si/qu(e) a/vant/ tou/te/ chose,
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Exemple 2: T. 16, « Les Djinns »
C’est/ l’e/ssaim /des /djinns /qui /passe,
1 2 3 4 5 6 7
→ Le vers régulier s’oppose au vers libre. Le vers libre ne se préoccupe pas du compte
des syllabes.
Exemple 1: Texte 12, « Zone »
A/ la/ fin/ tu/ es/ las/ de/ ce/ mon/de an/cien
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
11
Ber/gè/re ô/ tou/r Eif/fel/ le/ trou/peau/ des/ ponts/ bê/le/ ce/ ma/tin
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Tu/ en/ as /a/ssez/ de/ vi/vre/ dans/ l’an/ti/qui/té/ gre/cque et/ ro/maine
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→Pour les trois vers qui inaugurent son poème « Zone », Apollinaire a utilisé différents
types de vers : un vers impair de 11 syllabes, deux vers pairs de longueurs différentes : l’un
de 16 syllabes et l’autre de 18 syllabes.
Remarque: Seuls les vers de plus de huit syllabes sont césurés.
Les vers pairs sont les plus employés en poésie française dont les plus courants sont :
l’alexandrin, le décasyllabe et l’octosyllabe.
a- l’alexandrin
L’alexandrin est un vers de douze syllabes. Il est le plus fréquent dans la poésie française.
Composition de l’alexandrin
Oh !/ com/bien/ de/ ma/rins//, com/bien/ de/
ca/pi/taines 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4
5 6↓
er
ème hémistiche ↓
1 hémistiche // 2
↓ ↓
césure rime
b - Le décasyllabe (pentamètre)
Le décasyllabe, est un vers de dix syllabes. Sa césure le partage en deux hémistiches, dont la
répartition des syllabes est de 4/6, ou 6/4.
Exemple : T. 16 « les Djinns »
Cris/ de /l'en/fer!// voix /qui/ hur/le et /qui/ pleure
! 1 2 3 4 // 1 2 3 4 5 6
c- L’octosyllabe
L’octosyllabe est un vers de huit syllabes.
Concis, l’octosyllabe ne comporte pas généralement de césure. On le trouve dans la poésie
moderne souvent en hétérométrie.
Exemple : T. 10, « Le loup et l’agneau »
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Là/-de/ssus/, au/ fond /des/
fo/rêts 12 3 4 5
6 78
Le/loup/ l’em/por/te et/ puis /le/ mange,
1 2 3 4 5 6 7 8
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d- L’hexasyllabe
L’hexasyllabe est vers de six syllabes qui n’a pas de césure.
Utilisé souvent en association avec d’autres vers, en hétérométrie,
Employé seul, il apparaît comme un demi-alexandrin
Exemple : T. 5 « Il pleure dans mon cœur… »
Il/ pleu/re /dans/ mon/cœur
Co/mme il/ pleut/ sur/ la/ ville ;
Que/lle est/ ce/tte/ lan/gueur
Qui/ pé/nè/tre/ mon/ cœur ?
2 – les vers impairs
Les vers impairs sont des vers qui comptent un nombre impairs de syllabes: 1
(très rare), 3, 5, 7, 9, 11, (13 et plus dans la poésie moderne). Les vers impairs sont
moins employés que les vers pairs. Leur utilisation est ancienne et régulière surtout en
hétérométrie.
a-L’ennéasyllabe,
l’ennéasyllabe est vers de neuf syllabes. Peu utilisé, il est remis à l’honneur par Verlaine et
les symbolistes. Vers de plus de huit syllabes, il est césuré. Sa structure la plus fréquente
est 4/5.
Exemple : T. 15, « Art poétique »
Et/ pour /ce/la //pré/fè/re /l'Im/pair
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Plus/ va/gue et/ plus// so/lu/ble/ dans/ l'air,
1 2 3 4 5 6 7 8 9
Sans/ rien/ en/ lui// qui/ pè/se ou/ qui/ pose.
1 2 3 4 5 6 7 8 9
b- l’heptasyllabe.
