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Peut-T-On Dire D'un Acte Qu'Il Est Inhumain

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Kévin Raya
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Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ?

Introduction :

Agir avec humanité, faire preuve d'humanité, ou à l'inverse, agir avec brutalité et
manifester de l'inhumanité... les actes humains sont divers et contraires ; tel est
l'expérience de l'homme et des hommes en société. En effet tout homme doué de
conscience de raison est capable, de juger, de savoir et d'agir, tel est l'activité ou
l'ensemble des actes entendus comme la disposition à réaliser une fin par des
moyens appropriés. Mais n’y aurait-il pas des actes inhumains ? En somme un
acte qui semble ne pas appartenir à la nature ou à la condition de l'homme ? Dire
s'est exprimé et cherché à donner une signification, un sens, est-ce possible ou
légitime d'envisager un acte comme contraire à l'humanité de l'homme, comme
Barbare ou monstrueux ?

Problème : nature et valeur de l'activité humaine

Enjeu : La réalisation de la liberté

Plan :

I) Ainsi puisque c'est l'homme qui agit, on ne peut pas dire d'un acte qu'il
est inhumain

II) Cependant si cet acte est contraire aux normes et aux valeurs qui
définissent l'humanité, alors on peut dire qu'il est inhumain

III) En conséquence on doit impérativement dire d'un acte qui est


inhumain pour le refuser

Notions abordées : autrui - nature et culture - le langage - histoire - la technique


- la conscience - le désir - l'existence et la mort - la vérité - l'art - la société -
l'État - la liberté - justice - le bonheur

I) Ainsi puisque c'est l'homme qui agit, on ne peut pas dire d'un acte qu'il
est inhumain
A) Il est dans la nature de l'homme d'agir :

1) - Telle est la double existence définie par Hegel = théorique et pratique.


La prise de conscience de soi s'accomplit par la connaissance de soi et par
l'action.
2) Après Hegel, Sartre donne cette définition de liberté comme pouvoir
d'agir. « L'homme n'est rien d'autre que son projet » cf. les chemins de la
pensée.
En somme agirait le propre de l'homme, un homme qui n'agit pas, qui
n'accomplit aucun acte n'existe pas.
- la philosophie l’établit- le « dit » et ce dire est rationnel ; alors se
constitue la définition de l'homme.

B) Et il est dans la condition de l'homme d'agir.

1) L'homme n'existe pas seul, il n'existe qu'en société, groupe des individus
liés dans des rapports rares organisés qui sont des rapports d'échange.
2) Et dans toute société les hommes produisent la culture = doué de raison et
de parole, les hommes développent des activités multiples. Rousseau
montre le lien indissociable de la société et du langage qui permet à
l'homme d'agir.
3) Et ces actes multiples constituent l'activité technique, artistique, ils
prennent aussi la forme des traditions ou des usages

Est-ce pour autant  « dire » que tous les actes sont semblables qu'aucune
différenciation ne peut et ne doit être effectuées ? La réponse négative.

C) Le pouvoir de la raison en question = mise au point :

1) toute conduite et toute activité humaine doive être soumise à l'examen


critique de la raison = le pouvoir de distinguer le vrai et le faux, le juste et
injuste, le bien et le mal.
2) Et toute société instaure des normes et des valeurs qui permettent de
juger, d'évaluer les actes et d'opérer une distinction.

Bilan : si on peut et on doit dire que tout acte est humain parce que produit par
l'homme, on peut et on doit dire – là est l’exigence de vérité : tout acte doit être
évaluée
 alors elle devient possible et légitime de distinguer un acte qui manifeste
l'humanité de l'homme est un acte qui unissait humanité et qui est
inhumain.
 mais d'ores et déjà humanité et inhumanité apparaissent comme deux
dimensions de l'homme il appartient la philosophie de dire pourquoi et
comment l’humanité peut et doit prévaloir sur l'inhumanité.

II) Si cet acte est contraire aux normes et aux valeurs qui définissent
humanité, alors on peut dire qu'il est inhumain.

A) Un acte contraire aux normes de la société et de la culture peut être dit


inhumain :

1) c'est l'interdiction de Créon qui refuse la sépulture à Dolepnice, le père


d'Antigone.
- par la sépulture et les honneurs funéraires, chaque individu est toute société
exprime dans la conscience de la mort, le respect au défunt.
- c'est ce qui motive la recherche des disparus par les enlèvements et par les
massacres perpétrés pour des proches en quêtes d'humanité pour les leurs.
2) Et ces normes parfois si redoutables telle la peine de mort ou l'exécution
doivent être aussi interrogées au regard de la distinction qu'opère la raison
philosophique avec les valeurs.