L’heptasyllabe vers de sept syllabes, ne comporte pas de césure. Il est employé souvent en
hétérométrie; mais aussi en isométrie
Exemple : T. 16, « Les Djinns »
C’est/ l’e/ssaim /des /djinns /qui /passe,
1 2 3 4 5 6 7
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N.B. Il existe aussi des vers rares pairs et impairs Leur rareté les prédispose à produire des
effets de contraste avec des vers plus longs, de surprise, de mise en relief, à souligner des
mouvements, des bruits, etc.
-Le monosyllabe est un vers d’une seule syllabe. On le trouve rarement en isométrie.
-Le dissyllabe est un vers de deux syllabes. Il se présente en isométrie, en hétérométrie
comme dans le vers libre. Sa brièveté lui donne un statut particulier comme produire des
effets expressifs très forts ou jouer sur le rythme.
-Le trisyllabe est un vers de trois syllabes. Vers court, il est employé aussi bien en
isométrie qu’en hétérométrie.
-Le tétrasyllabe ou quadrisyllabe est un vers de quatre syllabes. Il est employé
plus souvent en hétérométrie qu’en isométrie.
-Le pentasyllabe est un vers de cinq syllabes. Il est surtout employé en hétérométrie,
mais on le trouve aussi en isométrie, chez Verlaine par exemple.
Pour tous ces types de vers (sauf le monosyllabe) voir les premières strophes du poème de
Victor Hugo « Les Djinns » Texte 16.
3- Le vers libre
Il faut distinguer le vers libre des poètes classiques du vers-libre des symbolistes et, plus
généralement, des poètes de la fin du XIXème siècle.
Le vers libre classique était un vers hétérométrique, c’est-à-dire qui combinait dans le
poème plusieurs mètres: hexasyllabe, octosyllabe, alexandrin… Ce vers restait un vers
métrique, mais employé librement, sans être astreint (attaché) à une mesure unique.
L’expression « vers mêlés » employée souvent pour désigner les vers hétérométriques
classiques convient mieux que « vers libres », car ces vers restent soumis à la métrique.
Exemple : Texte 10 « Le loup et l’agneau »
Un/ loup/ sur/vien/t à /jeun/, qui/ cher/chai/t a/ven/ture,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 → ALEXANDRIN
Et/ que/ la/ faim/ en /ces/ lieux/ a/tti/rait.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 →DÉCASYLLABE
Qui/ te/ rend/ si/ har/di/ de/ trou/bler/ mon/ breu/vage?
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 → ALEXANDRIN
Dit/ ce/t a/ni/mal/ plein/ de/ rage :
1 2 3 4 5 6 7 8 → OCTOSYLLABE
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Semestre : II / 2019-2020
Le vers- libre est apparu dès la fin du XIXème siècle en réaction contre les contraintes
du vers régulier. Il est mis en pratique par les symbolistes et marque l’aboutissement du
processus de libération des contraintes du vers régulier.
Ses principales caractéristiques sont:
a- l’assouplissement du décompte syllabique et des coupes traditionnelles;
b- La variété des longueurs des mètres (pairs et impairs) et de strophes dans un
même poème;
c- l’effacement de la rime au profit d’assonances finales ou d’échos internes; (les
vers sans rimes s’appellent des vers blancs)
d- l’assouplissement des rythmes imposés au profit de cadences plus proches de
la
«respiration » de la parole.
e- la suppression de la ponctuation et l’accroissement des écarts entre
syntaxe et métrique. (Voir par exemple le poème « Zone » de Guillaume
Apollinaire, T. 12).
Tableau récapitulatif
Vers pairs Vers impairs
Nom Nombre de Nom Nombre de
syllabes syllabes
Dissyllabe 2 syllabes Monosyllabe 1 syllabe
Tétrasyllabe 4 syllabes Trisyllabe 3 syllabes
Hexasyllabe 6 syllabes Pentasyllabe 5 syllabes
Octosyllabe 8 syllabes Heptasyllabe 7 syllabes
Décasyllabe 10 syllabes Ennéasyllabe 9 syllabes
Alexandrin 12 syllabes Hendécasyllabe 11 syllabes