 Une norme est toujours relative une société et à une époque, indissociable
des croyances et elle doit être soumise à l'examen critique de la raison.
 Tant au plan de la connaissance que de l'action qui ne doive jamais être
dissociée. C'est la mise en question des conduits, et des actes des
sophistes dans la société athénienne par Platon.

B) Ainsi un acte peut et doit être évalué = du principe à sa mise en oeuvre.

1) « Je est un autre » écris Rimbaud préparant la voie des poètes surréalistes


et de l'exploration de l'homme.
- l'art, la poésie, la peinture, donne à voir et interroger cette altérité de
l'homme qui se manifeste par son étrangeté, par sa violence, sa cruauté.

2) Alors se dessine en l'homme même cette inhumanité  « part de nous même


originelle et permanente » écrit Pierre Péju, cette citation permet d'éclairer
cette familiarité avec les monstres prenant la forme de la sympathie chez
les enfants.
- Bettelheim en montre l'expression dans le compte qui doit contribuer à
libérer l'enfant de la peur qu'ils inspirent
3) Mais qu'en est-il pour les adultes qui sont fascinés par les monstres et
l’inhumanité et qui non seulement leur accorde leur complaisance mais
leur laisse la voie ouverte.
C) Tel est le rôle de l'interrogation fondamentale philosophique
(Interrogation éthique qui dit le bien et montrent le mal dans les actes
individuels historiques.)

1) Kant, puis Hegel ont interrogé les faits historiques et leurs contradictions,
où les hommes accomplissent des actes inhumains, « dégradants » dira la
déclaration universelle des droits de l'homme (article 5).... Et des actes
d'humanité.
2) Il nous appartient de « dire » ce que sont ces actes inhumains dans
l'histoire = Pierre Péju dresse le tableau accablant des formes de la
monstruosité historique et politique du XXe siècle.

Bilan : pour autant le propre de la philosophie serait-il de « dire » seulement


même si « dire » est l'acte primordial par lequel un savoir s'élabore. Ainsi
« dire » ou parler est un acte théorique et moral par quoi une relation s'instaure
dans l'exigence de la reconnaissance de l'autre et de notre commune humanité -
c'est la voix de Rousseau et des consciences droites et réconciliées - et ce
« dire » doit se prolonger dans cet engagement qui définit selon Sartre, la liberté.

III) En conséquence on doit impérativement dire d'un acte qu'il est


inhumain pour le refuser

A) Il importe cependant de retenir que l'inhumanité et l'horreur qu'elles


suscitent trouvent toujours son origine dans l'imagination de l'homme et le
désir qu'il anime :

1) c'est Calliclès dans le gorgias qui est exalte le désir de la puissance, de la


domination aveugle qui rejette toute norme et toute valeur.
2) C'est le mythe de Dionysos qui montre selon Nietzsche le désir de cruauté
- rejetant toute entrave toute limite.
 L'inhumanité est à ce point constitutif de l'homme que chacun doit
regarder en place cette partie du moi - étrangeté pour la situer et la
surmonter – c’est la vigilance qu'appelle Pierre Péju dans le monstrueux.

B) À l'inhumanité - ou aux expressions multiples du mal, de la cruauté, de la


barbarie, il faut opposer le combat pour l'humanité.

1) La voie de l'homme révoltée ouverte par Camus qui conduit à la révolte


contre tous les totalitarismes, contre la peine de mort, contre l'injustice.
2) C'est la voie de l'engagement de Sartre et la mise en question de la
conduite de mauvaise foi de celui qui se détourne des valeurs et dans la
lâcheté s'accommode du mal et s'y résignent.
3) Là se situe ce « dire véritable » de la philosophie certes, mais aussi des
artistes, des poètes dits engagés dans la résistance à l'horreur, à la
monstruosité des nazis ou l'inhumanité semble avoir atteint une intensité
extrême. « Le mal absolu » diront Malraux et cf. Semprein.

Conclusion :

On peut et on doit dire d'un acte qu'il est inhumain parce que l'homme, tout
homme se voit mis à l'épreuve de cette contradiction, de cette dualité ; les
formes multiples et toujours répétées de la cruauté, de la barbarie, des massacres
abjects... Et l'horreur toujours intacte qui surgit dans le cœur de l'homme nous
rappelle que l'humanité de l'homme est toujours à découvrir, à choisir et à
partager. Une exigence, un appel, une invitation qui selon Levinas est inscrite
dans les usages de l'homme.
À nous, à chacun de nous revient la tâche de répondre à cette invitation, seule
voie de la promesse du bonheur !

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